Soren
Résumé des épisodes précédents :
Épisode 1 : "Prendre le noir"
Épisode 2 : "Le noir te va si mal"
Épisode 3 : "Un Eriksen paie toujours ses dettes"
Épisode 1 : "Prendre le noir"
Épisode 2 : "Le noir te va si mal"
Épisode 3 : "Un Eriksen paie toujours ses dettes"
[Saison 2 - Épisode 4 : "La nuit est sombre et pleine de terreurs.*"]
Ce fut une drôle de journée. La nuit passé, j'ai arpenté sans relâche les rues de ce que les autres nomment "Bergerac". Dans quel but? J'avoue que je n'en sais trop rien. Peut-être espérai-je changer cette chemise ocre trop grande pour moi contre une mieux ajustée? Peut-être avais-je envie de me défaire de cette odeur de sanglier qui venait avec? Peut-être aussi espérais-je trouver une réponse à ces trous qui parsemaient ma mémoire. Je savais que je venais du Danemark. J'y avais été élevé. J'avais gardé en moi les souvenirs des folies réalisées avec les amis qui m'entouraient. Aalborg, Horsens, Jutland... Ces noms-là me parlaient. "Bergerac" et "Montauban" ne me disent rien. Pourtant, j'ai appris que je vivais ici depuis plusieurs moi. Étrange... Oui! Se sentir étranger dans le village où l'on habite soi-disant, c'est particulier. Tous ces bâtiments, toutes ces rues devraient me sembler familière et pourtant elles ne réveillent aucun souvenir en moi, aucune expérience passée bonne ou mauvaise. Ai-je déjà mis les pieds dans cette taverne? Y ai-je bu plus que de raison? Ce boulanger, me connait-il? Lui ai-je déjà acheté du pain?
Dans la rue, certaines personnes m'ont arrêté. Ils m'ont tapé sur l'épaule en me disant qu'ils me reconnaissaient bien là, à défier ainsi le premier venu. Défier? J'ai défié quelqu'un moi? Il semblerait que oui. Manu Harjent de Clisson! Tel serait le nom de celui que je dois affronter en lice! Mais pourquoi diable l'ai-je défié? Ça, on dirait que personne ne le sait réellement. Certains ont dit que c'est suite à une discussion mouvementée à la Boulasse de "Bergerac". D'autres prétendent qu'il aurait insulté ma soeur. Ah tiens! J'ai une soeur? Vraiment? Un troisième individu a prétendu qu'il aurait mis en doute mes qualités de maréchal. Qui croire? Comment se fier à quelqu'un quand on ne se rappelle plus rien de son passé proche? Des évènements dont ils parlent? A l'heure dite, je me suis présenté aux lices de ce village... "Bergerac"...Décidément, je ne m'y ferais pas... Et je n'ai croisé personne. Billevesées que tout ceci! Je suis trop crédule.
- Il n'a pas relevé le défi...Pour des raisons que lui seul connait.
Je ne connaissais pas l'homme qui m'a parlé. Son visage m'est inconnu.
- Moi?!?!?!? Je devais combattre quelqu'un et il s'est esquivé? Moi?
J'avais envie de crier mon nom haut et fort, comme si j'étais outré que quelqu'un refuse de se battre avec moi, comme si c'était l'offense la plus grâve qu'il pouvait me faire...Mais ma tête s'y refusait. Un petit groupe de personne avait commencé à se rassembler ici. Sans doute étaient-ils venu pour voir le combat. J'ai détesté les regards qu'ils ont posé sur moi. J'avais l'impression d'être le responsable, celui à cause de qui le spectacle n'aurait pas lieu. Responsable? Responsable de quoi?!?!? J'ai traversé les groupes de badauds, j'ai soutenu leur regard hautain et dédaigneux. Je les ai toisé avec autant de respect qu'eux m'en portaient.
- Moi, je suis là! Je n'ai pas eu peur de me battre! Si l'un de vous croise ce Manu Harjent de Clisson, dites-lui que je l'attendrai ici, demain, à la même heure qu'aujourd'hui! Oui! Dites-le lui!
Je ne savais même pas pourquoi j'ai crié ça. Je ne savais même pas pourquoi je devais me mesurer à ce Manu. Eux, tous ceux qui me regardaient, ils me défiaient! Ils se moquaient de moi, souriaient dans leur cape, pouffaient de rire entre eux. Eh bien, ils verraient demain si je suis homme à plaisanter! Et ce manu sera la victime expiatoire de tous ces quolibets que je dois souffrir ici!
Oui, ça, ce fut ma journée. Foutu journée. Je ne sais pourquoi mais j'ai ressenti le besoin de monter aux remparts de cette ville nommée "Bergerac". Il n'y a rien sur les remparts, rien excepté le vent qui vous mord le visage même en plein été. Je me suis emmitoufflé dans ma cape, et je me suis adossé au mur. Qui suis-je? Quel est mon nom? Et qu'est-ce que je fais ici car visiblement "Bergerac" est bien loin de Aalborg? La lumière de la lune se reflète sur la lame de mon épée que j'astique avec précaution avec un morceau de toile épaisse.Je ne me rappelle pas ce que je fais ici, je ne me rappelle même pas de mon nom. Mais je sais une chose : Erik Larsen doit mourir pour ce crime qu'il a commandité. et il mourra de ma main! Par cette même épée! "Père", elle n'avait commis aucun crime, et moi non plus! Tu n'avais pas le droit de la tuer. Les jointures de mes articulations blanchissent sous la pression de ma main qui se resserre sur la lame, entaillant la peau au passage. Le sang macule le chiffon de toile mais je n'y prêt guère attention. Mon esprit est ailleurs. Quelque part du côté d'Aalborg, dans un buisson où git le corps inerte d'une jeune fille. Ses vêtements ont été déchirés. Sa tenue est à la limite de la décence, laissant le haut de sa poitrine et de ses jambes offert aux regards des passants. Ses membres font des angles bizarres avc le reste de son corps. Une tâche rouge noir s'étale sur sa poitrine, au niveau de son coeur. La garde d'un poignard est la seule partie visible. La lame, elle, disparait dans son corps. Une trainée de sang a coulé de la commissure de ses lèvres jusque dans son cou. Ses yeux sont grands ouverts. Ses blonds cheveux ont été taillé, coupé au couteau, en mèches irrégulières, dévoilant même à certains endroits la peau de son crâne. Erik Larsen, pour ce crime, tu paieras de ta vie. Et dès ce soir! Tu n'aurais jamais du mettre les pieds à "Bergerac". Ce soir, je serais ton bourreau. Ce soir, tu vas payer ta dette!
* Mélisandre - Le trône de fer - G.R.R Martin
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