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[RP] Ha tu veux jouer!

Judas
    [Pâle septembre,
    comme il est loin,
    le temps du ciel sans cendres
    il serait temps de s'entendre]*


L'attaque verbale ne l'émeut pas, l'agresse. Judas laisse s'épancher ce que doit, pour apaiser ce que peut. Quoi de plus naturel? Il vient de l'arracher à tout, et maintenant... Elle a froid. Il l'entend sans l'écouter, la pensée est vagabonde, infidèle elle le ramène à son rendez-vous manqué, inlassablement. Il s'essuie les lèvres d'un revers de manche, la regarde fixement, durement. Les questions embarrassent, surtout lorsqu'elles le ramènent à la sinistre réalité. La part du Ried ne tient plus. Les motifs que l'on pourra dégager de son acte seront plus obscurs et moins réels. Il voulait emmerder un vieux con et assouvir sa fierté, ne lui reste que la part la moins racontable. Au diable l'autre, maintenant qu'elle est là, autant jouer le jeu. L'homme n'est pas prêt d'avouer défaite.

Le bliaut est ôté sans grâce, jeté sur les épaules de Sélène. Une manière presque courtoise de lui dire de la fermer. L'air s'est humidifié avec la nuit déclinante, Frayner attache sa monture là où il peut, elle a soif, il faudra se rabattre sur Angers.


Tu ferais mieux de dormir...

Si tu y parviens. Les mains lisses viennent s'arrimer aux arachnéens filins bruns qu'elles rassemblent en un catogan approximatif. Le seigneur a beau être le précieux que l'on sait en société, il n'en reste pas moins homme à partager son temps de vie entre le lit des femmes et les longues périodes de chasse. Les nuits à dormir avec les limiers lui sont coutumières loin de chez lui, le plus souvent possible. Chassant rapidement du bout des bottes quelques pierres; il finir par s'allonger à même le sol, plaçant l'outre précieuse sous sa nuque. La fatigue était au commandes, plus que l'excitation ou l'envie de tenir le crachoir aux rancoeurs Lunaires. Il garda un oeil sur elle, libre mais captive, jusqu'à ce qu'il se ferme volontairement.

Où irait-elle dans la pénombre, ligotée et loin de tout? Pour l'heure, ce qui lui ferait le plus défaut serait la chaleur et la boisson, et contre toute attente, il en était le gardien exclusif...


*Camille
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Tu veux être Modo aux arpenteurs? Mp !
Selene.
Les lueurs immobiles d'un jour qui s'achève
La plainte douloureuse d'un chien qui aboie
Le silence inquiétant qui précède les rêves
Quand le monde disparu l'on est face à soi *



En réponse le silence.

Elle plisse le nez, agacement distinct...Il semble lointain, à ruminer quelconques pensées..Puis le regard ténébreux la foudroie, elle frissonne...Pas de froid, elle grelotte déjà, mais de cette sensation de malaise à chaque fois qu'il la darde de ce regard..là.. Le bliaut est posé sur ses épaules, encore un geste qui la surprend, elle s'apaise à la douce chaleur qui l'enveloppe puis secoue la tête négativement à ses mots..

Un ordre sournoisement déguisé...Dormir...Il va bien lui ! Comment veux-tu que je dorme avec ce que tu me fais ? Je ne sais toujours pas ce que tu veux de moi...Me tuer...Me faire payer l'insolence provocatrice...Prendre ce que je refuse de t'offrir...Et autres...Tant et tant d'idées peuvent germer dans ton esprit malade, j'en sais quelque chose....Mais pour l'heure la Lune est étonnamment calme, comme apaisée et cette sensation l'angoisse...

Les azurs suivent chaque geste Judassiens, l'homme l'intrigue, il a cette noblesse innée..Il a cette façon de la surprendre soit par un geste soit par un mot..Le nez aquilin se plisse. Il sait être aussi ignoble que respectueux...Et ce qui l'agace au plus profond d'elle, est le fait qu'elle n'arrive pas à le cerner, à prévoir ses gestes ou ses intentions...Il la maintient à portée de main de ce fait...Les azurs glissent sur la pénombre nocturne, fuir...Elle le pourrait, oui...Mais les mains entravées dans le dos, un bliaut tenant en équilibre sur ses épaules, rien à manger ni à boire, elle n'irait pas loin...Pour peu, et cela elle en est certaine, qu'il dorme d'un oeil, la jaugeant, riant intérieurement à se dire, alors ma belle qu'est-ce que tu vas faire ? Elle soupire, elle ne le laissera pas en paix.


Je voudrais...


La Lune rectifie le tir, autant essayer de l'amadouer plutôt que de le braquer directement.

J'aimerais que tu me détache...

Le sourire s'esquisse sur les carmines. La Lune est femme, a but verres sur verres avant d'aller le voir, et sa vessie hurle prête à l'éclatement...
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Judas
Le timbre éraillé murmure comme une évidence.

- Tu vas m'en coller une.
- Tu as peur ?


Judas lève le doigt pour apporter une précision, la coupant dans son emballement.


- Et... Je vais devoir riposter. Je ne sais pas toi, mais je n'ai pas envie de me prendre une baigne...

selene hausse les épaules, quand on s'est prit des coups d'Eikorc les autres semblent bien légers. Judas, lui, n'est pas d'humeur à lutter dans un corps à corps qui les fatiguerait plus qu'ils ne faudrait...


- Alors tu vas être obligé de m'aider à pisser.

Frayner grimace un brin, tente de réfléchir à cette possibilité et chasse l'idée d'un claquement de langue.

- C'est un prétexte pour que je te détache... Mais je n'ai pas franchement envie de t'aider.

Il sait qu'elle serait capable de lui pisser sur les bottes pour l'emmerder. Elle plisse le nez, sa vessie la fait se dandiner. Il soupire.

- Je te donne ma parole, bien que tu ne m'estime pas.


Il secoue la tête. Il n'est pas question d'estime. Elle ressemble tant à l'Anaon... Ses yeux bleus, la joue balafrée, et ce caractère... Mercenaire.

- Tsah. Je la connais la parole des mercenaires...

Il se redresse et se poste dans son dos. Il connait cette mémoire sans nom qui fait défaut aux hommes mais qui fait des femmes, des Sélène et des Roides. Les mains de cuir se posent sur les liens de la prisonnière. Elle joue une carte malheureuse.

- Et la parole d'une vassale de Von Frayner ?


Rictus. Bien tenté. Judas souffle dans son cou:


- Il n'y a pas pire que les VF dans ce pays...

Lui qui fuit ses semblables... Il se relève, sans la détacher, va à sa monture, sur laquelle il se hisse.

- Tu as raison, mais lui au moins me respecte.
- Sélène. Lève toi.

Il te respecte. Quel homme respecte... Hein? Dis le moi... Judas l'observe se relever à son tour et s'avancer vers la monture, il se baisse, gardant les rênes en main. Défait les liens de la brune et se redresse dans l'expectative, ne dit mot. Elle le regarde un instant, interdite de se sentir libérée, les mains viennent masser les poignets. Il ne la quitte pas des yeux, elle qui se pense sans doute libre au milieu d'une prison de bois et de ronces. Instant de silence mutuel.

- Merci.

- Je peux me planquer ou tu veux profiter spectacle ?

Judas reste sur le cheval, des fois qu'elle aurait envie de prendre la poudre d'escampette avec sa monture et de le laisser comme un couillon.

- Fais... moi, je vais.. regarder la Lune.

Il se détend. L'hostilité semble s'être momentanément dissipée... Et de se tourner vers les lueurs de l'astre, un léger sourire vissé aux lèvres.
Elle recule de quelques pas, azur fixant Judas dans la pénombre... Puis se défait afin de soulager enfin sa vessie. Il fixe le sol, l'obscurité a cette faculté de priver d'un réel visuel pour faire s'étendre l'attention des esgourdes... Chaque bruit, chaque froissement de tissus, chaque craquement de feuille lui traduit distinctement ses faits et gestes. Il redresse le menton, ne pensait vraiment pas qu'elle pisserait si près. Un léger rire l'étreint. Sélène ne s'embarrasse pas de pudeur... Quand on a grandit à la cour des miracles, on n'en a pas... Elle se rhabille et grommelle à l'attention de Judas:


- Fous-toi de moi en plus

Le seigneur tourne enfin son visage vers le sien, la mine déridée.

- Allez... c'est de bonne guerre...

Il lui tend la main, d'un geste qui ne prête pas à la réflexion.

- Tu passes devant, ou je dois te rattacher?

Elle s'avance perplexe et lui donne sa main.


- Tu demandes mon avis maintenant ?

Le Von Frayner amorce sa montée, cuir contre peau, la poigne masculine achève la manoeuvre.

- Plains toi... Je préfère que tu n'arrives pas manchote à Angers.


Il passe une main non loin de sa hanche pour attraper la bide, talonne l'animal, résigné, plus que quelques heures et ils gagneront la ville prochaine... La brune tressaille légèrement à l'effleurement, plisse le nez. Judas prend le pas, les yeux cherchant le sentier. Il maintient son attention sur l'horizon, forçant ses instincts à ne pas focaliser sur la proximité qui les tient.

- Et dis moi Sélène, combien payeraient tes amis... Combien pour te revoir?

Elle se raidit légèrement

- Ils n'ont pas d'argent

Judas Gabryel Von Frayner rehausse le menton. Il est des conclusions qui sonnent comme des évidences...

- Alors, cela veut dire qu'ils me tueraient.
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Tu veux être Modo aux arpenteurs? Mp !
Selene.
Formidable, formidable
Tu étais formidable, j'étais formidable
Nous étions formidables
Formidable
Tu étais formidable, j'étais fort minable *




La sentence était tombée.

Oui Judas, les miens, ma famille, mes amis, mon tout...Ils te tueront pour l'affront. On ne touche pas à la Famille, c'est ainsi. Aucun sang ne nous lie, juste la confiance et la fraternité...Sélène tique, au fond d'elle gronde le refus de cette issue... Elle est colère certes, mais pas au point de le laisser se faire trucider par les siens..

Les lieux défilent, la Bretagne leur offre écrin d'un feu de camp à l'aube, couple serré sur une monture, sous les lueurs d'un petit matin naissant chassant la nuit de ses couleurs irisées, cela en serait presque romantique comme tableau....La Lune s'assoit, adossée contre un tronc, partage presque fraternelle d'une miche de pain et une main gantée de désigner un compagnon de route inattendu...Un cadavre tout frais les regarde de ses yeux vitreux...L'intrus n'émeut point la Lune, la camarde et ses frasques sont son quotidien..

Tête à tête surprenant, la belle, la bête et le macchabée...Les silences se posent, les gestes parlent...Les questions font mouche, Judas gratte consciencieusement le vernis d'une carapace Lunaire forgée au fil de sa vie..Sélène se surprend aux confidences, revient sur la défensive puis nourrit à nouveau son ravisseur...Le jeu continue, devient danse, deux pas en avant, un pas en arrière, une virevolte...

Judas s'étend, fatigue l'étreignant...Les azurs se posent sur lui, il la surprend encore, lui murmure un " je te réveillerai"...Mains libres, dague dans sa botte, cheval à portée...Acte un...Attendre son sommeil, écouter sa respiration se bercer d'un léger ronflement, récupérer la dague dans ma botte, glisser mon corps près du sien, sinuer la lame sur la gorge offerte, lui enlever la vie et s'enfuir avec sa monture...Acte deux...Attendre son sommeil, écouter sa respiration se bercer d'un léger ronflement, et le laissant là comme un con en s'enfuyant avec sa monture..Acte trois..

La Lune secoue la tête pour chasser les idées de fuite, elle se déplie, ravive le feu, laisse glisser de son corps le bliaut offert et en recouvre le corps endormi..Elle reprend sa place, tisonnant les braises d'un bout de bois, l'esprit vagabondant sur leur conversation...



*STROMAE Formidable

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Judas
    "On apprend plus en écoutant qu'en s'épanchant. Et les mots que l'on donne sont autant d'armes qui peuvent un jour être retournées contre nous..." - De Judas, à Sélène.


Il avait dormi du sommeil du juste. La Frontière Bretonne approchant, il savait qu'il allait la laisser partir... Bien sûr. Tapie au fond de lui, l'idée claire qu'elle ne le tuerai pas avait creusé son sillon. Le réveil avait été brusque, mouvement instinctif de vérification dans la nuit. Sursaut rassérénant. Elle était là, postée devant un feu léchant ce qui semblait être un... Lièvre. Il ne l'avait pas fouillée, la dague nettoyée du sang de la petite proie gisait là, à ses cotés. Moment de flottement. Ce rapt était décidément la plus belle arnaque de l'année.

Le temps passant, le satrape s'était appliqué faire sauter un à un les verrous de la volonté de la brune dans le calme de conversations minutieusement choisies. La manipulation serait au moins la clef de la tranquillité de Judas face aux représailles d'Anjou... Loin de perdre de vue l'envie de la mettre à nue, dans tous les sens du terme, il avait décelé en elle des blessures terriblement familières... Des blessures...

Anaonesques.

Et chaque heure à écailler la coquille de Sélène révélait aux yeux du ravisseur les similitudes folles de l'une et de l'autre. Cette Autre à laquelle il ne voulait pas penser. Pas ainsi. Pas comme cela. Il mit le doigt sur des ressemblances troublantes, de celles qui ne pouvaient pas passer inaperçues. Loin de les ignorer, il les mit n exergue, une à une.

Addictions à l'eau de vie et de mort... Insomnie notoire... Cette incapacité maternelle à peine dissimulée... La rétivité qu'apporte le temps et les hommes qui sont passés... Sélène était d'un âge équivalent à la Roide, Elle lui ressemblait. Jusque sur les stigmates de son visage. Jusque dans le bleu de ses yeux. Les cheveux bruns, le verbe piquant. Ce rapt n'en était plus un, amie, il l'avait reconnue. Amante, il la voulut, la couleur avait été annoncée bien en amont. Et il l'eut.

Car il n'est pas de prétentions auxquelles Judas se soustrayait.

Sans doute avait-elle été surprise des contrastes de l'homme et de l'amant, pourtant, pourtant... Les nuances étaient nombreuses, parfois bercées de folies, d'arrogances ou d'audaces. Il savait prendre du plaisir à battre comme à couvrir ses maitresses de présents. Mais pour Sélène, il ne serait question de rien de cela, pour ces ressemblances détestables mais aussi ô combien salvatrices, comblant le manque dont il se défendait. L'histoire ne pouvait se répéter. Le nouveau jour annonça l'inévitable rupture, sur le fil d'Ariane d'un bliaut en gage. La frontière fut passée, jusqu'à Rieux. Et à la fraiche, au matin, Rieux sonnait ironiquement comme Adieux. Les deux vicomtes étaient restés derrière, loin en France, loin dans les pensées du seigneur. La moralité de l'histoire avec.

[Dans une taverne, Rieux.]

Les onyxs balayent le visage voisin, tandis que la gorge accueille le vin qui leur a fait défaut en campagne. Les écuelles sont pleines, elles ne le resteront sans doute pas longtemps. Il la regarde. Il semble que Stockholm soit passé par là. Voilà. Voilà , l'escapade cesse ici. Regarde-moi. Ton corps est aussi fourbu que le mien, mais qu'en est-il du reste? Regarde-moi et ne mens pas. Je prend tout, je veux tout prendre. Je suis comme ça. Tacitement, c'est annoncé, tu le savais. Ne mens pas comme tes mots rétifs, couchés sur des plis glissés sous des portes. Tes fadaises, je les emporte.

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Tu veux être Modo aux arpenteurs? Mp !
Nikita.
[Anjou, Saumur… Taverne « La Perfection »... nuit de la disparition]

Attablées, elles devisent passionnément de choses et d’autres… Elles, la jeunesse saumuroise, la relève ou, plus communément surnommées par les fossiles, « les bébés ». Elles, les frêles candeurs chaperonnées par la discrète Faustine. Elles, les impatientes, gourmandes d’aventures bien que leur jeune âge ne les ait guère épargnées. Parmi elles, il y a Elle, parfois confidentes des comparses, parfois effrontée de propos moqueurs, parfois candide d’interrogations innocentes… Mais des comportements qu’on penserait inconscient, toujours elle avance dans sa quête.

Attablées donc, Hénora, Tristana et Niki’, discutaient de leurs récentes rencontres, de leur futur proche, de leurs ressentis devant un whisky, un verre de lait ou quelconque breuvage préféré… Des « fossiles », comme la Blondeur se plaisait à les nommer, Marie arriva bientôt et les questionnements de reprendre. Pareilles aux enfants curieux, assoiffées du savoir des anciens, les jeunettes ne tarissaient pas, au grand désespoir de l’Ainée sans doute… « et pourquoi ? c’est où ? on fait comment ? c’est quand ? on peut faire ça ? c’est possible ? ça existe ? etc, etc »
Au milieu de ce joyeux brouhaha, la douce voix résonna et les paroles du petit caméléon tombèrent comme un couperet :


Je n’ai point vu Sélène depuis un moment, quelqu’un sait où elle est ?
Non, pas vue

Sa monture est à l’écurie pourtant… mais Faustine s’inquiétait de l’intérêt d’un noble dernièrement. A glacer l’échine selon ses dires…
Je préviens les autres et nous partirons ce soir.


Quelques renseignements et heures plus tard, le groupe prenait la route sous le regard froid de la blondinette, et les mots durs de trancher au minois délicat :

Qui que tu sois, Inconnu… je ne donne pas cher de ta peau si tu lui fais offense...
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Selene.
Le vin sait revêtir le plus sordide bouge,
L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle
De tes yeux, de tes yeux noirs,
Lacs où mon âme tremble et se voit à l'envers...*




A force de tisonner, le bois devient braise...Plissure de nez, la Lune est perplexe sur la situation, le pourquoi du comment, le fait d'être ici, les échanges, les confidences, les silences, les regards noirs, les changements d'humeur, les regards qui dévorent, la laisse qui laisse du mou, la laisse qui restreint l'espace, les sourires, les grognements, la liberté redonnée, la liberté reprise, la violence contenue...Les palettes de couleur de Judas...Un camaïeu de son caractère..

Un soupir. Un besoin de bouger sans pour autant fuir, et le ventre qui se tord de faim, le morceau de pain n'a pas suffit à le calmer...Elle se redresse, délace un lacet de cuir de son bustier tout en s'enfonçant dans la prairie à l'affut d'un quelconque terrier...Le piège est posé, reste l'attente, couchée dans l'herbe à ruminer les journées précédentes...Un cri strident la sort de sa torpeur, la fourrure est empoignée et d'une main ferme le cou est brisé...Le gibier est attaché à une branche, la lame cachée dans sa botte le dépouille de sa fourrure et l'éviscère..Quelques temps plus tard, les flammes pourlèchent la viande suintante, tandis qu'un Judas se réveille en sursaut, onyx posé sur la Lune, puis sur le feu...Un sourire amusé s'esquisse, l'inébranlable est ébranlé, et oui, tu aurais pu mourir aujourd'hui Judas..

S'en suit un repas, alterné de regards et de confidences..Il gratte le vernis la met à nu..Elle le laisse effeuiller les couches, petit à petit, se confie comme jamais ne l'a fait avec personne, lui donne les armes contre elle...Et il titille, gratte, enfonce le doigt là où ça fait mal, très mal...Elle lui offre sa souffrance, s'épuise...Trop de vin, manque de sommeil, manque de nourriture, la sentence tombe, le reproche est donné, il lui met son autodestruction dans la trogne, lui donne l'impulsion électrique désagréable, lui met le miroir face à son visage et lui désigne le chemin sans retour qu'elle prend...

Partage de bliaut pour repousser une nuit trop fraiche qu'un feu de camp n'arrive pas réchauffer...Quand tout a basculer ? Qui a fait le premier geste ? Le premier regard ? Peu importe, le temps s'est suspendu et une Lune s'est faite décrocher par un Judas qui n'est que paradoxe...Elle découvre une nouvelle palette de l'homme, celui devenu l'amant, celui qui cette nuit là aura réussi à lui faire trouver le sommeil...


[Dans une taverne Cunesque, à Rieux]


Les écuelles débordent, la Lune dévore, sise près d'elle un Judas silencieux...Elle sent ses regards, les esquive le temps de rassasier son estomac et lui montrer que quelque part elle écoute ses conseils...Le vin est dégusté, il a un goût âpre mais elle n'en a cure, ils n'en avait plus, le manque avait prit place...Elle s'adosse, le visage d'albâtre décide enfin de se tourner vers lui...C'est donc ici que nos chemins se séparent...l'azur fusionne à l'onyx...Judas...Tu as su forcer des portes condamnées...As-tu conscience que cette nuit tu as eu au creux de tes bras, la vraie Sélène...Celle que je cache, celle qui a forgé tout au long de ces années ce que toi, tu as détruit en quelques jours...Tu es diabolique..Je n'attends rien de toi et toi tu veux tout de moi...Tu as fouillé mon âme...Tu as marqué ma peau...Tu as pris mon corps..tu as effacé ma peur de m'abandonner...que ferais-tu du reste ? Un geste, une inflexion de voix, un silence parlant, un regard et je me perds...



* BAUDELAIRE. Le Poison, Les fleurs du mal.
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Ode..
[Saumur...]

Fidèle à moi même je me fais discrète, observant de loin les "bébés" évoluer, se motiver et comploter tandis que je fais ma vieille, mon asociale, ma froide à l'écart.
C'est pas que j'aime spécialement me mettre de côté..mais j'apprécie garder assez de distance pour pouvoir tout analyser tout en évitant de m'attacher de trop à cette jeune relève.
Les pertes humaines, je les ai déjà trop subies et je continue d'en être la cause par moments.
Je suis un peu sur les nerfs, la bande semble survoltée, la Lune a disparu, laissant derrière elle une flopée d'interrogations, d'inquiétudes, de craintes.
La rumeur désigne un homme noble et dangereux comme étant son dernier interlocuteur.
Mais ce genre de personnages n'est pas unique à Saumur, alors qu'il aurait pu l'être dans n'importe qu'elle autre ville.
Non, ici les malfrats ont bien des masques... du gueux déguisé en noble, au noble affublé de loques.
Non.. il était aussi difficile d'identifier ce témoin que de trouver un(e) pieux(se) dans le coin.

Je suis en colère contre Sélène aussi.
Elle m'oblige à m'inquiéter ,à l'instar des plus jeunes, alors que je n'ai pas que ça à faire de sortir de mon impassibilité légendaire.
Elle aurait pu laisser un indice, elle est bien assez habituée à côtoyer la mort pour connaître des astuces..
Et si elle était partie de son plein gré... elle aurait du écrire, prévenir, ne pas nous abandonner aussi lâchement.
J'imagine déjà la tête du Tigre, quand on devra lui expliquer la situation. Ou plutôt, j'imagine son absence d'expression tout aussi éloquente.


Idiote de Lune ! Je te jure que si je te trouve, je vais te transformer en croissant.

Si ce n'est pas déjà fait...

Me rappelle mon démon intérieur. Odieuse peste qui n'apaise nullement mon angoisse...
Une en moins ça suffit largement, par la Déesse, je préfère qu'elle ait fuit avec un Prince plutôt qu'avec la faucheuse.


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Sabaude
- Et pendant ce temps là à Montargis -


Regard sur le tavernier qui de temps à autre lève son nez par dessus son comptoir pour observer son manège. Il faut dire qu'à s'asseoir, se lever, regarder par la fenêtre en pestant, déplacer un siège, reprendre place, il donne du grain à moudre à l'homme. Temps de merde aussi! Comment savoir où est la Bretagne s'il ne peut s'orienter au soleil?

Dites mon brave, l'ouest, par où est-ce?

Un vague merci, et enfin le séant est posé. Cul à l'est, nez vers l'opposé. Un rituel quand au matin il est seul avec ses pensées, choppe sous le menton. En toute discrétion le bois de la table est gratté de la pointe d'un couteau et finit par livrer un renard. Il sourit à l'oeuvre, du grand art à force d'exercice!
La main sur l'épaule, la tape dans le dos avant deux échanges qui fleurtent entre le ras des pâquerettes et le lyrisme frauduleux lui manquent.


Que faites-vous von Frayner? Certainement à lever la bretonne comme on le fait d'une armée...

Baste... ne doit-il pas aller voir le diable après tout? En parlant de ça.. Les courriers remis par Carys s'étalent sur la table. Un enterrement, une invitation, une convocation, des mots doux, des affaires...
D'un geste rageur la table est renversée. Poings serrés il lui faut un certain temps pour se calmer. La colère passe, toujours, et la cape de solitude vient envelopper son corps. Il trouvera un ivrogne pour s’épancher ou un arbre, comme ça il videra aussi sa vessie - le pochtron n'apprécierait pas et ne serait meilleur soutien-. Des ecus sont sortis de la bourse et posés devant le tavernier.


Pour le ménage.
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Judas
    [ Je me contenterai pour le futur comme au présent, de garder les pieds sur le terrain que tu auras défini comme étant le mien... ] - De Judas, à Sélène.


L'art d'étendre des terres sur celles des autres est doublé de patience, et d'une minutie que l'on ignore. Oui, c'est ici qu'ils se séparent. Il l'a eue sans courir, en prenant tout le temps qu'il fallait. Il l'a eue comme il le souhaitait, comme on apprivoise un animal rétif. Persuasif sans le montrer, il pouvait séparer leur route sans crainte d'avoir perdu son temps. Assouvi et repu d'une envie compulsive, car obtenir adoucit. Judas la couvre de son bliaut, une dernière fois, l'en dévêtit, encore, soumise de son plein gré. Encore un peu. Sans promettre, il l'assure de la laisser en paix, sans l'abandonner comme un écrin vide dont on aurait volé toutes les pierreries , il s'accorde de la garder. Approche quasi objectale d'un voleur qui est incapable de se laisser voler. Un mot glissé dans une poche, pour le retour. Il sera trouvé tôt ou tard. L'escapade lui avait fait passer le gout de sa colère pour les défections Alençonnaises.

Puisque l'amitié est des plus volages en cette vie, c'est au lit des femmes qu'il retourne. Il faut savoir compenser les manques, toujours, et dissimuler les avaries sous le tapis. S'accommoder du maitrisable. Il est des revers de liberté qui, comme l'avait remarqué l'autre, sont de bien pernicieux mensonges. La solitude qui l'étreint s'est exacerbée, depuis l'Anaon, cette chape de plomb, depuis que la comtesse bretonne semble sûre d'elle, depuis le départ de Sélène, depuis la mort de Marie. Il reste les colères d'Isaure, et le retour à ses longues fugues à la chasse. Il reste l'envie, cette envie qui ronge. L'envie amère lui tombait dans l'âme goutte à goutte, comme un fiel qui corrompait toutes ses joies et rendait odieuse son existence.

Lutter contre la Roide éternellement, pour ne jamais la vouloir affranchie de lui. Détourner les réticences de la Lune, pour se procurer l'inextinguible pouvoir de l'âme. Rejeter ce qui fut si doux, camarde, pour ne jamais atteindre la platitude faiblesse du palpitant. Judas était malade. Malade de lui même. Une folie perverse qu'il s'infligeait au demeurant en tout premier lieu, et qui lui faisait du bien, quelque part. Dans les recoins perclus de sa dégénérescence. Plus qu'autodestructeur, c'est en maitrisant autrui qu'il s'épanouissait fallacieusement, masturbant ses colères impulsives, ses exigences, sous couvert d'un calme marmoréen. Un mort allongé sur un autel de fleurs.

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