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[RP] Les dernières volontés du condamné.

Zelgius
Germigny... Il ne l'avait que trop senti. Il n'avait que trop entendu le silence forestier environnant durant sa convalescence qu'il avait décidé d'écourter. Rester loin du centre de la toile berrichonne l'ennuyait au plus haut point. Et il n'en fallait que peu pour l'ennuyer depuis qu'il avait perdu la vue.

Il avait, avant de se retirer à Germigny, récupéré la canne de Prudence auprès de son parrain. Le poignard dissimulé à l'intérieur du manche était toujours aussi aiguisé. Alors qu'elle s'en était servi pour s'appuyer et combler la perte de sa jambe, lui s'en servait pour tâter le sol devant lui pour combler la perte de ses yeux.

Mais le Dément n'était pas mort dans les flammes, au contraire de certaines parties de son corps. Il en était ressorti, si ce n'était plus fort, au moins vivant. Et il n'avait qu'une question en tête : "Va-t'elle avoir des verres plus résistants cette fois ?"

Pour comprendre cette question, il faudrait revenir quelques semaines en arrière. Avant le feu, avant la cécité. Mais le passé est le passé, nous n'y reviendrons pas !

Il avait une chose à régler avant de passer à la suite de ses manoeuvres et pour cela il lui faudrait faire preuve d'une grande assiduité. A quand pouvait bien remonter la dernière fois qu'il avait fait cela ? Bien des années... Treize, environ. Il était alors question d'une de ses premières chasses.

Plus jamais il ne chasserait... Comment comblerait-il se manque à l'avenir ? Comment comblerait-il le manque de sa vue ? Pas avec une canne, c'était certain !


BABABABAM

Ou le son provoqué alors que le pommeau de sa canne allait heurter quatre fois la porte de la demeure de sa filleule.

Comment l'avait-il trouvé muni uniquement de sa canne ? Tout simplement en se servant de sa mémoire redevenant peu à peu ce qu'elle avait été jadis... Avant le Ropt, avant l'abus d'alcool pour la réduire à un simple outil de gestion des dernières informations reçues. Mais maintenant que le Champlecy était devenu ce qu'il était... Il lui faudrait affronter ses souvenirs et se servir des informations inscrites au fer rouge qui les accompagnaient.

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Primaelle
Presque un mois s’était écoulé depuis que les bas-fonds avaient brûlé. Et pendant cette période Kateline n’avait croisé qu’une seule fois son parrain.
Ce fut pour constater avec effroi que ce dernier avait perdu la vue en plus de sa main droite, déjà bien amochée à la base.
Mais ce fut tout ce qu’elle sût à ce sujet. Elle n’eut plus de nouvelles, en dehors d’une commande écrite de la main du larbin de Germigny, commande de vêtements pour son maître. Rien de plus.

Et puis elle-même avait eu une blessure qu’il lui avait fallu soigner. Et c’est Olivier qui lui permit de se remettre rapidement, fréquenter un médicastre tout en l’étant soi même relevait quelque part du privilège.
A présent sa main gauche et son avant bras étaient recouverts d’une épaisse cicatrice, la gênant pour bouger et user de sa main normalement. Un gant de cuir ornerait désormais le membre atrophié lorsqu’elle serait de sortie…

En dehors d’une escapade armagnacaise, l’Ebène était restée à son appartement berruyer. L’université et ses études en général étaient chronophages, rester en la Capitale était définitivement la solution la plus simple pour elle.
C’est là qu’elle se trouvait, dans l’hôtel se trouvant sur la place Jacques Cœur, en face du Castel Ducal. Elle était plongée dans un manuel d’herboristerie - une matière qui n’aurait bientôt plus de secret pour elle – et complètement déconnectée de ce qui l’entourait.

Lorsqu’on frappa à la porte, c’est Sebastian, fidèle au poste, qui vint ouvrir la porte au Champlecy. L’effroi submergea l’intendant à son tour en découvrant le Dément.
C’est lui qui avait trouvé l’homme dans les décombres, mais il n’avait pas réalisé alors qu’il était vraiment devenu aveugle. Il ne l'avait plus croisé non plus depuis ce jour fatidique.
Contrarié et mal à l’aise face à l’état de celui qui lui faisait face, il s’avança d’un pas après avoir ouvert la porte en grand.


Zelgius, bonjour, laisse moi te guider à l’intérieur si tu le permets.

Il s’empara du coude du Dément, le fit entrer dans le vestibule. Il referma la porte puis guida l’aveugle jusqu’au bureau de Kateline.
Il frappa à la porte, ce qui fit lever les yeux de l’Ebène, sans chercher à savoir qui se trouvait derrière la porte elle dit…


Entrez !

Et replongea dans sa lecture, absorbée par ses découvertes. Sebastian ouvrit et fit entrer Zelgius avec lui.

Kate, tu as de la visite…

Elle leva à nouveau les yeux du manuscrit pour constater. Une visite à laquelle elle ne se serait pas attendue.

Bonjour Parrain. Que me vaut l’honneur de ta présence ici ?

Elle se leva de son fauteuil et vint embrasser Zel sur la joue. Elle l’amena vers un siège.

Assied-toi.

Elle se tourna vers Sebastian.

Merci, tu peux nous laisser.

Un sourire à son intendant et elle s’installa en face du Dément, elle remarqua alors la canne qu’il avait à la main.
Un flash et c’est Poum qu’elle revit claudiquer sur sa jambe putride, canne à la main…


[Déplacement de Zel avec l'accord du JD]
Zelgius
Le Vicomte n'eut guère à attendre bien longtemps pour entendre le bruit de la porte s'ouvrant devant lui. En revanche il nota le temps et le pas en avant fait par celui qui lui ouvrait.

Et lorsque enfin il prit la parole, ce fut pour lui demander une permission... Peut-être le bandeau sur ses yeux ? Ou bien la canne ? Ou encore le gant dissimulant sa main droite ?

Peut être un peu des trois. Surement même !

Une permission pour le guider à l'intérieur ? Pensait-il qu'il n'était pas capable de se retrouver dans les couloirs de l'hôtel de sa filleule ? Bah ! Il l'avait sauvé des décombres d'une maison qui s'était effondrée sur lui aussi le Champlecy ne fit aucune remarque et se laissa guider réalisant par la même occasion qu'avec son nouvel état les gens ne se méfieraient peut être plus autant de ses actions à venir...

Il ne dit en revanche pas un mot, sauf devant la porte à laquelle Sebastian frappa et lorsqu'il annonça de la visite.


Merci.

Oh, pas pour l'avoir guidé, non non ! Pour l'autre raison, mais jamais plus l'intendant angloys n'entendrait ce mot dans la bouche du Dément.

D'ailleurs, il se posa en appui sur sa canne au milieu de la pièce, du moins ce qu'il jugea être le milieu accessible de la pièce en attendant la réaction de sa filleule : une bise !

La réaction à ce contact fut un simple sourire, mais qui connaissait un temps soi peut le Dément savait qu'il n'y avait presque jamais de sourire simple. Sauf cette fois là.

Il se laissa ensuite tomber dans le fauteuil dont il avait détecté l'orientation grâce à quelques tapotements de bottes bien placé et plaça la canne sur ses genoux.


Pour le dîner hebdomadaire promis, bé dame. Je sais que nous en avons loupé quelques uns depuis notre arrangement mais il n'est pas trop tard pour rattraper le temps perdu.

A dire vrai, il aurait bien mangé quelque chose. Là, tout de suite, maintenant. Il se rendit même compte qu'il n'avait pas mangé durant les quelques jours de convalescence à Germigny.

J'imagine que tu reconnais la canne ? George me l'a donné quelques jours après l'incendie, mais je ne suis pas venu pour parler de ce bois-ci !

Si il avait vu à cet instant, il aurait très certainement plonger son regard dans celui de Kateline avec l'esquisse d'un sourire sur le visage. L'esquisse était bien présente ! Mais il tapota simplement sur sa canne les même quatre coups que ceux qu'il avait frappé à la porte quelques minutes plus tôt.

Babababam babababam babababam babababam...

As-tu trouvé des verres plus résistants que la dernière fois ?
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Primaelle
Oui je la reconnais, c’est celle de ta sœur…

Regarder son parrain manœuvrer ses déplacements à l’aide de la canne de feue son amie la laissait perplexe.
Le Dément pour ceux qui le connaissaient avait une vue normalement imprenable sur l’ensemble de ses affaires, affaires qui elles seraient certainement moins bien menées dorénavant.
N’importe quel homme serait diminué, et freiné dans l’ensemble de ses activités en perdant un sens aussi important du jour au lendemain.
Elle se demandait simplement ce qu'il adviendrait de lui maintenant...


Si ce n’est de ce bois… de quoi souhaites-tu me parler ?

Avant de revenir à sa chaise elle leur servit à chacun un godet en argent remplit de la meilleure poire, qu’elle déposa devant eux.
Elle s’installa en face du Dément, le rictus dessiné sur ses lèvres elle le connaissait bien. Il manquait juste la lueur folle qui animait habituellement le regard champlecyen.
Au lieu de croiser le regard aux couleurs de la nuit, c’est un bandeau qui lui fit face.


Oui je viens de te servir de la poire, c’est un godet... en argent. C’est Sebastian qui m’a trouvé ces merveilles chez un artisan du coin.
Il a pensé, et c’est judicieux, que mes invités étaient parfois un peu trop brutaux pour ma pauvre vaisselle…


Elle sourit, mais une grimace déforma ses traits. Une vive douleur dans sa main gauche lui coupa le souffle. Évidemment, Zelgius ne vit rien de cela.

Ton verre se trouve à une longueur de bras de toi, sur la table basse…

Elle prit une gorgée au sien, en espérant que l’alcool calmerait la douleur lancinante de son membre blessé. Effrayée aussi, sa main et son bras semblaient s'être si bien remis jusque là.

Hum, donc comme je te disais...je t’écoute, de quoi veux-tu m’entretenir ?
Zelgius
Elle la reconnaissait ! Bien, au moins elle savait maintenant qu'il était toujours apte à se défendre en cas de besoin.
Il réapprenait d'ailleurs à survivre. Il se serait cru retomber en enfance... A la différence près qu'il savait se battre et que, malgré une main inutilisable en combat, il aurait certainement encore le dessus sur un adversaire lambda.
Du moins il le pourrait bientôt.


Et crois-moi, la lame est toujours aussi affûtée.

Et il en avait la preuve. Là, dissimulée sous sa manche droite se trouvait une entaille qu'il avait recouverte d'un morceau de tissu qu'il avait trouvé sur la table. Il ne saurait certainement pas qu'il s'agissait en fait d'un torchon.

De celui que je t'ai donné il y a un peu plus d'un mois. Mon Arbalète.

Il entendit parfaitement le son des godets heurtant le bois de la table et un léger sourire s'étira lorsqu'elle lui indiqua la distance. Ainsi, il pourrait à l'avenir définir une distance presque correcte pour ce genre de sons. Il lui en restait encore beaucoup à découvrir pourtant...

Une longueur de bras, voyons ça !

Evidemment, il n'était pas encore assez capable pour compenser sa vue et donc voir que sa filleule souffrait. Et comme elle ne s'était pas arrêté en pleine phrase, du moins lui sembla-t'il, il n'avait pas de point de référence. Pas encore !

Il le tenait ! Il avait attrapé le verre après l'avoir loupé à deux reprises en attrapant le vide autour de ce dernier.
Le chemin menant de sa main à ses lèvres lui était en revanche connu aussi le fit-il comme si il voyait toujours et vida à demi le godet de son contenu.
Une fois désaltéré, il tenta de reposer le godet sur la table... Tenta seulement. En effet, en buvant il s'était quelque peu enfoncer dans le fauteuil et son bras se trouvait donc moins proche de la table qu'auparavant. Et...
Paf le chien !
Non c'est pas ça ! Boum le godet plutôt !


Norf de norf ! Loupé...

De l'exaspération plus que de la surprise, ce n'était pas le premier verre qui tombait et ce ne serait certainement pas le dernier non plus.
Et alors il l'entendit : un changement dans l'intonation des mots de sa filleule. Oh, pas grand chose certes... Mais assez pour qui la connaissait pour savoir qu'elle s'inquiétait de quelque chose. Et pas d'un godet.


Pour notre dîner, principalement. Pour l'arbalète dans un second temps et... D'un dernier sujet dont je préfère savoir l'objet entre tes mains et non à Germigny. J'y ai invité les Champlecy, tu le savais ? Enfin invité... Bref !

Il aurait pu continuer mais ce qu'il avait entendu faisait son chemin dans l'esprit Champlecyen.

Toi. Comment vas-tu depuis l'incendie ?
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Primaelle
Kateline ramassa le godet au sol et s'empara d'un chiffon afin d'esponger les dégâts, faisant abstraction de sa douleur, elle serrait les dents.

Ton arbalète oui... elle est ici d'ailleurs. Je te la rendrais quand tu partiras tout à l'heure si tu veux. Sinon Sebastian te l'apportera chez toi.
Puisque tu es là pour diner, je vais aller lui demander de nous préparer cela.
Je n'avais pas prévu que tu passerais donc, rien n'est prêt!
Attends moi un instant.


Et elle s'éclipsa le temps de rejoindre la cuisine où se trouvait l’intendant de Bélâbre. Une fois la consigne donnée de préparer le repas pour son invité, elle rejoignit le Dément dans son bureau.
Elle lui resservit un godet tout neuf et se rassit.


Excuse moi. Donc tu disais que les Champlecy sont chez toi. Je l’ignorais jusque là.
Je ne savais même pas que des membres de ta famille se trouvaient en Berry. C’est une bonne chose de renouer des liens normalement… Pourquoi voudrais-tu éloigner un objet de Germigny dans ce cas ?


Son parrain était fort en ce qui concerne les magouilles, jusqu’ici il n’avait pas eu à mêler sa fillote dans ses histoires. Du moins pas volontairement. Nous passerons sur la traque et le feu des bas-fonds dont elle ignorait toujours que le commanditaire, c’était lui.
A cet instant, alors que l’infection qui se développait en sa blessure, blessure ramassée alors qu’elle essayait de sauver un maximum de berruyers, elle était à des lieux d’imaginer que c’était de la faute de l’être en qui elle avait le plus confiance ici-bas. Même si elle savait qu’il possédait la plus grosse réserve de cette poudre explosive en Berry. Saurait-elle un jour que son parrain avait signé son arrêt de mort le jour où il avait fait disséminer ce feu grégeois dans les quartiers pauvres de la Capitale ?
Mais il fallait qu’elle réponde de son état actuel, cette souffrance intempestive l’agaçait au plus au point, et elle préféra sur l’instant en faire fi.


Jusqu'ici tout va bien, Olivier s’est fort bien occupé de ma blessure.

Jusqu’ici… pensa-t-elle…

J’ai repris les cours, et je poursuis mon bonhomme de chemin.

Elle reprit une gorgée de sa poire et l’avala non sans mal alors qu’un éclair vint transpercer à nouveau sa senestre.

Et sinon cet objet, qu’est-ce que c’est ?

Elle serra les dents.
Zelgius
Pourquoi essuyait-elle le sol maintenant alors qu'il était possible qu'il y ait d'autres accidents ? Bien qu'il puisse comprendre l'utilité du propre... Il y avait des gens pour faire ça ! Bref.

L'arbalète.


A quoi donc veux-tu qu'elle me serve maintenant ?

On avait encore jamais vu d'aveugle tirer à l'arbalète. Ou alors pour s'amuser, simplement !
Le dîner ? Non préparé ? Norf de norf, serait-il arrivait trop tôt ? Ou trop tard pour le déjeuner ? Il eut le temps de se le demander durant l'absence de sa filleule. Il eut même le temps de porter la main...
La porte s'ouvrait à nouveau et le coupa dans son élan, aussi alla-t'il plutôt passer la main sur la barbe naissante sur son visage. Bouarf ! Il faudrait quelques jours de plus que les six derniers jours pour arriver à quelque chose de convenable.


Inutile de t'excuser, j'arrive à l'aveuglette.

Et il réalisa. Il était aveugle.

Oublie le mauvais jeu de mots... J'ai fait mieux il y a trois jours ! Bref. Les Champlecy ! Je leur ai dit de s'installer à Germigny parce que je n'ai pas confiance en eux. J'applique une vieille règle. Garde tes amis proches de toi, tes ennemis encore plus...

L'esquisse d'un sourire s'afficha sur le visage du Dément.

Et ta famille dans la paume de ta main. Je ne peux pas me permettre de les savoir à manigancer quelques complots visant à réunir cette famille en Provence. Ma vie est ici.

Il aurait bien ajouté d'être auprès de ses proches et pouvoir couler une vie paisible avec sa rousse et l'enfant à naître loin des ficelles du pouvoir mais... Il ne pouvait se passer de cela.

Et alors elle répondit à sa question sur son état de santé. Passant le ton qu'elle avait eu avant que le godet ne tombe. D'ailleurs, il reprit une gorgée du nouveau godet !


Tu me vois ravi qu'Olivier ait trouvé un intérêt autre que ses anciennes occupations. Mais j'espère pour lui qu'il t'a complètement soigné.

Une menace dissimulée ? Non. Une menace de mort, purement et simplement !
Tiens, pas de bruit de verre tombant au sol cette fois, bien visé donc !


L'objet... Oui. Vois-tu, il... Aaah !

Et d'un geste vif, il retira le bandeau serrant sa tête, l'envoyant dans une direction hasardeuse.

Je ne supporte plus cette chose ! On dirait un étau autour de la tête et ça résonne... ça résonne !

Si il avait vu... Si il avait pu voir... Ils n'en seraient certainement pas à préparer un dîner. Et pourquoi était-elle bornée au point de faire passer sa douleur après sa curiosité ?
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Primaelle
Qu'est-ce que j'en sais moi... peut être que tu aurais voulu que ta compagne l'ait, ou en faire du petit bois. Ça te regarde...

Elle non plus n'avait pas d'utilité pour cette arbalète, elle avait toujours préféré manier l'arc.
Elle se concentra sur les dires champlecyens, mais la douleur dans son bras qui ne cessait de grandir et le fait d'attendre une réponse qui n'arrive pas commencèrent à l'agacer.


Hum, maintenant que tu es l'aise... est-ce que tu vas enfin me dire ce qui t'amène, et cet objet...norf.

Le ton de sa voix fut sec, on sentit percer dans ses intonations la lutte contre le mal qui la rongeait.
Zelgius
Du petit bois ? Norf m'enfin tu délires ! Un chef d'oeuvre pareil ?

Oui, elle devait délirer, il n'y avait pas d'autres explications possible... plausible !

Mais en effet, ça me regarde, à défaut du reste.

Jeu de mots sur sa cécité : fait.
Passons au reste.

Et quel reste ! La chose ne fut pas dans la phrase en elle-même mais dans son intonation. Une intonation sèche, douloureuse. Il n'avait donc pas rêvé ce qu'il avait cru percevoir quelques minutes plus tôt.


Je suis venu te donner mon testament.

Vlan ! Ça, c'est fait !

Mais tu es sûre que tu vas bien ? Ce n'est pas parce que je n'ai plus mes yeux que je ne m'aperçois pas quand tu vas mal.
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Primaelle
Les mots parvinrent aux oreilles de l'Ebène, ils y résonnèrent même plusieurs fois, répondant à leur propre écho, lointain...
"Testament"... "Testament"... "Testament"... "Tu vas mal", "tu vas mal", tu vas mal...".
Mais la douleur cette fois-ci l'empêcha d'articuler quelque mot que ce soit.
Un gémissement sourd et long pour toute réponse. Les yeux clos, le visage crispé, son sang commençait à bouillir dans ses veines, de battre ses tempes...


Olivier... réussit-elle à déglutir.

Elle ne réalisait pas ce qu'il était en train de passer, elle ouvrit les paupières avec difficulté. Son teint devint grisâtre, à son front perla une goutte de sueur, et sa respiration se fit peu à peu haletante.
Elle avait besoin d'Olivier, plus que jamais, et la terreur s'empara d'elle.


Trouve le, pitié... J... J'ai... mal.

Son bras semblait grouiller d'un million de petites fourmis rouges, grappillant petit bout par petit bout sa chaire endolorie et putride.
Elle retira le gant qui couvrait sa main gauche, elle découvrit des petites hémorragies apparaissant au niveau de la peau sous forme de taches violacées.


Aide... moi...

Eut-elle supplié si un nuage noir n'obscurcit sa vue, un violent bourdonnement dans les oreilles la coupa de ce qui l'entourait.
Et ce fut le noir complet. Dodo Kateline.
Zelgius
Il se serait attendu à une réponse. Des questions. Des craintes. Mais... Pas à ça. Certainement pas à ça. En même temps, comment aurait-il pu ? Lui, l'aveugle, le Dément, celui qui ne se préoccupe que de lui et jamais des autres hormis pour leur soutirer des informations et des services ?

Mais pas à tous...

Ce fut pour cette raison qu'il commença à se lever alors qu'elle marmonnait enfin une réponse. Olivier. Olivier ? Pourquoi faire ? Ah oui, c'était son conjoint !


Sebastian ! Vas trouver Olivier, maintenant !

Et enfin, il avait contourné la table sans trop se cogner à celle-ci pour se retrouver aux côtés de sa filleule qui continuait à haleter quelques mots par-ci, par-là.

Shht. Je suis là, Kat.

Plus rien.
Comment ça plus rien ?
Pourquoi plus rien ?


Kat ? Kateline !?

Toujours rien.

Norf ! Et ce basin qui ne répond pas !

Ou bien ne l'avait-il tout simplement pas entendu, tout concentré qu'il était sur sa filleule.

Filleule qu'il extirpa de la chaise dans laquelle elle se trouvait, et ce presque que sans anicroche aucune, pour l'allonger au sol. C'était bien ce qu'il fallait faire dans ses cas là, non ?

Le résultat de la scène ? Un Dément assis au sol dans un océan de noir -bah oui, il est toujours aveugle- avec sa filleule qu'il tenait dans ses bras.

Une toile de maître à coup sur !


Allez Kat, répond-moi.

Foutu cécité !
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Primaelle
Mais elle était déjà loin l'Ebène, dans son esprit c'est sa vie qui lui revint par flashs. Comme un kaléidoscope de souvenirs...

Elle revit son enfance en Lorraine, auprès de son père.
Elle revit les lettres de sa mère lui racontant le Berry.
Elle revit les chemins malfamés en compagnie d'une Angloyse et d'un Irlandais.
Elle revit son arrivée à Bourges.
Elle revit ses vieux amis, la famille : Zel, Sand, Zephir, All, Nathan, et tous ceux qu'elle était sur le point de laisser.
Elle revit aussi ceux qu'elle était sur le point de rejoindre : Poum, Lei.
Elle ressentit son plus grand amour plus fort que jamais, elle revit leur histoire manquée, la douleur, le manque. Elle vit le visage de celui que Déos lui avait donné, puis repris... N.
Elle vit la vie qu'elle n'aurait jamais, les adieux qu'elle ne pourrait jamais faire.

Puis son cœur s'arrêta de battre, elle expira son dernier souffle dans les bras de son parrain... Kateline n'était plus...
Zelgius
"Jusqu'ici, tout va bien." Allez, Kate, tu l'as dit. Tu vas bien.

La preuve que le Dément possède encore des sentiments ? Oui, très certainement. Mais pour combien de temps encore ?
L'étreinte sur sa filleule se resserrait alors que peu à peu les souffles de sa respiration se faisait plus faible.


Reste avec moi... Allez.

Un combat perdu d'avance, le seul qu'il voulait gagner et dont il n'arrivait pas même à effleurer les prémices d'une petite victoire.

Comment pouvait-elle mourir maintenant ? Dans ses bras. Le dernier souffle d'une vie qui lui était chère. L'une des rares... Et pourtant, si elle mourrait anui dans ses bras, c'était sa faute.

Mais il ne pouvait pas le savoir l'aveugle. Il ne pouvait pas voir que la cause de cette mort était la brûlure qu'elle avait eu la nuit de l'incendie de Bourges. Incendie lancé sur son ordre. Pour quelques raisons maintenant bien loin de lui.

Il tenait maintenant le corps de sa défunte filleule dans ses bras, serrant encore plus son étreinte comme si cela aurait pu la ramener.


J't'interdis de me laisser, j'ai besoin de toi !

Pour la première fois depuis bien longtemps, ses yeux s’humidifièrent. Mais ce ne furent pas des larmes salées qui inondèrent le visage du Champlecy. Des larmes au goût de fer à la place... Des larmes de sang, traçant des sillons rouges sur ses joues.

Mais il ne s'en rendit pas compte, son attention était ailleurs. Sa douleur aussi.

Ce qu'il venait de se passer avait détruit une partie de lui. Morte avec Kateline. Et la seule chose qu'il réussit à exprimer par la suite fut un cri de plusieurs minutes étouffé dans la chevelure de la défunte qu'il serrait toujours plus fort contre lui. Un cri déversant la douleur accumulée depuis les derniers mois.

La perte de sa vue.
La perte de sa main droite.
La perte de Violyn.
La perte de Kateline.

Surtout, la perte de Kateline.

Et puis après tout... Jusqu'ici tout va bien. Mais l'important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage.



Référence au film "La Haine" bien évidemment !
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