Hulrika
Main en auvent, Hul se tient à l'avant du foncet municipal de Tours, et guette avec une certaine excitation même pas dissimulée la vision attendue de Moulins.
Un embranchement et ils ont quitté la Loire, remontant peu à peu l'Allier. Elle hume l'air. Rien d'bien différent malgré ce que raconte les rumeurs, mais elle sait, elle sait que Moulins est proche, et commence à se balancer d'un pied à l'autre impatiente, laissant son matelot diriger l'navire, ne voulant pas rater la vue des premiers remparts, de sa vigie, de son port.
Une bifurcation et Moulins apparait devant ses yeux. Telle une gamine, elle sautille et se retourne vers les gens qui l'accompagnent et doivent la prendre pour une demeurée.
Moulins! R'gardez! C'est Moulins! On y est! Chez moi! Ouais!
Et la buch'ronne de sauter sur place et d'courir d'une cabine à l'autre pour s'équiper, sa nouvelle hache avec une estoc plus imposante d'abord, qu'elle noue de suite à sa taille, son gros sac qu'elle flanque sur son épaule, et la bardiche, souvenir qu'elle n'aura rendu à la danoise, qu'elle tient droite, le cul du manche posé au sol.
Un g'nou plié sur la rambarde, ainsi affublée, cheveux au vent, elle a fière allure, telle une guerrière qui rentre au pays après des combats acharnés dans des contrées lointaines, pour retrouver un peu de paix et de sérénité auprès des siens, une paix qu'elle méritait.
Sauf que... la réalité est quelque peu différente. Si la Hul était bien partie en croisière ce jour du 24 mai 1461, elle s'était laissée embrigader ensuite dans une toute autre aventure, qu'elle avait pensé des plus louables et des plus réalisables, faite de combats et de sang, d'honneur à récupérer et de terres à libérer. Mais il y avait eu surtout l'attente, pas forcément désagréable vu les compagnons avec elle dans cette même galère, mais une attente bien longue pour un combat qui n'était que vent de défaite, et se transformerait dès lors en tornade détruisant tout sur son passage.
La Touraine, l'Anjou... Il n'était plus l'heure de faire le bilan, c'était derrière elle tout ça, plus son problème. Du moins, c'est c'dont elle tentait de se convaincre mais Hul était incapable d'oublier la graine qu'elle aussi avait semée et si elle n'était dans l'obligation de rentrer, pour sûr qu'elle serait encore là-bas à se battre pour ses propres idéaux à elle et pour sortir un village d'une guerre qui leur était tombée d'ssus comme la poisse, parce qu'il y avait des choix à faire, et qu'un mauvais choix suivis d'un deuxième, puis d'un autre ne pouvait conduire qu'à la débâcle et à l'incompréhension.
Sourire de béatitude, elle tourne la nuque vers ses comparses.
Z'êtes prêts à débarquer et à fouler d'vos pieds l'village du Sans-Nom? A goûter à la bière frelatée? A respirer l'odeur du port? A faire connaissance avec la populace?
Réfléchissez-y bien, car une fois que vous aurez posé l'pied sur l'sol de Moulins, votre vie ne sera plus jamais la même.
De ricaner d'une manière faussement sadique, tellement elle ne sait réellement à quoi s'attendre. Longtemps qu'elle est partie, presque deux mois, p'tète que le village a cramé, p'tète qu'ils sont tous morts d'une épidémie.
A plein poumons qu'elle respire l'air de son port, ah ça, ça lui manquait. Dingue comme certaines odeurs du quotidien sont liés à des souvenirs, des plaisirs et qu'les sentir de nouveau vous ramène tout ça dans la gueule.
Laissant Selean procéder à l'accostage et taper d'la coque les quais, avant de revoir sa manuvre, Hul s'empare des cordes et...
Eclipse! Eclipse!
Elle lève les bras pour signifier sa présence et fait de grands mouvements. Grand sourire en voyant qu'Eclipse est toujours à son poste. Plaisir de la revoir! Elle lui balance les cordes, et se laisse tomber du foncet en sautant sur les quais puis sur le dos d'Eclipse affairée à accrocher l'foncet à la bitte d'amarrage.
Observe d'un oeil de contremaitre le port qui a encore changé.
Pfiouu Eclipse, vous avez bien bossé. Si j'me trompe pas, on pourra sous peu inaugurer ces nouveaux quais.
Sourit et lui colle une tape dans l'dos pour la féliciter du travail accompli, puis laissant qui veut descendre descendre, va courir dans une bande d'herbe attenante aux quais et se couche dessus à plat ventre, sentant l'herbe, la faisant glisser entre ses doigts, bienheureuse qu'elle est à cet instant.
Moulins... Le BA... Je touche tes quais, je touche ton sol, j'hume ton air, je touche ton herbe, je suis enfin chez moi!
Instant de répit et d'insouciance avant qu'elle ne remarque une petite silhouette au loin, qui semblait taper du pied les yeux rivés vers elle.
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Un embranchement et ils ont quitté la Loire, remontant peu à peu l'Allier. Elle hume l'air. Rien d'bien différent malgré ce que raconte les rumeurs, mais elle sait, elle sait que Moulins est proche, et commence à se balancer d'un pied à l'autre impatiente, laissant son matelot diriger l'navire, ne voulant pas rater la vue des premiers remparts, de sa vigie, de son port.
Une bifurcation et Moulins apparait devant ses yeux. Telle une gamine, elle sautille et se retourne vers les gens qui l'accompagnent et doivent la prendre pour une demeurée.
Moulins! R'gardez! C'est Moulins! On y est! Chez moi! Ouais!
Et la buch'ronne de sauter sur place et d'courir d'une cabine à l'autre pour s'équiper, sa nouvelle hache avec une estoc plus imposante d'abord, qu'elle noue de suite à sa taille, son gros sac qu'elle flanque sur son épaule, et la bardiche, souvenir qu'elle n'aura rendu à la danoise, qu'elle tient droite, le cul du manche posé au sol.
Un g'nou plié sur la rambarde, ainsi affublée, cheveux au vent, elle a fière allure, telle une guerrière qui rentre au pays après des combats acharnés dans des contrées lointaines, pour retrouver un peu de paix et de sérénité auprès des siens, une paix qu'elle méritait.
Sauf que... la réalité est quelque peu différente. Si la Hul était bien partie en croisière ce jour du 24 mai 1461, elle s'était laissée embrigader ensuite dans une toute autre aventure, qu'elle avait pensé des plus louables et des plus réalisables, faite de combats et de sang, d'honneur à récupérer et de terres à libérer. Mais il y avait eu surtout l'attente, pas forcément désagréable vu les compagnons avec elle dans cette même galère, mais une attente bien longue pour un combat qui n'était que vent de défaite, et se transformerait dès lors en tornade détruisant tout sur son passage.
La Touraine, l'Anjou... Il n'était plus l'heure de faire le bilan, c'était derrière elle tout ça, plus son problème. Du moins, c'est c'dont elle tentait de se convaincre mais Hul était incapable d'oublier la graine qu'elle aussi avait semée et si elle n'était dans l'obligation de rentrer, pour sûr qu'elle serait encore là-bas à se battre pour ses propres idéaux à elle et pour sortir un village d'une guerre qui leur était tombée d'ssus comme la poisse, parce qu'il y avait des choix à faire, et qu'un mauvais choix suivis d'un deuxième, puis d'un autre ne pouvait conduire qu'à la débâcle et à l'incompréhension.
Sourire de béatitude, elle tourne la nuque vers ses comparses.
Z'êtes prêts à débarquer et à fouler d'vos pieds l'village du Sans-Nom? A goûter à la bière frelatée? A respirer l'odeur du port? A faire connaissance avec la populace?
Réfléchissez-y bien, car une fois que vous aurez posé l'pied sur l'sol de Moulins, votre vie ne sera plus jamais la même.
De ricaner d'une manière faussement sadique, tellement elle ne sait réellement à quoi s'attendre. Longtemps qu'elle est partie, presque deux mois, p'tète que le village a cramé, p'tète qu'ils sont tous morts d'une épidémie.
A plein poumons qu'elle respire l'air de son port, ah ça, ça lui manquait. Dingue comme certaines odeurs du quotidien sont liés à des souvenirs, des plaisirs et qu'les sentir de nouveau vous ramène tout ça dans la gueule.
Laissant Selean procéder à l'accostage et taper d'la coque les quais, avant de revoir sa manuvre, Hul s'empare des cordes et...
Eclipse! Eclipse!
Elle lève les bras pour signifier sa présence et fait de grands mouvements. Grand sourire en voyant qu'Eclipse est toujours à son poste. Plaisir de la revoir! Elle lui balance les cordes, et se laisse tomber du foncet en sautant sur les quais puis sur le dos d'Eclipse affairée à accrocher l'foncet à la bitte d'amarrage.
Observe d'un oeil de contremaitre le port qui a encore changé.
Pfiouu Eclipse, vous avez bien bossé. Si j'me trompe pas, on pourra sous peu inaugurer ces nouveaux quais.
Sourit et lui colle une tape dans l'dos pour la féliciter du travail accompli, puis laissant qui veut descendre descendre, va courir dans une bande d'herbe attenante aux quais et se couche dessus à plat ventre, sentant l'herbe, la faisant glisser entre ses doigts, bienheureuse qu'elle est à cet instant.
Moulins... Le BA... Je touche tes quais, je touche ton sol, j'hume ton air, je touche ton herbe, je suis enfin chez moi!
Instant de répit et d'insouciance avant qu'elle ne remarque une petite silhouette au loin, qui semblait taper du pied les yeux rivés vers elle.
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