Axelle
... est très rarement pure et jamais simple.
Oscar Wilde
Elle avait quitté le Lyonnais sans se retourner, vite, le plus vite possible, délaissant un nourrisson dont elle ne connaissait que la déchirure du premier cri. Enfant à qui elle avait tout refusé, son regard, sa voix, son sein. Abandon ignoble, planifié, volontaire, accepté, auquel elle sétait pliée, presque goguenarde, jugeant que le prix serait insignifiant, sestimant capable de nêtre quune matrice, quun ventre délesté de tout sentiment. Comme elle sétait fourvoyée. Et quand elle avait compris lénormité de son erreur, il était bien trop tard. Et dévastée, elle avait laissé le couvent de Lyon dans son sillage, ce tout premier cri résonnant entre ses tempes avec une cruauté sans pareil. Dune missive laconique, Alphonse avait été prévenu quelle partait en voyage. Pourquoi lui avait-elle écrit ? Pour simplement le prévenir ? Non, les choses ne fonctionnaient pas ainsi entre les deux amants prenant un soin tout particulier à garder leur liberté sans jamais enfreindre celle de lautre. Cette missive résonnait de par sa simple existence comme un appel à laide strident. Naurait-elle que signé une feuille blanche quil aurait compris. Elle avait tendu une main désespérée, il lavait saisi aussi vite, évidence tacite. Et si sa réponse avait été aussi brève que sa propre lettre, son contenu lavait surprise et encouragée comme rien. « Je vous emmène en voyage à la mer ». Ses pas sétaient alors hâtés vers le nord. Vers la Champagne.
Oscar Wilde
Elle avait quitté le Lyonnais sans se retourner, vite, le plus vite possible, délaissant un nourrisson dont elle ne connaissait que la déchirure du premier cri. Enfant à qui elle avait tout refusé, son regard, sa voix, son sein. Abandon ignoble, planifié, volontaire, accepté, auquel elle sétait pliée, presque goguenarde, jugeant que le prix serait insignifiant, sestimant capable de nêtre quune matrice, quun ventre délesté de tout sentiment. Comme elle sétait fourvoyée. Et quand elle avait compris lénormité de son erreur, il était bien trop tard. Et dévastée, elle avait laissé le couvent de Lyon dans son sillage, ce tout premier cri résonnant entre ses tempes avec une cruauté sans pareil. Dune missive laconique, Alphonse avait été prévenu quelle partait en voyage. Pourquoi lui avait-elle écrit ? Pour simplement le prévenir ? Non, les choses ne fonctionnaient pas ainsi entre les deux amants prenant un soin tout particulier à garder leur liberté sans jamais enfreindre celle de lautre. Cette missive résonnait de par sa simple existence comme un appel à laide strident. Naurait-elle que signé une feuille blanche quil aurait compris. Elle avait tendu une main désespérée, il lavait saisi aussi vite, évidence tacite. Et si sa réponse avait été aussi brève que sa propre lettre, son contenu lavait surprise et encouragée comme rien. « Je vous emmène en voyage à la mer ». Ses pas sétaient alors hâtés vers le nord. Vers la Champagne.
Citation:
Varennes, le six du mois de juillet.
Bonjour carnet.
Voila bien longtemps que je nai pas noirci tes pages et lors de ma dernière visite à tes feuillets, je sais tavoir éborgné de bien des rectos et versos. Tu nétais déjà pas reluisant avec ta couverture de vieux cuir râpé, te voici à présent hirsute de déchirures. Mais limportant, cest que tu ne sois pas chauve et que je puisse écrire encore. Et là, sous ce prunier, lenvie ma prise de te griffonner à nouveau.
Il fait beau, cest agréable de rêvasser quand une petite brise me caresse la joue. Tu vas rétorquer que juse tes dernières feuilles pour nécrire que des banalités. Non, cest que même seulement écrire la vérité pure et simple mest difficile. A toi, à toi puis-je poser cette question qui me taraude et me hante ? Ne réponds pas, je me moque de tes arguments.
Comment va-il ? Comment va-il ?
Je crois quil va bien, sinon, je le sentirais au plus profond de moi non ? Dis-moi que mon enfant va bien, sil te plait carnet. Dis le moi. Parfois, la question brule tant mes lèvres que je les ouvre face à Alphonse, et elle lutte, féroce pour franchir le seuil de ma bouche. Mais je la retiens. Que pourrait-il donc me répondre ? Rien. Ni lui ni moi ne mentons lessentiel, et de cet enfant il sait encore moins que moi. Alors je clos mes lèvres et ne les ouvre que pour le taquiner et babiner. Et je crois que cest très bien comme ça. Je crois dailleurs ne pas avoir besoin de lui en parler pour quil comprenne et sa simple présence est déjà tant.
Tiens, dailleurs, le voici qui arrive.
A plus tard carnet.
Bonjour carnet.
Voila bien longtemps que je nai pas noirci tes pages et lors de ma dernière visite à tes feuillets, je sais tavoir éborgné de bien des rectos et versos. Tu nétais déjà pas reluisant avec ta couverture de vieux cuir râpé, te voici à présent hirsute de déchirures. Mais limportant, cest que tu ne sois pas chauve et que je puisse écrire encore. Et là, sous ce prunier, lenvie ma prise de te griffonner à nouveau.
Il fait beau, cest agréable de rêvasser quand une petite brise me caresse la joue. Tu vas rétorquer que juse tes dernières feuilles pour nécrire que des banalités. Non, cest que même seulement écrire la vérité pure et simple mest difficile. A toi, à toi puis-je poser cette question qui me taraude et me hante ? Ne réponds pas, je me moque de tes arguments.
Comment va-il ? Comment va-il ?
Je crois quil va bien, sinon, je le sentirais au plus profond de moi non ? Dis-moi que mon enfant va bien, sil te plait carnet. Dis le moi. Parfois, la question brule tant mes lèvres que je les ouvre face à Alphonse, et elle lutte, féroce pour franchir le seuil de ma bouche. Mais je la retiens. Que pourrait-il donc me répondre ? Rien. Ni lui ni moi ne mentons lessentiel, et de cet enfant il sait encore moins que moi. Alors je clos mes lèvres et ne les ouvre que pour le taquiner et babiner. Et je crois que cest très bien comme ça. Je crois dailleurs ne pas avoir besoin de lui en parler pour quil comprenne et sa simple présence est déjà tant.
Tiens, dailleurs, le voici qui arrive.
A plus tard carnet.
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