Soren
C'était ce matin. Pourtant, j'ai l'impression qu'une éternité a eu le temps de s'écouler entre deux, et qu'une deuxième pointe le bout de son nez
La nuit est tombée désormais. A la lumière dune chandelle vacillante, je rédige un court message. Jai trouvé son nom dans ses effets une fois que jeus le courage de faire mon travail, et jen ai eu des haut-le-cur. Même morte, chercher des indices dans ses effets personnels, cest un peu comme si je violais son intimité.
Pas le gout de métendre. Lessentiel, rien que lessentiel.
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- Il était entré dans le bureau de la maréchaussée à Bergerac, le pas lourd, la mine basse. Il avait la tête des mauvais jours, oscillant entre celle de l'homme perturbée et celle du sous-officier las. Il est allé directement vers la vieil armoire de chêne, là où sont stockés à l'abri du regard des visiteurs, bière, alcool fort et autres joyeusetés de ce genre. Il a descendu son godet bruyamment, a poussé un soupir et a enfin rompu le silence.
- Faut prév'nir l'maréchal-chef et l'prévôt mon mar'chal! Y'a du pas biau dans l'coin!
Du pas beau, il y en avait régulièrement. Sans doute même plus souvent qu'on le croyait. Les voyageurs hésitaient souvent à venir déclarer la présence des brigands qu'ils croisaient. La plupart du temps, ils estimaient que c'était inutile. L'était-ce vraiment? Bah! Si c'est pour espérer reprendre les biens volés..oui! Ils avaient raison. Mais si c'est pour dissuader les brigands, alors je crois qu'ils ont tort. Ne rien faire, c'est leur donner caution pour agir à l'identique dans le futur. Et pour faire quelque chose, encore faut-il avoir l'information qu'il s'est passé quelque chose. Les patrouilles que l'on avait mis en place récemment étaient nécessaires mais insuffisantes.
- Encore des plaintes Poissac?
- Non chef! C'te fois-ci, c'te d'la viande froide.
De la viande froide dans la jargon de la maréchaussée, c'est un cadavre. Nous voilà donc avec une histoire de brigandage qui a mal tourné sur les bras. Poissac avait raison. Il valait mieux alerter Mano et Plume.
- Combien de victimes?
- Une seule. Une dame. A première vue, c't'une noble sieur. Elle m'semb' ben ben habillée.
D'un geste, il m'a désigna la charriote stationnée dans la cour de devant. Il n'avait visiblement pas envie d'en dire plus. Il avait besoin de se resservir un autre godet de vin. On a beau faire partie de la maréchaussée, avoir pour la plupart combattu sur des champs de bataille. La mort, on devrait y être habitué. Mais il n'y a que les fols qui s'habituent à la côtoyer. Que des fols comme moi! Eh bien malgré tout, la vision qui soffrit à moi sous lépaisse toile de jute dans cette charriote me glaça deffroi. Une tâche sombre macabre ornait la poitrine de la victime, à hauteur du palpitant. Visiblement un coup. Un seul. Mais placé pour tuer. Ce nétait ni cette tâche, ni le visage bleui, ni les traits tirés par la mort qui me firent frissonner. Je connaissais la victime. Je lavais rencontré un soir à Sarlat alors quelle cherchait à senfermer dans une chambre aux amazones et que cet abruti de Will voulait len extraire manu militari. Alise de Warenghien. Alise morte! On a beau être fol, il y a des occasions où la mort est plus forte que vous. Combien de temps suis-je resté là à essayer de comprendre ce que mes yeux transmettaient à mon esprit? A espérer me retrouver dans un rêve? Enfin dans un cauchemar? Cest une chose de vivre la mort dinconnus, cen est une autre de voir la vie de ceux quon a connu et apprécié fauchée ainsi aussi violemment. Jai rabattu la toile de jute sur son visage et jai rejoint moi Poissac. Il ne fait pas bon boire seul en cette occasion.
La nuit est tombée désormais. A la lumière dune chandelle vacillante, je rédige un court message. Jai trouvé son nom dans ses effets une fois que jeus le courage de faire mon travail, et jen ai eu des haut-le-cur. Même morte, chercher des indices dans ses effets personnels, cest un peu comme si je violais son intimité.
Citation:
De Soren MacFadyen Eriksen, maréchal de Bergerac
Au sieur Jule
Il faut que vous passiez à la maréchaussée de Bergerac, dans le Périgord. Je dois mentretenir avec vous de choses importantes. Très importantes. Jai des nouvelles à vous apprendre. Venez prestement.
Soren.
De Soren MacFadyen Eriksen, maréchal de Bergerac
Au sieur Jule
Il faut que vous passiez à la maréchaussée de Bergerac, dans le Périgord. Je dois mentretenir avec vous de choses importantes. Très importantes. Jai des nouvelles à vous apprendre. Venez prestement.
Soren.
Pas le gout de métendre. Lessentiel, rien que lessentiel.
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