Un étalon des Ardennes ! Par principes je me dois d'y participer !!
C'était la quête du Graal, le poing levé vers le Ciel.
Faisant fi des parenthèses, pressée par la volée descendante du temps, elle était obsédée par la trouvaille du père de ses enfants. Las, point de mariage dans le délié de la phrase qui s'ensuit. Alors, point de descendance. Du reste...elle en rit, à présent, elle se savait condamnée.
Grave et posée, et prenant place sur ce siège de mauvaise paille, dans cette chambre étriquée, elle côtoie dans les parallèles des pages du Livre des Vertus, cette liane qui l'enlace, l'embrasse, l'enserre et la tient prisonnière. L'ombre trainante du mobilier à la faveur du soleil bas à présent sur les champs, lèche ses affaires empaquetées.
Elle partait.
Pour où. Pour qui.
Les langueurs de sa vie explosaient en atomes, et elle n'y voyait que l'instabilité de ses états d'âmes, issue d'une ligne droite parfaite et explosive, traçant possédée par son but, l'exact sentier de sa destination, et sans que rien, ni personne, ne puisse l'arrêter. Mais la sinusoïdale rôde, et déjà elle mords le bords du virage, fauche les bornes et frôle le fossé. Quelques courbes, une embardée....
La plume hésitante, râpe le papier de mauvaise qualité. Elle ne savait plus...si elle devait s'adresser à Saint Just, ou au Chevalier Maître de la Maisonnée. Scath. Qui s'était mariée et diantre....folie...elle ignorait, ou bien elle avait oublié, le nom de son époux.
Elle froisse et recommence.
La menthe de ses yeux profonds, passe sur son désordre, ces dossiers de cuir, ses couteaux de lancé.
Elle persiste, et finalement signe.
Le tournoi ne l'intéresse que peu. Sauvage. Vouée à l'art de la guerre dans la plus infâme de ses réalités, pour elle, cogner son épée sur un autre n'était pas un jeu. Sérieuse. Le glaive tenue dans ses mains, semblant si lointain, n'était que l'instrument de blessures, et si la mort elle-même n'accueille de ses doigts doux celui dont les Parques coupe le fil, l'infection et la gangrène se chargeaient de finir le travail. Un peu trop. C'est parce qu'elle prit part à bien trop de conflits sanglants, partout, tout le temps, pour des gens d'autres patries. Pourtant, en volte-face, c'est la femmes d'Eglise qui se dresse.
Non. La raison pour laquelle elle se donnera en spectacle et sûrement, perdra, était la Duchesse Agnès.
Personne ne savait ce qui était née en elle depuis ce fameux jour où elle vit Feue Sa Majesté Eusaias dans la Salle du Plaid. Alors, pudique, retenue, elle allait rendre cet hommage, et dignement comme un Chevalier, à la Veuve de Bouillon, la Dame du Corbeau.
Son glaive de Sainte Kyrène n'avait plus été utilisée depuis un bon moment. Il lui semblera sûrement bien lourd. A moins qu'elle n'utilise Isenduil...
Citation:
A Son Altesse Agnès de Saint Just,
A son Capitaine, Dame Scath, dicte la Grande,
Le temps d'un cap vers le sud, et me voila, bretter pour le spectacle, pour l'occasion de fêtes et d'un jour joyeux.
S'il m'est permis de fouler vos Terres, et s'il m'est permis d'apprécier le rouge, et le vert, les ocres et les azurs de votre Domaine, alors je serai là pour l'hommage..
Je serais accompagnée de mon escorte, Hervald Blackney, futur héritier des Terres de Mortain. Il a pour vocation en ces festivités de prêter main forte en cuisine, auprès des troubadours et partout où le service sera bonne occupation.
Et par la présente,
Que Dieu garde Bouillon,
Asphodelle di Césarini
Elle compte sa monnaie...mais elle n'avait pas de quoi envoyer de caisses de vin pour l'honneur, depuis que sa greluche de mère lui avait rationné les vivres. Une petite bouteille de cette eau-de-vie distillée de céréales, de racines ou de fruits, appelée Schnapps, qui pourra faire l'affaire et au pire, ça servira toujours à des tâches ménagères, ou bien à assommer un blessé pour le recoudre.
Détachée d'elle-même, étrangère, sûre de son devoir, elle a pourtant l'impression de s'en foutre. De s'en foutre de tout. Et en premier lieu, du fait que le fils du Feu Padre n'était pas au courant du contenu de cette missive.