Arsene
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: On ne va pas bien loin avec une seule couille. » Pierre Desproges
Le sadisme à son paroxysme. Les envies meurtrières qui déboulent. Les pulsions pyromanes qui apparaissent. Elle est en plein changement et le cap est difficile à passer. La découverte de sa famille a embarqué la gamine au plus profond d'une voie où elle avait déjà posé un pied. Les rencontres confirment et affirment ce caractère poussé à l'extrême.
Elle s'essaye à la cruauté la rousse. Sur des chats, sur des rats, des lézards, des cadavres et prochainement sur des humains bien en vie. Un borgne, et consentant qui plus est ! La demande, cachée sous des faux semblants d'expériences médicales et scientifiques, n'est rien d'autre que de la brutalité gratuite.
La requête avait été lancé en taverne. Ou plutôt beuglé. Avec un petit sourire pour mieux faire passer la pilule. Quelques heures plus tard, le précieux morceau de chair était vendu en l'échange d'un caramel mâchouillé par ses soins. Avec de la bave de rousse, il avait tout de suite plus de valeur !
Et la voilà qui vient réclamer son dû. On n'arnaque pas Arsène Corleone ! Bordel ! Elle prend donc la direction de la Cour Brissel, sans vraiment savoir dans quel bourbier elle va mettre les pieds. Dans quelle mare serait peut-être plus appropriée.. Pour trouver un Pique, rien de mieux que de se rendre à la source après tout.
Douée d'un sens de l'orientation plutôt pointu, elle avait évidemment trouvé du premier coup. Mais ouii bien sûr et les licornes existent aussi. La mioche avait pesté, injurié, fulminé, grogné, beuglé, grondé, et s'était quasiment arrachée sa courte tignasse sur une carte qu'elle ne comprenait pas. Le cartographe avait été insulté puis maudit sur une dizaine de générations. Le borgne aussi.
Arrivée à destination, Arsène observe, attentive et méfiante la rue. Personne à droite, personne à gauche, elle peut traverser en sécurité ! Les fesses se posent sur un pavé suintant tandis qu'elle sort une petite pierre et sa dague. Elle aiguise machinalement la lame. Elle trancherait proprement les chairs.
La garçonne patiente, assise sur son petit bout de pierre. Ou s'impatiente à vrai dire. C'est qu'elle n'est pas connue pour son impassibilité la mioche mais plutôt pour son caractère de chiotte. Empêcheuse de tourner en rond vivante. Reyne des chieuses en personne ouais.
L'angoisse monte tout doucement. Le stress lui grimpe aux mollets pour remonter lentement et insidieusement. Les poils des avants-bras s'hérissent. Oui, elle flippe de ce qu'elle va faire la rousse. Elle n'a pas encore perdue entièrement sa conscience. Elle est là, coincée entre deux pulsions de barbarie.
Lassée, d'attendre le borgne et sa tante, elle entreprend de se curer les ongles avec sa dague. Tandis qu'elle ouvre la bouche pour un monologue avec soi-même et l'écho que la rue renvoie.
« P'tain. Y'a quelqu'uuuun. J'suis là pour la buuuuuurne du boooorgne. Merda ! »
Oui, elle est toujours très polie et charmante la gamine.
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