Xalta
Quelque part...
Quelques jours, enfin même un peu plus, qu'elle tournait en rond, que ses pensées se bousculaient dans une interminable ronde. Elle soupirait à l'abri des regards, elle s'agaçait. Au départ, elle avait mis cela sur le compte de sa fin de règne et le début de sa " retraite", du jour au lendemain, elle s'était trouvée désuvrée. Oh elle en avait profité pour jouir de quelques heures précieuses avec son cadet, son fils, son sang. Mais bien qu'elle aimât son fils d'un amour incommensurable, il lui manquait quelque chose. Il y avait Ghost aussi, mais là, c'était également une relation à flux tendus. Lorsqu'ils se voyaient, cela tournait souvent en querelle pour des broutilles. Ils s'étaient éloignés imperceptiblement l'un de l'autre, d'ailleurs le Duc de Sedan se faisait rare. Et puis, et puis il y avait... un soupir... tant de choses.
Non, non cela ne devait pas continuer, cette chose soupirant, énervée, baissant les bras pour éviter les conflits avec lui, avec ses proches, ce n'était pas elle. Il lui fallait se remuer, se secouer, il lui fallait parler, raconter le tumulte de ses sentiments, le marasme sentimental mais aussi familial à quelqu'un . Sauf que ce quelqu'un. L'homme vers qui elle s'était tournée durant ses dernières années était mort depuis octobre dernier. Son époux. Son Belgarion. Machinalement, elle porta la main au héron qui ornait son cou. Un des rares bijoux qu'elle ne quittait jamais. Même pour la nuit. Ni une ni deux, elle avertit son chef d'armée, veilla à la distribution des rations et ensuite seule, elle galopa jusqu'à où ? Non pas jusqu'en Orléans pour aller se recueillir sur la tombe de celui qui fut durant un an son mari, la distance était trop grande, mais jusqu'à un lieu isolé, loin et qui lui plut.
Elle finit par trouver un gros chêne qui lui offrirait le couvert de son feuillage contre les rayons d'un soleil encore bien timide en ce mois de mai. Pourquoi un chêne ? Peut-être parce qu'un jour il avait illustré la nature de leur relation par cette métaphore. Ou bien parce que de cette essence arboricole émanait la même sensation de force et de sérénité que de son Bel ange, comme elle aimait à l'appeler. Enfin qu'importe les raisons, elles pouvaient être multiples. Elle descendit de sa monture, le laissa aller où bon lui semblait, elle savait qu'il ne s'éloignerait pas. Elle prit place contre l'arbre, l'herbe était encore légèrement humide de la rosée du matin, mais qu'importe, sa cape était un excellent rempart contre cette humidité.
Un long soupir libérateur des tensions accumulées depuis ces derniers temps exhala de sa poitrine qui se souleva et se rabaissa lentement. Relevant son menton, elle offrit son visage aux quelques rais de soleil qui réussissaient à filtrer au travers de l'ombrageux feuillage. Elle ferma les yeux pour mieux apprécier le silence, un silence fait de mille et un petits sons: bruissement des feuilles, pépiement de moineaux, chant d'un grillon solitaire, battement de son cur qui étaient calmes, réguliers. Un sourire serein ourla délicatement ses lèvres. Elle retira ses gants, dévoilant ses mains déformées par les flammes, puis elle porta à ses yeux ses mains, elle fit jouer ses doigts avec les rayons, son alliance attira son regard, un simple anneau, sans pierres, sans fioritures, un simple cercle, tel qu'elle l'avait souhaité.
Son jumeau ornait et ornerait à jamais l'annulaire de Garion. Non, elle n'avait pas souhaité récupérer l'alliance de son époux. Il lui semblait logique de lui laisser, mariés ils avaient été , mariés ils resteraient, même au delà de cette mort qui l'avait trop rapidement emporté. Lui ôter la bague, cela aurait signifié pour elle, la fin de leur union, lui retirer ce droit qui était sien, celui d'avoir été son mari, le père de son fils. Idiot comme raisonnement ? Peut-être. Mais sa façon à elle d'être une sentimentale.
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Quelques jours, enfin même un peu plus, qu'elle tournait en rond, que ses pensées se bousculaient dans une interminable ronde. Elle soupirait à l'abri des regards, elle s'agaçait. Au départ, elle avait mis cela sur le compte de sa fin de règne et le début de sa " retraite", du jour au lendemain, elle s'était trouvée désuvrée. Oh elle en avait profité pour jouir de quelques heures précieuses avec son cadet, son fils, son sang. Mais bien qu'elle aimât son fils d'un amour incommensurable, il lui manquait quelque chose. Il y avait Ghost aussi, mais là, c'était également une relation à flux tendus. Lorsqu'ils se voyaient, cela tournait souvent en querelle pour des broutilles. Ils s'étaient éloignés imperceptiblement l'un de l'autre, d'ailleurs le Duc de Sedan se faisait rare. Et puis, et puis il y avait... un soupir... tant de choses.
Non, non cela ne devait pas continuer, cette chose soupirant, énervée, baissant les bras pour éviter les conflits avec lui, avec ses proches, ce n'était pas elle. Il lui fallait se remuer, se secouer, il lui fallait parler, raconter le tumulte de ses sentiments, le marasme sentimental mais aussi familial à quelqu'un . Sauf que ce quelqu'un. L'homme vers qui elle s'était tournée durant ses dernières années était mort depuis octobre dernier. Son époux. Son Belgarion. Machinalement, elle porta la main au héron qui ornait son cou. Un des rares bijoux qu'elle ne quittait jamais. Même pour la nuit. Ni une ni deux, elle avertit son chef d'armée, veilla à la distribution des rations et ensuite seule, elle galopa jusqu'à où ? Non pas jusqu'en Orléans pour aller se recueillir sur la tombe de celui qui fut durant un an son mari, la distance était trop grande, mais jusqu'à un lieu isolé, loin et qui lui plut.
Elle finit par trouver un gros chêne qui lui offrirait le couvert de son feuillage contre les rayons d'un soleil encore bien timide en ce mois de mai. Pourquoi un chêne ? Peut-être parce qu'un jour il avait illustré la nature de leur relation par cette métaphore. Ou bien parce que de cette essence arboricole émanait la même sensation de force et de sérénité que de son Bel ange, comme elle aimait à l'appeler. Enfin qu'importe les raisons, elles pouvaient être multiples. Elle descendit de sa monture, le laissa aller où bon lui semblait, elle savait qu'il ne s'éloignerait pas. Elle prit place contre l'arbre, l'herbe était encore légèrement humide de la rosée du matin, mais qu'importe, sa cape était un excellent rempart contre cette humidité.
Un long soupir libérateur des tensions accumulées depuis ces derniers temps exhala de sa poitrine qui se souleva et se rabaissa lentement. Relevant son menton, elle offrit son visage aux quelques rais de soleil qui réussissaient à filtrer au travers de l'ombrageux feuillage. Elle ferma les yeux pour mieux apprécier le silence, un silence fait de mille et un petits sons: bruissement des feuilles, pépiement de moineaux, chant d'un grillon solitaire, battement de son cur qui étaient calmes, réguliers. Un sourire serein ourla délicatement ses lèvres. Elle retira ses gants, dévoilant ses mains déformées par les flammes, puis elle porta à ses yeux ses mains, elle fit jouer ses doigts avec les rayons, son alliance attira son regard, un simple anneau, sans pierres, sans fioritures, un simple cercle, tel qu'elle l'avait souhaité.
Son jumeau ornait et ornerait à jamais l'annulaire de Garion. Non, elle n'avait pas souhaité récupérer l'alliance de son époux. Il lui semblait logique de lui laisser, mariés ils avaient été , mariés ils resteraient, même au delà de cette mort qui l'avait trop rapidement emporté. Lui ôter la bague, cela aurait signifié pour elle, la fin de leur union, lui retirer ce droit qui était sien, celui d'avoir été son mari, le père de son fils. Idiot comme raisonnement ? Peut-être. Mais sa façon à elle d'être une sentimentale.
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