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[RP]Campement Tiwaz... jours de paix

Fourmi.
Le juge lui offre le visage imperturbable de la froideur digne des plus impavides fonctionnaires. Même ce sourire grimaçant est construit de toute pièce. Elle le sent, c’est inhérent à son titre. Ces gens là ne savent pas sourire et elle connait trop bien cette composition de façade. A force de pratique…

Capitaine oui… Mais Fourmi quand même…

Les dattes remportent un certain succès, et, tout comme la plupart des gens affectent de ne pas voir les petits employés méticuleusement exaspérants, elle s’emploie à ne pas remarquer avec quelle application il se fait servir, lui accordant un sourire neutre… Puis un sourcil légèrement se hausse à l’évocation de l’inquisitrice.

Je la connais oui…

Et pour cause, Wilgeforte avait fait retourner la moitié de sa demeure parisienne… Sa garde épiscopale mettant à sac ses stocks d’herbes et épices, et salopant au passage son plancher ce qui n’avait pas manqué de causer un immense désarroi à Couette-Couette… Un soupir lui échappe. Les souvenirs affluent derrière ses prunelles et le masque de Fourmi. Un battement de cils les refoule. Inutiles et dangereux pour l’heure. Ainsi donc, elle était morte…

Paix à son âme…

Qui sait ce qu’une inquisitrice peut bien avoir sur la conscience ? Ceci dit… la Fourmi n’en est pas affectée pour autant. Au point d’en poser une question qu’elle risque fort de regretter. Mais le calcul n’étant pas son fort…

Elle avait pourtant l’air en forme quand je l’ai vue… Un peu stressée il est vrai.. mais rien qu’une bonne infusion et un bain chaud ne puissent soulager…

Toutefois, il n’a en rien explicité les raisons de sa présence. Il lance des appâts, pose des pièges mais elle cherche encore le but véritable. Un bras se tend, étirant la bure et découvrant un poignet pâle et si fin qu’il pourrait douter qu’il puisse soutenir ne serait-ce que ce pichet de vin qu’elle va saisir… Un godet est rempli, puis un second… Elle pousse jusqu’à en servir un troisième pour le jeune clerc derrière Giordano, lui adressant une nouvelle fois un sourire, un vrai, tout en l’incitant d’un geste, d’un regard, à le prendre, avant de revenir accorder son attention au juge inquisiteur.

Mais faites donc… comme vous pensez le devoir…

Il est là maintenant de toute façon. Et même sa fonction de Capitaine d’Anjou ne la protège pas face à ce genre d’individu. Du moins elle ne chercherait jamais à s’en servir d’une quelconque façon pour se prémunir des risques qu’elle pouvait encourir. Il parvient néanmoins à lui faire hausser encore une fois un sourcil… Il aurait entendu parler d’elle… Fourmi, connue pour sa volonté de discrétion… Pour le coup, il lui foutrait presque les jetons. Presque. Jusqu’à la question qui commence à révéler le motif de sa venue. Cette foutue question, presque anodine pour n’importe qui l’entendrait… Excepté elle. Qui se raidit imperceptiblement et se ferme avant de répondre d’une voix dénuée de la moindre expression.

Vous devez faire erreur… Je n’ai pas de fils.

Alors qu’elle fixe ce sourire… Son esprit se met à bouillonner, imaginant ce que Wilgeforte avait bien pu écrire dans son foutu rapport.
Giordano

C'est là que tout débutait.
Si la question l'avait troublée, la Fourmi n'en montrait rien.
Ce fût à Giordano de faire mine de réfléchir, fixant ostenciblement ses notes, d'un air perplexe.
Finalement il finit par concéder un petit rire enraillé, comme s'il riait à une blague jugée à son goût.
Il marqua un arrêt pour abandonner ses notes sur un coin de la table, et reprendre une position plus confortable.

- Ah je comprends ! lança-t-il, avec une jovialité inquiétante.
Il n'y a rien de pire que les enfants. Ils sont un supplice au quotidien,
et vous amputent de vos libertés et obligations.
Ses yeux n'avaient alors de cesser de scruter la bure de la femme en face de lui. Ce qui ne sembla que l'amuser davantage.
Nous devons avoir ça en commun, n'est-ce pas ?
Voyez vous, mes Voeux sont bel et bien mon bouclier contre les murmures du Malin.
Du moins n'ai-je pas à me soucier des graines que je ne sèmerai jamais.
Que le Très Haut me préserve, je ne sais ce que je ferai si, par faiblesse de la chair... un accident...

Il secoua alors la tête, d'un air profondemment atteint.
S'il n'était ce regard entendu, et toute la complaisance de son attitude.
Malgré tout, si tant soit peu il attendait une réponse, il n'en laissa pas le temps.

- La bure vous va à merveille, à ce propos. J'imagine qu'on vous a posé bien des fois cette même question, mais...
De quoi vous protège-t-elle, vous ?

Comme partout, souvent, l'armure dissimule les failles...
Fourmi.
Si elle avait pu craindre un instant qu’il tenterait de l’engager sur le terrain de la mort de Wilgeforte, la façon dont il écarte le sujet pour ne pas y revenir la rassure légèrement. Bien qu’elle eut préféré encore que cette fausse compréhension qu’il lui sert par la suite…

Elle se raidit encore plus quand il se met à ricaner avant de lui servir un déluge de faux bons sentiments et d’aménité artificielle. Il est donc plus retors, plus enclin à louvoyer que sa consoeur. Tout dans son attitude apparait comme une menace voir un oxymoron. Cette gaieté qu’il lui montre. Inquiétante. Feinte. Anormale, presque malsaine. Et si ce n’était sa fonction, son sacerdoce, elle la craindrait plus encore, l’assimilant à celle d’un aliéné capable de l’égorger à pleines dents ou de lui rompre le cou par simple caprice. Par chance, il ne pouvait se permettre ce genre de facéties… Du moins, pas tant qu’elle ne lui aurait fourni les armes pour le faire.

Le timbre de sa voix se fait plus froid quand elle ébauche sa réponse.



Qu’en saurais-je ?... D’enfants je n’ai jamais eu que des échos lointains, vagues rumeurs de ceux qui s’y sont risqués... Ils seraient tyranniques, obtus et bruyants…

Et franchement, regardez-moi… Ai-je l’air de quelqu’un qui s’encombrerait d’une progéniture vouée à… à quoi d’ailleurs ? Soyons sérieux.



D’arme s’il était question elle vient de lui en offrir une, sur un plateau. Sciemment. Parce qu’il faut savoir prendre le risque de lancer un appât suffisamment alléchant pour que la proie morde et se révèle enfin. D’autant qu’il poursuit dans un même jeu de contremesure.

D’un mouvement nonchalant de la main elle chasse une mouche venue là se poser sur la table avant de prendre son verre pour le porter à ses lèvres et prendre une infime gorgée de vin en bouche. Ainsi, elle laisse la diatribe s’écouler, jaugeant chaque mot qu’il prononce comme autant de pièges qui se profilent, faisant danser le vin dans son verre pour qu’il accroche ses larmes à la paroi. Cependant, la brune se contente de hausser les épaules légèrement, le toisant d’un sourire presque narquois.



Une faiblesse de chair ? Vraiment ?... Un homme de votre… qualité…


Elle a le timbre trainant alors qu’il renchérit après l’avoir mise mal à l’aise de ses regards sur sa bure, d’une remarque plus dérangeante encore. Machinalement, sa main libre va lisser nerveusement un pli imaginaire sur le tissu, interrompant son geste lorsqu’il pose sa dernière question…

Dès lors, elle temporise, reprenant une gorgée de vin avec une langueur recherchée avant de reposer le verre sur la table dans un tintement léger. Le sourire est resté accroché, de cette neutralité courtoise et hypocrite qu’arborent tous les petits employés des diverses administrations. Même ses yeux lui accordent cette froideur presque vide. Pourtant derrière le masque, les pensées s’entrechoquent et virevoltent en tous sens… Si Wilgeforte n’avait saisi le pourquoi des années plus tôt, comment lui le pourrait-il ? Cependant, il fallait qu’elle parvienne à ce qu’il reste sur ce terrain et s’enlise dans un débat de chiffons…



Merci… J’aurais préféré le modèle en marron, mais il semble qu’ils étaient à court de réapprovisionnement… La prochaine fois sans doute… A moins que je n’attende la nouvelle collection… Vous pensez qu’ils auront enfin un voile pour la bure blanche ? Parce que le voile noir avec la bure blanche, désolée, on peut porter une bure et avoir un minimum de goût n’est ce pas ? Je vois d’ailleurs que vous-même ne lésinez pas sur la qualité du tissu… Votre col là c’est du vair ? C'est très joli. Et pour l’hiver vous préférez la martre ou l’hermine ?

L’avantage certain de fréquenter à peu près tout le monde sans aucune distinction autre que l’odeur est que l’on peut arriver à rendre fou n’importe qui en retour en parlant d’une chose tout à fait décalée par rapport à la situation… Ainsi donc la voici qui parle plus en trente secondes qu’elle ne le fait quasiment dans une journée entière… Et surtout sur ce sujet.

Alors Monseigneur ? Mordra, mordra pas ?
Giordano

Une ride barra son front, tandis que son visage se crispait.
Pas un seul instant il ne fît dévier son regard, fixé dans celui de son interlocutrice.
Visiblement, il ne goûtait pas à l'humour.
Puis, comme s'il se forçait, il se mit à rire.
Un rire qui ne faisait pas illusion, pourtant.

- Vous êtes... drôle.

Quelque chose dans le ton de la réplique imposait le malaise.
D'ailleurs, lorsqu'il congédia son scribe d'un simple mouvement de main,
celui ci sembla reconnaissant de pouvoir quitter les lieux.
Sans se faire prier, il se confondit en formules de politesse avant de prendre le départ.
C'est seulement lorsqu'ils furent seuls que Giordano abandonna ses faux airs affables.
Comme s'ils soufflaient des menaces silencieuses,
ses petits yeux faisaient étalage de toute leur hostilité tandis qu'il se penchait en avant.

- Amusez vous. Amusez vous tant que vous le pouvez... Fourmi.
Il n'est de crime ici bas qui s'épargne la justice divine.
Croyez moi, je m'amuserai à mon tour, lorsque je vous ferai écarteler.
Nous ferons bientôt lumière sur vos petits secrets.
Repentez vous, tant qu'il est temps. Celà vous épargnera peut-être le supplice.
Mais celà me gâcherait mon plaisir, aussi.

N'était-il Inquisiteur qu'on l'aurait juré bourreau, suintant le sadisme, et le régal malsain.
Pourtant, il fût défiguré à l'instant même d'une grimace contrariée.
Il répugnait ces pertes de contrôle, au moins autant qu'il se délectait du fiel.
Malgré tout, il regrettait la fin de leur petit jeu.
Il ne restait rien de la subtilité désormais. Ses intentions étaient enfin claires.
Giordano se leva, et tonna un ordre.
Aussitôt son escorte se précipita à l'intérieur pour encadrer sa sortie.
Retrouvant un ton presque mielleux, Giordano déguisa à nouveau la menace.

- Ce fût un plaisir que de vous rencontrer, Capitaine.
Je m'en retourne profiter de votre hospitalité.
Nous nous retrouverons certainement bientôt. Ne disparaissez pas, j'en serai attristé.
Je vous apporterai certainement des nouvelles qui vous feront perdre la tête...

Et de sa hauteur, il darda ce regard lourd, chargé de promesses cruelles.
Fourmi.
Le sourire qui flotte sur les lèvres pâles de la Fourmi n’en est pas un non plus. Le rire de Giordano provoque un frémissement qui lui glace l’échine. Pourtant elle n’en montre rien, se redressant même en riposte. Le dos droit, elle emprunte une pose hautaine en allant chercher une datte du bout des doigts avant de lui répondre.


Un vrai boute en train oui…


Le sarcasme à fleur de timbre. Et une once de mépris affichée lors que le fruit disparait entre ses lèvres.

Elle avait voulu qu’il morde. Il le faisait. Insidieux vipérin. Sans témoin de la disgrâce de son faciès haineux. Si ses yeux pouvaient la crucifier sur place, nul doute qu’il le ferait sans attendre plus longtemps.

Le coin de sa bouche se soulève, presque amusée tandis qu’il déverse enfin sa bileuse diatribe. Fourmi elle… se contente de mâcher délicatement, avant d’aller cueillir le noyau décharné. L’espace d’un instant, son regard se porte dessus alors qu’elle joue avec. Pour un peu, il pourrait craindre de le prendre dans le visage d’une pichenette. Sait-on jamais avec une Fourmi ?

Mais le noyau est simplement déposé sur la table. Puis le minois se relève et ses prunelles s’irisent d’un éclat cornaline tandis qu’elle le détaille en gardant le silence. A certains mots un sourcil railleur se soulève. Comble d’insolente extravagance, elle suçote tranquillement le bout de ses doigts sous son nez et ses exhalaisons rageuses.



Epargnez moi…


Y croit-on vraiment ? Le croit-il en entendant ce début de phrase…
Le sourire gagne jusqu’au regard, toujours aussi criant d’impertinence.



Epargnez moi, de grâce…


La voix, se fait mutine et reste en suspens…
Supplique ?
Aveu ?

Les yeux démentent.



… votre spécieuse philippique. Elle est inutile sans public à convaincre… Quant à la justice, je ne vois aucun dieu icelieu… Rien que vous et moi.


Le logos est à l’œuvre dans toute son ambigüité. Lumière et secrets font rarement lit commun. Passage ontologique oblige et qui la fait sourire d’autant plus. D’un paradoxe en supplément. Il pose ses limites face à l’infinité du champ des possibles, prétendant éclairer quelques brebis soumises là où il n’apporte que ténèbres… La compassion fourmiesque tendrait même à le plaindre.


J’en déduis que vous n’êtes pas tantriste… d’où cette frustration suintante…

Miséricorde piquante. Comme une marque de fabrique. Au propre comme au figuré. Elle le suit du regard tandis qu’il fait sa sortie théâtrale, et poursuit, sans doute plus pour elle-même que pour lui, tout en conservant l’espoir qu’il l’entende avant que le rideau ne retombe…


Profitez… Profitez de tout ce que vous pouvez… De repentance il ne saurait être question…



____________________

Le_garde_
[Interrogatoire entre quat'z'yeux]


Gianluca, sur ordre du Juge Inquisiteur était donc parti questionner les personnes présentes dans le campement. Et il pu ainsi se rendre compte qu’il n’y avait pas vraiment foule. Aussi son choix fut rapidement fait et il s’approcha, roide, dans son uniforme tiré à quatre épingles, d’un homme.

Vous là !

Il est sec et presque aussi peu avenant que celui qu’il sert. Accroche, c’est fait ! Présentation…

Gianluca Stronzi, garde épiscopal au service de Monseigneur Giordano, juge inquisiteur. J’ai des questions à vous poser au sujet de votre capitaine.

Sujet embrayé. Un brin de fausse courtoisie maintenant.

Comment vous appelez vous tout d’abord que je le consigne dans votre témoignage ?




Occupé à mettre un peu d’ordre dans le stock de nourriture, le brun n’avait pas vu arriver l’énergumène qui le surprit au moment même où il soulevait une caisse de bois remplie de miches à peine rancies. Se retournant à l’interpellation, les sourcils se froncèrent de voir au sein même du campement, un homme si bien sapé.

Certes la rigueur militaire était de mise en ce lieu, mais l’insolente impeccabilité de l’uniforme qui se dressait là devant piquait les yeux ; aussi, Zalem les plissa-t-il pour considérer le bonhomme.

Gianluca… épiscopal… inquisiteur… que des mots qui ne sonnent pas joli à l’oreille. Et en plus il a des questions à poser… ça commence bien.

Le soldat de fortune resta muet un instant, l’œil rivé sur le nouvel arrivant. Il déposa sa caisse sur une pile d’autres caisses et se frotta les mains pour en faire partir la poussière puis en tendit une à son interlocuteur.


Zalem, déshérité d’Ysengrin, de Niort, pour vous servir messire Episcopal inquisiteur. Que puis-je pour vous ?

Quitte à être embêté en plein travail, autant se débarrasser vite de la corvée. Il garda la main tendu bien que sachant qu’elle ne serait pas serrée.





Il a le sourire froid Gianluca. Presque aussi froid que son maître dont il exécute les ordres avec un certain contentement. Le peu qu’il savait du fond de l’affaire enjoignait à la prudence mais surtout excitait son imaginaire quant à ce que l’accusée aurait à subir une fois sa culpabilité démontrée. Cependant, il doit faire montre de finesse, afin que l’homme qu’il interroge ne se sente obligé de fidélité envers son capitaine.

Un poitevin… Dans l’armée ducale d’Anjou… Intéressant…

Tout en commentant, sa plume griffonne sur le registre dans lequel l’interrogatoire est consigné désormais.

Je vous l’ai dit… J’ai des questions sur votre Capitaine… Drôle de capitaine d’ailleurs vous ne trouvez pas ? Elle n’en a pas… la carrure, ni l’air. Vous la connaissez depuis combien de temps ? Quel genre de femme est-ce dont là ?




La main est remballée alors que l’interlocuteur enchaine son interrogatoire. Apparemment, ils sont deux à être pressés… Le brun s’est présenté comme Niortais, vieux réflexe, il aurait peut-être dû préciser qu’il était Angevin depuis peu. Peu importe, l’erreur était faite et le garde était déjà passé à autre chose. Le soldat s’adosse à sa pile de caisse en attente et prête une oreille attentive aux questions qui ne tardent pas à arriver.

La première Rhétorique sera juste relevée d’un froncement de sourcil. L’enquêteur a apparemment son jugement sur la question. Marque d’esprit des imbéciles que de se laisser aller aux apparences. La garde épiscopale ne devait pas en être dépourvue.

La seconde et la troisième questions ont l’air plus officielles. Difficile d’y couper. Mais bien que pressé d’en finir, l’Angevin n’a jamais été un adepte des interviews autoritaires.


Vous m’interrogez sur la femme, non sur le Capitaine. Voilà qui me semble bien étrange. Je pense que l’on peut commencer à compter en années notre première rencontre. Mais je ne l’expérimente en tant que Capitaine que depuis ces mois d’été.

La Femme est merveilleuse, le Capitaine est brillant. Que voulez-vous savoir exactement ?


A question vague, réponse vague. C’est ce qu’on lui avait toujours appris.





Il note. Avec cette constance placide et fonctionnaire caractéristique d’un caractère froid et dépourvu de chaleur de celui dont les questions ne sont finalement que perte de temps lorsque la conviction est déjà faite.

Je vous interroge sur la personne, peu importe le titre ou sa place aujourd’hui.

Rien ne dure en ce bas monde et les titres ne protègent de rien en matière de conscience ou de jugement divin.

Quelle aristotélicienne est-elle ? Va-t-elle à la messe ? Et avec les hommes… L’avez-vous déjà vu avec un homme ?





De toute évidence, les réponses vagues convenaient très bien. Quelle mascarade… Le brun agrippe la gourde qu’il a à la ceinture et profite d’un instant de scribouillage pour se désaltérer. L’œil se fait plus méfiant alors que le garde évoque la question de la religion.

Fourmi est une femme soucieuse de l’autre. Elle participe à la vie de la cité, aide financièrement à soutenir le marché et la mairie en temps difficiles. Elle donne aux pauvres. Elle défend sa ville et son duché au péril de sa vie. Elle participe aux conseils. C’est une femme aimée et respectée pour son bon sens et sa charité. Elle n’est jamais colérique ; toujours calme et posée. En tout cela, je crois que l’on peut dire qu’elle est une bonne Aristotélicienne. J’ai même entendu dire qu’à l’occasion d’une confession, un curé lui aurait affirmé qu’elle aurait le droit au paradis… si ce n’est pas une preuve ça.

Il boit une seconde rasade d’eau.

Et pour sa vie privée, il arrive que nous la voyions au bras d’un charmant Apollon dont je serai bien incapable de vous donner le nom. Ils ont l’air très amis. Cependant, je ne saurai vous dire ce qu’il se passe quand les portes sont fermées et les lumières éteintes et encore moins capable de vous dire s’ils sont encore ensemble quand la lumière est éteinte. Il se trouve que, dans l’armée, l’on considère de mauvais ton d’espionner son Capitaine.
Si vous vous demandez si elle côtoie plus facilement les femmes que les hommes je peux vous affirmer ne jamais l’avoir vue être aux côtés d’une demoiselle de façon qui pourrait faire suspecter quelconque lubricité entre elles.


L’histoire commence légèrement à l’agacer.




En bon titulaire de charge, sa plume glisse sans s’arrêter. Parfois il ponctue ses écritures d’un humm, d’un regard significatif.

C’est presque une sainte que vous me décrivez là…

Si la phrase prête à confusion, le ton de l’ironie ne laisse planer aucun doute. Pas plus que le sourire glacial qu’il adresse au soldat.

Toutefois, si elle fréquente un homme… C’est donc que sa bure n’est qu’une mascarade. Alors qu’en est-il donc du reste ? D’ailleurs, puisque vous la connaissez depuis des années, vous n’êtes pas sans savoir qu’elle vivait avec une femme à Paris.

Gianluca jette les bases du doute, fort de ses certitudes. Et poursuit, toujours plus retors.

Et les enfants ? Aime-t-elle les enfants ? En parle-t-elle parfois ?





Un sourcil se hausse. L’homme est patibulaire, quasi désagréable. Le sourire est aussi faux que son obséquieuse courtoisie. Mais il a l’avantage de sa charge et le soldat ne peut se défausser de cet entretien.

Elle vivait avec une femme ? Et bien vous me l’apprenez. Dans ce cas peut être me trompe-je en pensant que l’apollon évoqué soit un intime. Quant à parler de la bure, je ne comprends pas bien votre remarque. Les goûts vestimentaires n’ont rien à voir avec les attitudes amoureuses. J’ai connu jadis un fieffé filou qui portait une bure et plusieurs femmes. L’un peut aller avec l’autre.
Enfin bref…

Les enfants dites-vous… J’imagine que gérer une armée c’est comme s’occuper d’une ribambelle de marmots. J’avoue n’avoir jamais abordé ce genre de sujet avec le Capitaine.


Combien de questions idiotes allait-il encore lui poser ? Lui avait une question qui commençait à lui brûler les lèvres.

Mais dites-moi, que lui reproche-t-on au Capitaine ?




Le soldat s’engouffre dans la brèche. S’il avait évoqué ce détail en laissant planer un doute sur les relations des deux femmes, rien dans le dossier ne laissait supposer qu’elles partageaient plus que la maison. Monseigneur Wilgeforte l’aurait renseigné sinon et aurait ordonné qu’on les surveille de plus près.

Gianluca sourit. L’homme semble commencer à perdre ses repères et sa patience.



Ou bien elle cache sa dépravation en usurpant un habit qu’elle n’a pas le droit de porter. Vous n’êtes pas sans savoir que seuls les membres du clergé de notre bonne église aristotélicienne romaine peuvent porter la bure…

Le niortais tourne autour du pot et tente de noyer sa réponse suivante.

Je vous parle de la créature et non du titre. L’avez-vous entendue faire mention d’attachement aux enfants, à un désir d’en avoir… L’avez-vous déjà vue... grosse ?

Quant à lui dire ce qui était reproché au capitaine d’Anjou… Il lui avait été édicté de montrer la plus grande discrétion devant l’atrocité de l’accusation.





Où voulait-il en venir ? Zalem commence à se poser de drôles de questions concernant l’affaire impliquant la Fourmi. L’absence de réponse de son vis-à-vis le laisse perplexe. Dans quelle galère la brunette s’était-elle fourrée ? Et surtout, n’était-il pas en train de la desservir en ne refusant pas de répondre à toutes ces questions.

Je vous le répète, Sire Garde, je n’ai jamais abordé ce sujet ni avec le capitaine, ni avec la femme. C’est plutôt le genre de déclaration que l’on réserve à ses proches il me semble. Quant à une éventuelle grossesse je n’ai pas pu la constater et rien ne m’a jamais laissé penser qu’elle puisse être mère. D’ailleurs, je peux vous assurer qu’elle ne cache pas d’enfant dans les tentes du campement et c’est là sa seule maison.

Le brun trépigne, attend la prochaine question. Il se fait plus pressé et a de plus en plus de difficultés à cacher son agacement.

En fait, votre maître le juge souhaite la marier et vous demande de vous renseigner sur sa future épouse c’est bien ça ? Il veut s’assurer qu’il n’y ait pas d’enfants dans le placard… on peut le comprendre.





Le sourire s’étire sur le visage fermé de Gianluca.

Mmmmhhh… Je vois…

La voix traînante, il acquiesce.
Des réponses, il en obtient et s’en satisfait.


Pas d’enfant donc…

Le sourire est entendu. Glacial.

Mon maître a fait vœu de célibat. Il ne saurait être question d’approcher cette…

Il hésite et cherche les mots appropriés pour retranscrire sa pensée.

… infâme créature.

La plume est posée sur le registre. Il relève le nez pour toiser le soldat d’un regard.

Et puisque vous en faites mention… la Créature a-t-elle un époux ?





Infâme créature… Les sourcils se froncent. Une main vient courir sur le pommeau de son épée alors que le garde poursuit son interrogatoire. Entre dégoût et effroi. Ces mots dans la bouche d’un représentant de l’inquisition, cela ne présage rien de bon.

Vous seriez bien aimable de garder vos jugements pour vous messire Garde pour que nous puissions poursuivre cette conversation de façon calme et sereine.

Il soupire doucement.

Elle n’a pas d’époux. Je vous l’aurais précisé quand nous avons abordé la question de l’amant. Je crois que vous arrivez au bout de vos questions.

Il se redresse.

Voulez-vous que je vous raccompagne jusqu’à l’entrée du campement?





Il tique. Le garde épiscopal s’interroge soudain. Le soldat serait-il plus que cela pour prendre à cœur ses questions ? Après tout… Les capitaines passent au sein des conseils… En marge des réponses il annote quelques réflexions personnelles dont il avisera plus tard le juge inquisiteur.

Pas d’époux donc…

Et le sourire sinistre revient sur le visage de Gianluca.

JE… décide quand les questions sont posées… et je crains que nous ne soyons invités à séjourner ici… Ne vous en déplaise…

Aussi vrai qu’il en était arrivé au bout, il n’en est pas moins vrai qu’il ne donnerait le mot de la fin à un quelconque soldat…

Votre loyauté est.. louable… Vous semblez très attaché à votre…

Gianluca se racle la gorge avant de terminer sa phrase, crachant le mot plus qu’il ne le prononce.

capitaine…

Vicieux le garde ?





Le regardant droit dans les yeux.

Vous n’avez pas posé de question…




Le sourire toujours. Froid et calculateur.

Sans doute la subtilité est-elle trop... Vous êtes soldat j'oubliais... Jusqu'à quel point votre loyauté va-t-elle envers votre... enfin vous avez compris...

Le titre, le nom, tout lui répugne...





Tripotant encore son épée.

Elle va jusqu’où le Capitaine voudra qu’elle aille. Je suis soldat vous avez raison. La loyauté à la hiérarchie est mon premier devoir.

Il s’efforce de garder son calme mais le poing se crispe sur le pommeau. Quel fouine ce type…



La plume s'agite encore quelques secondes, frénétique ; il note, aussi bien les réponses que les impressions, avant de refermer le dossier dans un claquement sec.

Bien... J'ai toutes les informations dont j'ai besoin. J'espère pour vous que vous avez dit la vérité. Si vous voulez changer quelque chose à vos déclarations... Nous demeurons dans le campement jusqu'au terme de l'enquête. Vous n'aurez pas de mal à me trouver si besoin se faisait sentir de soulager votre âme d'une quelconque façon...

Sinistre et sentencieux... Il en a terminé avec cet interrogatoire qu'il juge fructueux. Il ne lui reste qu'à remettre son rapport au juge inquisiteur. Gianluca accorde tout juste un vague geste de la main avant de disposer et de reprendre ses pérégrinations dans le campement et alentour.
--Bienveillante_voisine



La veuve desséchée n’avait eu de cesse que d’espionner, surveiller, traquer la moindre preuve contre celle que sa vindicte avait décidé voilà bien des années d’abattre. C’est qu’elle en avait eu gros quand Wilgeforte était repartie en laissant la Créature libre. Aussi quand un garde était passé à Paris pour la questionner à nouveau et qu’elle avait appris la réouverture du dossier, elle avait ressenti un plaisir intense, quasi orgasmique. Autant dire que la chose ne lui était pas arrivée souvent dans son existence, ce qui explique sans doute qu’elle se soit par la suite décidée à quitter Paris et ses Halles pour assister en direct à la chute finale de l’insecte.

C’est le palpitant rabougri mais néanmoins gonflé d’espoir qu’elle écrit au nouvel inquisiteur en charge de l’affaire depuis son auberge saumuroise.



Citation:
Votre Somptueuse Magnifiscience et Très Saint Inquisiteur,


C’est avec une immense humilité que je vous viens vers vous afin de vous apporter tout mon soutien dans l’affaire de cette créature du Sans Nom.

Il y a des années que je clame et réclame châtiment contre cet infâme personnage.

Je l’ai vue s’installer dans ma rue, aller et venir dans sa bure, traiter ses affaires, fréquenter même des boutiques et lieux parisiens peu recommandables aux gens de bien à la vue et au su de tous sans que personne ne réagisse.

Je l’ai vue ce soir là. Son regard, la folie qui en irradiait, je les revois encore et me souviens la terreur que j’avais alors ressentie.

Votre consoeur s’était laissée berner, endormir par le visage angélique et les paroles mensongères. J’ose croire que vous ne vous laisserez pas prendre aux mêmes pièges de ce minois charmeur et des fourberies dont elle est capable.

Et nous savons vous et moi de quoi ce monstre est capable.

De grâce, Votre Somptueuse Magnifiscience et Très Saint Inquisiteur, empêchez la de nuire à jamais et délivrez nous de cette chose du Sans Nom.


Marguerite, veuve, rue des tisserands, Paris Les Halles, actuellement en villégiature à Saumur.




C’est avec un sourire mauvais aux lèvres qu’elle fait porter son pli jusqu’au campement, donnant ordre au porteur de ne le délivrer qu’à un représentant de la garde inquisitoriale à défaut du juge inquisiteur lui-même.

________________
Marguerite, veuve, la voisine qui vous veut du bien... ou pas !
--Bienveillante_voisine
Error PNJ
Le_garde_
Et l’enquête poursuivait son cours…

Après avoir erré et observé durant des jours les allées et venues de la donzelle, Gianluca avait fini par repérer des personnes extérieures à l’armée auxquelles il lui avait semblé judicieux de s’intéresser. Il avait donc suivi son flair et franchi la porte d’une taverne saumuroise dont les annotations sur le panneau à l’entrée sur la tenue du tavernier en certaines circonstances avaient attiré son attention toute particulière.

Ainsi, il était déjà en train d’en prendre note dans le dossier à charge au moment où il pénétra dans la taverne… Là, l’homme qu’il voulait interroger sirotait un verre et il interrompit son moment de quiétude sans la moindre gêne.



Bonjour Sieur…


Il marqua une courte pause, le temps de laisser à l’homme celui de lever le nez de sa chope et de lui adresser un signe de tête.

Gianluca Stronzi, garde épiscopal au service de Monseigneur Giordano, juge inquisiteur…

Au grincement de la porte, et à l'approche d'un homme en sa direction, alors que la voix s'adressait à lui, le jeune homme sortit alors de ses pensées.

Merlain, que puis-je pour vous ?



J’ai pu observer que vous fréquentiez souvent ladite Fourmi… Et j’ai des questions à vous poser à son sujet


Merlain haussa un sourcil, méfiant, sachant les distances de la jeune femme pour ce genre d'institution. Que pouvait bien lui vouloir cet homme ?
Ses mains pressèrent alors involontairement la choppe qu'il tenait.


Oui, et?



Vous semblez bien la connaître non ? Un peu comme le bon nombre d’hommes dans son entourage…

Le garde esquisse un premier sourire pernicieux…


Merlain était interloqué, cette phrase sonnait dans sa tête comme un écho. D'où sortaient ces fausses allégations?
Il tombait des nues.


Pardon???



Oui... Il ne fait aucun doute qu’elle semble préférer la compagnie des hommes… Alors, êtes vous proche d’elle ?

Gianluca continue de sourire froidement.


Un brin agacé, l'étonnement faisait place à l'impatience, voire à un brin de colère.

Alors d'abord je ne vois pas en quoi ça vous regarde en ce qui concerne sa compagnie ou ses préférences
Ensuite, je suis proche d'elle, sans l'être vraiment.


Il voulait semer le trouble chez son interlocuteur, visant à la protéger involontairement.



A ces premières réponses, il étire un sourire et commence à arborer un air satisfait avant de poursuivre.

Dans la mesure où elle est sous le coup d’une enquête, tout ce qui la concerne regarde l’inquisition…

Ainsi, vous n’êtes qu’un… occasionnel…


Le sous entendu est à peine voilé alors qu’il note chaque mot prononcé par Merlain, en scribe impartial… ou pas.


Bouche bée, ses lèvres ne purent seulement laisser échapper qu'une interrogation...

Un quoi?

Avant de préciser, sans oser croire à ce qu'il se cachait derrière cette phrase assassine.

Nan mais attendez, il y a méprise...



Un sourcil se hausse vaguement. Le garde dévisage Merlain, d’un regard presque pesant, inquisiteur, il traque et cherche le plus petit signe de mensonge.

Vous ne seriez donc pas l’apollon avec qui on la voit parfois ?


Notre Capitaine n'a pas d'apollon, c'est une femme sérieuse, qui a des principes moraux, je ne l'ai jamais vu en compagnie de qui que ce soit.
Elle est même plutôt distante


Le brun était satisfait de lui fermer des portes. Est-ce que c'était vrai? Bien sûr qu'elle était quelqu'un de fiable. Pour le reste, c'était son jardin secret, qu'il respectait.
Il observait l'homme avec défiance. Ce sourire narquois qu'il avait sans cesse l'agaçait outre mesure.



La plume griffonne et passe un air froid dans la salle commune de la taverne. Réponses, sentiments qu’il éprouve face aux réponses qui lui sont faites, tout est inscrit consciencieusement.

On nous en a pourtant parlé… Quant à ce que vous appelez ses principes moraux, c’est à nous d’en juger…

D’ailleurs, va-t-elle à l’église ?



"On" n'est que rumeur.

Et de s'engouffrer dans la brèche.

Vous ne vous arrêtez pas à ce genre de ragot j'espère bien...
Quant à l'église, elle y va comme nous tous...


Il n'en savait foutre rien, mais il commençait à sentir la patience s'amenuiser avec le temps.



C’est curieux… nous sommes là depuis plusieurs semaines et je n’ai vu donner aucun office… D’autant que votre église, ici à Saumur, n’est pas ce qu’il convient d’appeler une bonne église aristotélicienne romaine… Vous comprendrez donc que je ne n’accorde aucun crédit à votre réponse.

Perfide, autant que son maître lui a appris à l’être, Gianluca note et annote ses pensées en marge.


Un sourire se dessine. Le combat est de bonne guerre. Il marque un point. Mais c'est mal connaître Merlain, qui ne s'avouait pas vaincu pour autant. Le regard se se fait dur, il ne tolère pas qu'on s'en prenne à ses proches. Il faut bien avouer qu'avec le temps, elle en faisait désormais partie..

Précisez votre question alors. Vous me demandiez "aller à l'église" et non "se rendre à la messe". Or, tout croyant et pratiquant que nous sommes, pouvons aller prier à l'église sans qu'office soit rendue.

Et paf prends ça !
Il cherche à comprendre pourquoi une telle enquête est lancée contre Fourmi. Ses pensées sont nombreuses, voire brouillons. Il tente d'anticiper ses questions, tout en la protégeant. Ses yeux ne le quittent pas, et finissent par le dévisager.


Je peux vous offrir un verre ou une tisane?



Hum…

Le garde hausse un sourcil et son regard se fait plus glacial encore. L’homme veut jouer avec les mots et semble sur la réserve tout en tenant de détourner son attention en cherchant à le faire boire.

Non merci…

La voix claque sèchement en réponse.


Merlain boit une gorgée, insensible au ton froid de son interlocuteur. Botter en touche était un échec. Mais il n'avait pas dit son dernier mot.

Comme vous voudrez



Selon vous, pourquoi votre Capitaine porte-t-elle la bure ?


Il déglutit. Sujet sensible. Il savait bien que cela lui attirerait des problèmes. D'autant qu'il se sentait responsable de l'habit qu'elle portait, puisqu'il lui avait lui-même fourni ses nouvelles bures, à sa demande. Raclement de gorge discret. Se ressourcer. Vite.

Et bien...La question adéquate serait davantage : "N'est-ce pas une large toge?"

Oui, c'était culotté. Mais son interlocuteur avait le don de le pousser dans ses retranchements rhétoriques.



Et la réponse a tendance à exaspérer le garde…

Ne tentez pas de prendre un représentant de l'inquisition investi, missionné, pour un lapin de six semaines ! Vous risqueriez de le regretter…



Tentative vaine de rattraper la situation.

Ah mais ne vous méprenez pas...ce n'est nullement mon intention.



Alors répondez à la question…

Les sourcils se froncent, menaçants, au dessus du regard de l’ascétique garde qui devient de plus en plus froid.


D'abord, je ne prenais pas ce vêtement comme tel.
Après, si l'on s'accorde à admettre que c'en est bien une, peut-être n'était-ce que pour décourager justement la gente masculine?
Par croyance aussi?
Des raisons, il en existe plein...lui avez-vous seulement demandé?


Il imagine Fourmi à sa place. Elle serait plus douée que lui à ce niveau, sans aucun doute.



Pour décourager la gente masculine... Il serait plus efficace de ne pas s'y frotter et il semble que ses choix de carrières la portent vers la compagnie assidue des hommes... C'est assez contradictoire il me semble...

Et pour l’instant c'est vous que j'interroge... Monseigneur s'occupe de votre amie proche, pas proche... quand l'occasion vous rend proche ou pas...


Il se fait volontairement provocateur, relançant l'idée d'une proximité entre les deux... Pour pousser l'homme dans ses retranchements.


Il se passe la main dans les cheveux, pour se laisser le temps de la réflexion. Les murs que le garde bâtissait dans son discours, il s'avérait que les fendre ne suffisait plus, il se devait de les détruire. Plus de demi-mesure désormais.

Petite précision, elle ne s'y frotte pas.
Et cessez votre dialogue ambigu et vos sous-entendus. Vous avez donc une vie si triste pour ne pas vouloir comprendre ce qu'est l'amitié?


Il sort de ses gonds.



Restez calme je vous prie… Et répondez aux questions posées.
Comment pouvez-vous dire qu'elle ne s'y frotte pas ? Elle qui passe son temps dans un campement militaire ou encore en taverne..



Merlain lève un regard dur sur lui.

Le fait qu'elle côtoie pour son travail des hommes ne signifie en rien qu'elle s'"y frotte" pour reprendre vos termes.



Elle aurait pu faire un autre choix de carrière…

Bon, puisque vous prétendez qu'elle ne fréquente personne… passons à la question suivante...

L'avez-vous déjà entendu parler d'enfants, de projeter d'en avoir... ou peut-être l'auriez vu vous grosse ?



Elle se dévoue à son duché, prête à donner sa vie en tant que capitaine, c'est tout a son honneur je trouve.
Pour ce qui est des enfants, jamais je ne l'ai entendu en parler.


Et quand bien même ce serait le cas, il se garderait de lui en parler.



Je le note…

J'ai cru voir qu'un nain roux était souvent à sa suite il y a quelques temps... son serviteur peut-être ?


Comme nombre de personnes, il a toujours imaginé les nains comme les serviteurs noirs des esprits malins.


Merlain .: c'est un ami...a-mi !

Il se fait insistant sur la prononciation.



Cette… chose curieuse… un ami…

Il en hausse une fois de plus un sourcil, presque amusé… Si ce n’était cette grimace de mépris qu’il ne peut réprimer.


Qu'une vie doit être triste sans cette chose que vous considérez comme "curieuse".
Quant à la petitesse de la taille, elle ne fait pas celle du cœur.



Revenons-en à la bure…

Vous n’êtes pas sans savoir que seuls les clercs de l’église aristotélicienne romaine sont en droit de la porter. Et elle n’est pas clerc… Pas même diacre… Rien que cela est un outrage manifeste à notre très sainte église.



Il acquiesce sans un mot, mais réplique aussitôt.

Pourquoi ne serait-ce pas un hommage a contrario ?



Parce que tout en elle est une offense à notre seigneur !

Le timbre toujours sec se fait plus emporté.


Non...cela est de votre interprétation
Elle respecte bien plus notre seigneur que beaucoup.



Et vous, vous semblez aveuglé par cette infecte affection que vous lui portez…


Ouvre la bouche avant de se résigner.

Une chose est sure, tout ce que vous me décrivez d'elle n'est pas elle...elle respecte la religion et ne blasphème pas.



C’est ce qu’elle veut faire croire !

Il a sourire cruel dessiné sur le visage le garde à cet instant précis.

J’en ai terminé avec vous je pense… J’ai tout ce dont j’ai besoin.


Il ne se démonte pas, et insiste.
Non vous la condamnez a priori, et ça c'est pas une impression.



La main de Gianluca tapote le livre qu’il vient de refermer, là où sont inscrites les réponses données, son ressenti…

Le juge inquisiteur le fera… Soyez sans crainte l’ami..


Le brun, impassible.

De la condamner?



Le sourire perdure sur les lèvres sèches du garde inquisitorial, d’une cruauté affichée haut.

Bien…


Votre enquete n'en est pas une dans ce cas...

A lui de s'aventurer sur son terrain, il ne se démonte pas.



Si jamais vous désirez revenir sur l’une ou l’autre de vos déclarations… Nous sommes au campement de l’armée… Nous la tenons à l’œil.


Merlain secoue la tête, et ajoute...

Je ne changerai rien. La vérité est bien loin d'une impression.

Il sourit a son tour.

Et elle ne diffère pas avec le temps.



La vérité… est une notion malléable selon la perception aigue que l’on a des choses…


Non...ça c'est une opinion...
La Vérité est, et restera. Elle est immuable, bien au contraire.



Nous verrons bien…

Le garde se lève, salue à peine d’un geste de la main, lourd de mépris et sort pour s’en retourner auprès de son maître.


Merlain le salue, le suivant d'un regard noir jusqu'à sa sortie, méfiant.
Fourmi.
Les premières lueurs du jour transparaissent à peine au travers du voile nuageux qui nappe la trame du ciel. Aucune étoile ne point non plus dans le minuscule entrebâillement de l’entrée de la tente où règne l’obscurité.

C’est presque l’aube et comme souvent elle n’a pas dormi.

Allongée sur la couche, elle s’amuse à dessiner du bout du doigt les contours du visage de Zalem dans la pénombre ; le détail d’une mâchoire, l’ombre d’un maxillaire, la courbure d’une lèvre… Rien ne perturbe l’instant. Dans le monde endormi le contrepoint de leurs deux souffles est le seul bruit perceptible… Même le plic ploc langoureux de la pluie glaciale qui tombe au dehors semble d’un autre univers, presque irréel.

Les sirènes de Morphée n’ont eu aucune prise, et Hypnos fut encore une fois frère malmené, ignoré. Rejetés tous deux de cet espace protégé d’une bulle invisible. Enfin, pour elle. Lui dort du sommeil du juste. Allongée sur le côté, elle oublie momentanément la ridicule complexité de ses états d’âme pour ne se concentrer que sur les ombres qui se découpent, qu’elle effleure en silence. Savourer l’instant, sa simplicité brute… Sentir le souffle régulier chatouiller le bout de ses doigts jusqu’à la brûlure avant d’aller poser la main sur le palpitant. Le battement harmonieux s’infiltre au travers de la peau, de la chair et devient sien. Troublant, rassurant.

Du plus sombre de la nuit jusqu’à l’aube du jour, Il est là. Les maux sont étouffés de cette simple présence, de cette pulsation qui rythme le temps qui s’écoule irrémédiablement. Il soulage pour quelques heures les affres de la trahison ou encore l’indicible cassure tapie dans les tréfonds de son âme…

La bise s’insinue et s’immisce par les interstices, emplissant continuellement la tente de son exhalaison hivernale. Le souffle léger vient harceler la peau de ses aiguillons acérés et fait frémir la chair, galopant dans un frisson qui parcourt lentement le bras découvert, remonte l’épaule avant de redescendre faire se dresser chaque grain de la peau qui ondule sous la vaguelette qui la sillonne. Un soupir discret sous le frémissement et d’instinct son corps menu va se presser plus encore contre celui de son compagnon, jusqu’à épouser la moindre parcelle d’épiderme avant remonter les fourrures pour les recouvrir.

La pluie s’est arrêtée de tomber. Quelques chants d’oiseaux commencent à résonner dans le lointain alors que le jour hésite encore à se lever. Machinalement elle joue du bout des doigts sur le ventre de l’endormi, traçant d’invisibles motifs d’une danse effleurée.
L’illusion perdure encore un peu…

Il frémit légèrement, grognant à peine dans son sommeil. Et soudain elle se sent importune et s’interrompt avant de retirer sa main et se tourner sur le dos. Le regard se perd à fixer le tissu de la tente au dessus d’eux, le temps de juguler ses pensées et celui de calmer les battements du palpitant. La minuscule carcasse s’extirpe de la couche, tremblant de la saisissante froideur qui l’assaille. Sous ses pieds nus le sol glacé invite le gel mordant à pénétrer le corps menu. Elle frissonne, resserrant ses bras autour d’elle, se frictionnant au travers de la chemise de lin fin qui la recouvre jusqu’à mi cuisses. Et pourtant, en dépit du froid glacial qui pénètre peu à peu chaque pore, elle s’avance jusqu’à l’entrée et repousse la tenture d’une main tremblotante.

Une épaisse chape nuageuse masque les premières lueurs de l’aube qui peine à s’imposer. La température ne montera pas, et déjà quelques flocons épars commencent à flotter, balancés dans l‘éther obscurci. Elle tremble de froid mais ne bouge pas, le regard suivant la course de la neige qui tombe de plus en plus drue. Le ciel n’est bientôt plus qu’une trame balayée par une multitude mouvante de taches cotonneuses. Et nombre d’entre elles semblent la prendre pour cible… Neige, froide, dure, douloureuse qui s’abat sur elle…



Citation:
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Sorianne vous balance une boule de neige en pleine face !
Sorianne vous balance une boule de neige en pleine face !
Sorianne vous balance une boule de neige en pleine face !
Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
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Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
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Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
Ecurey vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Salebete vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Tiss__ vous balance une boule de neige en pleine face !
Akatosh vous balance une boule de neige en pleine face !
Sorianne vous balance une boule de neige en pleine face !



Foutu Kharma. Etrange. Et pénétrant. Très pénétrant.
Elle reste figée sur place, les pieds recouverts peu à peu par la neige, le visage glacé et l’esprit anesthésié peu à peu à son tour. Au point qu’elle finit par se croire une statue de glace avant de reprendre ses esprits et se réfugier à l’intérieur de la tente, s’ébrouant en tremblant spasmodiquement, à en envoyer un peu de neige partout et sur l’infortuné dormeur qui l’accusera plus tard d’avoir tenté de le tuer en le noyant sous la neige. Pour trois malheureuses boules atterries sur lui par mégarde.

La chemise trempée rejoint le sol alors qu’elle se saisit de la première cape qui traine pour s’en recouvrir en claquant des dents, le temps de sécher et de se réchauffer. Son regard un peu las se pose à nouveau sur l’endormi, qu’elle irait bien rejoindre sous les fourrures… Mais il vaut mieux s’en tenir à la froidure pour ne pas sombrer dans la débauche… A ce qu’il parait. Alors, elle fait les cent pas, en silence, partagée entre l’armure ou la bure…


Dehors plane une ombre installée, qui étend ses bras jusqu’à elle, telle une pieuvre maléfique cherchant à l’attraper pour l’entrainer dans ses sombres abysses. Dehors l’inquisiteur attend son heure. Et bientôt il serait temps d’en finir une fois pour toutes.



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Gregorius_titus


L'on visite le palais, celui du Saint Empereur, un matin. Quel horreur le lendemain de découvrir nouvelle assignation, celle des campagnes, des pauvres, des horreurs bien salissantes de la piteuse France, celle qui se trouve en dehors des murs de sa capitale. Annonce personnel que l'on est désormais soumis à faire fléchir les vices chez les ribaudes et les demeurés de la campagne, voila qui avait atrocement horrifié ecclésiaste italien. Titus n'était pas homme à repoussé le devoir confié, mais il fallait bien lui admettre qu'après son épique service à la maison impériale, on lui offrirait enfin le droit du retour à la sainte Mère, dans une douce alcôve d'une villa romaine ou au pire d'un domaine lombard ... Et non, c'était ce royaume, traversé par quatre fleuve et découpé par une montagne à n'en plus voir le jour au centre, qu'il était envoyé, l'envoyé de Dieu tel que lui prédisait son cher maître espagnol.

Des semaines durant et malgré la douceur du Sud du pays, il avait fait affaire de l'église auprès de l’archevêché d'Auch, allant même jusqu'à devoir chassé du cathare dans la vallée du toulousain ... En vain. Lentement, l'ennui venait le terrasser jusqu'à sa nouvelle ordonnance alors qu'il gouttait au vignes du sud du Périgord, celui qui l'enjoignait à retrouver le glas nordique pour recevoir le droit de statuer, celui de juger, de condamner, il en était fier. Il avait enfin l'occasion de montrer quel bon dignitaire de l'Inquisition il était et ceci dans une sombre affaire d'infanticide que nul ne résolvait et ou ses prédécesseur, mêmes des clercs bien estimés s'étaient cassés les dents et la mitre. Il était sûre de lui, il attendait cette occasion, son faire valoir pour s'offrir le billet direction l'Italie !

Trois semaines plus tard, une bonne centaine d'écus de dépenser pour trouver son chemin, le voila qui débarquait à Saumur, ville peu encline à partager les mœurs aristotélicienne de ce qu'on lui avait dit sur le chemin. Ici même serait né un schisme, l'hérésie dissidente de sa bien aimée église, un état illégal y était né, tout le mal du monde y avait prit son empreinte et il venait les libérer !
Alors qu'il suivait les dernières instructions, il venait à se retrouver devant un campement militaire, rien de plus rassurant dans une province ou on lui avait promis les pires sévices de ce bas monde. Le premier garde sur lequel il tomba et voila qu'il se présenta ...


Ma qué jé souis lé bueno Grégorius Titus Virus Salus Papulus Touffus Prudencius, clérc di noutre bueno églisie di Roma ! Jé viene voir cille qui tou si proginitis !
Fourmi.
Le manteau neigeux qui recouvrait la campagne s'était épaissi au fil des jours. A perte de vue la couverture blanche arrondissait les terres. Au loin, alors que l'astre du jour s'était élevé, elle s'était colorée de rose et de violet. Des bandes satinées étirées dans le ciel diaphane. Peu à peu, la plaine s'était éclaircie, le soleil s'était levé créant des accidents d'ombre et de lumière à flan de coteaux. Des gerbes de feu avaient déchiré l'horizon des arbres et le sol recouvert de cette poudre immaculée était encore vierge d'empreintes... Douce mélancolie d'un matin d'hiver...

Au sortir de la tente, elle se frotte les mains pour se réchauffer un peu.
Ca y était...

A l'aube succède donc une matinée chafouine.
L'armure a été délaissée.
Elle n'est plus capitaine.
Ne subsiste que le campement abandonné sur les décombres d’un étendard au sol.
Rares sont ceux qui s'y croisent. Plus rares encore sont ceux qui y viennent.

Un feu fragile brûle au milieu du camp. La bise hivernale le harcèle et en excite les braises rougeoyantes. A chaque nouvel assaut, il riposte en étirant ses langues orangées, ses bras maigres qui usent leurs dernières forces pour tenter d'embrasser le souffle glacé. En vain. Il crépite, craque, voudrait hurler mais s’épuise.

Une voix inconnue interpelle l'oreille. Visiteur ? Badaud ? Et cet accent criard qui agresse le tympan… L’envie de lui crier qu’il s’est trompé d’adresse la saisit puis avant que le moindre son ne franchisse ses lèvres elle s’attarde sur la tenue de celui qui s’annonce. Un cureton ? Encore ? Comme si celui qui ronfle tout son saoul dans un coin ne suffisait pas voilà qu’un nouveau se ramenait. S’il escompte un accueil chaleureux, autant qu’il profite des braises mourantes, avant l’étreinte glaciale.

D’une main pâle elle lisse machinalement un pli invisible sur sa bure avant de s’avancer. La neige crisse sous les semelles de ses bottes, et le craquement subtil des cristaux de glace à chacun de ses pas agace un peu les sens. Les doigts fins ramènent une mèche rebelle derrière l’oreille. Les rayons un peu blafards du soleil encore hésitant creusaient les ombres d’un visage pourtant serein. Après tout, qu’ils soient une assemblée n’y changerait rien. Depuis le jour où le dossier dépoussiéré avait quitté les oubliettes, elle se doutait qu’ils ne lâcheraient pas le morceau.

Et malgré tout ça, une fois arrivée devant le gus, elle avait soudain envie de chanter à tue-tête comme un coq saluerait le soleil. Envie qu’elle éteint aussitôt. Roide, les bottes plantées dans le mélange de boue et de neige, la brunette relève le nez pour toiser son vis-à-vis…



Vous vous êtes perdu ?


L’espoir fait vivre… Sinon, ça aurait le mérite d’agacer le curé.



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Gregorius_titus
Ma qué c'est Dieu qui mé guidé ! Jamais jé né sauré mé perdre. Vous êtes l'enfanticide désarmé dé cette froide contrée ?

L'entrée en matière était pragmatique, le saint inquisiteur en devenir qu'il s'estimait, seul le bon ordre saurait faire la présentation. Il était la pour enquêter, statuer et juger ! Une pointe de sang si l'affaire était tonitruante, une beau bûchée si la sorcellerie était découverte ou simplement le pugilat et le fouet d'une punition si les arguments manquaient. Même s'il devait ne pas réussir à révéler la vérité, tout du moins celle qu'il estimait, il saurait trouver les raisons suffisantes pour concevoir la réussite, celle attendue par ses supérieur set qui lui ouvrira les voies du seigneur ... Ou tout du moins de la ville éternelle.

Vous n'avez pas lé régard très accouillant ! J'osérais même avancer qué vous n'êtes même pas trop encliné do m'écouter ?


Sur le fond, il n'avait pas suivi beaucoup à l'affaire, les informations qui lui avaient été rendu étaient bien légère. Un infanticide, une femme rustre, des prédécesseurs mous et qui n'auront même pas obtenu le minimum mortel ... Désolant, mais il y avait tout de même l'occasion de tirer quelque chose de la situation. Le coin était désolé, la femme tout au plus acariâtre dans l'impression qu'il avait, tout ce qui donnait un cadre parfait pour désigner l'incriminé.
Fourmi.
Un sourire fugace passe… Et s’efface. Après le divin guidant ses pas, il vient de lui jeter en pleine face ce mot que son collègue n’avait pas osé et qui lui glace le sang. Pourtant, c’est presque un soulagement d’entendre enfin la vraie raison de ce défilé de bures.

Le silence s’impose à la scène de lui-même. Pourtant elle le brise, s’écartant devant lui pour lui autoriser l’accès au camp. Un instant elle a songé combien il serait facile de le faire disparaitre dans ce coin abandonné de tous. L’image même de sa miséricorde plantée dans la nuque de l’inquisiteur lui était apparue. Elle se contente de sourire, légèrement absente.


Donnez vous la peine d’entrer… Puisque c’est Deos qui a guidé vos pas…

Le sarcasme à fleur de timbre…

En attendant, c’est à elle qu’il emboitera le pas. Il semblerait qu’il n’y ait qu’elle au rendez vous. Deos a sans doute mieux à faire en ces heures que de s’occuper d’une Fourmi. Tant pis pour la chaleur de l’accueil, y’a pénurie de bois et le feu est mourant. Quant à son inclinaison à l’écouter…

A-t-elle vraiment le choix ?

Neige fondue et boue mêlées forment un sol glissant sous les bottes. Espérons que le curé ne s’étale pas, il serait trop ravi de prétendre à un piège de sa part. D’une main frêle elle écarte un pan de toile pour l’inviter à entrer dans la tente, laissant échapper un soupir de fausse résignation.

Il est temps.

_________________
Belzebuth_l_encapuchonne


Les rôles sont distribués, les décors sont en place, le rideau se lève. Aux acteurs à présent de jouer leur destin. Aussi funeste soit-il d’une scène déjà jouée.


Livré à l'empire d'une passion furieuse qui le dévorait comme un feu de lave coulant dans les veines, il l’avait soumise au plus odieux chantage. Le désir le torturait sans relâche et l’affamait au point d’avoir révélé sa nature à la brune. Démente, servile, embryon de conscience maligne, l'attente avait décuplé cette frénésie gourmande et extatique et le courrier qu’elle lui avait envoyé une dizaine de jours auparavant l’avait attisé plus encore.

S’il n’est pas ce fât de Bélial, Belzébuth n’en est pas moins Orgueilleux pour autant et dans son esprit démoniaque l’unique raison de cette rencontre ne peut être qu’elle se rend après tant d’années et se plie à sa volonté.  Bien sûr le rendez vous est fixé ailleurs, mais l’habitude prise de surveiller sa victime est trop forte. Combien de fois l’a-t-il observée de loin depuis l’ombre ? Combien de fois s’était il approché de leur tente la nuit, à en entendre leurs soupirs, leurs mots chuchotés, à en sentir leur plaisir l’irradier et le brûler ? Il le haïssait autant qu’il savourait la vengeance qu’il avait l’occasion d’exercer sur les amants maudits.
Le jour où il avait su qu’elle portait son enfant, en dépit des médications qu’il l’avait encouragée à prendre pendant des années et malgré le fait qu’elle risquait sa vie, sa haine envers Zalem n’en avait été que plus grande. Il avait pourtant tenté de la faire plier afin qu'elle se débarrasse de ce parasite infect qui croissait en son sein, mais rien n'y avait fait. Alors le Prince des Mouches s’imaginait déjà avec quelle délectation il lui écrirait qu’elle était à lui désormais. A le rendre fou.

Pour l’heure, à l’aube de ce jour nouveau, il arpente en silence les reliquats de ce camp déserté depuis si longtemps. Le clapotis de l’eau toute proche comme une musique délicate berce encore pour un moment la nuit qui s’efface. La Loire charrie son lot de troncs morts comme autant d’embarcations dérisoires et périssables. Mais une tache sombre flotte sur l’eau enténébrée, entrelacée au bois mort attire le regard curieux du Prince Démon de l’Avarice. Il s’approche de la berge, patauge dans l’eau noire pour mieux voir. Et sous l’ivoire un rictus se dessine.

Un rayon d'un soleil encore hésitant vient effleurer la surface de l'onde et caresser les contours de ce minois blême dont le démon dégage les traits des longues mèches d'encre collées. L'alentour embrasse la scène, ironique, de deux bures mélangeant leurs étoffes, de la pâleur ivoirine d'un visage et d'un masque en reflet.




 Tout s'annonçait comme une nuit ordinaire sur la route, une nuit comme elle en avait connu des centaines. L'esprit perdu entre cette colère sourde et froide et les cauchemars éveillés qui ne l'avaient plus vraiment quitté depuis la fin la grossesse. Une fièvre insane consume son regard, irradiant ses prunelles de cet éclat cornaline qui ne parait que lorsqu’elle est en proie à la violence de ses sentiments…

Depuis des semaines elle sillonnait les routes. Elle savait les risques de le retrouver, elle savait Belzébuth prêt à tout. Mais elle avait balayé la peur qui l'avait empoisonnée des mois et s'était décidée à l'affronter et à lever cette odieuse malédiction. Plus jamais le démon ne les menacerait, plus jamais il n'aurait leurs vies sous son joug. Plus jam…

Mais le destin a son ironie propre. Quand pour la première fois de votre vie vous vous décidez à tuer quelqu'un de sang froid, sans qu'il n'y ait d'autre motivation que de pouvoir respirer à nouveau, de pouvoir apprécier la caresse éthérée d'un souffle ou le palpitement ému d'un coeur qui bat sous la peau tout contre votre oreille… Alors à ce moment là le destin tourne la roue plus vite et vous en fout une grande en pleine gueule.
Bien sûr si elle avait écouté ce qu'on lui disait elle n'aurait pas été sur cette foutue route. Mais elle n'aurait pas été Fourmi non plus. Tuer Achim, raser la Touraine. C'était dans cet ordre qu'elle envisageait les choses. Et pas l'inverse. L'origine de tout ce chaos dans leur vie était Achim. Son poison, son avide et incompréhensible obsession de posséder ce qui ne serait jamais à lui. Le fiel, la peur qu'il avait instillé au fil des mois et qui les avait éloigné, c'était lui, le démon. Pas le bras armé et assassin d'une fausse blanche débile qui sacrifiait au mensonge et à la perfidie ce qui aurait du être parole sacrée et droiture. Aussi sordide que ce fut, elle n'était à ses yeux que la conséquence.

Sous ses yeux le cauchemar défilait, presque tangible.


*****

Le vent du Nord se lève, souffle et siffle. Il se renforce de plus en plus, giflant mes joues avec violence alors que croît en moi une énergie sauvage et bestiale, une frénésie guerrière, la voix des Androctasies. J’éperonne mon cheval pour me jeter à mon tour au combat en rugissant dans une explosion joyeuse, mêlant mon cri aux autres, tranchant les chairs et taillant en pièces des guerriers sans visage. Ma monture rue et se cabre, assène des coups de sabots sur les soudards, se battant avec le même acharnement  que moi. Je la pousse plus encore au cœur des rangs ennemis, continuant le joyeux massacre, tranchant plus de membres et fracassant des crânes avec férocité alors que la Terre continue de vomir son contingent d’âmes à expédier. Les lames nues accrochent l’agonisante lumière du soleil et les chevaux rendus fous par la bataille regimbent en hennissant avec fureur. Au cœur barbare de la mêlée, les hurlements retentissent ; haine, douleur, rage, tout s’unit dans un vacarme assourdissant. Avant que Borée ne balaye les plaintes et que ne s’avance au travers du carnage Harpocrate, Erèbe et Thanatos.

******

 Un cahot avait fait tanguer l'équipage. Rien d'extraordinaire. Sauf cette brûlure soudaine au côté qui l'arrache à sa torpeur fantasmagorique. Une main va toucher cette étrangeté poisseuse et revient sous la lune, maculée d'un sang épais et sombre à ses yeux incrédules. Elle n'a rien vu, rien entendu. Silhouettes intangibles. Elle s'est sentie glisser lentement. Peut-être l'a-t-on faite rouler jusqu'à la rive pour que son corps disparaisse, emporté par le courant. Un réflexe, s'accrocher pour ne pas sombrer sans doute et se laisser partir doucement au fil du sang qui s'écoule. L'esprit s'enfuit et succombe encore à ses cauchemars, à d'autres flots bien plus obscurs que la Loire.


******

Je marche sur une route bordée de troncs morts, réanimés pour servir de tuteurs aux corps sans vie d’hommes et de femmes, de familles entières décimées, laissées là à pourrir ; cadavres sordides aux visages dévorés par le rictus crispé d’un trépas au terme d’indicibles tourments. L’odeur de charogne empuantit l’air et l’âcre relent morbide envahit mes narines et irrite ma gorge. Alentour, le monde n’est qu’un vaste champ brûlé qui alourdit l’air d’une suie grisâtre restée en suspension. Tout n’est que dégoût et chacun de mes sens en est meurtri. Le métal et le feu ont apposé l’empreinte de la folie des hommes, au fil d’épées et de torches, empoisonnant à jamais cette terre.
J’arrive en vue d’une ville en flammes. Une fumée épaisse et écœurante jusqu’à la nausée monte d’un bûcher gigantesque, agrégat de cadavres humains et animaux réunis en un autel de chair fumante à l’odeur insupportable. La puanteur infecte imprègne tout, de son odeur de mort et de décomposition.

*****

Un ultime sursaut de vie et elle balaie ce ciel incendié pour des visions plus agréables. Le souvenir discret d'une image, d'une impression... Il apparaissait et son coeur faisait des bonds dans sa poitrine. Il ressemblait à l'incarnation d'un chevalier errant, héros d'une chanson perdue de tous mais qui résonnait dans son âme comme la flamme d'une bougie, solide et capable de résister à n'importe quel vent. Peut-être a-t-elle sourit quand son esprit agonisant avait jeté ses dernières forces pour imposer ce visage à ses pupilles déclinantes.. De pulsations qui s'étaient muées en palpitations, battements de cœur toujours plus lents, déclinants, lente exhalaison de cette vie qui s’échappe quand approche le moment de reddition, de rupture, entre le désespoir et l’extase, lors que la chair défaille et que l’âme s’échappe enfin, sortant de sa gangue. Ses rêves, ses sentiments, ses idées, tout ce qu’elle est, tout ce qu’elle aurait pu être encore s’est dissout dans l’immensité de la nuit. Le dernier maître hybriste s'est éteint.





Il a tiré le corps hors de l'eau et l'a ramené jusqu'au campement de ruines. A l'abri d'une tente à la toile à demi déchirée il a entrepris des gestes instinctifs. L'odieuse bure qu'elle portait découpée et jetée aux orties, et le petit corps sans vie repose sur une planche. Du regard il caresse les courbes convoitées jusqu'à l’idolâtrie, du bout des doigts libérés du cuir qui les recouvrait il effleure la peau exsangue, dessine la blessure à son flanc, comme une bouche aux lèvres fines, la cicatrice encore fraîche et rose de l'opération qu'il avait pratiquée pour extraire l'enfant de son ventre et le petit Z qu'il avait encré dans sa peau pour parfaire la torture de l'interdiction.

D'un linge humide il nettoie chaque parcelle de la dépouille. Aucune brindille ou feuille si infime soient-elles ne viendront entacher le tableau, nulle égratignure ne persistera à l'oeil. L'encensoir répand ses humeurs chirurgicales, d'ail et de menthe, de vinaigre et de thym...





[A quatre mains… pour une dernière fois. Désolées pour la longueur et le bordel sans doute incompréhensible qu'est ce post (qui reste ouvert du moins pour ljd Belzébuth)]

 
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Bien acquis profite toujours… Mais plus à la même personne voilà tout!
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