Leandre
[Entre Dijon et Dole. Ca n'a rien de drôle.]
Père ?
Oui ?
Est-ce vrai ?
Quoi donc ?
Que nous risquons de trouver la mort au détour d'un chemin ?
Bien sur.
A cause de quoi ?
Plein de choses, mon fils.
Oui, mais donnez-moi des exemples...
Les monstres dont je t'ai parlé, les brigands qui infestent les chemins ou encore la noblesse décadente qui chasse sur les routes du comté.
Les nobles chassent sur les routes ?
Certains oui, je viens de le dire !
Pourquoi font-ils cela ? Je croyais que les nobles chassaient le gibier dans leur domaine.
Et bien parce qu'ils ne méritent en rien de porter une couronne sur leur grosse tête putride... Ils ne chassent pas d'animaux, mais carrément les brigands.
N'est-ce pas le rôle de la maréchaussée pourtant ?
Si, c'est pour cela que je dis qu'ils ne méritent en rien leur titre de noblesse... Ecoute un peu !
Et pourquoi que personne ne leur enlève alors ?
Parce que ce sont des amis de l'actuelle Franc-comtesse, et vu que cette dernière est aussi peu respectueuse de la vraie et belle noblesse, comme celle de notre famille, et bien elle laisse agir ces gueux qui n'ont de noble que leur nom dans un registre.
...
J'espère vraiment que nous n'allons pas nous installer en Franche-Comté.
Ne t'en fais pas pour cela.
Et les monstres, ils ressemblent à quoi ? Ils crachent du feu comme les dragons ? Ils sont plus gros que les rats de Dieppe ?
Non, ils ne crachent pas de feu, mais ressemblent un peu à des rats, oui.
...
Personne n'a pensé à exterminer ce genre d'atrocités ?
Si.
...
Et ?
Et ceux qui ont essayé sont morts.
...
Père ?
Oui ?
Je veux faire demi-tour.
Il n'en est pas question, je ne t'emmène pas à Dole pour un voyage de complaisance ! Il fallait réfléchir avant de commettre des idiotes ! Maintenant tu assumes.
...
...
Père ? Pourquoi Soeli n'est-elle pas avec nous à l'intérieur ?
Parce qu'elle ne le mérite pas !
Mais elle est gentille pourtant, et même si c'est bien de monter à cheval, je pense qu'elle préfèrerait être assise comme nous sur une banquette que de nous suivre derrière.
Ton avis m'importe bien peu, tu sais...
Moi je l'aime bien Soeli, et je trouve pas qu'elle ressemble à une bonniche.
Malheureusement pour moi, si, c'est bien la bonniche de ta mère.
...
Elle est où ma mère d'ailleurs ?
Elle se repose.
Pourquoi ?
Bon, t'en as pas marre de poser toutes ces questions ?!
...
Le jeune Leandre, bâtard de Valfrey de son état, abandonna finalement la passionnante conversation qu'il tenait avec son père, le comte de Beaufort, Jontas, pour se concentrer sur le paysage qui défilait. Dehors, les chemins, les arbres et même les personnes rencontrées ressemblaient fortement à ce qu'il était possible de voir en Bourgogne. Rien qui aurait pu effrayer le garçon, comme l'avait pourtant prévenu Jontas. Avait-il cherché à lui faire peur inutilement ? Dans ce cas, autant dire que pour le moment c'était plutôt réussi puisque Leandre en avait eu des cauchemars la nuit qui précéda leur voyage.
Et puis les raisons véritables de cet aller-retour étaient bien obscures aux yeux de Leandre. Si son père avait souhaité lui faire vivre un calvaire, il n'en restait néanmoins pas qu'il tenait à lui faire rencontrer quelqu'un. Le jeune garçon l'ignorait bien, mais le comte voulait tout simplement que son fils rencontre son futur parrain. Il s'en fichait bien, l'héritier de Beaufort ; lui avait surtout remarqué qu'on l'avait séparé de Maeve, de nouveau. Mais il n'avait pas son mot à dire de toute façon. Enfin si, mais il serait ignoré.
Quelques heures passèrent, sans que Leandre ne détache son regard de l'extérieur, tentant quelques fois d'apercevoir Soeli dont la monture fatiguait un peu. Il cherchait surtout à oublier que leur convoi pouvait se faire attaquer à tout instant par une horde de monstre, de brigands ou de nobles qui chassaient autre chose que le gibier.
A l'horizon, la cité doloise montrait enfin le bout de son nez et le garçon se décida à s'asseoir de nouveau convenablement, les yeux rivés vers l'avant. Qu'allait-il l'attendre dans l'enceinte de la capitale ? Il préférait ne pas l'imaginer, du moins pas tout de suite. Pour le moment, le véhicule ralentissait, probablement afin de permettre à la garde franc-comtoise de connaître l'identité des visiteurs. Le jeune impérial grommela dans sa barbe qu'il n'avait pas encore, maudissant l'incompétence de ceux qui ne savaient même pas reconnaître les oriflammes aux couleurs de Beaufort qui flottaient fièrement au-dessus du cortège comtal.
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Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse
Père ?
Oui ?
Est-ce vrai ?
Quoi donc ?
Que nous risquons de trouver la mort au détour d'un chemin ?
Bien sur.
A cause de quoi ?
Plein de choses, mon fils.
Oui, mais donnez-moi des exemples...
Les monstres dont je t'ai parlé, les brigands qui infestent les chemins ou encore la noblesse décadente qui chasse sur les routes du comté.
Les nobles chassent sur les routes ?
Certains oui, je viens de le dire !
Pourquoi font-ils cela ? Je croyais que les nobles chassaient le gibier dans leur domaine.
Et bien parce qu'ils ne méritent en rien de porter une couronne sur leur grosse tête putride... Ils ne chassent pas d'animaux, mais carrément les brigands.
N'est-ce pas le rôle de la maréchaussée pourtant ?
Si, c'est pour cela que je dis qu'ils ne méritent en rien leur titre de noblesse... Ecoute un peu !
Et pourquoi que personne ne leur enlève alors ?
Parce que ce sont des amis de l'actuelle Franc-comtesse, et vu que cette dernière est aussi peu respectueuse de la vraie et belle noblesse, comme celle de notre famille, et bien elle laisse agir ces gueux qui n'ont de noble que leur nom dans un registre.
...
J'espère vraiment que nous n'allons pas nous installer en Franche-Comté.
Ne t'en fais pas pour cela.
Et les monstres, ils ressemblent à quoi ? Ils crachent du feu comme les dragons ? Ils sont plus gros que les rats de Dieppe ?
Non, ils ne crachent pas de feu, mais ressemblent un peu à des rats, oui.
...
Personne n'a pensé à exterminer ce genre d'atrocités ?
Si.
...
Et ?
Et ceux qui ont essayé sont morts.
...
Père ?
Oui ?
Je veux faire demi-tour.
Il n'en est pas question, je ne t'emmène pas à Dole pour un voyage de complaisance ! Il fallait réfléchir avant de commettre des idiotes ! Maintenant tu assumes.
...
...
Père ? Pourquoi Soeli n'est-elle pas avec nous à l'intérieur ?
Parce qu'elle ne le mérite pas !
Mais elle est gentille pourtant, et même si c'est bien de monter à cheval, je pense qu'elle préfèrerait être assise comme nous sur une banquette que de nous suivre derrière.
Ton avis m'importe bien peu, tu sais...
Moi je l'aime bien Soeli, et je trouve pas qu'elle ressemble à une bonniche.
Malheureusement pour moi, si, c'est bien la bonniche de ta mère.
...
Elle est où ma mère d'ailleurs ?
Elle se repose.
Pourquoi ?
Bon, t'en as pas marre de poser toutes ces questions ?!
...
Le jeune Leandre, bâtard de Valfrey de son état, abandonna finalement la passionnante conversation qu'il tenait avec son père, le comte de Beaufort, Jontas, pour se concentrer sur le paysage qui défilait. Dehors, les chemins, les arbres et même les personnes rencontrées ressemblaient fortement à ce qu'il était possible de voir en Bourgogne. Rien qui aurait pu effrayer le garçon, comme l'avait pourtant prévenu Jontas. Avait-il cherché à lui faire peur inutilement ? Dans ce cas, autant dire que pour le moment c'était plutôt réussi puisque Leandre en avait eu des cauchemars la nuit qui précéda leur voyage.
Et puis les raisons véritables de cet aller-retour étaient bien obscures aux yeux de Leandre. Si son père avait souhaité lui faire vivre un calvaire, il n'en restait néanmoins pas qu'il tenait à lui faire rencontrer quelqu'un. Le jeune garçon l'ignorait bien, mais le comte voulait tout simplement que son fils rencontre son futur parrain. Il s'en fichait bien, l'héritier de Beaufort ; lui avait surtout remarqué qu'on l'avait séparé de Maeve, de nouveau. Mais il n'avait pas son mot à dire de toute façon. Enfin si, mais il serait ignoré.
Quelques heures passèrent, sans que Leandre ne détache son regard de l'extérieur, tentant quelques fois d'apercevoir Soeli dont la monture fatiguait un peu. Il cherchait surtout à oublier que leur convoi pouvait se faire attaquer à tout instant par une horde de monstre, de brigands ou de nobles qui chassaient autre chose que le gibier.
A l'horizon, la cité doloise montrait enfin le bout de son nez et le garçon se décida à s'asseoir de nouveau convenablement, les yeux rivés vers l'avant. Qu'allait-il l'attendre dans l'enceinte de la capitale ? Il préférait ne pas l'imaginer, du moins pas tout de suite. Pour le moment, le véhicule ralentissait, probablement afin de permettre à la garde franc-comtoise de connaître l'identité des visiteurs. Le jeune impérial grommela dans sa barbe qu'il n'avait pas encore, maudissant l'incompétence de ceux qui ne savaient même pas reconnaître les oriflammes aux couleurs de Beaufort qui flottaient fièrement au-dessus du cortège comtal.
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Leandre Lazare de Valfrey
Chevalier servant de sa p'tite princesse