Carabas
Carabas resté en retrait sentit soudain ses forces l'abandonner.
Citation:
-Fleur,de la visite pour toi.
Elle ne voulait pas le voir assurément lui parler non plus à l'évidence. Elle n'avait pas même jugé utile de le prévenir de son départ, c'est lui qui, en désespoir de cause lui avait écrit.
Alors, que faisait-il là ? Brusquement, l'inutilité de sa présence et l'incongruité de la situation lui apparurent cruement.
Qu'allait-il lui dire ? Est-ce qu'ils allaient là devant ses parents devoir se disputer ?
Est-ce qu'il lui ferait des repproches qu'elle connaissait déjà ? Et elle, qu'avait elle à dire ? Comment justifierait-elle son départ, comment pourrait-elle expliquer son comportement ? Y avait-il seulement une explication ?
Tout cela était absurde...
Ces fuites répétées de Fleur avaient fini de le vider de toute légereté, il se sentait pesant et grave, triste et déprimé.
Il ne pouvait à l'évidence pas vivre dans le soupçon et le doute, et il ne pouvait plus accepter les escapades amoureuses de son épouse.
Comment pouvait-elle dormir à ses côtés, chérir leur fille et dans le même temps écrire des lettres d'amour à d'autres hommes ?
Le poison de la trahison et de l'humiliation qu'elle engendrait coulait en lui. Il aurait bientôt raison de son intégrité...
Isil... La petite fille, si belle, si joyeuse et si innocente dormait encore dans ses bras. Ignorante du drame qui secouait son père, elle respirait lentement à la douce chaleur de son étreinte...
Tout ce qu'il aimait, tout ce qu'il avait jamais aimé était là, autour de lui. Et pourtant, rien n'allait bien. Le drame couvait, il faudrait bien qu'il explose.
En regardant la petite, il était boulversé. elle devrait grandir sans sa mère alors ? Et que lui dirait-il ? Comment lui expliquerait-il ce qu'il ne pouvait pas lui-même s'expliquer ?
Elle avait besoin d'une mère. Elle avait besoin de ses regards, de ses attentions, de ces douceurs. De sa tendresse de ses mots... Lui, il ne saurait jamais lui donner tout cela, il s'en savait incapable.
Il se sentait minable de ne pouvoir pas lui préserver un avenir heureux, auprès de ses parents. Il avait honte d'abîmer cette petite merveille qui faisiat le bonheur de ses parents. Il se sentait indigne.
Il fallait qu'il entre dans cette pièce, qu'il se confronte à cette femme qui était tout pour lui et qu'il ne reconnaissait pas.
Fleur faisait tout pour échapper à sa nature douce et heureuse. Courant d'homme en homme. de taverne en taverne, buvant, se battant... pas vraiment par goût mais par bravade.
Il n'aimait pas cette femme là. Il était lui comme une évidence tombé amoureux d'une étoile perdue dans le regard de cette femme si belle et si profondément triste croisée un jour dans un couvent... Hasard d'une rencontre fortuite qui résonnerait bientôt comme une évidence.
Et le début d'une quête éperdue : aller loin, n'importe où, mais ensemble pour s'approcher toujours plus près... du bonheur.
Que c'était-il passé ? Qui avait marché sur leurs rêves ?
Le cimetière, Chinon... C'est la mort... Il le savait depuis le début le Chat, on ne brave pas impunément la faucheuse. Ils n'auraient jamais du revenir.
Oui... assurément tout devait finir là.
Alors, il entra prêt à une dernière tocade de la belle. Prêt à un dernier affront. Parce qu'il le fallait et après... Mais qui parle d'après ?
Un pas, un autre, il marche sans même s'en rendre compte. Et puis il la voit.
Sa silhouette, son visage et... ses yeux !
Les regards verts se croisent et se confrontent. L'étoile brûle dans les yeux de Fleur plus que jamais, elle est malade à l'évidence.
Son visage amincié, son alure fébrile... Quelque chose ne va pas. Elle ne l'attendait pas c'est certain. Déçue probablement, agacée peut-etre. Elle en attendait un autre...
Le jeune homme prend cette vérité de plein fouet et bien que préparé, il en subit toute la douleur au centuple.
Sa respiration est sacadée, il tourne la tête, il est embarassé, il a du mal à respirer en vérité.
Il veut confier Isil avant de ne plus avoir la force de la porter. Un homme là... C'est lui l'amant ? Non, trop vieux...Célia près de lui ... c'est son père, le père de Fleur. C'est décidé, c'est à lui qu'il confiera l'enfant.
Il trébuche en s'approchant. Il tend ses bras pour donner l'enfant à Adénor puis il se retourne vers Fleur.
Il n'a pas mangé depuis deux jours entiers, et cela fait deux nuits qu'il n'a pas non plus dormi.
Il se sent défaillir mais il reste debout là face à Fleur.
un seul mot sort de sa bouche :
Fleur...