Geoker
GeoKeR avait réussi à dormir. Ces dernières jours, Ulrika était son invitée, chez lui et dans son lit. Mais, au grand étonnement de tous ceux qui le connaissent, il ne s'adonnait pas au plaisir de la luxure avec elle, ils étaient l'un pour l'autre, les gardiens de leurs cauchemars, une forme d'exorcisme qui éloignait les fantômes et démons de leur passé.
Le Comte dormait paisiblement quand il fut réveillé par sa colocataire, en pleine nuit. Elle était gagnée par l'angoisse de son imagination nocturne, il avait su trouver les mots pour l'apaiser, et elle s'était blottie contre lui pour se rendormir.
Mais pour lui, se rendormir était plus dur. Il partait pour Narbonne pour le duel face à Castelreng, et ce duel serait le premier jour de la suite de sa vie.
Paradoxalement, il était serein sur le combat : non pas qu'il était persuadé gagner, bien au contraire, mais il était persuadé mériter l'issue du combat. Ce qui lui faisait peur, c'était de recroiser Maxi. Ils devaient se voir pour permettre, à lui en tout cas, de fermer sereinement le livre qu'ils avaient écrit ensemble. Le faire de manière correcte et claire.
Oui, il était passé à autre chose, et sa situation physique du moment l'attestait, mais il était une époque où seul le regard de Maxi comptait pour lui et ce regard, il le redoutait, mais en avait besoin. De la haine, de l'amour, de l'indifférence ? Probablement le premier, il avait remis en question son honneur et celui de son futur époux. Lui n'était plus rien après tout. Et s'il perdait ses moyens ?
L'angoisse commençait à le gagner, les images de ses détresses précédentes, incapable de respirer, de fonctionner, lui revinrent et il se sentait embarqué dans cette spirale, mais tout à coup, plus rien. Tout partit comme un nuage de fumée.
Ulrika s'était repositionné dans ses bras, il revoyait son tendre regard bleu lui annoncer son attachement pour lui. Il inspira, expira profondément, ferma les yeux, le sourire aux lèvres.
Il pouvait s'endormir.
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