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[RP]Palais épisco...éposci...oh et mince, trucmachinchosiste

Gadzelle
Elle était bien. Le ventre plein, le vent qui soufflait sur son visage, une température idéale...elle avait fermé les yeux un moment sous un arbre après le déjeuner.

Boum!


On devrait se lever...
Mmmh nan.
Si si, on a cours. Maçonnerie tu te rappelles?
Nan, laisse nous... on dort tu vois pas? Pour une fois qu'elle est pas assidue, laisse moi gagner la partie.
Gnagnagna, je te rappelle que jusqu'à présent c'est moi qui ai le plus de point au compteur!
Raison de plus.

Bouuum!

Réveil en sursaut. Elle regarde autour d'elle: de l'herbe, un arbre, une sensation désagréable de dispute dans sa tête.

Zuuuut! Le cours de maçonnerie!

La jeune femme en était sure, elle avait ratée le cours. L'heure autant que son estomac lui indiquaient que c'était l'heure du gouter...
Râlant, pestant, elle alla directement à son cours de philosophie.

Au premier rang, elle essayait de se concentrer et de ne pas perdre une miette de ce qui se disait. Pas évident, elle devait carburer, et se grattait souvent la tempe, ce qui était signe de perplexité chez elle. Enfin pas le seul signe... les grosses taches d'encre que la plume laissait sur sa tempe pouvait aussi en être la preuve.

Quand elle commençait à avoir la tête qui bourdonnait trop fort, elle entendit:


5 minutes de pause et je reprends !!

Euh, j'ai raté qué'que chose ?
provenant de sa voisine de derrière.

Tiens je te prête mes notes si tu veux...louche vers la bouteille de chartreuse... contre une rasade de ce liquide fort attrayant.

Lui tend ses notes:



Lève sagement une main, montrant qu'elle avait des questions et fixe le lecteur transpirant.
_________________
Douanière de Périgueux,
--Henri_le_pion
Il avait espéré que chacun se tairait, tranquille dans son coin. Quand il releva la tête, il vit une élève, le doigt tendu bien haut, semblant vouloir attirer son attention.

Il jeta un coup d'oeil vers la porte, jaugeant l'espace nécessaire et la vitesse minimum et maximum à porter pour s'enfuir. Il était encore temps. Mais que faire alors ? Refaire sa vie ? Cela équivalait à redevnir paysan. Et Henri ne le voulait pas. Nan, il voulait la gloire, le prestige. Sans se salir les mains.

Bon, fallait prendre ça comme une épreuve. Un chemin semé d'embûches jusqu'à la gloire : le bureau de professeur. Avec une carte du monde punaisée au mur et une flèche à l'ouest marquant "penser à regarder par là pour aller en Inde".

Voilà, ça c'était un beau projet.

Du courage, Henri.


Ouiiii ? Vous voulez sortir ? Aller aux latrines ? Ou des questions alors ?
Gadzelle
Oui j'ai des tas de questions... il faut dire que je n'ai pas tout compris...voire rien du tout.

Si vous pouviez nous éclairer sur la problématique mécaniste, la problématique en elle même, quel serait son énoncé? Je sais qu'on en a parlé, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.
J'ai bien compris pourquoi vous avez employé le terme de 'mouvement' préférentiellement à celui de 'changement', mais j'ai encore un peu de mal à différencier les deux approches mécanistes et ontologiques. La première serait-elle le changement purement géographique? Et l'approche ontologique se différencierait-elle alors uniquement par les autres changement appliqués à la substance plus qu'à l'individu?
C'est que je suis très terre à terre, et dans ce sens, je pense avoir une approche plus mécaniste que ontologique.

Ensuite peut être nous donner un petit exemple de plus sur le changement par quantité? Appliqué à une substance plutôt qu'à l'être je ne vois pas bien.

Puis, en fait j'aurais du commencer par ça, c'est un cours de quoi qu'on suit? De cuisine, d'alchimie, de mécanique ou de musique?

Et enfin, il est où votre jambon? C'est pas que, mais ça donne faim de suivre des cours, même si on m'a conseillé le poisson pour la mémoire et que j'en sois pas convaincue... paraît que les poissons rouges sont pas très fut-fut...heu je m'égare. Alors ce jambon? On a fini la première partie non? Pour moi ça sera cru et bien salé. Je dois avoir une petite bouteille pour agrémenter tout ça.


Fouille dans son sac, sort à moitié la bouteille et s'arrête. Proposer un verre d'alcool à un prof, c'était pas considéré comme de la corruption? Ça devait être ça qu'on appelait pot-de-vin dans certains milieux... Ben elle garderait tout pour elle et sa copine à la chartreuse! Fallait pas tenter le diable non plus.


J'ai oublié la bouteille en fait...


Remet lentement l'objet en question dans son sac, espérant qu'on n'ait rien vu.
_________________
Douanière de Périgueux,
Althea
Euh, hum...Merci ! Merci beaucoup !

Al prit le parchemin tendu sans grande conviction et au premier coup d'oeil le même abattemnt qu'en début de cours lui revint, la même irrésistible envie de dormir. Bizarre qu'un simple enchainement de mots fasse un effet pareil !
Levant les yeux du texte elle surpris le regard insistant de l'écolière sur la chartreuse. Elle sourit à pleines dents.


Quelle mal élevée je suis! Vous en voulez ?
Ah pour tonifier ça tonifie ! Alors regardez le mouvement, hop j'attrape la bouteille d'une main et de l'autre le gobelet.
Hop je verse et j'observe le mouvement de transvasement qui apporte un changement puisque le liquide change de récipient.
Hop je porte le gobelet sous les narines et je sens ce délicieux arôme, je sens le changement en comparant à l'instant d'avant où mon odorat captait plutôt l'odeur du jambon. Vous avez mangé du jambon par hasard ?
Hop je porte le gobelet à mes lèvres et je me délècte de ce goût unique. Le changement s'opère, la sensation de soif s'apaise, le bien-être remplace l'envie de dormir.
A la votre !


Elles trinquèrent gaiement au mouvement et au jambon et tout allait bien jusqu'au moment où l'élève apostropha le lecteur d'un tir nourri de questions toutes aussi obscures les unes que les autres et la fatigue s'abattit de nouveau sur Al.
D'un pas trainant elle repartit regarder sa table de près, des fois que celle-ci lui livrerait enfin les secrets de Robert et Gertrude.
--Henri_le_pion
Henri fixa la jeune fille. Quelque part dans son cerveau, une partie réagissait et lui projetait des images mentales d’une rare violence.
Mais le chemin du professorat est semé d’images mentales de ce genre, le tout est de savoir y résister. Ou alors de le faire discrètement, et d’avoir prévu un endroit pour cacher le corps.


Donc…. Vous avez des questions… He bien, le mieux est encore de les poser au professeur, non ? Je vais noter tout ça sur un parchemin. Alors allons-y… « problématique… énoncé…mécaniste et ontologique. Terre à terre… quantité…cuisine, alchimie… Intitulé»

Il releva la tête. Ah, ça, il pouvait répondre.


C’est un cours de phi-lo-so-phie. C’est la science de la raison. L’art d’avoir raison j’crois bien. Notez, vu ce qu’il dit, hein, on a envie de lui dire qu’il a raison et qu’on s’excuse de l’avoir dérangé.

Sa blague, comme toutes ses blagues, y compris celle de Paf le chien et de la charrette, était tombée à plat. Toisant la salle qui s’était vidée d’environ ¾ des élèves, il reprit son parchemin de questions :

« jambon… poisson… poisson rouge… salé…bouteille… ah non, pas bouteille. »
Voualaaa, on va envoyer tout ça et on aura la réponse au prochain cours.
Bon, maintenant reprenons. Où en étais-je de ma lecture ? Le jambon ? Quel jambon ? Ah la dernière partie ? Soit, soit, silence dans la salle !


"Voilà, il ne semble pas utile de s'attarder outre mesure sur ces points, qui ne sont que des clarifications préalables ayant vocation à faciliter le propos ultérieur."

Ah ben là c’est facilité, y’a pas à dire. Plus limpide on trouve pas. N’est-ce pas ? Dites, vous prenez des notes quand je parle ? Je reprends pour les deux du fond.

"Ces explications grossières et schématiques ne prétendent pas avoir force de démonstration, mais simplement énoncer des moyens conceptuels de bien saisir la suite. Je me permets de renvoyer les personnes qui souhaiteraient de plus amples informations aux textes concernés, issus à titre quasi-exclusif de la tradition aristotélicienne, en les prévenant toutefois qu'il est pour le moins malaisé d'en trouver des copies."

Oh mince alors… Vous en faites pas, je ferai mon possible pour vous les fournir. Quitte à y laisser ma vie dans un monastère aristotélicien. Foi de Henri. ‘Fin, je précise quand même que s’il faut aller les demander à Odoacre, je vais devoir retirer mon offre parce qu’il m’impressionne beaucoup et j’ose pas lui parler. La dernière fois j’ai fait comme si j’étais une statue porte-flambeau pendant qu’il se lavait les dents tellement j’osais pas lui parler. Pourquoi j’vous dis ça, moi ??

"Nous en venons à présent à l'énoncé du plan général de la réflexion."

Ah, parfait, un énoncé. Soit A un point situé à équidistance d’un segment… Ah non, attendez…

"Il aurait été long et fastidieux, quoique très intéressant de se livrer à un examen à vocation exhaustive de toutes les conceptions de cette problématique que nous attestent les récits que nous avons gardé."

Quel dommage ! Mais nous n’avons pas le temps je le comprends bien. On pourrait faire ça à nos heures perdues qu’est-ce que vous en pensez ? QUI M’A JETE UNE TROUSSE DESSUS ??? DEUX HEURES DE COLLE !! Vous me copierez « j’aime la métaphysique lue par Henri. » 50 fois.


"Je n'ai pas vocation à me présenter à vous en tant que doxographe."


Voilà, vous rajouterez aussi « je n’aime pas les doxographes ». Et vous me trouverez la signification aussi, bien fait pour vous.

"Ainsi, je privilégierai une mise en opposition de deux des systèmes les plus profonds et les plus opposés que l'on trouve parmi les pensées antiques sur la question du changement."

Bien. Opposer les pensées antiques. D’une part ceux qui disent qu’il pleut parce que le Dieu pleure, et d’autre part, ceux qui essayent de voler avec des plumes collées à la cire. Le tout pour échapper à un monstre mi-homme mi-taureau, alors qu’il suffit d’une pelote de laine.
Comparons, comparons…


"Cette mise en opposition permettra, par la suite, d'introduire la notion d'être en puissance, entendue comme dépassement philosophique de l'aporie en laquelle nous serons menés."

Aporie ? Il s’est trompé il a marqué aporie mais il devait vouloir dire l’art pour rire. Je vois que ça…

"Il me semble que, à n'envisager que les extrêmes, bien que nous perdions la richesse d'un contenu, nous gagnons une véritable clarté, ce qui est mon but dans le cadre d'une entreprise à vocation pédagogique et vulgarisatrice comme celle-ci."


La clarté avant toute chose. C’est ce que je dis toujours.


"Nous serons donc amenés à évoquer deux écoles de pensée, l'école d'Ionie, représentée par Héraclite d'Éphèse, et celle d'Élée, représentée par Parménide et Zénon."


Ah la Grèce ! Des êtres intelligents les Grecs ! La logique, la raison la dialectique ! Les dieux qui se font des humaines en se faisant passer pour des animaux avant de les transformer en constellations. Ca c’est du sérieux les enfants !!

"Nous tâcherons dans un premier temps de montrer en quoi ces deux appréhensions du problème se révèlent en fait être des réductionnismes, puis, dans un troisième temps, nous tâcherons de surmonter le dynamisme héraclitéen et le monisme éléatique par l'ontologie péripatéticienne."

Il s’arrêta, confus d’avoir lu ce passage. Il n’était pas sûr, mais « péripatéticienne » c’était pas un des mots que-si-on-les-prononce-maman-te-lave-la-bouche-au-savon ? Qu’est-ce qui lui avait pris, au prof ? Une envie de corrompre la jeunesse ?? Encore un truc de grec ! Il prit pour lui d’envoyer un peu de cigüe au professeur, afin de lui apprendre l’art de se tenir en société.

"Ultimement, nous envisagerons de mettre, à son tour, le paradigme mécaniste, que nous mettrons en comparaison, là encore, avec le réductionnisme abdéritain, à l'épreuve de la conception ontologique du mouvement."

Une larme vint mouiller le parchemin.

Heureusement, quand il tourna le parchemin, il s’avéra que le cours était fini. Se retenant à grand peine de hurler de joie, il se permit quand même un petit :



Youpiiii
--Sot_phia
Eilith a écrit:


[" Sapience n’entre point en âme malivole, et science sans conscience n’est que ruine de l’âme. "

Rabelais, Pantagruel.]


Hohohohohoho!!!


Du fond de la salle surgit un rire énorme, provenant d'une personne imposante, qui engouffrait douceurs sur douceurs.
La bonne femme s'était tue jusqu'à présent, mais une fois ce pseudo-cours fini, elle ne put s'empêcher de réagir.

Tout ça pour ça ? Mais on dirait seulement une introduction, un cours bâclé, si j'ose dire. Ah, quel charmant professeur que cet homme, qui non seulement ne se déplace pas, mais de plus nous fournit des cours incomplets!

La mégère est sûre d'elle. Ses longues années au couvent lui permirent d'être éduquée, et sa boulimie concernant diverses lectures lui permit d'acquérir moult connaissances.

Elle repartit d'un rire tonitruant, puis goba quelques poignées de cerises, tout en reprenant ses observations, la bouche pleine et couleur sanguine.

Veuillez noter tout ce que je dirai, que ce soit transmis à notre cher pédéraste semblant éprouver un goût prononcé pour les diptères.

De plus, il se permet de parler du paradigme mécaniste pour l'éluder par la suite. Qu'en est-il de cette théorie qui prête tellement à controverse, celle de l'impetus ? N'oublions pas qu'il s'agit d'une amélioration de la théorie d'Aristote, propagée par Averroès lui-même!


La bonne femme s'interrompit, le temps de se pourlécher les doigts d'un reste de brioche, emplie de -crème- grasse et de volupté.


Laissez tomber les douces divagations qui ne veulent absolument rien dire, qui ne sont rien d'autre que du vulgaire pinaillage quant à certains termes, et reprenez enfin un discours ayant un quelconque intérêt pratique!
Le calcul d'une trajectoire d'un objet lancé par une catapulte, la prévision concernant un tir d'arquebuse, et l'âge du capitaine! Voilà pourquoi l'étude du mouvement est intéressante! Mais cette histoire de vulgaire changement... si c'était le cas, pourquoi existerait-il deux termes différents, vous pourriez m'expliquer ?

Dans cette vulgaire ébauche de cours, tout ce que l'on peut percevoir, c'est que vous vous amusez à démolir des théories en ne développant même pas vos belles idées, et de plus, en inventant des mots!


De nouveau, son rire s'échappa avec force d'une gorge adipeuse, un gloussement digne des plus beaux gallinacés qu'on pouvait connaître.

"Ontologie"... Vraiment, qu'est-ce que cette farce ? Nous prenez-vous pour des idiots au point de vouloir nous faire gober tout et surtout n'importe quoi ? Je vous en prie, cessez un peu vos bouffonneries, et donnez-nous un cours digne de ce nom! J'en ai lu, des ouvrages, pourtant, et pas une seule fois il n'est question de cette notion nébuleuse que vous évoquez. J'espère au moins que vous n'êtes pas rémunéré ? Il ne manquerait plus que ça !

D'un claquement de doigt, l'écrasante rombière fit signe au pauvre Henri, bien chétif comparé à elle.

J'ai fini de dicter, vous pouvez envoyer le cours!
Du mouvement expert du poignet, elle sortit un pot de confiture très largement entamé et une miche de pain. Elle se mit à racler le fond, et étala le plus possible le produit sur une tranche, très satisfaite de la démonstration de l'étendue de ses connaissances.

Sans un regard pour les autres élèves, la voilà qui sortit ensuite de la salle, un peu pressée. Elle n'avait plus rien à manger, et c'était l'heure du repas.
Gadzelle
Sa voisine charmante n'avait pas hésité à partager un verre avec elle, et ça c'était synonyme de courage et de générosité. Parce que partager un verre, oui, mais en plein cours avec des inconnus et un prof qui risquait de chiper la bouteille pour se la siffler tout seul, fallait oser. Elle gagna son respect rapidement.
Ecoutant son explication, elle éclata de rire, tout était plus limpide avec des exemples concrets! Ce qui démontrait bien qu'avec une bouteille et un verre, on pouvait venir à bout de n'importe quoi.

Mais déjà le cours reprenait, un ou deux élèves rentraient dans la salle...pour reprendre leurs affaires et filer en douce. Il fallait se concentrer de nouveau, pas facile avec tous ces objets qui sifflaient dans l'air: trousses, cailloux et autres...

Elle supposa que le gargouillis provenant du stressé qui leur servait de prof et ressemblant à un vague 'Youpiii' marquait la fin du cours. Elle était en train de relire ses notes quand un immense rire guttural provint du fond de la salle.




Levant à contrecoeur le nez de ses notes, qui lui paraissaient plus obscures que jamais, elle chercha des yeux l'air excédée la personne qui troublait le doux bruit de la débandade joyeuse des étudiants à la fin de cours.

Dès ses premières paroles elle ouvrit sa bouche de stupeur, comment pouvait-on critiquer ce cours si complet? Et en plus elle se permettait de dire qu'il ne l'était pas, complet, quel toupet!
D'où elle sortait tout ça, elle aurait bien aimé le savoir! Le professeur, lui en avait évoqué des sources pourtant et sérieuses en plus. Petit coup d'oeil à ses notes...heu...sérieuses? Enfin, elles avaient l'air.

La seule chose censée dans tout son discours, c'était à propos de l'âge du capitaine. Car comme tout le monde le sait, avec l'âge du capitaine, on arrive à tout démontrer, pareil qu'avec les bouteilles pleines! Surtout avec les bouteilles pleines en fait.

D'un air satisfait, elle tourna ostensiblement le dos à cette grossière personne qui n'avait même pas demandé la parole et fit comme si elle n'était pas là. C'est à dire qu'elle rangea tranquillement ses affaires.


Ben, elle est où ma trousse?


Puis elle darda son regard sur le freluquet Henri, se demandant s'il allait lui donner les réponses à ses questions, et s'il ne savait pas où était sa trousse.
_________________
Douanière de Périgueux,
--Henri_le_pion
Fini, c'était fini !!

Il entrevoyait déjà le champ infini de possibilités qui s'offraient à lui : courir nu dans les couloirs, aller proposer à Gertrude-la-gueuse de sortir avec lui samedi soir, parler à Odoacre de... Nan, ça il n'était pas encore prêt. Mais quand même, il pourrait presque tenter un "bonjour". Mais un tout petit alors. Quand l'évêque aurait le dos tourné. Et qu'il serait loin. Mais quand même, un "bonjour", pour bien marquer le nouvel Henri.

Désormais, il ne serait plus Henri "Qui ?" ni "ah le type qui fait surveillant ! On a un surveillant ?". Oh non. Désormais il serait "Henri, l'homme qui lit le cours de philosophie". "L'homme qui fait respecter la loi de la pataphysique par seule imposition de sa voix". Ça allait trembler dans les chaumières.

Fièrement, il regarda la salle transformée en champ de bataille. Il avait évité les trousses, les jets de plumes, les cocottes en parchemin, et même, oui !, même une chaise !! Les élèves restant le regardaient avec de la peur dans les yeux, mélangée à un profond respect.


Un rire gras le fit sortir de sa torpeur. Au fond, une femme se délectait de quelques douceurs en lui demandant de noter des questions. L'air pincé, pour bien montrer sa désapprobation, il nota négligemment les questions. Tout en lorgnant les brioches parce qu'il aimait beaucoup les brioches et que la dame de la cantine ne le laissait jamais en goûter sous prétexte qu'il "n'était pas encore un homme et pourtant déjà plus un enfant".



Bien, bien, je note. Mais je vous trouve bien critique à propos de ce cours formidable. Et messire n'est pas un censureraste ayant goût pour les diptères, d'abord. C'est quoi un diptère ? Et un censureraste c'est quelqu'un qui aime les rats, c'est bien ça ?

Bref, je note et nous verrons bien les réponses au prochain cours.


Du coin de l'œil, il aperçut des élèves en train de trinquer. Il aurait bien dit quelque chose, mais depuis sa rencontre avec l'alcoolique en charge de l'université, il avait compris deux ou trois choses. Interdire l'alcool, c'est mal. Essayer de confisquer une bouteille, c'est dangereux. Tenter de parlementer avec une alcoolique pleine de mauvaise foi c'était comme se suicider à petits feux.

Il les laissa donc boire en fronçant les sourcils. Il était très fier de son froncement de sourcils. Il trouvait qu'il montrait très bien la désapprobation. Bon, la jeune alcoolique lui avait demandé s'il avait envie d'éternuer mais il avait décidé de en pas tenir compte de son avis et de devenir "l'homme au froncement de sourcils qui fait peur". En plus de tous ses autres titres, oui.


Ben, elle est où ma trousse?

Ah, les victimes prenaient enfin conscience de sa supériorité et reconnaissaient leur défaite !
Magnanime, il désigna les projectiles au sol.


Elle doit être dans le tas. Y'en a une avec marqué "Henri est un c..." QUI A MARQUE ÇA ??? C'est à vous ! J'vous préviens, je vais me fâcher !!

TOUT LE MONDE DEHORS ! Le cours est fini !


Il irait parler de la discipline avec les professeurs. Mais cette fois, il emporterait son balais.
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