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Info:
Hôtel particulier de Eldwin de Volvent

(Rp) Hostel de Volvent

Eldwin


Le prêtre avait acheté un énième hôtel particulier, mais cette fois ci dans la capitale lyonnaise. Heureusement qu'il avait pu revendre celui de Montélimar, où il avait fait un bref séjour, et que la fortune familiale était encore assez conséquente. Comme tous les autres il offrait tous le confort et l'espace nécessaire à sa famille et son personnel, était de belle facture et se situait non loin du fleuve. Une fois tous les meubles installés, toute la demeure visitée et l'habituel train-train quotidien mis en marche Eldwin quitta sa demeure, il devait régler diverses choses à présent qu'il était bien installé dans la capitale.

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Eldwin


Il ne revint qu'après quelques heures, d'une humeur enjouée et surtout très motivé. Le plus important était fait, c'était l'essentiel. Et il ne souhaitait pas perdre de temps ! Il entra donc rapidement dans sa nouvelle demeure, vite accueilli par Sarah.

Sarah. Allez chercher Pierre ainsi que quelques serviteurs.

La jeune femme s'exécuta, partant rapidement chercher le secrétaire particulier du prêtre ainsi que deux ou trois serviteurs, comme l'avait demandé son maître. Tous arrivèrent rapidement dans le vestibule.

Bien, suivez moi, nous nous rendons à la cathédrale ou nous avons fort à faire.

Et la petite troupe quitta donc l'hôtel particulier pour gagner la cathédrale de la capitale où le nouveau curé de Lyon devrait bientôt officier.

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Eldwin


Cela devait être en fin de journée.
Un messager demanda à ce que l'on remette une missive à messire de Volvent.


Citation:
Mon frère,

Cela fait un long moment, maintenant, que nous ne nous sommes pas écrit. Cela doit faire pas loin de trois ans, si je me souviens bien.
J'espère que vous vous portez bien et que votre vie est bien remplie.
Mais passons les bienséances, vous et moi n'étant pas adeptes des faux fuyants.
Je tenais à vous avertir que je suis à Beaumont, au castel, où je me suis installée.
L'on m'a dit que vous étiez parti depuis quelques mois pour vous installer dans le sud, à Lyon, paraît-il. Ainsi, votre colère aura le temps de s'apaiser avant d'arriver jusqu'à moi. Parce que j'imagine aisément que mon départ du couvent a du vous mettre quelque peu en colère, ainsi que ma disparition pendant tout ce temps.
Mais me voici revenue chez nous, soyez rassuré, je vis encore.
Beaumont est en très bon état. L'intendant que vous y avez laissé oeuvre pour un mieux et tout est mené de main de maître.
Comme je suis sur place, je songeais à prendre en charge partie du domaine et des terres.
En particulier les vignobles dont je pense m'occuper un peu plus particulièrement. Vous connaissez mon intérêt pour la vigne.

Mon frère, je sais que vous devez m'en vouloir énormément. Peut-être, un jour, pourrons-nous nous embrasser fraternellement. Je le souhaite, croyez-moi. Mais pour le moment, je souhaite juste que vous ne me fassiez pas chasser de Beaumont, mon refuge.

Que le Ciel vous garde, mon frère.

Fraternellement,
Della.

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Eldwin


Le soleil déclinait, la lumière faiblissait, bientôt on allumerait les bougies. Eldwin travaillait en son bureau à partir de divers documents pour réaliser une liste complète des notables de la ville dans le cadre de sa fonction d'échevin de Lyon. On toqua à la porte du bureau. Il releva alors la tête et regarda Sarah entrer. Elle l'informa alors qu'un messager d-venait d'apporter pour lui une lettre en provenance de Bourgogne. Il fronça les yeux et prit le message alors que la jeune servante quittait la pièce.

De Bourgogne ... Qui pouvait bien lui envoyer une lettre de Bourgogne ? Elle n'était pas cachetée, il la déplia donc et dès les premiers mots s'arrêta. Il regarda immédiatement le bas de la lettre et ce qu'il avait un moment redouté, ou espéré, se révéla à lui. Della ! Il lâcha la lettre et se leva, faisant les cents pas alors qu'il n'avait encore rien lu. Della ... Voilà trois ans qu'il n'avait eu de nouvelles de sa jeune soeur, la benjamine de leur fratrie. La jeune femme en apprenant que son frère allait la faire sortir du couvent pour la marier à un noble orléanais s'était enfuie et avait disparue dans la nature.

Bien entendu il avait tout d'abord employé tous ses moyens, faibles à cette époque, pour la retrouver, mais sans succès. Et finalement aujourd'hui elle se manifestait. Quelque peu calmé à présent de cette étonnante nouvelle il se rassit dans son fauteuil, prit la lettre et la lut, par deux fois.

En reposant la lettre sur son bureau il fulminait. La petite catin ! Elle avait osé s'enfuir et à présent elle séjournait tranquillement dans la demeure familiale et ancestrale de leur famille. Bien entendu Beaumont après son départ pour la Touraine puis pour le Lyonnais-Dauphiné avait été laissé entre de bonnes mains. Mais le retour de sa soeur n'était pas forcément une bonne nouvelle. Il réfléchit longuement, repensant aux valeurs aristotéliciennes du pardon, de la charité, de l'amour et de l'amitié. Malgré tout sa colère s'apaisait difficilement, d'autant plus que la jeune femme ne s'excusait de rien et ne demandait pas pardon. Finalement il prit un morceau de parchemin et une plume et rédigea une réponse à Della.


Citation:
    Della,

    Quelle surprise de recevoir une lettre de vous. Sachez que l'étonnement laissa rapidement place à de la colère qui s'apaisa quelque peu ensuite. Je ne vais pas prendre la peine de vous écrire tout ce que je souhaite vous dire. Cela, vous l'entendrez en temps voulu, lorsque nous nous reverrons.

    Vous êtes ma soeur, et je me souviens d'un temps où je vous chérissais tendrement. Pour ce souvenir et l'amour fraternel qui nous unis, et que je n'espère pas éteint, je vous assure de ma bienveillance envers vous. Je vous accorde donc le droit de rester à Beaumont, et vous confie même l'autorité sur le château et les terres familiales. Nos serviteurs présents sur place vous seront donc à présent totalement soumis, mais je vous prie de ne point trop troubler l'organisation brillante et fructueuse mise en place par l'intendant Marc que j'ai laissé à mon départ.

    Sachez que je viendrai prochainement à Beaumont pour y revoir et régler nos affaires.

    En espérant goûter très vite le fruit de votre labeur,
    Que le Très-Haut vous garde,
    Fraternellement,

    Eldwin




Il relut le résultat final et apposa son scel, satisfait de lui. Il laissait leur règlement de comptes à sa visite prochaine au château de famille. Le retour aux sources promettait d'être explosif. Il fit appeler Sarah et lui confia la lettre, lui demandant de la faire partir au plus vite pour Beaumont. La jeune femme parti il se remit immédiatement au travail, comme si de rien n'était.

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Della


Un curieux petit groupe passa tôt le matin les portes de la capitale du Lyonnais.
Un chien marchait en tête, allait et venait entre les pattes de deux chevaux, l'un blanc, l'autre noir. Jugés sur les montures, un enfant aux yeux curieux et une jeune femme blonde, regard tout aussi curieux.
En passant les portes, on demanda à la jeune femme qui elle était et la raison de sa venue.
Elle répondit, sur un ton qu'elle voulait neutre, qu'elle venait voir son frère et qu'elle était de la famille de Volvent, qu'elle se nommait Della.
Sans qu'elle comprit pourquoi, le garde lui adressa un petit sourire et la laissa passer ainsi, bien entendu que l'enfant qui l'accompagnait.

Quelques ruelles plus tard, Della et Jullius, l'enfant, laissèrent les chevaux à l'écurie de l'hôtel où ils resteraient un jour ou deux. Les projets de Della étant bien de ne pas devoir payer cet hôtel trop longtemps.

Un bon repas, quelques instants de repos bien mérité, Jullius laissé à la garde de la femme de l'aubergiste qui ne voyait aucun inconvénient à prendre un môme en plus des cinq siens et Della s'engouffra dans les rues et venelles de la capitale, en recherche.
Sachant que son frère possédait quelque part dans cette ville, un hôtel particulier, elle commençait à se demander comment elle trouverait cette demeure. C'est que au fur et à mesure qu'elle arpentait les rues, son estomac se nouait et une boule d'angoisse se nouait lentement mais sûrement au fond de sa gorge. La question était de savoir comment allait réagir son frère à son arrivée ?
Le doute s'insinuait en elle. Et si elle faisait demi-tour ? Pfff...ce n'était pas trop son genre de faire demi-tour, crénom ! Non non non, elle irait jusqu'au bout !


Pardon, pourriez-vous me dire où je pourrais trouver la maison de messire de Volvent, je vous prie ?
Voilà, c'était plus simple de demander...mais...surprise quant à la réponse !
Oh, vous cherchez notre bon curé ? A cette heure-ci, il doit être à l'église mais vous êtes tout près de chez lui, là-bas, deux rues plus loin, à droite.
Della était devenue pâle soudain et elle sentait son coeur battre à ses tempes.
M...merci...Bredouilla-t-elle en prenant la direction indiquée.
Cure ! Son frère était curé ! Diantre de diantre, par tous les cieux, il ne manquait plus que ça !

Elle n'aurait pas su dire comment elle arriva devant la demeure de Volvent mais le Renart familial lui indiqua qu'elle était arrivée.
Là, devant la grille, elle avait l'impression que tout le poids du monde venait de se poser sur ses épaules...Sapristi ! Curé ! Elle secoua doucement la tête et soupira, soudainement très lasse, la crainte au ventre.
Jamais elle ne pourrait avouer à Eldwin qu'elle s'était éloignée de la foi aristotélicienne...il la truciderait à coup sûr !

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Eldwin


Juin arrivait, et avec lui l'été. Et cela se voyait, et se sentait. Il faisait chaud, le soleil étincelait, la nature vibrait de vitalité, et l'air était sain. C'est ce que pensait Eldwin en sortant de la cathédrale de Lyon où il avait passé la matinée en confession. La vie ici lui plaisait, plus tranquille, plus intéressante et plus sympathique. Il se plaisait dans la capitale de la primatie des gaules. La cathédrale se trouvait non loin de sa demeure, il aimait s'y rendre à pieds, surtout quand le temps était beau comme ce jour. Bien entendu il était toujours accompagné, de Pierre, son secrétaire particulier, et d'un garde épiscopal pour le protéger.

Il marchait donc tranquillement, prenant le chemin du retour, préparant mentalement la prochaine messe, lorsqu'il arriva enfin dans la rue où se trouvait son hôtel particulier. Il ne s'aperçut pas immédiatement qu'une jeune femme se tenait devant les grilles de la demeures. C'est à quelques mètres d'elle qu'il la vit enfin et s'arrêta net.

Il était des choses qui ne trompent pas. Et c'était le cas de cette chevelure blonde et de ce profil typique des Renarts de sa famille qu'une séparation de plus de deux ans n'avaient pas altérés. Il repensa immédiatement à leur échange épistolaire récent. Il s'avança encore un peu plus et l'appela alors. La joie, l'appréhension, et une certaine colère se mélangeant en lui.


Della ?!

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Della


Della ?!

Si seulement, elle n'était pas restée là, devant les grilles à contempler un jardin où se regard se perdait, si seulement, elle avait tourner les talons quelques instants plus tôt, si seulement, elle était restée en Bourgogne, si seulement...alors cette voix ne serait pas venue frapper ses oreilles, et ce nom, le sien, n'aurait pas résonner avec autant de nuances qu'une palette de peintre...Mais elle était restée, de longues minutes, devant cette fichue grille. D'abord, elle avait admiré un vieux rosier qui se frayait un chemin le long d'un mur pour le recouvrir de petites roses roses. Ensuite, laissant ses yeux se promener sans retenue, son regard était devenu vague, cachant mille pensées qu'elle n'aurait pu raconter tant elles s'entremêlaient, s'étouffant dans ce sentiment de culpabilité que la blonde laissait enfin faire surface. Et voilà, le résultat de cette prostration était qu'il était là, tout près !

Le moment tant espéré et redouté était arrivé, il fallait faire face au chef de famille, son frère.
Un long frisson courut le long de son échine. Peur, contentement, appréhension, curiosité et bonheur firent un mélange surprenant, donnant pour résultat une jeune femme paraissant être transformée en statue dont seules les lèvres bougèrent un peu, laissant échapper le nom de celui dont elle redoutait tant la colère.

Eldwin...Eldwin...
Contre sa volonté, ses yeux s'embuèrent et elle dut battre des cils pour empêcher cette saleté d'eau envahir plus encore son regard bleuté. Pas question qu'elle pleure devant lui ! Ca non ! En tout cas, pas maintenant !
Elle se mordit la lèvre inférieure mais ne put non plus retenir le sourire qui se dessina, éclairant des traits fins marqués d'appréhension.
Partagée, tiraillée même, Della luttait...Besoin de rester digne et fière et envie de se jeter dans les bras fraternels...Cruel dilemme...

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Eldwin


Lorsqu'elle se tourna vers lui, les yeux embués, la mine contrite, prononçant doucement son prénom, toute colère s'effaça en lui. Certes elle lui en avait fait voir de toutes les couleurs, mais c'était Della ! Sa petite Della, qu'une décennie séparait presque de lui en âge. La dernière de la famille à qui l'on avait jamais pu tenir tête lorsque toute petite son sourire enjôleur fleurissait sur sa frimousse blonde. Et même encore maintenant, des années plus tard, malgré qu'il lui en ai voulu d'être ainsi parti sans rien dire, il ne pouvait résister. Il s'avança donc et sans faire de manières, même ici dans la rue, à la vue de tous, il la prit dans ses bras et l'étreignit, simplement heureux de la retrouver et de voir que le simple fait de la voir lui procurait un peu de bonheur. Il lui caressa tranquillement sa chevelure couleur de soleil en lui murmurant des mots emplis de l'amour fraternel, voir paternel, de celui qui aime et protège les siens.

Della. Ma petite Della. Comme je suis heureux de te retrouver.

Bien malgré lui ses yeux commencèrent à s'emplir de larmes, mais il arriva quand même à garder contenance. Après quelques minutes, ou secondes, qui parurent une éternité, il s'écarta enfin d'elle et contempla la femme qu'était devenue la jeune fille qu'il avait laissé, abandonné ..., au couvent il y a de nombreuses années. C'était devenue une femme fort belle, bien que ses vêtements laissent un peu à désirer. Il lui sourit tendrement. Le moment viendrait où il faudrait parler sérieusement, et ou le sourire ne serait plus de rigueur, mais pour quelques instants encore il voulait être avec elle comme du temps de leur enfance. Il aurait rapidement à jouer son rôle de chef de famille, et ce ne serait pas une partie de plaisir pour elle, et pour lui. Il l'invita alors à le suivre.

Viens avec moi, entrons. Nous avons des tas de choses à nous dire.

Les échanges épistolaires, formels, se faisaient par le biais du vouvoiement, mais ainsi, face à face, le tutoiement était de rigueur. Seuls les aînés, les aïeuls, étaient vouvoyés en toutes circonstances, et Eldwin n'en était pas encore un. Pierre qui avait suivi la scène et entendu les paroles de son maître vint ouvrir les grilles et Eldwin pénétra dans la petite cour faisant face à l'hôtel particulier pour y pénétrer, en espérant que Della vienne avec lui ...

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Della


La farouche et têtue jeune femme ne résista pas plus d'une fraction de seconde lorsque son frère avança vers elle, les bras ouverts. Elle se retrouva enlacée et réconfortée, redécouvrant du même coup, la simplicité de la joie.
Heureuse et soulagée, elle se laissa aller au son de la voix tant redoutée mais espérée et enlaça à son tour, celui qui était resté son grand frère aimé.

Elle aussi prit le temps de scruter le visage familier pourtant creusé, à présent, de rides d'adulte éprouvé.
Elle avait tant de questions à lui poser, tant de choses à lui dire, il lui sembla que mille pensées différentes déferlèrent dans sa tête, autant de choses qu'elle voulait lui partager, lui exprimer...mais le temps viendrait, à coup sûr.
Là, il suffisait de le suivre, dans cette grande maison.

Sa gorge était sèche et encore nouée d'émotion, aussi, elle ne put que répondre par un signe de tête et emboita le pas de son aîné, confiante.

Ils entrèrent tous deux, lui toujours devant et elle, suivant, un peu trop sagement pour son habitude.
La fraîcheur de la maison contrastait avec la chaleur presque estivale du dehors et Della frissonna légèrement avant de serrer les bras devant elle, cherchant à se réchauffer.
Faisait-il réellement si frais ou était-ce à nouveau l'appréhension qui la gagnait ? Comment faire la part des choses ?

Eldwin ne se retourna pas, elle l'en remercia intérieurement. Elle préférait reprendre un peu de contenance avant ce qui allait suivre.
Elle avait beau être blonde, elle se doutait bien qu'à un moment ou à un autre, elle allait être sermonnée et cela ne l'enchantait guère !
Toujours aussi sagement, elle suivit son frère dans l'entrée.

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Eldwin


Entendant sa soeur derrière lui il pénétra dans la demeure. Il ne s'arrêta pas dans le vestibule et gagnant directement le couloir le remonter pour finalement entrer dans le salon où ils seraient à l'aise pour discuter. Il s'installa dans son fauteuil et invita Della à faire de même. Sarah arriva rapidement, guère étonné de le voir accompagné, Pierre avait d'ors et déjà du avertir toute la maisonnée de la présence de sa soeur fugueuse. Il tourna la tête, souriant légèrement, vers Della.

Souhaites tu boire quelque chose, ou manger ? Sarah, je prendrais de l'eau, et faites préparer une chambre pour ma soeur, ainsi que des vêtements neufs. Tu resteras bien cette nuit ? Faites aussi venir Maria.

Il regarda alors sa soeur, d'un regard un peu inquisiteur, attendant ses réponses, dont dépendraient certaines choses importantes, bien qu'on ne puisse croire que ce fut le cas. La regardant il se dit que décidemment il lui fallait de nouvelles robes. Qui pouvait croire en la voyant, outre sa beauté naturelle, qu'elle était une jeune fille noble ?!

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Della


Della s'assit, non loin de son frère qui reprenait doucement l'apparence de l'autorité. Della sentait la tension monter presque imperceptiblement mais sûrement.
Une dame apparut, qui salua Della avec déférence. Aux paroles d'Eldwin, Della apprit qu'elle se nommait Sarah. Della lui sourit, timidement.
Là, assise dans ce fauteuil, elle avait l'impression de s'écraser toujours un peu plus, la boule se reformait dans sa gorge.

Elle allait acquiescer à un verre d'eau lorsque Eldwin, d'autorité, signala à Sarah qu'elle prépare une chambre et, cerise sur le gâteau, qu'elle lui trouve d'autres vêtements ! Sans voix...elle resta sans voix, se contentant de regarder ses vêtements, les siens à elle, pas ceux qu'Eldwin voulait qu'elle porte mais les siens !
Chassant cette horrible impression de souris prise au piège, elle repensa à Jullius, elle ne pouvait pas le laisser tout seul à l'auberge, mais dire à son frère son existence lui paraissait soudain comme de gravir une montagne...Elle se tassa encore un peu plus dans son fauteuil...chercha un peu de courage dans le fond de ce qui restait d'elle pour prendre la parole...Au fait, qui était Maria ? Bah, quelle importance !
La blonde soupira, pas très discrètement et se relevant un peu, elle tenta de répondre.


Merci, Eldwin...tu es très...prévenant. Mais penses-tu que ce soit bien nécessaire ? Elle sourit, un peu jaune, un peu pincée, mal à l'aise. Je veux dire...tout ça, les vêtements...la chambre...Je peux encore rester à l'auberge, tu sais et puis...Oh et puis zut, autant le lui dire ! Puis, il y a Jullius ! Quelle était donc cette ompbre dans le regard d'Edwin ? Vite ajouter...Jullius a huit ans, je l'ai recueilli lorsque sa mère est morte, à Nancy. Il est à l'auberge et je ne veux pas le laisser sans nouvelle. C'était la vérité. Della imaginait mal ne pas tenir le gosse au courant. Elle ajouta avant que son frère ne puisse répondre. Mais je ne refuse pas ton invitation, juste que je dois...arranger certaines choses. Tu comprends ?
Della, tout au fond de son coeur, espérait qu'Eldwin comprenne, oui. Elle ne voulait pas déjà le fâché, le souvenir de leur embrassade, dans la rue, était encore à fleur de peau, il ne fallait pas déjà tout gâcher...

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Eldwin


Alors qu'il regardait Della, attendant sa réponse, il la voyait se sentir mal un peu plus à chaque seconde. Il sentit d'instinct qu'elle allait lui annoncer une nouvelle, embarrassante pour elle. Elle reprit un peu contenance et lui répondit alors. Il resta silencieux en l'écoutant et la laissa terminer. Il n'avait rien laisser paraître de ce qu'il pensait de cette nouvelle. Il était perplexe, d'un côté il bouillonnait. Elle n'était pas mariée, ne vivait pas vraiment selon son rang et en plus élevait un enfant, seule. Mais d'un autre côté elle avait été charitable en recueillant cet enfant après la mort de sa mère. Il ne sourit pas, gardant ses traits fermés, mais lui parla néanmoins d'une voix douce, non autoritaire.

Oui je pense que tout cela est nécessaire Della. Et je comprends, en effet. Tu vas donc rester ici le temps que tu résideras à Lyon. Je vais envoyer Pierre à l'auberge où tu t'es installé, il payera ta note et ramènera cet enfant et vos affaires. J'accepte de l'accueillir Della, mais ne te m'éprends pas, il n'est pas un membre de notre famille.

Il fit signe à Sarah, qui s'éclipsa et revint rapidement avec Pierre, Eldwin restant silencieux durant ce laps de temps.

Bien à présent dis lui à quelle auberge il doit aller, et dis à Sarah si tu souhaites boire ou manger quelque chose.

Il savait qu'il pouvait sembler dur en parlant, mais il avait concéder à sa soeur le fait de garder cet enfant, sûrement un petit pouilleux, il n'allait donc pas être doux avec elle sur d'autres points. Il avait décidé, intérieurement, qu'il fonctionnerait avec elle par des compromis, lui accordant certaines choses, mais étant plus dur sur d'autres, lui tenant à coeur.

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Della


Comment autant de choses pouvaient-elles arriver en même temps ? Della se sentait en perpétuel équilibre entre la joie d'être là et la peur de la situation. Chaque pas en avant en entraînait un autre, dangereux, à sa suite. Si elle était heureuse que son frère accepte Jullius sous son toit, la peur que Pierre trouve certains objets lui vrilla l'estomac. Comment expliquer à Eldwin à quoi servait le pentacle de bois et l'athamé ? Hum, ces objets étaient normalement bien cachés au fond du sac qui n'avait pas encore été défait. Il fallait miser sur la bonne fortune !
Une ride de contrariété trancha son front un instant, puis s'effaça, laissant place à un sourire confiant.

La jeune femme s'adressa donc à Pierre, lui expliqua où elle était installée, à l'auberge, lui indiqua la chambre, lui recommanda de rassurer Jullius et acheva par la demande concernant le sac.

Mon sac est intact, il suffit de le prendre tel quel.
Pas de malice, Pierre ne ferait pas d'affaire sur ce sac et Jullius non plus.

Elle sourit alors à Sarah.
Juste un peu d'eau, Sarah, merci. C'était étonnant comme les vieilles habitudes revenaient vite. Della n'avait pas hésiter un instant à s'adresser de façon formelle à Sarah, comme elle le faisait autrefois, avec chacun des servants du château.

Enfin rassurée, Della retourna son attention sur son frère.

Eldwin, je n'ai jamais eu l'intention de dire que Jullius était de notre famille. Rassure-toi, il ne sera pas une ombre sur la famille. Elle se mordit la langue à temps pour ne pas ajouter que Jullius ne piquerait pas les sous des Renart. D'ailleurs, tu devrais bien t'entendre avec lui, il est très pieux et désire devenir curé. Un petit regard moqueur, juste avant de se mordiller la lèvre, consciente d'avoir été un peu trop piquante et de vite continuer : Merci, pour tout, Eldwin. Je suis heureuse de te revoir. Et le sentiment fraternel qui reprend le dessus, le sourire qui devient tendre, envie de connaître sa vie pendant l'absence. Vas-tu bien ? Tu as vieilli...mais tu es resté aussi...toi-même.

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Eldwin


Elle sembla un instant soucieuse, puis finalement fit bonne mine et expliqua à Pierre où trouver l'enfant et ses effets. Eldwin sortit alors une bourse d'une des poches de sa soutane et la confia à Pierre. Il aurait assez avec cela pour payer la note de sa soeur. Son secrétaire particulier quitta alors la pièce pour accomplir sa mission, suivit de prêt par Sarah, partis chercher de quoi les désaltérer. Leur conversation reprit alors, sérieusement. Il écouta d'abord ses propos sur l'enfant, souriant un peu à l'évocation du désir du jeune homme de devenir prêtre, bien que le regard de sa soeur ne lui plut pas vraiment. Puis elle lui dit avoua sa joie de le retrouver, et s'intéressa à lui. A sa manière. Préférant passer le sujet de l'enfant, il pourrait l'aborder plus tard, une fois celui ci en sa présence, et décida de rattraper un peu le temps perdu, les remontrances viendraient plus tard ...

Oh oui j'ai vieilli, et c'est pire d'année en année. Mais je reste fringant, toujours aussi habile à cheval lors des chasses. Mais l'eau à couler sous les ponts, et durant ton absence ... bien de choses se sont passées.

Il se tut, alors que Sarah revenait et les servait. Il prit son verre et but un peu avant de reprendre.

Comme tu le vois je suis aujourd'hui prêtre. Pourtant, comme tu le sais, rien ne m'y destinait. Durant les années où tu es resté au couvent j'ai d'abord failli me marier à une espagnole, mais le mariage à finalement été annulé, sa famille ayant été disgracié pour une sombre histoire. J'ai ensuite prit le temps d'étudier, pour cela j'ai voyagé. Mon voyage m'a conduit en Touraine où je me suis installé quelques temps. C'est là-bas que j'ai rencontré celle que j'allais épouser, Catherine ... Catherine d'Hesse.

Il fit une pause. Il avait fait son deuil. Mais évoqué Catherine était toujours douloureux pour lui. Il but donc un peu, de nouveau, avant de reprendre.

C'était une femme admirable et magnifique. Sa chevelure couleur de soleil et ses manières libérées me rappelaient ma jeune soeur cadette. Elle avait fui les rigueurs de sa contrée natale, un comté du Saint-Empire germanique, très à l'est. Nous apprîmes à nous connaître et à nous aimer. Finalement nous décidâmes de nous marier. Et nous le fîmes à Rome. Peu après le Très-Haut nous fit le cadeau de la vie. Malheureusement, Catherine a succombé en mettant au monde nos enfants.

Nouveau silence. Se rappeler ces événements était difficile.

J'ai alors quitté Rome, fou de chagrin, où nous nous étions installé, et je suis retourné en Touraine, où après un long temps de doutes, j'ai décidé de me tourner complètement vers Dieu et la foi, en entrant dans les ordres. Car dans Sa miséricorde le Tout-Puissant m'a fait la faveur de me laisser le cadeau qu'il nous fit. Ma soeur, saches que tu as un neveu et une nièce, des jumeaux. Ce sont des enfants adorables, mes petites merveilles, et c'est à eux que je dois ma survie suite au décès de leur mère et le fait d'avoir trouver ma voie, celle de la prêtrise.

L'évocation de ses enfants, ses trésors, le fit sourire et le rendit plus tendre.

Te plairait-il de les voir ?

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Della


Oui ! Oui, bien entendu !
C'était presque un cri, tellement elle était heureuse d'apprendre la nouvelle !
Della n'avait pas perdu une miette de ce que son frère lui racontait. L'imaginer amoureux, marié et père de famille l'attendrissait plus qu'elle ne l'aurait admis. Malheureusement, comme la vie le lui avait appris déjà, le bonheur ne dure qu'un temps, avant que n'arrive celui du chagrin. C'en était de même pour Eldwin. Il semblait avoir trouvé dans la religion, cette capacité à vivre un deuil qui avait du l'éprouver et soudain, elle ne vit plus comme un carcan enfermant, le fait qu'il soit prêtre. Si sa foi avait pu le sortir d'une grande peine, elle ne pouvait que la respecter.
Si elle avait été honnête avec elle-même, ce qui est toujours le plus difficile, elle aurait admis aussi qu'elle regrettait de ne pas avoir été là pour vivre ces joies et partager cette peine. Mais la blonde avait un caractère bien trempé qui lui avait fait choisir une autre voie.
L'heure viendrait de savoir comment s'adapter à cette vie, à nouveau.
Accepterait-elle de reprendre une place délaissée autrefois, docilement ou se sentirait-elle à nouveau en danger et prendrait la fuite ? Comment savoir ?

Pour l'heure, elle se donnait au plaisir et à la joie des retrouvailles, sans trop d'autres questions et faisant taire la petite voix au fond d'elle qui lui disait qu'il faudrait qu'elle aussi, se livre.

Comment s'appellent-ils ? Quel âge ont-ils ? Sont-ils sages ?
Eldwin souriait à l'évocation de ses enfants, laissant s'ouvrir une brèche qu'il avait souvent tenter de refermer, celle de la tendresse.

En attendant que les enfants arrivent, Della but une gorgée d'eau fraîche et se sentit obligée de parler, à son tour, observée par son frère.

Lorsque j'ai appris ton dessein à mon propos, j'ai été furieuse. Difficile de parler de cette intention de mariage. Je n'ai pas supporté l'idée d'être livrée ainsi à un homme que je ne connaissais pas.
J'ai pris la route, sans savoir où j'allais. Je suis arrivée en Lorraine où je me suis installée. A Nancy, précisément. C'est là que j'ai recueilli Jullius. Et puis...
Moment de silence, le regard fixé sur le bout de ses doigts, hésitante, pas la peine d'évoquer trop de détails, maintenant...Bien, j'ai eu envie de revenir en Bourgogne. Je ne sais pas pourquoi, peut-être le besoin de rentrer chez moi, enfin, chez nous. Regard qui se lève vers son frère, un éclat brillant...Eldwin, j'ai commis des erreurs, je le sais, j'en suis consciente...La voix se brise légèrement, la gorge se noue à nouveau, le poids du repentir se fait sentir, elle connait Eldwin, elle sait qu'il sera intransigeant...Panique à l'idée de tout lui avouer, silence pesant dans la pièce, espoir que les enfants arrivent...

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