Asphodelle
Citation:
A Natale,
De Sa Doulce Fleur des Montagnes, lorsque le vent léger souffle sur les alpages au vert tendre, lorsque les parfums varlopent autour des jupons des femmes qui remontent leurs seilles remplis de lait pour en faire la crème.
Ce n'est pas de crème dont je viens te parler, même si les actualités m'en font bouffer de trop ces temps-ci et que je me remarque une rondeur de hanches toute nouvelle sur ma silhouette auparavant si raide.
Mais ce n'est pas de ma silhouette qui tends depuis quelques temps à s'épanouir, comme une arabesque heureuse qui se détends sous mes mains lorsque je fais courrir le pinceau sur le bombé de mes pieds - dont je viens te parler, même si le manque de soleil me fait souvent fermer les yeux sur les rayons safranés des plaines où pousse l'Arbre à Baume, et son parfum insolent que je crois encore dans mes narines lorsque je rêve de repartir.
Mais ce n'est pas de mes rêves de voyage dont je vient te parler, même si ... même si je pourrais poser là mes devoirs, préparer mon escarcelle et mes allures de chouette, avancer ma jambe un peu folle et me moquer de la dégradation de sa pesanteur, tandis que je vois arriver ce fait courrant à présent vers moi : l'hiver prochain, je ne pourrai plus marcher sans canne, l'hiver prochain, je serai infirme.
Penses-tu que l'homme qui aime, peut encore aimer la moitié d'une valide?
Crois-tu que le regard de l'homme qui aime, reste égal et sans changements, plus égal que la Lune inconstante et que le vent, le vent qui se joue des points cardinaux, tel un Branle-Fou moqueur dans les branches nues du noisetier?
Et ce n'est pas de cet amour dont je veux te parler, il s'agit là de belle mélodie, que l'on ne joue que pour soi, dans sa chambre particulière...
Je viens parler de mon Frère.
J'ai vu ton annonce concernant la Loggia louée aux Trois Renards.
Mon frère Orcus, mon jumeau à la peau brune sorti de son Monastère Maltais il y à deux ans, me rejoint à Toulouse, il vient s'installer.
Je n'ai pour le recevoir que ma cabane de Saint Cyprien, que je ne veux pas lui laisser car c'est là où je me sens bien, et ma chambrée de Saint-Sernin, mais qui est occupée par toutes mes affaires de fille, où je peux m'y baigner, m'y promener nue, et baste ! y faire tout ce qu'une fille se plaît à faire en privé.
Aussi je te demande de garder ta Loggia pour moi.
Je te verserai un accompte, et il te paiera le reste à sa venue, car l'homme a hérité de notre Mère un sens féroce des affaires, il sait tenir commerce, et il est riche.
Si tu es d'accord, je viendrai sous peu la visiter.
Dis moi prestement et sans ambages, et ne te préoccupe nullement ni de crème, ni de mes hanches, ni de mes rêves, ni de l'homme au regard constant et égal.
Je t'embrasse,
De Sa Doulce Fleur des Montagnes, lorsque le vent léger souffle sur les alpages au vert tendre, lorsque les parfums varlopent autour des jupons des femmes qui remontent leurs seilles remplis de lait pour en faire la crème.
Ce n'est pas de crème dont je viens te parler, même si les actualités m'en font bouffer de trop ces temps-ci et que je me remarque une rondeur de hanches toute nouvelle sur ma silhouette auparavant si raide.
Mais ce n'est pas de ma silhouette qui tends depuis quelques temps à s'épanouir, comme une arabesque heureuse qui se détends sous mes mains lorsque je fais courrir le pinceau sur le bombé de mes pieds - dont je viens te parler, même si le manque de soleil me fait souvent fermer les yeux sur les rayons safranés des plaines où pousse l'Arbre à Baume, et son parfum insolent que je crois encore dans mes narines lorsque je rêve de repartir.
Mais ce n'est pas de mes rêves de voyage dont je vient te parler, même si ... même si je pourrais poser là mes devoirs, préparer mon escarcelle et mes allures de chouette, avancer ma jambe un peu folle et me moquer de la dégradation de sa pesanteur, tandis que je vois arriver ce fait courrant à présent vers moi : l'hiver prochain, je ne pourrai plus marcher sans canne, l'hiver prochain, je serai infirme.
Penses-tu que l'homme qui aime, peut encore aimer la moitié d'une valide?
Crois-tu que le regard de l'homme qui aime, reste égal et sans changements, plus égal que la Lune inconstante et que le vent, le vent qui se joue des points cardinaux, tel un Branle-Fou moqueur dans les branches nues du noisetier?
Et ce n'est pas de cet amour dont je veux te parler, il s'agit là de belle mélodie, que l'on ne joue que pour soi, dans sa chambre particulière...
Je viens parler de mon Frère.
J'ai vu ton annonce concernant la Loggia louée aux Trois Renards.
Mon frère Orcus, mon jumeau à la peau brune sorti de son Monastère Maltais il y à deux ans, me rejoint à Toulouse, il vient s'installer.
Je n'ai pour le recevoir que ma cabane de Saint Cyprien, que je ne veux pas lui laisser car c'est là où je me sens bien, et ma chambrée de Saint-Sernin, mais qui est occupée par toutes mes affaires de fille, où je peux m'y baigner, m'y promener nue, et baste ! y faire tout ce qu'une fille se plaît à faire en privé.
Aussi je te demande de garder ta Loggia pour moi.
Je te verserai un accompte, et il te paiera le reste à sa venue, car l'homme a hérité de notre Mère un sens féroce des affaires, il sait tenir commerce, et il est riche.
Si tu es d'accord, je viendrai sous peu la visiter.
Dis moi prestement et sans ambages, et ne te préoccupe nullement ni de crème, ni de mes hanches, ni de mes rêves, ni de l'homme au regard constant et égal.
Je t'embrasse,