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[mariage] Mariage à l'écossaise

Sarah_callahan
Elle était restée une dizaine de jours au monastère, autrement dit une éternité pour elle, Sanguinaire éprise de liberté. Depuis plusieurs semaines maintenant elle se trainait une maladie dont elle ignorait le nom, ne cherchant pas à le découvrir. Elle n’avait rien dit à personne, encore moins à ceux qu’elle aime. Et puis que pouvaient-ils faire ? Syuzanna avait beau avoir été herboriste, elle avait d’autres chats à fouetter –enfin, disons d’autres gosses à materner. L’annoncer à Manu était tout aussi inconcevable, lui qui avait vu la mère de son fils emportée par une maladie alors elle gardait le silence, espérant que « ça » passe, tout simplement. Elle en avait mené des combats et celui-ci ne semblait pas vain.

Pressant le pas pour ne pas arriver à la fin de la cérémonie, elle chasse ses sombres pensées, se concentrant sur la suite des réjouissances. Dix jours qu’elle n’avait pas vu son compagnon et aussi faible que cela puisse paraître il lui manquait ; elle avait senti qu’ils s’éloignaient dangereusement mais elle n’était pas du genre à s’accrocher étant plutôt prompte à se comporter en réel courant d’air. Quant à son frère…Son Autre lui manquait c’était indéniable mais elle craignait que son égo démesuré, trait familial qu’ils partageaient, l’empêche de venir aujourd’hui. Elle sait que son frère a en horreur les mariages arrangés et celui de Sybelle et de l’autre abruti coiffé comme une donzelle a été décidé pour l’aider lui à payer le sauvetage de sa fille. Sur cette pensée l’Ecossaise laisse un soupir résigné passer la barrière de ses lippes : ils ne peuvent plus reculer, s’ils veulent arracher la petite des mains crochues de Lacienda il leur faut se procurer l’aide financière de l’italien, aussi stupide et pédant soit-il.

La tour MacDouggal se dresse au loin, souveraine sur ce petit bout de terre et la sauvageonne ne peut s’empêcher de sourire, gagnée par une bouffée d’orgueil mais aussi de joie à l’idée de retrouver les siens. Et, si l’invitation lancée par la rouquine ne ment pas, il y aura largement de quoi festoyer aux frais d’un blondin qui doit se mordre les doigts d’avoir choisi pour épouse une rouquine maniant à merveille l’art de la vengeance. Pour l’occasion Sarah avait décidé de se débarrasser momentanément de ses braies pour passer une robe. Simple et discrète, loin d’être comparable à celles décrites dans les poèmes lyriques. Blanche, légère, un tantinet serrée au niveau de la poitrine et de la taille et évasée à partir des hanches. Les cheveux sombres avaient été laissés libres et les boucles brunes retombaient au creux des omoplates écossaises. Cette tenue n’était absolument pas au goût de la guerrière mais la femme, elle, s’en réjouissait. A quand remontait la dernière fois qu’elle avait laissé ses frusques dévoiler un corps plus féminin ? Trop longtemps. En revanche, méfiante jusqu’au bout, la brune avait disséminé diverses armes, allant de la minuscule aiguille glissée dans le tissu d’une bretelle à la dague superbement aiguisée attachée sur le haut de la cuisse.

Et voilà, elle y était. Inspirant un grand coup, elle laisse l’air marin imprégner ses poumons, rassérénée par la pureté et la fraîcheur des embruns, bien loin de l’odeur de poussière et de renfermé qui flottait au monastère. Par les Dieux ! Si la maladie devait avoir sa peau, jamais elle ne permettrait qu’on la laisse moisir au milieu de nonnes qu’elle méprisait ouvertement. Si elle ne mourrait pas en se battant, ce serait dans des espaces comme ceux-là qu’elle se rendrait. Souriante elle pose sur la petite foule un regard serein et calme. Elle reconnaît la future mariée, sublime dans sa robe en soie, la cheffe du Clan et ses enfants qui apporte une…poule ? Passons. Un barbu, non, deux. Celui qui parle une langue dont elle ne sait rien et...un autre aux allures d’ermite. Un inconnu isolé, un couple, le futur mari, entouré de sa clique de crétins sur lequel elle ne s’attarde pas et enfin son compagnon et le Végétal…De là où elle est, elle croit voir les lèvres des deux se chercher pour finalement se trouver. Le choc de la trahison secoue la Sanguinaire, la blessant plus qu’elle ne l’admettra jamais. Toutes les promesses du Blondinet ne valent plus rien face à cette vision. Et, tandis que tous ses espoirs d’être un jour pleinement heureuse partent en fumée, elle cherche à reprendre contenance. A se raccrocher à quelque chose pour ne pas être une de ces femmes pleurnichardes qui se trainent aux pieds de leurs amants. Elle ne sera jamais de cette espèce-là, non.

Attaquer ? Quelques mois plus tôt, elle les aurait tués sans une once d’hésitation. C’est une NicDowell doublée d’une Sanguinaire alors elle est prête à tout pour défendre son honneur. Et puis, au fond d’elle, elle sait très bien que cela serait jouissif d’étriper cette garce de pièce rapportée Corleone avant de pendre le Blondinet infidèle par les attributs. Mais non, elle a changé et surtout elle a compris que les mots pouvaient blesser bien plus que les coups.

Fuir ? Personne ne l’a vu, personne ne sait qu’elle doit venir ici. De plus l’invitation peut très bien s’être perdue en chemin. Partir pour ne jamais revenir, pour ne plus jamais les revoir enlacés. Rejoindre Zepp pour finalement accepter de partir en mer avec lui. Après tout, si elle restait c’était parce qu’IL lui suffisait, lui le beau-parleur aux mille promesses. Bordel ! Qu’elle était stupide d’y avoir cru ! Elle aurait dû écouter Zepp, Momo, Tann’ ou même son frère, tiens. Ne plus se laisser prendre au jeu des sentiments mais c’était trop tard désormais. Alors fuir ou rester ? D’un autre côté, si elle partait maintenant, elle s’en voudrait. « La lâcheté ? Connais pas. » et puis, Sybelle était sa cousine. C’était un mariage du Clan et elle était fidèle aux siens. Alors elle reste.

Improviser ? Voilà qui est mieux. S’accordant quelques minutes de répit, elle prend une grande inspiration avant de transformer son visage en un masque de glace. Elle sait comment cacher ses émotions, l’ayant si souvent fait par le passé. Ses yeux se chargent d’un calme froid et calculateur tandis que ses lèvres se resserrent pour qu’aucun tressautement ne trahisse le fond de sa pensée. Muselant la femme blessée, elle laisse uniquement parler la guerrière, l’Indomptable, la Sanguinaire. Lorsqu’elle se décide enfin à avancer vers les convives, elle est sûre d’elle, frôlant l’insolence. Nulle trace de sa peine et de sa déception, encore moins de sa jalousie. Poupée de glace, elle a été, poupée de glace elle redevient. S’approchant de Sybelle, elle lui adresse un mince sourire mais un sourire franc, l’un des rares qu’elle sera capable de faire :

Tu es magnifique Sybelle et…je vois que ce mariage est aussi pompeux que tu l'avais annoncé.

Nouveau sourire sincère, cette fois-ci adressé à l’autre rouquine. Dernier sourire réel avant de passer à la comédie. Après tout, puisque tous y jouent, pourquoi pas s’y mettre aussi ?

Salut Syu. Contente de t’voir.

Elle a bien remarqué les cernes sous les yeux de la rousse mais en parler maintenant ne servirait à rien alors elle se tait. Ignorant royalement l’italien et sa clique, elle adresse un signe de tête à Arthor, se souvenant parfaitement de la manière dont il avait traité le Végétal au mariage de Joy et Laell. Et puis arrive le moment le plus difficile, l’instant où elle croise le regard de celui qu’elle considérait jusqu’à lors comme son compagnon. Sourire hypocrite qui vient étirer les lippes de la sauvageonne.

Bonjour Tynop.

« …t’es qu’un enfoiré de traître mais tu n’arriveras pas à me détruire, je vais me relever. Par contre profite bien de ce mariage parce que c’est la dernière fois que tu me vois », la fin de la phrase erre dans l’esprit écossais sans arriver à passer la barrière des lèvres. Ce mariage est juste un mauvais moment à passer, ensuite elle prendra la route avec Zepp avant de revenir pour piller cette foutue mairie. Forte de cette pensée, elle tourne les talons, rejoignant la tente blanche d’où elle voit se dessiner les contours de tonneaux d’alcool.
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Bertuccio
Le druide semblait plein de vie et pour le moins un peu plus expansif que la majorité des curés habituellement de sa compagnie. Bien que le dernier dont il fit la connaissance était, lui aussi, un phénomène. Mais passons. Oui parce qu'il semblait un peu gâteux, ce qui est déjà beaucoup plus conventionnel. Il l'écoute et sourit, sans fausse impression cette fois, amusé de la scène et du dialogue facétieux du Druide. Des fantasmes oui. Des fantasmes.

Bien cher Merwynn, ne vous y trompez pas, la seule et unique personne sur qui j'ai concentré mes pensées ces dernières semaines, c'est bien la belle Sybelle, ma quasi-Femme. Héhé !

Bertuccio concentre alors ses yeux sur la belle, quelques secondes, le temps de repenser à toutes ces choses qu'il lui prévoyait pour les semaines, les mois et les années à venir. S'imaginait-il seulement, le bon Druide, de la toute puissance de la volonté ? Dans sa poche, il fit tinter deux petites fioles de son office, contenant chacune de quoi commencer à consommer son mariage d'une manière toute particulièrement pensée pour Sybelle-Aux-Griffes-D'Acier.

Ohoh ! Oui, les fantasmes des croyances oecuméniques n'ont que peu de poids face à ceux du mariage et, en tenant de l'empirique que je m'efforce d'être, j'ai déjà hâte d'être à demain. Mais gageons que cela m'intéresse tout de même. Mais si le mariage bouscule l'ordre de mes activités favorites, héhé, je n'en reste pas moins scientifique et les coutumes primitives sont un point d'entré formidable vers de nouvelles connaissances. Que voulez-vous, c'est pour moi toujours plus beau, lorsque c'est inutile.

Presque rêveur, il ne se voulait pas licencieux. Non, le sexe n'avait aucune place dans ce qu'il venait de dire. Il avait déjà élaboré des systèmes, des mécanismes, des élixirs, des poudres, un bonbon sucré même ! Tout cela pour sa seule Femme, ou plutôt celle qui le deviendrait dans des temps des proches. S'attendait-elle seulement à tout cela ? Et préparait-elle elle-même quelques représailles ? A n'en pas douter. Une fois sorti du guêpier de son mariage, les choses sérieuses commenceraient.
Merwynn
De toute la diatribe ampoulée de Bertuccio, Merwynn n'avait retenu que deux mots. « Coutumes primitives ». Primitives. Les yeux du sage s'agrandirent. Que n'avait-il vingt ans ! Il l'aurait étripé avec un joyeux sourire. Il en avait malheureusement près de quarante-cinq de plus, et sa force n'était plus tout à fait la même. Cependant, cet insolent ne perdait rien pour attendre. D'ailleurs il lui vint une idée qu'il mit aussitôt en application. Bougeant légèrement, comme un vieil homme qui aurait terriblement mal aux jambes, il déplaça sa canne de quelques centimètres. Précisément sur les orteils de l'Italien. Et ponctuant le tout d'un sourire innocent, il s'appuya dessus, « pour soulager son vieux dos ».
Merwynn avait honte de lui, mais tant pis. Ce crétin l'avait bien cherché.


- Je ne suis pas exprès en fadaises aristotéliciennes. Vous m'avez l'air plus au fait de ces choses-là, vous pour qui l'inutile est toujours plus beau.

Et tu sais ce qu'elle te dit, ma coutume primitive ?, lui aurait-il bien lancé en lieu et place des politesses échangées.

- Mais j'ai ouïe dire il y a fort longtemps, que votre Aristote n'était pas... aristotélicien. Que cette croyance est née avec lui, que lui-même avait pour croyance... une... comment avez-vous dit ? Coutume primitive ? La plus vieille religion au monde, si mes souvenirs sont bons. Donc en résumé... votre croyance n'est-elle pas tout aussi primitive que la mienne, Bernardo ?

Il était temps désormais de faire quelques compliments. Le Druide examina son interlocuteur, avant de relancer la conversation sur un tout autre sujet.

- Votre tenue, là. Elle me fait penser... Vous savez, ce Romain. L'empereur. César ? Ce tyran qui se croyaient plus malin que les dieux, et que le reste du monde d'ailleurs. Mais comme tout tyran, il a fini par tomber... C'est mon moment préféré de l'histoire de cet homme. Lorsque son fils adoptif lui plante un couteau dans le coeur. Un tyran voyez-vous... à petite ou grande échelle... finit toujours par tomber. Et on ne sait jamais trop d'où ça vient.

Discours ponctué d'un appui plus prononcé sur sa canne, et donc sur le pied de Bertuccio. Il n'y avait rien à faire, ce garçon le révulsait. Il avait aussi fourbe qu'un serpent, et dans ses yeux, aucune lueur de tendresse de brillait à l'évocation de Sybelle. Et ce sourire plein de sournoiserie ! Comment Sybelle pouvait-elle épouser pareil individu ? Mystère.
Il ne supportait plus la seule présence à ses côtés de l'horrible individu. Se tournant vers le reste de l'assistance, il interpella l'une de ses Elèves. Visiblement, la jolie Fleur était un véritable poison, sortie de la clairière. Elle mentait honteusement et embrassait à tout va un garçon qui n'était sans doute pas son compagnon. Une femme ne prenait pas la peine d'être aussi suggestive quand elle embrassait l'homme qu'elle fréquentait.


- Fleur ! Cesse donc de raconter des sottises. Et laisse ce garçon en paix.

Cependant son jeu de mensonge l'amusait assez. Faire croire à Bertuccio qu'elle était issue de la noblesse ? Ses intentions étaient floues, mais tout ce qui pouvait faire tourner le blond en bourrique était bienvenu. Se retournant vers Bertuccio, il lui apparut qu'il lui faudrait peut-être une explication pour justifier le fait qu'un Druide connaisse une noble.

- Oh ! Fleur. Mademoiselle Fleur, oui. Je la connais bien... du moins je croyais... Nous nous sommes rencontrés il y a quelques mois. Elle est...

Comment expliquer qu'il la connaissait sans détruire l'éventuelle couverture de la jeune fille ?

- Eh bien, Fleur. Explique à Ricardo.
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Syuzanna.
Les habituels bourdonnements résonnaient dans les oreilles de la rousse, qui tenta de les chasser en secouant la tête. Le bébé l'incommodait, aussi se pencha-t-elle pour la déposer dans son panier. Eilidh traina le tout un peu à l'écart, s'asseyant aux pieds d'un arbre, berçant l'enfant pour qu'il s'endorme.
La mère pendant ce temps, circulait parmi les convives tel le fantôme qu'elle était devenue. Merwynn discutait apprement avec un blond. Ce type lui disait vaguement quelque chose. Ah, cela lui revenait ! Il s'agissait du fiancé de sa cousine.


- Sybelle ? lança-t-elle à voix haute sans se préoccuper de savoir si le le duché entier l'entendrait ou si cela se limiterait au quartier. Il a une tête de fouine ton fiancé.

Où était passée la guerrière qu'elle était ? Morte. Morte lorsque Duncan avait disparu en mer. Il ne restait plus d'elle que l'ombre de la femme qu'elle avait été, et elle n'était plus capable aujourd'hui de mener son Clan comme autrefois.
Chancelante, elle s'éloigna de la foule, titubant comme si elle était ivre, elle qui n'avait pas bu depuis une Lune entière, si ce n'était davantage. Sarah était par là-bas, elle la devinait, ou plutôt croyait la deviner.


- Chuuuut, fit-elle en se plantant un doigt dans l'oreille droite. Tu m'empêches de réfléchir, Nessie. Où on va ? Bah... Là-bas.

Vague mouvement de bras à l'attention de « Nessie ». Tout le monde ne pouvait pas se vanter d'avoir le monstre du Loch Ness fiché dans les oreilles, c'était certain. Pourtant Syuzanna, elle, elle pouvait. Sauf qu'en temps normal, elle évitait. Pourquoi ? Sans doute parce que l'oreille gauche lui murmurait de garder ça pour elle. On sous-estimait les pouvoirs de l'oreille gauche.

- Eh ! Sarah ! s'écria-t-elle en s'approchant de sa brune et solide cousine. Tu es seule ? Pas de Manu en vue ?

Elle eut soudain envie de pleurer, alors c'est ce qu'elle fit. On était loin des gros bouillons mais on avoisinait tout de même la fontaine.

- Raaaah, pesta-t-elle en s'essuyant rageusement les joues. Désolée. C'est euh...
« L'air marin , lui souffla le fameux Nessie. Dis que c'est l'air marin ! »
- C'est l'air marin, oui. C'est ça, c'est l'air marin.

Elle adressa à Sarah un sourire presque enfantin. Un regard plein de candeur, qui n'avait jamais eu sa place sur le visage de la femme qu'elle était autrefois. Mais cette femme-là, Nessie était en train de la manger. Lentement, mais sûrement.
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Tynop
D'un sourire il salue l'arrivée de la future mariée, dans une robe qui lui ressemble bien plus que le décor de la cérémonie. Vient ensuite Syuzanna, qu'il n'avait pas revu depuis Sarlat. Cette dernière était méconnaissable, presque effrayante. Ne l'ayant connu qu'enceinte, il fut d'autant plus choqué de la maigreur de la cheffesse de famille. Elle était dans un état épouvantable, qui donnait au blondinet l'impression que la vie la fuyait. Sa santé mentale semblait aussi atteinte. Des propos incohérents, un cadeau farfelu. Le mariage promettait d'être gai à souhait. Le blondinet n'était pas encore au bout de ses peines.

Puis Gaia s'avança vers lui, séduisante dans une telle robe, sa chevelure arrangée en une natte. L'Italienne était consciente de sa beauté, et savait en jouer, pour le plus grand malheur du vagabond. Voilà des semaines qu'elle s'amusait à jouer un jeu des plus dangereux avec lui, à le tenter, sans doute encouragée par les réactions du blondinet qui ne savait jamais vraiment que faire face à ses allusions, ses clins d’œil, ses mains baladeuses. Elle le mettait mal à l'aise et semblait s'en amuser. Il ne pensait pas qu'elle s'amuserait encore à ce jeu ici, dans la demeure de la famille de Sarah. Une fois de plus, il avait eu tort. Le sourire qu'elle arbora avant de le saluer laissait présager de ses intentions. Et elle lui déposa un baiser au coin des lèvres, avant de l'effleurer de sa poitrine. Le dernier geste aurait pu paraitre inconscient, mais cela aurait été mal connaitre l'empoisonneuse que de croire qu'elle ne maitrisait pas chacun de ses gestes et qu'elle ne les effectuait dans une intention particulière. En l’occurrence ici, l'intention était de se jouer du blondinet, qui une fois de plus, ne savait comment réagir. Elle avait osé, ici, devant la Tour Macdouggal, devant Sybelle et Syuzanna. Comment réagirait Sarah si elle voyait ce que Fleur venait de faire.


Bonjour Tynop.

Elle est là, juste devant lui. Si le sourire peut laisser penser qu'elle n'a rien vu, le blondinet est persuadé du contraire. C'était la première fois qu'elle l'appelait par son prénom. Des semaines qu'ils ne s'étaient pas vu, et elle ne l'avait pas embrassé, n'avait pas témoigné de la moindre marque d'affection. Elle l'avait salué en dernier. Elle avait vu. Quoi, il n'en savait rien, mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Des semaines qu'il laissait Gaia s'approcher dans lui, sans rien dire. Et ne rien dire, c'est légitimer. Il récoltait aujourd'hui ce qu'il avait semé les dernières semaines, et cela lui laissait un goût terriblement amer dans la bouche.

Il n'aurait pu imaginer pires retrouvailles. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, lui dire à quelle point elle lui avait manqué, l'embrasser encore et encore, lui murmurer qu'il ne voulait plus jamais être séparé d'elle aussi longtemps, lui chuchoter que sa robe lui allait à ravir. Mais qu'il ose seulement, et elle le lui ferait regretter. Hagard, sonné, il ne fait plus vraiment attention à ce qui se passe autour de lui. Il ne remarque même pas l'arrivée du marié et le début des joutes verbales avec le druide. La seule chose qu'il voit, c'est la sauvageonne qui s'éloigne sans un mot de plus pour lui. Il meurt d'envie de la suivre, de lui expliquer, d'essayer au moins. Mais il sait qu'ici et maintenant, c'est impossible, qu'elle ne voudra pas l'écouter, qu'elle risque de s'emporter. Et il ne veut pas gâcher le mariage de Sybelle, qui s'annonce déjà bien triste, en déclenchant un conflit. Il hésite un instant à partir, mais ce serait manquer de respect à la Renarde, l'abandonner. Viendra le temps des explications avec la sauvageonne, mais pas maintenant, pas ici.

Alors il reste, il voit sans vraiment le voir la cheffesse suivre Sarah. D'une main, il saisit une chope qu'un serveur transportait, et va s'assoir au bord du ponton, ses jambes flottant au-dessus de la mer, le regard plongé dans la chope encore pleine.
Bertuccio
Alors dans ses songes, imaginant une suite drôlâtre à donner à ce mariage, Bertuccio fut ramené sur Terre de façon pour le moins... douloureuse ! L'ancien avait sûrement perdu l'équilibre et, concentré à s'appuyer de toutes ses forces pour soutenir sa carcasse, il n'avait dû se rendre compte de l'endroit même de l'appui de la canne. Aïe. L'épais cuir de la botte - un cuir magnifique au passage, tout droit venu des Flandres - ne retint que peu le poids de celui qui cachait vraisemblablement bien son poids de bestiaux. La langue un peu trop chargée peu être. Et alors qu'il envisageait pour le moins sérieusement de signaler sa position délicate à l'homme, il aperçu son air faussement naïf. Retenant un hurlement primaire - référence quand tu nous tiens - il tenta de répondre :

Chaque.... iiiicchhh croyance rapporte à feufeufeu des coutumes qui sont arrrrrrr ... CHAÏQUES ! à ses contemporains.

Pas facile de contenir la douleur presque castratrice des kilos sur ses orteils. A l'évocation de César, il regarda avec surprise sa quasi-toilette et fut surprit de s'entendre dire tout cela. La tenue était on ne peut plus au goûts du jour ! Tchii !
Girolamo_de_medici
Le temps du voyage. Du temps, certains n'en avait plus des masses et s'attacher à profiter de tout de la façon simple qui soit. Des jours, des semaines qu'ils roulaient, tous, vers l'océan atlantique. Si les premiers temps furent joyeux, la succession de ceux-ci et la routine prirent une place substantielle dans le quotidien. D'autant plus que les arrêts étaient limités en nombres et en temps. Souvent, un cavalier partait à l'avant, trouver une ville ou un village dans lequel trouver de quoi remplacer les chevaux éreintés. Et jamais, jamais, les pauses n'excédaient l'heure et demie. Pressés.

Dans le carrosse, le Seigneur de Florence balbutiait son corps au relief de la route, ne sachant trop parfois s'il dormait, était éveillé, ou bien même autre chose encore. Le chirurgien et une servante faisaient route assis en face de lui, guettant inquiets la pâleur de l'énorme italien. Mais alors que la fatigue gagnait l'ensemble de la compagnie, c'est celui que la fin du chemin devait mener à une presque mort qui gagnait en forme et en vigueur. Le patriarche de Medici réécrivait, dormait moins, manger en moins d'une heure et ne souillaient même plus ses braies !

Depuis deux jours, il ne dormait d'ailleurs quasiment plus, saoulant presque de discours ses voisins de voyage, passant la tête hors du carrosse pour le seul plaisir de dire bonjour aux passants. Non, plus rien ne le retenait et sa joie pour le moins communicative le rendait presque aussi drôle qu'avant. Près de Limoges, il demanda un cheval, et chevaucha un petit quart d'heure, sentant que c'était tout de même peut-être un peu trop. Et puis la pauvre bestiole...

Et alors que la fatigue harassait la compagnie, la Tour fut à portée de vue ! Girolamo sorti la tête, puis tout entier il resta sur la marche du carrosse qui avançait alors penché. Enfin ! L'homme entra à nouveau et relu une fois encore le carton d'invitation. Oui, oui ! Il y était. Le mariage, celui qu'il attendait tant. Enfin ! Le carrosse descendit à vive allure pour larguer son monde. Personne d'autre que le banquier de Firenze n'avança. Lui, alignait les petits pas pour rejoindre le monde en présence. Il salua, serra les louches et, tout heureux qu'il était, souriait à chacun, se présentant, encore et encore :


Bonjour ! Bonjour ! Je suis le papà, le papà de Bertuccio ! Ah, bonjour ! Je suis charmé, charmé !

Pas certain que le monde s'intéressait à ce père, il avançait sans trop s'éterniser se contentant d'un mot, d'un geste à chacun. Mais il avançait aussi pour trouver quelqu'un. La belle, celle dont il a cherché à tout savoir. La Fiancée. La merveilleuse. Et enfin, au loin - tout est relatif - il aperçu un profil qu'il a rêvé, un visage que la chevelure éclatante le balayant ne pouvait masquait à ses yeux. Ouvrant les bras tel un saint, le gros homme lâcha plusieurs années d'attente en un mot soufflé :

Sybelle !
Oceade
La brunette regarda la future mariée dans les yeux, étonnée de ce qui ressemblait fort à une demande voire même à une bénédiction... pré nuptiale.. Rendre Robin heureux, c'était le but principal d'Oce.. à condition qu'il le veuille bien, aussi. A ce murmure, elle répondit par un chuchotis : J'y travaille au bonheur du Ronchon... léger sourire à Sybelle puis elle pouffa en entendant ses paroles.. Sure que le concerné, celui qui était entrain de s'empâter, aller ronchonner et peut être même leur sortir une répartie à la Robin..
La brune regarda son brun, le caressant du regard, s'en rapprocha prenant sa main dans la sienne, ronronnant presque de bonheur puis reprit la parole :


Il dit qu'il est parfait.. et puis aussi que c'est ma faute, s'il mange autant.. je vais peut être lui faire de mauvais plats dorénavant, qu'en pensez vous ?

Clin d'oeil complice à l'adresse de l'ex amour de son homme, attendant les ronchonnements servis en double dose, cette fois.. Un éclat de rire lui échappa rien qu'à imaginer la scène qui allait suivre.
Fleur_des_pois
Le fiancé était rapidement parti après les salutations d'usage. Une moue contrariée vint déformer les lèvres ourlées de l'Ortie. Qu'importait, à dire vrai. Ce qui était important, c'était qu'il ne la soupçonnât pas d'être brigande. Et puis, elle ne comptait pas s'en faire un ami.
Alors que Bertuccio désertait la scène, une autre entrée vint bousculer le spectacle. Sarah. Elle était sortie du couvent. Dommage qu'elle n'ait pas pris le voile, songea Fleur en souriant à demi. Le petit jeu auquel elle jouait avec Tynop prendrait-il fin ? Pas encore, décida Gaia. La Sanguinaire, toute guerrière qu'elle fut, ne l'effrayait pas. Il n'y avait pas grand chose qui faisait peur à l'empoisonneuse. Et la colère d'une femme trompée n'en faisait pas partie.

Bien qu'en réalité, il ne s'était pas passé grand chose entre le Blondin et elle. Il mûrissait telle une pomme sur son arbre, et comme les fruits, il finirait par tomber. A condition qu'elle en ait encore envie. Et les impulsions de Fleur ne durait jamais très longtemps. Ce qui l'ennuyait disparaissait de sa vie. Objets ou hommes.

La brune fut bientôt hélée par Merwynn. Si fière d'être nommée par lui, Gaia s'approcha du tandem improbable comme si elle évoluait sur des nuages. Elle se tint auprès d'eux en quelque secondes, aérienne et gracieuse comme une fée en plein vol. Même si le Druide venait de lui clouer le bec publiquement, le Lutin se sentait honorée.


Que puis-je pour... Oh. Comment nous nous sommes rencontrés.

Inventer quelque chose, rapidement. Fleur ne mit pas longtemps à trouver. Et cela servirait ses intérêts, bientôt.

Il s'avère que je suis Médicastre. Et que Maître Merwynn ici présent souffrait d'un odieux mal qui le rongeait. Par hasard, je l'ai rencontré, au village. Et bien entendu, je l'ai soigné et il se porte comme un charme.

Sourire factice qui se mua en sourire fuyant. Syu s'éloignait d'une démarche mal assurée. Abandonnant bébé et fillette à un sort fort peu enviable. Mais où était son époux ? Comment se faisait-il qu'il n'était pas à ses côtés en ce grand jour ?
Quittant le cercle d'invités, l'Ortie remarqua du coin de l'oeil Tynop, seul sur le ponton. L'arrivée de la Sanguinaire l'avait mis dans un bel état. Elle aurait mieux fait de rester au couvent, cette gourde, soupira la Fée.


Syuzanna ? Euhm... Tu vas... Visiblement, elle n'allait pas. Inutile de poser la question. Mais où est ton époux ? Comment se nommait-il déjà ? Oh, elle le savait, elle l'avait déjà entendu. Duncan ? Où est Duncan ?
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Syuzanna.
Sarah n'avait pas encore eu le temps de répondre que déjà une voix se fit entendre. Ce n'était pas celle de Nessie, mais de Fleur-des-Pois. Elle se tenait là, rayonnante et magnifique, tel un ange descendu du ciel pour lui chanter des cantiques. Sauf qu'en lieu de cantiques, elle eut droit à une question, une unique question. Précisément la seule qu'il ne fallait pas poserà Syuzanna. Ce fut probablement ce fait anodin qui déclencha la suite. Comme quoi parfois, il ne fallait pas grand chose pour qu'une catastrophe n'arrive.

- Duncan ? Nessie, où est Duncan ? fit-elle en penchant la tête de côté.
« Il git au fond des mers. Noyé. »
- Ah oui. Exact. Il git au fond des mers, noyé, répéta-t-elle à Fleur.
« Pourquoi faut-il toujours que tu oublies les choses, Syu ?! Ce n'est tout de même pas si compliqué de te rappeler où est ton mari ! »
- Rooh, excuse-moi ! Je tâcherai de m'en souvenir. Bon. T'es content ?
« C'est bien. Mais arrête de parler tout haut, où ils finiront par te prendre pour une folle. »
- Oui.

Un sourire plein de douceur et de joie enfantine vint fendre le visage émacié de la pauvre Syuzanna. Elle l'avait dit en retrouvant Duncan quelques mois plus tôt. « J'ai survécu deux ans sans toi en étant l'ombre de moi-même, reconstruite à peu près dans les bras de Søren, mais si tu meurs, Dun', cette fois je n'y survivrai pas. » Jamais elle n'avait eu autant raison que cette fois-là. Et si le corps résistait toujours - pour le moment - l'esprit lui, était bien parti. Syuzanna MacDouggal n'existait plus, du moins celle qui avait vécu jusqu'alors. Il ne restait que cette épave tenant à peine debout. Tragique à souhait.

- D'ailleurs, je vais voir s'il est arrivé.

En chantonnant, elle s'éloigna de Fleur et de Sarah, souriante et heureuse. Elle accueillerait bientôt Duncan, ou plutôt, ce serait lui qui l'accueillerait bientôt. Peut-être avait-il dressé la table pour deux, au fond de la mer ? Elle espéra soudain qu'il y avait des bulots et du crabe. Elle adorait les bulots et le crabe.

- Coucou Tynop !

Il avait l'air malheureux, et ça chagrina le coeur de la rousse. Elle se pencha vers lui, l'embrassant sur les deux joues, comme l'eut fait une enfant pour consoler un ami.

- C'est joli ici. J'aime beaucoup.

Nessie devait dormir dans le fond de son tympan, car il ne lui souffla pas ce qu'elle devait faire, et ça la perturba au plus haut point. Haussant ses épaules squelettiques, elle entra dans l'eau fraiche comme dans un bain tiède. Aujourd'hui, sa cousine se mariait. Cette pensée la stoppa net. Elle avait organisé le mariage, pour récupérer la fille de Manu. Se tournant soudain vers la rive, elle ne put contenir sa colère à le voir absent.

- Et il est où ? Hein ? Où est Manu quand Sybelle se sacrifie pour sa maudite fille ? Traitre à son sang ! Il ne mérite pas ce sacrifice !
« Oh, pique une tête et tais-toi. J'essaye de dormir. »
- Eh bien dors ! J'ai pas envie de me baigner !

Pourtant, elle avait envie de rejoindre Duncan. Elle se tourna de nouveau vers les flots infinis. Oh, oui, elle avait envie de le rejoindre, plus que tout au monde. Elle fit un nouveau pas vers le large.


Ndlr : il est bien entendu que les propos de Nessie, entre «.» ne sont audibles que pour Syu, et que vos persos la voient parler toute seule. =)

Ndlr bis : Il est entendu aussi que Duncan n'est pas mort, mais disparu en mer (ce que les autres ignorent pour le moment). Tout ceci fera l'objet d'un RP prévu prochainement.

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Tynop
Coucou Tynop!

La voix de la cheffesse Macdouggal le tira de ses sombres pensées. Il se leva pour la saluer, tandis qu'elle lui faisait la bise d'une manière quelque peu enfantine. Elle faisait peine à voir. Que s'était-il bien passé pour que l’Écossaise pleine de vie assumant chacune de ses décisions se soit mué en une personne aussi fragile? Elle n'était plus que l'ombre d'elle même, et cela fit de la peine au blondinet.

C'est joli ici. J'aime beaucoup.

Elle n'avait pas tort. La plage devait déjà être magnifique à la base, elle l'était encore plus avec toutes ces décorations. Probablement la seule chose réjouissante du mariage. Le regard vers le large, il acquiesça.

C'est vrai, on n'aurait pu rêver d'un meilleur endroit pour célébrer une union.


Il se retourna pour adresser un sourire... au ponton. Syuzanna avait disparu. Où était-elle passé? Il l'entendit, non loin, hurler à propos de Manu. Tiens, c'était bien la dernière personne dont il avait envie d'entendre parler. Probablement que le barbu se ferait une joie de lui faire la peau si sa sœur le lui demandait. Néanmoins, en suivant les cris, il la vit, en train de s'avancer petit à petit dans l'eau. Elle parlait toute seule, tout en continuant de s'enfoncer. Elle était en train de perdre la tête. Il se souvint de ce qu'elle lui avait dit, au mariage Corleone:"Je suis au bord du gouffre et... j'ai bien envie de m'y laisser tomber, parfois. De plus en plus souvent d'ailleurs." Il se leva, et d'un pas inquiet, entra dans l'eau à sa suite, sans prendre la peine de se déchausser. Tant pis pour les vêtements, de toute façon ils n'avaient rien de luxueux. Puis ça commençait à devenir une habitude chez le blondinet de salir ses vêtements à un mariage. Une tradition qui s'instaurait.

Il progressait, non sans peine, en grimaçant dans l'eau qui lui arrivait jusqu'aux genoux, derrière Syuzanna. Il se hâtait, toutefois, dans l'espoir d'atteindre la cheffesse avant de ne plus avoir pied. Et il y parvint. Lui prenant la main, il la força à se retourner, d'une manière ferme sans être violente. Il lui adressa un sourire, et tentant de cacher son incompréhension, tâcha d'adopter un ton léger, comme s'il était tout à fait normal de faire le conversation ici, l'eau arrivant jusqu'au ventre, en plein mariage.


Syuzanna, j'aurais un service à te demander. Pourrais-tu me présenter ton enfant?

Tout en parlant, il tentait de l'attirer vers la plage, toujours sans forcer ou tirer, de peur de la brusquer, de la faire paniquer.

Tu l'as appelé comment? C'est un garçon, ou une fille? Tiens, à propos, qui est cette mignonne petite fille qui est arrivée avec toi, tout à l'heure?

Lui parler des enfants n'était pas innocent. C'était une manière de lui rappeler qu'ils étaient là et avaient besoin de la rousse. Le sourire réconfortant toujours au lèvres, il la fixait, de son air curieusement intéressé qui lui allait si bien, sa main toujours dans la sienne, tandis qu'il commençait à faire un pas vers la plage.
Sybelle
Contentons-nous de dire que le théâtre, comme la Vie, est un songe, sans trop nous soucier du mensonge.
J.L Barrault


Observant la scène qui se joue sous ses yeux, Sybelle se demande un instant si ils ont tous décidé de la rendre folle. D'un côté Merwynn et Bertuccio, semblent en pleine joute verbale... Et étant donné que le vieil homme en est venu à réduire en bouillit le pied du blond à grand coup de bâton, il est fort probable qu'il gagne, d'ailleurs Fleur le rejoint – très certainement pour porter le coup final. Un peu plus loin, l'homme le plus énorme qu'elle ait jamais vu se dirige vers elle, les bras écartés. Il s'agit là très certainement de celui qui lui a écrit. Son beau-père, Girolamo da Medici. Puis sur un coup de tête, suivant ce que la folie lui ordonne de faire, Syuzanna commence à s'enfoncer dans l'eau, heureusement rattrapée par Tynop qui c'est isolé juste après l'arrivée de sa compagne. Bizarre ça, d'ailleurs quand on y pense.

Transformée en statut de sel, la renarde regarde autour d'elle, incapable de décider quoi faire, où intervenir. Elle voudrait hurler sa frustration, mais bien sur elle n'a pas le droit. Les mariées ne hurlent pas comme des folles furieuses le jour de leur mariage. Fermant les yeux une seconde, elle se concentre sur le bruit régulier de l'océan, tâchant d'y calquer sa respiration. Peut-être finalement, qu'elle n'a pas assez prié pour que cette journée passe sans qu'il n'y ait de vague et peut-être aussi, que c'est là la rançon pour toutes les erreurs qu'elle a pu faire dernièrement. Dans tout les cas, elle a plus envie de fuir que jamais mais elle n'a pas le droit. Parce que comme Syuzanna vient justement de le rappeler à la terre entière, c'est pour l'enfant de son cousin qu'elle se fait l'épouse d'un imbécile.

Rouvrant les yeux, Sybelle offre un sourire désolé à Océade et Robin.


Veuillez m'excuser, mon devoir m'appelle, déclare-t-elle avant d'attraper un serveur par le bras et de lui ordonner de filer à la tour chercher draps de bain propre et couvertures pour les deux baigneurs.

Se tournant enfin vers son beau-père, la jeune femme s'en approche et prend doucement sa main. Pour un mourant, il semble en pleine forme mais peut-être que comme elle, lui aussi porte un masque pour l'occasion. Elle fait semblant d'être heureuse, il fait semblant d'être en forme.


Je suis ravie de vous rencontrer messire Da Medici. Vous savez, c'est avec grand plaisir que j'ai reçu votre lettre et bien sur, votre fils m'a beaucoup parlé de vous, affirme-t-elle en posant les yeux sur le blond. D'ailleurs, allons le retrouver. Vous devez être impatient de le serrer dans vos bras.

Entraînant doucement le vieillard vers son Merwynn bien aimé et l'autre affreux, elle adresse au druide un regard pleins de contrition. Elle s'en veut de faire subir au sage la présence des inopportuns et la vision des membres du cercle révélant leurs vices et leurs faiblesses. Et plus encore, c'est de le décevoir qui la blesse.

Maitre, je vous présente Girolamo da Medici, le père de Bertuccio, présente-t-elle avant de sourire d'un air charmant à son fiancé en parfaite actrice qu'elle est pour la journée. Ça ne va pas très cher ? Vous faites une drôle de tête... Oh, mais attendez une seconde, je reviens, lance-t-elle avant de se diriger vers le serveur chargé de linge qui vient de revenir.

Attrapant les draps et couvertures, elle se se dirige à grandes enjambées vers Tynop et Syuzanna qui sont fort heureusement sortis de l'eau et qui se dirigent vers Eilidh et Skye. Tendant un drap de bain à Tynop pour qu'il sèche ses jambes et une couverture pour le cas où il aurait froid, la NicAvoy prend tout doucement sa cousine par les épaules et elle l'enroule dans la couverture comme elle l'aurait fait avec un enfant.


Syu ma toute belle, vient avec moi. Nous allons te sécher, murmure-t-elle en l’entraînant vers une chaise pour l'y faire asseoir avant de s'agenouiller face à elle et de sécher tant bien que mal ses jambes après l'avoir délesté de ses chausses et bas. Voilà, le soleil fera le reste.

Relevant la tête vers sa cousine a l'air définitivement perdu, la renarde réalise qu'ils ne pourront pas la laisser seule. Si alors qu'elle est entourée des siens elle est capable d'agir aussi bizarrement et de visiblement, tenter de se suicider, elle n'ose imaginer la façon dont elle se comporte seule. Et clairement, la cheffesse n'est pas en état de s'occuper des deux fillettes à sa charge. Peut-être que Sarah, qui a été mère, pourra s'occuper des enfants... Mais en même temps la Sanguinaire n'est peut-être pas la plus apte à rester sur place pour prendre soin d'une femme dont l'esprit semble s'être fait la malle et de deux gamines. Alors qui ? Elle encore ? Devrait-elle rester ? Ou bien les emmener toutes les trois vers la Champagne et sa nouvelle demeure ? Mais il n'est pas l'heure de se poser ses questions : elle doit encore jouer les mondaines et tâcher de prendre soin de ses invités.

Se redressant, la rousse caresse la joue de Syu' du bout des doigts avant de se tourner vers Tynop.


Puis-je te la confier, la brindille ? Je serais plus rassurée que quelqu'un garde un œil sur elle, murmure-t-elle avant de s'en retourner auprès de l'Affreux et des deux vieux hommes. Peut-être voulez-vous vous asseoir, non ? Ça a été un voyage relativement long pour vous tous avant d'arriver ici.

Oui voilà, c'est bien comme ça. Personne ne se rend compte qu'elle est malheureuse, c'est parfait.
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Syuzanna.
[Tout à un début, même la fin]

La visite de l'océan attendrait encore un peu. En effet, une main la força doucement à se retourner, et ses grands yeux noisette se détachèrent des flots d'huile pour faire face à la personne qui l'empêchait de piquer une tête. Tynop était là, et s'exprimait de sa voix apaisante et calme. Ce qui eut pour effet de détendre Syuzanna. Quelque part peut-être, dans les tréfonds d'elle-même, elle fut rassurée de se voir sortir des eaux. Mais ça devenait de plus en plus confus, un peu comme si son esprit se brouillait comme le font parfois les yeux lorsque la chaleur est trop forte. Se débattre avec elle-même était devenu trop épuisant, et elle n'avait plus la force. Elle s'était vu mourir des dizaines de fois en pleine bataille, mais jamais de cette façon-là. C'était épuisant, comme si on lui vampirisait son essence vitale. Les dieux lui avaient repris Duncan, ils lui avaient donc tout volé.

- La fillette, commença-t-elle d'une voix aussi incertaine que sa démarche. La fillette... C'est Eilidh, ma fille adoptive. Sa maman est morte, elle n'avait plus que moi.

Eilidh était forte, plus résistante que le roc. Déjà à deux ans, quand elle l'avait recueillie, l'enfant s'était montrée solide. Si elle avait été sa fille, elle aurait pris sa place en tant que cheffe, plus tard. Mais ce n'était pas possible. Quoiqu'après tout pourquoi pas ? Tout allait à vaux l'eau, alors pourquoi ne pas mettre une petite Espagnole à la tête d'un Clan Ecossais ?

- Le bébé. Oui. Viens. C'est une fille, elle s'appelle Skye. C'est son père qui a choisi. Mais maintenant, son père...

Ils étaient sortis de l'eau, et Syuzanna tenait la main de Tynop. Elle paraissait encore plus petite, affaiblie qu'elle l'était et la raison la fuyant. Sybelle les interrompit, lui ôtant chausses et bas, enroulant autour de ses épaules maigres une couverture bienvenue. Ensemble, ils quittèrent la plage couverte de tapis pour retrouver les deux enfants. Des grains de sables s'étaient collés à l'ourlet de sa robe, crissant contre ses chevilles.

- Son père, poursuvit-elle enfin alors que sa cousine murmurait quelque chose à l'oreille du blond. Duncan est mort, maintenant, il est sous l'eau, c'est pour ça que je dois y aller. Je veux vivre à ses côtés, comme avant. Et si c'est sous l'eau, c'est pareil. Je veux juste être avec lui.

Elle se laissa tomber par terre, aux pieds des enfants. La plus jeune tendant la main vers sa mère tandis que l'autre la regardait avec amour et tristesse. Des larmes roulèrent sur les joues creuses de Syuzanna, coulant le long de son menton et mourant dans son cou. Le dire tout haut n'avait pas changé ce qui se passait dans sa tête, loin de là. Les aveux ne l'aidaient pas, ils rendaient juste la chose plus réelle pour elle, et probablement pour les autres aussi.

Sa conscience lui permettrait de tenir bon aujourd'hui, ou du moins de cesser de vouloir plonger sous les flots. Mais ça ne durerait pas, car elle ne pouvait plus exister sans Lui. Il lui faudrait réunir le peu de raison qui lui restait pour désigner un guide au Clan en attendant que Skye ait l'âge de reprendre la famille en main. A moins qu'elle n'opte pour Eilidh, ce qui ne serait pas si idiot après tout. Puis enfin, elle profiterait de l'absence des membres de sa famille pour accomplir ce qu'elle devait accomplir. Bientôt Sybelle serait de nouveau sur les routes, avec Cait, Sarah, Tynop, et peut-être même Manu. Alors elle aurait le champ libre, Nessie n'avait de cesse de le lui dire. Et si jamais les siens décidaient de rester ? Le sommeil des uns... ferait la mort d'une autre. Et tout serait bien.

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Tynop
« Ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais, c'est peut-être la fin du commencement. »

Winston Churchill


L’instant était tellement irréel qu’il semblait hors du temps. Quelques minutes auparavant, il était assis seul à se torturer, et maintenait il était dans l’eau, à tenir une conversation des plus improbables avec Syuzanna. Et bizarrement, ça le rendait heureux. Heureux car rien d’autre n’avait d’importance que l’instant présent, car il était impossible de se poser des questions, de se morfondre, de s’interroger, de se remettre en question ici, dans l’eau, alors qu’il tentait de ramener la cheffesse vers la berge. Heureux car elle n’opposait pas de résistance, car elle se laissait faire, car elle répondait de manière consciente et raisonnée. Il semblait avoir trouvé les bons mots, et cela le remplissait de joie et de fierté, lui faisant oublier les doutes qui commençaient à emplir sa tête.

Tandis qu’ils avançaient vers la berge, il continuait de la fixer, d’un sourire franc, l’incitant à poursuivre la conversation, à ignorer ce qui venait de se passer, à ne songer qu’à ce qu’elle allait dire, ce qu’elle allait faire.


-La fillette… La fillette... C'est Eilidh, ma fille adoptive. Sa maman est morte, elle n'avait plus que moi.

Il hocha la tête, en silence, tout en continuant de progresser avec elle, main dans la main, vers les autres. Le silence se poursuivit un moment, la rousse semblant plongée dans ses pensées suite à sa dernière tirade. Peut-être se rendait-t-elle compte qu’elle ne pouvait pas abandonner Eilidh maintenant ? L’Ecossaise brisa elle-même ce silence, répondant à la première question du blondinet.

- Le bébé. Oui. Viens. C'est une fille, elle s'appelle Skye. C'est son père qui a choisi. Mais maintenant, son père...

Son père … C’est à cet instant qu’il se rendit compte de l’absence de Duncan. Pas le temps de réfléchir que Sybelle déboulait, serviettes et couvertures à la main. Là, il se rendit compte que l’eau dans laquelle il venait de se baigner était terriblement froide, et qu’il grelottait. Il lâcha la main de Syuzanna lorsque sa cousine la prit par les épaules et s’emmitoufla dans la couverture, tout en suivant les deux rouquines. Tandis que Sybelle s’affairait à sécher la cheffesse, il l’imita pour lui-même, retirant ses souliers pour sécher ses pieds. Il s’arrêta et releva la tête lorsque la renarde se pencha vers lui.

Puis-je te la confier, la brindille ? Je serais plus rassurée que quelqu'un garde un œil sur elle,

Le surnom lui arracha un sourire. Elle gardait un brin d’humour, même ici, même maintenant, alors qu’elle allait se marier avec quelqu’un qu’elle détestait, alors que sa cousine venait de tenter de se suicider. Il l’admirait, et en même temps il se sentit coupable. Elle, plus jeune que lui de quatre ans, restait forte en de telles circonstances, alors qu’à lui, il lui avait suffi la crainte de perdre la sauvageonne pour s’abattre et s’isoler. Une leçon de vie qu’il allait tenter de transmettre à Syuzanna. Il hocha la tête, presque fier de se voir confier cette tâche. Il savait à quel point les deux cousines étaient proches, et si Sybelle pensait que Syuzanna serait entre de bonnes mains avec lui, c’est qu’elle devait lui faire confiance.

- Son père, Duncan est mort, maintenant, il est sous l'eau, c'est pour ça que je dois y aller. Je veux vivre à ses côtés, comme avant. Et si c'est sous l'eau, c'est pareil. Je veux juste être avec lui.

Pendant un court instant, qui lui parut une éternité, il la fixa, abasourdi. Même s’il ne connaissait pas vraiment ce dernier, apprendre cela d’une telle manière lui fit l’effet d’un choc. Cet homme s’était montré accueillant, amical envers le blondinet, malgré le fait qu’il ne le connaissait pas. Et il n’était plus. Syuzanna se laissa choir par terre, et il n’eut aucune réaction. Que faire ? Que dire ? A vrai dire, il était terrifié par la réaction de la cheffesse, terrifié de ce qu’elle était devenue parce que son mari était mort. Terrifié à la perspective d’avoir une réaction comparable si jamais Sarah venait à mourir, à l’idée d’éprouver des sentiments si forts envers une personne que la disparition de celle-ci entrainerait votre destruction, vous ferait perdre tout envie de vivre. Il ferma les yeux pendant quelques secondes. Avait-il vraiment envie d’aller plus loin avec Sarah, de faire d’elle sa raison de vivre, au point d’en devenir dépendant ? Au point de laisser la vie le fuir si jamais la sauvageonne venait un jour à succomber ?

Il n’en savait rien, et n’avait pas envie d’y penser. Il devait se concentrer sur Syuzanna, tenter de trouver les mots pour la remettre d’aplomb. Sybelle ventait de lui confier une responsabilité. Il avait horreur des responsabilités, avait toujours fait en sorte de les fuir, de les éviter, s’était longtemps reposé sur les autres pour qu’ils en portent le poids et en assument les conséquences à sa place. Comment dès lors trouver ces fameux mots qui seraient capables de faire réagir l’Ecossaise ? Il la contempla, un long moment, tandis que des larmes coulaient le long du visage émacié de Syuzanna, tandis que les bambins s’approchaient d’elle.

Finalement, il se pencha vers elle, la saisit avec douceur pour la faire s’assoir à même le sable, adopta la même position qu’elle, et prit Skye dans ses bras. Alors seulement, il parla.


-Syuzanna… Tu le retrouveras. Il t’attendra. Vous finirez par vous retrouver, que ce soit sous la mer, dans le ciel, ou je ne sais où. Tu le reverras. Tu le sais, je le sais, il le sait. Mais si tu es là, c’est qu’il y a encore une raison. Des raisons. Cette raison, elle est entre mes bras, elle se tient aussi à côté de toi. Cette raison, elle va se marier aujourd’hui. C’est ta famille, ton clan. Ils ont besoin de toi, aujourd’hui plus que jamais. L’endroit où tu veux être n’est pas forcément celui où tu dois être. C’est comme ça. C’est dur, c’est cruel, c’est injuste, je l’admets, et je ne t’apprends rien. C’est la vie. Ta fille a besoin de toi. Elle a été privée de son père. Tu peux faire en sorte qu’elle ne soit pas privée de sa mère.

Mais pour ça tu dois être forte. Et tu l’es. Tu l’es bien plus que tu ne le crois. Parce que tu as la chance d’aimer, la chance d’être aimée. Et c’est cet amour des tiens qui va te remettre debout. C’est cet amour qui unit ta famille. Cet amour qui a poussé ta cousine à se marier. Duncan est parti, mais tu n’es pas seule, et tu ne le seras jamais. Regarde ton Clan, chacun de ses membres serait prêt à mourir pour toi, comme toi tu serais prête à mourir pour eux. Parce que cet amour est tellement fort qu’il transcende la douleur, les difficultés, la mort. J’en suis témoin, et je te l’avoue, j’en suis jaloux. C’est une chance inouïe que d’être lié à d’autres par un lien si fort. La destruction d’un tel lien est terriblement douloureuse, comme tu t’en rends compte aujourd’hui. Mais tu te dois de te relever, de ne pas abandonner. Pour toi, mais aussi pour ta fille, pour Sybelle, pour Sarah, pour Manu. Pour Duncan, surtout. Parce que tu n’as pas envie de leur infliger la douleur que tu ressens en ce moment. Parce que retrouver le bonheur, le goût de la vie, serait la plus belle des manières d’honorer sa mémoire.

Il acheva sa tirade, perturbé parce qu’il venait de dire. Pour une fois, ses paroles n'étaient pas le fruit d’une réflexion. Il s’était contenté d’exprimer ce qui lui passait par la tête sans chercher à le déformer, l’adoucir, l’enjoliver. Et ça le décontenançait. Parce qu’en parlant, il se rendait lui-même compte de certaines choses. Il ne pouvait fuir sans cesse les responsabilités, mais devrait tôt ou tard les assumer.
Sarah_callahan
Elle pensait passer le mariage seule à ressasser l’amertume et la tristesse qu’avait entraîné la trahison de son compagnon mais lorsque Syuzanna l’apostropha, elle ne put l’ignorer. Elle se força à tourner vers la cheffesse un visage enjoué, après tout, on était à un mariage. La rouquine posa ensuite la question à laquelle on ne peut pas vraiment donner de réponse : « Pas de Manu en vue ? ». Elle n’en savait foutre rien, son frère pouvait décider de mettre sa menace à exécution tout comme il pouvait faire passer son Clan avant sa fierté. Elle s’apprêtait à répondre par un banal « Il est peut-être en retard » mais les larmes de sa cousine l’arrêtèrent net. Stupéfaite, elle observait sans mot dire la terrifiante métamorphose syuesque lorsque le Végétal décida de pointer le bout de son museau. « Dégage d’ici sale fouine » semblaient dire les prunelles écossaises tandis que ses lippes s’étiraient en un rictus mauvais. Cependant ce qui suivit ôta toute pensée véhémente à la Sanguinaire…

Dans un premier temps, ce fut le nom « Nessie » qui fit tiquer la brune. Elle aurait pu penser que sa cousine parlait d’un autre invité ou qu’elle se livrait à une question rhétorique mais le fait que la rousse penche la tête sur le côté la dissuada d’opter pour cette hypothèse. Et la suite la bouleversa réellement. Mort. Duncan était mort. « Noyé au fond des mers » pour être plus précis. Les questions qu’elle avait envie de poser moururent dans l’esprit écossais quand elle se rendit compte que Syuzanna faisait désormais partie de ces êtres que la force de l’amour a détruits. Et cette fois, ce ne serait pas un Danois couard et stupide qui viendrait à bout de la souffrance de la rousse. La vraie Syuzanna, la femme forte et intelligente était morte. Ne restait plus que ce fantôme qui faisait peine à voir. Abasourdie, la sauvageonne la regarde s’éloigner sans esquisser le moindre mouvement. Les insultes, bien qu’adressées à son Autre, ne l’atteignent pas. Tout simplement parce que celle qui les prononce n’est plus sa cousine. Sa cousine, elle, n’aurait jamais sali l’un des siens de la sorte, elle n’aurait jamais insulté Manu.

Syu…

Elle se sent totalement démunie face à une telle douleur. Est-ce qu’elle avait été comme ça elle aussi ? Avait-elle imposé cette vision morbide à sa famille ? Lorsqu’elle repense aux années noires qui ont suivi la mort de sa fille et de son mari, elle se revoit simplement tuer sans distinction aucune. Vengeant sans relâche la mort de ces deux êtres qu’elle avait tant aimé avec le fol espoir qu’un jour peut-être, elle pourrait oublier. Elle n’avait pleuré qu’une seule fois, dans les bras de son Unique, convaincue que si elle ne pleurait plus, elle paraîtrait forte et assez heureuse pour qu’on lui fiche la paix. Mais là, alors qu’elle les gratifie pourtant de sourires radieux, Syuzanna est rongée par la souffrance. Et la folie. La voir s’avancer dans l’eau sort enfin Sarah de sa léthargie et, sans tenir compte du Végétal, elle se précipite vers les flots.

Son cri se mue en un simple murmure à la vision du Blondinet qui s’avance dans la mer pour aller chercher la suicidaire rouquine. Elle n’a pas oublié ce qu’elle est persuadée d’avoir vu et elle a en tête de quitter officiellement son compagnon dès que l’occasion se présentera. Cependant, il est allé chercher Syu sans hésiter et, tandis qu’il la ramène vers la berge, elle ne peut s’empêcher de lui être reconnaissante. Sans un mot, les traits tirés par l’inquiétude, elle les suit vers Sybelle. Légèrement en retrait, elle attend que la tirade blondine prenne fin pour s’avancer. Elle ne sait pas comment se comporter là, tout de suite, alors elle décide d’improviser. Avec une infinie douceur, elle ramène les cheveux roux en arrière avant de sécher les larmes de la pulpe du pouce. Elle ne parlera pas, Tynop a déjà tout dit mais elle sait qu’elle ne pourra pas repartir d’ici en sachant que sa cousine est seule avec sa douleur et ses enfants : si elle a essayé de se suicider alors que tous étaient présents, elle n’hésitera pas une fois seule.

Toujours muette, elle se saisit de la main de Syuzanna et y applique une légère pression, une manière comme une autre de la ramener au moment présent. Mais surtout, elle attend que la cheffe du Clan MacDouggal réponde aux dires du Blondinet.
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