Alphonse_tabouret
... le premier murmure à l'oreille n'ont jamais reçu équivalence de musique ou de parole.
Rina Lasnier, Les Miroirs
Paris laissait ses ombres sagrandir dans un début de soirée où la clarté ne serait bientôt plus de mise, déclinant, dans la fin dun rideau rougeoyant jeté sur les toits les plus à lOuest quand ses ruelles accueillaient paisibles malgré les derniers passants pressés denfin rentrer, deux jeunes hommes marchant, parfumés dune flânerie qui naurait pas eu lieu dêtre quelques heures plus tôt.
La nuit tombait, emportant avec elle une journée de travail laborieuse durant laquelle, tour à tour assis, debout, un verre à la main ou prenant les mesures des catins, les trois hommes réunis dans le bureau de la Maison Basse avaient lentement assemblé les pièces dun puzzle quils mettraient en place dici quelques jours.
Avait-il eu vraiment besoin de raccompagner leur client à la sortie de cette réunion ? Non, il le savait, Adryan aussi le savait, quant à Nathan, sil lavait su, il nen avait fait aucun cas, laissant le jeune homme lui emboiter le pas. La raison de cette fuite effleurait à peine les pensées dAlphonse, et argumentant à son homme de main que cétait son rôle de comptable de veiller personnellement sur largent de lAphrodite, lavait planté sur le pas de la porte, sans rien ajouter de plus qu'un sourire amusé. A la vérité, il était doucement ivre, de ce moment dabord où lalcool vous enrobe juste de son moelleux et étire joliment vos lèvres dun sourire satisfait, et de Nathan ensuite, dont létonnante fraicheur avait réussi à percer jusque dans le bureau feutré où il travaillait. Curieux, éternellement, le flamand avait choisi de laisser sétioler dans le chemin menant à lhôtel de son client, ses restes denvies pour nen garder aucune frustration.
La conversation avait trainé sur quelques remarques aussi anodines que badines le temps quils sortent de la cour, étonnamment légères au vu du travail fourni durant laprès-midi, et une fois que la rue du bordel fut dépassée, le fauve, à laise, avec cette sensation de détachement souverain quil retrouvait avec un plaisir presquenfantin, nonchalant jusque dans sa gaité, tourna son regard sombre vers Nathan, et lui demanda, un sourire étirant la commissure de ses lèvres dans une moue malicieuse :
-Ne maviez-vous pas promis une histoire, Nathan ?
Le blond navait rien promis, mais lalcool avait pour lui darranger les mots dans une complicité fraiche et fragile mais irrémédiablement réjouie, de les exagérer pour le plaisir de remplacer le factice de livresse par la vérité des mots que lon partage.
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Rina Lasnier, Les Miroirs
Paris laissait ses ombres sagrandir dans un début de soirée où la clarté ne serait bientôt plus de mise, déclinant, dans la fin dun rideau rougeoyant jeté sur les toits les plus à lOuest quand ses ruelles accueillaient paisibles malgré les derniers passants pressés denfin rentrer, deux jeunes hommes marchant, parfumés dune flânerie qui naurait pas eu lieu dêtre quelques heures plus tôt.
La nuit tombait, emportant avec elle une journée de travail laborieuse durant laquelle, tour à tour assis, debout, un verre à la main ou prenant les mesures des catins, les trois hommes réunis dans le bureau de la Maison Basse avaient lentement assemblé les pièces dun puzzle quils mettraient en place dici quelques jours.
Avait-il eu vraiment besoin de raccompagner leur client à la sortie de cette réunion ? Non, il le savait, Adryan aussi le savait, quant à Nathan, sil lavait su, il nen avait fait aucun cas, laissant le jeune homme lui emboiter le pas. La raison de cette fuite effleurait à peine les pensées dAlphonse, et argumentant à son homme de main que cétait son rôle de comptable de veiller personnellement sur largent de lAphrodite, lavait planté sur le pas de la porte, sans rien ajouter de plus qu'un sourire amusé. A la vérité, il était doucement ivre, de ce moment dabord où lalcool vous enrobe juste de son moelleux et étire joliment vos lèvres dun sourire satisfait, et de Nathan ensuite, dont létonnante fraicheur avait réussi à percer jusque dans le bureau feutré où il travaillait. Curieux, éternellement, le flamand avait choisi de laisser sétioler dans le chemin menant à lhôtel de son client, ses restes denvies pour nen garder aucune frustration.
La conversation avait trainé sur quelques remarques aussi anodines que badines le temps quils sortent de la cour, étonnamment légères au vu du travail fourni durant laprès-midi, et une fois que la rue du bordel fut dépassée, le fauve, à laise, avec cette sensation de détachement souverain quil retrouvait avec un plaisir presquenfantin, nonchalant jusque dans sa gaité, tourna son regard sombre vers Nathan, et lui demanda, un sourire étirant la commissure de ses lèvres dans une moue malicieuse :
-Ne maviez-vous pas promis une histoire, Nathan ?
Le blond navait rien promis, mais lalcool avait pour lui darranger les mots dans une complicité fraiche et fragile mais irrémédiablement réjouie, de les exagérer pour le plaisir de remplacer le factice de livresse par la vérité des mots que lon partage.
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