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[RP] Par ce sang qui nous lie.

Eulalie..
Le défi est lancé, la bagarre engagée. C’est un jeu, un jeu qu’elle veut sanglant. Elle promet de laisser la victoire mais en sera-t-elle capable ? Les réflex reviennent, mais la brune sait qu’elle a perdu de sa force, de sa rapidité. Elle enchaine les coups, mais pourquoi ne fait-il que se défendre et l’envoyer valser ? Frappe-moi ! Frappe-moi, a-t-elle envie de lui hurler. Mais non, c’est le sol qui la frappe, puis la porte qui l’assomme. Elle s’ennuie. Elle veut de l’hémoglobine, des limites qu’on franchit. Elle veut savoir ce qu’elle sait encore faire. Elle veut sentir la douleur la rendre vivante. Elle veut retrouver le temps d’un instant l’ivresse qui la prenait lorsqu’elle se battait pour de vrai. Parce que c’est ainsi qu’elle vivait. En souffrant et faisant souffrir. Mais l’adversaire n’en est pas un. Et elle se retrouve seule avec ses poings brulants et ses besoins d’autodestruction.

Du désappointement à la colère. Inspiration, expiration. Lalie se vautre dans le premier siège venu. La dextre empoigne la besace, la senestre la fouille à la recherche de quoi écrire. La Noire doit se reprendre, La Noire doit retrouver le slave. Etrange intuition, mais intuition quand même.
Elle ne se pose pas de question, elle sait que c'est à lui qu'elle doit adresser cette lettre. Comme elle se tournera vers Armand pour chercher du travail. Les lagons revoient un instant quelques images, quelques bribes du passé qui apparaissent devant eux comme si c'était maintenant. Mais non. Tout cela est bien loin.




Torvar,


A peine écrit-elle cela qu’elle est interrompue. L'arrivée de quelqu'un. Un grognement s’échappe à l’intention de l’homme qui la gêne. Le « p’tit con » surnommé plus tôt. D’un geste de la main elle chasse ses gamineries.

J’suis occupée j’t’ai dis ! Va jouer ailleurs.

Toujours aussi aimable, elle reprend sa lettre, déconcentrée de partout avec les intrus. La taverne est bruyante. Mauvaise idée que d’écrire là. M’enfin, quand la flemme retient le corps posé où il est …



Je me demande si tu reconnaitras cette écriture, même si j’en doute. La plume a bien changé, autant au moins, que la personne qui la tient. J’ose espérer que toi, tu n’as pas changé. Mince espoir si je compte les années qui nous séparent de cette première rencontre.


Hésitation. Longue hésitation qui repose la plume dans l'encrier. Que peut-elle bien dire ? Avouer que c'est l'envie de faire saigner qui l'anime à nouveau ? Peut-être. Parce que c'est ce besoin qui lui ronge les veines et qui l'obsède. Parce que c'est la vérité. Elle veut le revoir pour redevenir ce qu'elle a toujours été. Une tueuse. Et Lalie est si franche ...





Il y a longtemps que nous nous sommes quittés, et j’en garde presque un bon souvenir. Mais ce n’est pas pour te parler de passé que je t’écris. Je reviens à la vie après des mois d’absence, et me voilà rouillée. Crois-le ou non, j’ai besoin de ton aide pour me remettre dans le bain. J’ai besoin d’entraînement, de retrouver muscles et réflex qui ont rythmé ma vie. Il faut que l’on se revoit.

Ne me laisse pas sans réponse,

Eulalie.


Elle signe de son prénom, et étrangement le vrai. Si quelqu’un s’est un jour apparenté par le passé à un ami de la brune, c’est bien lui. Le Corbeau et le Cosaque, on aurait pu en faire une fable …
Torvar
Un village mort, encore un. Trois pelés et deux tondus dans une taverne, le cosaque soupirait d’ennui. Il avait à son actif bien des batailles, du sang et des larmes mais là c’était une sacrée débandade. Et tout ça pour une bestiole qu’il avait occis sur les terres d’une noble blonde. Quelle chianli ! Maintenant que c’était fait, il assumait. Après tout elle lui avait laissé le choix… Et quel choix. Alors depuis, quand il avait un moment de libre, ce qui s’avérait être quand même relativement souvent vu le peu d’action que la ville comprenait, le cosaque allait à la taverne du coin pour se changer les idées. Il y retrouvait Mara qui refaisait le monde à son image, sondant les esprits, donnant quelques leçons ou se prenant de bec avec lui quand il était d’humeur à jouter verbalement. Mais il rongeait son frein. L’ennui était le pire ennemi qu’il connaissait et en général, ça finissait toujours mal ces histoires-là !

Toutefois, une fois n’est pas coutume, Torvar reçut un courrier. D’abord sceptique sur qui lui écrivait, il avait eu la désagréable surprise d’en avoir un du prévôt qui voulait qu’il dégage, lui le garde personnel de la duchesse consort, fallait pas pousser non plus, donc il se méfiait. Il posa le pli sur la table, l’observa un moment, se fit servir une mixture du cru et la descendit d’un coup avant de prendre le courrier dans ses doigts. Il l’ouvrit et prit enfin connaissance des premiers mots. Soudain, même pas arrivé à la moitié de la missive, Torvar devint blanc comme un linge et tapa son godet sur la table avant de le montrer au tavernier. Ce dernier ne se fit pas prier pour resservir le cosaque.

- djakuju! *

Et avant que l’aubergiste puisse faire quoi que ce soit, le cosaque avait mis sa main sur le poignet du bonhomme en le serrant avec force.

- Laisse la bouteille…

Le regard noir dissuada le tavernier de répliquer. D’ailleurs il s’éloigna très vite tandis que Torvar s’enfilait à nouveau le godet avant de s’essuyer les lèvres du revers de la main. Il lui fallait bien tout ça pour reprendre contenance. Ses yeux reprirent le chemin du vélin, les mots se mirent à danser se mêlant aux images du passé. La belle, la sanguinaire… Cette femme n’avait peur de rien ni de personne, il en avait été admiratif. Torvar n’avait pas pour habitude de s’entourer de gens insipides. Il était ainsi. Les femmes devaient être chiantes, avoir de l’esprit et ne pas être en manque de répartie. Eulalie avait le don d’ajouter à cela sa prédisposition à faire couler le sang. Le cosaque reprit sa lecture en soulevant un sourcil. Puis un soupir s’échappa de ses lèvres.

- Qu’avons-nous fais de nos vies dis-moi Eulalie ?

Oui qu’avaient-ils fais de leur vie depuis qu’ils s’étaient séparés ? Elle comme lui avaient eu leur tribut à payer, lourd parfois, plaisant à d’autres moments mais il savait que l’un comme l’autre n’en était pas sorti indemne. Et pourtant, malgré tout ça, le besoin viscéral de tuer les tenait encore debout.

Torvar fit signe au tavernier qu’il voulait écrire aussi l’homme s’affaira à trouver de quoi le satisfaire. En contrepartie, le cosaque lui lança une pièce que le rapace rattrapa sans la faire tomber. Le sourire qu’afficha alors l’homme de l’est voulait tout dire. Même si le tavernier le craignait, il savait que le cosaque était bon client. Détournant enfin la tête, Torvar se mit à répondre à son ancienne compagne de bien des instants. Et la plume fut trempée dans le petit pot d’encre, égouttée et finalement posée sur le vélin.



A mon âme damnée,

J’ai cru, en lisant tes premiers mots, que l’on me faisait une mauvaise farce mais qui aurait osé s’aventurer sur ce terrain sans provoquer ma colère ? Certains noms ne doivent être prononcés qu’avec parcimonie surtout lorsqu’ils reviennent d’outre-tombe … Les fantômes du passé ont parfois tendance à me faire vivre de mauvais souvenirs … Et puis j’ai su… j’ai su que tu étais de retour pour le meilleur et pour le pire. Et le pire nous l’avons déjà vécu, ensemble ou en solitaire alors il nous reste désormais le meilleur.

Et le meilleur, je veux te l’offrir puisque tu sollicites mon aide. Mais sais-tu ce que tu fais Eulalie ? Tu sais que je ne te laisserais aucun répit, aucun instant pour souffler ou geindre … Es-tu prête à souffrir, es-tu prête à pleurer, es-tu prête à verser ton sang pour redevenir la meilleure d’entre tous ?
Je te laisse le bénéfice de réfléchir… encore.

Dans le cas où tu voudrais mêler ta folie à la mienne…. Viens.




Le cosaque signa sa missive en y ajoutant l’adresse où elle pourrait le trouver si vraiment elle allait jusqu’au bout de son idée tandis que les yeux se perdaient déjà dans la flambée de la taverne où rôtissait un porcelet. Torvar s’apprêtait à faire un plongeon dans le passé et il n’était pas certain de tout ce que ça impliquerait.


*Merci
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Eulalie..
La Noire ferme les yeux. Soupire. Son corps nu se délecte de la caresse que prodigue l’eau chaude. Les cheveux sont relevés dans un chignon désordonné, les muscles détendus, le visage étrangement calme. Le bain apaise le corps et l’esprit de la stupeur de la veille. Stupeur et non peur tout court. Le Corbeau n’a peur de rien.
Tout ça à cause d’un homme. Qu’ont-ils tous à la prendre pour une putain ? Nouveau soupir. Il est vrai qu’elle aime les hommes. Et qu’elle aime en changer. Mais ce sont eux, le divertissement. Et pas l’inverse.

Elle était sans défense. Comment s’était-elle retrouvée dos au mur avec pour seule arme ses jambes et ses bras quand un homme l’étranglait littéralement ?
Les paupières se rouvrent, la mémoire fouille la scène à la recherche de détails. C’est à une tierce personne qu’elle doit la vie, et elle ne l’avouera jamais. C’est elle qui a amoché le fou, mais avant cela, elle n’en menait pas bien large. Elle n’a pas l’habitude de se retrouver de ce côté-là. C’est elle qui menace. Mais là … Là elle ne l’a pas vu venir.

Toc Toc Toc !
Entrez, répond-elle à la porte.

Le coursier entre et rougit à la femme nue devant lui. Non, Lalie n’est pas du genre pudique. Mais gare à celui qui regarde avec trop d’insistance …

Tu veux quoi ?
Heu … Rien … Je … J’ai ça pour vous.

La Noire se redresse, tend la main pour recevoir le pli. Le slave a fait vite. Parfait. Un regard vers le facteur qui n’a toujours pas bougé, le regard toujours fuyant.

Qu’est ce tu fous encore là ?
Mais … C’est-à-dire que … Vous aviez dit que …
Dégage !

Le ton est sans équivoque, le jeune homme déguerpit sans demander son reste. La femme se lève, sort du baquet. Elle saisit un drap dans lequel elle s’enroule et se sèche avant de se vautrer sur son lit. Lentement, les doigts délient le vélin pour en découvrir les écrits. Les lagons parcourent la lettre, encore et encore. Une main se tend vers la besace qui n’est jamais bien loin. Et la réponse fuse.



Torvar,

J’ai abandonné le meilleur de moi-même il y a des années déjà, dans une mare de sang. J’ai renvoyé ce jour là larmes et gémissements car tu sais bien qu’ils ne font pas parti de moi. Je n’ai pas peur de souffrir. Mourante je me battrai encore, brisée je marcherai toujours. La douleur est une amie de longue date qui m’a manqué durant de longues années. Et j’ai de nouvelles raisons de te confier mon entrainement.

Aussi je viendrai. Je viendrai vite parce qu’il me tarde de vous retrouver, toi et les souvenirs qui t’accompagnent. Prépare-moi des armes, car sans lames je me sens aussi nue qu’un nouveau-né. Et je n’apprécie guère cette sensation.

Eulalie.


La lettre signée, repose sur la table de la chambre tandis que le Corbeau se vêt. Enfilant chemise et braies elle s’active à lacer ses vieille bottes … Il serait temps d’en changer. Sa seule dague est glissée à sa ceinture, rassurante.
Puis le coursier est rappelé, le pli confié. La brune dévale les escaliers menant à la salle commune de l’auberge, avant d’en sortir. Deux doigts coincés entre ses lèvres elle siffle. Un coup, puis deux, un troisième avant que la chienne revienne. La Noire tend une main pour caresser cette vieille compagne. Et le périple commence, la brune est partie à la recherche de sa folle noirceur.
Torvar
La réponse lui était revenue, comme il s’y attendait. Et avec elle, les souvenirs d’années plus jeunes où le sang coulait à flots quand Torvar chevauchait aux côtés d’Eulalie. Jamais il n’avait rencontré une femme comme elle dont l’âme savait écouter sa noirceur afin de ne jamais succomber à la compassion et tuer sans merci. Les contrats, ils les avaient enchaînés, les duels aussi. Toujours plus forts, toujours plus loin, toujours plus provocateurs l’un envers l’autre. Et le cosaque aimait cette sensation de liberté qu’ils s’apportaient mutuellement. Jamais il ne lui avait demandé des comptes, seul importait ce qu’ils vivaient. Et puis un jour, ils s’étaient séparés mais Torvar gardait avec préciosité ses moments uniques qui les avaient, d’une certaine manière, façonné.

Aujourd’hui tout était différent. Il s’acquittait d’une dette afin de ne pas avoir la tête tranchée ou bien le corps se balançant au bout d’une corde mais le cœur n’y était pas. Peut-être qu’avec Eulalie, les choses changeraient, qu’il ne verrait pas seulement l’ennui de la vie.
Un soupir après s’être levé aux aurores et constaté que le village était encore plus endormi que la veille, Torvar glissa dans ses braies laissant sa chemise pendre par-dessus, à moitié ouverte sur son torse. De toute manière, dans une heure, elle volerait afin de rejoindre le sol, le laissant libre de tous ses mouvements. Parce que le cosaque il ne comptait pas recevoir la Noire sans être un minimum préparé. Il n’était pas encore complètement demeuré ou fou. Il savait qu’afin que la brune retrouve ses mouvements et sa dextérité, il lui faudrait donner de sa personne. Et il était hors de question qu’elle le trouve amoindri ou pire encore, pas à la hauteur.

Arrivé dans un pré derrière l’auberge tandis que l’aube se levait à peine, Torvar y déposa sa longue cape dans laquelle il avait camouflé un long bâton ainsi que son épée. Faisant craquer sa nuque, le guerrier de l’est prit le temps d’admirer ses armes, son choix se portant inexorablement sur le bâton. Et peu après, les mouvements commencèrent à s’enchainer. Torvar fit virevolter sa lance dans les airs avant de l'envoyer en avant d'une seule main tandis que l'autre se mettait à parer un adversaire imaginaire. Le cosaque fit mine d'éviter l'assaillant, creusa les reins, fit passer le bâton sur le côté puis tourna sur lui-même avant de donner le coup de grâce… Mais cela n’était pas suffisant… Encore. Il lui fallait retrouver cette dextérité qui datait des champs de bataille. Le temps lui parut un ennemi qui se jouait de lui tant il ne se souvenait plus vraiment depuis quand il n’avait pas manier cette arme… Rageant… alors Torvar utilisa cet accès de colère pour mener à bien son entrainement…

Combien de temps cela dura-t-il, il n’en savait rien car il avait perdu la notion du temps. Mais il continuerait jusqu’à ce que ses os lui fassent mal, jusqu’à ce qu’il n’ait plus la force de tenir son épée, jusqu’à ce que son corps lui dise de stopper… Faisant une pose afin de changer d’arme, le cosaque fit voler sa chemise. Les perles de sueur dansaient sur sa peau, venant recouvrir son corps meurtri. Il n’en avait cure. Il devait reprendre l’entrainement… être en parfaite condition physique pour le retour d’Eulalie. Alors il enchaina les mouvements avec son épée, se battant cette fois contre un mannequin de paille qu’il avait construit la veille tout en espérant que la réponse ne se ferait plus vraiment attendre.

Au bout de plusieurs heures enfin, Torvar se posa exténué sur une vieille souche, reprenant sa respiration. Il avala une grande gorgée d’eau encore fraîche dans sa gourde en peau puis s’essuya le front du revers de la main. Enfin il lança à l’horizon, avec un petit sourire en coin.

- Tu peux venir Eulalie, je suis prêt à te recevoir...
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Eulalie..
Une foulée. Deux foulées. Le limier bondit sur sa proie et hurle sa victoire sur le petit animal. Et la Noire court toujours, désavantage de ne marcher que sur deux jambes. Elle inspire, s’agenouille près du lièvre agonisant. Expire, dégaine sa dague qu’elle lui plante dans le cœur. Le Corbeau reprend son souffle et félicite le fier animal. Le soleil tombe lentement vers l’occident, baignant la forêt de ses derniers rayons. Eulalie se relève, essuyant sur un pan de tissu sa main tâchée de sang. Ramassant le fruit de sa chasse elle avance, la chienne sur les talons. Elle ne fera qu’une brève halte pour manger. Sortant d’une poche un briquet elle allume doucement un faible feu, installant au dessus une broche pour faire rôtir son diner. D’une main habile elle dépèce puis vide le lapin, animée d’un automatisme acquis depuis de longues années. Offre les tripes et le cœur au grand dogue sagement assis qui les dévore en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.

Bon appétit Sann …

Le doux crépitement de la viande qui cuit berce lentement le Corbeau. La femme fixe les flammes d’un air songeur. Elle est pressée, mais elle avance lentement. Il lui reste encore des lieues et des lieues à parcourir pour rejoindre le slave. Il lui faut un cheval. Cheval qu’elle volera dans la prochaine ville. La décision est prise tandis qu’elle empoigne une cuisse pour en croquer la chair. Juteuse et délicieuse. L’autre cuisse emballée, la carcasse est jeté aux pieds de la chienne avec une caresse. Une botte écrase les cendres encore chaude et elles repartent silencieusement.
La nuit est peuplée de leurs seules ombres, courant entre les arbres. Parce que la Noire court, court à en perdre haleine. Elle pousse son corps toujours un peu plus vite, un peu plus loin. Ignorant les crampes de ses muscles et ses poumons brulants elle ne cesse de courir que lorsqu’elle aperçoit les murs d’une ville toute proche. Elle se fait d’un rocher un fauteuil inconfortable pour admirer le soleil levant. L’astre majestueux entame sa course sans jamais se lasser d’éclairer les mortels de sa divine lumière.

Une main se pose sur le crâne de la danoise haletante, mouvement qui se mue en tendre caresse. Compagne de bien des voyages, qui suit sa maîtresse depuis le commencement. Puis Lalie se lève et marche lentement vers la ville. Voler un cheval, c’est facile. Il suffit d’agir dès le départ comme si c’était le sien. On détache sa bride tandis que son véritable cavalier est occupé à boire ou à jouer dans un tripot de si bon matin. Et le Corbeau repart comme quelqu’un qui s’en va, laissant un mot dans la main d’un coursier qu’elle envoie vers le slave.



Torvar,

Je serais là dans deux jours et deux nuits.

A très vite,
Eulalie.


Dire les choses simplement. Agrippant la crinière de sa nouvelle monture elle balance son corps sur le dos de l’étalon. Déjà tout équipé, elle part sans se presser, le grand dogue trottinant à ses côtés. La chevauchée s’accélère au sortir de la ville, le trot devient galop et le périple cavalcade. Depuis combien d’années n’a-t-elle pas monté ? Un bail, sans doute. Et pourtant, elle suit l’équidé dans chacun de ses mouvements.
Et le soleil poursuit sa course. Et les oiseaux continuent de voler, les grillons continuent de chanter. Et la Noire continue son voyage.

Elle tiendra promesse. Le matin du troisième jour, elle posera pied à terre dans une auberge avant de partir chercher le Cosaque. Mais lequel des deux trouvera l’autre ?
Torvar
Torvar passait le plus clair de son temps à s’entraîner. La blonde duchesse dont il était censé être le garde personnel ne sortant que très peu, il avait du temps afin de récupérer un peu de son agilité légendaire. Des mois qu’il ne s’était pas battu contre un adversaire coriace, il savait qu’il aurait du fil à retordre avec La Noire surtout lorsque cette dernière récupérerait ses facultés. Donc, entrainement… entrainement… entrainement.

La douleur n’avait jamais fait peur au cosaque, bien au contraire. Il l’aimait, l’avait apprivoisée même. A force de se faire taillader la peau, il avait eu le temps de faire connaissance. Et puis chaque fois qu’il avait mal, il se savait vivant. Paradoxale comme attitude, comme état d’esprit mais c’était le sien. Et la douleur était au rendez-vous. Chacun de ses muscles le faisait souffrir mais il retournait à l’auberge avec un visage proche de l’extase. Et si en plus l’attendait une missive de sa comparse alors là, c’était Byzance !

Ce soir-là, s’emparant du vélin, Torvar lut et relut les mots qui dansaient devant ses yeux. Deux jours et deux nuits et il reverrait ce visage aux traits parfaits qui pouvaient damner un saint à tout jamais, deux jours et deux nuits et il pourrait à nouveau respirer cette saveur où la mort venait danser avec l’impatience, deux jours et deux nuits où les souvenirs ne manqueraient pas de le tirailler, lui rappelant qu’en dehors de leur bain de sang qui les avaient réunis, les nuits étaient aussi belles que les journées.

Attrapant un vélin avec rage dans son escarcelle, Torvar sortit sa plume et son poignard. Il s’entailla légèrement la main et fit tomber quelques gouttes de son sang sur sa plume qui vint griffer le vélin avec habilité. Le message serait court mais elle comprendrait.



Impatient de retrouver notre liberté…



Il n’était pas nécessaire d’en dire plus, ils se connaissaient assez pour qu’elle sache tout de lui, de ses réactions comme de ses besoins, de ses espoirs comme de ses limites. Bien que le mot limite ne fut pas vraiment inscrit dans son vocabulaire la concernant.

Inspirant profondément, le cosaque se leva pour se diriger vers le comptoir, attrapa la bouteille de cette gnôle que le tavernier lui avait dégoté afin de satisfaire ses besoins d’alcool fort, sortit sur le pas de porte et en versa directement sur sa main afin de nettoyer la plaie puis revint s’asseoir à la table qu’il occupait auparavant, légèrement dans la pénombre. Là, il se versa une bonne rasade qu’il but d’un trait en marmonnant : à ta santé Eulalie !

Et la soirée se poursuivit jusque tard dans la nuit. Entre alcool et souvenirs, Torvar avait entamé un voyage des plus chaotiques mais qui finalement lui plaisait. Et au petit matin, il reprit la direction du champ derrière l’auberge afin de chasser les vapeurs d’alcool qui lui embrumaient encore l’esprit jusqu’à tomber à genoux, exténué. Et le soir venu, l’auberge l’accueillerait à nouveau…

Deux jours et deux nuits avait-elle dit. A l’aube du troisième, Torvar guettait à l’entrée du village celle qui lui avait promis d’être là. Dissimulé dans une ruelle sombre, il avait vu passer la monture avec sa cavalière. Étrangement, il en avait ressenti un bien fou tandis que sa peau réagissait déjà par un long frisson qui vint courir dans son dos. Il lui fallait maintenant la retrouver mais pas là à t’intérieur de cette auberge, pas au milieu de tous ces gens qu’ils ne connaissaient pas ni l’un ni l’autre. Alors il attendit, encore. Caché à nouveau entre deux bâtiments, Torvar savait qu’on lui indiquerait où il allait chaque jour et lorsqu’il la sentit passer non loin de lui, son bras se tendit pour venir l’agripper, une main sur la bouche d’Eulalie, la plaquant d’office contre son torse, venant lui confier d’une voix rauque où perçait le plaisir de la retrouver.

- Il va falloir que tu réapprennes aussi à te méfier…
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Eulalie..
La Noire marche, la Noire cherche, la Noire s’ennuie. C’est quoi ce patelin où y a pas trois pécores pour lui indiquer son chemin ? Un trou paumé. Sans aucun doute. Dire que le slave vit dans le coin est une mauvaise blague. Il ne peut pas vivre dans un endroit si … Mort. Et pourtant. Certes, elle apprécie le calme et le silence. Mais il y a une limite à tout. Vivement que Torvar se pointe.
Mais pour l’heure pas de Cosaque et le temps passe lentement. Un soupir témoigne du désappointement, les doigts martèlent le bois d’une table de taverne. Douce mélodie dont l’écho se répercute dans la salle occupée par trois personnes et demie. Les paupières se ferment lentement, Le jour se fait nuit pour le Corbeau qui somnole. Celle qui jamais ne dort est bercée par l’ennui et finit par sombrer.

Et elle est devant cette falaise. Tout ce vide sous ses pieds. Une douce brise la pousse en avant. C’est irrésistible. La Noire plonge. Elle sent le vent fouetter son visage, ses cheveux voleter partout. Elle se sent libre, elle se sent forte, elle se sent loin. Elle est entre ciel et terre. Un regard en arrière. Un couffin vide attend au bord du gouffre. Elle tend une main, mais il est trop tard. La terre se rapproche. Elle tombe sans un bruit. L’enfant invisible hurle lorsqu’elle percute le sol.

Le Corbeau sursaute en ouvrant les yeux. Le rêve a duré une minute. Claquement des bottes sur le parquet, la femme se lève et sort. Ses yeux se troublent un instant et elle se remet à marcher pour oublier le cauchemar. Faiblesse qu’elle refuse de montrer aux pécnos du coin. Le corps s’étire et se délie, Lalie s’engouffre dans une ruelle. Elle se prépare à siffler et. Et elle retient son souffle.
A la première main elle dégaine. A l’étreinte forcée une lame acérée menace le flanc de l’agresseur. Les dents mordent le bâillon de chair. La défense cesse lorsqu’il murmure à son oreille. La voix à l’accent teinté de l’est attire un sourire sur son minois. Et elle se dégage violemment, glissant à sa ceinture l’arme désormais inutile.

J’ai presque eu peur.

Le ton est plein d’ironie, le regard cache mal la satisfaction de le voir. Les lagons détaillent la silhouette encore toute proche. L’odeur de l’homme engourdit son esprit de mille souvenirs. Des sanglantes journées aux étreintes nocturnes, douloureux plaisir ou plaisante douleur selon les instants. Est-ce tout cela qu’elle veut revivre ? Question qu’elle se pose à l’instant. La réponse est non. Elle veut autre chose. Elle veut plus, toujours plus. Le passé appartient au passé.

Ca fait longtemps Cosaque. T’aurais pas un peu … Vieilli ?

La bonne blague.
Torvar
- T’es plus de première fraicheur ma belle….

Un regard qui s’égara longuement sur le visage de la Noire, un sourire qui effleura les lèvres de Torvar et le voilà qui détaillait sa compagne passée de bien des instants. Une vague de chaleur lui enveloppa le corps, le faisant frissonner. Oublier le passé, il en était incapable et il s’en accommodait bien finalement mais à l’instant, il aurait aimé ne plus avoir ces images d’autrefois où les corps de l’un et l’autre dansaient sur le même air. Entre effusions de sang et effusions de passion, Torvar ne résista pas au besoin de la toucher, de la sentir, de se remémorer... Une de ses mains se glissa sur la nuque d'Eulalie afin de l'attirer à lui et ses lèvres vinrent goûter cette saveur que seule elle avait su lui apporter, seule elle avait su lui offrir. Toutefois, se forçant rapidement à sortir de cet état et chasser ses pensées, le cosaque recula de quelques pas avant d'inspirer profondément. Son bras s’avança alors dans la direction d’Eulalie afin de la prendre contre lui une fraction de seconde. On n’était pas là pour se faire des câlins mais pour discuter de leur lendemain. Les doigts de Torvar s’enfoncèrent légèrement dans la chair de l’épaule féminine avant de sourire.

- Avant toute chose, soif ! Ton arrivée ne peut pas y déroger et puis avec le long chemin que tu as fait, je pense que tu as faim… C’est moi qui régal !

Entraînant la jeune femme avec lui, le cosaque prit la direction de l’auberge où il vivait quand sa présence n’était pas requise auprès de la nobiotte. D’un geste sans appel, Torvar ouvrit la porte puis laissa passer Eulalie avant de refermer derrière lui du bout du pied. Indiquant la table la plus éloignée à sa complice de toujours, le cosaque alla directement voir le tavernier.

- Ma bouteille et tu nous apporteras deux assiettes et de quoi se restaurer…

Prenant le vieil homme par le col il se pencha pour lui murmurer d’un ton qui n’admettait aucune réplique, entre ses dents serrées.

- Et pas ce plat immonde que tu sers aux voyageurs d’ordinaire. Je me fous de ce que ça coutera mais nous avons faim alors presse-toi un peu !

Relâchant l’encolure, Torvar agrippa la bouteille que lui avait tendu l’aubergiste d’une main mal assurée avant de prendre deux godets puis il se dirigea vers la table, servit et se laissa choir sur une chaise, dans la pénombre afin d’éviter les regards indiscrets mais vu le peu de quidam qui se trouvait là, on ne pouvait pas mieux rêver.

- Alors raconte… fit-il tout en trinquant.

Portant son verre à ses lèvres, il en but une bonne lampée histoire d’assouvir quelques-unes de ses envies avant de plonger ses prunelles grises dans le regard d’Eulalie. Et là, captifs ou volontairement ancrés, ses yeux ne voulaient pas la quitter. Posant son gobelet sur la table, la main de Torvar vint lustrer sa barbe blanchie avant de laisser s’exprimer ses pensées qui cahotaient dans sa tête.

- Quelque chose en toi est… différent. Où est passé celle qui fut à mes côtés de longs mois durant, que lui est-il arrivé ?

Le ton du cosaque était grave et l’inquiétude fit ressortir cet accent qu’il arrivait si bien à dissimuler depuis le temps. Là, pas de faux semblants entre eux. Eulalie était sans doute la seule femme à le connaître réellement. Depuis toutes ces années, il n’avait pas besoin de se cacher ni même de prendre des gants avec elle.
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Eulalie..
Tu veux rire ? Je suis aussi fraîche que la rosée de matin …

Les lagons capturent chaque image de l’homme qu’elle a devant elle. Un bref sourire étire les lèvres carmines avant qu’un baiser ne les close de manière radicale. Saveur délicieusement lointaine qui revient avec cet élan de tendresse. Les paupières se ferment, manie stupide qui s’était effacée avec le temps. Mais ce n’est pas la magie de l’instant ou la douceur du geste qui fait frissonner sa peau. C’est le souvenir qu’il amène, à la fois beau et douloureux. Est-ce l’Amour qui les a un jour liés ? Elle l’ignore. Mais le baiser est grisant, et une main s’aventure sur le torse de l’homme, glissant sur ce corps qu’elle connait par cœur. Lorsque le lien se rompt elle est presque déçue. L’heure de la chair viendra après celle du sang. Enfin … On verra.

Ouais, tu paies. N’oublie pas qu’en plus d’être fauchée, je suis radine.

Rictus ironique aux coins des lèvres, Eulalie n’a pas vraiment l’habitude de payer sa nourriture. Elle comprend le concept, mais ce n’est pas quelque chose qui rentre rapidement. Et durablement. Aussi elle ne dira pas non. Elle se laisse entrainer, le corps se détend lentement. Elle peut se laisser aller à boire un verre ou deux. Ou dix, selon la soif. Mais parler … Parler sera plus difficile.
Attendant sagement qu’on apporte son plat, la femme prend place, se laissant tomber sur une chaise inconfortable. Une main prend le verre et agite son contenu, la Noire hume la liqueur avant de la descendre d'un seul trait, se resservant. Habitude de ne savourer que la deuxième chope.
Le regard est fuyant, il évite soigneusement de croiser le slave. Une main glisse dans les mèches de jais tandis que leur propriétaire se balance lentement sur sa chaise, d’avant en arrière. Le siège retombe en un claquement sec, les jambes se croisent sur la table avec nonchalance. La Noire prend le temps de répondre. Elle n’est pas du genre à déballer sa vie. Même au Cosaque. Non, il ne saura que ce qu’elle lui laissera savoir. Alors, choisissons nos mots avec soin.
Te le dire, c’est avouer ma faiblesse. Et je n’ai pas de faiblesse …

J’ignore où elle est partie, Torvar. Elle s’est échappée le jour où j’ai franchis le seuil du monastère. Je suis revenue pour la retrouver.

Oui, retrouver cette partie de moi qui me fait défaut depuis bien plus longtemps que cela …
Ce n’est pas entièrement un mensonge. Mais croira-t-il à cette part de vérité ? Que doit-elle dire pour qu’il ne parte pas ? Que peut-elle encore cacher ? Il ne tirera rien des secrets du Corbeau, mais peut-être partagera-t-elle ce secret qui n’est qu’à moitié le sien. Secret qui les lie sans que le slave n’en ait la moindre idée. Peut-être n’est-il pas encore temps d’en parler.

J’ai encore plein de choses à faire avant de rejoindre les Abysses, Torvar. Et je suis moins forte, moins rapide. Tu dois m’aider à retrouver tout ça.

Un battement de cil avant de le regarder droit dans les yeux. Elle ne va pas lui mentir.

Et après ça … Je repartirai comme la première fois.

Comme une voleuse. Sans un mot ni un regard. Et pour les mêmes raisons.
La Noire accueille avec un lèchement de babines l’assiette qu’on lui sert. Les bottes rejoignent le sol pour laisser place aux mains qui piochent un morceau de viande pour nourrir la brune. Elle grignote la Noire, elle se cache derrière un semblant d’occupation pour détourner les yeux. A-t-elle honte, de parler ainsi de la fuite qu’elle prendra inexorablement ? Elle ne s’enfuit pas pourtant, c’est la vie qui l’appelle. La vie et le besoin de mort autour d’elle. Le nez penché au dessus du plat, elle avale une bouchée avant de reprendre la parole.

On commence ce soir, quand la lune sera haute.

Manie d’imposer sa volonté. Ce soir on se battra. On se battra parce que sinon, on finira par parler. Et il y aura forcément un moment où je devrais te dire …
Torvar
Le plat fut servi rapidement et sans broncher, Torvar observait. Un pied sur une chaise voisine, la jambe fléchie afin de supporter son bras sur son genou… il observait. Qui, quoi, pourquoi… c’était là la question du jour. Eulalie, il l’avait analysée dès l’instant où il l’avait tenu dans ses bras. Son corps contre le sien avait changé, s’était étoffé à certains endroits, affinés à d’autres. Ce n’était plus la jeune fille inconsciente du danger qu’il avait tenu de longues nuits contre lui. Non celle-ci était différente mais l’ombre était là, encore, tapie dans les confins de son corps et de son âme, cherchant à revenir d’entre les abysses.

Piquant un morceau de viande de la pointe de son poignard, il le porta à ses lèvres tout en ne cessant pas de la regarder et surtout de l’écouter. D’ailleurs il n’avait pas bronché quand elle lui avait lancé comme un défi qu’elle repartirait. Il le savait. Bien avant qu’elle ne lui revienne il le savait. Elle n’était pas faite pour mettre en cage et il n’était pas de ceux qui attachaient les gens afin de les priver de ce qui les faisait avancer. Lui-même n’admettait pas qu’on brime sa liberté alors le faire aux autres… Son poignard vint se planter dans le bois de la table tandis que les doigts du cosaque se perdaient dans sa barbe, s’essuyant les lèvres et la barbe.

- Epargne-moi le couplet sur ton départ, tu sais bien que ce n’est pas nécessaire avec moi. Je sais comment tu fonctionnes et tu me connais. Je ne te demande rien… ou si, une chose…

Redressant le menton fièrement, les yeux slaves brillaient intensément. Les années les avaient séparés certes mais ils se connaissaient trop bien pour tourner autour du pot quand ils avaient quelque chose à se dire. Alors Torvar reprit mais cette fois, le ton de sa voix était devenu plus rauque, plus bas, plus intime.

- Soit toujours honnête avec moi, c’est tout ce que je te demande. Tu sais très bien que je te donnerais tout sans compter, que tu peux me demander n’importe quoi mais ne me mens jamais. C’était valable il y a des années, ça l’est toujours… Je n’ai pas de temps à perdre avec des personnes qui se jouent de moi…

Voilà, les choses sérieuses commençaient. Dès l’instant où Eulalie acquiescerait, ils seraient à nouveau soudés comme autrefois. Mais jusqu’à quel point, cela restait à déterminer. Torvar se cala le dos contre le dossier de sa chaise tout en prenant le verre qu’il venait de se verser, faisant tourner le liquide contre les parois du godet.

- Tu signeras de ton sang ta promesse… dès ce soir… Et à partir de cet instant, tu pourras être certaine que je ferais de toi ce que tu étais autrefois…

Un dernier regard jeté à celle qui fut son amante et sa compagne d’infortune et un « Bud'mo!* » fut lâché avant que le coude ne se lève et que le breuvage vienne glisser le long de son gosier. Le cosaque fit claquer sa langue contre son palais avant de reposer bruyamment le verre sur la table. Un léger sourire étira ses lèvres avant qu’il sa main ne vienne fouiller dans la poche de ses braies en sortant deux clés.

- Je t’ai pris une chambre, à l’autre bout du couloir de la mienne… si tu as besoin d’être seule pour te ressourcer…

Tout en parlant, Torvar fit glisser l’objet métallique sur la table dans la direction de la jeune femme. Puis il posa la seconde sur le bord de la table, jouant avec avant de faire de même que la première.

- Celle-ci c’est celle de ma chambre. Ce n’est pas une nécessité, ce n’est pas une supplique… tu sais que ce n’est pas mon genre mais si tu as besoin, envie simplement de parler, d’être réconforter devant les doutes qui semblent t’assaillir ou même simplement envie de passer un bon moment… c’est toi qui décide…

Le cosaque n’obligeait personne à venir lui tenir compagnie. Il y avait bien longtemps qu’il n’avait plus besoin de séduire. Ça n’avait jamais été le cas et ça ne le serait jamais. Avec Eulalie c’était différent. Ils avaient connu la passion dans le sang et aujourd’hui… aujourd’hui qu’ils avaient pris des rides et pri de la bouteille, il restait une certaine tendresse, du moins de la part de Torvar pour cette femme, une des rares femmes à avoir compté dans sa vie chaotique.



santé !

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