Marzina
La longue bande de sable se déroulait à perte de vue tandis que les deux cavaliers sapprochaient de leur destination finale, accompagnés par le roulis des vagues qui se faisait simple murmure ce jour-là. Les traces de sabots se dessinaient dans le sable fin parsemé déclats brillants quune mer turquoise venait régulièrement humidifier. La blonde ferma les yeux et leva le nez, heureuse de retrouver lair doucement iodé de la côte sud qui venait soulever de temps à autre ses boucles folles en un étendard doré. Le paysage dessina enfin une courbe vers la mer, et la côte quiberonnaise dévoila aux regards son côté paisible de plages brûlantes.
Le palefroi sy dirigea sans même que sa cavalière ne touche aux rênes, il connaissait le chemin de la maison. Ils empruntèrent la courte bande de sable qui savançait sur la mer jusquà arriver à son endroit le plus étroit. Derrière la centaine de mètres de sable de largeur, lîle sélargissait et lon pouvait voir se dessiner les remparts quiberonnais que surveillaient deux simples gardes. Apercevant la crinière blonde et le cheval fauve, ils firent hisser les couleurs de Quiberon pour annoncer le retour de la maitresse des lieux et larrivée de son hôte. Avec un sourire empli de fierté, celle-ci annonça à lIrlandais :
« Degemer mat e Kiberen »
Passant la porte le paysage se dessina dans sa dualité, douces plages paradisiaques dun côté, violente côte sauvage de lautre. Cest vers cette dernière quelle se dirigea, entrainant avec elle son hôte. Ils longèrent les falaises de granit où venaient violemment sécraser les vagues, créant de minuscules nuages de mousse décume venant voleter jusquà la surface de la presquîle tandis quils se dirigeaient vers le château. Là, Maupin les attendait, alerté par les bannières hissées.
« Altesse », lui dit-il en se baissant et en lui tendant le bras pour laider à descendre.
Elle enjamba son cheval et prenant appui sur le bras, en sauta dun petit bond leste.
« Maupin, je vous présente Finn dPommières, il est lhôte dont je vous avais parlé dans ma lettre. Tout a-t-il été préparé ? »
Il sinclina légèrement.
« Selon vos souhaits Altesse. »
Elle se tourna ensuite vers Finn.
« Finn, je vous présente Maupin, mon intendant en ces terres. Si vous avez besoin de quoique ce soit, adressez-vous à lui. »
On vint les débarrasser de leurs montures pour les amener à lécurie et ils se dirigèrent vers lentrée du château quand soudain passa Morvan, bestiole ailée et sanguinolente à la main.
« Morvan ! » hurla Maupin dun air mauvais, « Viens ici mécréant ! Non seulement tu ne viens pas saluer Son Altesse qui vient de rentrer, mais en plus, je vois que tu ne respectes toujours pas le deuil quelle a proclamé sur ces terres ! »
Le dit Morvan au nez étrangement tordu agita son volatile sous leur nez dans de grands gestes désemparés tandis quil jetait un regard contrit à Marzina, un agressif à Maupin, et un franchement intrigué à Finn.
« Son Altesse ramène un invité ?! »
Oui, la chose était rare, inexistante même, il était une des premières personnes étrangères à poser un pied sur la presquîle depuis quelle en était devenue la baronne, exception faite dAlix Ann qui y avait une chambre. La princesse gardait jalousement son trésor pour elle seule, vivant en autarcie dans son petit monde miniature. Elle leva un sourcil contrarié en posant les yeux sur la victime de Morvan.
« Ne me dites pas que ça vient de Retz ?! »
Morvan détourna les yeux, coupable.
« Gast ! Vous savez bien que mon frère déteste que vous touchiez à sa volière ! Vous nétiez même plus censé vous en approcher !
- Mais Son Altesse, ya plus de viande ici depuis quelques jours, on crève de faim ! Et votre frère a toujours de délicieuses volailles
-Je vous lai déjà dit, ce ne sont pas des poules, ce sont des faucons ! Taliesyn va remarquer quil lui en manquera un, et il saura que cest vous. Je le laisserais vous punir. »
Il afficha un air affolé et se jeta à ses pieds, saccrochant à une jambe.
« Pitié Son Altesse, il est diabolique, il va probablement me couper une main !
- Vous avez volé plus dune fois, vous laurez bien mérité ! »
Fronçant le nez, de mauvaise humeur maintenant, elle se tourna vers Finn.
« Maupin va vous montrer votre chambre et vous faire visiter rapidement le château. Je vous attendrais dans la salle à manger pour discuter des détails. »
La pensée même du frugal repas qui lattendait lagaçait au plus haut point. Elle dégagea sa jambe du poids mort qui y était accroché et partit devant.
Le dénommé Maupin se tourna vers Finn avec un air pédant.
« Si messire veut bien me suivre. »
Il ne laimait pas, cétait certain. Daprès la lettre envoyée par Son Altesse, il était certain que quelque chose se tramait, quelque chose dont il avait une vague idée étant donné ce quelle lui avait demandé de préparer. Il savança dans les couloirs, filant dans lintention (volontaire ?) de ly perdre. Voyant quil était toujours là, collé à ses chausses, il annonça :
« Ici un couloir, là-bas aussi, et là. Ca dessert un certain nombre de salles. Et ici, cest votre chambre. »
Il ouvrit la porte sur une chambre rendue lumineuse par sa fenêtre donnant directement sur les falaises escarpées. Lensemble était meublé avec soin et de petits détails savamment placés pour créer une atmosphère chaleureuse tentaient de cacher le fait indéniable que les moyens financiers manquaient. Maupin fit un pas en arrière, laissant lIrlandais prendre possession des lieux. Après un moment sans parler, restant les lèvres pincées, il lui annonça :
« Vous avez accès à tous les lieux, mis à part le couloir menant aux appartements de Son Altesse et de la jeune Dame de Buzay. Sil vous manque quelque chose pour votre chambre, demandez à Guénaelle. Mathilda est exclusivement au service de Son Altesse. Son Altesse qui punit sévèrement toute atteinte qui serait faite aux caméristes, quel que soit le statut de loffenseur. Évitez dadresser la parole à Morvan, il na pas lheur de vous apprécier. »
Il ne précisa pas que le gus en question navait pas la lumière à tous les étages, ça lui semblait suffisamment évident. Et quil pouvait être violent ? Pourquoi le préviendrait-il ?
« Pour toute autre question, vous pouvez me demander. »
Profitant de ce quil détournait le regard un moment, Maupin sortit de la chambre et disparut dans les couloirs, laissant lIrlandais livré à lui-même pour retrouver le lieu de rendez-vous.
_________________
Le palefroi sy dirigea sans même que sa cavalière ne touche aux rênes, il connaissait le chemin de la maison. Ils empruntèrent la courte bande de sable qui savançait sur la mer jusquà arriver à son endroit le plus étroit. Derrière la centaine de mètres de sable de largeur, lîle sélargissait et lon pouvait voir se dessiner les remparts quiberonnais que surveillaient deux simples gardes. Apercevant la crinière blonde et le cheval fauve, ils firent hisser les couleurs de Quiberon pour annoncer le retour de la maitresse des lieux et larrivée de son hôte. Avec un sourire empli de fierté, celle-ci annonça à lIrlandais :
« Degemer mat e Kiberen »
Passant la porte le paysage se dessina dans sa dualité, douces plages paradisiaques dun côté, violente côte sauvage de lautre. Cest vers cette dernière quelle se dirigea, entrainant avec elle son hôte. Ils longèrent les falaises de granit où venaient violemment sécraser les vagues, créant de minuscules nuages de mousse décume venant voleter jusquà la surface de la presquîle tandis quils se dirigeaient vers le château. Là, Maupin les attendait, alerté par les bannières hissées.
« Altesse », lui dit-il en se baissant et en lui tendant le bras pour laider à descendre.
Elle enjamba son cheval et prenant appui sur le bras, en sauta dun petit bond leste.
« Maupin, je vous présente Finn dPommières, il est lhôte dont je vous avais parlé dans ma lettre. Tout a-t-il été préparé ? »
Il sinclina légèrement.
« Selon vos souhaits Altesse. »
Elle se tourna ensuite vers Finn.
« Finn, je vous présente Maupin, mon intendant en ces terres. Si vous avez besoin de quoique ce soit, adressez-vous à lui. »
On vint les débarrasser de leurs montures pour les amener à lécurie et ils se dirigèrent vers lentrée du château quand soudain passa Morvan, bestiole ailée et sanguinolente à la main.
« Morvan ! » hurla Maupin dun air mauvais, « Viens ici mécréant ! Non seulement tu ne viens pas saluer Son Altesse qui vient de rentrer, mais en plus, je vois que tu ne respectes toujours pas le deuil quelle a proclamé sur ces terres ! »
Le dit Morvan au nez étrangement tordu agita son volatile sous leur nez dans de grands gestes désemparés tandis quil jetait un regard contrit à Marzina, un agressif à Maupin, et un franchement intrigué à Finn.
« Son Altesse ramène un invité ?! »
Oui, la chose était rare, inexistante même, il était une des premières personnes étrangères à poser un pied sur la presquîle depuis quelle en était devenue la baronne, exception faite dAlix Ann qui y avait une chambre. La princesse gardait jalousement son trésor pour elle seule, vivant en autarcie dans son petit monde miniature. Elle leva un sourcil contrarié en posant les yeux sur la victime de Morvan.
« Ne me dites pas que ça vient de Retz ?! »
Morvan détourna les yeux, coupable.
« Gast ! Vous savez bien que mon frère déteste que vous touchiez à sa volière ! Vous nétiez même plus censé vous en approcher !
- Mais Son Altesse, ya plus de viande ici depuis quelques jours, on crève de faim ! Et votre frère a toujours de délicieuses volailles
-Je vous lai déjà dit, ce ne sont pas des poules, ce sont des faucons ! Taliesyn va remarquer quil lui en manquera un, et il saura que cest vous. Je le laisserais vous punir. »
Il afficha un air affolé et se jeta à ses pieds, saccrochant à une jambe.
« Pitié Son Altesse, il est diabolique, il va probablement me couper une main !
- Vous avez volé plus dune fois, vous laurez bien mérité ! »
Fronçant le nez, de mauvaise humeur maintenant, elle se tourna vers Finn.
« Maupin va vous montrer votre chambre et vous faire visiter rapidement le château. Je vous attendrais dans la salle à manger pour discuter des détails. »
La pensée même du frugal repas qui lattendait lagaçait au plus haut point. Elle dégagea sa jambe du poids mort qui y était accroché et partit devant.
Le dénommé Maupin se tourna vers Finn avec un air pédant.
« Si messire veut bien me suivre. »
Il ne laimait pas, cétait certain. Daprès la lettre envoyée par Son Altesse, il était certain que quelque chose se tramait, quelque chose dont il avait une vague idée étant donné ce quelle lui avait demandé de préparer. Il savança dans les couloirs, filant dans lintention (volontaire ?) de ly perdre. Voyant quil était toujours là, collé à ses chausses, il annonça :
« Ici un couloir, là-bas aussi, et là. Ca dessert un certain nombre de salles. Et ici, cest votre chambre. »
Il ouvrit la porte sur une chambre rendue lumineuse par sa fenêtre donnant directement sur les falaises escarpées. Lensemble était meublé avec soin et de petits détails savamment placés pour créer une atmosphère chaleureuse tentaient de cacher le fait indéniable que les moyens financiers manquaient. Maupin fit un pas en arrière, laissant lIrlandais prendre possession des lieux. Après un moment sans parler, restant les lèvres pincées, il lui annonça :
« Vous avez accès à tous les lieux, mis à part le couloir menant aux appartements de Son Altesse et de la jeune Dame de Buzay. Sil vous manque quelque chose pour votre chambre, demandez à Guénaelle. Mathilda est exclusivement au service de Son Altesse. Son Altesse qui punit sévèrement toute atteinte qui serait faite aux caméristes, quel que soit le statut de loffenseur. Évitez dadresser la parole à Morvan, il na pas lheur de vous apprécier. »
Il ne précisa pas que le gus en question navait pas la lumière à tous les étages, ça lui semblait suffisamment évident. Et quil pouvait être violent ? Pourquoi le préviendrait-il ?
« Pour toute autre question, vous pouvez me demander. »
Profitant de ce quil détournait le regard un moment, Maupin sortit de la chambre et disparut dans les couloirs, laissant lIrlandais livré à lui-même pour retrouver le lieu de rendez-vous.
_________________