Mara_jade
... jusqu'à ce qu'on ouvre la bouche."
Sa mémoire ressemblait toujours à un fromage transpercé de part en part par une souris affamée, recouvert par un épais nuage de brume. Oui, étrange, mais on fait avec ce qu'on a et pis c'est tout !
Entre deux sommeils emplis de rêves troubles, la jeune femme continuait d'avancer à travers champs et forêts. Pour résumer les derniers jours, ses "compagnons de voyage" du moment s'étaient éparpillés après la petite "fête", certains avaient fini dans les geôles tandis que les autres tentaient de se rassembler un peu plus loin.
Mara avait de nouveau retrouvé son inséparable ennui et donc reprit aussitot la route pour ne pas sombrer dans une morosité qu'elle détestait plus que tout. Son propre procès ? Mais voyons ! Elle est innocente ! Ca se lit dans son regard océan, tout en elle n'est qu'innocence, tant qu'elle ne vous lance pas ce petit sourire désinvolte qui creuse soudain le doute.
La direction que prenaient ses pas n'était plus vouée qu'au plus pur des hasards. Et un matin, le visage penché au dessus d'un ruisseau, tentant de se rafraichir d'une nuit de somnolence, une grande ombre se glissa derriere elle.
Mara se redressa d'un bond, mais ne put apercevoir qu'un demi-sourire sarcastique avant que ce qui devait être un bucheron, ou peut-être un simple paysan, ne lui tourne le dos. Elle haussa les épaules et ramassa ses affaires pour reprendre sa marche.
Vrai que cette forêt était immense. Par endroit, elle était déchiquetée par de grands édifices de pierres, c'était amusant d'essayer d'en deviner la forme, de découvrir ce que la nature et le temps avaient voulu créer. Pour ne plus se perdre, la jeune femme avait pris l'habitude de suivre les chemins tracés par les animaux, ceux qui longeaient l'orée sans s'enfoncer trop loin dans le sous-bois. La plupart de ces étendues sylvestres n'étaient que des "frontières", peu sauvages, traversées par foule d'habitués : ramasseurs de bois, de fruits ou de champignons suivant la saison, animaux menés de pâturages en pâturages, brigands aussi parfois.
L'Insouciante haussa les épaules. Que pouvait-il lui arriver de si affreux ? "Fais gaffe aux loups". La phrase se mit à tourner dans sa tête. Et pourquoi pas des ours aussi ? Son pas s'accéléra inconsciemment, son regard furetait presque malgré elle dans les buissons. Elle s'en rendit compte lorsqu'elle du s'adosser à un arbre pour reprendre son souffle. Se traitant d'imbécile, elle sortit sa gourde d'eau de sa besace et en bu une longue gorgée. Le soleil commençait à être haut dans le ciel et sa morsure à travers les branchages se faisait parfois cruellement sentir.
Un bruissement. Rien de plus que le murmure du vent dans un bosquet. Un second. Mara retint son souffle. Elle sentit l'écorce de l'arbre à travers le tissu de sa chemise. Grimper sur la plus haute branche ? Elle savait faire, mais aurait-elle le temps ? Pouvait-elle se permettre de tourner le dos au danger éventuel ? Ses yeux fixaient l'amas végétal devant elle, comme si, par ce simple regard, elle pouvait empêcher l'inéluctable de se produire, comme si par la pensée elle pouvait retenir le loup qu'elle imaginait immense derriere cette frêle barrière.
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Sa mémoire ressemblait toujours à un fromage transpercé de part en part par une souris affamée, recouvert par un épais nuage de brume. Oui, étrange, mais on fait avec ce qu'on a et pis c'est tout !
Entre deux sommeils emplis de rêves troubles, la jeune femme continuait d'avancer à travers champs et forêts. Pour résumer les derniers jours, ses "compagnons de voyage" du moment s'étaient éparpillés après la petite "fête", certains avaient fini dans les geôles tandis que les autres tentaient de se rassembler un peu plus loin.
Mara avait de nouveau retrouvé son inséparable ennui et donc reprit aussitot la route pour ne pas sombrer dans une morosité qu'elle détestait plus que tout. Son propre procès ? Mais voyons ! Elle est innocente ! Ca se lit dans son regard océan, tout en elle n'est qu'innocence, tant qu'elle ne vous lance pas ce petit sourire désinvolte qui creuse soudain le doute.
La direction que prenaient ses pas n'était plus vouée qu'au plus pur des hasards. Et un matin, le visage penché au dessus d'un ruisseau, tentant de se rafraichir d'une nuit de somnolence, une grande ombre se glissa derriere elle.
- Dis, la gamine, faut pas trainer dans le coin ! T'es sur les terres du comte du Limousin. Pis, fais gaffe aux loups, pourraient bien te dévorer avant qu't'ais le temps de dire ouf !
Mara se redressa d'un bond, mais ne put apercevoir qu'un demi-sourire sarcastique avant que ce qui devait être un bucheron, ou peut-être un simple paysan, ne lui tourne le dos. Elle haussa les épaules et ramassa ses affaires pour reprendre sa marche.
Vrai que cette forêt était immense. Par endroit, elle était déchiquetée par de grands édifices de pierres, c'était amusant d'essayer d'en deviner la forme, de découvrir ce que la nature et le temps avaient voulu créer. Pour ne plus se perdre, la jeune femme avait pris l'habitude de suivre les chemins tracés par les animaux, ceux qui longeaient l'orée sans s'enfoncer trop loin dans le sous-bois. La plupart de ces étendues sylvestres n'étaient que des "frontières", peu sauvages, traversées par foule d'habitués : ramasseurs de bois, de fruits ou de champignons suivant la saison, animaux menés de pâturages en pâturages, brigands aussi parfois.
L'Insouciante haussa les épaules. Que pouvait-il lui arriver de si affreux ? "Fais gaffe aux loups". La phrase se mit à tourner dans sa tête. Et pourquoi pas des ours aussi ? Son pas s'accéléra inconsciemment, son regard furetait presque malgré elle dans les buissons. Elle s'en rendit compte lorsqu'elle du s'adosser à un arbre pour reprendre son souffle. Se traitant d'imbécile, elle sortit sa gourde d'eau de sa besace et en bu une longue gorgée. Le soleil commençait à être haut dans le ciel et sa morsure à travers les branchages se faisait parfois cruellement sentir.
Un bruissement. Rien de plus que le murmure du vent dans un bosquet. Un second. Mara retint son souffle. Elle sentit l'écorce de l'arbre à travers le tissu de sa chemise. Grimper sur la plus haute branche ? Elle savait faire, mais aurait-elle le temps ? Pouvait-elle se permettre de tourner le dos au danger éventuel ? Ses yeux fixaient l'amas végétal devant elle, comme si, par ce simple regard, elle pouvait empêcher l'inéluctable de se produire, comme si par la pensée elle pouvait retenir le loup qu'elle imaginait immense derriere cette frêle barrière.
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