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[RP] J'veux pas y aller...

Alix_ann
    ... à ce diner j'ai pas le moral, j'suis fatigué
    Ils nous en voudront pas, allez on y va pas!
    En plus faut que j'fasse un régime, ma chemise me boudine
    J'ai l'air d'une chipolata, je peux pas sortir comme çaaa *


Elle fait du point de croix, tranquillement dans sa chambre. Alix aime bien le croix de point, pas que ce soit intéressant c'était une activité parfaitement chiante pendant laquelle elle avait l'occasion de penser à tout et n'importe quoi, concentrée (ou moins) sur son ouvrage. Son esprit vagabonde. Elle aimait bien le point de croix, ça lui rappelait Gontier, ça lui rappelait ces longues après-midi auprès de l'âtre où Yolanda et ses filles, dont elle, s'adonnait à cette activité. Alix était la plus disciplinée, la plus assidue, celle qui y mettait le plus de coeur.
Mais là elle n'arrive pas à ce concentrée. Elle se dit que ça ne va pas, elle se dit qu'elle est pas bien. Ça ne va pas, d'ailleurs, et elle n'est pas bien. Elle est tracassée.


-« Aïe ! »

Elle jete son ouvrage, se suce le pouce, serre les dents et geint en ayant tout à coup plus qu'assez. Le dès à coudre et ôté et lui aussi jeté à terre.

-« Kao'ch... »

Qu'elle geint toujours en suçotant son pouce.
La femme de chambre l'interpelle, elle lui rappelle que ce ne sont pas des manières. Alix lui répond d'aller se faire voir. C'est une autre qui l'interpèle, qui lui demande si ça va. Même réponse, qu'elles aillent se faire foutre. Alix se dirige vers son lit, se laisse tomber dessus. Elle est visiblement pas contente.

Son chat s'enfuit alors que son poids s'abat sur sa couche.


-« Très bien, on vient vous chercher pour le sacre ma p'tite d'moiselle... »
-« J'irais pas ! »

Qu'elle dit en soulevant ses couvertures pour se recroqueviller dedans.
-« Mais qu'c'qu'on va dire à vot' marraine? »
-« Dîtes lui que j'irais pas ! »

Qu'elle s'insurge s'emmitouflant encore plus dans les couvertures, ne laisse se découvrir qu'un petit oeil bleu perçant qu'elle referme par ennui.

C'est pas sa marraine qui va dire le contraire, elle est sûre que elle non plus elle veut pas y aller. Elles étaient dans le même bâteau, sauf que celui d'Alix n'allait pas s'arrêter là et faisait une halte à la destination mariage. Ça elle l'avait bien intégré. Alors elle refusait de se préparer pour aller au sacre en compagnie de la famille Mirandole. Elle refusait d'être le sac de blé de cette transaction territorial, elle refusait d'être l'appât militaire de son sadique d'oncle. A partir de maintenant elle faisait la gueule.

Elle ré-ouvre un oeil pour constater les quelques femmes de chambre toujours occupées à la mater avec des yeux curieux.


-« Dîtes-lui ce que vous voulez, dîtes-lui que je suis malade. Dîtes-lui que j'ai attrapé un sale rhume, qu'on peut pas me balader à Paris comme ça. Dîtes-lui que je suis trop triste, dîtes-lui que je suis fatiguée. Dîtes-lui que j'irais pas. »

Et sur ce elle se retourne de l'autre côté du lit, de celui qui donne vers la fenêtre. Elle attrape son lapin Jean-Baptiste, elle le sert dans ses bras et ferme les yeux très fort. Elle veut s'endormir, elle veut les oublier. Elle en veut pas de ce voyage jusqu'à Paris pour pavaner aux bras d'un fiancé hideux.

Et de les entendre enfin déguerpir de la chambre, la laissant bouder en paix.

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* Titre trouvé par Jd Marzina en référence à une chanson de Bénabar qu'elle connaît tout par coeur
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Marzina
Une telle cérémonie, c’est beaucoup de préparation. Robe, coiffure, maquillage. L’armée s’affaire autour d’elle, et la blonde reste stoïque. Elle est habituée depuis longtemps maintenant, petite ça l’agaçait, ce genre de préparatifs. Maintenant, ça l’agace toujours autant, mais elle s’y est faite, c’est obligatoire et c’est comme ça. Un rang à tenir, ça implique des sacrifices. Et de tous ceux qu’elle pouvait avoir à faire, celui-là était bien un des moindres au final. Elle l’avait découvert les années passant. Alors elle souffrait en silence, il valait mieux rester tranquille et éviter de bouger, l’opération mettait ainsi moins de temps, si elle se mettait à s’agiter, la coiffure serait à refaire, le maquillage à retoucher, la robe à réajuster. Alors elle inspire, expire, prend son mal en patience. Zen.
Tout ça serait bientôt terminé, c’est une question de temps. Les sacres, y’en a quand même pas tous les six mois ! Si ? Ah merde…


« Hum, Altesse ? »

Les yeux noirs se tournent vers la chambrière d’Alix Ann, et la tête avec, que la coiffeuse redresse presque aussitôt. Soupir d’agacement de l’Altesse en question.

« Qu’y a-t-il de si urgent ?
- C’est la demoiselle…
-Et bien, que se passe-t-il ? Est-elle déjà prête ? Vous pouvez la faire entrer si elle s’ennuie !
-Au contraire Altesse…Elle n’est pas prête…Et ne compte pas se préparer. »

Cette fois, le visage princier se tourne brusquement pour fusiller l’infortunée messagère du regard. La blonde plisse les yeux, comme si c’était la chambrière qui venait de refuser de s’habiller.

« Comment ça elle ne veut pas se préparer ? Compte-t-elle aller au sacre en chainse ?! »

Il faut dire que le moment était mal choisi pour faire un caprice. Si la blonde avait été d’une humeur enjouée des jours durant, ça avait radicalement changé les derniers jours, et ça avait encore empiré avec la douleur dans son bras meurtri qu’elle portait en écharpe. Aujourd’hui, elle devrait faire sans, question d’esthétique, et la douleur se faisait lancinante. Souffrir pour être belle, le proverbe prenait tout son sens.

« C'est-à-dire que…, hésitation de la femme, elle ne veut pas y aller. »

Le nez princier se fronce et elle se lève d’un bond, sans attendre les justifications d’une telle décision. A vrai dire, elles lui importaient peu. Si Alix Ann n’était pas à l’article de la mort, elle irait à ce sacre ! Et si elle l’avait été, on lui aurait annoncé plutôt que de préciser que mademoiselle ne comptait pas s’habiller.

« Je vous en ficherais moi, des caprices de sale gosse ! »

Oui, Marzina avait créé un monstre de par son éducation laxiste, gâtant la petite à outrance pour démontrer maladroitement son affection. Et maintenant, elle payait les pots cassés, se retrouvant avec la mutation de son propre modèle adolescent. Et étrangement, elle avait du mal à le supporter. Elle se lève alors dans le froufroutage de sa robe princière, mettant à bas le travail de la coiffeuse qui tentait vainement de tresser les boucles rebelles dans une coiffure élaborée. Avec des moitiés de tresses, une robe princière à moitié ajustée et un maquillage pour le moins approximatif, l’Altesse part une guerre dans les couloirs de Quiberon pour venir enfoncer de son bras valide la porte de la chambre du monstre qui lui tient lieu de presque-fille. Elle l’affronte du regard, yeux plissés. Tant pis pour sa pudeur, elle n’avait qu’à s’habiller !

« Mademoiselle Montfort-Kermorial, vous avez intérêt à avoir de très bonnes justifications pour refuser d’assister à un sacre, un SACRE ! »

Retour du vouvoiement qui finit toujours par poindre quand il s’agit de lui faire la leçon, tout comme le fait de l’appeler par son nom, signe évident d’agacement. L’échelle au-dessus consisterait à l’appeler par son titre, mais on n’en est pas encore là. Elle veut croiser les bras, mais la douleur dans son bras droit lui rappelle que ce n’est pas envisageable. Grimace de frustration et de douleur, ça l’énerve encore plus.

« Je vous écoute. Sale gosse. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ? »
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Alix_ann
Elle sert fort Jean-Baptiste dans les bras, ça claque dans les couloirs. Elle a rarement fait la gueule, elle a rarement refusé de se plier sciemment à ce qu'on lui disait de faire. Obéissante, jolie, muette. Toujours. Sauf là maintenant. Elle était fâchée, vous comprenez, c'est pas ce qu'elle avait prévue la petite. Elle avait prévue d'épouser Lothar, elle avait prévue d'avoir pleins d'enfants avec et une fin heureuse. Elle avait toujours su que c'était irréalisable mais elle y avait cru, elle y croyait encore un peu. Alix ne lui avait toujours pas informer de la décision de son oncle.

Alix pleure comme une madeleine, elle a les yeux coulant, la morve au coin de menton, la peau qui l'irrite. Elle pleure de tous ses petits malheurs de gamine trop gâtée (c'est le moment où il faut compatir). Jamais elle ne pourra épouser le garçon qu'elle aime ! Jamais elle n'aura de beaux enfant blond ! Son mari sera hideux ! Elle sera condamnée à faire du point de croix et des virées shopping avec son beau père ! Elle aime Lothar, Lothar l'aime, Lothar va la haïr, Lothar devra en épouser une autre ! Lothar fera des beaux bébés blond avec quelqu'un d'autre ! Même qu'elle ne sera jamais plus princesse des Mirabelles ! Elle vivra recluse en Périgord Angoumois, autant dire le fin fond du trou du cul du monde à faire du point croix. Même que la vie c'était trop de la merde. C'était catastrophique ! Elle exècre la société !

Alors elle serre Jean Baptiste encore un peu plus fort, elle sert les dents, elle plisse le front. Elle ne sait pas ce que ça fait de désobéir, de faire la rebelle. Alix sent bien que c'est une mauvaise idée, mais elle espère que ça pourra marcher ou à défaut lui faire gagner du temps.

C'est à ce moment précis (ouais, là maintenant) que la lourde porte s'abat dans un fracas tonitruant qui ne pouvait qu'annoncer l'arrivée de sa marraine. Alix se camoufle un peu plus, autant vous dire que ça n'allait pas l'aider. Gagner du temps, encore un peu de temps, avec un peu de chance une tempête éclatera pendant ce temps là et ruinera toutes les chances d'arriver à temps à Paris. Mais pour l'instant la seule tempête se trouvait dans sa chambre, acerbe, toute griffe dehors pour ramener sa nièce à la raison.

Malheureusement pour elle c'était mal tombé.
Relevage de tête, toujours protégée (qu'elle croit, bêtement) par les couvertures.
Séquence crise existentielle :


-« Vous êtes des mooooonstreeeees !!! »

Ça, c'est fait.

-« Jamais je n'irais me parader aux bras d'un fils de bourgeois arriviste au sacre d'un enquiquineur français pour le bon plaisir d'un oncle sanguinaire ! »

De croiser les regards de Marzina, d'se mordre la lèvre, de se rendre compte qu'elle a fait une grosse bêtise et d'éclater en sanglots.
Plan B.

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Marzina
La petite était si facile à vivre, la blonde ne comprend toujours pas cette métamorphose qu’on appelle adolescence, avec les hormones qui créent la rebellitude. Elle, elle l’avait déjà à 8 ans, alors comment concevoir que chez les autres enfants, il existe une période plus tardive pour contester l’autorité ? Elle avait toujours pensé qu’Alix Ann resterait cette gentille petite fille calme, sage et câline qu’elle avait connue. Et maintenant, elle a peur que non, que finalement elle soit aussi insipide que toutes les autres enfants. Elle a peur de se mettre à la détester, comme elle déteste tous les autres. Elle a peur de tellement de choses en fait…Alors elle s’en détache. Mais d’Alix Ann elle ne peut pas, elle a fait une promesse. A sa femme, devant le Très Haut, elle a promis de prendre soin de cette petite pousse, alors elle ne peut pas s’éloigner et arrêter de l’aimer comme elle a l’habitude de faire avec les autres quand ça fait mal. Elle grandit en apprenant à faire face aux cotés de sa mini-princesse, en lui apprenant à grandir, elle devient elle-même un peu plus adulte.
Elle écoute ses explications, et les yeux noirs se posent sur les signes évidents de souffrance qui dépassent de la couverture sur le visage inondé de larmes. Si évidents…Elle lui avait pourtant appris, qu’on ne pleure pas ainsi…On sourit et on frappe. Ça ne console pas, ça n’arrange rien, mais ça soulage. Coup d’œil perplexe sur le lapin qu’elle serre dans ses bras. Enfin, la bouche princière s’entrouvre à nouveau, pour faire remarquer :


« Tu es en train de tuer Jean Baptiste, je crois. »

Pauvre lapin qui meurt étouffé par un gros chagrin à cause d’un mariage à la con…Ça ferait un bon civet pour ce soir…
Mais Alix Ann lui en voudrait trop.
Alors elle vient s’asseoir sur le lit à côté d’elle pendant qu’elle sanglote. Une fine main d’albâtre se déplie pour caresser tendrement les cheveux de l’enfant, gagnant du temps pour trouver les mots. Elle-même avait encore bien du mal à accepter un mariage arrangé, elle n’avait toujours pas réussi à étouffer complètement les bribes d’espoir qu’il pouvait lui rester, alors il lui semblait compliqué d’apprendre à Alix Ann là où elle-même échoue. S’il avait suffi de quelques semaines pour faire le deuil de ses fiançailles avec Lemerco, elle n’arrivait pas à conclure son deuil d’Ailvin après des mois. Tout comme elle avait cru enfant que son père reviendrait la chercher, quelque part en elle elle persistait à croire qu’Ailvin apparaitrait un jour sur le pas de sa porte et l’emmènerait à l’église, comme lors de leurs fiançailles. Mais il ne le fera pas cette fois, il était mort, tout comme son père. Et comme tous ceux qui n’avaient pas de certitude absolue, pas de preuve que leur proche était tombé au combat, elle espérait qu’il soit encore en vie. L’espoir était resté figé avec le souvenir, tout comme l’image qu’elle avait d’Ailvin, celle du héros qui avait mis fin aux jours de son bourreau. Les défauts avec le temps s’estompaient pour ne laisser que l’image idéalisée.
Ailvin manquait de tendresse. Ailvin était un menteur. Et Ailvin était un coureur.
Si elle avait su qu’il fût un temps violeur, peut-être le deuil aurait-il été plus simple.
D’une voix douce, elle dit enfin :


« Tu le sais, n’est-ce pas Alix Ann, que ne pas aller au sacre n’annulera pas ce mariage ? »

La voix se durcit un peu plus pour ajouter :

« Mais les cérémonies officielles, pour toi comme pour moi, sont choses qui, si elles ne sont pas obligatoires, sont indispensables. Alix, tu ne veux pas passer ta vie à faire du point de croix, crois-moi sur parole. Et si en tant que femme noble, tu veux jouer un rôle plus important qu’être la jolie femme de quelqu’un et faire de mignonnes broderies, tu dois sortir et voir du monde pour te faire des contacts. »

Les broderies n’ont jamais servi à rien de toute façon, sinon à ajouter une touche de luxe sur une robe.
Elle fronce les sourcils, et lui dit d’une voix ferme :


« Lève cette tête hors de ces draps Alix, et sèche ces larmes. Ce n’est pas digne de la dame de Buzay que d’exposer aux yeux de tout un chacun ses souffrances, d’exposer ses faiblesses aux yeux du monde. Alix Ann, tu offres aux autres les armes pour te blesser. »

Et de lui tendre un mouchoir avec une grimace.

« N’espère même pas un bisou ou un câlin tant que tu seras couverte de morve. »

C’est dégueulasse.
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Alix_ann
Et de renifler bien fort.
Nerveusement elle rit aux dernières paroles de Marzina, soulagée.
Elle a bien écouté chacune de ses paroles. Elle attrape l'oreiller, y sèche ses larmes. Plus loin Jean-Baptise rebondit, il se sauve, il sent le mélodrame à plein nez.


-« Alors comment je fais? »

Qu'elle dit sur un ton tout aussi nerveux que son ricanement de y'a deux secondes. Son visage se fige. Elle fixe Marzina, l'air très sérieux.
Alors comme ça elle a pas le choix? C'était vraiment ça? Elle y avait bien songé tout ce temps, elle savait que ça arriverait. Ça se marinait dans son dos depuis bien avant sa naissance, la liste était déjà longue, étiré. Des princes, un, deux, un troisième, une liste à faire pâlir n'importe qui. Mais celui-là, elle ne l'avait pas vu venir. Alix avait toujours su que ça lui arriverait, mais elle ne s'y attendait pas, elle n'y pensait pas. Ça ne l'inquiétait pas. Alors elle avait rêvé comme tout enfant se doit de le faire.
On lui en avait déjà parlé, souvent à demi mot. Ainsi allait sa vie, trimballée, éduquée, armée, trimballée encore, d'une main à l'autre. Pour la façonner, pour la choyer, mais aussi pour s'en servir pour ce qu'elle était. Un potentiel territorial et militaire. Son hymen ne représentait qu'une grosse armée aux yeux de son oncle.
Mais c'était fini, désormais, le temps où elle pouvait faire comme si ce n'était pas vrai, ou ça allait pas lui arriver, il s'était pour ainsi dire écoulé.


-« Je dois faire ce qu'on me dit et sourire? »

Faut serrer les dents. Faut voir le bon côté des choses, t'auras des jolies robes, un beau père compréhensif sur les dépenses superflues, une belle-soeur bien sapée.

-« Je vais vraiment devoir y aller? Je vais vraiment devoir me marier? Je vais... »

Moment d'hésitation, Alix grimace.

-« Je vais devoir lui faire des enfants? J'espère qu'au moins que j'aurais une robe digne de mon mariage... Je vais devoir le supporter toute ma vie? Mes enfants seront borgnes tu penses? »

Son visage se décompose, horrifiée.
Alix déglutit.


-« Je sais même pas comment on fait... »

Soudainement Alix songe à Anaon, la mercenaire de Gontier, la visualisant quelques années plus tôt lorsqu'elle était grosse de Judas. Judas. Mais passons, ceci n'étant qu'un des nombreux sujet à se lamenter de la vie de Alix ! Alors comme ça elle la revoit, à ce moment, ou elle n'avait même plus le temps de grandir qu'Anaon, squattée, littéralement, enflait un peu plus chaque jour. C'était complètement dégueulasse.

-« J'ai pas enviiieee.... »

Et de se laisser tomber en arrière sur les oreillers dans un immense soupir.
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Marzina
La question arrive, et Marzina s’y attendait. Encore une réponse qu’elle n’a pas, elle tente de lui donner les pistes qu’elle a, de la guider en espérant qu’elle-même est sur la bonne voie, qu’elle ne l’emmène pas vers un chemin tortueux. Parce qu’à ce moment-là, Alix la regarde si sérieusement… Marzina n’aime pas le sérieux, ça donne l’impression qu’on ne peut pas se tromper, que ce qu’on va dire sera immuable. Ca engage, le sérieux, c’est une sorte de responsabilité. Une obligation de vérité, de réflexion. Alors elle se mord nerveusement la lèvre inférieure, la blonde, jusqu’à ce que ça fasse mal. Alors elle attrape brusquement la petite, et l’enlace. Oui, maintenant elle est grande, mais l’Altesse espère qu’elle pourra continuer de la prendre comme ça dans ses bras, parce que d’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a été le premier être qu’elle a tenu dans ses bras comme elle le fait maintenant. Elle dépose un baiser maternel sur son front, et elle lui murmure doucement :

« Essaie de penser le moins possible aux mauvaises choses, et accroche toi à tout ce que tu aimes. Fais ce que tu aimes faire, passe du temps avec les gens que tu as envie de voir…Même si tu l’épouses, tu restes libre d’aimer qui tu veux. »

Elle essaie maladroitement d’organiser ces cheveux-là collés sur son visage par les larmes, avec toute la douceur qu’elle possède, avec un sourire un peu triste, parce qu’elle sait qu’elle ne pourra pas totalement la consoler cette fois. Et que la promesse d’un poney ne suffira plus à effacer les chagrins à partir de maintenant.
…Peut-être une robe alors ?


« Personne ne peut t’empêcher de penser ce que tu veux, et d’aimer qui tu veux. Seulement à partir de maintenant, ces choses-là tu dois éviter de les dire. Seulement à des personnes de confiance. Tu peux me dire tout ce que tu as sur le cœur quand tu le veux, ça restera entre nous. Et tu dois sourire, parce que personne ne saura ce que tu penses ainsi, ce qui te laisse libre. Tu verras, c’est difficile au début, et puis ensuite tu n’y penseras même plus. »

Ce sourire-là, Marzina y arrive bien avec la diplomatie. Et puis c’est plus compliqué en dehors, son visage est trop expressif et trahit ses sentiments. Plus les émotions sont fortes, et plus il est devient difficile de les grimer, et chez cette blonde-là les sentiments sont tellement violents…Elle sait que ce qu’elle lui demande est difficile, puisqu’elle-même n’y arrive même pas complètement. Mais elle sait aussi que si elle y arrive, sa vie sera moins dure. Elle dépose un nouveau baiser sur ses cheveux, et une nouvelle boucle blonde vient se défaire de la coiffure inachevée pour venir caresser une joue encore infantile. Elle est prête à tout pour lui éviter ce mariage-là, elle se serait même proposée de l’épouser à sa place, sachant qu’elle devrait ensuite délier l’Irlandais de son serment ce faisant. Et pourtant…Il avait raison. Si ce n’était pas lui, ce serait un autre après. Et une fois qu’elle aurait épousé le Mirandole, elle ne pourrait plus épouser le suivant pour la sauver. Son sacrifice alors serait vain.
Mais elle trouverait une solution pour éviter ce mariage, elle ne voulait juste pas lui en parler pour ne pas lui donner trop d’espoir si cela devait échouer. Il fallait la préparer au pire. Et malheureusement, elle commençait à comprendre que c’était aussi cela, être parent. Devoir assister impuissante à la douleur de son enfant, et ne pouvoir que la préparer à l’accueillir sans se briser…


« On ira t’acheter la plus belle des robes, dans l’atelier que tu voudras et…oui, tu devras le supporter toute ta vie. Enfin, tu verras, il a des moyens pour éviter de le voir trop souvent. Tu pourras passer de longs mois sans le voir, parce que s’il est riche, il aura sûrement plusieurs maisons. Et euh…tu devras essayer de lui faire des enfants oui. Mais ils ne seront pas borgnes, ce n’est pas à la naissance. Et puis, même s’il est moche, tu es tellement belle, c’est suffisant pour deux, tes enfants seront magnifiques. Mais tu ne peux pas avoir d’enfants. Pas encore. Tu es trop petite. »

Hein oui, qu’elle est trop petite ?! Elle n’est pas encore…femme, n’est-ce pas ?! Elle lui aurait dit, elle lui aurait forcément dit ! Marzina la scrute, l’observe intensément, comme pour essayer de repérer sur son visage les signes d’une puberté arrivant au grand galop. Elle espère qu’elle ne sera pas couverte d’horribles boutons, comme son insupportable amie dévergondée. Il y aurait toujours la solution de tuer le fiancé en question…Mais bien qu’il soit moche et mutilé, le garçon avait l’air gentil. S’il devenait vraiment méchant avec Alix Ann, elle envisagerait peut-être à nouveau la chose.
En attendant, venait une nouvelle question qu’elle redoutait d’aborder un jour.
Comment on fait les enfants ?

Silence pesant.
Oui, la blonde sait les faire les enfants. Enfin, les concevoir. Leur donner la vie, elle n’avait pas encore réussi.
Métaphore…métaphoooore…Il faut qu’elle trouve une métaphore !
Elle ne PEUT PAS lui parler de sexe, là, maintenant. Pas possible. Nan. Blocage. Blocage TOTAL.
La graine dans le pot ? L’abeille et la fleur ?


« Pour les bébés, y’a pas trente-six solutions. Ton mari va planter une graine dans ton ventre. »

La vérité brutale. Sans les détails.
Implanter la vie, selon Marzina. Ca vend du rêve !
Et puis elle la rassure.


« Ne t’inquiète pas, lui saura parfaitement faire. »

Ouais, les détails, plus tard hein ?
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Alix_ann
Elle est émue, la chiarde. Pas seulement à la perspective d'une énième nouvelle robe. Elle se sent en confiance avec Marzina. Elle peut lui dire pleins de trucs à Marzina, surtout que sa marraine s'y connait bien en garçon. Alors elle l'écoute sagement, avec une attention démesurée, elle boit chacune de ses paroles.

Puis alors que son visage s'était détendu elle grimace une nouvelle fois, déglutit.

Elle hallucine.


-« Me planter une graine dedans? »

Elle savait bien que c'était pourri de grandir. Elle avait bien vu ce que ça leur avait fait, à tous, et que ça lui faisait. Déjà deux trois boutons purulaient sur son si joli minois, elle grandissait à vue d'oeil, n'en était plus à compter les poils, et le pire était à venir. Et malheureusement pour sa gueule, elle méconnaissait le pire à venir. Elle qui il y a quelques années encore fantasmait l'âge adulte à venir commençait à douter du bien-fondé de l'évolution à son échelle. Quelle naïveté !

-« Comment ça? »

Parce que dans l'absolu elle est pas super d'accord avec l'idée qu'on plante une graine dans son ventre. Déjà elle voyait pas trop comment c'était techniquement possible. D'ailleurs si c'était une graine et qu'elle était dans le ventre elle voyait pas trop comment c'était possible puisque son ventre c'était pas vraiment trop de la terre et qu'elle allait pas pouvoir l'arroser. Elle avait pas que ça à faire, hein.

-« Il va devoir m'ouvrir le ventre? »

On le lui avait pas dit, ça. Son regard descend jusqu'au fameux ventre qui profitait semblablement de ses dernières années de liberté.
Le mariage ne l'inquiète plus trop à côté de la perspective de se voir ôter la propriété exclusive de son abdomen, de son corps tout entier à la boucle platine près.


-« Ca fait des guillis un bébé dans le ventre? C'est pas trop lourd? Mon ventre risque pas de tomber? Je pourrais avoir des robes belles quand même? »

Tout un tas de question aussi pratique qu'inutiles fusaient dans sa tête. Son regard, plein d'inquiétude, vient se scotché à celui de sa marraine. Elle voit bien que le sujet l'embête, mais elle fait comme si elle ne remarquait rien.
Il fallait dire qu'on n'avait jamais beaucoup aidé Alix pour ce qui était du mode d'emplois à faire des bébés. On lui avait omit la vérité jusqu'à la dissimuler sous ce qui passait pour un vol de fesse, un catapultage, ou au mieux un chaste baiser. Elle avait bien essayé de comprendre de toutes ses forces, avait bien écouter toutes les âneries qu'on lui avait raconté en taverne, se targuait d'en savoir plus que tout le monde. Mais elle était encore bien loin (très très mais vraiment très loin) de la vérité.
Et alors que c'était censé la rassurer cette histoire l'effrayait de plus en plus.

Tête penchée sur le côté Alix essaie de comprendre. Du doigt elle fait tourner une de ses mèches tandis que le stress montait.


-« Pourquoi lui y serait faire et pas moi? C'est super pas juste ! Y'a pas un livre que je puisse me documenter un peu sur le sujet? Ca me rassure vraiment pas... T'es vraiment sûre que je suis obligée de faire ça? C'est qu'une mariage après tout ! »

Inspire... Expire...
Dans quelle merde on l'avait foutu...

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