Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] "Nous sommes tous des étrangers ...

Mara_jade
... jusqu'à ce qu'on ouvre la bouche."

Sa mémoire ressemblait toujours à un fromage transpercé de part en part par une souris affamée, recouvert par un épais nuage de brume. Oui, étrange, mais on fait avec ce qu'on a et pis c'est tout !

Entre deux sommeils emplis de rêves troubles, la jeune femme continuait d'avancer à travers champs et forêts. Pour résumer les derniers jours, ses "compagnons de voyage" du moment s'étaient éparpillés après la petite "fête", certains avaient fini dans les geôles tandis que les autres tentaient de se rassembler un peu plus loin.
Mara avait de nouveau retrouvé son inséparable ennui et donc reprit aussitot la route pour ne pas sombrer dans une morosité qu'elle détestait plus que tout. Son propre procès ? Mais voyons ! Elle est innocente ! Ca se lit dans son regard océan, tout en elle n'est qu'innocence, tant qu'elle ne vous lance pas ce petit sourire désinvolte qui creuse soudain le doute.

La direction que prenaient ses pas n'était plus vouée qu'au plus pur des hasards. Et un matin, le visage penché au dessus d'un ruisseau, tentant de se rafraichir d'une nuit de somnolence, une grande ombre se glissa derriere elle.


    Dis, la gamine, faut pas trainer dans le coin ! T'es sur les terres du comte du Limousin. Pis, fais gaffe aux loups, pourraient bien te dévorer avant qu't'ais le temps de dire ouf !


Mara se redressa d'un bond, mais ne put apercevoir qu'un demi-sourire sarcastique avant que ce qui devait être un bucheron, ou peut-être un simple paysan, ne lui tourne le dos. Elle haussa les épaules et ramassa ses affaires pour reprendre sa marche.
Vrai que cette forêt était immense. Par endroit, elle était déchiquetée par de grands édifices de pierres, c'était amusant d'essayer d'en deviner la forme, de découvrir ce que la nature et le temps avaient voulu créer. Pour ne plus se perdre, la jeune femme avait pris l'habitude de suivre les chemins tracés par les animaux, ceux qui longeaient l'orée sans s'enfoncer trop loin dans le sous-bois. La plupart de ces étendues sylvestres n'étaient que des "frontières", peu sauvages, traversées par foule d'habitués : ramasseurs de bois, de fruits ou de champignons suivant la saison, animaux menés de pâturages en pâturages, brigands aussi parfois.
L'Insouciante haussa les épaules. Que pouvait-il lui arriver de si affreux ? "Fais gaffe aux loups". La phrase se mit à tourner dans sa tête. Et pourquoi pas des ours aussi ? Son pas s'accéléra inconsciemment, son regard furetait presque malgré elle dans les buissons. Elle s'en rendit compte lorsqu'elle du s'adosser à un arbre pour reprendre son souffle. Se traitant d'imbécile, elle sortit sa gourde d'eau de sa besace et en bu une longue gorgée. Le soleil commençait à être haut dans le ciel et sa morsure à travers les branchages se faisait parfois cruellement sentir.

Un bruissement. Rien de plus que le murmure du vent dans un bosquet. Un second. Mara retint son souffle. Elle sentit l'écorce de l'arbre à travers le tissu de sa chemise. Grimper sur la plus haute branche ? Elle savait faire, mais aurait-elle le temps ? Pouvait-elle se permettre de tourner le dos au danger éventuel ? Ses yeux fixaient l'amas végétal devant elle, comme si, par ce simple regard, elle pouvait empêcher l'inéluctable de se produire, comme si par la pensée elle pouvait retenir le loup qu'elle imaginait immense derriere cette frêle barrière.

_________________
Torvar
Malgré la chaleur journalière, les nuits commençaient à se faire plus fraîches et Torvar en ressentait les méfaits à chaque réveil. Sa vieille carcasse, maintes fois mutilée, avait dû mal à obéir au désir du slave aussi ce matin-là, plus qu’un autre matin, Torvar prit le temps de s’étirer afin de déverrouiller chacun de ses muscles sans oublier ses articulations qui, qu’elles le veuillent ou pas, allaient lui céder. L’obstination dont faisait preuve le gaillard n’avait d’égal que son obsession à toujours aller de l’avant sans jamais se plaindre. Le passé était une chose dont il ne s’encombrait jamais ou si peu et se remémorer les douleurs qui avaient marqué son corps ne ferait en rien avancer sa vie. A quoi bon remuer des souvenirs qui étaient enterrés depuis des lustres ?

Faisant craquer sa nuque en s’approchant de sa monture, Torvar prit quelques friandises dans la poche de sa chemise. Cette dernière, usée jusqu’à la corde, recelait de trésors pour son compagnon à quatre pattes et tout en souriant très légèrement, le cavalier tendit la main afin de laisser le cheval apprécier ses mets.


- Doucement… doucement… tu ne peux pas te retenir un peu, on croirait que tu n’as pas mangé depuis des lustres…

L’animal dressa ses oreilles afin d’écouter la voix rauque, légèrement cassé, aux intonations particulières de son maître. Même si Torvar parlait la langue du royaume de France à la perfection, son accent appuyé révélait ses origines slaves et le bougre ne s’en cachait absolument pas. Depuis le temps qu’il vivait entre ici et ailleurs, entre tous ces pays aux frontières que les hommes installaient mais qu’il était si facile de franchir. Torvar avait vu du pays et pas qu’un peu depuis qu’il était gamin et qu’il avait suivi le clan de cosaques, ses « pilleurs des steppes » qui l’avaient entraîné dans leur long périple et leur conquête.

La main vide reprit sa place le long du corps tandis que Torvar faisait demi-tour pour aller attiser le feu. Sa jambe gauche le tiraillait encore et ce fut en boitant qu’il arriva devant le foyer. La flambée ne fut pas longue à repartir ce qui lui permettrait de faire cuire quelque chose si les pièges qu’il avait posé la vieille avaient tenu leur promesse. D’ailleurs, l’estomac lui rappela que la faim n’était pas sa meilleure humeur aussi il se décida à faire ce qu’il fallait.

Vorobei grattait déjà le sol histoire de ne pas laisser son cavalier partir seul. Entre eux c’était une histoire au-delà de l’imaginable. L’homme et le cheval ne faisaient qu’un. Depuis le temps qu’ils chevauchaient ensemble. Torvar avait toujours été cavalier. De sa petite enfance, il se souvenait encore du grand chef qui lui avait enseigné la monte. Les coups de pieds au cul qu’il s’était pris à chaque fois qu’il échouait dans un exercice jusqu’à le réussir parfaitement. Son peuple était de fiers cavaliers tout autant qu’ils étaient d’impitoyables guerriers.

Prenant les brides de Vorobei, Torvar, montant à cru, se dirigea vers la prairie voisine où il commença l’inspection de ses collets. Le premier n’avait rien donné, le second avait été soigneusement ignoré… à coup sûr, il perdait la main le vieux fou mais le troisième… Laissant Vorobei un peu en retrait, Torvar avait décidé de ne faire aucun bruit histoire de ne pas effrayer l’animal qui pourrait lui servir de repas quand soudain, arrivant derrière le bosquet, il vit l’ombre d’un vêtement dépasser de derrière le tronc d’un arbre. On essayait de lui piquer son repas ? Ça n’allait pas marcher comme ça ! S’approchant doucement sans faire de bruit, le bras s’avança pour se glisser derrière le cou de la victime avant de poser la main sur la bouche de la fluette stature. De son autre main, Torvar sortit son poignard dont la lame vint s’agiter devant le nez de ce qui s’apparentait à une jeune demoiselle. Et de sa voix rauque, il murmura :


- On t’a jamais appris à ne pas prendre ce qui ne t’appartenait pas ? C’est mon repas que tu vas effrayer à l’observer ainsi….

Et derrière le fourré, l’agitation s’activait ce qui prouvait que l’animal avait au moins une patte prise dans le piège que Torvar lui avait tendu. Relâchant sa pauvre victime d’un geste brusque, il s’avança enfin entre les branchages pour en extirper un lapin, qui se débattait, pendu par les oreilles.

- S’il s’était enfui, je crois que je t’aurais taillé les oreilles en pointe pour que tu n’oublies pas que les p'tites bêtes ne mangent pas les grosses !

Rangeant son poignard à sa ceinture, Torvar tourna le dos à la gamine pour la laisser plantée là. Peu importe qu’elle est eu la frousse de sa vie en rencontrant le slave, il n’en avait cure. Lui ce qu’il voulait c’était bouffer aussi ses pas se dirigèrent naturellement vers Vorobei.
_________________

Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Mara_jade
Le souffle court, Mara restait figée contre le tronc. Se souvenir de ce qu'elle savait : ne pas courir de risques inutiles, se protéger, voir fuir avant toute autre chose. Oui mais comment ? Elle avait beau chercher dans sa mémoire, il y avait tant de passages à vide que c'était difficile de retrouver les paroles qu'on avait pu lui donner en ce sens.

Le buisson remuait. C'était sur, il y avait là un animal, ou peut-être quelque chose de pire. Elle avait une épée après tout, autant essayer de s'en servir non ?! Heu ... non, peut-être pas, elle n'avait aucun entrainement et ce qui était caché face à elle pouvait être dangereux, mortel. La jeune femme posa tout de même la main sur le pommeau de son épée. Elle n'allait pas rester là "ad vitam aeternam", il fallait prendre une décision.

Pas le temps. A peine la pensée lui avait traversé l'esprit, qu'elle sentit quelque chose lui emprisonner le cou, puis une main experte vint lui clore le bec alors que son cri se mourrait dans sa gorge. Ses yeux océans s'ouvrirent tout grand de frayeur en voyant briller l'éclat métallique d'une dague. Elle le suivit un instant, respirant bruyamment par le nez, puis retint tout souffle et tout bruit qui pouvait provenir de son corps quand elle entendit la voix de l'homme, une voix à l'accent prononcé, guttural et profond.

Des yeux, elle lui lança une supplique négative. Prendre ? Son repas ? Il mangeait des loups lui ? En fait, ca pouvait être parfaitement crédible au vu de la stature de l'homme. Son appétit devait largement dépasser celui de la brunette. Il dut la trouver inoffensive et la relâcha.

Délivrée aussi soudainement qu'elle avait été capturée, Mara suivit l'homme des yeux en tentant de calmer les battements fous de son cœur. Le regard légèrement plissé, elle s'attendait à un combat épique lorsqu'il s'enfonça dans le fourré, et fut presque déçue de le voir revenir avec ... un lapin ! Une moue enfantine et grimaçante s'inscrivit en grand sur le visage de la voyageuse. Un lapin ! Si elle avait su, elle n'aurait pas perdu son temps ! Pis c'est bon du lapin ! Même que dans ce coin du limousin, elle ne sait pas comment ils le cuisinent, mais en Provence, avec des herbes, et une espèce de sauce épicée, ca avait quand même un sacré effet sur les papilles de la gourmande.


    - S’il s’était enfui, je crois que je t’aurais taillé les oreilles en pointe pour que tu n’oublies pas que les p'tites bêtes ne mangent pas les grosses !


Mais il se fichait d'elle en plus !!! Ronchonnant, Mara ramassa son baluchon tombé à terre et, le temps de se relever, vit le gaillard mettre les voiles dans la direction d'où il était arrivé.

    HEEEE !! Attends messire !


Elle augmenta la taille de ses enjambées, les doublant même pour le rejoindre, mais s'arrêta à deux pas derriere lui. Inconsciente. Insouciante. La petite brune avait une confiance aveugle en son existence. Mais là, pour le coup, une petite voix lui soufflait un danger potentiel. Seulement son estomac, lui, lui criait de se débrouiller pour avoir une part de ce lapin, cuit et juteux si possible. La vision de la lame près de son visage s'incrusta un instant dans son esprit, puis elle la chassa d'un sourire.

    Dis ! J'peux t'accompagner pour sortir de la forêt ? Pas qu'j'suis perdue hein mais bon, j'crains que le jour ne tombe et que je sois obligée de passer une autre nuit ici ... Et avec les loups ...


Il continuait d'avancer sans se soucier d'elle, évidemment, comme si son sort l'intéressait le moins du monde. Elle rallongea deux enjambées pour se retrouver à nouveau derriere lui. Collante comme une sangsue quand elle voulait.

    Hé ! Pis si tu veux, j'peux le cuisiner le lapin ! Idée de génie ou pas, mais elle ajouta : J'ai même ramené une bouteille d'huile d'olive de Marseille, j'suis sure que ca lui donnera un gout fameux !


Un peu plus loin, on entendait le piétinement d'un cheval, surement le sien, et elle tenta le dernier argument, juste la touche qu'il manquait.

    S'te plait ...

_________________
Torvar
Mais il avait fait quoi aux dieux des steppes pour qu’elle le suive ainsi ? Torvar se posait encore la question avec son lapin qui se débattait toujours entre des doigts. Elle jacassait, parlait de loups… Cette idée le fit sourire tandis qu’il pensait au surnom qu’on lui avait donné il y avait de ça plusieurs années. "Le loup des steppes" que les hommes du nord lui avaient refilé en toute connaissance de cause. Il n’avait guère de pitié lorsqu’il commençait à ôter la vie et finissait toujours son travail.

Le temps de reprendre le cours de ses pensées que la petite brunette l’abreuvait toujours autant d’une conversation à laquelle il n’avait nullement envie de participer… Le cosaque en aurait chopé mal à la tête pour un peu et si elle, autant que la bestiole entre ses doigts, ne s’arrêtait pas de l’ouvrir, il allait finir par faire un massacre de l’un comme de l’autre. Et lorsqu’elle lui parla de faire cuire « son » repas, cette fois-ci Torvar stoppa net sa carcasse avant de se retourner, tendant la boule de poils vers le nez de la donzelle.


- Tu veux aussi te charger de l’occire ou bien encore de le dépecer ?

Torvar, légèrement énervé cette fois-ci, fit de grandes enjambées afin de rejoindre Vorobei. Il était hors de question qu’il s’affuble d’une gamine même si cette dernière lui faisait une moue de chien battu. Et puis quoi encore, il n’était pas une nourrice. Il n’avait pas été là pour sa propre fille alors une inconnue.
Se plantant devant Vorobei qui s’ébrouait entre deux taillis, Torvar monta le lapin jusqu’à plonger son regard dans le sien.

- Désolé mon vieux mais faut comprendre que j’ai faim…. Je vais faire ça vite….

Et pas le temps pour l’animal de sentir la peur que Torvar avait tendu le bras avec l’animal au bout tandis que son autre main avait attrapé une branche pour lui en administrer un coup derrière les cervicales. Puis sans perdre de temps, il glissa l’animal dans un sac de toile qu'il accrocha à sa ceinture avant de monter sur son compagnon à quatre pattes. Ne faisant pas cas de la gamine qui criait aux loups, Torvar fit faire demi-tour à Vorobei afin de prendre la direction de son campement de fortune qu’il avait à l’orée du bois. Mais alors qu’il commençait à chevaucher, le « ste plait » qu’elle lui avait lancé venait picorer son cerveau à lui en faire mal.

    « Ce n’est qu’une enfant, tu ne peux pas l’abandonner au milieu de nulle part. Retourne la chercher et tu la laisseras au premier village… Allez, fais un beau geste… tu n’es pas en guerre aujourd’hui… aujourd’hui tu suis ta vie ou bien du moins tu essaies. Depuis quand n’as-tu pas tendu la main à quelqu’un Torvar ? Depuis quand n’as-tu pas aidé quelqu’un pour rien ? Es-tu devenu à ce point vénale que tu ne m’écoutes pas ? Torvar, guerrier libre, chevaucheur du vent, tu vas te stopper et te retourner… allez ose, ose un peu l’abandonner après avoir regardé dans ses yeux… »


Et la conscience du cosaque fut mortelle pour lui. A peine avait-il regardé dans la direction de la gamine que ses yeux se perdaient sur l’horizon. Une forêt qui pouvait représenter mille dangers pour une enfant. Soudain il pensa à sa propre fille. Elle avait été élevée par ses oncles à défaut d’avoir un père présent, elle saurait se défendre, elle saurait apprivoiser sa peur, elle saurait chasser pour se nourrir au lieu d’être mortifiée mais la petite brunette, elle, serait morte de trouille d’ici demain s’il ne faisait rien. Alors en pestant en ukrainien, Torvar donna un coup dans les flancs de son cheval pour lui indiquait qu’il lui fallait revenir sur ses pas. Et là arrivé à la hauteur de la donzelle, Torvar lui tendit la main pour l’aider à monter sur le dos de Vorobei.

- Si je t’entends, je te débarque… et hors de question que tu mettes de ton huile sur mon lapin… des herbes oui mais pas d’huile compris ?

C’était encore lui qui commandait, non mais ! Pas une mioche aux grands yeux de biche apeurée qui allait faire la loi… Certainement pas ! Et en attendant, ils prenaient la direction du campement de Torvar.
_________________

Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Mara_jade
Ca avait marché ! Il s'était arrêté ! La brunette jubilait. Il allait se retourner et lui dire que bien sur elle pouvait venir, qu'évidemment elle pouvait l'aider, que naturellement il partagerait son repas avec elle !

    - Tu veux aussi te charger de l’occire ou bien encore de le dépecer ?


Le sourire qui naissait sur ses lèvres s'évanouit aussitot. Rhaaa ! Et pis quoi encore ? Mara posa les yeux sur le pauvre garenne qui se débattait mollement, vu qu'il était maintenu par les oreilles, mais tout en lui criait son envie de fuir.
Le tuer et le dépiauter ? Rien qu'à l'idée, elle sentait son estomac se révulser. A l'orphelinat, c'était les sœurs qui s'en occupaient, elle, elle avait appris a cuisiner, pas a "assassiner" un être vivant.

Elle releva le regard et fixa l'homme un instant sans ciller. Elle ne l'avait guère détaillé jusque là mais se rendait compte qu'il n'était plus tout jeune, il avait bien le double de son âge. Une carrure en rapport, où l'on voyait bien que l'expérience avait forgé une musculature qui n'avait plus rien à prouver. Il émanait de lui une apparence de calme mais lorsqu'il parlait, se déplaçait, on percevait une énergie contenue qui n'aurait surement besoin que d'une pichenette pour se transformer en orage foudroyant. Et Mara n'avait pas l'envie, ni l'intention de déclencher cette tempête.

Ce qui suivit confirma les pensées de la jeune femme. Les mots d'excuses à sa victime puis sa façon nette et sans bavure de lui retirer la vie ne laissaient aucun doute sur sa détermination. Il ne lui adressa plus la parole, rangea son futur repas dans une sacoche et se hissa sur son cheval avec l'élégance de ceux qui ont su chevaucher avant de savoir marcher.

Mara le regarda s'éloigner jusqu'à ce qu'il disparaisse derriere un long bosquet feuillu. De sa botte, et avec une légère déception, elle envoya rouler un caillou un peu plus loin puis revint sur ses pas pour s'adosser au tronc qu'elle venait de quitter.
Non ! Elle n'était pas perdue ! Du moins, elle n'appelait pas cela comme ca. Vu le nombre de fois où elle s'égarait dans les bois, elle avait fini par en prendre son parti. Ce n'était qu'un retard, voila tout, et un retard sur quoi ? Rien ne l'attendait, ni personne, elle allait où le vent la poussait, rien d'autre. Elle pesta. Tout ce temps perdu. Son regard se releva et chercha à travers le feuillage la trace de la course du soleil. La journée était déjà bien avancée. Quelle était la meilleure solution ? Trouver déjà un coin caché pour y passer la nuit, marcher encore un peu en se fiant à son instinct, ou ce qui lui semblait le mieux, suivre les traces du tueur de futur civet.

La décision fut prise et elle se releva, convaincue qu'il avait du se diriger vers la ville la plus proche. Elle serait dans une auberge confortable le soir même, ca ne faisait aucun doute !
La brunette n'avait pas fait deux pas, qu'un martèlement de sabots se fit de nouveau entendre. Son pouls s'accéléra. Avait-il des regrets et venait-il la chercher, ou bien avait-il décidé que comme pour le lapin il fallait effacer tout témoin de son braconnage ?
Elle le regarda approcher d'elle et lui tendre la main sans un mot. Ses pupilles océans se promenèrent du visage de l'homme à son bras tendu. Aucune hésitation, Mara attrapa la main et son poids plume se trouva propulsé vers le haut pour atterrir en croupe sur la monture. Seul détail, Mara n'avais jamais approché d'aussi près un cheval, n'était évidemment jamais montée dessus et trouva que ses pieds étaient fichtrement éloignés du sol. Dans un réflexe instinctif, elle enserra la taille de l'homme avec ses deux bras, croisant ses mains sur son ventre qu'elle serra de toutes ses forces.


    - Si je t’entends, je te débarque… et hors de question que tu mettes de ton huile sur mon lapin… des herbes oui mais pas d’huile compris ?


Collée dans son dos, un sourire vint étirer ses lèvres fines.

    Pour sur messire que j'ai compris. Des herbes ... Pas de l'huile ... Mais parait que ca vous fait arriver à un âge canonique cette merveille.


Elle laissa le sous-entendu faire son chemin tout en retenant un fou-rire. Elle imaginait les soirées solitairement silencieuses de l'homme et se dit qu'il ne tarderait pas à regretter son geste.
Resserrant son étreinte sur lui, elle posa sa tête dans son dos et ferma les yeux. Le cheval avait un rythme régulier, la secousse n'était pas si désagréable. Elle calqua ce rythme à celui du cœur qui battait à son oreille. Une image fugace traversa sa mémoire. Elle avait déjà ressenti cela, cet abandon, cette sensation d'être protégée rien que par la présence d'un homme. Le spectre de son rêve récurrent se rappela à elle et elle se força pendant un instant à tenter de lui donner un visage. En vain. Elle rouvrit les yeux et regarda un instant la masse de cheveux au-dessus d'elle, où le gris prendrait bientôt le pas sur le brun. Qui était-il ?

Mara était insouciante, elle aimait la vie et elle lui faisait confiance. Ouverte aux autres, observatrice et suffisamment instruite pour répondre de manière efficace, elle n'avait de raison de craindre une existence médiocre. Elle avait choisi la liberté, de vivre et de penser.
Perdue dans ses réflexions, elle ne se rendit pas compte que l'animal s'était arrêté.

_________________
Torvar
A peine avait-elle enfourché Vorobei que la gamine s’était serrée tout contre Torvar. Ses deux minuscules mains venant le tenir fermement et si il avait eu un mouvement de surprise, rapidement il se détendit. Tout le monde ne naissait pas au sein d’un peuple nomade qui avait fait du cheval une merveilleuse conquête au point de le considérer comme un membre de sa famille comme de son clan.

Donnant de petits coups légers dans les flancs avec ses genoux, le cosaque fit avancer sa monture au pas. Même s’il était pressé de préparer ce maigre lapin, il n’en était pas moins conscient que monter à cru sur un cheval, même de petite taille n’était pas aisé pour tout le monde. Bien que lorsqu’il entendit la taquinerie de Mara à propos de l’âge cela lui donna envie de lui apprendre à vivre. Toutefois, il y réfléchit à deux fois car si elle lâchait prise, elle allait se retrouver les quatre fers en l'air et il perdrait encore du temps à la récupérer. Une fois suffisait !

Vorobei allait à son rythme et Torvar sentait la gamine tout contre lui. Drôle de sensation pour un homme solitaire comme lui. Même sa fille n’en faisait pas autant. N’osant bouger de peur de surprendre ou de briser cet instant de calme qui précédait certainement une tempête, le cosaque se concentra sur les attitudes de la gamine. Tantôt calme et sereine, il la sentait se tendre l’instant d’après et il se demanda ce qui avait bien pu arriver à une jeune donzelle pour être si changeante.

Le cheval ralenti son rythme de marche jusqu’à s’arrêter. Torvar lui flatta l’encolure comme il avait l’habitude de le faire puis d’un geste souple, il prit les mains de la gamine dans l’une des siennes afin de les lui défaire puis il passa une jambe par-dessus Vorobei afin de sauter au sol. Enfin, il regarda Mara avant de lui tendre les bras pour l’aider. La hauteur et le peu d’habitude qu’elle semblait manifester face au cheval lui faisait dire qu’un petit coup de mains était nécessaire. Par la même occasion il laissa traîner son regard sur la jeune fille qu’elle était afin de la détailler. Il pouvait le faire en toute impunité. Elle lui avait demandé son aide, l’avait suivi sans contrainte…. Torvar se demanda rapidement si la petite brunette n’était pas un peu dérangée de la tête car il était simplement qu’un étranger qu’elle avait croisé et qui aurait pu facilement abuser d’elle ou même la tuer sans que personne ne puisse rien faire… Les enfants de nos jours…

En parlant d’enfant, Torvar se retourna rapidement afin de chercher sa fille du regard. Elle aurait dû être là, elle aurait dû approcher en entendant Vorobei mais rien. Se pouvait-il qu’elle ait été chasser elle aussi ? Cette idée plut immédiatement au cosaque. Avec une bouche de plus à nourrir et un maigre lapin qui une fois dépiauté ne serait plus aussi avenant qu’il en avait l’air, un gibier de plus ne serait pas de refus. Mais avant de s’en retourner vers le feu de camp qui ronronnait doucement un peu plus à l’écart, Torvar se retourna si brusquement qu’il faillit se prendre la gamine en pleine poire.


- Au fait, c’est quoi ton nom ? Je ne partage pas mon repas avec des inconnus donc…

Et il attendait le cosaque. Parlera, parlera pas ?
_________________

Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Kallista

    Les yeux bleus de la cosaque reflétaient les mouvements du ciel. Plissés en direction des nuages, ils suivaient les battements d'aile d'un vol de perdrix, et la main féminine se ré-enroulait doucement autour du bois de l'arc. Kallista étira lentement son bras droit en remontant l'arc en direction de sa cible, amenant la corde rêche près de son visage, la pointe de la flèche suivant d'un geste soudain plus rapide le déplacement des oiseaux.

    Un sifflement bref, un "tchack" assourdi, un froufrou d'aile et des piaillements en désordre... Le vol se dispersait. Une masse informe tombait droit vers le sol. La quatrième perdrix de la journée fut bientôt ramassée.

    La jeune fille alla récupérer l'oiseau, qu'elle acheva, et l'accrocha à sa ceinture avec les trois autres. Quatre, pour deux personnes, c'était davantage qu'un repas, mais ils n'avaient pas encore fini leur voyage et il serait bien agréable de n'avoir pas besoin de chasser à nouveau demain. Une fois cuite, la viande pouvait être conservée quelques jours pour être mangée à cheval pendant le trajet.

    Les cheveux noirs, la peau mate, le visage fermé, Kallista était une fille des steppes. Elle avait appris à chasser et à se débrouiller, lorsqu'à la mort de sa mère son oncle l'avait adoptée dans sa propre famille, constituée de garçons. Elle chevauchait et tirait à l'arc aussi bien que les jeunes hommes de son âge, et n'avait que peu d'intérêt pour les frivolités des filles. C'était une cosaque, fière et droite, et toute sa loyauté allait à sa famille, pour laquelle elle se dévouait. Son père, Torvar, en était le premier bénéficiaire... même s'il n'avait pas été là pour l'élever. Point d'amour excentrique entre ces deux-là : un lien indéniable, une confiance aveugle, et une loyauté directe. Kallista n'était pas de ces filles qui traînent dans les jupes de leur mère ou qui réclament les baisers de leur père. Non, elle était juste Kallista. Elle était là. Présente et souvent muette. Attentive.

    Et quand ce jour-là elle revint au campement, ses quatre perdrix à la ceinture, elle aperçut une silhouette féminine auprès de son père...

_________________

Mara_jade
Il y a parfois des êtres qui sont envoyés du ciel. Personne n'y croit, personne ne les voit, et celui qui malgré tout le souhaite, celui là se tait.

Plongée dans une méditation intérieure, Mara fut surprise de sentir une main immense emprisonner les siennes, plus exactement ce fut la chaleur de sa paume qui sembla bruler sa main. Son premier réflexe aurait été de se défaire de cette sensation mais, par un abus de confiance extirpé d'elle ne savait où, elle se laissa faire. L'homme sauta à terre dans un mouvement souple, comme s'il ne faisait qu'un avec sa monture, et la brunette reposa ses mains sur le dos de l'animal pour ne pas perdre l'équilibre. Si monter lui avait semblé facile vu la technique du cavalier, descendre lui semblait une toute autre affaire. Passer la jambe devant, par l'arrière, se laisser glisser ou plutôt sauter ? Son regard croisa celui du chasseur et, lorsqu'il tendit les bras pour la rattraper, elle lui offrit un sourire aimable.

Pourquoi n'avait-elle pas peur de lui ? La question s'imposa à son esprit en un éclair, presque aussi vite que la réponse finalement. Quand elle avait senti la lame sur son cou et entendu cette voix grave à son oreille, il eut été facile pour lui d'en finir immediatement. Elle ne représentait rien, ni pour lui, ni pour le reste du monde.Sa disparition n'aurait eu aucun impact sur l'existence de qui que ce soit, du moins elle le pensait. Mais il n'en avait rien fait. Elle sentait quelque chose en lui, quelque chose qui le maintenait à une bonne limite de la porte à ne pas franchir.

Mara décida de simplement se laisser tomber de l'animal en direction des bras tendus. La réception ne fut ni des plus esthétiques, ni des plus délicates, son coude heurtant le torse du "réceptionniste", une jambe trainassant sur la croupe du cheval, elle s'agrippa au cou de l'homme en poussant un hoquet de surprise. Il la lâcha aussitot, la gamine retombant sur ses pieds, marmonnant quelques vagues excuses.
Il semblait chercher quelque chose, ou quelqu'un, du regard puis fit volte face et, Mara, plus ombre que jamais de lui-même, ne put que reculer d'un pas pour qu'il ne la fasse pas voltiger un peu plus loin.


    - Au fait, c’est quoi ton nom ? Je ne partage pas mon repas avec des inconnus donc…

    Mara Jade ! Je m'appelle Mara Jade ... Et toi, chasseur, tu as un nom ?


Son sourire au charme innocent s'étira sur son visage. Voila comment au fil des minutes écoulées, comment en quelques mots échangés, deux étrangers n'en étaient plus l'un pour l'autre. Soudain son attention fut détournée par un léger mouvement dans son champ de vision. Une jeune fille venait dans leur direction, elle portait un armement d'archer, et marchait d'un pas assuré, sans aucune crainte.

Ce qui frappa Mara, ce fut le calme sur le visage de la jeune fille, comme si aucune émotion ne s'y reflétait. Elle devait avoir à peu près le même âge qu'elle, mais paraissait de constitution beaucoup moins fragile que Mara. Et si elles étaient brunes toutes les deux, cette dernière avait le teint pale des gens du nord, des anglo-saxons, de ceux qui vivent plus sous la grisaille que sous le soleil. Elle était menue, fine et élancée, pas très grande et semblait peu adaptée a la vie en forêt. Pourtant elle y passait le plus clair de son temps depuis sa fuite de l'orphelinat.
La seconde différence résidait dans les expressions de Mara. Jamais avare de sourires, de grimaces, de bouderies s'il le fallait, une panoplie complète de langage sans mot, exprimée simplement par les sentiments qu'elle affichait.

Elle patienta, son regard naviguant de l'un à l'autre, se demandant qu'elle était le lien qui les unissait.

_________________
Torvar
Mara… Mara Jade. Voilà le prénom qu’elle venait de lui donner. Vrai ou faux, le Cosaque opta pour la vérité. Elle semblait ne pas avoir hésité pour le lui confier, lui l’inconnu dont elle devrait se méfier. Il était étrange comme les enfants ne réagissaient pas de la même manière. Question d’éducation. Kallista, il en était certain, aurait eu un moment d’hésitation avant de lui confier son identité bien que, en y réfléchissant, il n’était pas certain qu’elle aurait demandé de l’aide pour sortir de la forêt….

D’ailleurs en parlant de sa fille, il l’aperçut un peu plus loin avec son arc à la main. Elle avait sans doute trouvé le temps long depuis son départ et devait mourir de faim. D’un geste, il attrapa la bestiole qu’il avait ramenée et la lui montra en l’agitant de loin. Et secrètement, il espérait qu’elle soit bonne chasseuse car un lapin pour trois, ça risquait de faire juste. En attendant, il lui fallait dépiauter l’animal et pour le coup, il fit signe à la gamine de l’accompagner.


- Va me chercher la sacoche de cuir qui est à côté du feu… allez bouge-toi…

Lui pendant ce temps, il faisait quelques pas vers la droite où il trouva un arbre aux branches robustes et pas très hautes. Il y pendit le lapin, sortit son poignard de la ceinture et d’un geste sûr, rapide et sec, il fit le nécessaire afin de vider de son sang l’animal avant d’en entailler le pelage pour mieux le lui retirer. Il était inutile d’avoir une spectatrice pour ce genre de spectacle et sachant que sa besace n’était pas à l’endroit qu’il avait indiqué à Mara, il serait tranquille un petit moment… Juste de quoi faire son travail.

Le tout fut rapidement bouclé et Torvar revint au campement un sourire flottant sur ses lèvres. La gamine semblait résignée ou bien elle avait compris qu’il l’avait éloigné pour ne pas la choquer mais en tout cas, sa frimousse arracha un sourire malicieux au Cosaque. Se déplaçant lentement, il vint se planter devant le feu dont il remua les braises afin de faire repartir la flambée. Bientôt viendrait trôner un bon lapin au-dessus, se laissant dorer les chairs pour mieux les nourrir. Le vieux guerrier jeta un coup d’œil à la jeune fille puis lança.


- Torvar, c’est mon nom et elle là-bas… il désigna la brune chasseuse d’un geste du menton… elle c’est ma fille, Kallista.

Les présentations étaient faites. Et ils n’étaient plus vraiment des étrangers. Même si personne ne savait rien sur personne. Ah les joies des rencontres. Tout en remettant les pierres correctement autour du feu afin de le contenir, Torvar planta les deux branches qu’il avait taillé la veille afin d’y faire rôtir une poule d’eau qu’ils avaient chassé lui et sa fille. Dans le silence le plus complet il alla chercher son lapin, le piqua sur un pique de fortune et vint le positionner au-dessus des flammes. Le dos tourné à la gamine, il mettait un dernier point à son implantation quand il lui lança.

- Tu voulais l’agrémenter d’huile, moi j’ai des herbes… je te laisse faire… tu te débrouilles pour me rendre ce lapin aussi goûteux qui soit…

Puis s’allongeant à même le sol, Torvar sortit une fiole remplit de sa boisson fétiche. La Gorsalka dont il avala une bonne lampée.

- Tu ne croyais quand même pas que tu allais manger de MON lapin sans avoir aidé à faire quoi que ce soit. Faut gagner sa croûte dans la vie et vue que je t’ai aidé à sortir du bois où les vilains loups pouvaient te dévorer, c’est toi qui t’occupera de faire rôtir cette bête.

Elle n’allait quand même pas croire qu’elle se tournerait les pouces la p’tite ! Torvar n’était pas du genre à recueillir quelqu’un par bonté d’âme. Chacun sa part de travail et tout irait bien. Elle pourrait même rester un peu si elle le souhaitait mais pas sans rien faire. Relevant le nez tout en s’essuyant les lèvres du revers de la main, le cosaque observa Mara.

- Tu viens d’où Mara et surtout, tu vas où ? Quand on est une jeune et jolie donzelle, il n’est guère prudent de voyager en solitaire… surtout quand on a peur des loups…

Le sourire énigmatique qui flottait sur ses lèvres en disait long sur l’idée qu’il se faisait des loups… quatre pattes ou deux, c’était surtout ça qu’il fallait apprendre à reconnaître.
_________________

Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Mara_jade
Mara suivait son instinct. Ca pouvait paraitre aléatoire, mais quand en plus votre mémoire n'était plus très fiable, finalement c'était ce qui restait de mieux.
La jeune femme avait un don. Elle lisait dans les gens. Cet ange solitaire, sans ami ni famille, voguait au gré de la brise et se posait de-ci de-là, échangeant quelques mots en taverne avec d'autres voyageurs ou des autochtones. Et si ils semblaient surpris par son attitude, ils se rendaient vite compte de son aptitude. Souvent cela les mettait mal à l'aise mais elle, elle gardait le sourire. Jamais un mot plus haut que l'autre dans son élocution et il était rare qu'elle use d'emphase.
Ceci était son étude. Observer les gens, découvrir ce qu'ils cachaient de meilleur ou de pire, garder tout cela pour elle et continuer sa route afin d'en savoir toujours plus sur l'Homme, ses turpitudes et sa beauté.


    - Va me chercher la sacoche de cuir qui est à côté du feu… allez bouge-toi…


Le sourcil se haussa sur son visage. Elle allait devoir se faire non seulement à l'accent mais aussi au ton qu'il employait avec elle. Un sourire s'esquissa sur ses lèvres en se disant que l'enjeu était de taille cette fois-ci.

Une sacoche en cuir ... Mara se rapprocha du feu et son regard se reposa sur la jeune fille brune de l'autre coté. Elle hésita à lui adresser la parole et finalement préféra lui laisser encore un peu sa beauté statufiée.
Une sacoche en cuir ... Pas qu'elle cherchait vraiment mais bon, combien de sacoches pouvait-il avoir ? Lorsqu'il s'approcha du feu après un instant, et que son intérêt pour la dite sacoche avait disparu, elle compris la feinte et fit une moue. Après tout, il n'aurait eu qu'à le lui dire, elle n'avait aucune envie de le voir dépouiller le pauvre corps sans vie, le voir lui briser la nuque était suffisant pour elle.


    - Torvar, c’est mon nom et elle là-bas… elle c’est ma fille, Kallista.


Torvar, Kallista ... Son regard océan se reposa sur la brune. Quel effet cela faisait-il d'avoir un père ? Qui plus est, un père comme lui. Mara avait bien souvent imaginé ses parents, de la plus noble à la pire des représentations, mais à présent elle ne ressentait plus ce besoin d'avoir un père pour la protéger. Son sourire s'étira en direction de la jeune fille mais l'homme la stoppa dans son élan amical en la sommant pour la seconde fois d'un ordre. Décidément, il allait falloir ruser très rapidement.

    - Tu voulais l’agrémenter d’huile, moi j’ai des herbes… je te laisse faire… tu te débrouilles pour me rendre ce lapin aussi goûteux qui soit…


Après tout, c'était l'accord qu'elle-même avait voulu passer avec lui. Sa curiosité lui avait-elle fait passer la langue entre les dents trop rapidement ? Peut-être pas, elle était toujours là, tapie en elle et il fallait qu'elle découvre. Et puis, elle avait appris à cuisiner, à tuer non, mais à préparer un repas c'était dans ses cordes. On ne sortait pas d'une quinzaine d'années dans un orphelinat sans que les sœurs vous aient collé un minimum de choses dans le crane. Ce qui, d'après elles, devait faire de ces jeunes "écervelées" des femmes "parfaites".

    - Tu ne croyais quand même pas que tu allais manger de MON lapin sans avoir aidé à faire quoi que ce soit. Faut gagner sa croûte dans la vie et vue que je t’ai aidé à sortir du bois où les vilains loups pouvaient te dévorer, c’est toi qui t’occupera de faire rôtir cette bête.


Ce qu'elle croit ? Oh mais elle ne croit rien, elle apprend de lui, sur lui, à chacun de ses gestes, de ses mots. Et une chose est certaine, elle prend gout à le découvrir. Le regardant prendre ses aises, elle lui lance un sourire qui parle de lui-même.

Mara se retourna vers le feu et veilla à répartir les braises, il ne fallait pas que les flammes soient trop fortes pour ne pas cramer la viande, mais la chaleur devait être suffisamment élevée pour qu'elle cuise à point. D'un mouvement souple et leger, elle défit la besace de son dos et sortit la petite bouteille d'huile. Elle posa le tout au sol et fouilla les alentours pour dégoter un plat en terre, une cuillère en bois ainsi qu'un petit sachet de tissu, dont l'odeur n'était pas sans lui rappeler la garrigue provençale.

Accroupie devant le lapin, elle versa de l'huile dans le plat, y mêla des herbes et mélangea le tout avant d'en badigeonner la viande encore crue. La plat par en dessous récupérait les sucs. Ce serait sans doute long mais certainement bon. Elle renouvela l'opération plusieurs fois, puis tourna la broche du lapin pour que l'autre face en bénéficie de même.

Pendant ce temps, elle répondait d'un ton affable à la curiosité masculine.


    Je viens ... de loin. Un orphelinat, à Calais. Il y a déjà un moment que j'en ai fugué. Depuis, la vie me porte sur les chemins.


Elle tourna à demi son visage vers lui et émit un petit rire cristallin.

    Prudence est mon autre nom ... Les loups ... Il faut parfois savoir les apprivoiser, ca peut prendre du temps.


Elle reposa le plat et la cuillère pour venir s'asseoir près de lui. Ses genoux ramenés sous son menton, elle posa la tête sans vraiment s'y appuyer.

    J'ai observé que certains loups n'étaient qu'un leurre et s'avéraient n'être que des chiens sauvages. Mais ils ne s'aventurent guère dans le cœur des forêts, ils restent aux abords.


Son regard rencontra celui de Torvar. Lui, il connaissait les bois, leurs secrets, et savaient en tirer partie. Inculquait-il tout cela à sa fille ? Mara releva le visage en direction de Kallista, cherchant machinalement dans ses traits quelques ressemblances avec son géniteur.
_________________
Torvar
Un coup d’œil rapide en direction de sa fille qui, visiblement, était trop occupée à chasser pour venir à leur rencontre. Soit, si elle le décidait ainsi. Il était vrai que père et fille n’avaient pas vraiment de liens d’affection et Kallista n’accourait pas dès que Torvar apparaissait. Les années d’éloignement avaient fait leur œuvre et si le cosaque avait pris la décision d’aller chercher sa fille là-bas c’était pour lui éviter un destin peu enviable. Lui-même n’avait guère mieux traité sa mère. Revenant à Mara, il s’accommoderait de la présence de la jeune fille. D’ailleurs, son regard glissa dans sa direction, l’observa pendant qu’elle prenait soin de préparer le repas puis en le faisant cuir. Un léger sourire flotta sur les lèvres du cosaque avant d’écouter les quelques bribes de conversation que le gamine lui offrait.

- Calais…. Tu es bien loin de la chaumière qui t’a élevé… Et tu t’es échappée pour quelles raisons ? L’ennui du lieu ou bien l’esprit d’aventure ?

Il penchait pour la seconde solution. A première vue, la gamine avait besoin de liberté, cette liberté que tous appréciaient mais que peu finalement osaient embrasser. Alors il était curieux de savoir, de comprendre, de saisir ce qui faisait courir une jouvencelle qui se mettait en danger ainsi. Et il ne broncha pas d’un pouce lorsqu’elle vint à ses côtés. Il n’aimait guère la compagnie mais elle ne le dérangeait pas pour le moment… ou si peu.

Relevant le visage pour boire une gorgée de Gorsalka, il lui tendit la gourde avec un petit sourire en coin… Courageuse et téméraire ou bien courage mais prudente ? Torvar s’amusa de la situation en son for intérieur.


- Tu veux goûter ?.... c’est très bon et ça réveillerait un mort mais peut être que tu n’oseras pas…

Un tantinet provocateur, le cosaque s’en amusait. Il aimait voir ce que les gens avaient dans les tripes et la gamine, pour le moment, l’étonnait vraiment. Mise à part qu’elle avait voulu lui voler son repas, elle ne s’effarouchait pas comme toutes celles qui le voyaient la première fois. Même si il avait senti un empressement particulier à ce qu’il vienne à son secours, elle restait maitresse d’une quelconque peur qui viendrait lui bouffer les entrailles.

    *admirable de la part d’une si jeune donzelle mais qu’en est-il vraiment ? Quel masque m’offres-tu Mara ? Je t’invite à faire bombance mais après ? Qu’as-tu en tête jeune fille ?*


Torvar en était à se poser des questions lorsqu’il sentit le regard azuré de Mara sur lui. Il le capta ou bien le captura pour ne plus le lâcher durant quelques secondes, sondant ainsi sa résistance à tenir tête au géant cosaque puis enfin, la brunette changea de direction pour observer sa fille qui se tenait toujours à l’écart.


- Elle est sauvage…. Bien plus encore que moi ce qui n’est pas peu dire mais elle n'a pas l'habitude de ces terres… En tout cas, toi tu l’es moins c’est certain. Et ça va te mener où jeune demoiselle ? Après ce repas, tu sais où dormir ? Dans les bois, à la lisière de la forêt, dans le ventre d’un loup que tu n’auras pas vu venir…

Torvar se mit à rire. De ce rire fort et puissant qui le caractérisait. Il n’était pas moqueur mais parfois, la tentation était trop forte surtout lorsqu’il avait à faire à quelques personnes crédules. Se redressant sur son coude, il extirpa une pipe dissimulée la plupart du temps dans l’étoffe qui lui ceignait les hanches. Il y bourra quelques mixtures de sa composition issue de plantes de ses terres lointaines puis attrapa une petite branche afin de l’allumer. Il en tira quelques bouffées avant de reprendre sa place, s’allongeant à moitié, il regardait le ciel.

- Il y a de la place ici si tu as besoin de te poser… mais attention, je ne te fais pas la charité. Tu gagneras ta croûte en aidant à ramasser du bois et faire quelques menues tâches. Pour ce qui est des chevaux, tu ne t’en approches pas. Vorobei ne te connait pas et celui de Kallista est aussi sauvage qu’elle… Maintenant, si tu préfères repartir, je te conduirais à l’orée du bois après le repas et je ne veux plus rien savoir de toi après ça !
_________________

Une idée, une envie d'un RP ? N'hésitez pas, un MP.
Kallista

    Les plumes des perdrix s'étaient peu à peu entassée en un petit monticule sur le sol, au fur et à mesure que la chasseuse déshabillait les oiseaux de leur parure encore tiède. Accroupie à quelque distance du feu de camps, elle écoutait, silencieuse, les quelques bribes de conversation qui lui parvenaient. Quelle étrange idée que de recueillir une fille aussi visiblement peu débrouillarde ! Tout dans l'attitude de l'inconnue désignait à Kallista son inexpérience et sa fragilité. Elle en conçut un dédain spontané pour la petite chose fragile que semblait être Mara, et lorsqu'elle eut fini de plumer ses perdrix, de les vider, et qu'elle eut lavé ses mains et son visage à un filet d'eau qui coulait un peu plus loin, elle s'approcha du feu.

    Son regard n'effleura qu'à peine l'étrangère : elle n'était pas intéressante à ses yeux, risible et dérisoire. Son père devait s'être bien ramolli pour avoir l'idée de se traîner une gamine pareille ! La cosaque n'était pas une fille tendre, avouons-le, et elle ne prit pas la peine du moindre sourire envers qui que ce soit ; elle s'assit simplement à côté de lui après avoir piqué les perdrix à des branches qu'elle plaça au-dessus du feu.

    Telle était Kallista.

    Une fille dure dont le coeur n'avait jamais été attendri.


_________________

See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)