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[RP] Trahir un Judas, c'est un juste retour des choses

Chimera
    [Unan warn ugent
    Sept fois trois, ou trois fois sept,
    Un sens, ou l'autre,
    Bretagne est sotte et futée, de mettre l'un avant le vingt

    Secret de polichinelle]

C'est Alban Elfed aujourd'hui. La fauve en a encore les rouges rougies de son escapade avec Lizzie et Beilhal, et elle contemple avec fierté les trésors vides et fanés récoltés au fil de l'aventure. Cosses, glands, plantes séchées ou fanées, tout y est passé, ensemble décousu, rebut à l'honneur an grands paniers rassemblé. Déjà, la maisonnée s'affaire à exposer, pour parer la demeure des couleurs du jour. Elle même n'ira pas sans emplir sa bourse de glands qu'elle distribuera aux badauds rencontrés, en gage du symbole de la journée. Cela fait, elle file s'appliquer, ricanante, à la mission aux bretons proposée par voix d'annonce. Morrigan était à l'honneur, et chacun avait reçu la consigne d'expédier au Comte éponyme un pli bref de son cru, d'un à quatre vers, pour préparer la venue d'hiver. Après quelques hésitations, elle opte pour l'unité si malmenée ces jours, et en tisse la notion au cours d'un mot d'introduction, premier sans doute d'une quantité qu'elle envisage de publier à l'issue des festivités.

Citation:
Un matin coquin, que celui où Breizh vous adressera ses mots, doux ou crus,
N’en soyez pas fâché, votre nom l’a suggéré, je n’y ai rien pu.
A vous donc, noir têtu : Si votre obstination dessert, loyauté je salue.
Ne reste, au fond, que l'urgence d'oeuvrer pour l'UN, dont nous sommes tous cousus.

C de D-M


Relevant le nez, elle fait appeler un messager, et demande qu'à Suscinio le pli soit porté. Alors que le prompt s'éclipse, le sourire que l'exercice avait déclenché s'estompe, lui aussi. Solidaire. L'heure est là d'aborder sujet plus grave, et elle sait depuis l'aube que malgré les stratégies d'évitement amoncelées jusque là, elle ne pourra pas échapper à l'agenda nécessaire. Elle se lève et quitte son bureau pour sa fenêtre, histoire d'aller exposer son museau à la lumière blanche du matin d'automne. Les yeux dans le vague, comme cherchant par cette issue celle de son tourment, elle demeure immobile, longtemps.

Alban Elfed. La Vieille emporte ce qui doit mourir ou, en l'occurrence, être absent. Hors de question de mettre fin à une vie qu'elle a eu tant de mal à mettre au monde. La solution s'impose rapidement. Elle. Elle avait dans un premier temps envisagé de réclamer la complicité de la blonde Elisabeth, mais il aurait été plus simple de faire croire aux mystères de l'immaculée conception que de faire avaler à quiconque l'idée d'une telle maternité. Ne pas infliger, donc, pareille supposition. Un petit être déposé sur le parvis de Saint-Patern peut-être? L'esprit s'illumine, avant d'être muselé, à nouveau, par la raison coupable réticente à faire peser sur l'amie le poids de son égarement. Non. Elle. La solution s'impose, dans sa cruauté primaire et dans sa logique évidente. La supercherie ne pourrait que prendre. Un pas. Deux. Dix. Cent pas, évidemment. La résolution peine à forcer la convocation, tant la suggestion est insolente. Mais le noué sera bientôt là, et elle ne peut pas, pas si vite, lui avouer qu'il a épousé l'habité.

- Nolwenn? Fais venir ici Fanchenn.
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Fanchenn
La dite Fanchenn était occupée. Les mains occupées, comme le sont les Bretons non nés avec une particule. Quant on n’a pas la gloire d’un nom, et ses rentes, et ses privilèges, et ses domaines et ses règles, et bien on met la main à la pâte. Dans le cas présent c’est plutôt dans l’eau, l’eau sombre qui était pourtant si claire quelques minutes avant. Dans le bac tiède, ses robes, soit son seul bien matériel.

Une noblesse du cœur bien mal desservie par la noblesse des tissus mais qu’importe, Fanchenn est heureuse. Un sourire stupide et béat au coin des lèvres depuis quelques jours, un sourire causé par son incroyable Providence. De fugueuse elle était devenue accoucheuse, d’accoucheuse à suiveuse de la Mère finalement noble, de suiveuse à squatteuse. Enfin non, non, pas squatteuse. Depuis le premier jour de sa vie, la gueuse s’était auto-proclamée soutient et ami du petit, et franchement, quelle amie ferrait-elle si elle ne suivait pas l’enfant ?

C’est alors qu’elle a de l’eau jusqu’aux coudes que la douce Nolwenn, dame de compagnie en chef de la rousse patronne - et donc qui intimde notre gueuse -, arrive et annonce sa demande.


- Ma Doué… Elle va me virer.

Et bien oui. Tu n’es peut-être pas la bienvenue Fanchenn. L'idée n'a pas traversé ton petit cerveau? Tu t’es déjà fait jeter par ta mère, pourquoi ne parfaite inconnue voudrait-elle de toi dans ses parages ? Car tu as décidé d’être la copine de son enfant ? Puis les nobles, on connait pas leurs humeurs; pire que des juments en période de drague. Elle se redresse, et sèche ses mains contre le premier tissus qui passe. Dans le reflet de l’eau trouble elle discipline un peu son épaisse chevelure blonde et remonte sa robe sur sa poitrine. Toujours trop ronde.

Autant être disciplinée. De sa démarche toujours marquée par le chaloupé de ses hanches –« les hanches du Sans Nom! », comme dirait sa génitrice - , la gueuse avance. Quelle nouvelle aventure encore ? Gast. Se faire virer. Elle qui pensait avoir trouvé un planque ; mieux, une nouvelle vie ! Elle l’aimait bien, ce petit. Menteuse, tu l’aimes trop, déjà trop, tu trouves son petit nez trop mignon, ses petits pieds craquants, et ses petites mains trop, mais trooop choupinettes. Si elle la vire, elle ne pourra plus le voir ?

Non. Non. Non. La lueur frondeuse, que certains disent propres aux Bretons, passe dans ses yeux et fait froncer son nez taché d’une rousseur qu’elle n’a pas. Elle va se défendre. Elle va lui dire que s’il le faut, elle trait ses vaches, c’est pas la première fois qu’elle le ferra. Elle, elle, elle elle met les mains dans la bouse si besoin, pour ce petit qui n’est pas son fils mais tout comme. Et la voila qui se monte la mayonnaise toute seule, mayonnaise qui ne tiendrait pas une cuillère droite lorsque elle arrive devant la Mère.


- Demat Intron. Et à la tête blonde de se plier pour une sorte de révérence empotée. Vous vouliez me voir ?

Et de voir tous ces glands.

- Oh, vous voulez que j'nettoie ?
Judas
Aux pas agiles de sa monture se joignirent d'autres, plus lourds, plus sourds. Ses iris brun vinrent écorcher ceux de l'autre, presque métalliques au regard du crépuscule, se dérobant. Mêlés par une cadence régulière , les deux cavaliers se rapprochèrent subtilement l'un de l'autre puis se séparèrent, s'égarant en différents chemins pour s'unir de nouveau au détour d'un bosquet. Le jeu s'étendit jusqu'aux abords de la ville, jusqu'à l'endroit fatidique, jusqu'à sentir l'adrénaline s'évaporer. Judas rendit sa liberté à la Lune. Cet astre là ne pourrait pas passer inaperçu aux abords de Vannes, bien moins aux cotés de lui maintenant que la frontière de Breizh avait été franchie... Pas de ces jeux là sur les terres des druides... Pas chez les noeuds consacrés.

Depuis l'enchainement fou des évènements de Saumur, le ciel avait blanchit. Les crins seigneuriaux s'étaient vus accorder du temps au réveil pour être peignés soigneusement dans une chambrée d'auberge de Rieux, après le départ de Sélène. Machinalement les gants d'hiver avaient saisi le col de la chemise délestée de son bliaut - puisque celui-ci déclaré malgré lui comme propriété angevine - l'avaient porté à l'inspection du nez Judéen. Assuré que le jasmin n'avait pas imprégné plus que sa nuit, l'homme flanqué raidement dans ses cavalières avait ceint son front d'une discrète pièce d'orfèvrerie, à la mode de Bourgogne. La toilette se poursuivit dans un silence de mort, si tant est que les pensées ne pouvaient laisser leurs écho s'échapper...

La route s'offrit, exaltante, Frayner gagné par l'impatience naissante de retrouvailles imminentes. Les prunelles corbeaux levèrent leur rangée de cils fins au clair de la voûte capricieuse, un ciel de Bretagne en somme qui non loin de le désappointer, apporta au sybarite le sentiment d'un retour trop retardé. Le temps fila, la pluie menaçant les jais impeccables.

    Que fais-tu, toi qui me sais arriver bientôt...?


C'était une autre vie par delà l'invisible mur que dressait la Bretagne entre la France et Elle. Et Constance, et les rissoles, les matins sous le duvet Choletais... Les mutismes d'Elisabeth et les vacarmes de Quiberon. Ne nous étendons pas sur la genèse de cet amour au beurre et au sel, la silhouette sèche d'un faux étranger a semble-t-il, déjà passé les portes de la ville.

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