Charmant rejoins Clémence et commence à lui manger sa chemise, faisant revenir l'enfant à l'instant présent.
Heyy! Charmant, Arrête! Qu'est ce qu'il y a! tout en se redressant, finit par jeter un coup d'il en arrière et fait de gros yeux.
Tu as tout manger? Tu va tomber malade! un soupir avant de sourire au goinfre qu'il est
La petite décide de laisser la selle et grimpe sur son compagnon en s'aidant de l'arbre tout proche.
Voilà! comme ca tu peux te promener. comme si il a compris, le poney se dirige vers l'eau et en profite pour boire
N'ayant pas l'habitude de monter a cru, Clémence gigote dans tout les sens et manque de tomber par devant lorsque Charmant penche la tête, n'ayant pas de selle et d'étrier pour la maintenir. Puis des remarques de cavalier lui reviennent à l'esprit, serrer les cuisses et accompagner les mouvements du bassin. Une pensée lui traverse l'esprit, se demandant si elle arriverait à galoper ainsi.
Tirer sur la bride et pincer les flanc de ses talons, afin de retourner dans le pré. Une fois bien installé, bride en main et saisissant la crinière, elle commence déjà par le pas, avant de passer au trot...
La respiration se bloque et ses fesses rebondissent sur la dos de l'équidé, la gamine n'ayant pas appris le trot assis.
Cha..a...a..rrr..maaannnt..tu va..tro...o....o....vi...i..i..tt..te. tout en tirant sur les rênes ralentissant ainsi l'allure.
Après un moment, elle commence à comprendre, jouer du bassin de droite à gauche, et lâche tout doucement la bride afin d'accélérer légèrement le trot. Contente d'arriver à tenir sur son poney, la petite part dans un grand éclat de rire. La réaction du poney ne se fait pas attendre et sentant le relâchement de sa cavalière, Charmant pars au galop déstabilisant la gamine dans ses mouvements et ce qui devait finir par arriver, arriva...la chute.
Moitié tombant, moitié sautant, la petite fille roule au sol, avant de se relever tout de suite.
La tête lui tourne, quelques traces d'herbe sur ses vêtements et brin dans ses cheveux, Clémence met un moment avant de chercher Charmant, arrêtait quelque mètre plus loin et attaquait déjà un beau morceau d'herbe.
Une fois prêt de lui, une main sur la bride et l'autre flattant l'encolure, sourire aux lèvres de le voir arrêté et non en cavale, malgrès la peur qu'elle a eut.
Tu as été bien dressé...mais ne pars pas au galop comme ça Charmant...j'aurai pu me faire mal et maman n'aurait pas été contente. comme si les remontrance peuvent atteindre l'équidé...enfin qui sait?
S'aidant d'une pierre, Clémence remonte sur son poney avant de l'emmener prêt d'un pommier. L'envi de monter son poney bien plus grande que la peur d'en tomber.
Encore trop petite, elle se met doucement à genoux sur le dos de Charmant, levant encore plus doucement les bras. Parlant à son poney pour éviter tout mouvement, la position de l'enfant n'étant pas très stable, ses yeux bleus fixées sur son objectif.
Ne bouge pas, s'il te plait! Si tu veux la pomme...surtout ne bouge pas!
Une fois les deux pommes saisi, elle laisse glisser ses cuisses de chaque coté rapidement et tend une pomme pour son compagnon.
Le fruit finit, Clémence se tourne sur le poney et s'allonge, les mains sur la croupe et la tête posé dessus, pour enfin somnoler, tout en laissant Charment se promener au grès de l'herbe qu'il convoite, les rênes coinçaient dans les crins.
Retour dans le passé, une nouvelle fois, mais moins loin, remonter à Avril...mois si proche et pourtant le temps semblait s'être atrocement rallonger depuis.
Découvrir l'amant de sa mère, ne pas en revenir, tomber de haut, bien trop haut à son goût. Elle avait choisi un homme pour elle, en tant que femme, ignorant totalement son côté mère...ignorant sa propre fille. Elle refusait d'écouter, de voir, tout le mal qu'il faisait à sa fille, mais par contre sa mère voyait bien tout le mal que Clémence pouvait dire sur lui.
La gamine avait de ce faite abandonné, résigné à devoir en surface faire croire qu'elle avait finit par l'accepter, lui qui n'hésiterai pas un instant à la sacrifier si son honneur et son intégrité d'homme devait être touché.
Tout ça pour le bonheur de sa mère, tout ça pour qu'elle reste en vie...par deux fois, en à peine un mois elle avait vu la mort frôler sa mère. Par deux fois, tout ça parce qu'elle avait eu le malheur de ne pas l'accepter assez tôt, du moins en surface, et le malheur d'être né.
Parce qu'elle ne pouvait l'accepter, parce qu'elle était né, elle devait devenir orpheline ou alors il fallait qu'elle se taise, qu'elle garde pour elle...l'un ou l'autre la faisant souffrir.
Elle avait choisi - bien que la question ne se pose même pas - souffrir en silence, mais garder sa mère auprès d'elle...en vie.
Et puis sa mère avait eu besoin de partir...elle était partie. Cependant partir sans Oli semblait une solution non envisageable, mais partir sans sa fille...
Pour son père ce n'était pas mieux - peut-être même pire -, lui qui n'avait jamais haussé le ton, avait finit par le faire...lui qui avait abandonné par deux fois sa femme et maintenant sa fille, imposer désormais à sa propre enfant la présence d'une autre femme.
Lui aussi était parti, mais sans donner de nouvelle depuis, parti avec elle...sans un regret de laisser sa fille derrière, sans un regret de ne pas la tenir au courant, sans un regret des mots qu'il lui avait dit.
Mais lui non plus, elle ne voulait pas le perdre...et comme pour sa mère, garder au fond d'elle sa souffrance, cacher ce qu'elle ressens vraiment.
Son droit d'enfant, elle l'avait perdu. Il fallait qu'elle soit grande, il fallait qu'elle accepte, il fallait qu'elle comprenne, il fallait...il fallait... pour que eux soit heureux, mais elle? Elle dans tout ça?
Mettre un masque, faire croire qu'elle accepte ces étrangers, faire croire qu'elle aime ses parents, ou du moins leur faire croire qu'elle ne leur en veux pas...leur faire croire qu'elle est heureuse de cette situation, surtout.
Enfouir au plus profond d'elle ces mauvais sentiments, ceux qui feraient souffrir ses parents, ce qui mettrait à mal le faible liens qui la lie encore à eux.
L'enfant avait compté sur les quelques jours à venir avec sa mère pour calmer ce qu'elle ressens, apaiser sa tristesse et sa douleur, les faire disparaitre à jamais qui sait? Les câlins maternelles pouvant soigner tellement de maux, devant lesquels plantes et médecins restaient inefficaces.
Mais non il avait fallu qu'il revienne, auprès d'elle au lieu d'aller en retraite.
Il fallait que son père ne donne plus aucun signe de vie depuis deux semaines, il fallait que son frère Aurélien ne lui réponde pas, il fallait qu'elle n'ai aucune nouvelle de son frère Jérôme.
Il pouvait bien tous être mort qu'elle n'en serait rien.
Clémence saisit les poils de son poney dans ses petites mains, elle enfoui son visage recouvert de larme contre sa croupe et y étouffe ses sanglots.
Elle essayait d'être heureuse, elle essayait d'accepter, elle essayait vraiment... mais au fond d'elle, impossible, et puis comment pourrait-elle alors qu'une barrière, qu'un mensonge s'est placé entre elle et ses parents? Qu'elle ne peut plus se confier à eux? Que la solide cordes les liants soit devenu un si petit fil? Qu'il ne lui reste plus qu'un poney à qui raconter ce qui la ronge de l'intérieur? Que se sont les personnes qu'elle aime le plus qui la font autant souffrir?
Elle est peut-être trop égoïste après tout, elle en demandait peut-être trop?
L'enfant se redresse, remonte ses manches et saisit son couteau à sa taille. Ici elle est seule, seule présence avec son confident, dans un endroit magnifique...personne pour la rattraper, personne pour la soigner comme au domaine. Il lui faut juste s'ouvrir les deux bras et en finir. Elle aurait pu pointer le cur, de là où le mal s'insinue en premier pour ensuite se rependre à tout son être, mais la vision de sa mère, le sang sur sa chemise, la dague qui entame la peau...non impossible de le faire, pas de cette manière.
L'arme sur sa cicatrice encore bien rose - faite en voulant montrer à Aurélien que son sang n'est pas que Maledent, il est aussi Compalite -, un mauvais moment à passer, ensuite entailler l'autre bras et attendre que le Très Haut la rappel à lui. Cela semble si simple à penser, à faire, la meilleur solution pour faire cesser cette douleur qui revient sans cesse sournoisement en son cur, en son corps, et pourtant quelque chose la retient dans son geste, ses parents...qui l'eut cru.
Un petit sourire sur son visage, devant le comique de la situation, si elle souhaite en finir c'est à cause de cette douleur qu'elle ressens, à cause du faite qu'elle n'arrive pas à tout accepter, absolument tout pour leurs bonheurs...mais c'est aussi pour leurs bonheurs qu'elle se refuse à se prendre la vie.
Avait-elle le droit de leur infliger cette peine?
Non! ces droit elle les as tous perdu. Seule et sans droit aucun. Tout ce qu'elle a vu, entendu, perdu, ses sentiments en train de s'attirer, se repousser...de la torturer, avant de les chasser dans un dernier efforts.
Replaçant l'arme à son côté, elle essuie d'un revers de main ses joues.
La petite descend de son poney et le ramène prêt du noisetier afin de le seller, sans un mot, las.
Sa décision est prise, après tout eux partaient bien sans elle, sans trop de regret...pourquoi devrait-elle rester dans ce cas? Rester pour les voir partir avec quelqu'un d'autre, c'est cela qu'elle devait vivre à présent et pour toujours? Devoir souffrir à chaque fois, un peu plus et ne rien pouvoir leur dire...ne plus réussir les retenir, rester seule et triste avec son poney.
Devait-il prendre la place de ses parents? Le voulait-elle, l'accepterait-elle seulement? Que ce poney devienne plus important que ses parents, qu'elle l'aime plus qu'eux?...
L'enfant grimpe sur la selle, saisissant fermement les rênes - cachant derrière un brin de courage, la profonde douleur de cette décision - , la tête de Charmant relevé, tout deux regardant vers le Nord, par delà l'Adour, avant de lui dire.
Il ne me reste plus que toi...es-tu prêt à m'accompagner?