Le_capitaine
On rentre à la nuit.
On se sépare dans l'ombre des ruelles désertées. Ce soir, il pleut à n'en plus finir.
La journée a été rude.
Pour tout le monde.
La cape recouvrant son visage, le vétéran regagne la taverne où il ne restera pas plus de deux nuit... On ne sait jamais.
C'est la règle qu'il impose aux autres et à lui-même.
Les yeux baissés il avance. Ombre dans l'ombre. Et la pluie ne le dérange pas.
Mais là... Une masse presqu'informe étendue sur le sol.
Un ivrogne sans doute. Trop soul pour même réagir au déluge qui l'assaille.
Ou un cadavre. victime d'une rixe ou d'un quelconque voleur de petite stature.
Une pauvre chose morte de toute façon.
Alors il s'approche, la masse répandue à même le sol est sur sa route. Il va devoir l'enjamber.
Forcément, il jette un il...
Pas l'air d'un traîne savate... Pas l'air d'un vagabond.
Un voyageur malchanceux ? Un commerçant ?
Pourquoi s'arrêter ?
Pourquoi ?
L'ennemi, vaut mieux pas savoir qui c'est... moins on le voit, moins il vous hante.
On tue... On s'en va.
C'est simple.
On le regarde pas. Ou alors seulement pour l'ajuster.
C'est pas une personne. C'est une cible !
Alors pourquoi regarder celui-là ?
Parce qu'on n'est pas des chiens !
En passant, juste soulever la capuche...
Trop tard !
C'est une femme.
Elle est jeune.
Elle respire...
Bon sang !
Elle est pas crevée !!
Trop tard !
Il fallait pas regarder !
Maintenant... Si on s'en va... On n'est pas un homme. On n'est qu'une bête !
Pfff.... Merde !
La pluie dilue les mares de sang. Elle est mal barrée. Mais elle vit encore.
Pas le choix. On fait comme on peut... Un genoux à terre, on prend son bras par dessus son épaule et on la cale. On se relève. Elle est pas bien lourde.
Et voilà... Elle git sur son épaule en se vidant de son sang.
Si elle tient pas choc... Faudra se débarrasser du cadavre.
Si elle résiste... Faudra s'en occuper. Tu sauves une vie, t'es responsable ! C'est la règle.
Quelle misère ! Pourquoi il a regardé ?
Il a l'impression de porter un sac. ses bras et sa tête pendent dan son dos, ses jambes devant. Et lui, il avance comme s'il ne portait rien. Il en a vu d'autres.
La taverne... Va falloir entrer avec ça sur le dos...
Tant pis, fallait réfléchir avant.
Il ouvre la porte. Le patron est là qui ronfle devant l'escalier. Quand la porte claque il sursaute. Evidement !
Le voilà qui veut s'insurger ! il fait des manières, il joue les prudes dans son bouge à trois sous qui recèle de la petite vertu à tire l'arigaut !
D'une main il tient ferme la taille de la gisante sur son épaule. De l'autre, il saisit le gros au col et le plaque au mur.
T'a rien vu ! Tu la fermes !
Il a collé son visage à celui du gras qui tient le bouge. Mais sa capuche cache ses traits. Quelques mots entre ses dents. y'a rien à dire de plus.
Quand on a commandé à des armées pendant trente ans... On sais le ton qui n'appelle pas de réponse.
Il aura rien vu... Il la fermera le gros. Ou alors... Il crèvera.
On monte l'escalier ma jolie...
Y'a un truc qui fait mine d'être un lit. Il la laisse glisser dessus.
On retire la cape.
On allume une bougie.
Et on regarde...
Pas joli joli...
Faut se mouiller... Aller voir plus loin.
Y'a des vêtement déchirés.
On dégrafe ce qui tient encore... On a voulu la violer... c'est sûr, elle s'est défendue. Est-ce qu'elle a bien fait ?
Alors elle a morflé.
Visage tuméfié... Il déchire la chemise... Elle ira pas se plaindre, de toute façon elle va surement y passer.
Y'a des gros hématomes.
Il tâte... juste du bout des doigts, le long des côtes... Ca c'est des coup de pied ! Du travail de porc. à quoi ça sert de s'acharner comme ça. Tu prends la nuque un bon coup et c'est réglé !
Là... C'est dégueulasse...
C'est cassé, au moins à trois endroits.
Elle va souffrir... pendant plusieurs jours. Si elle tient la nuit. Parfois les os déchirent les organes. Tu crois que ça va tenir et puis ça lâche.
On verra.
Un bandage un peu séré. ça va limiter les mouvements et la douleur.
Mais le pire c'est l'abdomen... Elle pisse le sang, il l'a planté le salaud.
C'était avant ou après ?...
Faut un pansement. un bandage. Faut que ce soit propre.
Pas sûr qu'elle s'en sorte...
C'est moche. Elle a vraiment dérouillé.
Pour le visage... On nettoie.
Le front... La joue... Là... y'aura surement une cicatrice. C'est la vie.
Elle gémit... Elle a de la fièvre.
Fallait pas sortir la nuit.
Maintenant il l'a déshabillée complètement. Il l'a frictionnée, séchée. Elle a plus de secret pour lui ! Mais à l'heure qu'il est... elle doit s'en foutre. Et lui aussi !
Il va lui passer une chemise sèche.
La couvrir.
Puis il s'assoit sur la seule chaise. Dans sa besace, un morceau de viande froide. Du vin.
La bougie n'en a plus pour longtemps.
Il sort un calepin. Il regarde quelques feuillets qui l'absorbent.
Et la flamme vacille puis flanche.
Extinction des feux.
Va falloir dormir assis ! Et si ça se trouve demain elle sera morte ! Misère...
Pourquoi il l'a regardée ?
On se sépare dans l'ombre des ruelles désertées. Ce soir, il pleut à n'en plus finir.
La journée a été rude.
Pour tout le monde.
La cape recouvrant son visage, le vétéran regagne la taverne où il ne restera pas plus de deux nuit... On ne sait jamais.
C'est la règle qu'il impose aux autres et à lui-même.
Les yeux baissés il avance. Ombre dans l'ombre. Et la pluie ne le dérange pas.
Mais là... Une masse presqu'informe étendue sur le sol.
Un ivrogne sans doute. Trop soul pour même réagir au déluge qui l'assaille.
Ou un cadavre. victime d'une rixe ou d'un quelconque voleur de petite stature.
Une pauvre chose morte de toute façon.
Alors il s'approche, la masse répandue à même le sol est sur sa route. Il va devoir l'enjamber.
Forcément, il jette un il...
Pas l'air d'un traîne savate... Pas l'air d'un vagabond.
Un voyageur malchanceux ? Un commerçant ?
Pourquoi s'arrêter ?
Pourquoi ?
L'ennemi, vaut mieux pas savoir qui c'est... moins on le voit, moins il vous hante.
On tue... On s'en va.
C'est simple.
On le regarde pas. Ou alors seulement pour l'ajuster.
C'est pas une personne. C'est une cible !
Alors pourquoi regarder celui-là ?
Parce qu'on n'est pas des chiens !
En passant, juste soulever la capuche...
Trop tard !
C'est une femme.
Elle est jeune.
Elle respire...
Bon sang !
Elle est pas crevée !!
Trop tard !
Il fallait pas regarder !
Maintenant... Si on s'en va... On n'est pas un homme. On n'est qu'une bête !
Pfff.... Merde !
La pluie dilue les mares de sang. Elle est mal barrée. Mais elle vit encore.
Pas le choix. On fait comme on peut... Un genoux à terre, on prend son bras par dessus son épaule et on la cale. On se relève. Elle est pas bien lourde.
Et voilà... Elle git sur son épaule en se vidant de son sang.
Si elle tient pas choc... Faudra se débarrasser du cadavre.
Si elle résiste... Faudra s'en occuper. Tu sauves une vie, t'es responsable ! C'est la règle.
Quelle misère ! Pourquoi il a regardé ?
Il a l'impression de porter un sac. ses bras et sa tête pendent dan son dos, ses jambes devant. Et lui, il avance comme s'il ne portait rien. Il en a vu d'autres.
La taverne... Va falloir entrer avec ça sur le dos...
Tant pis, fallait réfléchir avant.
Il ouvre la porte. Le patron est là qui ronfle devant l'escalier. Quand la porte claque il sursaute. Evidement !
Le voilà qui veut s'insurger ! il fait des manières, il joue les prudes dans son bouge à trois sous qui recèle de la petite vertu à tire l'arigaut !
D'une main il tient ferme la taille de la gisante sur son épaule. De l'autre, il saisit le gros au col et le plaque au mur.
T'a rien vu ! Tu la fermes !
Il a collé son visage à celui du gras qui tient le bouge. Mais sa capuche cache ses traits. Quelques mots entre ses dents. y'a rien à dire de plus.
Quand on a commandé à des armées pendant trente ans... On sais le ton qui n'appelle pas de réponse.
Il aura rien vu... Il la fermera le gros. Ou alors... Il crèvera.
On monte l'escalier ma jolie...
Y'a un truc qui fait mine d'être un lit. Il la laisse glisser dessus.
On retire la cape.
On allume une bougie.
Et on regarde...
Pas joli joli...
Faut se mouiller... Aller voir plus loin.
Y'a des vêtement déchirés.
On dégrafe ce qui tient encore... On a voulu la violer... c'est sûr, elle s'est défendue. Est-ce qu'elle a bien fait ?
Alors elle a morflé.
Visage tuméfié... Il déchire la chemise... Elle ira pas se plaindre, de toute façon elle va surement y passer.
Y'a des gros hématomes.
Il tâte... juste du bout des doigts, le long des côtes... Ca c'est des coup de pied ! Du travail de porc. à quoi ça sert de s'acharner comme ça. Tu prends la nuque un bon coup et c'est réglé !
Là... C'est dégueulasse...
C'est cassé, au moins à trois endroits.
Elle va souffrir... pendant plusieurs jours. Si elle tient la nuit. Parfois les os déchirent les organes. Tu crois que ça va tenir et puis ça lâche.
On verra.
Un bandage un peu séré. ça va limiter les mouvements et la douleur.
Mais le pire c'est l'abdomen... Elle pisse le sang, il l'a planté le salaud.
C'était avant ou après ?...
Faut un pansement. un bandage. Faut que ce soit propre.
Pas sûr qu'elle s'en sorte...
C'est moche. Elle a vraiment dérouillé.
Pour le visage... On nettoie.
Le front... La joue... Là... y'aura surement une cicatrice. C'est la vie.
Elle gémit... Elle a de la fièvre.
Fallait pas sortir la nuit.
Maintenant il l'a déshabillée complètement. Il l'a frictionnée, séchée. Elle a plus de secret pour lui ! Mais à l'heure qu'il est... elle doit s'en foutre. Et lui aussi !
Il va lui passer une chemise sèche.
La couvrir.
Puis il s'assoit sur la seule chaise. Dans sa besace, un morceau de viande froide. Du vin.
La bougie n'en a plus pour longtemps.
Il sort un calepin. Il regarde quelques feuillets qui l'absorbent.
Et la flamme vacille puis flanche.
Extinction des feux.
Va falloir dormir assis ! Et si ça se trouve demain elle sera morte ! Misère...
Pourquoi il l'a regardée ?