Estefan
RP ouvert sur demande par MP
PREAMBULE
Il faisait calme sur la route du retour. Mission accomplie, les chariotes pleines à ras bord de vivres pour Auch et quitter Tarbes me réjouissait assez. Non pas que la ville soit inhospitalière, mais j'avais - nous avions tous - hâte de rentrer au bercail retrouver nos amis et reprendre la route pour une nouvelle mission. C'est bien là la vocation d'une Compagnie marchande.
C'était sans compter avec la stupidité d'une bande d'abrutis mal informés !
Sans même bien réaliser ce qui arrive, nous voilà tous laissés pour morts, ou presque et ramenés, par le Diable seul sait quel miracle maudit, blessés, meurtris, armes brisées dans les faubourgs de Tarbes que nous venions à peine de quitter.
Tout ce dont je me souviens, c'est d'avoir entendu un cliquetis d'armes résonnant dans la nuit noire... à peine le temps de dégainer... une vive douleur au flanc... et me voilà gisant dans une mare de sang, compressant maladroitement une blessure d'estoc. Il me semble reconnaitre des soldats... que dis-je, des va-nu-pieds déguisés en soldats, des mercenaires à n'en pas douter à la solde de l'ennemi ?... Pourtant la seule armée signalée dans la région est une armée alliée... Incompréhension, rage aussi. Je maudis la décision prise de reprendre la route si vite après les transactions... Peut-être serions nous passés sans encombre.
La tête soudain vide, je n'arrive plus à penser...
Lyz ... Nadette... sont elles-vivantes ? Par tous les démons de l'Enfer, si je m'en sors je les vengerai quoi qu'il m'en coûte !
Au bord de l'évanouissement, je me sens glisser du dos de mon cheval, tandis que les clameurs s'apaisent et qu'un silence lugubre s'abat sur les restes de notre petit groupe.
Gémissements, plaintes déchirantes, puis soudain... un trou noir !
Lorsque j'ouvre les yeux, incapable de réaliser où je suis et ce que j'y fais,mon premier réflexe est de me redresser... Mal m'en prend !
Une douleur atroce irradie mon flanc forçant ma mémoire au souvenir de la nuit.
- Mortecouille ! sacrai-je entre mes dents serrées. Où suis-je ?... et où sont mes camarades ?...
Lyz... Nadette...!?
Je me trouve étendu, nu, le torse bandé d'une linge immaculé si l'on excepte la large tache rougeâtre situé sous les côtes. Je gis dans un lit propre, dans une chambre qui, à en juger les bruits qui me parviennent d'en bas, doit se situer au dessus d'une taverne. Je crois même reconnaître la voix grave de Messire Regnalde... Ainsi, nous serions revenus à Tarbes. Et les vivres ? Ces sauvages les ont-ils pillés aussi ?
Un coup d'oeil circulaire m'apprend que mes vêtements sont posés sur un coffre... mais, ni de bouclier, ni d'épée... Je peste.
Mais ce n'est pas le plus important ; que sont devenues mes compagnes ? Je dois le savoir !
Au prix d'un effort violent, j'arrive à me redresser. Assis, je reprends ma respiration à petites doses saccadées, histoire de décompresser un peu.
Au bout d'un moment, je tente de me lever en grimaçant. La douleur est vive, mais supportable. Un pied après l'autre, je marche vers mes vêtements et, tant bien que mal, j'enfile mes braies... Chemise et mantel sont maculés de sang et de poussière... Je peste à nouveau.
Péniblement, je sors de la chambre et je descends les escaliers en m'accrochant à la rampe.
La salle enfumée de la taverne est presque vide et, dans une espèce de brouillard irréel, je perçois la voix claire de Lyz et un grognement familier sortant des lèvres de Nadette...
Soupir de soulagement.
Regnalde est là aussi. Discret et bienveillant, comme à son habitude. Il m'aide à m'installer auprès de mes amies... Blessées superficiellement, elles ont eu le bon réflexe de se coucher au sol sans plus bouger. Sans ça... nul doute que ces imbéciles les auraient achevées. On a eu de la chance que ces incapables n'aient pas terminé leur travail.
Je vous épargne l'épisode des retrouvailles et le soulagement que j'éprouve à ce moment.
Mais, j'apprends par Regnalde - les nouvelles vont vite - que nos assaillants ne sont autre qu'une armée alliée : L'Armée de l'Ombre ! J'apprends aussi, non sans un certain soulagement que notre cargaison est intacte. C'est déjà ça.
La colère au ventre, j'encaisse sans broncher, les mâchoires serrées, le visage fermé, écumant d'une rage intérieure cette nouvelle.
- Mmmm...ça va s'payer ça ! grinçai-je entre les dents d'une voix sourde.
QUELQUES JOURS ONT PASSE...
Grâce aux bons soins de nos hôtes, nos blessures sont en bonne voie de guérison et, repos forcé oblige, nous voilà coincés à Tarbes pour un mois encore.
La vie reprend, monotone à souhaits... Qu'y a-t-il d'autre à faire lorsqu'on est convalescent que de flâner et passer son temps en taverne autour d'une chopine ?
Il y a quelques jours encore, j'étais incapable de tenir en selle, tandis que la cuisse blessée de Lyz la forçait à boitiller encore, mais ce matin, après un examen minutieux de mon infirmière attitrée, il s'avère que ma plaie est enfin refermée et qu'il suffit d'ôter les points de suture.
Un regard à gauche, à droite... personne en vue ? Elyz est allée au ravitaillement... c'est l'moment !
C'est bon.
Je m'empare d'une de mes dagues et me mets prudemment en devoir de couper les fils, non sans réprimer de petites grimaces de douleur... Fermée, mais pas cicatrisée parfaitement !
Bah... l'en a vu d'autres, El Magnifico ! C'est pas une 'tite boutonnière comme ça qui va l'arrêter !
Si bien que, après quelques minutes de supplice, je procède à une toilette minutieuse et j'arrive à enfiler une chemise propre. Je prends le temps de coiffer ma tignasse en réunissant les longues mèches rebelles dans le dos retenues par un lien de cuir et c'est assez pimpant que je descends dans la salle.
Lyz et Nadette sont attablée papotant de tout et de rien et relèvent la tête à mon arivée.
Les bras écartés je lance un "TADAAAAMMMM !!" retentissant sous le regard admiratif de Lyz... et celui plus mitigé de Nadette qui semble encore souffrir psychologiquement des séquelles des blessures qu'elle a reçues au visage.
Elle ne devrait pas se tracasser à ce sujet, pensai-je, ça lui donne un charme certain et l'allure d'une baroudeuse ! Evidemment, je me garde de lui en faire la remarque. Je sais la donzelle ombrageuse, même si elle m'aime bien !
- Me v'la enfin sur pieds ! dis-je en souriant, ce qui est assez rare chez moi, faut bien l'dire. Mais je pense à mes amies. Cela ne sert à rien de s'apitoyer davantage... dans moins d'un mois, cette aventure ne sera plus qu'un mauvais souvenir... et le début de ma traque !
Un rictus carnassier déforme un i,nstant mes traits sereins, mais très vite, je reprends bonne contenance.
Je m'installe à leur table et, regardant Lyz avec tendresse, mais aussi une pointe de malice pétillant au fond de mes yeux :
- Merci ma douce d'avoir pris soin du vieux loup blessé. Je te dois une prompte guérison... Sisisi... crois moi... Sans tes soins attentifs et ta tendresse, je serais encore à me morfondre en maudissant le sort qui s'est acharné sur nous.
Un regard un peu mystérieux et :
- Je suis allé faire un tour aux écuries pour voir si nos chevaux ne manquaient de rien, dis-je en mentant effrontément, et je me demandais si ça te plairait de m'accompagner pour une promenade à cheval. Ta cuisse est guérie et moi, je tiendrai en selle sans problème... si toutefois nous ne nous lançons pas dans des galops effrénés !
Une pause, puis :
- On dit que les abords du lac sont très jolis... Nous pourrions emporter un repas léger et nous laisser aller à un dîner champêtre sous les saules... qu'en penses-tu ?
Je m'étais adressé à Lyz et je réalisai que j'avais complètement oblitéré la présence de notre amie... Tant bien que mal, j'essayai de réparer les dégâts en ajoutant :
- Euh... bien sûr, vous pouvez v'nir avec nous, hein Nadette... 'fin si vous voulez, quoi...
Ouais bon.. pour les mondanités, tu r'passeras hein, Fan... bonjour la délicatesse ! Mais bon... on s'refait pas... Chassez l'naturel... la suite on la connaît.
Histoire de dévier un peu, je commande une tournée et en profite pour exhiber ma nouvelle épée achetée quelques jours auparavant.
- J'me sentais tout nu sans elle... anonai-je sans grande conviction... l'est belle hein ?
Bon... Fan, tu t'enfonces là !
- Bon Lyz.. t'en penses quoi de cette balade ?
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