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[mariage] Mariage à l'écossaise

Syuzanna.
[Ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir *]

Les mots de Tynop semblèrent percuter l'esprit de Syuzanna. Forte ? Oui, elle l'était, ou plutôt, l'avait été. Peut-être n'aimait-il pas assez Sarah pour comprendre ce qu'elle ressentait. Elle connaissait Duncan depuis qu'elle était enfant, depuis toujours en somme. D'amis, ils étaient devenus amoureux. Il lui répétait souvent que son amour à lui était plus fort que le sien, à elle. Mais il se trompait, ô, comme il se trompait ! Elle avait juste plus de mal à exprimer ce qu'elle ressentait. Duncan avait toujours été sa force, l'appui sur lequel elle comptait. Elle l'avait perdu une fois et n'avait tenu le coup que par chance, et en fréquentant un autre qu'elle avait aimé, mais cet amour n'était rien comparé à celui qu'elle portait au brun. Elle l'avait retrouvé, et maintenant on lui enlevait encore ? Elle était peut-être forte, mais n'avait plus le courage de l'être.
La pression de la main de Sarah la sortit de sa torpeur. Tynop attendait sans doute une réponse.


« Ne dis rien, ce blond n'y comprendrait rien. »
- Laisse, Nessie. Je vais essayer.
« Mais c'est un blond ! Souviens-toi Søren, il n'y comprenait jamais rien ! »
- J'essaye ! Et s'il ne comprend pas, j'insiste pas.

Nessie était de bon conseil en général, mais cette fois elle devait parler. Tenter une ébauche de ses sentiments. Il fallait qu'il saisisse. Lui et tous les autres.

- Papa m'a appris à être forte avant que je sache parler, il m'a enseigné le courage, oui. Mais j'ai vu mon père mourir devant mes yeux et j'ai pas connu Maman. Et on m'a fait croire à la mort de Dun'. On disait autour de moi « Duncan est mort, Duncan est mort. »... Ils espéraient que je n'aurai pas la force pour me battre si je croyais que ceux que j'aime étaient morts et ils ont eu raison parce que je me suis laissée faire après.
Je suis arrivée en France comme ça, seule et en mille morceaux. J'ai surmonté ça parce que j'étais pleine de haine et pis il y avait Søren, il m'a aidé sans savoir mais j'ai pris des forces en lui. Je l'aimais mais pas comme Duncan, non non.
Et puis Dun' est revenu, il m'a expliqué que tout ça c'était manipulation, qu'il avait jamais été mort mais retenu prisonnier. J'étais si heureuse ! On s'est marié juste quelques mois après, et puis on a eu Skye. On a reçu une lettre après, on a appris qu'une fille cachée de mon oncle nous attendait en Bretagne alors il a dit qu'il irait. La veille de son départ on nous a dit que la cousine était morte mais il a dit qu'il irait chercher ses affaires, et puis on l'attendrait au port qu'il a dit, alors il est parti.
Duncan... Duncan c'était toute ma vie. Il était l'air que je respirais, le bleu du ciel au-dessus de ma tête, la puissante terre sous mes pas. Je n'existais que dans ses regards, je n'étais vivante que dans ses bras. Il ne quittais jamais mes pensées, il hantait chacun de mes rêves. Il prenait ma défense même quand j'avais tort, il n'hésitait pas à rajouter de l'huile sur le feu pour qu'on s'en prenne à lui et qu'on oublie qu'au départ c'était ma faute. Ses sourires étaient mes rayons de soleil. Mon monde se résumait à un seul être, lui. J'aurais pu survivre à tout, sauf à lui. Je ne veux pas le retrouver un jour, je veux le retrouver maintenant. Je n'ai pas de raison d'être là si c'est sans lui. J'aime ma famille, énormément. Et je crois que j'aime aussi ma fille même si elle fille. Mais même tous ces amours-là conjugués n'équivalent pas à la moitié de l'amour que je ressens pour Duncan. Je peux pas me relever parce que je suis plus bas que terre. Je peux pas me battre parce que je n'ai plus d'armes. Et je parle pas d'une bête épée, je parle des raisons qui poussent quelqu'un à se battre. Et comment respirer alors qu'il me donnait mon air ? Comment retrouver le goût de la vie alors qu'il était tous mes sens ? Je peux pas retrouver le bonheur parce que mon bonheur, c'était lui. Tous les jours qui me restent à vivre sont vains et inutiles puisqu'il ne les vivra pas. Mon existence n'a plus aucun sens puisqu'il n'est plus dedans. Le soleil n'a plus besoin de se lever désormais puisqu'il ne sera plus là pour le voir. Et moi, j'ai plus besoin de vivre puisque... Puisqu'il a pris toutes les raisons de vivre que j'avais, en mourant.
Je devrais me battre pour ma famille, oui ? Pour mon Clan ? Le Clan se relèvera de ma mort parce qu'ils ont tous une raison de le faire. Je n'ai qu'une chose à faire : trouver un tuteur à Skye qui mènera le Clan en attendant qu'elle le fasse. Je ne provoquerai pas ma mort, mais je ne lutterai pas pour vivre. Parce que j'ai perdu ma raison d'être. Je l'aime plus que tout, et c'est pas qu'une formule.


Tout ceci l'avait exténué. Les joues humides des pleurs échappées de ses yeux durant sa prise de parole, elle les essuya vaguement d'un revers de mains. Réfléchir lui avait donné une sacré mal de crâne. S'exprimer, parler de ses sentiments, lui laissait une drôle d'impression. Comprendrait-il ? Et Sarah, Sybelle ? Ramenant ses jambes contre sa poitrine, elle enroula ses bras autour et posa le front dans le creux de ses genoux.

« Te voilà dans un drôle d'état. Mais t'en fais pas, ça viendra bientôt, on ira le retrouver. »
- Merci, Nessie.
« De rien. Mais au fait... Et le mariage de Sybelle ? »
- T'as raison. Cherchant Sybelle des yeux, elle lança à tout hasard d'une voix pâteuse : Faut que le mariage se fasse.
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Arthor
[Désolé de l’absence…]

Entre deux branches, la tête d’Arthor émergeait à peine. Le visage crispé et grimaçant témoignait peut-être de la situation dans laquelle il se était. Pourtant personne ne savait où il se trouvait. Il avait prétexté un léger malaise pour quitter le groupe, et c’était peu dire à vrai dire. Cherchant de vu un coin de verdure, son ventre le faisait horriblement souffrir. Gargouillis et autres spammes ne trompaient pas, et le montagnard n’avait qu’une seule envie, celle de se soulager. Il restait néanmoins fier, et ne voulait absolument pas se rabaisser devant tous les invités, tous ces riches et personnages de la haute société. C’est sans doute pour cette raison que le barbu partit lentement, très lentement même, vers le premier buisson à porter de vue. Ce n’est qu’une fois à bonne distance que son ventre prit le dessus, et qu’il se rua le plus vite possible vers le fameux buisson. Le reste, vous l’aurez compris, n’est pas très ragoutant. Mais cela le soulagea comme jamais. C’était même étrange de voir que la plus simple des positions, à croupie et le derche à même l’herbe, pouvait suffire au bonheur d’un homme. Mais ne vous y trompez pas, le Corleone savait très bien qui se cachait derrière tout ça.

Remettant braies et bas, réajustant sa chemise et son col, le montagnard s’en retournait vers la cérémonie. Les sourcils étaient froncés comme jamais, seul signe de la douleur qui ne voulait plus le quitter. Gaia ne perdait rien pour attendre, car sa culpabilité ne faisait aucun doute. Il n’avait rien mangé ici, et n’avait bu qu’n seul et unique verre, donné par sa tendre sœur. Non, il lui fallait de toute manière une coupable, et sa maudite sœur pouvait incarner ce rôle à la perfection. Et Dieu sait qu’il se vengerait, oh oui il se vengerait.
Ce qui l’empêchait de lui en faire baver tout de suite ? Sans doute la douleur.

Son ventre refaisait des siennes, mais il ne voulait pas donner raison à Gaia. Dans son coin, légèrement à l’écart du groupe, il croisa ses bras et les planqua sur son ventre pour essayer d’y atténuer le bruit et la douleur. Un moyen peu efficace, mais il allait devoir s’en contenter. L’homme n’avait pas des Corleone que le nom, il en avait aussi le caractère. Il foudroyait du regard tous ceux qui s’approchaient d’un peu trop près, mais bouger autre chose que ses sourcils. Diable, la fraternité n’avait pas que du bon.

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Girolamo_de_medici
Le vieux Medici goûtait d'ordinaire fort peu aux liens sociaux quels qu'ils soient. L'envie, trop souvent, dans les yeux de ses locuteurs il lisait. Et il n'aimait pas ça. Ah non, mon précieux, pas ça du tout. De tous les pêchés, lui avait cédé à celui de la gourmandise, vouant aux autres un anti-culte très pieux. Mais à ce jour merveilleux dans son histoire, il était l'homme qu'il n'avait jamais été, et la jeune femme qu'il voyait là de ses yeux humides semblait être la satisfaction de sa vie.

BELLE ! Belle comme il n'est pas permis, approchez mon enfant que de mes yeux fatigués je vous encore encore plus nette.

Elle approcha. L'instant dura une éternité longue comme deux fois l'infinie. Deux fois ! Elle prit délicatement sa main qu'il ne sentait presque pas. Il regarda celle de la jeune femme et semblait heureux. Elle était douce. Douce comme il le savait depuis des années déjà. Elle est l'authentique de son rêve. La femme de son fils, enfin. Et elle parle. Elle lui parle. Ses sensations fragiles et de plus en plus discrètes firent un bond, un séisme en lui. Il l'écouta et la suivi, sans réellement se rendre compte qu'elle parlait de retrouver son propre fils alors qu'enfin, l'évocation de son prénom l'extirpa de son extase.

Bertuccio ! Oui, Bertuccio ! Approche, Figlio mio, approche car tu as manqué à ton vieux père que tu contentes enfin aujourd'hui.

Ne quittant que brièvement la future épouse des yeux, il ne pu retenir :

Ne partez pas trop longtemps, Bella Donna. puis vers Bertuccio, Fils, te voici presque un homme. L'office est-il imminent ? Je me sens comme l'homme que l'on vient de frapper à la bûche, dont la vie donne un dernier sursaut d'honneur et de panache. Il souffle bruyamment, Vite.
Bertuccio
Bertuccio fut tirer de sa souffrance par son aimée. Enfin celle qui était sensé l'être du moins. Il n'avait même pas remarqué l'arrivée de son père, trop pris qu'il était par la présence parfumée - ou odorante, c'est selon - du Druide. C'était donc elle, tenant au bout de son bras qu'elle a joli son Papà. Quelques longues années les avaient séparé l'un de l'autre. Le père envoyant son fils apprendre la vie auprès d'un anglais bougon. Son visage aurait été attendrit, presque prit aux tripes par ses retrouvailles si l'apparence du gros italien n'était pas si parlante.

Le père parla à son fils alors que mille idées traversaient ce dernier. Le Papà était-il mieux qu'il n'y paraissait ? A sa demande, la réponse était toute tranchée. Lui chuchotant :


Papà, je suis le plus heureux des fils que tu sois ici. Tout commencera bientôt, et si ce n'est le cas, alors je ferai avancer la chose ! Car il me ... ... plaît ! très cher Papà, de me marier aujourd'hui devant vous. Prenez appuis, et rejoignons ensemble ma femme et nouvelle Medici.
Merwynn
L'insolent à la crinière de blé lui était de plus en plus insupportable. Merwynn fut bien heureux de lui planter allègrement sa canne dans le pied. Ah, si seulement il avait eu vingt ans de moins ! Voire même cinquante, quand il y réfléchissait bien. Mais si tel avait été le cas, il serait en train de siroter une bonne bière en compagnie de sa jeune épousée, et celle-ci n'aurait guère été Sybelle. D'ailleurs à l'époque, il n'était même pas Druide, alors...
Mais voilà que Sybelle arriva, pleine de sollicitude. Pourtant dans ses yeux verts... Dieux ! Que lisait-il là ?


- Giacom... Giacimo... Sieur de Medici. Enchan...

Mais le gros balour n'en avait que faire, de sa politesse. Pas un regard, rien. Lui, il aurait mérité des coups de bâton sur le crâne. Merwynn haïssait la société. La société corrompait le plus vertueux des hommes. A savoir, lui.

- Nous assoir. Ma Sybelle, tu es parfaite. A défaut d'être un ange parce que les anges, ça n'existe pas.

Mais le gros Giacomo n'avait pas tort. Il fallait que mariage se fasse. Un peu plus loin, Syuzanna semblait partagé la même idée. Il avait entendu quelques mots de sa tirade sans en saisir le sens, mais sentait que quelque chose de grave venait de se passer. Il n'y avait qu'à voir la mine des deux autres.

- Et à quelle heure doit être célébré la noce, déjà ?
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Sybelle
Accablée par ce qu'elle entend Syuzanna dire, Sybelle se laisse tomber sur une chaise à côté de Merwynn. Duncan mort. Il n'est rien de plus terrible qu'elle puisse imaginer, elle qui les a uni Syu' et lui. D'ailleurs, il suffit de voir l'état de la cheffe de clan pour voir à quel point cette perte l'a détruite. Mais elle, elle ne doit pas se laisser abattre. Comme la cheffesse vient de le rappeler, le mariage doit toujours avoir lieu.

Alors plutôt que de se précipiter pour prendre sa cousine dans ses bras, Sybelle reste auprès de Merwynn dont la présence lui semble si rassurante et elle lui offre un sourire. Mince mais sincère.


J'espère ne pas être trop parfaite quand même, déclare-t-elle. Si je le suis, je ne peux plus m'améliorer et ça serait dommage quand même. Et nous commencerons au coucher du soleil, comme le veut la tradition.

Levant les yeux au ciel, Sybelle réalise que celui-ci n'est plus très loin d'ailleurs. D'ici une poignée de minutes, ils pourront commencer... Et visiblement son témoin n'est pas en état de se tenir à ses côtés. Cherchant Fleur du regard, elle repère son frère qui a l'air on ne peut plus tendu dans son coin, les bras serrés sur son ventre, puis enfin la belle brune. Se levant, elle dépose un baiser sur la joue du Sage puis se dirige vers son fiancé et son père dans un premier temps.

Nous n'allons pas tarder à commencer. Vos invités sont-ils tous là ? Demande-t-elle poliment, attendant juste leur réponse avant de s'approcher de son amie en priant pour qu'elle accepte de remplacer Syuzanna. Fleur... Ce mariage est déjà plus ou moins une catastrophe mais sauves moi, veux-tu ? Tu veux bien être mon témoin ? Syu' était supposée l'être mais... Elle n'est pas en grande forme, tu as pu le voir, dit-elle, un pli soucieux barrant son front. Oh et tu as fait quelque chose à ton frère ? A le voir on dirait qu'il a le ver solitaire...
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Fleur_des_pois
Oh, fichtre !

L'annonce de la mort du mari de Syu laissa Fleur pantoise. Elle venait de mettre les pieds dans le plat ! La mort de Duncan ne l'affectait pas particulièrement. Mais là n'était pas la question. L'état de la jeune femme était plus que préoccupant. Elle s'éloigna cependant rapidement. Et la Fée resta plantée là, un peu sotte pour le coup.
La suite fut incroyable. Syu tenta d'en finir. Tynop la sauva. Et tout le monde s'exila près des enfants. Fleur haussa les épaules. Son intervention ne servirait à rien. Elle préférait rester là, à boire sa chope.
Sybelle s'approcha quelques temps après. Sa demande si particulière la toucha plus qu'elle ne le montrait. Être le témoin d'un mariage ? Voilà une chose qu'elle n'avait pas encore fait !


Je remplirai ce rôle avec plaisir. Et pour mon frère... Un sourire fugace traversa son visage. Disons qu'il faut qu'il se méfie plus de ce que je lui fais boire.

Soudain inspirée, Gaia se saisit de la main de son amie. Trottant rapidement jusqu'à la carriole, la brune récupéra sa besace. Farfouillant à l'intérieur, elle tendit à Sybelle un petit paquet de toile.

Pour ta cousine. Ca... ça la calmera. Et je précise au cas où qu'il n'y a pas de danger à la consommation, ce ne sont que quelques plantes.
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Tynop
Visiblement, elle partageait sa tête avec un certain Nessie. Pas vraiment rassurant. Les paroles qui suivirent le furent encore moins. Plus la Rousse se confiait, plus le visage de Tynop se décomposait. Il était terriblement frustrant et inquiétant de se tenir là, face Syuzanna, et de ne rien pouvoir dire ou faire pour l'aider. Il était rare qu'on parvienne à faire taire le blondinet, et ce fut là le cas, au plus mauvais moment. Il avait essayé de trouver les mots, et il avait échoué. Elle n'était plus que l'ombre d'elle même, semblait avoir perdu la raison, et pourtant elle lui avait cloué le bec. Pire, elle avait fait naitre en lui une peur, une crainte.

Muet et impuissant, il la regardait adopter une position qui semblait la rendre encore plus vulnérable, fragile. L'entendre parler de cette manière de Duncan, détailler sa dépendance envers lui, la manière dont il était devenu sa raison de vivre, cela l'inquiétait. C'était vraiment ça l'amour? Faire de l'être aimé la seule source de son bonheur, si bien que si l'âme sœur disparait, le bonheur se transforme en cendres? Dès lors, perdre la personne qu'on aime, c'est, comme le disait Syuzanna, tout perdre? Pas seulement le bonheur, mais aussi la raison et l'envie de vivre?

Il avait devant lui la preuve vivant que l'amour peut-être destructeur. Et cela lui faisait peur. Peur de s'attacher d'avantage à Sarah, au risque de finir comme Syuzanna si la sauvageonne venait à disparaitre. Ce qui n'était pas impossible, vu la voie emprunté par le couple. Étaient-ils toujours en couple, d'ailleurs? Il ne le savait même pas, et cela le torturait. Il vit la sauvageonne s'avancer vers sa cousine. Il évita son regard, bien qu'il mourrait d'envie de voir sa manière de réagir à la tirade de la cheffesse. Pensait-elle la même chose que lui? Craignait-elle d'aller plus loin avec lui? Il ne savait comment se tenir. Il serait bien parti, mais Sybelle lui avait demandé de rester s'occuper de Syuzanna. Ce qu'il faisait pour le moment plutôt pitoyablement. Machinalement, sans vraiment s'en rendre compte, il commença à dessiner dans le sable. Il ne savait pas quoi faire, et il détestait ça.

L'interrogation de la cheffesse le ramena à la réalité. Il avait quasiment oublié le mariage. Il allait devoir s'occuper de Syuzanna pendant la cérémonie. C'était la tâche que Sybelle lui avait confié, et il la remplirait.Le bébé toujours dans les bras, il se leva, s'avança vers la cheffesse et l'aida à se relever à son tour. Il prit quelques secondes pour enlever le sable qui avait élu domicile sur ses vêtements, puis fit de même pour elle, avant de regarder autour de lui, et de s'adresser à la Rousse.


Oui, le mariage. La cérémonie va bientôt débuter, j'ai l'impression. On n'a qu'à aller prendre place, comme ça les autres feront de même. Tu te souviens du mariage d'Enjoy, où tu m'avais tenu compagnie? On va faire pareil, là, si tu veux bien. Ça te dérange pas? Tu veux que j'aille te chercher une tisane, pour te réchauffer?

Il lui parlait d'une voix douce, tâchant de paraitre le plus rassurant possible, malgré son anxiété grandissante. Il se saisit de sa main et commença à prendre la direction de l'estrade, le bébé dans un bras, Syuzanna au bout de l'autre main. Il jeta un regard en arrière. Un peu d'aide aurait été la bienvenue pour s'occuper des enfants, mais il n'osa pas le demander à Sarah.
Syuzanna.
Debout et epoustée, Syuzanna regardait les alentours avec curiosité. Rien n'était semblable à son propre mariage, c'était certain. Elle s souvenait comme si c'était hier du regard que lui avait jeté Duncan en la voyant arriver devant lui ce jour-là. Oui, ils étaient enfin arrivés. Après toutes ces années d'attente en Ecosse, ces deux ans passés loin l'un de l'autre, ils s'étaient finalement tenus l'un devant l'autre un jour merveilleux de Février. Il n'y avait plus leurs parents pour bénir l'union, ils n'étaient plus qu'une poignée de rescapés, mais ils étaient là.
Ce rêve s'était cisellé dans le cristal, et le cristal était brisé désormais. Il n'y avait plus rien qu'elle, perdue dans un chagrin si immense que son coeur ne pouvait pas tout absorber, et que son corps avait dû subir également.

Tynop la mena vers les rangées de chaises qui attendaient encore leurs occupant. Elle s'assit en douceur, sans faire de bruit ni prononcer le moindre mot. Eilidh, qui était restée collée à sa jambe tout le long du - court ! - trajet, prit place à ses côtés.
Relevant le nez, Syuzanna réfléchit quelques secondes à la question du blond. Désirait-elle une tisane pour se réchauffer ? Avait-elle froid ? Non, même si elle était trempée. Elle se rendit compte juste à ce moment-là que sa soeur n'était pas là. Elle aussi réprouvait-elle cette union ? Le cours de cette pensée fut rapidement chassé, l'esprit de la rousse ayant quelque peu de mal à se fixer longtemps sur quelque chose.


- Une tisane, oui, finit-elle par répondre. C'est parti pour une petite tisane !

Elle sourit à Tynop, avant de recommencer à examiner les alentours. Son regard fut attiré par les reflets du soleil sur l'eau. Y avait-il de plus bel endroit pour un mariage ?
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Sybelle
It's a beautiful night,
We're looking for something dumb to do.
Hey baby, I think I wanna marry you. *



Prenant le mélange tendu par Gaia, Sybelle sourit vaguement et après avoir amicalement pressé son bras, elle s’écarte d'elle, pose la préparation dans un coin et se dirige vers le ponton où elle prépare bougies et fleurs, traçant au sol les cercles traditionnels. Ces gestes rituels l'apaisent un peu et ceci fait, elle se fige un instant, son regard se portant sur la ligne de l'horizon. Le soleil incandescent semble prêt à plonger dans l'océan qui scintille, alors qu'au-dessus de sa tête le ciel se teinte de rose.

Le moment est arrivé. Elle va être uni à l'Italien.

Se refusant à songer à cela, Sybelle profite de ses dernières secondes de paix et elle ferme les yeux. Plus rien ne sera plus jamais comme avant après cela et l'idée la terrifie, d'autant plus que l'univers tout entier semble s'être ligué contre elle pour faire que cette journée soit abominable. Duncan est mort. Sa cousine est folle. Son frère n'est pas là. Elle épouse l'italien... Mais pendant cette seconde où elle se focalise sur le soleil qui réchauffe sa peau et la brise qui caresse son visage, elle se sent bien. Pour l'instant ça suffira.

Se retournant, Sybelle plaque sur son visage le même faux sourire qu'elle a abordé pour le reste de la journée.


Si vous voulez bien, je pense qu'il est temps pour nous de commencer. Merwynn, si vous voulez bien...

Ne terminant pas sa phrase, elle fait signe à Bertuccio de la rejoindre avant de se retourner face à l'autel toute prête à entrer dans le cercle de rose qu'elle a tracé sur le sol tandis que le Medici se poste devant un cercle de lavande dans lequel il devra aussi entrer.


*Marry you, Bruno Mars :
C'est une belle nuit,
Nous cherchons quelque chose de stupide à faire.
Hé, bébé, je crois que je veux t'épouser.

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Bertuccio
Des choses se tramaient en sus du mariage dans cette famille de déglingos. Voyant qu'au final, l'épreuve attendue n'était pas aussi terrible qu'escompté, Bertuccio paru satisfait ce qui, en pareil circonstance, pouvait légitimement se comprendre, puis que le fait même de ce mariage.... ouhhh !!! On s'y perd là ! Bref. Il était là, ça se passait mieux que prévu. Le Papà semblait en pleine forme, sa quasi-femme résolue à se marier. Victoire et triomphalisme sont des gourmandises qui passeraient presque pour des vertus.

L'italien écoutait sans être dans la conversation. Il regardait, soupesait, grattait, frottait, plissait, entortillait, etc. Il s'occupait quoi. La liste déjà restreinte de ses invités avait du se réduire à rien après lecture de la missive accompagnant le carton d'invitation. Il ne su pas exactement s'il aimait cela ou non. Il n'en tiendrait rigueur à personne, pour sûr. Quand à l'Evêque, le saligaud, pourtant de bonne connaissance, a purement et simplement refuser de se rendre sur le lieu s'il ne pouvait pas y faire trôner un flamboyant bûcher. Sorte de feu de joie. Mais bon, l'organisation avait été confiée à la future épouse, et après avoir insister/négocier des jours et des jours, il se résolu à se marier à la seule façon druidique.

Alors que la bêlle l'invite à le suivre, enfin, la cérémonie se découvrait. Tout allait commencer. Une nouvelle vie, pas meilleure, pas pire. Juste différente, savoureuse d'une autre façon et dont l'épice féminine relèverait fatalement le tout. Allez, banco !


J'y suis mon Amie. Commençons.
Merwynn
Ainsi donc, l'évêque n'était pas venu. Aurait-il eu peur de se faire manger par une bande d'Ecossais ? Quoique Breton par sa mère et Normand par son père, Merwynn n'aurait pas été contre la dégustation d'évêque rôti. Un bout de doigt, peut-être ? Ou une belle tranche de cuisse ?
L'heure n'était cependant pas aux divagations. Il allait devoir unir sa petite préférée à un imbécile notoire, et ça n'était pas pour le réjouir. Mais n'étant pas le père ni de l'un, ni de l'autre, il n'avait pas son mot à dire.
Il déposa sur l'autel sa sacoche et en sortit une coupe, une gourde, et du lierre, qu'il installa devant lui.


- Bien. Commençons. Sybelle, prends place dans ton cercle. Bertuccio, dans le tien. Tournez-vous le dos, je vous prie. Et unissez vos mains, mes Enfants.

L'homme plein de rancœur qu'il était encore un instant plus tôt n'était plus. Merwynn était Druide, et censé être Sage. Son rôle était de guider les âmes, qu'elles soient ou non liées à un corps. Et aujourd'hui, il allait en unir deux, très mal assorties certes, mais sur cela, il n'avait pas emprise.
Une fois les fiancés en place, il versa dans une coupe un peu d'eau claire, et s'avança vers le jeune homme. Pour que le mariage soit valide, Bertuccio devait au moins être baptisé. Trempant son index et son majeur dans le liquide, il déposa ses doigts sur le front de l'Italien, de la racine des cheveux jusqu'à l'arrête du nez. Reprenant sa place derrière l'autel, Merwynn poursuivit.


- Nous allons désormais prier. Répétez après moi.

Il se racla la gorge et entonna de sa voix de basse la première prière.

- Nous jurons de nous tenir en paix, nous présenter avec amour
Cœur contre cœur, joue contre joue
Ecoutez nous ô Déités
Entendez donc nos vœux sacrés
A cet instant renouvelé


Baissant la tête, il se saisit de la tige de lierre et enchaina sur une autre prière.

- O Dieux , accordez-nous votre Appui
Et avec votre Appui, la Force
Et avec la Force, la Compréhension
Et avec la Compréhension, le Savoir
Et avec le Savoir, de savoir ce qui est juste
Sachant ce qui est juste, de l'aimer
Et avec son Amour,
l'amour de toutes choses vivantes
Et avec l'amour de toutes choses vivantes,
L'Amour des Dieux, des Déesses et de toute bonté
AWEN !


Merwynn décida de ne pas prononcer la dernière. Elle parlait trop d'amour, et correspondait fort peu aux deux fiancés. Il attendit qu'ils répètent les prières.
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Sybelle
La lassitude est lisible sur le visage de Sybelle alors que le blond la rejoint, mais elle ne bronche pas. Après tout ces efforts, ces sacrifices pour arriver à ce jour maudit, elle se sent plus fatiguée que jamais mais ça, il est hors de question qu'elle le laisse transparaître et si ce n'est un silence peu commun chez elle, rien ne la trahit. Comme toujours elle se tient bien droite, le menton relevé d'un air un peu hautain et comme toujours, elle regarde droit devant elle, trop fière pour admettre qu'elle a de la peine.

Prenant sa place dans le cercle tracé au sol, elle se poste dos à son fiancé et elle lui prend les mains – qu'elle trouve désagréablement moites – avant de fermer les yeux, se laissant porter par les prières que Merwynn récite. Elle a toujours aimé la beauté et la poésie de sa religion, raison pour laquelle elle souhaite devenir druidesse mais sans surprise, ce jour-là les prières rituelles ont une saveur un peu amère. Faisant ce qu'on attend d'elle malgré tout, la rousse récite après le Sage, notant que celui-ci a volontairement évincé une prière.


 Nous jurons de nous tenir en paix, nous présenter avec amour 
Cœur contre cœur, joue contre joue 
Ecoutez nous ô Déités 
Entendez donc nos vœux sacrés 
A cet instant renouvelé 

O Dieux , accordez-nous votre Appui 
Et avec votre Appui, la Force 
Et avec la Force, la Compréhension 
Et avec la Compréhension, le Savoir 
Et avec le Savoir, de savoir ce qui est juste 
Sachant ce qui est juste, de l'aimer 
Et avec son Amour, 
l'amour de toutes choses vivantes 
Et avec l'amour de toutes choses vivantes, 
L'Amour des Dieux, des Déesses et de toute bonté 
AWEN ! 


Se taisant, elle se surprend à ajouter, en silence, une prière pour que cette insupportable journée finisse vite, car si jusqu'alors elle a espéré que son frère chéri vienne, à présent elle a perdu espoir et elle ne voit par conséquent plus aucun intérêt à se tenir debout aux milieux de tous alors que la seule chose qu'elle désire c'est se cacher au fond de son lit et jouir enfin de l'oubli miraculeux du sommeil.
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Sybelle
Ils avaient dit « oui » mais la journée ne semblait pas vouloir se finir. Le mariage avait duré encore et encore. Pour le supporter Sybelle avait bu encore et encore.

En très peu de temps, les invités étaient partis. Ou plus exactement ils avaient fuis, comme effrayés à l'idée d'être contaminés par le malheur qui pourrissait l'âme des mariés et somme toute, ça n'était pas idiot de leur part. Sauf que Sybelle c'était retrouvée seule face à Bertuccio entre les plats à peines entamés et l'océan encore et toujours trop lisse pour être vrai en cette journée détestée. Incapable de parler mais oppressée par le silence, l'écossaise avait bu encore un peu plus. Suffisamment pour s'étourdir, suffisamment même, pour laisser le démon de la solitude s'emparer d'elle. D'eux.

La jeune femme avait entraîné son époux tout neuf dans sa chambre et fermé la porte à clé. Tout en se déshabillant, elle avait planté ses ongles dans ses épaules. Tout en l'embrassant elle l'avait mordu jusqu'au sang. Et tout en jouissant elle l'avait insulté. Elle se dégoûtait en cet instant, mais comme dans toutes les histoires qu'elle avait vécu jusqu'alors, elle se jouait des paradoxes, rejetant ceux qu'elle aimait et faisant l'amour à ceux qu'elle haïssait.

Puis, elle avait chassé l'homme et dans un élan de rage, elle avait balancé les objets à travers sa chambre, arraché les draps au lit et hurlé jusqu'à s'en casser la voix. S'effondrant de chagrin, elle avait pleuré encore et encore recroquevillée sur son tapis et finalement, alors qu'elle n'avait plus de larmes pour pleurer et plus de voix pour crier, elle avait vu le soleil se lever.

Elle était mariée, mais un nouveau jour commençait et elle ne pouvait être malheureuse à jamais. Alors comme toujours, Sybelle c'était levée et elle avait décidée d'avancer.

De toute manière, elle ne pouvait guère faire autrement.

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