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[RP] Neuf mois

Judas
    "Elle posera les yeux sur toi et ces yeux là t'apprendront que les autres, sans le vouloir, sont un combat permanent. "


    [Quelque part sur la route de Bretagne]


Tu la verras immédiatement.

Pas parce qu'elle est belle, ni parce qu'elle est froide comme les premières neiges non... Ce ne sera pas pour ses yeux sans teint ni pour sa démarche souveraine, semblant faire frémir des parterres de chrysanthèmes.

Elle a une balafre qui lui barre le visage, un sourire forcé.

Les yeux corbeaux semblent ajouter que cela, il ne pourra pas le rater. On ne rate pas la Roide lorsqu'elle nous frôle, lorsque ses traits nous embrassent. On entame une histoire.

La sienne? Une histoire de passion, malsaine et puissante. Pour toi messager, ce sera sans doute une histoire de haine. Toute la haine qu'elle me vouera lorsque tu lui remettras le pli sans mot dire. Une haine par procuration. Dieu dans sa bonté te fût miséricordieux. Il ne te donna pas la parole mais te fit des jambes. Tu en auras besoin.

Judas claque une tape dans le dos du jeune homme, semblant l'encourager à ne pas faire erreur sur le destinataire. Le pli passe d'une main de cuir à une autre, souple et douce. Le cavalier s'échappe. Le message qu'il transporte est bien léger, un vélin quasi vierge et une mèche de cheveux. Courte, souple et brune comme la nuit, volée dans la boite à bijoux d'Isaure. Quelques initiales à l'encre, pas de sceau. Pas de mots.

    "AFK.VF"


Neuf mois qu'il avait emporté leur enfant, se coupant d'elle pour étouffer le scandale. Sait-on... Les mères sont portées par des sentiments et des réactions obscures à la face du monde, des instincts destructeurs dont la raison n'est parfois pas toujours le coeur. L'éloignement était un mal nécessaire. Frayner attendit que les bruits de sabots disparaissent pour réfléchir au geste commit. N'était-ce pas prématuré? Pouvait-il encore attendre... Il se signa. Le jeune muet saurait la trouver, sans aucun doute.

_________________
Anaon

Et quand le temps se lasse, de n'être que tué,
Plus une seconde ne passe, dans les vies d'uniformité.
Quand de peines en méfiance, de larmes en plus jamais,
Puis de dépit en défiance, on apprend à se résigner...
Viennent les heures sombres, où tout peut enfin s'allumer,
Où quand les vies ne sont plus qu'ombres, restent nos rêves à inventer …

Il me dit que je suis belle,
Et qu'il n'attendait que moi !
Il me dit...



    _ Beau sourire !

    … que je suis celle juste faite pour ses bras. Il parle comme on caresse, de mot qui n'existent pas, de touj...

    _ Beau sourire !!

    On titille sa conscience. Elle prête un sens distrait à la voix qui claironne au loin. Le monde sous ses doigts prend enfin consistance. Le manche est rugueux sous sa peau. Et la gueule de chair ouverte devant elle exhale une odeur de suc acide et de rouille sucrée. Les gestes devenus machinaux se font alors pleinement conscients. Le couteau fend soigneusement le charnu sanguinolent d'un muscle et les doigts plongent pour décrocher les dernières traces de viscères. L'espèce de brouet s'écoulent de ses mains pour s'écraser à ses pieds dans un bruit spongieux. Le seau est prêt à déborder.

    La vie de mercenaire, on l'imagine bohème. A écumer les tavernes en recherche de contrat, du sang plein les mains, mais de l'adrénaline plein les veines. Les mercenaires, on les imagine stoïques et charismatiques, parfois comme des noble parachevés de cuir, exécutants de basses œuvres à qui l'on voue pourtant un respect profond ou une admiration voilé. Le mal fantasmé. Mais le mercenaire est avant tout quelqu'un qui cherche à gagner sa pitance par tous les moyens. Quand rien ne se profile sur un horizon trop calme, il s'évertue à s'engager là où il y a de la place. Plus tard, çà s'appellera le "Pôle Emplois". A cette époque çà s'appelle le "J'ai pas l'choix".

    C'est dans l'une des boucheries de Paris que l'Anaon s'est dégottée un brin de gagne-pain. "L'travail de la barbaque, c'pas une affaire de bonne femme !"... mais l'Anaon a su prouvé qu'elle avait la coupe la plus chirurgicale de la capitale. Expériences passées et aptitudes variées. Voilà donc la balafrée qui passe ses journées à évider des cadavres et à renifler la mort.

    Le visage n'a pas d'expression. Ni dégout ni intérêt. Tout est réflexe et déjà vu. Elle avait, au début, trouvé une utilité à sa tâche. Comme une vieille leçon de révision. La balafrée se rappelait avec un semblant de nostalgie l'époque où elle jouait les pilleuses de tombes pour exhumer les secrets que la science laissait inavoués dans les arcanes du corps humain. Les facultés et l'Eglise crieront au sacrilège. Elle, elle appelait çà le Progrès. N'en déplaise à Asclépios et ses successeurs. Mais les échines de porc et les carcasse de bœuf ne lui apprenaient plus grand-chose...

    _ Foutreciel... ANAON !

    Comme un chiot ou un cheval que l'on félicite pour une bonne action, la mercenaire daigne enfin prêter attention à l'homme qui braille enfin son prénom dans son lot de sobriquet à la con. Les mains se saisissent d'un linge avant de rejoindre son patron tout en s'essuyant les paumes. La masse patiente devant l'entrée. A chaque fois que l'ainée pose son regard sur la trogne du gars, elle a l'impression de contempler la proue grignotée d'un navire. Il a la peau tellement grêlée qu'on la croirait incrustée de clams et autres bestioles maritimes. Le boucher lance un regard à la porte puis à elle.

    _ Pour toi...

    Il s'éloigne et c'est alors seulement que l'Anaon prend conscience du freluquet qui patiente dans l'embrasure. Elle ne dit rien. Le regard interroge suffisamment. Le gamin la lorgne un moment avant de lui tendre avec conviction un petit pli. Sergueï aurait encore répondu ? Prestement, la balafrée efface les dernières traces de souillure sur ses doigts avant d'attraper le papier et de renvoyer le messager. Elle s'en retourne près de son porc, chassant d'un coup de botte le cabot pouilleux du boucher qui fouille dans le seau à boyaux. Elle hait ce clébard. Il est vicelard et mauvais. Les azurites dévorent le vélin tout replié. Elle devrait prendre le temps de le savourer après son travail... mais... L'impatience est trop grande, elle défait avec soin la lettre pliée comme un minuscule paquet et manque de faire tomber ce qui se trouve en son centre. Les doigts se referment de justesse. Une... une mèche de cheveux ?

    La dextre lève sa trouvaille devant ses prunelles perplexes. La mèche est petite, soyeuse. Noire. Les azurites s'abaissent sur la lettre.

    AFK.VF

    Une giclée d'adrénaline lui crame les veines.

    AFK.VF.

    Amadeus... Kenan Von Frayner ? Un F... Pourquoi un F ? Le regard va de la mèche aux lettres, de la lettre aux cheveux. Sa poitrine se compresse. Les doigts se relâchent. La prise choit mollement. La femme s'accroupi d'un bond pour sauver in-extremis les cheveux de la souillure, claquant au passage un pain au cabot qui cherche à lui gnaquer les doigts.

    AFK.VF.

    D'un geste elle se redresse. Elle ne réfléchit pas, ses jambes commandent. Elle déboule au dehors de la boucherie, cherchant le coursier du regard. Dans son dos le hurlement furieux du grêlé résonne comme une tempête. La panique. Coup d'oeil à gauche, à droite. La foule. Les guenilles miteuses, les trognes déglinguées. Çà gueule encore plus fort. Le ballet rance des travailleurs miteux de la capitale. Elle ne voit pas le maigre. Son nom éclate à ses tympans. La balafrée se retourne, prête à mordre, braquant sur le boucher un regard qui n'a plus rien d'humain. Angoisse et rage animal. Les battements de son cœur se calment subitement. Les azurites fouillent encore les passants. Le messager a disparu. Paris l'a englouti.

    A demie sonnée et résignée, la balafrée fait demi-tour, sourde aux invectives du patron qui manque de lui postillonner au visage. Sa paume s'ouvre... sur son trésor. C'est les cheveux... de son fils. Son tout petit... qu'elle n'a jamais connu.

    Il faut qu'elle se remette le cœur en place.

    Avec une infime précaution, la balafrée range la mèche et le pli dans son escarcelle. Ce n'est pas l'endroit pour exhiber pareille richesse. Le couteau abandonné plus tôt est attrapé par des mains d'automate. Elle se replace devant la carcasse pendue par les pieds. Ses doigts... Ils tremblent.

    Retrouver sa contenance.

    Qui lui a écrit ? Judas ? Rosalinde ? C'est Rosalinde oui... Elle ne veut pas que ce soit Judas... Du moins, elle ne sait pas si elle ne le voulait vraiment pas... Rosalinde aurait signée, elle. Mais Judas n'aurait pas pris la peine de lui écrire. Pourtant... elle croit bien que c'était son écriture. Elle ne veut pas vérifier. Elle n'ose pas.

    La lame se plante dans la matière molle. Le trait est malhabile. Judas... Maudit Judas. On croit que c'est fini, mais çà revient toujours. Comme une vieille douleur tapis dans la poitrine. Le fer ripe contre les côtes sectionnées, pique le cœur. Le cœur. Les sourcils se froncent. Ce pauvre cœur est mort d'épuisement, d'avoir trop enduré la douleur et les saignements. Bien soigneusement, la mercenaire sectionne les artères pour déloger l'organe de son carcan de veine et de suif. Que n'a-t-il pas eu de chance ce pauvre cœur d'être tombé sur un bourreau pareil. Il aurait pu continuer de battre s'il n'avait fait cette rencontre fatale. Chaque battement a dû pourtant lui graver la mémoire de si précieux instants. Mais maintenant... il est inerte. Les doigts se referment un peu et le l'organe du porc suinte d'hémoglobine comme une éponge gorgée jusqu'à l'écœurement.

    Dieux... que çà fait mal.

    Une inspiration douloureuse passe dans ses poumons. Elle sait quelle réponse donner à Judas.



    Elle ira acheter plus tard, un joli coffret fait dans un beau bois. Avec un moraillon de fer tout ouvragé. Et dans son nid de velours, le coffret s'en ira trouver son destinataire, sans autre mot ni signature que la balafre gravée sur son couvercle. Comme un demi-sourire qui s'étire malgré lui.
    Et dans ses entrailles, attendant qu'on le révèle, un joli cœur de porc sommeille, encore sanglant.



Plus de trahison, de peines, mon scénario n'en veut pas.
Il me dit que je suis Reyne, et pauvre de moi j'y crois...


Musique : " Il me dit que je suis belle ", Patricia Kaas
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- Anaon dit Anaonne - [Clik]
Judas
F, pour Foulques.

Foulques et sa signification bénie.

Judas observe le coffret puis le jeune messager. Le jeune messager puis le coffret. Dubitatif.


Et c'est tout?

Il le prend au col sans grande douceur, le fait tourner sur lui même en lui pinçant les joues, observant dans son cou. Il regarde ses mains, menues, qu'il prend dans les siennes, gantées.

Pas d'entaille, pas de bleu, pas même une égratignure...

Il le lâche, soutenant le regard mauvais du muet qui n'apprécie pas trop de se faire poupée de chiffon au bon vouloir du seigneur.


Ne me regarde pas ainsi... C'était bien la peine que je lui envoie un muet pour qu'elle ne tente même pas d'en savoir plus.


Le timbre de rocaille semble agacé, le seigneur sagace est quelque peu... contrarié. L'Anaon aurait donc changé? Il n'aime pas les changements dont il n'est l'instigateur. Il n'aime pas les mille possibilités de ce changement. Anaon aurait dû tenter d'arracher les mots que le jeune homme ne pouvait lui donner, prendre ombrage de la provocation de Judas à la trouver sans lui laisser l'occasion de le trouver. Peste Mère-cenaire, s'en fichait-elle? Non.. Non...

Impossible. Improbable. Inacceptable. Pas tant qu'il avait son fils. Pas tant qu'il tiendrait encore une corde invisible entre eux, de son cou à son gant. Il n'accepterait pas son coeur libéré, il avait bien envisagé qu'elle ne l'aima plus mais...

Il logea dans la main du muet chanceux le reste de sa solde, l'invitant d'un geste à s'en aller. Pivotant sur ses jambes, le seigneur chevelu se frotta la joue nerveusement. Il tendit la senestre vers le coffret. Qu'as tu encore à dire après la défaite, Roide de toi... Fébrile, il l'ouvrit sans faire languir, amorça un imperceptible mouvement de recul. Le gant épousa un mouchoir dans une poche et vint faire ménage à trois avec l'odorat délicat du satrape. La pestilence du présent lui alla droit au coeur, qu'il souleva d'un spasme. Le bois claqua en se refermant aussi sec.

Sous le mouchoir, un sourire. Etriqué et étouffé certes, mais les lèvres s'étaient étirées tout de même. L'Anaon n'était pas totalement encore cette étrangère dépeinte par le muet dans son aberrante intégralité. Le message avait été reçu en sus d'avoir obtenu une réponse des plus rassurantes... Il n'y a que l'indifférence pour prouver qu'il n'existe plus rien au delà. Celle qui avait été son amante, aimante, ne l'avait pas encore embrassée.

Le présent reçu ressemblait à celui qu'il avait envoyé à une certaine Isaure Wagner, avant qu'elle ne devienne malgré lui son épouse. D'un coeur à une tête, ça n'a jamais que la même odeur au bout de quelques jours de voyage dans une jolie boite... Il chassa cette pensée. Anaon n'apprécierait pas qu'il loge cette image maritale encore entre eux. Du moins le croit-il. L'espère-t-il. L'espoir étant l'apanage des sots, Frayner fit jeter le coeur de porc et laver le coffret. Quelques jours plus tard, le muet fut renvoyé sur les traces de la Roide.


Rend lui son présent.


Si tout s'effectuait comme il l'espérait, l'Anaon répondrait de nouveau.

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Anaon

    De regard à regard.

    L'encadrement de la porte voit se jouer un face à face bien silencieux. Elle supporte sagement de son bois la main qui s'y appuie de tout son poids. Bout de chair rattaché à un corps pas des plus frais. Les nuits n'ont pas été tendres pour la mercenaire. Elle fixe d'un air sceptique le messager qui se retrouve à nouveau devant elle. A la lisière de sa chambre. Les paupières s'abattent sur les prunelles outremer. Le blanc laiteux qui les auréole s'est écorché de vermeil. Cette herbe à fumer qu'elle a acheté à un Maure quelques jours auparavant... çà vous buterait un cheval.

    Brisant l'immobilité de l'instant d'un froissement d'air, le gamin lui tend d'un geste résolu la boite qu'elle avait fait envoyer à Judas précédemment. Ainsi, il a à nouveau répondu. A sa manière. La seule existence de cette réponse est déjà une surprise. La balafrée se saisit de l'objet sans prêter un regard au coursier, mais avant que ce dernier ne se dérobe, elle dépose sa main sur son épaule, refermant un à un ses doigts dans une lenteur archéenne. Elle l'invite à franchir le pas de la porte avec une douceur qui cache une fourbe autorité. Calant la boite sur sa hanche, elle fait sauter le loquet du pouce, tendue par une appréhension certaine. Mais quand elle l'ouvre... Rien.

    Latence.

    La main tourne la boite, la retourne, la secoue. Toujours rien. Un regard vif vers le gamin. Il hausse les épaules.

    _ Rien d'autre ?

    Il fait non de la tête.

    _ Qu'est-ce qu'on t'a dit alors ?

    D'un geste des doigts portés vers ses lèvres, le jeunot lui fait comprendre qu'il ne peut pas parler. Et merde... Si de nos jours, le langage des signes n'est même pas universel, à cette époque, les muets sont le plus souvent cloîtré dans des hospices où on les considère comme de parfaits abrutis. Mais cette déficience, l'Anaon l'a bien connue. Sa fille était muette... De ce fait, elle a su aiguiser sa pensée à décrypter le langage caché du corps.

    _ Tu as une tête et des mains ! C'est suffisant pour parler. Alors confirme-le moi maintenant, c'est bien un homme qui t'envoies? Noble qui plus est ?

    Le muet redresse le nez d'un air bravache. La femme scinde son audace d'un regard glacial et d'une voix bien trop calme.

    _ Ne crois pas que je vais te payer pour la moindre information. Tu t'arrangeras avec celui qui t'emploie. Mais là, nous allons jouer à un petit jeu très simple. A chaque fois que tu me répondras par ton silence, tu gagneras un point d'Obstination, et moi, j'en perdrais un de Patience. Si tu fais tomber mon score à zéro, je te tue. Fais bien attention, car mon quota pourrait bien tenir sur les doigts d'une seule de tes mains.

    Elle voit le regard qui se trouble et qui hésite à la prendre au sérieux. Les doigts désamorcent la fuite en s'enfonçant douloureusement dans le creux délicat situé juste sous la jonction de la clavicule et de l'acromion.

    _ Donc, je disais, c'est bien un homme noble qui t'envoie ? Aux longs cheveux noirs ?

    Un "oui" paniqué de la tête. Étrangement, le coursier démontre une subite propension à la collaboration.

    _ T'as-t-il dis ce qu'il voulait ? Que tu m'espionnes ? Prends gardes, tu n'as que les yeux pour mentir. Tâche de les utiliser convenablement.

    Un tremblement. Un "non" et un "non". Soit... A quoi jouait Judas, alors ? S'il s'en foutait d'elle, il n'aurait pas pris la peine de lui retourner le coffret. Mais il n'y a joint aucun mot. Il ne veut pas renouer le contact. Ou du moins.... il veut seulement se rappeler à elle. Avec tout le dédain du monde. Lui imposer sournoisement son existence. Elle soupèse le coffret.

    _ Judas Von Frayner...

    Un "oui" de la tête.

    _... je ne suis pas en train de te parler.

    Il veut jouer. Il a allumé le feu, mais... Elle s'est énuclée le cœur à grand peine, ce n'est pas pour ré-ouvrir les yeux. Elle refuse de voir ce que Judas a semé dans sa poitrine. L'Indélébile qu'elle aurait volontiers voué à un autre. Non, elle aimerait ne pas répondre, se préserver encore de son influence et se draper dans l'ignorance. Nous n'en somme plus à la haine-amour qui a pu les porter autrefois. L'Anaon ne voit désormais en leur histoire passée qu'un abominable mensonge. Une illusion qui a duré jusqu'à ce que Judas l'achève un fameux 21 Janvier. Il s'est joué d'elle et veut jouer encore. Elle aimerait, ne pas répondre... mais Judas a l'argument lové dans son camp. Son fils. Non, elle ne dira pas "leur". Ce fils dont elle ne sait pas même à quoi il ressemble. Elle a attendu trop longtemps... Le regard contemple le vague... La voix se fait plus douce.

    _ As-tu vu son enfant ?

    Non. Le regard de l'Anaon se tourne vers le jeunot. Il réitère son geste. La poigne consent enfin à se relâcher sur l'épaule meurtrie et le timbre se fait à nouveau de fer.

    _ Tu vas repartir et tu reviendras dans quinze jours très exactement. Pas un de plus, ni un de moins. A l'exacte même heure. Et ne te défiles pas... Si tu as été capable de me retrouver, moi aussi je peux le faire et le faire bien mieux que toi. Le noble te payera grassement ces services que tu lui rends.

    Et l'Anaon s'en retourne au silence de sa chambre. Elle répondra, oui, si elle peut tenir le fil ténu qui la tient à son fils, elle le fera. Mais elle répondra au père avec toute la condescendance dont le monde est capable. Et cela commence dans le fait d'imposer l'attente.

    La balafrée retourne à sa couche et s'y allonge, raide, les mains croisées sur son ventre comme un gisant contemplant éternellement le ciel. Le coffret est à côté d'elle. L'esprit se tracasse. Les méninges se torturent. Que dire... Que faire ? Le temps passe. Elle tisse et défait l'écheveau de ses pensées jusqu'à ce qu'une pointe lui traverse enfin le crâne. L'éclair de l'idée. Elle se redresse et sa main attrape un chiffon qui traine sur la table de chevet. Elle se saisit du coffret et l'ouvre au trois-quart. Elle tend la pièce de tissu, obstruant l'ouverture de la boite. Un bout tenu sur la tranche du couvercle, l'autre sur la tranche qui lui fait face, si bien qu'accroché de la sorte, la boite ne pourrait pas être ouverte davantage. A moins d'en déchirer l'étoffe. La mercenaire referme la boite. Le tissu se plie à l'intérieur. Elle la ré-ouvre. Le tissu se tend comme une voile. Réflexion... Elle se lève pour aller chercher quelques miettes de pain sous l'œil curieux de son canin de fils. Elle retrouve son lit et recommence son manège, mais cette fois, elle coince les miettes dans le tissu replié. Elle ferme le coffre. L'ouvre brusquement. Par effet trampoline et sous la vivacité de la toile subitement tendue, les miettes de pain lui sont éjectées au visage... Parfait. Tout simplement parfait. Il suffirait de placer de la résine sur le rebord du couvercle, le coller, tant et si bien qu'il faudrait forcement un geste brusque pour pouvoir l'ouvrir.... Parfaitement parfait. Les mains referment lentement le coffre. Ses méninges entrent en ébullition. Une véritable fusion. Derrière la balafre qui lui scie les lèvres un rictus tendrait presque à apparaître. L'Anaon se rallonge alors... ses rêves échafauderont pour elle.

    Deux semaines plus tard, le muet reviendra. L' Anaon aura soigneusement préparé son présent. Elle aura gorgé le velours du coffret d'un mélange de vitriol et d'alcool pur. Aujourd'hui nous appelons cela "éther". Elle aura accroché ce fameux bout de linge dans lequel elle aura placé un parfum que Judas connait bien : Ipomée coupée avec d'autre substance aux effets bien plus nauséeux et désastreux. Un cocktail méphitique qui rendrait n'importe quel homme malade pendant plusieurs jours. Poussière du diable. L'Anaon se collera à la fenêtre, regardant le coursier partir, son coffret piégé lové dans sa besace. Elle n'aura plus qu'à espérer que Judas soit assez confiant pour ouvrir ce présent une seconde fois. Et à lui d'embrasser cette haleine infectée.

    Avec toute mon affection, mon Très cher Poison.


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- Anaon dit Anaonne - [Clik]
Judas
Il avait accusé le coup en recevant le muet nu et cru de toute réponse. Sans l'empoigner, il l'avait maudit, il l'avait méprisé. Ne pas tirer sur l'ambulance, se foutre de l'hopital... Oui... Mais mhh... Foutreciel que c'était ardu. Elle n'avait pas marché. Rester sur un échec, un échec envers l'Anaon n'était pas envisageable. Comme une notion qui n'existait pas dans le répertoire Judéen. Bien sûr il n'avait même pas tenté de faire parler le messager, l'approche était plus abrupte, plus... Masculine. Le coup de trique couvait, sous le cuir chevelu des idées électriques. Elle devait répondre. Elle Devait Répondre.

Loin de son fils, en cavale, il ne se sentait pas encore toute la hargne combattante qu'il se voulait. Non alimenté, il échafaudait à retardement. Bretagne. Il arrivait à bon port. Il arrivait dans les bras de Cholet. Loin de ceux d'Isaure qu'il répugnait tant, jeune mère en fleur délaissée à demeure pour un faux prétexte qu'il n'avait pas même tenté de rendre crédible.


Citation:
    A vous, qui me tenez lieu d'époux...

    Mon jeune âge ne fait pas de moi une personne stupide. Ne me mentez pas.
    Je sais très bien ce qui vous a guidé hors de Verneuil !

    Alors, à d'autres, vos mensonges éhontés !

    I.


Le papelard fut froissé grossièrement et jeté. Isaure pouvait bien ouvrir enfin les yeux sur les voyages répétitifs de Judas sur d'obscures et lointaines terres de chasse ... Il n'avança que de l'obstination de renverser le mutisme insupportable que la dame d'hiver lui imposait.

... Puis le muet revint. Comme reviennent les épidémies et la disette, il revint comme la peste et pourtant comme le messie. Coffret déjà vu, prunelles noires qui s'en défient. Hé bien quoi, Anaon, ne sais tu vivre que comme un tour de passe-passe? Si je t'envoies le néant, ne me réponds-tu que par le néant? C'est absurde, c'est pathétique!

La main de cuir s'abat sur le coffret de malheur, et qu'il crève, le muet! L'impatience toute immature du seigneur des Catins le pousse à brutaliser l'ouvrage, vicaire qu'il prend vide sans le savoir habité. Il le force comme on viole une Marie, enragé de cynisme, comme l'on s'attend à ce que l'on sait. Rien. Voilà, maudite toi, voilà, je l'ouvre ta boite vid...

Le "méchianisme" est bien huilé. Après le putride, Anaon lui renvoie l'écrin des sept plaies. Un fléau empaqueté. Il vacille. Les onyx se mettent à se lamenter. Puis la gorge a quelques ratés, jusqu'au tréfonds du coeur à s'emballer. Faut-il être à jamais si liés? Liés comme les cinq doigts de la gifle.

Putain de toi.

Putain de toi...

Put...


    Putain d'Ipomée.

_________________
Anaon


    L'esprit qui convulse. Le cœur qui trébuche. Les spasmes du corps quand l'estomac se révulse pour éructer une bile acide chargée d'écume. La déraison. La maladie. Le goût routinier des mois de calvaire et d'autodestruction condensés et imposés dans quatre jours d'enfer. C'est ce qu'elle avait prévu pour Judas. Assise sur le rebord de sa fenêtre, dos contre le chambranle comme elle le faisait souvent, la mercenaire contemple les rues en pensant au seigneur. Elle imagine ce qu'il a pu ressentir... Elle ne sait s'il a reçu le coffret, ni si son stratagème a fonctionné. Aucune réponse ne lui est parvenue. Témoin de vexation, dédain affiché ou simple ignorance ? Elle ne sait pas. Et dans le fond, elle ne cherche pas à le savoir.

    Une main absente caresse vaguement la tête du chien qui a posé son museau contre sa cuisse. Elle ne ressent pas même la satisfaction malsaine qui aurait dû l'envahir... Tout au plus a-t-elle été transit d'une pointe de victoire fade quand elle a vu le messager partir avec son colis. Mais plus aucune émotion ne l'ébranle désormais. Non... elle n'éprouve pas de satisfaction à blesser Judas. Pas plus qu'elle en tire le moindre remord. Sa haine n'est plus à la hauteur de sa résignation. Anaon s'est taillée les angles. Ah ! On aurait aimé la voir acharnée et véhémente ! Prendre l'arme et le poing pour aller faire la guerre à celui qui l'embrase ! Juste assez de hargne pour pourvoir le dire, qu'ils se se sont aimés à en crever et se haïront jusqu'à la mort. Mais non... le cœur a hurlé "stop". Il a crevé sa volonté et il ne s'évertue désormais qu'à accomplir la tâche vitale et mécanique pour laquelle il a été conçu. Comme un poumons percé qui s'économise... Anaon est lasse et essoufflée. Une carcasse vide dans laquelle plus rien ne résonne, pas même un échos. Ou presque...car il a ses enfants. Ses enfants, les seuls, les uniques qui arriveront à lui tirer à jamais les plus grands émois. Seuls battements qui pulsent dans le roc de son gisant.

    Ses enfants...

    De Kenan alors, qu'en est-il ? Pourquoi ne cherche-t-elle pas à en savoir davantage ? Pourquoi ne s'acharne-t-elle pas à garder le contact ? Pour les mêmes raisons qui ont justifié pendant des mois son silence et son absence. Ce n'est pas par obéissance à Judas. Ce n'est pas-même par orgueil. Mais par sécurité. Anaon a peur. Surprenant ? Mais comment aurait-il pu en être autrement ? Pourquoi se serait-elle construit une armure de nerf implacable ? Pourquoi se serait-elle rendue si impitoyable si çà n'avait été pour dominer la peur qui la dévore ? Anaon est terrorisée à l'idée que le Hibou puisse lui voler son dernier fils. Tant qu'il ignore son existence, il ne pourra lui faire de mal. Voilà l'unique et la seule raison pour laquelle Anaon a accepté cet odieux échange d'enfant. L'Officiel croit le sien mort... alors que l'officieux se retrouve à l'abri dans les bras de Judas. De crainte de trahir l'imposture, Anaon attendra avec toute la fébrilité du monde que Judas lui donne des nouvelles de lui-même... Sans doute devra-t-elle attendre longtemps.

    Un couinement la tire de ses pensées. Les azurites se posent sur Fenrir qui a deviné son tracas. Un soupire s'échappe de ses lèvres et la mercenaire se force à un sourire tout en grattant de plus bel la tête du bâtard. Pourquoi se torturer. Kenan ne peut qu'aller bien. Autrement, elle l'aurait su. Elle en aurait eu vent. Ou bien elle serait morte d'en dedans. Malheur à l'Anaon qui regarde trop fixement son fils canin. Ce dernier prend son trop-plein d'attention pour une invitation et le grand dogue cherche à se lover contre son ventre comme il le faisait quand il était petit. Mais la bête n'a plus le gabarit de crevette qu'il avait quand l'Anaon l'allaitait elle-même. Après quelques éclats de voix et le manque d'aller embrasser le trottoir plus bas, la mercenaire se dépêtre du chien déçu et attrape dague et escarcelle.

    _ Allez-viens Fils, on va se dégourdir le cœur.

    Et les voilà au-dehors dans la puanteur moite de la capitale. Pas de quais de Seine ni de Cours des Miracles ce soir. Non, juste quelques pavés pas trop sales à avaler et le silence à savourer. Les doigts sortent sa pipe et la mercenaire commence lentement son rigoureux travail de bourrage. Pas d'herbe de sorcière, ni de feuille d'Orient non plus. Pas de grand délirium cette nuit. Anaon se contente d'un simple parfum de saule et de rose. Et en parlant de parfum... La mercenaire redresse le nez sur les veines de la capitale. Rien ici n'évoque Judas. Rien. Et c'est la première fois qu'elle s'en rend réellement compte. Il n'y a pas ces femmes qui sourient son nom à chaque respiration. Ni ces hommes qui le suintent d'exécration par tous les pores. Elle n'a pas à garder bonne figure. Il n'y a pas de souvenirs, pas de lieux de rencontre ou d'abandon. Pas de cabines de bateaux, pas de tavernes berrichonnes, pas de stèles celtiques. A Paris il n'y a rien. Il n'y a rien qu'elle. Paris est à elle et à elle seule. Bretagne est un territoire qu'il a empiété et qu'elle lui a abandonné. Mais pas Sa capitale.

    Et en parlant de parfum... Son cerveau se plait à lui rappeler ce qu'elle croit percevoir durant ses rêves. Un parfum. L'Anaon plisse le nez. Ses rêves. Seule terre de ses pensées sur laquelle elle n'a aucune emprise. Ils se plaisent à déjouer les palissades qu'elle a érigé. Soldats indisciplinés. Comme une brise dans son chaos, ils lui rappellent ce temps bien vieux, où ses nuits étaient toutes autres. Dans les draps de Petit Bolchen. Dans ses bras à Lui. Il n'y a que dans ses rêves que cette douceur est intacte.

    Et merde...

    Le briquet à silex craque dans le silence. L'amadou s'enflamme. Un souffle de nostalgie lui inonde le crâne. Il faut amorcer le désamorçage. Les azurites se relèvent. Il n'y a plus qu'à trouver un tripot ou autre bicoque clandestine ou se joue des combats de coq. Peut-être y retrouvera-t-elle un soupçon d'intérêt. De vigueur même. Violence par procuration. Elle ne voit que çà pour la sortir du mutisme qui manque de se changer en dépression.
    Elle se surprend même à espérer y trouver un colosse qui saura lui faire la mort à grand coup de poigne.

    Bel espoir.

Musique : " Keep The Streets Empty For Me ", Fever Ray
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- Anaon dit Anaonne - [Clik]
Judas
Il l'avait maudite.

Il aurait dû se douter de quelque chose, lui qui vendit des poisons et des esclaves plus que de raison. Se méfier d'une femme en colère... Se méfier de sa vengeance. Il aurait pu en rire, cynique, de la voir le rappeler au bon souvenir de l'herbe qui les avait liés. Mais il n'avait pas rit. Tout au plus hoqueté, effaré, écrasé.

    Comprenez, le retour à la réalité fut brutal.


C'est pire qu'une gueule de bois.
Ce n'est pas si terrible.
C'est pire, te dis-je.
Tu parles encore, rien n'est perdu.
Mon honneur est perdu.
Quel honneur?
Je ne te permet pas.
Elle t'a rendu la monnaie de ta pièce, rien de plus.
Et si elle avait décidé de me couper les couilles à la place? Ce serait naturel aussi?
Tu lui as pris son fils.
J'ai pris Notre fils. Pour son bien. Ho ma tête...
Ta tête est encore sur tes épaules, cesse de te plaindre.
Je la tuerai!
Elle te tuera avant.
Qu'elle aille au diable!
Elle t'a aimé, elle connait déjà l'enfer.
Foutredieu de merde, t'as réponse à tout hein, saint patron?
C'est pour cela que les hommes me vénèrent...
Mon Cul. T'étais où quand on m'a filé Isaure pour épouse? Quand Eusaias est mort? Quand j'ai perdu aux cartes contre Astana? Quand j'ai ouvert cette foutue boite...
Je laissais se rétablir le cours des choses.
T'es qu'un vendu.
Tu délires.
C'est pire qu'une gueule de bois...


A trop tutoyer les dieux, le seigneur finissait inexorablement pas rendre sa bile, puis par somnoler. Parfois quelques soubressauts de conscience venaient le tirailler, lui ordonnant de sortir de son lit, et reprendre le cours de son voyage. Mais le corps n'en avait strictement... Rien à foutre.

Il faut que je me lève.
Hé bien lève toi et marche.
Je n'y arrive pas.
Alors tais-toi, et dors encore.
Elle m'attend.
Elle t'attendra encore un peu.
Non! Tu ne comprends pas. Elle m'attends déjà trop...
Chimera est aussi sotte que l'Anaon, pour t'attendre ainsi.
Qu'en sais tu toi, toi qui n'a jamais touché une femme? Tu n'es ni mort ni vivant et l'on te mange et te boit tous les dimanches dans les églises.
Je t'emmerde.
Aide moi à me lever!
Pour quoi faire? Tu tiens à peine sur tes jambes.
Cholet m'attend je te dis! Là bas... Là bas je répondrai à l'Anaon. Je lui dirai d'aller se faire mettre. Qu'elle ne verra plus jamais mon fils.
Ho ce sont de très bonnes raisons de t'aider à te lever oui...
Je la tuerais je te dis!! Rose! Où est Rose? Qu'on m'amène mon limier!


Et le seigneur, les cheveux collés de sueur faisant une dentelle sombre sur son front , de se débattre comme s'il étreignait le diable dans le fond de sa couche. Les jours passent et s'assemblent, jusqu'à ce qu'une vilaine fièvre embrase Judas. Un seigneur ne parle plus à un autre, c'est un monologue.

Je comprends ce que tu veux. Tu veux que je crève. Parce que parfois je t'ai fait pleurer un peu. Mais c'est de ta race ce genre de chose, tu le sais, hein. Vous pleurez, comme pour vous arroser ou vous bénir, les larmes ne font qu'épanouir les femmes, sans quoi pourquoi pleureraient-elles si souvent? Je ne crèverai pas Anaon. Non non. Je ne peux pas te laisser gagner comme ça. Je sais que tu m'en veux. Je sais que tu veux ton enfant. Mais il est aussi à moitié à moi. Je peux en garder la moitié, tu prendras l'autre. C'est ce que tu veux? Maintenant je dois prendre la route, on m'attend. Quelqu'un qui me donne ce que tu ne m'accordes plus. Quelqu'un qui a sans doute des épaules plus larges que les tiennes. Allez, laisse-moi. Laisse-moi je te dis. Je ne crèverai pas.


A force de lutte contre une porte d'inconscience, il fallut bien que la porte cède. Et le Judas s'enfuit.
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Judas
Les mots ont retrouvé leur sens et l'écriture ne laisse pas de doute quant à la lucidité de son instigateur.

    "Moi qui te pensais assez raisonnable pour ne pas effrayer ton enfant..."


Rature.

    "Je te tuerais."

Rature.

    "Tu as oublié le mot, dans le coffret".


Rature.

    "Je vais te tuer. Vraiment. De mes mains."


Rature.

    "C'est le muet qui a ouvert ton message."

Rature.

    "Conasse."


Rature. Soupir. Perché sur le lit qu'il partageait avec la Dénéré-Malines en Bretagne, Judas repoussa d'une main molle les avances molletonnées de Constance, chat-présent noir chaussé de blanc. Coup d'oeil au matou, qui se foutait bien que son hôte rédige du fatidique ou du dramatique, à regretter presque de l'avoir attelé à combler ses absences...

- Quoi, c'est trop direct?

Le chat ne répondit pas.

- Je préfère.

Senestre finit par tracer quelques lignes sur le dos du vélin, laissant définitivement le miraculé d'Anjou s'installer à ses pieds. L'inspiration manquait, partagée. Anaon avait abattu ses cartes, hostiles mais légitimes. La digestion s'avérait difficile. Où le temps passe mais ne change pas les gens... Ce temps qui d'ailleurs, sans doute, manquait encore pour apaiser les corps, et les esprits. Les mots furent posés, manipulateurs sans doute. Sans doute.


      "Le message est passé. J."


Et maintenant, démerdes-toi...
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Anaon

"J'aurais massacré le monde entier... si seulement tu m'avais aimé..."

      - Commode, " Gladiateur " -

    _ Ouvre.

    Les doigts hésitent quand le regard s'oppose. Le camps adverse fait preuve d'une farouche autorité, agressif alors qu'il ne s'ébranle pas d'un cil. Lui, fait front. Il résiste. Il se fendille. Il sonne la retraite. Les doigts capitulent avec l'attitude de celui qui maudissent, le front qui se baisse, mais le regard qui se relève en se gorgeant d'impertinence. Et le pli minuscule est délié entre ses doigts.

    Attente.

    _ Montre.

    Le côté face est dévoilé. Puis le côté pile.

    _ Sent-le.

    Il a l'impression de se faire prendre pour un con. Il s'exécute cependant, remplissant ses narines de l'odeur du papier survolé d'un reste de relent d'encre, tout en se promettant que ce sera la dernière fois qu'il permettra la correspondance entre le duo le plus barge du royaume. Il hausse les épaules, signifiant à sa vis-à-vis qu'il ne sent rien de particulier alors qu'il est peut-être déjà en train de mourir sans même s'en rendre compte. Alors la dextre recouverte d'un linge souillé se tend pour se saisir du billet, le lui arrachant presque. L'Anaon n'est pas dupe. Il suffirait d'un peu d'arsenic recouvrant le vélin pour l'envoyer vomir tout un Styx à défaut de l'y noyer à jamais. Judas aurait-il abdiqué sans lui permettre de le faire en premier ?

    Quelques mots perdus dans une corole de vide.
    Au verso, des ratures qui cherchent à masquer les ratés.

    C'est sur ses derniers que la balafrée s'arrache les rétines. Elle entend des pas lourds se ruer vers eux et si elle avait eu deux grammes d'intérêt pour celui qui s'approche, elle l'aurait senti débarquer à son odeur avant de l'être par sa voix. Le sermon éclate, éructé des dents gâtées qui exigent qu'on lui explique la présence du messager, existence qui se flétrit dans un coin de la boucherie. L'Anaon est sourde. Elle se concentre sur les faux non-dits du seigneur. Les mots-rebuts révèlent des... menaces... entrecoupées d'un détachement méprisant et puis aussi de...

    Au dernier mot un sourcil se perche à trois mille pieds des yeux qui s'arrondissent. Justifié... mais surprenant ! Oh l'encu....

    Bref.

    On crache son nom à son oreille. L'Anaon replie pensivement la lettre. Oh oui, Judas a chatouillé un soupçon d'orgueil en osant les menaces. L'envie de clouer le bec au prétentieux serait presque tentante, mais... La mercenaire ne veut pas gaspiller ce peu d'énergie qui pourrait lui servir à accomplir tant de choses. A quoi bon livrer bataille quand il n'y a que tout à perdre. Gagner ? Gagner quoi ? Judas ? La balafrée n'a pas l'instinct de conquête. Elle n'a que la condescendance de se laisser assiéger. Elle pourrait livrer bataille pour défendre ce qui lui appartient, mais pas pour envahir ce qui s'obstine à la fuir. Qu'y aurait-il a conquérir en terrain Judéen ? Il ne l'a pas aimé. Pas comme elle l'a aimé. Sinon il ne l'aurait jamais traité ainsi. Il ne l'aurait pas humilié. Il n'y a.... rien a reconquérir. Elle lui a ouvert ses portes. Il y a pris ses aises. Mais après avoir mis à mal les dorures, il l'a pillé jusqu'au dernier joyaux de ses entrailles, avant de l'abandonner, exsangue, comme un vieux bourg après la guerre, où l'on ne trouverait même plus d'âme à violer...

    Les poings de la femme se serrent. Elle s'appuie sur l'établis où repose une carcasse encore chaude du dernier soubresaut de vie. La voix glaireuse du boucher s'enrage de plus bel à chaque mot. Son entreprise n'est pas un pigeonnier, il n'aurait jamais dû engager une femme. Il le savait ! Elle distrairait les hommes ! Elle ne serait que source de... détournement ! Il ne faut jamais laisser du travail entre les mains des femmes, encore moins dans celle de ses faraudes qui s'habillent en homme mais valent encore moins que des putains...

    Anaon ! Anaon ! Anaon !

    Anaon a les doigts qui se crispent. Rencontre froide sous la paume. Et la main large du Gras empoigne l'épaule pour tourner cette catin qui s'obstine à lui montrer le dos. Le corps pivote, la main s'abat. Le crochet à carcasse crève la joue dans un craquement sec. La chair éclate. Le grêlé s'effondre, vomissant des vagissements spongieux.

    _ Je démissionne...

    Timbre d'un calme olympien. L'esse est lâchée à côté de l'homme qui se tord comme un porc à l'abattage. L'ancien employeur est contourné sans un regard, la balafrée rassemble calmement ses maigres affaires.

    _ Je reviendrais samedi chercher le reste de ma solde.

    Une évidence comme un ordre. Et elle quitte la boucherie, collée de près par un muet pâle comme un cierge de pâque. Il faudra se perdre un peu dans les lacis parisiens pour ne pas pendre le risque de se faire coincer par le guet une fois l'esclandre révélée au grand jour. Ce qui devrait se produire dans... quelques minutes. Ce sera chose aisée. Ensuite l'Anaon renverra le jeunot, sans mot, sans rien, avec la seule consigne de se présenter au Von Frayner, preuve que le pli était bien arrivé à destination et... c'est tout.

    Mais pour elle rien n'est terminé.
    Elle a une rousse à aller dégoter.


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- Anaon dit Anaonne - [Clik]
Rosalinde
    Une lettre.


Citation:
Paris,
Le 27 Septembre de l'an 1461,

    A vous, dont je ne sais plus la tâche,
    Œil de petit Bolchen, femme de main ou de caresse. Détentrice de bien des secrets,


Je me dois de vous faire part de toute ma franchise en vous disant sans détour que ce qui m'amène à vous n'est pas un élan de courtoisie.

Je ne sais ce qui vous lie encore au seigneur, ni même si vous lui êtes encore liée et quoi qu'il en soit, je ne veux en connaître ni les tenants ni les aboutissements. Je vous crois cependant suffisamment proche pour être encore mêlée à ses plus profonds secrets de famille. C'est pourquoi aujourd'hui je vous propose un travail. Je ne parle pas de service, car vous serez payée rubis sur ongle si vous acceptez l'offre que je vous propose.

Vous trouverez avec ce billet un petit médaillon d'argent. Ma demande est la suivante : je voudrais que vous fassiez réaliser un portrait de mon fils au cœur de cette médaille.

Je sais qu'une reproduction aussi petite requiert un véritable talent d'orfèvre et que les risques de cette entreprise peuvent être importants pour vous. Mais les frais de l'artiste que vous aurez choisi seront grandement remboursés et vous aurez alors le loisir d'y prélever tout votre pécule. Parait-il que les nouveaux peintres flamands et italiens font des merveilles.

Ainsi, si vous exécutez cette tâche dans la plus grande discrétion, vous serez grassement payée. Ne vous inquiétez pas de ma situation, ce n'est pas elle qui restreint mes moyens.
Néanmoins, si vous décidez d'en informer le seigneur, je vous prierais tout d'abord de lui rappeler ce vieux proverbe :

"Le silence est d'or. " Et il le vaut pleinement.

Vous ne toucherez dans ce cas aucun denier et ce sera au Menteur d'assumer les pleines conséquences de ses infamies. S'il s'y refuse, je m'emploierais à briser le peu d'honneur qu'il croit s'octroyer. S'il s'y croit insensible, alors j'anéantirais les amours et les amantes qu'il a cru jadis pouvoir me cacher. Que le médaillon se retrouve à la mauvaise encolure et les têtes tomberont. Qu'aucune réponse ne me soit donnée et je considérerais votre silence comme preuve de vos aveux envers le seigneur et son refus d'obtempérer à ma demande.

Si vous acceptez, vous aurez tout à gagner et je dédommagerais ce que vous auriez pu y perdre.
Si vous refusez, je vous saurais gré de me renvoyer ce colis et d'oublier que cette lettre ai jamais pu vous parvenir.

Le choix est vôtre.

Je n'ai, de plus, jamais daigné répondre à votre dernière lettre, il y a cela bien des mois. Je prends désormais le temps – et en assume désormais le fait - de vous remercier... Ma gratitude ne s'épanchera pas de mot, pourtant... Votre croquis a été conservé bien précieusement.

Je vous souhaite, sincèrement, d'avoir maternité plus désirable que la mienne.

    Bien à vous,
    A.


Et un médaillon, dans une petite bourse de velours. Voilà donc que l'Anaon sortait de la retraite dans laquelle elle était restée percluse. Rose de la relire, trois, quatre fois peut-être, sans savoir bien que faire. L'or de la Bretonne ne l'intéressait pas, pas pour ce genre de choses. Mais elle hésitait. Si elle faisait réaliser ce portrait... Judas verrait cela comme une trahison. La détesterait sans doute au point de ne plus vouloir lui adresser la parole, ou pire, elle savait bien comment il était dès qu'il s'agissait d'Anaon. Anaon. La mère d'Amadeus. Kenan. Son filleul.

Mais il fallait répondre. Alors répondre quoi ? Allait-elle devoir briser le cœur d'une mère qui, sachant les relations entretenues par le passé avec le von Frayner, ne devait s'adresser à elle qu'en dernier recours ? Elle ne s'en sentait pas de joie, et finalement se dit que... Il n'y avait sans doute aucune raison que Judas apprenne l'existence de ce médaillon.


Citation:
Paris, le 29 septembre 1461

Anaon,

Pardonnez ces deux jours d'hésitation qu'il me fallut pour répondre à votre lettre, c'est que je ne savais que faire. Je ne suis plus employée de Judas, pas plus que sa maîtresse ou que sais-je. Amie serait un terme plus adéquat, et religieusement parlant... Marraine de son fils. Vous comprendrez donc que votre demande m'ait interpelée au plus haut point, car il me faut à présent prendre grand soin des intérêts d'Amadeus.

J'ai longuement hésité donc... Mais j'ai accepté d'accéder à votre requête. Mais je ne veux pas d'argent. Point n'est une question de pitié, n'allez pas vous fourvoyer en ce sens, mais j'abhorre à présent l'idée de travailler pour autrui. Je propose plutôt que vous utilisiez cet argent que vous me destiniez pour acheter quelque présent pour le petit, que je pourrai lui remettre en prétextant l'envie de lui offrir un cadeau.

Je me chargerai donc du portrait, à condition d'avoir l'assurance expresse que jamais ce médaillon ne tombera entre les mains du von Frayner. Il me détesterait si jamais il apprenait ce que je m'apprête à faire, et vous savez aussi bien que moi ce qui peut advenir en ces cas là. Je lancerai la réalisation du portrait dès que j'aurai votre parole.

Rosalinde.

_________________
Anaon


    Elle a menti. En lui disant de ne pas s'inquiéter de sa situation. Elle ment tout le temps, depuis qu'elle a perdu le sens de la parole. Des trahisons avant même le sceau des serments... Sauf lorsque les mots s'épanchent avec le cœur... mais il ne daigne pas souvent prêter son encre. Mais quand il s'agit de ses enfants... c'est son essence même qui se dilue dans sa plume. Plus que des mots, des fragments d'elle-même qu'elle confit entre les fibres et qu'elle laisse s'envoler dans les mains d'autres.

    Puisqu'il s'agit de son fils, elle ne mentira pas à Rosalinde. La solde perçue au service de Yolanda avait été plus que généreuse, mais de cette époque il ne reste que des miettes, pas de quoi couvrir les frais d'un Maistre ni les risques encourus par la Rousse-mère. Elle était retournée à la boucherie, oui, mais pas le samedi. La balafrée n'avait pas été stupide et l'éclaireur payé un sous lui avait confirmé la présence du guet en embuscade près de la rue. Pas bête le boucher. Mais toujours plus con qu'elle... C'est à l'heure de la messe que l'Anaon avait frappé, durant cette ingénieuse invention du dimanche où les repentants se tordent en courbette avant d'en culbuter deux trois. Son premier larcin. Son premier vol. Les pains chipés sur les marchés durant l'enfance ? Non, ce n'était pas elle, çà ne comptait pas. Elle, elle engloutissait les pièces à conviction. Dans les coffre soi-disant planqués du grêlé, la mercenaire s'était servie. La solde qui lui était due d'abord et puis... et puis tout le reste. Comme un impôt sur la connerie. Voilà qui constituait une somme rondelette. Et alors...

    Et alors la lettre.

    Arrivée tandis qu'elle attendait dans sa chambre à l'auberge. Pièce maitresse qui ne brille pas, mais qui reluit pourtant au milieu des disques d'or qu'elle s'affaire à compter. Rosalinde a répondu. Bien plus rapidement qu'elle ne l'avait escompté. Elle est à Paris... Voilà qui s'explique. Il a dû rire le messager, quand elle l'a fait envoyer vers l'Alençon. Ça ne l'a pas empêché cependant de garder l'excédant de sa paie...

    Elle lit. Rosalinde marraine de son fils. Un sourire amer se pince plus qu'il ne se tire. Son cœur se serre un peu. Comme marraine, c'est Cerdanne qu'elle avait choisi. Cerdanne, celle qui aurait pu tout être pour elle, la sœur, l'ami, l'ennemi, la mère, l'amour, l'amante. Les mots à la courbure féminine lui rappellent aigrement qu'elle s'est vue dépouiller de tout droit sur son enfant.

    Marraine. Marraine par l'Église ? Elle ne veut y penser...

    Elle accepte. Elle sent ses poumons qui se vident comme des ballons de baudruche, déchargéq de leur appréhension. Et puis alors, le cœur se gonfle comme une éponge. Les mots qui suivent l'ébranle. Non pas qu'elle soit touchée par le geste de... générosité ? … de la rousse. Mais elle l'est par ce qu'elle propose. Des cadeaux pour son fils. Fragile la mère. Tout hargne vacille. Elle se fait sucre. Des cadeaux pour son fils... Seul moyen de se faire connaître de lui. Comme un petit grain de poussière qu'on ne remarque, mais qui s'immisce dans sa vie. Qui grandit avec lui. Seul lien à créer. Matériel, dérisoire mais....

    Rosalinde lui donne la possibilité d'exister...

    Sans attendre, les doigts empoigne la plume.

    Citation:
    Paris,
    Le 30 Septembre de l'an 1461

      A vous,


    Puisque c'est ce qui vous presse, je vous le dis expressément : en tout point vous avez ma parole. Votre nom ne serait jamais mentionné, ce médaillon ne sera jamais montré. Votre intérêt est le mien et celui de mon fils. Si je l'ai laissé pour la sécurité ce n'est pas pour me pavaner son portrait en parure. Ayez foi dans le fait que jamais Judas ne le saura. Si un jour il se retrouve entre ses mains, c'est que j'aurais gagné mon linceul, sans avoir réussi à avaler pour emporter dans ma tombe, le seul fragment que j'aurais de mon enfant. Et je vous assure que je serais seule à choisir ma mort et à la réussir.

    Si c'est à vous que je demande ce portrait et non à lui, c'est bel et bien pour qu'il n'en connaisse jamais l'existence.

    Je vous donne toute l'assurance du monde que ce médaillon ne sera vu que de mes yeux.
    Dans l'intérêt de tous. Du vôtre, du mien et de Kenan.

    Je ne peux néanmoins accepter le fait que vous fassiez cela sans dédommagement aucun. Même si l'idée de pouvoir envoyer quelques présents à mon enfant est des plus... réconfortante.
    D'après vos anciens mots vous me disiez être proche de la maternité. Qu'en est-il à présent ?

      Dans l'attende de votre réponse, je vous remercie...
      Le plus sincèrement du monde...

      A.


    La lettre de la rousse ira plus tard trouver les flammes, comme une première preuve de son silence, une réponse à sa prière.
    Personne n'en saura jamais rien.


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- Anaon dit Anaonne - [Clik][/i]



Rosalinde
Citation:
Paris, le 23 décembre 1461

A,

S'il est des excuses à faire, alors vous avez les miennes. Je n'ai pu satisfaire à votre demande avant ce jour, faute de me trouver en présence de mon filleul, qui était cloîtré en Bourgogne avec Isaure, tandis que Judas s'est plu à m'entraîner sur les routes jusqu'au Sud du royaume. Par bonheur, nous sommes enfin et depuis une semaine de retour à la maison, et j'ai pu capturer Amadeus quelques heures, le temps d'aller lui faire tirer le portrait par un peintre que l'on m'a conseillé. Qui a fait diligence, je vous l'assure. Tout comme moi, présentement : Je ne vous saoulerai pas de mots, écrire retarderait encore l'heure à laquelle vous recevrez ce colis.

Sachez cependant que j'ai donné naissance à un fils, Léonard, qui se porte à merveille. Amadeus et lui s'entendent comme larrons en foire.

R.


Le précieux médaillon est joint à la lettre, le tout enveloppé dans un petit paquet de tissu immaculé.

Joyeux Noël, Ann.

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Anaon
Citation:
Paris,
Le 21 Janvier de l'an 1462,

    A vous,


C'est à moi de m'excuser de ma latence, bien inappropriée alors que j'aurais dû vous verser tous les remerciements du monde. Je ne suis pas femme de mots, vous l'aurez compris. Je pourrais vous étaler des tartines de gratitudes, çà ne sera jamais suffisant pour vous exprimer toute ma reconnaissance et puis... C'est vous qui en serez saoulée.

Je n'ai pas eu l'heur de vous remercier de vive voix au Bal, où vous aviez par ailleurs un fort joli costume, mais ce temps d'attente m'a au moins permis de faire et de vous faire parvenir les deux figurines que vous devriez recevoir avec ces mots.

Je n'ai pas trouvé que faire d'autre que votre fils où le mien auraient déjà... Le griffon de bois est pour Léonard, le dragon sera pour Kenan. Pour son anniversaire... Si pouviez le lui offrir. Je crois que son père ne verra pas d'objection à ce que ce présent soit de moi, mais concernant la crédulité de l'épouse.. Je préfère m'en tenir à ce que vous m'aviez dit, de faire ces cadeaux comme étant vôtre.

Ce n'est pas grand chose... Il faudra néanmoins sans doute attendre pour leur laisser librement et de pleines mains, j'ai peur qu'ils ne s'assomment avec... ce qui serait bien con.

Sur ce, je vous remercie encore.
Ce médaillon sera gardé bien précieusement, et bien secrètement.

    Avec mes amitiés,
    Bien à vous,

    A.

_________________

- Anaon à dire et à lire "Anaonne" - Réponses au ralenti pour une ou deux semaines
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