Tynop
Une plume et un vélin ? Quand je vous ai demandé de quoi écrire, vous m'avez balancé un bout de charbon, et vous lui proposez un plume et un vélin ?
La trogne blondine qui vient d'apparaitre à l'entrée de la tente prend un air faussement offensé, avant de se fendre d'un sourire. Le vagabond entre. Les derniers jours ont été durs, en raison de la blessure dont il a écopé. Les prochains le seront encore plus, car bientôt viendra l'heure de dire Adieu à ceux qu'il a côtoyé, connu et finalement apprécié durant le mois qui vient de s'écouler. Mais aujourd'hui, c'est jour de paie. Boitillant jusqu'à la table, il ne peut s'empêcher d'ouvrir sa gueule de nouveau. Ils lui pardonneront, car ils ont eu tout le temps de cerner le personnage. Bavard, têtu, parfois insupportable, mais pas vraiment méchant, même s'il essaye de l'être.
Un Irlandais, un Teuton et un Artésien sont dans un campement en Touraine... C'est presque le début d'une blague ça, non ?
Détaillant Konrad, il remarque son air pitoyable. Vic est partie. Elle lui reviendra, le blondinet n'en doute pas une seconde.
Mais le plus drôle, c'est quand même le fait d'être payé par l'homme le plus pingre que je connaisse.
Oui s'est pris une branlée. Oui on a perdu notre temps, et pour certain d'entre nous, notre sang. C'est pas une raison pour tirer la tronche. Alors ses lippes s'étirent à nouveau, tandis qu'il attend patiemment son tour. Une main amicale vient se poser sur l'épaule du Teuton.
Fais pas la gueule, va. Bientôt t'auras plus à me supporter en taverne. Quant à moi, je conserve précieusement ta phrase mythique dans un coin de ma tête. "Rien n'est sale quand c'est fait avec amour", tu te souviens ? J'en aurais presque envie de te rouler une pelle, là, pour te montrer que c'est vrai.
Le regard se plante enfin dans celui de l'Irlandais.
Vous savez, Finn, je vous... admire ?...aime bien.
Et c'est sincère, en plus. D'une main, il vient se grattouiller son menton imberbe, attendant la réponse de l'Irlandais, qui s'il est fidèle à lui-même, devrait lui envoyer une pique assassine. Il l'aime bien, oui. S'il est resté tout ce temps dans cette ville qu'il répugne, c'est pour lui. Et lorsque le vieux barbu avait annoncé sa décision de se retirer de l'opération, les derniers scrupules du blond à faire de même s'étaient évanouis. Cet homme est fédérateur, et s'était attiré la loyauté (chose rare) et le respect (chose encore plus rare) d'un bon nombre de mercenaires, ici. Le sait-il ?
Alazarian
Plaie tout juste refermé, le breton arrive en armure vers les personnes déjà venue réclamer leurs du.
Il les saluent tous d'un geste de la tête, avant de dire.
"Parait que c'est ici que l'on viens chercher de l'or ? J'aimerai bien mes écus, histoire d'être riche avant de mourir."
Il lance aussi un regard sur Tynop et Konrad, c'était con à dire, mais malgré les petites vacheries. Ils étaient devenue des personnes qu'il appréciait.
"ça va me faire bizarre de plus voir vos tronches... surtout la tienne Tynop une tronche comme celle la ça marque l'esprit."
Il sourit carnassier, relation commencer par une pique, termine par une pique. Puis il tourne le regard vers Konrad.
"Un jour ennemi, l'autre camarade et le dernier ami ? j'espère que tu passera en Bretagne te faire une ville, que je puise te courir après."
Choppant dans sa besace un vieux marc de bourgogne, pour le poser sur la table.
"Un bouteille d'exception, pour un jour d'exception. trinquons!"
Puis regardant Clotaire.
"Si vous mourrez! je vous trainerai du royaume de l'ankou à celui des vivants. Un breton à dit qu'il vous suivrais, j'ai jamais dis que je vous laisserai mourir."
Luzerne
Elle a le blues Luzerne.
Anglaises échevelées flottant devant le nez, petite silhouette fluette mais musclée qui, les yeux rivés au sol, vient traîner ses guêtres du côté de la tente de Finn...
Elle hésite la cuivrée.
Non pas qu'elle rechigne à être payée pour ses services qu'elle sait être efficaces et loyaux, mais elle n'avait vraiment aucune envie d'être payée si tôt...
Ses yeux verts balayent la scène de loin : Tynop, Konrad, Alazarian, Finn... Soudainement la bourguignonne se sent envahie d'un sentiment bizarre.
Une forme de boule qui remonte doucement de sa frêle poitrine pour venir lentement mais sûrement se ficher au creux de la gorge.
Afin de contrer de manière immédiate à une quelconque manifestation d'émotion, la sauvageonne allonge le pas, et est maintenant à portée de voix.
Son timbre net tranche l'air:
Salut à vous ! Heureuse de vous voir entiers, je dois dire...
Ils sont peu nombreux à avoir été peu ou pas blessés.
Une fois de plus elle en fait partie et elle n'en peut plus d'être continuellement préservée. Cette chance de pendu lui pèse encore plus dans sa position de chef de lance. Les coups qu'ont reçus ses soldats, elle aurait voulu pouvoir les leur soutirer un à un.
Arrivée à hauteur du groupe, la cuivrée s'accroupit souplement à hauteur d'une petite table où les godets semblent vouloir tourner.
Un petit sourire à la ronde et de sa sacoche elle extirpe une pleine poignée de cerises sauvages, fermes et brillantes, qu'elle pose sans plus de façon en partage sur la tablette.
Tynop
Tandis qu'il porte à ses lèvres le verre offert par Konrad, il assiste à l'entrée de ceux qui furent l'espace d'un mois ses compagnons d'armes et de beuverie. C'est normal, cette envie de chialer, là maintenant ? Finn a raison, il est en train de perdre le contrôle de ses sentiments. Pourtant il se contient, reste digne, s'éclaircit la gorge.
Bon, une fois de plus, il a un tas de trucs à dire. Il commence par Alazarian:
Bien sûr que mon joli minois marque les esprits. La preuve, Konrad me trouve tellement mignon qu'il me fait des avances.
Clin dil au breton avant de finir son godet et de remplir du Whisky amené par Clotaire et de s'adresser au Penthièvre:
Je manquerai pas de vous réclamer de l'argent, oui. Si vous n'y passez pas d'ici là. En attendant, buvons.
Et de trinquer avec le jeune homme. Au diable les ingrats qui composent sa famille, lui ne leur a jamais rien reproché. Et rien que pour ça, il mérite la sympathie du blond.
Le regard se porte sur Luzerne. Son air mystérieux lui manquera. Un mois à la fréquenter, et il ne sait quasiment rien sur elle ,mis à part qu'elle a une tendance agoraphobe et n'aime pas parler d'elle. Il saisit tout de même dans les paroles de la Bourguignonne l'occasion de chouiner un coup.
Moi je me suis fait taillader la main, Luzerne !
Et le petit regard bien pitoyable qui va avec, avant de goûter à une des cerises apportées par cette dernière. Il est temps d'en rajouter une couche avec l'Irlandais.
Celui qui est venu les mains vides repart avec une main esquintée, et un sac rempli d'or dans l'autre.
Allez, et maintenant, le petit sourire. Voilà !
Sa compagne et la Matriarche viennent s'ajouter à la liste des présents. Du très beau monde, ici. Rodrielle semble tenir debout sans souffrir. Illusion ou réalité ? Cela ne sert à rien de lui en parler, elle n'était pas ici pour ça. Le blondinet lui sourit à son tour, avant de s'envoyer une nouvelle lampée.
Bientôt, les chemins se sépareront. Alors autant s'enivrer une dernière fois avec ceux qui furent d'agréables compagnons de beuverie.