Aryanna Au salut retourné, la noire sortie de sa révérence, releva la tête - ni trop haut, ni trop bas, pour ne pas paraître respectivement insolente ou réservée - et glissa ses onyx sur le Coms Philippe. Profitant de ce qu'il se déplaçait, contournant son bureau, pour le détailler davantage. Il était jeune, sans aucun doute plus qu'elle - puisqu'elle est vieille, célibataire et un peu folle ; un fort mauvais ensemble pour la vingtaine -, avait les cheveux sombres et la prestance d'un enfant issu d'une grande famille. Mais trêve d'examen, les grandes lignes avaient été perçues, le reste serait à apercevoir durant leur conversation si l'occasion lui était donnée.
Le laissant s'asseoir contre son bureau, l'oiselle adopta une posture moins rigide, détendant ses épaules, elle glissa et joignit ses mains derrière son dos. Position plus confortable et moins sérieuse que lorsqu'elle s'était relevée de cette révérence usuelle ; position qui se voulait également plus avenante et apaisante pour une conversation, plutôt que de ressembler à un mur de glace sans expression. Ce n'était ni le lieu, ni le moment pour paraître de méchante humeur, surtout qu'elle ne l'était jamais. Tout comme une posture qui lui empêcherait de glisser ses mains jusque sa longue tresse et de la faire et la défaire à loisir. Jouer avec ses cheveux ne l'aiderait certainement pas ici, quand bien même elle adorait faire cela en temps normal.
Restée silencieuse pour laisser à Sa Grandeur le choix de la conversation, elle ne pu qu'esquisser un sourire à l'écoute de ses remerciements et de sa double question. Double question tout à fait pertinente, qui la plongea un instant dans un questionnement personnel : Était-elle curieuse ? Et, surtout, curieuse à un tel point ? Son sourire s'élargissant lentement sur ses lèvres, la fuxéenne ouvrit donc la bouche : " Votre Grandeur m'a, certes, intrigué en m'envoyant cette missive à laquelle j'étais loin de m'attendre. Toutefois, la curiosité n'a pas été seule maitresse de ma venue ici. Vous aviez émis le souhait de me rencontrer et on ne saurait refuser une rencontre avec son Coms, surtout quand nous travaillons pour les Institutions Tolosana ". Elle avait stoppé là sa réponse, se laissant une seconde d'attente afin de reprendre une petite bouffée d'air, puis ajouta : " Et surtout lorsque l'on s'intéresse al Comtat ". Puis elle avait conclu, simplement : " De la curiosité il y avait, tout enfant du Très-Haut en est pourvue, mais point que cela donc ". Le sourire qui avait disparu de ses lèvres alors qu'elle répondait au Coms de Cetzes, était revenu s'y glisser, et elle tâchait de ne pas répondre avec trop d'exaltation ou de fougue, de garder la bride sur ses émotions. A cette entrée en matière franche et bien trouvée, la réponse avait été toute aussi entière, honnête. Sans doute ne manquerait-elle point de lui poser la question en retour, mais un peu plus tard, alors saurait-il peut-être quoi penser de son côté intriguant. Mais pour l'heure, Aryanna ne pouvait réellement poser de questions en retour, en tant qu'il ne savait pas pourquoi il l'avait fait venir ici, ou du moins qu'il n'en savait pas davantage par rapport à sa prime missive.
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Le sang se lave par les larmes et non par le sang. [Victor Hugo]