Umbra
Ce fut en auscultant les profondes entailles dun suicidé que Freyja sut quelle y passerait, elle aussi, un jour. Lesprit tendu vers celui du damné, elle entendit en sourdine les complaintes et les secrets qui tourmentaient son âme. Sa puissante foi, son imagination débordante et ses drogues violentes guidèrent son hypersensibilité vers les tréfonds de son propre cur. La vision des scarifications du désespéré ouvrirent les portes de sa réminiscence et inconsciemment, lErmite sonda son être. Elle revit ses souffrances, sa solitude, son incompréhension et comme par magie, le passé se transforma en une suite logique davenir. Lidée de passer à trépas ne leffrayait guère car cétait une évidence. Il ne fallait pas être devin pour comprendre que cétait le simple dénouement de toute vie. Mais le matin de sa mort, la Sauvage la pressentit. Elle était consciente de ne pas être tout à fait prête à franchir le cap. Sans parler de pouvoirs surnaturels, la Folle quitta sa paillasse avec un désagréable pressentiment. Comme si de rien nétait, elle entama le rituel de ses journées. Cependant, la sensation dêtre en danger permanent la suivit des heures durant comme son ombre. Pour plus de précautions, la Mère envoya Triora cueillir des simples manquants pour sa décoction. Une fois, sa fille hors de danger, la femme reprit ses activités en attendant lheure fatidique. Elle navait rien divulgué de sa prémonition à sa descendance ni même dit Adieu. La Rousse ne ressentait pas le besoin de sexprimer de la sorte, trouvant les mots trop éphémères pour lamour quelle lui portait.
Depuis sa plus tendre enfance, la Sorcière avait patiemment inculqué à son enfant la magie des plantes. Ce don de survivre à lHomme. Freyja avait tant donné à la Nature quelle était intimement convaincue que la Nature lui rendait la pareille par les effets des simples et quaprès avoir passé sa vie à soccuper de la flore, Mère Nature la cueillerait pour son repos éternel. En dévoilant tous les pouvoirs de la Nature à sa fille, lErmite lui transmit outre une connaissance pointue des vertus végétales, la notion de longévité. Dans ses moult pratiques, elle jouait avec le temps : deviner lavenir, comprendre le présent, scruter le passé. Léternité prenait son véritable sens dans lapprentissage de la gamine. Cest pour cela que la Sauvage ne souhaita pas la saluer pour cette ultime fois. Elle savait quavec le temps, Triora saurait la revoir en revisitant le passé ou en la retrouvant dans un arbre. Tout lamour que la Mère navait jamais avoué de vive voix, elle lavait cultivé dans léducation de la Rouquine et un jour, elle était persuadée que toute cette science de Vie éclorait dans lesprit juvénile.
Mais ce temps-là appartenait encore au futur et pour lheure, il ny avait que le glas qui retentissait.
Toujours nue comme un ver, souillée jusquaux entrailles, la Folle gisait à terre sous les regards sadiques des visiteurs. Petit il avait tenté de lui venir en aide mais en vain car on ne change pas le destin. Lun des intrus encore dépenaillé de ses premiers méfaits jonglait habilement avec la dague :
Bonne idée , Chienne impie ! rit-il tandis que la jouvencelle rétorque en sépoumonant :
NON !
Un impudent maitrisa facilement lenfant au sol quand un second demanda :
Dites, vcroyez quel a un cur lSorcière ? Hein, pace qucest pas dit !
La femme en question fixait toujours sa progéniture, un sourire déformant ses traits usés. Elle tendit lentement sa main vers la petite quand lhomme armé stoppa son geste en écrasant violemment ses doigts.
Allez, les gars, aidmoi à ltenir !
Les trois autres assaillants vinrent se poser autour de la Folle et chacun empoignèrent fermement le bras ou le pied devant lui. Tous la maintenaient au sol tandis que le malveillant agitait sadiquement la dague au dessus de la poitrine offerte.
Na quà vérifier
Les rôdeurs accroupis éclatèrent dun rire malsain pendant que la lame se plantait vicieusement dans la chair. Une large incision scinda labdomen de la Rousse qui renversait la tête afin de regarder inlassablement Triora. Elle maitrisait mal sa respiration et chaque halètement ouvrait un peu plus la plaie. Le sang giclait à chaque inspiration, maculant les visiteurs de leur barbarie. Le curieux qui avait lancé lidée glissa un doigt puis deux dans la blessure et écarta lentement les chairs, provoquant une effusion dhémoglobine. La carcasse du spécimen de Folle se prit de spasmes virulents et les visiteurs redoublèrent de force pour la clouer à terre. Le liquide carmin coulait à profusion alors que le tortionnaire étirait davantage la peau. Les tremblements nerveux devenaient frénétiques et les paupières de la Sorcière battaient vaguement. Son regard en direction de lenfant se faisait trouble et un rire hystérique séchappa de ses lèvres. Plus lhomme léventrait, plus le cri sintensifiait. Tous pataugeaient maintenant dans une mare de sang. La voix perdura un instant avant de sétrangler dans des flots ferreux. Le visage à lenvers, de longs filets vermeils glissaient de sa bouche jusquà ses yeux éteints, se logeant dans ses narines pour létouffer encore plus. Ses pupilles ouvertes se figeaient pour léternité sur le faciès difforme de Petit il, marquant à jamais son esprit. Le corps sagita quelques minutes avant de se raidir une bonne fois pour toute. Les tripes à lair, Freyja navait définitivement plus rien dhumaine.
Les assaillants barbouillés de sang se redressèrent tour à tour tout en scrutant leur uvre. La Sauvagerie à son apothéose, lHomme dans son infinie splendeur. Le macabre dessein humain
On fait quoi d'la môme ?
Et toutes les paires dyeux se posèrent sur Triora.
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Depuis sa plus tendre enfance, la Sorcière avait patiemment inculqué à son enfant la magie des plantes. Ce don de survivre à lHomme. Freyja avait tant donné à la Nature quelle était intimement convaincue que la Nature lui rendait la pareille par les effets des simples et quaprès avoir passé sa vie à soccuper de la flore, Mère Nature la cueillerait pour son repos éternel. En dévoilant tous les pouvoirs de la Nature à sa fille, lErmite lui transmit outre une connaissance pointue des vertus végétales, la notion de longévité. Dans ses moult pratiques, elle jouait avec le temps : deviner lavenir, comprendre le présent, scruter le passé. Léternité prenait son véritable sens dans lapprentissage de la gamine. Cest pour cela que la Sauvage ne souhaita pas la saluer pour cette ultime fois. Elle savait quavec le temps, Triora saurait la revoir en revisitant le passé ou en la retrouvant dans un arbre. Tout lamour que la Mère navait jamais avoué de vive voix, elle lavait cultivé dans léducation de la Rouquine et un jour, elle était persuadée que toute cette science de Vie éclorait dans lesprit juvénile.
Mais ce temps-là appartenait encore au futur et pour lheure, il ny avait que le glas qui retentissait.
Toujours nue comme un ver, souillée jusquaux entrailles, la Folle gisait à terre sous les regards sadiques des visiteurs. Petit il avait tenté de lui venir en aide mais en vain car on ne change pas le destin. Lun des intrus encore dépenaillé de ses premiers méfaits jonglait habilement avec la dague :
Bonne idée , Chienne impie ! rit-il tandis que la jouvencelle rétorque en sépoumonant :
NON !
Un impudent maitrisa facilement lenfant au sol quand un second demanda :
Dites, vcroyez quel a un cur lSorcière ? Hein, pace qucest pas dit !
La femme en question fixait toujours sa progéniture, un sourire déformant ses traits usés. Elle tendit lentement sa main vers la petite quand lhomme armé stoppa son geste en écrasant violemment ses doigts.
Allez, les gars, aidmoi à ltenir !
Les trois autres assaillants vinrent se poser autour de la Folle et chacun empoignèrent fermement le bras ou le pied devant lui. Tous la maintenaient au sol tandis que le malveillant agitait sadiquement la dague au dessus de la poitrine offerte.
Na quà vérifier
Les rôdeurs accroupis éclatèrent dun rire malsain pendant que la lame se plantait vicieusement dans la chair. Une large incision scinda labdomen de la Rousse qui renversait la tête afin de regarder inlassablement Triora. Elle maitrisait mal sa respiration et chaque halètement ouvrait un peu plus la plaie. Le sang giclait à chaque inspiration, maculant les visiteurs de leur barbarie. Le curieux qui avait lancé lidée glissa un doigt puis deux dans la blessure et écarta lentement les chairs, provoquant une effusion dhémoglobine. La carcasse du spécimen de Folle se prit de spasmes virulents et les visiteurs redoublèrent de force pour la clouer à terre. Le liquide carmin coulait à profusion alors que le tortionnaire étirait davantage la peau. Les tremblements nerveux devenaient frénétiques et les paupières de la Sorcière battaient vaguement. Son regard en direction de lenfant se faisait trouble et un rire hystérique séchappa de ses lèvres. Plus lhomme léventrait, plus le cri sintensifiait. Tous pataugeaient maintenant dans une mare de sang. La voix perdura un instant avant de sétrangler dans des flots ferreux. Le visage à lenvers, de longs filets vermeils glissaient de sa bouche jusquà ses yeux éteints, se logeant dans ses narines pour létouffer encore plus. Ses pupilles ouvertes se figeaient pour léternité sur le faciès difforme de Petit il, marquant à jamais son esprit. Le corps sagita quelques minutes avant de se raidir une bonne fois pour toute. Les tripes à lair, Freyja navait définitivement plus rien dhumaine.
Les assaillants barbouillés de sang se redressèrent tour à tour tout en scrutant leur uvre. La Sauvagerie à son apothéose, lHomme dans son infinie splendeur. Le macabre dessein humain
On fait quoi d'la môme ?
Et toutes les paires dyeux se posèrent sur Triora.
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