Aurel
Il fait noir comme dans un cul de poule, mais c'est pas grave. Lui aussi il peut aller retrouver son amante, et puis faut croire que tous les gars du coin se sont passés le mot. Aurel remonte la rue à rebours bien sûr que les rues ont un sens, jeune naïf. A rebours donc. Coup dil dans la première taverne, un type casqué qui fait de lesbroufe à sa dinde des bois. La taverne d'après, c'est un homme en rouge qui tâte le cuissot d'une dame en noir, Aurel grimace, l'homme a peut-être la moitié du cul à l'air mais on voit que ses braies sont bleues, bleues, bleu et rouge, ça ne va pas, donc il accélère le pas. Troisième taverne, c'est quelqu'un sous une capuche qui entreprend une nouvelle femelle. Elle commencerait presque à être redondante cette rue, mais cette nuit Aurel s'en cogne, lui aussi, il va y avoir droit à son petit coup de tendresse, la seule, la vraie, l'attendue. La dernière taverne éclaire un autre type, en blanc lui, mais tout seul, en détresse à la perspective d'aller se pieuter sur la béquille. Aurel marmonne.
« Pauvres fous... pauvres fous tout noirs, tous des pauvres fous et tous, tous noirs... »
Quelques rues encore, il croirait presque qu'elle l'attend. Oui qu'elle l'attend. Plus que deux jours, si tout se passe bien, et elle est sienne. Quand l'Aurel plisse les yeux, elle luit dans le noir. Elle est immobile, silencieuse comme une demoiselle sage. Elle ne rougit plus, et pourtant, elle est déjà passée entre pas mal de mains. Mais elle rougira encore. Les mains arquées pour mieux la voir, au cas ou un rayon de soleil se déciderait à pointer à une heure du matin, Aurel lui raconte comment elle va prendre cher, dans deux jours, comment elle va s'enflammer sous ses coups, pendant des heures, et ce qu'ils feront naître ensemble, et les cris qu'elle poussera, même que toute la rue sera au courant, que des badauds s'arrêteront pour les regarder faire. Oui, elle va prendre, elle sera en feu, plus chaude à l'intérieur que toutes les dindes des bois réunies, tellement chaude qu'elle finira par amollir tout ce qu'il pourra lui foutre dans les entrailles, et crois-moi qu'il va lui en foutre. Aurel cille un peu, dans deux jours, il achète une forge.
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« Pauvres fous... pauvres fous tout noirs, tous des pauvres fous et tous, tous noirs... »
Quelques rues encore, il croirait presque qu'elle l'attend. Oui qu'elle l'attend. Plus que deux jours, si tout se passe bien, et elle est sienne. Quand l'Aurel plisse les yeux, elle luit dans le noir. Elle est immobile, silencieuse comme une demoiselle sage. Elle ne rougit plus, et pourtant, elle est déjà passée entre pas mal de mains. Mais elle rougira encore. Les mains arquées pour mieux la voir, au cas ou un rayon de soleil se déciderait à pointer à une heure du matin, Aurel lui raconte comment elle va prendre cher, dans deux jours, comment elle va s'enflammer sous ses coups, pendant des heures, et ce qu'ils feront naître ensemble, et les cris qu'elle poussera, même que toute la rue sera au courant, que des badauds s'arrêteront pour les regarder faire. Oui, elle va prendre, elle sera en feu, plus chaude à l'intérieur que toutes les dindes des bois réunies, tellement chaude qu'elle finira par amollir tout ce qu'il pourra lui foutre dans les entrailles, et crois-moi qu'il va lui en foutre. Aurel cille un peu, dans deux jours, il achète une forge.
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