Juleslevagabond
[ Gouffre - Geôles de Limoges, plusieurs mois plus tard ]
Des fois...
N'avons-nous jamais eu envie de voir à quoi ressemblait une prison et de tenter l'aventure un jour ou deux ? Juste pour voir...
Oui c'est certain, c'est une expérience en soi, on a le temps de "réfléchir à la portée de ses actes" ou bien de frapper mieux là où ça fait mal. Échafauder une fuite ? Malheureusement pieds et poings liés cela risquait de devenir impossible. Oui "risquait", après tout il doit bien y avoir un pourcent de chance que le geôlier nous donne la clé par compassion et/ou pitié et nous aide à sortir de ce trou à rats... Non... Soyons sérieux, la prison c'est un avant-goût de l'enfer.
Outre le fait d'être quasi-obligé de vivre dans une cellule étouffante tant par l'espace de vie - un peu plus réduit par les chaines (ce qui vous donne environ le droit d'une promenade d'un mètre sur un) - que par les rats désireux de goûter à la chair humaine. La puanteur des cadavres ou juste de la moisissure y régnant donnait des nausées chroniques et rendait le visage plus pâle, l'obscurité aidant. La nourriture se résumait au pain sec et cruche d'eau. Mais je vous rassure on ne s'intéresse presque jamais au pain, tant la brûlure au ventre qui vous tenaille vous dégoute de tout met à portée.
Seul trésor qu'il pouvait s'offrir : la pâte à dents. Après demande répétée d'un mois au geôlier - et plusieurs engraissements de pâte - ce luxe était rendu possible.
Nul doute qu'un jour ou l'autre l'on découvrirait le pot-de-vin... Peut être qu'on le battrait encore à terre sans vergogne ou peut être qu'on le fouetterait.
Le borgne geôlier aimait les monologues avec l'assassin. Les discussions se ramenaient toujours aux différentes morts qui l'attendaient, au temps du jour, aux grands évènements, aux actes qu'il avait commis.
Pourquoi répondre s'il savait l'essentiel ? Et puis Jules était squelettique à faire peur, parler signifiait perdre un peu plus de secondes à vivre.
Il avait de grandes chances de mourir, il n'était pas dupe...
Commettre l'assassinat du Lieutenant Commandant de la Licorne, ex-Juge du Limousin durant la cérémonie d'anoblissement du mandat du Baron, être le commanditaire de l'enlèvement de deux femmes nobles dict Alienaure de Malemort et Ewaele de la Boësnière et enfin avoir grièvement blessé l'irlandaise et le Baron Trokinas de Perpezac le Noir. Beau tableau, il y avait là de quoi être fier pour un premier coup dans le métier de l'ombre. Le revers de médaille allait sûrement être tout aussi joyeux.
Les allées et venues de brigands d'un soir, d'hommes et femmes clamant leur innocence, de femmes de joie en manque d'argent ne finissait pas... Seuls "loisirs" pour l'ex-maire-sergent-barbier de la COLM.
Tiens d'ailleurs il n'avait toujours pas reçu de visites ou de mots de qui que ce soit... Même pas de menaces. Peur de constater la machine à tuer qu'il était devenu un court instant ? Possible. Ou tout simplement on voulait l'oublier, l'effacer de sa mémoire. Oui plus de chance.
Les seules nouvelles qui lui avait fait lâcher un ricanement était les deux dernières listes comtales élues. Renaissance et Respire... Comme quoi le Limousin n'était vraiment plus rien d'autre qu'un sac de politiciens. Renaissance qui était la liste la plus redoutée par le peuple... Élue après le mandat du vicieux Baron. Vraiment l'ironie savait être bonne parfois.
Et aux vues des retours du borgne ils avaient mal agis... Comme quoi...
Il y avait peut être une raison à voir Renaissance puis Respire... Laisser la première liste se planter et profiter de l'occasion pour se dorer le blason ; oui c'était probable. Après tout les politiciens ne sont-ils pas connus pour leurs géniaux plans envers leurs ennemis ? L'irlandaise avait bien joué son coup comme toujours. Si ce n'est qu'il avait failli tomber sous les techniques d'épée de la rouquine.
Ewaele la Comtesse perverse... Breccan le Procureur fine lame... Shiska le Capitaine loup... Alienaure la Chambellan fragile... Trokinas le vicieux Maître du Grand Couvain... Finitou le pion abusé aux services de la COLM... Les Anges de sa "justice".
Chacun avait dorénavant un haut poste, plus ou moins liés. La coïncidence l'avait frappé puis fait sourire. Mieux valait ne plus penser au Limousin. Juste sortir et la retrouver elle.
S'il devait subir mille tortures avant d'avoir le droit de vie et de liberté il le ferait sans hésiter. Elle n'est que sa seule et unique raison de vivre après tout. Il avait bien fait toute cette violence par justice et folie amoureuse à son égard.
Si l'on devait clamer insultes et rumeurs à sa personne qu'on le fasse. Il n'autoriserai juste jamais une seule insulte envers elle et quelques personnes précises.
Il savait faire la différence entre ceux qui n'avaient rien à voir avec l'affaire et les corrompus.
Depuis qu'il s'était fait capturé et ramené de la même façon que les deux nobles femmes l'assassin n'aspirait à rien de plus que de filer d'ici. Mais aucune fois une occasion s'était présentait. Deux mois et demi s'était écoulé... Le plus grand ennemi n'était pas la souffrance physique mais la lenteur du temps.
Attendre... Attendre toujours et encore qu'on daigne le faire sortir, ne serait-ce que pour le juger ou n'importe quoi. Rester enfermé ici était inacceptable, il aimait profondément la liberté. On lui avait déjà tellement enlevé... Mais là c'en était trop. Combien de fois avait-il hurler, frapper les barreaux de ses mains fragilisés par le manque de bonne nourriture, maudit tout le Comté, penser à elle ?
Que pouvait-elle donc faire ? Savait-elle la vérité ? Où était elle ? Il savait si peu et beaucoup de choses à la fois. Il n'avait qu'une peur... Qu'elle l'ai laissé tomber ou oublier. Plus vite il serait sorti, plus vite il pourrait lui dire...
Mais pas maintenant, il ne fallait pas sombrer dans une autre folie. Rester calme et attendre même si cela était immonde. Il aurait son jour de gloire...
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Des fois...
N'avons-nous jamais eu envie de voir à quoi ressemblait une prison et de tenter l'aventure un jour ou deux ? Juste pour voir...
Oui c'est certain, c'est une expérience en soi, on a le temps de "réfléchir à la portée de ses actes" ou bien de frapper mieux là où ça fait mal. Échafauder une fuite ? Malheureusement pieds et poings liés cela risquait de devenir impossible. Oui "risquait", après tout il doit bien y avoir un pourcent de chance que le geôlier nous donne la clé par compassion et/ou pitié et nous aide à sortir de ce trou à rats... Non... Soyons sérieux, la prison c'est un avant-goût de l'enfer.
Outre le fait d'être quasi-obligé de vivre dans une cellule étouffante tant par l'espace de vie - un peu plus réduit par les chaines (ce qui vous donne environ le droit d'une promenade d'un mètre sur un) - que par les rats désireux de goûter à la chair humaine. La puanteur des cadavres ou juste de la moisissure y régnant donnait des nausées chroniques et rendait le visage plus pâle, l'obscurité aidant. La nourriture se résumait au pain sec et cruche d'eau. Mais je vous rassure on ne s'intéresse presque jamais au pain, tant la brûlure au ventre qui vous tenaille vous dégoute de tout met à portée.
Seul trésor qu'il pouvait s'offrir : la pâte à dents. Après demande répétée d'un mois au geôlier - et plusieurs engraissements de pâte - ce luxe était rendu possible.
Nul doute qu'un jour ou l'autre l'on découvrirait le pot-de-vin... Peut être qu'on le battrait encore à terre sans vergogne ou peut être qu'on le fouetterait.
Le borgne geôlier aimait les monologues avec l'assassin. Les discussions se ramenaient toujours aux différentes morts qui l'attendaient, au temps du jour, aux grands évènements, aux actes qu'il avait commis.
Pourquoi répondre s'il savait l'essentiel ? Et puis Jules était squelettique à faire peur, parler signifiait perdre un peu plus de secondes à vivre.
Il avait de grandes chances de mourir, il n'était pas dupe...
Commettre l'assassinat du Lieutenant Commandant de la Licorne, ex-Juge du Limousin durant la cérémonie d'anoblissement du mandat du Baron, être le commanditaire de l'enlèvement de deux femmes nobles dict Alienaure de Malemort et Ewaele de la Boësnière et enfin avoir grièvement blessé l'irlandaise et le Baron Trokinas de Perpezac le Noir. Beau tableau, il y avait là de quoi être fier pour un premier coup dans le métier de l'ombre. Le revers de médaille allait sûrement être tout aussi joyeux.
Les allées et venues de brigands d'un soir, d'hommes et femmes clamant leur innocence, de femmes de joie en manque d'argent ne finissait pas... Seuls "loisirs" pour l'ex-maire-sergent-barbier de la COLM.
Tiens d'ailleurs il n'avait toujours pas reçu de visites ou de mots de qui que ce soit... Même pas de menaces. Peur de constater la machine à tuer qu'il était devenu un court instant ? Possible. Ou tout simplement on voulait l'oublier, l'effacer de sa mémoire. Oui plus de chance.
Les seules nouvelles qui lui avait fait lâcher un ricanement était les deux dernières listes comtales élues. Renaissance et Respire... Comme quoi le Limousin n'était vraiment plus rien d'autre qu'un sac de politiciens. Renaissance qui était la liste la plus redoutée par le peuple... Élue après le mandat du vicieux Baron. Vraiment l'ironie savait être bonne parfois.
Et aux vues des retours du borgne ils avaient mal agis... Comme quoi...
Il y avait peut être une raison à voir Renaissance puis Respire... Laisser la première liste se planter et profiter de l'occasion pour se dorer le blason ; oui c'était probable. Après tout les politiciens ne sont-ils pas connus pour leurs géniaux plans envers leurs ennemis ? L'irlandaise avait bien joué son coup comme toujours. Si ce n'est qu'il avait failli tomber sous les techniques d'épée de la rouquine.
Ewaele la Comtesse perverse... Breccan le Procureur fine lame... Shiska le Capitaine loup... Alienaure la Chambellan fragile... Trokinas le vicieux Maître du Grand Couvain... Finitou le pion abusé aux services de la COLM... Les Anges de sa "justice".
Chacun avait dorénavant un haut poste, plus ou moins liés. La coïncidence l'avait frappé puis fait sourire. Mieux valait ne plus penser au Limousin. Juste sortir et la retrouver elle.
S'il devait subir mille tortures avant d'avoir le droit de vie et de liberté il le ferait sans hésiter. Elle n'est que sa seule et unique raison de vivre après tout. Il avait bien fait toute cette violence par justice et folie amoureuse à son égard.
Si l'on devait clamer insultes et rumeurs à sa personne qu'on le fasse. Il n'autoriserai juste jamais une seule insulte envers elle et quelques personnes précises.
Il savait faire la différence entre ceux qui n'avaient rien à voir avec l'affaire et les corrompus.
Depuis qu'il s'était fait capturé et ramené de la même façon que les deux nobles femmes l'assassin n'aspirait à rien de plus que de filer d'ici. Mais aucune fois une occasion s'était présentait. Deux mois et demi s'était écoulé... Le plus grand ennemi n'était pas la souffrance physique mais la lenteur du temps.
Attendre... Attendre toujours et encore qu'on daigne le faire sortir, ne serait-ce que pour le juger ou n'importe quoi. Rester enfermé ici était inacceptable, il aimait profondément la liberté. On lui avait déjà tellement enlevé... Mais là c'en était trop. Combien de fois avait-il hurler, frapper les barreaux de ses mains fragilisés par le manque de bonne nourriture, maudit tout le Comté, penser à elle ?
Que pouvait-elle donc faire ? Savait-elle la vérité ? Où était elle ? Il savait si peu et beaucoup de choses à la fois. Il n'avait qu'une peur... Qu'elle l'ai laissé tomber ou oublier. Plus vite il serait sorti, plus vite il pourrait lui dire...
Mais pas maintenant, il ne fallait pas sombrer dans une autre folie. Rester calme et attendre même si cela était immonde. Il aurait son jour de gloire...
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