Myrdinn
[KP - taverne - la veille au soir]
Je croise les bras et je reste silencieux. Vexé.
Tu n'as rien d'autre à ajouter?
Silence
Très bien alors. Au revoir.
Silence. Porte qui claque. Silence.
Il me faut peut-être une minute avant de finalement réagir. Je me lève et je crie soudainement
Reviens ici !
Mais il est trop tard, elle est sortie, elle est partie, elle est loin. Je fais les cent pas quelques minutes dans l'établissement désert. Je ne médite pas, je fulmine. Incapable d'avoir une pensée rationnelle, je repasse en boucle la soirée et l'altercation.
Je maudis la cousine de maman au passage. Parce que finalement c'est elle la première responsable. Je maudis ma soeur aussi, son entêtement ne vaut pas mieux. Maudites soient les femmes !
Quelque soit mon choix j'ai tort. Quelque soit ma décision, je me la verrai reprochée. Papa n'aimera pas. Maman ne manquera pas non plus de me déclarer coupable.
Mais la décision s'impose d'elle même. Bien que la tentation de ne suivre que l'avis et la volonté de ma soeur soit forte, je me range à l'"intérêt du plus grand nombre. Mamie et Merwen sont prévenus, ils savent. Nous ne bougerons pas ce soir. Ultime pépin de route qui nous retient à Kastell Pol depuis pas loin d'une semaine.
Nous ne sommes plus à ça près.
Et puis bien qu'en colère, Dôn ne partira pas. Elle ne peut pas. Pas sans Merwen. Pas sans moi. Nous le lui avons dit, elle le sait. Et puis il y a le pacte.
Un rien rassuré, je vais me coucher. Je ne décolère pas, mais la nuit contribuera sans doute à m'apaiser. La nuit règle tout bien souvent. Et le pacte est plus fort que ça.
Le pacte...
[KP - ce matin - même taverne]
Je reste là, les bras ballants, complètement coi. Sur le pas d'une porte ouverte sur une chambre d'auberge vide de son occupante, le tavernier sur mes talons qui s'explique.
Elle a payé, a pris ses affaires et est partie messire. Seule.
Je ne l'entend pas. Ou plutôt si je l'entend mais je ne l'écoute pas. Je suis anéanti. Perdu.
Dana est partie. Elle l'a fait.
Moi qui croyais que seule la colère peut vous faire perdre la tête au point de n'être plus en état de réfléchir, je m'aperçois brutalement que non. La surprise, cruelle, inattendue, peut vous faire chavirer l'âme, le coeur et l'esprit avec autant de force que la colère.
Car de colère il n'y a plus. Anéantie, comme le reste de mon être. Il n'y a plus de place que pour le vide et la tristesse. Le manque et l'amertume.
Merci...
De ce simple mot, je congédie l'aubergiste. Je m'appuie au chambranle de la porte, déboussolé. Je flanche, mentalement comme physiquement et finit par aller m'asseoir sur le lit. Et je reste là de longues minutes, perdu, le regard noyé dans les méandres de la légère cicatrice qui traverse la paume de ma main. Tu parles d'un pacte...
Dôn est partie et m'a abandonné.
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Je croise les bras et je reste silencieux. Vexé.
Tu n'as rien d'autre à ajouter?
Silence
Très bien alors. Au revoir.
Silence. Porte qui claque. Silence.
Il me faut peut-être une minute avant de finalement réagir. Je me lève et je crie soudainement
Reviens ici !
Mais il est trop tard, elle est sortie, elle est partie, elle est loin. Je fais les cent pas quelques minutes dans l'établissement désert. Je ne médite pas, je fulmine. Incapable d'avoir une pensée rationnelle, je repasse en boucle la soirée et l'altercation.
Je maudis la cousine de maman au passage. Parce que finalement c'est elle la première responsable. Je maudis ma soeur aussi, son entêtement ne vaut pas mieux. Maudites soient les femmes !
Quelque soit mon choix j'ai tort. Quelque soit ma décision, je me la verrai reprochée. Papa n'aimera pas. Maman ne manquera pas non plus de me déclarer coupable.
Mais la décision s'impose d'elle même. Bien que la tentation de ne suivre que l'avis et la volonté de ma soeur soit forte, je me range à l'"intérêt du plus grand nombre. Mamie et Merwen sont prévenus, ils savent. Nous ne bougerons pas ce soir. Ultime pépin de route qui nous retient à Kastell Pol depuis pas loin d'une semaine.
Nous ne sommes plus à ça près.
Et puis bien qu'en colère, Dôn ne partira pas. Elle ne peut pas. Pas sans Merwen. Pas sans moi. Nous le lui avons dit, elle le sait. Et puis il y a le pacte.
Un rien rassuré, je vais me coucher. Je ne décolère pas, mais la nuit contribuera sans doute à m'apaiser. La nuit règle tout bien souvent. Et le pacte est plus fort que ça.
Le pacte...
[KP - ce matin - même taverne]
Je reste là, les bras ballants, complètement coi. Sur le pas d'une porte ouverte sur une chambre d'auberge vide de son occupante, le tavernier sur mes talons qui s'explique.
Elle a payé, a pris ses affaires et est partie messire. Seule.
Je ne l'entend pas. Ou plutôt si je l'entend mais je ne l'écoute pas. Je suis anéanti. Perdu.
Dana est partie. Elle l'a fait.
Moi qui croyais que seule la colère peut vous faire perdre la tête au point de n'être plus en état de réfléchir, je m'aperçois brutalement que non. La surprise, cruelle, inattendue, peut vous faire chavirer l'âme, le coeur et l'esprit avec autant de force que la colère.
Car de colère il n'y a plus. Anéantie, comme le reste de mon être. Il n'y a plus de place que pour le vide et la tristesse. Le manque et l'amertume.
Merci...
De ce simple mot, je congédie l'aubergiste. Je m'appuie au chambranle de la porte, déboussolé. Je flanche, mentalement comme physiquement et finit par aller m'asseoir sur le lit. Et je reste là de longues minutes, perdu, le regard noyé dans les méandres de la légère cicatrice qui traverse la paume de ma main. Tu parles d'un pacte...
Dôn est partie et m'a abandonné.
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