Astana
- [30 septembre 1461, Antre scandinave]
Au petit reluit Blondeur s'agite, la pensée pernicieuse.
Il faut qu'elle le fasse. Qu'elle lui écrive. Pour savoir.
Pli écrit à la hâte, où les mots apparaissent serrés.
La dernière phrase est totalement illisible, mais elle est là.
Citation:
Jean,
Retrouvez-moi dans mon appartement du Vieux-Pont.
J'ai à vous parler. C'est urgent. J'ai gobé une pomme.
- A.
Il faut que je sache, tu vois ? J'ai l'horloge biologique qui tourne, une épée de Damoclès au-dessus de la tronche, et j'ai pas droit à l'erreur. Je suis une vieille chouette, et les vieilles s'inquiètent de leur avenir. Elles s'interrogent et sont prêtes à tout pour avoir une réponse. Même mentir. C'est ce font. Elles assurent leurs arrières. Alors quand je vais te dire que je suis enceinte, partiras-tu en courant ? Parce qu'hypothétiquement, c'est ce qui pourrait arriver. Que je sois pleine. Grosse. Et j'entraverai plus jamais. Alors comment on fera, ce jour-là ? Tu partiras, ou tu resteras ? Lâcheté ou fierté ? Envie ou pas ? Moi pas, mais j'aurai pas le choix.
À l'inverse des femelles qui tentent de coller un marmot dans les pattes de leur homme pour sauver leur couple, l'Astana s'en invente un pour savoir si celui-ci vaut le coup de l'être. C'est une logique qui se tient. Quitte à ce que celui-ci vrille totalement à l'aveu de la trahison, du mensonge. Oui. Risque à prendre. Elle mettrait pas sa main à couper qu'il resterait, le Jean. D'ailleurs, le talisman envoyé quelques jours plus tôt ne le prouve-t-il pas ? N'est-ce pas une sorte de confession tacite ? Le foutre au pied du mur est la seule solution qui trouve grâce à ses yeux. Merci Maleus de m'avoir collé cette obsession dans le crâne. Oui c'est de ta faute tout ça. Mais pas que.
Alors De Cetzes ? Quel père feras-tu pour cet enfant qui n'existe pas encore ?
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