Constantin
Quand une offense avait été faite, il était dans le devoir d'un frère, d'un père, ou même d'un caniche, d'aller l'effacer.
Et offense avait été faite, en taverne de Bourges. L'Archidiacre partait en guerre. Comme il l'avait fait, auparavant, avec les Arundel, comme il le ferait aujourd'hui envers Zelgius.
Un hôtel tout ce qu'il y avait de plus ostentatoire. On ne faisait pas forcément dans le bon goût chez le Vicomte de Germigny. Une bâtisse de deux étages, dont un rez de chaussée. Le tout était en pierre, Champleçy souhaitait montrer qu'il était riche. Une vague nausée monta à la gorge de Constantin. Bon, ce n'était pas pire que chez Nathan. Où tout respirait l'argent. Sans âme, sans beauté. Le luxe, inutile. Mais déjà, il se sentait mal à l'aise. Lui qui avait été élevé dans la pauvreté d'une mère sans argent, obligée de se réfugier au couvent pour pouvoir élever ses enfants : ce n'était pas son univers. Ce n'était pas son monde. Et ça ne le serait jamais, il le savait. Nantilde, Sigfred et Constantin avait grandis dans la simplicité. Ils avaient reçu l'éducation des nobles, sans le pouvoir qui suit. les moines de Clermont, des Thomistes, s'étaient acharnés à leur apprendre à lire, à compter, à dessiner. Quelques notions de droit, quelques notions d'Histoire. La théologie, cependant, était leur dada. Oui, les moines ne faisaient jamais dans la dentelle quand il s'agissait d'inspirer à leurs ouailles ou complices la crainte du Très Haut. Mais contrairement à Noirlac ou à d'autres grandes communautés monastiques, Saint Thomas de Clermont s'était dédié au réalisme et à l'humilité. Le mysticisme de Christos, la raison d'Aristote. Les deux, conjointement liés.
Le respect des règles, pour l'Archidiacre et la raison, qui voulait qu'il partait avec un poignard dans la manche. Maman est italienne, précisons le. Florentine de surcroît, où l'on s'acharne plus à tuer ses ennemis qu'à prier pour le salut de leurs âmes. Aristotélicien, donc, mais dans les limites du raisonnable.
Pas idiot non plus.
Mais dévoué, sans nul doute. Dévoué aux Noldor, dévoué au Berry, dévoué à la cause du Très Haut. Aujourd'hui dans l'esprit de l'Archidiacre, le Champlecy s'opposait à tout. Car s'opposer à la très ancienne, berrichonne et très aristotélicienne maison Noldor, c'était s'opposer au Berry et au Très Haut. C'était signer son aller simple pour l'enfer lunaire. Zelgius prendrait l'express. Et Constantin ne prierait pas pour son âme.
Il se présenta à l'entrée et avisant l'intendant de l'Hostel, il le salua respectueusement et dit :
Dites à Monseigneur Zelgius que Monseigneur Constantin est présent, je vous prie. Je souhaite m'entretenir avec lui de la manière la plus urgente.
Et disant cela, l'Archidiacre vérifia que le poignard n'était pas tombé de sa manche.
Homme avisé, homme armé, aurait dit Lucrezia de Noldor, aujourd'hui mère de dévotion, demain, qui sait, Mater Dolorosa.
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Le Berry selon Constantin.
Et offense avait été faite, en taverne de Bourges. L'Archidiacre partait en guerre. Comme il l'avait fait, auparavant, avec les Arundel, comme il le ferait aujourd'hui envers Zelgius.
Un hôtel tout ce qu'il y avait de plus ostentatoire. On ne faisait pas forcément dans le bon goût chez le Vicomte de Germigny. Une bâtisse de deux étages, dont un rez de chaussée. Le tout était en pierre, Champleçy souhaitait montrer qu'il était riche. Une vague nausée monta à la gorge de Constantin. Bon, ce n'était pas pire que chez Nathan. Où tout respirait l'argent. Sans âme, sans beauté. Le luxe, inutile. Mais déjà, il se sentait mal à l'aise. Lui qui avait été élevé dans la pauvreté d'une mère sans argent, obligée de se réfugier au couvent pour pouvoir élever ses enfants : ce n'était pas son univers. Ce n'était pas son monde. Et ça ne le serait jamais, il le savait. Nantilde, Sigfred et Constantin avait grandis dans la simplicité. Ils avaient reçu l'éducation des nobles, sans le pouvoir qui suit. les moines de Clermont, des Thomistes, s'étaient acharnés à leur apprendre à lire, à compter, à dessiner. Quelques notions de droit, quelques notions d'Histoire. La théologie, cependant, était leur dada. Oui, les moines ne faisaient jamais dans la dentelle quand il s'agissait d'inspirer à leurs ouailles ou complices la crainte du Très Haut. Mais contrairement à Noirlac ou à d'autres grandes communautés monastiques, Saint Thomas de Clermont s'était dédié au réalisme et à l'humilité. Le mysticisme de Christos, la raison d'Aristote. Les deux, conjointement liés.
Le respect des règles, pour l'Archidiacre et la raison, qui voulait qu'il partait avec un poignard dans la manche. Maman est italienne, précisons le. Florentine de surcroît, où l'on s'acharne plus à tuer ses ennemis qu'à prier pour le salut de leurs âmes. Aristotélicien, donc, mais dans les limites du raisonnable.
Pas idiot non plus.
Mais dévoué, sans nul doute. Dévoué aux Noldor, dévoué au Berry, dévoué à la cause du Très Haut. Aujourd'hui dans l'esprit de l'Archidiacre, le Champlecy s'opposait à tout. Car s'opposer à la très ancienne, berrichonne et très aristotélicienne maison Noldor, c'était s'opposer au Berry et au Très Haut. C'était signer son aller simple pour l'enfer lunaire. Zelgius prendrait l'express. Et Constantin ne prierait pas pour son âme.
Il se présenta à l'entrée et avisant l'intendant de l'Hostel, il le salua respectueusement et dit :
Dites à Monseigneur Zelgius que Monseigneur Constantin est présent, je vous prie. Je souhaite m'entretenir avec lui de la manière la plus urgente.
Et disant cela, l'Archidiacre vérifia que le poignard n'était pas tombé de sa manche.
Homme avisé, homme armé, aurait dit Lucrezia de Noldor, aujourd'hui mère de dévotion, demain, qui sait, Mater Dolorosa.
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Le Berry selon Constantin.