Soren
Rien ne fonctionne comme prévu. D'abord ces cadavres qui parsèment l'échappée de la prisonnière. Et puis cette pluie qui rend la chasse à l'homme totalement incontrôlable. Maintenant, voici que la bande des Corléone refait surface. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Et dire qu'au début, tout ça ne devait être qu'une mascarade pour lui casser le moral à cette Lisreux! Foutu acte manqué ouais!
Derrière nous, le cri des loups s'atténue peu à peu. Ont-ils renoncé à la poursuite? Et les autres Corléone? Que font-ils? Mon archer maladroit, a t-il réussi à fuir? Trop de questions dans un laps de temps bien trop court. Je n'ai pas le temps de penser à ça. Le sol est totalement détrempé. A chaque pas que je fais, je crains quil ne se dérobe sous moi. Les pierres sont glissantes et l'humus s'effiloche en de longues coulisses liquides. La bouche ouverte à la recherche de la moindre parcelle d'air, le bras gauche tendu vers l'avant pour éviter le fouet des branches rebelles, je tire la Corléone pour hâter son pas. S'est-elle aperçue que sa famille est venue la chercher? Elle non plus ne doit pas trop penser : son esprit doit être guidé par une seule notion : marche...ou crève! Sur mes talons, je sens la présence de Plume et de son double. Enfin...J'espère que c'est bien son loup, sinon, c'est un brouet au jarret de danois et à la sauce italienne qu'il risque d'y avoir au repas!
Oui. Un seul objectif. Fuir au plus loin et au plus vite le lieu du combat précédent. Combien de Corlèone sont-ils ? Deux? Dix? Vingt? La pluie torrentielle alourdit mes vêtements. Chaque pas devient de plus en plus difficile. Un brasier ardent consume mes poumons. J'ai les muscles des bras qui sont tendus à en être douloureux. Ceux des jambes sont au bord de la tétanie. Je sens les crampes qui cherchent déjà à s'installer. Poursuivre, encore un peu pour ne pas tomber entre leurs griffes. Courir, sauter, s'abaisser, enjamber un ruisseau, circuler d'un arbre à un fourré, d'une clairière à un fossé. Aller jusqu'au bout. Toujours plus vite. Sans fléchir. Sans ralentir. Dans la précipitation, mon bras effleure le poignard danois qui pend à la ceinture...
- S'ils nous rattrapent, je te jure sur la tête de Syu que tu y passes!
C'est sorti tout seul. J'imagine qu'elle doit croire que je me moque. Jurer sur la tête de Syu Mais elle n'y connait rien. Rien de mes relations passées avec la rousse écossaise, ni des sentiments qui m'animent aujourd'hui. Sans doute d'ailleurs ne peut-elle rien comprendre. Quand on passe son temps à voler, piller et tuer, on a des idées bien différentes sur la nature humaine. Je le sais : le Søren mercenaire d'il y a quelques années n'a plus rien à voir avec celui d'aujourd'hui. Oh certes, je ne suis pas un ange et je doute que le Très-Haut accepte un jour de m'ouvrir les portes du paradis. Il y a un an, jamais je n'aurais eu de remords à traiter ma prisonnière comme je la traite aujourd'hui. L'échec de ce soir, jamais il n'aurait eu lieu. J'aurais fait ce qu'il y avait à faire : ne pas la voir comme une personne mais juste comme un tas de chair. J'ai été faible ce soir. Je le sais. Et les cadavres parsèment le chemin de cette comédie. La moindre erreur se paie cher de nos jours.
Et en parlant d'erreur, cogiter en est une autre. Quand tu cogites, tu fais moins attention à ton environnement. Quand tu fuis dans une nuit éclairée seulement par l'astre lunaire maléfique et quelques éclairs sporadiques, sous des trombes d'eau, l'environnement est ton plus grand ennemi. Enfin... au moins aussi grand que les Corléone qui pourraient être dans ton dos. Est-ce cela qui peut expliquer le pied qui glisse sur une pierre lisse? La cheville qui se tord entre deux racines traitresses? Le déboulé qui s'en suit, entrainant irrémédiablement à ma suite l'ombre attachée à mon poignet? Roulé. Boulé. La tête passe au dessus des épaules. Les bras s'emmêlent les uns aux autres pour ne pas former qu'une sorte d'amas de membres démantibulés dévalant une pente mouillée et finissant sa course au bord d'un précipice dont la hauteur est insondable et inquiétante. Les yeux écarquillés, les veines du cou proéminentes, les mèches de cheveux totalement détrempées et collées à mon visage, tout ça, et le reste de la tête, pend joyeusement au dessus du profond ravin. Il me faut quelque temps pour reprendre mes esprits, comprendre ce qui vient d'arriver et être capable de savoir ce qu'il faut faire désormais.
- Pluuuuume! Viens vite me débarrasser du poids qui appuie sur mon dos!
Puis, presque amicalement à la Corléone.. .
- Hé? Ça va? Pas trop de mal? Mais réponds-moi
Le regard va de la Corléone au gouffre dont je ne devine presque rien en face de moi. Il ne manquerait plus que le sol se dérobe sous moi pour que ce soiiiiiit..... Pourquoi faut-il que toutes les choses négatives auxquelles on pense arrivent? Hum? Quelqu'un peut-il m'expliquer ça? Inexorablement la masse corléono-danoise glisse sur le sol qui s'effrite sous son poids. J'essaie de me retenir en utilisant la main valide, mais toute la terre se désagrège au fur et à mesure. La panique grandit à mesure que les yeux s'écarquillent et que l'inévitable devienne réalité.
- Ooooooooh...
Plus dure sera la chute dit-on. Et elle l'est! Mon épaule risque de s'en souvenir longtemps encore, et les jambes qui ont amorti le contact avec le sol aussi. Je ne sais pas ce que ce bosquet d'arbres fait là, mais il est on ne peut mieux placé pour freiner notre déboulé. D'un côté du végétal, une ombre. De l'autre, un danois. Au milieu, tendu par une grosse branche, une chaine de métal qui va d'un poignet à un autre. Ooooouffff! Quelle nuit! J'en ai assez! Cette petite escapade doit s'arrêter là!
[Le lendemain après-midi, maréchaussée du Périgord-Angoumois, bureau de Sarlat]
- Plume, j'ai commis une erreur. Toute cette affaire aurait pu plus mal se terminer encore... malgré le fait que nous ayons déjà eu plusieurs victimes.
Au moins, ils étaient tous volontaires pour faire cette petite chasse aux Corléone. Et d'après ce qu'ils avaient déclaré, ils n'avaient pas vraiment de famille proche à s'occuper. Mais qu'importe! Oui, j'ai commis une erreur et ils l'ont payé cher.
- Il est temps d'en finir avec tout ça! Le blondinet est dans les parages? Parfait, on va en profiter. Tiens! Arrange-toi pour le retrouver et lui porter ceci. Il est temps d'abattre notre jeu et de clôturer la partie. Moi, je retourne à la grotte pour vérifier que la prisonnière ne nous a pas joué un vilain tour... et qu'elle est toujours en vie!
Derrière nous, le cri des loups s'atténue peu à peu. Ont-ils renoncé à la poursuite? Et les autres Corléone? Que font-ils? Mon archer maladroit, a t-il réussi à fuir? Trop de questions dans un laps de temps bien trop court. Je n'ai pas le temps de penser à ça. Le sol est totalement détrempé. A chaque pas que je fais, je crains quil ne se dérobe sous moi. Les pierres sont glissantes et l'humus s'effiloche en de longues coulisses liquides. La bouche ouverte à la recherche de la moindre parcelle d'air, le bras gauche tendu vers l'avant pour éviter le fouet des branches rebelles, je tire la Corléone pour hâter son pas. S'est-elle aperçue que sa famille est venue la chercher? Elle non plus ne doit pas trop penser : son esprit doit être guidé par une seule notion : marche...ou crève! Sur mes talons, je sens la présence de Plume et de son double. Enfin...J'espère que c'est bien son loup, sinon, c'est un brouet au jarret de danois et à la sauce italienne qu'il risque d'y avoir au repas!
Oui. Un seul objectif. Fuir au plus loin et au plus vite le lieu du combat précédent. Combien de Corlèone sont-ils ? Deux? Dix? Vingt? La pluie torrentielle alourdit mes vêtements. Chaque pas devient de plus en plus difficile. Un brasier ardent consume mes poumons. J'ai les muscles des bras qui sont tendus à en être douloureux. Ceux des jambes sont au bord de la tétanie. Je sens les crampes qui cherchent déjà à s'installer. Poursuivre, encore un peu pour ne pas tomber entre leurs griffes. Courir, sauter, s'abaisser, enjamber un ruisseau, circuler d'un arbre à un fourré, d'une clairière à un fossé. Aller jusqu'au bout. Toujours plus vite. Sans fléchir. Sans ralentir. Dans la précipitation, mon bras effleure le poignard danois qui pend à la ceinture...
- S'ils nous rattrapent, je te jure sur la tête de Syu que tu y passes!
C'est sorti tout seul. J'imagine qu'elle doit croire que je me moque. Jurer sur la tête de Syu Mais elle n'y connait rien. Rien de mes relations passées avec la rousse écossaise, ni des sentiments qui m'animent aujourd'hui. Sans doute d'ailleurs ne peut-elle rien comprendre. Quand on passe son temps à voler, piller et tuer, on a des idées bien différentes sur la nature humaine. Je le sais : le Søren mercenaire d'il y a quelques années n'a plus rien à voir avec celui d'aujourd'hui. Oh certes, je ne suis pas un ange et je doute que le Très-Haut accepte un jour de m'ouvrir les portes du paradis. Il y a un an, jamais je n'aurais eu de remords à traiter ma prisonnière comme je la traite aujourd'hui. L'échec de ce soir, jamais il n'aurait eu lieu. J'aurais fait ce qu'il y avait à faire : ne pas la voir comme une personne mais juste comme un tas de chair. J'ai été faible ce soir. Je le sais. Et les cadavres parsèment le chemin de cette comédie. La moindre erreur se paie cher de nos jours.
Et en parlant d'erreur, cogiter en est une autre. Quand tu cogites, tu fais moins attention à ton environnement. Quand tu fuis dans une nuit éclairée seulement par l'astre lunaire maléfique et quelques éclairs sporadiques, sous des trombes d'eau, l'environnement est ton plus grand ennemi. Enfin... au moins aussi grand que les Corléone qui pourraient être dans ton dos. Est-ce cela qui peut expliquer le pied qui glisse sur une pierre lisse? La cheville qui se tord entre deux racines traitresses? Le déboulé qui s'en suit, entrainant irrémédiablement à ma suite l'ombre attachée à mon poignet? Roulé. Boulé. La tête passe au dessus des épaules. Les bras s'emmêlent les uns aux autres pour ne pas former qu'une sorte d'amas de membres démantibulés dévalant une pente mouillée et finissant sa course au bord d'un précipice dont la hauteur est insondable et inquiétante. Les yeux écarquillés, les veines du cou proéminentes, les mèches de cheveux totalement détrempées et collées à mon visage, tout ça, et le reste de la tête, pend joyeusement au dessus du profond ravin. Il me faut quelque temps pour reprendre mes esprits, comprendre ce qui vient d'arriver et être capable de savoir ce qu'il faut faire désormais.
- Pluuuuume! Viens vite me débarrasser du poids qui appuie sur mon dos!
Puis, presque amicalement à la Corléone.. .
- Hé? Ça va? Pas trop de mal? Mais réponds-moi
Le regard va de la Corléone au gouffre dont je ne devine presque rien en face de moi. Il ne manquerait plus que le sol se dérobe sous moi pour que ce soiiiiiit..... Pourquoi faut-il que toutes les choses négatives auxquelles on pense arrivent? Hum? Quelqu'un peut-il m'expliquer ça? Inexorablement la masse corléono-danoise glisse sur le sol qui s'effrite sous son poids. J'essaie de me retenir en utilisant la main valide, mais toute la terre se désagrège au fur et à mesure. La panique grandit à mesure que les yeux s'écarquillent et que l'inévitable devienne réalité.
- Ooooooooh...
Plus dure sera la chute dit-on. Et elle l'est! Mon épaule risque de s'en souvenir longtemps encore, et les jambes qui ont amorti le contact avec le sol aussi. Je ne sais pas ce que ce bosquet d'arbres fait là, mais il est on ne peut mieux placé pour freiner notre déboulé. D'un côté du végétal, une ombre. De l'autre, un danois. Au milieu, tendu par une grosse branche, une chaine de métal qui va d'un poignet à un autre. Ooooouffff! Quelle nuit! J'en ai assez! Cette petite escapade doit s'arrêter là!
[Le lendemain après-midi, maréchaussée du Périgord-Angoumois, bureau de Sarlat]
- Plume, j'ai commis une erreur. Toute cette affaire aurait pu plus mal se terminer encore... malgré le fait que nous ayons déjà eu plusieurs victimes.
Au moins, ils étaient tous volontaires pour faire cette petite chasse aux Corléone. Et d'après ce qu'ils avaient déclaré, ils n'avaient pas vraiment de famille proche à s'occuper. Mais qu'importe! Oui, j'ai commis une erreur et ils l'ont payé cher.
- Il est temps d'en finir avec tout ça! Le blondinet est dans les parages? Parfait, on va en profiter. Tiens! Arrange-toi pour le retrouver et lui porter ceci. Il est temps d'abattre notre jeu et de clôturer la partie. Moi, je retourne à la grotte pour vérifier que la prisonnière ne nous a pas joué un vilain tour... et qu'elle est toujours en vie!
Citation:
De Søren MacFadyen Eriksen
Au blondinet de la troupe des Corléone.
On va faire court : j'ai votre complice. Je vous la rends. A une seule condition : je veux que vous me livriez Syuzanna NicDouggal. Si vous êtes d'accord, dites-moi où et quand on peut procéder à l'échange. Il n'y a pas d'entourloupe de mon côté, c'est Syu que je veux. Je ne lui ferais aucun mal. Si j'ai les informations que je désire, Syu sera ensuite également libérée.
Envoyez votre réponse à la maréchaussée du Périgord-Angoumois, bureau de Sarlat. Il me semble que vous savez où elle se situe.
Søren
- Ah... Et Plume? Fais renforcer la garde autour des bureaux de Sarlat. On ne sait jamais...
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