Umbra
Ne dit-on pas que la vie est un long fleuve tranquille ? LOmbre, quant à elle, préfère longer la rive à pieds plutôt que de simmerger dans les eaux troubles au risque de sy noyer. Certains prendraient ça pour de la fierté mal placée mais Umbra ne voit là que de la méfiance. Au bord du cours deau, elle guette dun il ombrageux. Si beaucoup se seraient demandé où mène son courant ou quelle est sa température dans lespoir dapaiser leurs craintes avant de plonger. La Noiraude, elle, sinterroge plutôt sur la rive den face. Elle cherche à voir plus loin que la vie et son fil monotone. Par-delà des bancs de poissons grouillant, elle tente de comprendre lexistence. Mais à vivre sur terre, elle ne voit pas ce dont les tréfonds recèlent. Ombeline tente de connaitre les secrets abyssaux sans sy mêler. La vie est un gouffre quelle surplombe tout en souhaitant connaitre la profondeur de sa faille.
Son existence na pas été des plus paisibles jusquaujourdhui. Vouée à demeurer dans lignorance, les coups durs rythmant les dizaines dannées de sa jeune vie ont fini par avoir raison delle. Sans identité à proprement parlé, la Bâtarde sest recluse dans limage que le monde reflète delle: Une Ombre. Au fur et à mesure, ses tourments polissent son âme, estompant la notion de bonheur, effaçant le gout de vivre. Seul le temps marque à coup de cernes, de rides prématurées et de cicatrices, le chemin quelle éprouve chaque jour que le Très-Haut fait. Petit à petit, la jouvencelle devient poussière, ne gardant du roc que la froideur. Elle endure son passage ici-bas en silence. Toutes ses questions demeurent sans réponse pour le simple fait quelle ne les pose jamais de vive voix. LOmbre est persuadée que lhumain est un inculte et que seuls les livres divulguent les vérités. Cependant, dans sa prise de position, elle en oublie que lauteur de dogmes noircissant les pages quelle feuillette inlassablement nest autre quun Homme.
De toutes ses erreurs et ses paradoxes, Umbra nen a pas conscience. A fuir la compagnie des siens, elle étrique davantage son esprit. Lisolement quelle simpose pèse sur sa pensée et son caractère. En somme, la Noiraude tourne en rond dans son aquarium
Postée devant la fenêtre dune vieille maison, Ombeline observait la pluie tombée. Une vraie radée qui sinfiltrait de part et dautres dans le séjour. Les lattes du parquet simbibaient deau et le planché gondolait sous ses bottes. Un bruit sourd gronda par-dessus la musique dambiance orageuse, celui de la Bâtarde qui maugréait :
La prochaine fois, on trouvera mieux, Fleur Je veux bien partager cette aventure avec toi mais il y a des limites tout de même...
Des notions de salubrité et dintimité que la demeure quelles sétaient octroyées, sans laccord du cadastre, ne cautionnait pas. Une petite semaine à vagabonder entre les différentes auberges de Guéret avait suffit à vider leurs aumônières de leurs derniers écus. Le coût de la vie dans la cité était excessif au gout des deux brunes. Comment pouvaient-elles reprendre des forces, le ventre creux ? Leurs maigres revenus couvraient à peine le confort dune chambrée. Se concertant, les éclopées décidèrent demménager ici-lieu le temps de leur convalescence. Errant dans le bourg, elles finirent par élire domicile dans une bicoque abandonnée près des remparts. Le lieu nétait pas cossu et même, plutôt biscornu : De lextérieur, on aurait pu comparer ce taudis au visage dun homme tourmenté. Le toit, semblable à un bonnet de nuit pointu, piquait du nez. A létage, deux fenêtres faisaient penser à des orbites béantes. Une petit lucarne au dessus de lentrée imageait un nez empâté tandis que la porte imitait une bouche plaintive que les bourrasques faisaient claquer des dents. Les mauvaises herbes grignotaient le bas de ce faciès de pierres donnant lallure dune barbe broussailleuse.
Surement les résidents avaient-ils été contraints de quitter leur chaumière à la suite dun raide de brigands. Tous les objets de valeurs avaient disparus mais moult breloques jonchaient le sol. Le mobilier était renversé à terre mais paraissait encore solide. Avec laide de lOrtie, le Passiflore remit la table sur pied et redressa les chaises intactes. Le bois moisi des autres servit à allumer lâtre en ce jour daverse. La Boiteuse navait pas encore eu le courage de saventurer dans les escaliers branlants. Elle restait donc au rez-de-chaussée à faire les cents pas tel un poisson dans son bocal.
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Son existence na pas été des plus paisibles jusquaujourdhui. Vouée à demeurer dans lignorance, les coups durs rythmant les dizaines dannées de sa jeune vie ont fini par avoir raison delle. Sans identité à proprement parlé, la Bâtarde sest recluse dans limage que le monde reflète delle: Une Ombre. Au fur et à mesure, ses tourments polissent son âme, estompant la notion de bonheur, effaçant le gout de vivre. Seul le temps marque à coup de cernes, de rides prématurées et de cicatrices, le chemin quelle éprouve chaque jour que le Très-Haut fait. Petit à petit, la jouvencelle devient poussière, ne gardant du roc que la froideur. Elle endure son passage ici-bas en silence. Toutes ses questions demeurent sans réponse pour le simple fait quelle ne les pose jamais de vive voix. LOmbre est persuadée que lhumain est un inculte et que seuls les livres divulguent les vérités. Cependant, dans sa prise de position, elle en oublie que lauteur de dogmes noircissant les pages quelle feuillette inlassablement nest autre quun Homme.
De toutes ses erreurs et ses paradoxes, Umbra nen a pas conscience. A fuir la compagnie des siens, elle étrique davantage son esprit. Lisolement quelle simpose pèse sur sa pensée et son caractère. En somme, la Noiraude tourne en rond dans son aquarium
Postée devant la fenêtre dune vieille maison, Ombeline observait la pluie tombée. Une vraie radée qui sinfiltrait de part et dautres dans le séjour. Les lattes du parquet simbibaient deau et le planché gondolait sous ses bottes. Un bruit sourd gronda par-dessus la musique dambiance orageuse, celui de la Bâtarde qui maugréait :
La prochaine fois, on trouvera mieux, Fleur Je veux bien partager cette aventure avec toi mais il y a des limites tout de même...
Des notions de salubrité et dintimité que la demeure quelles sétaient octroyées, sans laccord du cadastre, ne cautionnait pas. Une petite semaine à vagabonder entre les différentes auberges de Guéret avait suffit à vider leurs aumônières de leurs derniers écus. Le coût de la vie dans la cité était excessif au gout des deux brunes. Comment pouvaient-elles reprendre des forces, le ventre creux ? Leurs maigres revenus couvraient à peine le confort dune chambrée. Se concertant, les éclopées décidèrent demménager ici-lieu le temps de leur convalescence. Errant dans le bourg, elles finirent par élire domicile dans une bicoque abandonnée près des remparts. Le lieu nétait pas cossu et même, plutôt biscornu : De lextérieur, on aurait pu comparer ce taudis au visage dun homme tourmenté. Le toit, semblable à un bonnet de nuit pointu, piquait du nez. A létage, deux fenêtres faisaient penser à des orbites béantes. Une petit lucarne au dessus de lentrée imageait un nez empâté tandis que la porte imitait une bouche plaintive que les bourrasques faisaient claquer des dents. Les mauvaises herbes grignotaient le bas de ce faciès de pierres donnant lallure dune barbe broussailleuse.
Surement les résidents avaient-ils été contraints de quitter leur chaumière à la suite dun raide de brigands. Tous les objets de valeurs avaient disparus mais moult breloques jonchaient le sol. Le mobilier était renversé à terre mais paraissait encore solide. Avec laide de lOrtie, le Passiflore remit la table sur pied et redressa les chaises intactes. Le bois moisi des autres servit à allumer lâtre en ce jour daverse. La Boiteuse navait pas encore eu le courage de saventurer dans les escaliers branlants. Elle restait donc au rez-de-chaussée à faire les cents pas tel un poisson dans son bocal.
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