Arthurdayne
Parmi la liste des évènements qu’il n’aurait jamais cru devoir organiser un jour, celui-là figurait sans nul doute en haut de liste. Comme quoi, la vie est un ballet incessant où les évènements se démentent les uns les autres, et où les « jamais » deviennent des « peut-être », puis des « pourquoi pas ? » et finissent par se transformer en « eh bien nous y voilà ». Et Arthur y était. L’idée avait fait son chemin tout au long d’une campagne qui avait commencé comme une aventure un peu folle, autour d’un petit noyau qui s’était agrandi, endurci, et leur projet avait pris la consistance nécessaire pour peser de tout son poids dans la campagne électorale. Et la possibilité, peu à peu, s’était dessinée, jusqu’au résultat final, qu’entérina la reconnaissance par tout le conseil ducal. Arthur, le vieux maire moulinois borné, était désormais Duc. Et c’était avec la même envie, le même esprit rempli de projets, le même souci de faire passer avant tout le bien des habitants qu’il abordait ce nouveau défi.
Lors de sa précédente incursion au conseil ducal, la duchesse de l'époque, Laure, avait choisi comme nombre de ses prédécesseurs et successeurs le balcon ducal pour une première allocution. Et Arthur devait avouer qu’elle y brillait. Elle avait la prestance, le port altier, la noblesse innée qui lui permettaient d’auréoler la foule, perchée au faîte du pouvoir. Et à côté d’elle, autant le dire franchement, Arthur ressemblait à un mendiant. Les cheveux embroussaillés, la tenue qui, sans pour autant être négligée, brillait par sa simplicité, pas de blason, pas de médaille, pas de décoration. Rien de noble, et même un côté un peu rustre, pour ne pas dire rustique. Non, décidément, le balcon ducal ne lui siérait pas le moins du monde. Il avait donc demandé à ce qu’une estrade en bois fût construite sur la grand place de Clermont. Un peu moins de hauteur, de protocole, certes, mais une proximité, une simplicité, une intimité presque qui collaient mieux à son caractère. Cela dit, il allait lui falloir comprendre que protocole et hauteur allaient tout de même être nécessaires, rien qu’un peu. Lorsqu’il avait expliqué au maître charpentier qu’il pourrait filer un coup de main, étant lui-même charpentier, l’homme lui avait jeté un regard où s’étaient succédé la surprise, l’étonnement, la stupeur, la consternation, et quand même un peu de respect, mêlé de bienveillance. Et il lui avait expliqué, avec force démonstration, qu’un Duc ne pouvait décemment pas se mêler aux ouvriers. Arthur avait acquiescé, puis il était allé, en fin de chantier, filer un coup de main aux ouvriers.
Le temps de repasser par le château, se refaire une mine correcte, et prévenir les conseillers que la présentation au peuple allait commencer, et il était de retour, accompagné de son conseil, sur l’estrade où une petite foule avait commencé à se rassembler, attirée par les crieurs. En voyant les visages et le nombre de ceux qui, de Clermont ou d’ailleurs, avaient fait le déplacement pour écouter ce premier discours public, Arthur mesura encore le chemin parcouru depuis Moulins, où lors de ses dernières interventions, il connaissait à peu près tous les visages, et où la foule était beaucoup moins dense.
Bonjour à tous, peuple du Bourbonnais-Auvergne. Vous n’êtes sans doute pas nombreux à me connaître, aussi vais-je me présenter rapidement. Je suis Arthur Dayne, Moulinois, ancien maire, ancien CaC ducal. Et donc votre nouveau Duc, par la grâce des urnes et par le choix du conseil ducal. J’entends mener un mandat axé sur la communication, sur l’entente, sur le travail, sur la sincérité. Les conseillers ducaux savent déjà que j’attends d’eux qu’ils soient disponibles, qu’ils participent à tous les votes au sein du conseil, qu’ils travaillent en lien avec les différentes institutions et les autres conseillers. Je souhaite avant tout mener un travail d’équipe, qui sera un travail de compromis, ce qui ne signifie pas un travail de compromission. Il nous faudra œuvrer dans un climat d’ouverture d’esprit, de débats d’idées, et toujours dans un but constructif.
Pour l’heure, reconnu Duc hier, j’ai commencé à me présenter aux diverses institutions. J’ai procédé à la distribution des postes. Quelques soucis internes au conseil font que nous avons pris du retard sur l’attribution du poste de Porte-Parole, mais la question est réglée, et vous aurez à nouveau rapidement toutes les annonces habituelles.
Concernant l’économie, il nous faudra surtout veiller à la bonne tenue des stocks durant la période estivale, tout en nous assurant que les marchés locaux seront exempts de pénurie ou de surcharge. Il nous faudra également suivre attentivement l’évolution des mines, avec le retour à la normale des frais d’entretien, et surtout réfléchir à l’impact du nouveau système sur l’économie en général, et nous adapter en fonction de ces impacts.
Du point de vue de la sécurité, un nouveau système d’alerte a été mis en place par le précédent conseil. A charge pour nous de le pérenniser, de l’adapter au besoin, et surtout d’en confirmer l’efficacité. Mais la sécurité concerne aussi ce qui se passe autour de nous, et la diplomatie entre également en jeu de ce point de vue. Il est absolument nécessaire, en ces temps troublés où l’autorité royale est de plus en plus remise en cause, que nous renforcions nos liens avec nos alliés, et en tissions de nouveau.
Au niveau de la justice, il y a nombre de procès en retard, et cela est dû aux soucis qu’a connus la Procure durant le mandat précédent. La nouvelle équipe aura pour charge de rattraper ce retard, sans pour autant aller trop vite. Il faudra avant tout travailler le plus rigoureusement possible, dans un domaine que l’on sait délicat.
D’un point de vue plus général, nous devrons affronter ce problème majeur qu’est le recrutement au sein de nos institutions. Il nous faudra étudier toutes les possibilités pour attirer plus de monde, ce qui pourrait passer par une simplification des différents domaines, et encore une fois par une communication accentuée et renforcée.
Notre cap pour ce mandat peut se résumer en quelques mots : communication, disponibilité, rigueur et transparence.
Merci à tous pour la confiance que vous accordez à ce conseil, nous nous efforcerons d’en être le plus digne possible. Je laisse désormais la place aux conseillers ducaux.
Et de s’écarter légèrement, en invitant d'un demi sourire et d'un hochement de tête les conseillers à s'exprimer à leur tour. Au suivant.
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"Je vivais à l'écart de la place publique
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique."
Lors de sa précédente incursion au conseil ducal, la duchesse de l'époque, Laure, avait choisi comme nombre de ses prédécesseurs et successeurs le balcon ducal pour une première allocution. Et Arthur devait avouer qu’elle y brillait. Elle avait la prestance, le port altier, la noblesse innée qui lui permettaient d’auréoler la foule, perchée au faîte du pouvoir. Et à côté d’elle, autant le dire franchement, Arthur ressemblait à un mendiant. Les cheveux embroussaillés, la tenue qui, sans pour autant être négligée, brillait par sa simplicité, pas de blason, pas de médaille, pas de décoration. Rien de noble, et même un côté un peu rustre, pour ne pas dire rustique. Non, décidément, le balcon ducal ne lui siérait pas le moins du monde. Il avait donc demandé à ce qu’une estrade en bois fût construite sur la grand place de Clermont. Un peu moins de hauteur, de protocole, certes, mais une proximité, une simplicité, une intimité presque qui collaient mieux à son caractère. Cela dit, il allait lui falloir comprendre que protocole et hauteur allaient tout de même être nécessaires, rien qu’un peu. Lorsqu’il avait expliqué au maître charpentier qu’il pourrait filer un coup de main, étant lui-même charpentier, l’homme lui avait jeté un regard où s’étaient succédé la surprise, l’étonnement, la stupeur, la consternation, et quand même un peu de respect, mêlé de bienveillance. Et il lui avait expliqué, avec force démonstration, qu’un Duc ne pouvait décemment pas se mêler aux ouvriers. Arthur avait acquiescé, puis il était allé, en fin de chantier, filer un coup de main aux ouvriers.
Le temps de repasser par le château, se refaire une mine correcte, et prévenir les conseillers que la présentation au peuple allait commencer, et il était de retour, accompagné de son conseil, sur l’estrade où une petite foule avait commencé à se rassembler, attirée par les crieurs. En voyant les visages et le nombre de ceux qui, de Clermont ou d’ailleurs, avaient fait le déplacement pour écouter ce premier discours public, Arthur mesura encore le chemin parcouru depuis Moulins, où lors de ses dernières interventions, il connaissait à peu près tous les visages, et où la foule était beaucoup moins dense.
Bonjour à tous, peuple du Bourbonnais-Auvergne. Vous n’êtes sans doute pas nombreux à me connaître, aussi vais-je me présenter rapidement. Je suis Arthur Dayne, Moulinois, ancien maire, ancien CaC ducal. Et donc votre nouveau Duc, par la grâce des urnes et par le choix du conseil ducal. J’entends mener un mandat axé sur la communication, sur l’entente, sur le travail, sur la sincérité. Les conseillers ducaux savent déjà que j’attends d’eux qu’ils soient disponibles, qu’ils participent à tous les votes au sein du conseil, qu’ils travaillent en lien avec les différentes institutions et les autres conseillers. Je souhaite avant tout mener un travail d’équipe, qui sera un travail de compromis, ce qui ne signifie pas un travail de compromission. Il nous faudra œuvrer dans un climat d’ouverture d’esprit, de débats d’idées, et toujours dans un but constructif.
Pour l’heure, reconnu Duc hier, j’ai commencé à me présenter aux diverses institutions. J’ai procédé à la distribution des postes. Quelques soucis internes au conseil font que nous avons pris du retard sur l’attribution du poste de Porte-Parole, mais la question est réglée, et vous aurez à nouveau rapidement toutes les annonces habituelles.
Concernant l’économie, il nous faudra surtout veiller à la bonne tenue des stocks durant la période estivale, tout en nous assurant que les marchés locaux seront exempts de pénurie ou de surcharge. Il nous faudra également suivre attentivement l’évolution des mines, avec le retour à la normale des frais d’entretien, et surtout réfléchir à l’impact du nouveau système sur l’économie en général, et nous adapter en fonction de ces impacts.
Du point de vue de la sécurité, un nouveau système d’alerte a été mis en place par le précédent conseil. A charge pour nous de le pérenniser, de l’adapter au besoin, et surtout d’en confirmer l’efficacité. Mais la sécurité concerne aussi ce qui se passe autour de nous, et la diplomatie entre également en jeu de ce point de vue. Il est absolument nécessaire, en ces temps troublés où l’autorité royale est de plus en plus remise en cause, que nous renforcions nos liens avec nos alliés, et en tissions de nouveau.
Au niveau de la justice, il y a nombre de procès en retard, et cela est dû aux soucis qu’a connus la Procure durant le mandat précédent. La nouvelle équipe aura pour charge de rattraper ce retard, sans pour autant aller trop vite. Il faudra avant tout travailler le plus rigoureusement possible, dans un domaine que l’on sait délicat.
D’un point de vue plus général, nous devrons affronter ce problème majeur qu’est le recrutement au sein de nos institutions. Il nous faudra étudier toutes les possibilités pour attirer plus de monde, ce qui pourrait passer par une simplification des différents domaines, et encore une fois par une communication accentuée et renforcée.
Notre cap pour ce mandat peut se résumer en quelques mots : communication, disponibilité, rigueur et transparence.
Merci à tous pour la confiance que vous accordez à ce conseil, nous nous efforcerons d’en être le plus digne possible. Je laisse désormais la place aux conseillers ducaux.
Et de s’écarter légèrement, en invitant d'un demi sourire et d'un hochement de tête les conseillers à s'exprimer à leur tour. Au suivant.
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"Je vivais à l'écart de la place publique
Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique."
