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[RP] Une rencontre historique.

Constantin
Quand une offense avait été faite, il était dans le devoir d'un frère, d'un père, ou même d'un caniche, d'aller l'effacer.
Et offense avait été faite, en taverne de Bourges. L'Archidiacre partait en guerre. Comme il l'avait fait, auparavant, avec les Arundel, comme il le ferait aujourd'hui envers Zelgius.

Un hôtel tout ce qu'il y avait de plus ostentatoire. On ne faisait pas forcément dans le bon goût chez le Vicomte de Germigny. Une bâtisse de deux étages, dont un rez de chaussée. Le tout était en pierre, Champleçy souhaitait montrer qu'il était riche. Une vague nausée monta à la gorge de Constantin. Bon, ce n'était pas pire que chez Nathan. Où tout respirait l'argent. Sans âme, sans beauté. Le luxe, inutile. Mais déjà, il se sentait mal à l'aise. Lui qui avait été élevé dans la pauvreté d'une mère sans argent, obligée de se réfugier au couvent pour pouvoir élever ses enfants : ce n'était pas son univers. Ce n'était pas son monde. Et ça ne le serait jamais, il le savait. Nantilde, Sigfred et Constantin avait grandis dans la simplicité. Ils avaient reçu l'éducation des nobles, sans le pouvoir qui suit. les moines de Clermont, des Thomistes, s'étaient acharnés à leur apprendre à lire, à compter, à dessiner. Quelques notions de droit, quelques notions d'Histoire. La théologie, cependant, était leur dada. Oui, les moines ne faisaient jamais dans la dentelle quand il s'agissait d'inspirer à leurs ouailles ou complices la crainte du Très Haut. Mais contrairement à Noirlac ou à d'autres grandes communautés monastiques, Saint Thomas de Clermont s'était dédié au réalisme et à l'humilité. Le mysticisme de Christos, la raison d'Aristote. Les deux, conjointement liés.

Le respect des règles, pour l'Archidiacre et la raison, qui voulait qu'il partait avec un poignard dans la manche. Maman est italienne, précisons le. Florentine de surcroît, où l'on s'acharne plus à tuer ses ennemis qu'à prier pour le salut de leurs âmes. Aristotélicien, donc, mais dans les limites du raisonnable.

Pas idiot non plus.

Mais dévoué, sans nul doute. Dévoué aux Noldor, dévoué au Berry, dévoué à la cause du Très Haut. Aujourd'hui dans l'esprit de l'Archidiacre, le Champlecy s'opposait à tout. Car s'opposer à la très ancienne, berrichonne et très aristotélicienne maison Noldor, c'était s'opposer au Berry et au Très Haut. C'était signer son aller simple pour l'enfer lunaire. Zelgius prendrait l'express. Et Constantin ne prierait pas pour son âme.

Il se présenta à l'entrée et avisant l'intendant de l'Hostel, il le salua respectueusement et dit :


Dites à Monseigneur Zelgius que Monseigneur Constantin est présent, je vous prie. Je souhaite m'entretenir avec lui de la manière la plus urgente.

Et disant cela, l'Archidiacre vérifia que le poignard n'était pas tombé de sa manche.

Homme avisé, homme armé, aurait dit Lucrezia de Noldor, aujourd'hui mère de dévotion, demain, qui sait, Mater Dolorosa.

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Le Berry selon Constantin.
Zelgius
Une offense. Revoyons plutôt la définition de ce mot. Il s'agit de blesser quelqu'un par des mots. Hors, lorsque l'on s'adresse au Champlecy il faut irrémédiablement s'attendre à être blessé par ses propos.

Le Dément du Berry avait ainsi fait passé une Noldor pour une cruche, ou une chienne... Tout dépendant de la façon dont on percevait la chose. Si il n'avait pas connu le tempérament généralement protecteur des Noldor il n'aurait certainement pas perdu son temps avec une blond qui, de surcroît, lui paraissait réellement limitée par rapport à lui.

A son arrivée à Bourges la veille, il n'avait pas tout de suite pris la direction de ses appartements dans le quartier riche de la ville. Le voyage qu'il avait entrepris avec Andhara lui avait permis de retourner à ce qu'il avait connu dans ses primes années car même si le luxe et la noblesse étaient aujourd'hui mis en avant dans sa vie, il n'en fut pas toujours le cas.

En effet, le Champlecy avait grandi non pas dans le luxe, ni même dans un couvent. Il avait grandi à même la rue, apprenant de ses erreurs et de ceux qui l'entouraient sans qu'ils ne s'en rendent vraiment compte. Compter... Lire... Ecrire... Tout cela ne fut appris que sur le tas, jamais il n'avait eu de précepteurs quels-qu’ils soient pour lui apprendre la base. D'ailleurs, il avait appris un jour de la bouche de sa loutre qu'il y avait un ordre pour les lettres. Mais passons.

Alors même qu'il s'occupait de choses et d'autres dans son hôtel berruyer, il fut prévenu par son intendant que Constantin souhaitait le voir.


Fais le monter Paul. Dans mon bureau.

Le Dément prit ainsi la direction de son bureau, à quelques pièces de là où il se trouvait. Entendant Paul faire entrer Constantin et l'inviter à le suivre, il laissa la porte dudit bureau entre-ouverte de sorte à ce qu'un simple coup suffise à l'ouvrir face à son "visiteur".

Lui, s'installa derrière son bureau, dans un fauteuil de haute facture. Il ne faisait certes pas autant étale de sa richesse que son filleul, mais il ne fallait pas croire qu'il ne l'était pas. Au contraire. Tout dans cette pièce avait son prix. Y compris la chemise milanaise qu'il portait légèrement ouverte sur quelques cicatrices en réponse à la chaleur oppressante de l'été.

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Constantin
On lui indiqua d'un signe de tête dédaigneux le bureau du Vicomte. La richesse, il la cotoyait à chaque fois qu'il croisait son oncle, le Vicomte de Savigny, en son castel du Préau. Mais c'était une richesse subtile, celle de la vraie noblesse, celle qui n'impose rien au visiteur, celle qui au contraire le glorifie, lui signifie qu'il est ici le bienvenu. Chez le Champlecy, Constantin était oppressé. Moins ostentatoire que chez Nathan, mais ostentatoire quand même. Il ne se prenait pas pour rien, et il le montrait allègrement. Et le Berry risquait d'être dirigé par ces gens là ? Honteusement fiers d'eux ? Sans attache aucune au Berry ? Sans respect aucun de son peuple. George, peut être, avait raison : les élites sont bonnes à chaque duché, mais certaines ne méritent pas d'être l'élite.

De toute manière, à la fin de l'entretien, il n'y aurait plus de Champlecy. Et cet hôtel brûlerait. Constantin avec. Longuement, une nuit en fait, mûri dans son esprit, ce crime d'honneur, qui n'était rien aux yeux de Zelgius, prenait maintenant toute son ampleur. Quand Bourges entière regarderait la carcasse du vicomte tomber dans les douves du château. Sploush. Un Rose Noire en moins.

Impulsif, le Noldor ? Juste un peu. Le sang coulerait aujourd'hui, le sien, ou celui du Malsain, le sang coulerait. Chez les Noldor, dont la noblesse était de sang, il y avait des choses que bien des gens en Berry ne pouvait pas comprendre. L'honneur de la famille était primordial. Et Constantin, fin idéaliste sorti du monastère, n'envisageait pas la chose autrement. C'était d'ailleurs un poids. S'il devait mourir, pour l'honneur de sa soeur, il le ferait. Je vous disais mysticisme et raison. Mysticisme d'abord, l'honneur en premier. La vie après.

Il se retrouva devant une porte, entrebaillée, qu'il poussa sans hésiter. Et il se retrouva devant Zelgius.

Il arborait ses cicatrices comme des trophées. Constantin eut un rire de mépris et dit, en indiquant la chemise ouverte du Vicomte :


C'est peu. Bien peu.

Sous entendu : il en faut d'autres. Ca fera plus mâle.
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Le Berry selon Constantin.
Zelgius
Et il n'avait pas frappé... Ainsi donc les Noldor avait à leur tête une espèce de fanatique dont le respect ne semblait pas paraître à l'affiche ? Intéressant...

"C'est peu. Bien peu" Constantin avait regardé sa chemise en prononçant ses mots. Il faisait donc référence aux quelques morceaux de cicatrices qui lézardaient sur la partie visible de son torse. Le Champlecy, lui, n'avait pour but que de ne pas avoir trop chaud. Ce fut donc pour cette raison que les fenêtres étaient grandes ouvertes et que quiconque passant sous celles-ci pourraient tout entendre de leur conversation... Si seulement des gens savaient qu'ils étaient devant l'hôtel Champlecy.


Je suppose que tu n'es pas ici pour parler de quelques cicatrices.

D'un geste de la main ; la gauche, celle avec tous les doigts ; il invita Constantin à s'asseoir.

Non, je pense plutôt que tu es ici pour Nantilde et ce que je lui ai dit hier soir. Me tromperai-je ?

Un sourire s'esquissa sur le visage du Champlecy, il s'enfonça un peu plus dans son fauteuil, plaçant les coudes sur les accoudoirs et les mains allèrent se rejoindre un peu plus haut.

Sur son bureau se trouvait quelques parchemins, deux plumes, plusieurs pots d'une encre carmin et une épée. Mais, s'il avait besoin d'utiliser une lame, il n'utiliserait pas celle-ci, elle n'était là que pour voir si l'oeil de Constantin en prendrait note et ainsi découvrir si il était ici dans un but agressif... ou non.

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Constantin
Non, en effet, il n 'était pas là pour parler des maigres cicatrices qui parsemaient le bout de peau de Zelgius. L’œil torve, l'Archidiacre voulait de la douleur, de la souffrance et des lamentations. Il voulait Zelgius à genoux, sa lame de poignard sous la gorge. Il voulait enfoncer cette lame par le menton et la faire ressortir par l'oeil. Un œil champlecien, en voilà un trophée à ramener à sa sœur. Nantilde en tomberait dans les pommes d'horreur. Et voilà que les idées de Constantin s'embrouillaient, voilà qu'elle perdaient leur forme. Ne souhaitait il pas mourir ici en tuant Zelgius ? Pensait il pouvoir survivre, non pas lui, être de chair et de sang, mais lui, Constantin de Noldor, âme et esprit mêlés, créés par le Très Haut pour accomplir Sa volonté...

Embrouillées, aussi, ses volontés. Il aurait cru le Vicomte plus vindicatif, plus mauvais. Après tout ce qui se murmurait sur lui, la terreur qu'il inculquait aux gens qui ne parlaient de lui qu'à demi mot, en détournant le regard. La honte au coin des yeux. C'était donc ça, le Dément, le Malsain ? Un instant, Constantin fut prit d'un doute : ne perdait il pas son temps ?

Oui, il devait se l'avouer. Il venait ici dans le but de venger sa soeur, mais aussi de prouver à tous qu'en tant que Noldor, il ne fallait jamais se laisser marcher sur les pieds, par ceux qui se croient supérieurs à vous. Dans les faits, Zelgius était riche, il avait les terres et sa famille était aussi bien dotée que lui. Mais le Noldor n'envisageait pas cela aussi simplement, c'eût été stupide. Zelgius avait été duc, et avait perdu le pouvoir à cause d'une prétendue histoire d'empoisonnement que l'Archidiacre n'avait jamais cru. Il était persuadé qu'une femme se cachait sous cette histoire, une femme, ou un ennui profond de vivre. Un homme quittant son poste ainsi, issu prestigieux soit il méritait il quand même le respect ? Sinon la crainte ?

Constantin avait peur. Il n'était pas surhomme, il n'était pas aussi puissant que son adversaire. Mais, comme il l'avait dit à Bimba, une fois qu'elle ait traité sa femme de grosse vache et qu'il l'avait provoqué en duel, elle pouvait bien le tuer, à partir du moment où il emportait dans la mort la moindre mèche de ses cheveux, ou qu'il faisait couler d'elle la moindre goutte de sang. L'honneur, toujours l'honneur. Il en était de même aujourd'hui, il n'avait pas peur de mourir, tant que sa mort n'était pas vaine. Mais, fort de son idéalisme, l'Archidiacre n'imaginait pas une seule seconde qu'en face de lui se tenait un pervers. Qui, s'il comprenait la moindre parcelle de son esprit, pourrait le réduire en miette.

La faiblesse est le propre de l'humanité. Et Constantin n'était qu'un homme.

Le nom de sa soeur sortit, finalement, de la bouche de Zelgius. Ainsi, il connaissait le nom de Nantilde. C'était un comble. Infatué qu'il était, il se souvenait quand même du nom de ceux qu'il méprisait. L'homme est faible, et sans nul doute, Zelgius l'était aussi.


Gardes ton venin, Champlecy. Je me moque de tes considérations stériles. Je ne suis là que pour une chose : venger ma soeur.

L'Archidiacre sortit son couteau de sa manche. Sans effet théâtral, il n'était pas dramaturge, ni actrice de bas étage. Il était Constantin de Noldor, avec un objectif en tête, suivant une ligne déjà tracée. Il était là pour tuer. Il avait bien remarquée l'épée, en évidence, sur le bureau. Il n’espérait pas débarquer ici la bouche en coeur, planter sa lame et partir en sautillant. Il était évident que son adversaire serait armé. On ne se jette pas ainsi dans la gueule du loup sans être désespéré. Et Constantin n'avait rien à perdre.

Il comptait bien mourir ce jour là.

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Le Berry selon Constantin.
Zelgius
Zelgius avait bien visé en plaçant une épée sur son bureau. Il avait ainsi eu le temps de voir le regard de Constantin se poser sur cette arme et donc se préparer à une éventuelle attaque prenant en compte une défense "normale" en prenant l'épée visible. Prévisible.

Prévisible était bien le mot à ne pas employer avec le Champlecy... Il ne fallait même pas y penser car rien n'était prévisible quoi qu'on s'en dise. Tout était bien souvent prévu à l'avance, sauf lorsqu'il s'agissait de sa folie... Dans ce cas, même lui ne savait ce qui allait se passer.

Mais ici, nulle folie, nulle inconnue à son équation. Non, il poussa plutôt le bureau placé entre Constantin et lui d'un violent coup de pied pour repousser l'assaut ennemi. En revanche, il ne se leva pas. Préférant dévoiler l'arbalète modifiée par ses soins posé contre son fauteuil.


Ainsi donc l'honneur de la famille de Noldor est tombé bien bas. Je me doutais que l'un d'entre vous tenterait quelque chose, il est certain. Mais une attaque aussi basine. Non... Non, non... Cela cache forcément quelque chose de plus... passionné.

Il n'avait quitté le Noldor du regard, il lui avait même offert une arme plus tranchante que le couteau qu'il avait sorti de sa manche.

Les Noldor serait-il tous consanguins ?

Il avait en effet entendu parler de la coucherie entre Elvariand et Agnesia. Il était persuadé que Constantin ne couchait pas avec Nantilde mais l'idée de cette pique à ce sujet suffirait à voir Constantin en dévoiler un peu plus sur sa présence ici.
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Constantin
Un bureau lui arriva direct sur le bassin. Cella là, il ne l'avait pas prévue. Mais qu'avait il prévu, sinon de mourir ce jour là ? Son adversaire était rusé. En plus d'être insultant. Constantin n'eut pas le temps de réagir, il prit le meuble en pleine poire. Mais, contrairement à ce qu'il imaginait, le bureau était plus léger qu'il ne le pensait. Au bruit du choc, il songea à du bois creux. Il ne fallait pas surestimer la force du Champlecy. Ni son parquet trop bien ciré. Ni sa maniaquerie, visiblement, à mettre des patins sous tout ses meubles.

Par contre, surestimer sa ruse et sa perfidie eut été une bonne idée. Pauvre Constantin, stupide et inexpérimenté. Le voilà avec un carreau d'arbalète pointé sur sa poitrine. Il en aurait lâché le poignard. Ne pas mourir inutilement, voilà le motto.

Il plongea derrière le bureau, caché par le panneau qui usuellement, abritait les jambes de son propriétaire. Une minute. Une seconde. Le temps de réfléchir à comment jaillir de sa cachette et à planter le poignard florentin dans la gorge du Dément. Un instant, il frissona. Et si le Malsain tirait à travers le panneau de bois. Intérieurement, Constantin pria pour que cela ne lui touche pas la tête ou la poitrine. Un bras ? Il en avait deux. Une jambe, il ne lui en faudrait qu'une pour se jeter sur son ennemi. Et il avait vu des hommes se battre sur le champs de bataille couverts de flèches. Pourquoi pas lui ?

Ne pas mourir inutilement.

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Le Berry selon Constantin.
Zelgius
Ou pas. Du moins pas tout de suite. Il semblait que le Noldor se préparait à revoir sa stratégie de combat. Constantin s'était caché à la vue de l'arbalète dirigée vers lui. Pleutre ? Peut-être mais pour le moins pas dénué d'un instinct de survie.

Penses-tu parvenir à m'atteindre avant que je ne te tue Constantin ou te décides-tu plutôt à faire ce qu'il y a de plus courageux ?

Le Champlecy se leva tout en parlant, usant de ses instincts de tueur pour étouffer le léger bruit de ses pas déjà atténués par des bottes spécialement conçues pour en réduire grandement le bruit. Mais il ne s'arrêterait pas de parler, plus bas, comme un murmure... Après tout, il l'entendrait forcément !

Prouves-moi donc que les de Noldor n'ont pas tout perdu. Prouves-moi qu'il reste un peu de courage dans toute cette consanguinité.

Il continuait à se déplacer dans la pièce, il n'aimait pas à rester statique lorsque l'on attentait à sa vie bien qu'il aurait pu mettre son adversaire hors d'état de nuire depuis son arrivé, il désirait s'amuser.

Je t'attend Constantin de Noldor, Archidiacre du Berry.
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Constantin
Faire le moins de bruit possible. Le loup était dans la pièce, et la brebis y était entrée en connaissance de cause. Le loup marchait comme une biche silencieuse, mais gueulait comme une loutre alcoolique. Constantin le repéra aisément, qui se déplaçait. Puis, ce devint un murmure, celui d'un sadique qui joue avec sa proie. Et Constantin eut peur. Le chasseur était bien là, non loin. Constantin pouvait limite sentir les pas glissants du tueur non loin.

Cela n'arrangeait pas pour autant ses affaires. Il était toujours prostré derrière le bureau. Que faire ? Bloqué ici. Il risquait de mourir sans n'avoir pu planter sa lame dans le corps de son ennemi. Et quand bien même, se ferait-ce ? Il avait toujours une arbalète pointée sur lui. Il fallait le prendre par derrière. Et surtout, ne pas se faire remarquer tout de suite.

Un des avantages quand on est religieux, c'est l'aspiration naturelle que l'on voue au calme de la prière. Cet instant de joie divine où l'on frôle la mort, pour être plus proche de dieu, avant de redescendre sur terre. Constantin garda son calme, limitant sa respiration. La survie, mes frères, la survie. Puis, d'un geste ample et silencieux, il sortit sa libération. Son atout ultime. Zelgius avait bien une arbalète.

Constantin lui, avait la mort en capsule. Mais c'était là un choix délicat. S'il l'utilisait, que lui resterait il, pour se suicider ? Cette petite fiole accrochée à son cou, et qui pendait dans le vide désormais. C'était là son salut. La fin de ses souffrances. Celles que Zelgius, que l'on prétendait, à juste titre, sadique, pourrait exercer sur lui.

Mentalement, un court instant, il se rappela la composition de ce que le Moine Apothicaire de Clermont appelait "la confiture aux rats". "Une once de Napel, une once d’hellébore, une once de colchique noire, comblé par trois onces de Cigüe. Le tout mélangé à du saindoux." Originellement destiné aux rats qui pullulaient au monastère. Il avait vu les chiens qui, fatalement curieux en avaient mangé, en crever en quelques minutes. Couchés sur le sol, à hurler à la mort, les entrailles bouillantes. Il avait une dose foudroyante sur lui. De quoi tuer un troupeau de moutons. Il voulait que la mort arrive vite, immédiatement. Que sa tête explose avant son ventre. C'était son salut à lui. Et comme Socrate se suicidant à l'arrivée des Athéniens, il serait mort avant que Zelgius ne songe à violer sa dépouille. Mais s'il réussissait à ne serait-ce qu'a égratigner le torse cicatriser du Champlecy, ce dernier, assurément, mourrait d'une mort lente et douloureuse. La fièvre en prime. C'est qu'il faisait chaud. Constantin n'aurait plus qu'à se planter la lame de son poignard dans le cœur, ou affronter la justice du Berry.

Il adressa une rapide prière au Très Haut. Et, d'un geste brusque, il brisa la fiole, prenant garde à ne pas se planter un morceau de verre fin dans les mains. Le bruit alerta immédiatement son adversaire. Mais Constantin avait déjà trempé sa lame dans la mixture gluante, collante et brunâtre.

Même si Zelgius le blessait, il pouvait désormais s'offrir la mort la plus horrible qui soit. Ultime frustration pour son adversaire. Ultime danger aussi pour le Champlecy. Car s'il parvenait à le toucher, le Berrichon Florentin aurait la mort d'un ancien duc du Berry sur la conscience.

Ho, en fait, ce n'était pas grand chose.

Plaçant son bras derrière son dos, il se leva et se précipita vers le côté. Si Zelgius ne voulait pas mourir, il fallait désormais viser juste, et bien.

Constantin se jeta sur lui.

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Le Berry selon Constantin.
Zelgius
Il entendit du verre se briser, inévitablement son regard se braqua sur la source du bruit. Ainsi il avait prévu une échappatoire ? Voilà qui promettait pour la suite de cette "rencontre".

Quelle pouvait-elle être ?
Une diversion ? Non, il n'avait rien vu voler.
Une nouvelle arme ? Non, il aurait pris l'épée toujours sur le bureau recouverte de quelques parchemins.
Du poison ? Bien à la bassesse des fanatiques d'un "Très-Haut" qui n'avait jamais rien fait pour eux.

Il n'eut guère plus de temps pour réfléchir à ce que pouvait préparer l'Aristotélicien. Celui-ci était sorti de sa cachette un bras derrière le dos. Pourquoi cachait-il son arme ? Si celui-ci voulait lui faire comprendre qu'il avait dans l'idée de le tuer d'un coup en traître, il s'y était mal pris. Très mal pris. Sauf si...

Encore une fois, l'idiotie de son adversaire le coupa dans ses réflexions et ce fut plus par réflexe que par réelle intention de "blesser" qu'il fit un pas sur sa gauche pour pouvoir bloquer le bras du Noldor de sa main gauche si celui-ci tentait de le poignarder alors que son poing droit se dirigea sur le nez de celui qui se précipitait sur lui dans l'espoir vain d'un sacrifice cependant que l'arbalète rebondissait sur le sol et que le Champlecy se retrouvait libre de tout mouvement.

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Constantin
Si seulement Zelgius avait eu une âme, Constantin aurait prié pour lui. Mais voilà, le Champlecy en était dénué. Il n'était rien qu'une envellope de chair folle. Imbibée de folie. Un être malsain qui méritait d'être éradiqué. L'humanité Aristotélicienne n'avait pas à souffrir ce genre de personnes. Il devait mourir.

Dans son élan, l'Archidiacre sortit sa fine lame - imbibée d'un poison surpuissant si vous suivez bien - prêt à fondre sur le Vicomte. Dans ses yeux luisaient la haine, la haine pure. Celle qu'Aristote ne recommande pas. Celle que Christos condamne fermement. Celle que le Très Haut punit. Le péché le plus simple, le plus probable : ne pas accepter l'autre et le détester.

La banalité simple.

Constantin ne comprit que trop rapidement qu'il avait fait erreur, quand il vit l'arbalète voler loin, et son adversaire se retrouver les mains libres. La pauvre brebis Aristotélicienne s'était jeté dans la gueule du loup. Mais le loup n'avait pas d'âme, il n'avait aucune considération de la vie. Même la mort comptait peu. Aucune beauté. Zelgius était un être profondément pragmatique et matérialiste. Mais un matérialiste fou, l'Histoire en a connu. Ils l'ont ensanglanté.

Et face de lui, le poing tendu, le bras bandé, l'attend Champlecy. Le choc fut pour le moins brutal.

En réalité il sentit les chairs de sa joue se déchirer et un flot de sang envahir sa bouche. La douleur lui vrilla en une seconde et demi le cerveau en entier, tandis que ses dents du côté droit se brisaient les unes après les autres en s'entrechoquant entre elles, dans un bruit de terre sèche écrasée. Quelques morceaux vinrent lui couper le dessus de la langue, comme s'il avalait des tessons de verre.

L'instant d'après il était au sol. Sonné. En ouvrant les yeux il ne vit qu'un blanc pur, tant la lumière l'aveugla. Puis, une fois refermés, il ne vit que du noir.

Et il n'était plus là.

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Le Berry selon Constantin.
Zelgius
Si... Voilà une conjecture comme il nous plait d'en entendre ! Si ! Si Zelgius n'avait pas vu sa mère pendue au bout d'une corde le jour de ses trois ans ? Si il avait grandi entouré de sa famille ? Si cette famille avait été aimante ? Serait-il le même anui ?

Certainement pas ! Et ce fut alors que son poing percuta le visage du berrichon qui venait l'attaquer dans sa demeure. Il n'eut pas même besoin d'attraper le bras armé de Constantin, celui-ci semblait tomber à la renverse comme dans un ralenti. Du moins du point de vue Champlecyen.

Alors que le corps de Constantin heurtait le sol, le Dément secoua légèrement la main droite, il ne s'était pas vraiment attendu à ce que le visage de l'Aristotélicien soit aussi solide.

Du coin de l'oeil, il vérifiait néanmoins que le Noldor ne se relèverait pas pour l'attaquer à nouveau. Quelques secondes passèrent avant qu'il n'aille mettre un coup pour éloigner le poignard qu'il vit luisant de liquide à la faveur d'un rayon de soleil pénétrant le bureau.

Une fois sa main soulagée, il attrapa Constantin pour le soulever, ignorant le filet de sang qui coulait de sa bouche pour le placer dans le fauteuil que le Champlecy occupait avant l'attaque. Pour s'assurer de pouvoir "discuter" en toute tranquillité, il le ligota. Ainsi, l'homme était attaché au fauteuil du Champlecy par une corde qui liait ses poignets aux accoudoirs et faisait deux fois le tour de son torse pour se voir nouer en un noeud Champlecyen dans le dos du fauteuil.

Une fois l'assurance prise, Zelgius se dirigea vers l'armoire dans le coin de la pièce pour en tirer une bouteille de Ropt et un verre. Verre qu'il remplit à moitié avant de prendre une gorgée à même le goulot.


Bien. Constantin, réveille-toi.

En complément de sa "demande" il envoya le contenu du verre dans le visage de l'Aristotélicien.
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Constantin
Il était à Clermont, à l'Abbaye Thomiste. Il avait sur son épaule un simple sac de linge, deux miches de pain et accroché à sa ceinture, une bourse de 50 écus. Sa mère, vêtue de noir, le visage amaigri et le regard perpétuellement triste qu'il lui connaissait lui parlait. Elle était assise dans le cloître de l'Abbaye. Un hennin blanc couvrait ses cheveux, et une brise légère lui frôlait le visage. Autour d'eux, personnes. Les moines étaient à la prière, certainement.

Et elle lui parlait.
Et il n'entendait pas. Il était sourd.

Les lèvres de sa mère bougeaient sans bruit, elle semblait concentrée, elle semblait intéressée par la conversation qui était, visiblement, d'une gravité extrême. Constantin lui, ne cessait de répéter "Quoi ? Que dites vous mère ?" Et elle continuait, comme s'il n'avait rien dit. "Mais je ne vous entends pas, mère. Je ne vous entends pas..." Impuissant.

Puis, sa voix perça.


Tu n'es pas attentif, Constantin. Je te disais de prendre soin de toi. Ton oncle Altaiir t'accueillera à Tours auprès de son épouse Camille. Remets toi au service de la Saincte Eglise, auprès de Son Éminence Clodeweck, il te guidera et te donnera une charge à la paroisse. Ce sera peu d'argent, mais de quoi te nourrir et de quoi t'apprendre le métier. De quoi devenir quelqu'un.

Il la regardait, gravement. Ses recommandations. Savait il qu'il ne reverrait pas sa mère de sitôt ? Savait il d'ailleurs que c'était la dernière fois qu'il la voyait ?


En tout point, mon fils, tu dois défendre ta famille. Ta soeur et ton frère sont encore jeunes, mais un jour eux aussi, ils partiront d'ici, sur les chemins. Ils m'oublieront, vous m'oublierez tout les trois. Mais je ne vous en veux pas. Je suis confuse et désolée de ne pas avoir pu vous offrir la richesse et le confort de la noblesse. Ton père mort... est il mort ?... disparu aux croisades, que me restait il ? Je n'allais pas être une charge pour ton oncle Gil et ta tante Ardegonde ? N'oublie jamais d'où tu viens. Que dans ton sang coule le sang d'une des plus grandes familles du Berry. Et que le miens, celui des Auditore, celui de Florence la Magnifique, y coule aussi. Va, mon enfant, que ta vie soit belle. Je mourrais alors en paix.

Et tout se brouilla. Tout devint flou, comme si la pluie venait mettre un filtre sur sa vision. Il était seul. Dans le noir.

Il était mort.

Et il y avait ces bruits autour de lui. Ces bruits de pas. Cette présence. Il était la proie.

Un gout infect parsemait ses lèvres. Ses yeux lui brûlait. Il étouffait dans son propre sang. Etait-il finalement arrivé en Enfer Lunaire. Lui qui prêchait le Paradis auprès des Hommes, il n'avait récolté que l'univers du Sans Nom. Le Soleil s'était détourné.

Quand il rouvrit les yeux, il comprit rapidement que l'Enfer Lunaire n'était pas pour lui. Mais que l'Enfer terrestre était imminent. Zelgius l'avait attaché et s'était amusé à lui balancer de l'alcool sur la trogne.

En le voyant, et en considérant sa situation, l'Archidiacre eut une nausée qui lui fit vomir les glaires de sang qui s'accumulaient dans sa trachée.

Une marre rougeoyante s'étalait sur sa tenue, sur ses jambes et à ses pieds. Il n'était que marasme sanguinolent.

Et il savait que le pire allait arriver.

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Le Berry selon Constantin.
Zelgius
La réaction ne se fit pas attendre. Un crachat de sang plutôt conséquent d'ailleurs. Du sang qui en vint à se répandre sur une tunique rouge qui fit presque disparaître ce dernier.

Un sourire se dessina alors sur le visage du Dément, tranchant celui-ci en deux tel une ligne le ferait sur un parchemin. La bouteille sortit un peu plus tôt était retenue dans la main aux quatre doigts du brun qui fit le voyage menant le goulot de cette bouteille aux lèvres qui avaient dessiné le sourire sus-dit.

Deux gorgées plus tard, il tendit la bouteille vers Constantin.


En veux-tu un peu plus, Constantin ?

Non, il ne semblait pas vouloir. Ou alors la corde qui le retenait à la chaise retenait aussi toute son attention.

Non. Tu te dois d'être au mieux de ta forme pour la discussion que nous allons avoir.

Et alors son regard bleu-nuit se posa sur la joue de son interlocuteur. Et sa main vint se poser sur sa propre joue, la même que celle blessée du Noldor.

Tu devras faire soigner ça une fois que tu seras sortie, ça m'a l'air moche.

Bien !


Il quitta le bureau sur lequel son séant était posé pour s'approcher du fauteuil.

Es-tu prêt à m'écouter maintenant ?
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Constantin
Zelgius se tenait en face de lui. Et il lui parlait, limite avec douceur. C'est là que Constantin comprit qu'il avait affaire à une personne dérangée. Profondément dérangée.

Le Champlecy se posa sur le bureau, sans le quitter du regard. Constantin cracha encore ce qu'il pouvait de glaires de sang et de molaires brisées. Ce sourire ! Jamais il ne l'oublierait !


Qu'avons donc à nous dire, Champlecy ?


Il lui jeta un regard d'horreur, de dégoût passionné.

Je souhaitais que tes dernières paroles soient ces insultes que tu as lancé à ma soeur, sur les miens !

Crachant un dernier morceau de dents, il dit :

Je vais mourir ici : achèves moi et mets fin à mon humiliation. C'est tout ce que je te demanderais.

L'Archidiacre tenta vainement de bouger, mais il fallait bien avouer, si Zelgius excellait dans un art, c'était celui du ligotage !
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Le Berry selon Constantin.
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