Selene.
C'est fou c'que tu peux fair' causer
Mais les gens sav'nt pas qui tu es
Ils viv'nt chez toi mais t'voient jamais
Paname
Si tu souriais j'aurais ton charme
Si tu pleurais j'aurais tes larmes
Si on t'frappait j'prendrais les armes
Paname
Tu n'es pas pour moi qu'un frisson
Qu'une idée qu'un' fille à chansons
Et c'est pour ça que j'crie ton nom
Paname*
Paris.
Nestrecha traîne des sabots sur les pavés boueux dun Paris lavé dune pluie malodorante. La Lune revêtue dune cape se laisse bercer, ballotée au rythme de sa monture, lesprit baguenaude aussi loin que les souvenirs puissent le permettre Paris, mère nourricière dune Sélène à laube de ses quinze ans, Paris amante de ses nuits sans sommeil, Paris préceptrice à lapprentissage de la vie et surtout de la survie, Paris meurtrière et ses pavés teintés du rouge carmin de tant dâmes délaissées, Paris libératrice dun cri victorieux, Libertad.
Dans lombre de la capuche, on pourrait discerner lesquisse dun sourire carnassier. Paris magique, aura donnant vie au fluide sinuant ses veines dune chaleur vivifiante. Des lustres quelle a abandonné le giron maternel puant de la cité. Puant oui, car Paris pue, de sa vie grouillant inlassablement. Paris ne dort jamais. Sélène bascule lentement sa tête en arrière, capuche abandonnant lanonymat, révélant le visage dalbâtre à la grisaille tant chérie. Visage offert aux perles ondines, larmes du ciel se mêlant discrètement aux siennes, si rares. Larmes de joie, larmes de honte davoir tant délaissé ce qui la sculptée, ce qui a fait delle ce quelle est aujourdhui. Les paupières recouvrent un azur troublé enivré des odeurs oubliées et pourtant si familières. Le nez aquilin inspire doucement, reconnaissant là lodeur de souffre des cheminées, ici lodeur de sang pourrissant dune boucherie, et là encore lodeur nauséeuse dune tannerie suivie de lodeur appétissante dun pain sortant du four, puis celle répugnante et âcre durine. Tant de multitudes dans une unité, Paris.
Les azurs souvrent alors que le visage se redresse, découverte oculaire du monde parisien, autre multitude, celles des êtres disparates, que ce soit la catin aux seins aguicheurs, le boucher au couperet sanguinolent, le vieux mendiant édenté faussement cul-de-jatte à la main tendue en supplique à la sainte bourse qui lui offrira livresse dune jarre de piquette, aux enfants rieurs dévalant les rues en quête de poches à délester sur leur passage, aux ventes sauvages dun panier à lautre, marché éphémère. Paris est un cadavre méphitique habité dasticots grouillants, ici tout est impur, ici tout est authentique.
Bordel quelle laime cette ville !
Pour le coup, elle bénit Ode, son petit museau de Renarde, sa presque sur. Elle la revoit encore avec son air contrit et ses émeraudes suppliantes. Une potion, il lui fallait quérir une potion à base dorties afin de guérir les nausées et spasmes douloureux dune grossesse qui débutait et quelle voulait mener à terme, question de vie ou de mort. Plissure du nez aquilin, les derniers mots touchent la Lune plus que la Renarde le croit et pourtant elle a transformé linstant trop sérieux en franche rigolade, lui sortant quà défaut de potion dortie introuvable en Anjou, elle pouvait toujours la fouetter avec les dites orties, toutes fraîches et urticantes à souhait. En amie fidèle, en sur de cur, la voici revenue à ses origines à fureter des azurs les rues à la recherche dun endroit où se poser. La foule devient trop dense à son goût, le corps svelte se glisse le long de la monture, brides en main elle avance, musarde tranquillement nayant cure de la pluie. Une auberge lui tend les bras, Nestrecha est remise au bon soin de lécurie, et elle au bon soin du cuisinier. Repue, heureuse de cette échappée belle, elle reprend dassaut les venelles, la quête dun étal dapothicaire peut commencer
Une esquisse de sourire, le bonheur Odéen est à portée dazur, elle sapproche devant les flacons étalés sous une tenture précaire, menaçant de lâcher à tout moment une trombe deau emprisonnée dans une courbe de tissus pesant sous le poids liquide. La main libre gantée, effleure les flacons à la recherche du trésor de vie paisible et assassin des fameuses « joies de la maternité ». Sélène se penche, scrute les étiquettes aux encres délavées, cheveux détrempés faisant rideau à son profil. La main abandonne la recherche un instant, afin que le cuir de lindex vienne gratouiller le nez énervé de chatouillis par les larmes de pluie. Le sourcil sarque, azur pointé sur sa quête achevée, un sourire, main agrippant le graal et dintimer au vendeur ventru et puant la graisse, la sueur et autres merveilles émanant dun corps, de lui en préparer une dizaine de flacon. Profitant de lattente de sa commande, la Lune réserve quelques flacons dessence de jasmin, ainsi quun sachet dherbes prometteuses de détente, le meilleurs moyen pour elle de trouver un temps soit peu le sommeil.
La bourse décus déposée au creux dune paume contre un paquet bien ficelé. Hochement de tête, sourire franc et sen retourner vers lauberge. Les pensées volent vers sa Renarde, promesse tenue entre ses mains. Puis tout à coup le choc. Perdue dans un instant dinattention, elle na pas vu la tornade déboulant de lauberge. Confrontation des épaules, douleur diffuse. La Lune grimace, ses mains sont vides, lazur se remplit de limage déconcertante dun paquet au sol, fracassé, les différents liquides nuançant le tissus de lemballage. Plissure de nez, soupir dépité et colère pulsant dans les veines Lunaires.
Merde !
Ptain pouvez pas faire attention ! Dla merde dans les yeux ou quoi ?
* Léo Ferré Paname
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Mais les gens sav'nt pas qui tu es
Ils viv'nt chez toi mais t'voient jamais
Paname
Si tu souriais j'aurais ton charme
Si tu pleurais j'aurais tes larmes
Si on t'frappait j'prendrais les armes
Paname
Tu n'es pas pour moi qu'un frisson
Qu'une idée qu'un' fille à chansons
Et c'est pour ça que j'crie ton nom
Paname*
Paris.
Nestrecha traîne des sabots sur les pavés boueux dun Paris lavé dune pluie malodorante. La Lune revêtue dune cape se laisse bercer, ballotée au rythme de sa monture, lesprit baguenaude aussi loin que les souvenirs puissent le permettre Paris, mère nourricière dune Sélène à laube de ses quinze ans, Paris amante de ses nuits sans sommeil, Paris préceptrice à lapprentissage de la vie et surtout de la survie, Paris meurtrière et ses pavés teintés du rouge carmin de tant dâmes délaissées, Paris libératrice dun cri victorieux, Libertad.
Dans lombre de la capuche, on pourrait discerner lesquisse dun sourire carnassier. Paris magique, aura donnant vie au fluide sinuant ses veines dune chaleur vivifiante. Des lustres quelle a abandonné le giron maternel puant de la cité. Puant oui, car Paris pue, de sa vie grouillant inlassablement. Paris ne dort jamais. Sélène bascule lentement sa tête en arrière, capuche abandonnant lanonymat, révélant le visage dalbâtre à la grisaille tant chérie. Visage offert aux perles ondines, larmes du ciel se mêlant discrètement aux siennes, si rares. Larmes de joie, larmes de honte davoir tant délaissé ce qui la sculptée, ce qui a fait delle ce quelle est aujourdhui. Les paupières recouvrent un azur troublé enivré des odeurs oubliées et pourtant si familières. Le nez aquilin inspire doucement, reconnaissant là lodeur de souffre des cheminées, ici lodeur de sang pourrissant dune boucherie, et là encore lodeur nauséeuse dune tannerie suivie de lodeur appétissante dun pain sortant du four, puis celle répugnante et âcre durine. Tant de multitudes dans une unité, Paris.
Les azurs souvrent alors que le visage se redresse, découverte oculaire du monde parisien, autre multitude, celles des êtres disparates, que ce soit la catin aux seins aguicheurs, le boucher au couperet sanguinolent, le vieux mendiant édenté faussement cul-de-jatte à la main tendue en supplique à la sainte bourse qui lui offrira livresse dune jarre de piquette, aux enfants rieurs dévalant les rues en quête de poches à délester sur leur passage, aux ventes sauvages dun panier à lautre, marché éphémère. Paris est un cadavre méphitique habité dasticots grouillants, ici tout est impur, ici tout est authentique.
Bordel quelle laime cette ville !
Pour le coup, elle bénit Ode, son petit museau de Renarde, sa presque sur. Elle la revoit encore avec son air contrit et ses émeraudes suppliantes. Une potion, il lui fallait quérir une potion à base dorties afin de guérir les nausées et spasmes douloureux dune grossesse qui débutait et quelle voulait mener à terme, question de vie ou de mort. Plissure du nez aquilin, les derniers mots touchent la Lune plus que la Renarde le croit et pourtant elle a transformé linstant trop sérieux en franche rigolade, lui sortant quà défaut de potion dortie introuvable en Anjou, elle pouvait toujours la fouetter avec les dites orties, toutes fraîches et urticantes à souhait. En amie fidèle, en sur de cur, la voici revenue à ses origines à fureter des azurs les rues à la recherche dun endroit où se poser. La foule devient trop dense à son goût, le corps svelte se glisse le long de la monture, brides en main elle avance, musarde tranquillement nayant cure de la pluie. Une auberge lui tend les bras, Nestrecha est remise au bon soin de lécurie, et elle au bon soin du cuisinier. Repue, heureuse de cette échappée belle, elle reprend dassaut les venelles, la quête dun étal dapothicaire peut commencer
Une esquisse de sourire, le bonheur Odéen est à portée dazur, elle sapproche devant les flacons étalés sous une tenture précaire, menaçant de lâcher à tout moment une trombe deau emprisonnée dans une courbe de tissus pesant sous le poids liquide. La main libre gantée, effleure les flacons à la recherche du trésor de vie paisible et assassin des fameuses « joies de la maternité ». Sélène se penche, scrute les étiquettes aux encres délavées, cheveux détrempés faisant rideau à son profil. La main abandonne la recherche un instant, afin que le cuir de lindex vienne gratouiller le nez énervé de chatouillis par les larmes de pluie. Le sourcil sarque, azur pointé sur sa quête achevée, un sourire, main agrippant le graal et dintimer au vendeur ventru et puant la graisse, la sueur et autres merveilles émanant dun corps, de lui en préparer une dizaine de flacon. Profitant de lattente de sa commande, la Lune réserve quelques flacons dessence de jasmin, ainsi quun sachet dherbes prometteuses de détente, le meilleurs moyen pour elle de trouver un temps soit peu le sommeil.
La bourse décus déposée au creux dune paume contre un paquet bien ficelé. Hochement de tête, sourire franc et sen retourner vers lauberge. Les pensées volent vers sa Renarde, promesse tenue entre ses mains. Puis tout à coup le choc. Perdue dans un instant dinattention, elle na pas vu la tornade déboulant de lauberge. Confrontation des épaules, douleur diffuse. La Lune grimace, ses mains sont vides, lazur se remplit de limage déconcertante dun paquet au sol, fracassé, les différents liquides nuançant le tissus de lemballage. Plissure de nez, soupir dépité et colère pulsant dans les veines Lunaires.
Merde !
Ptain pouvez pas faire attention ! Dla merde dans les yeux ou quoi ?
* Léo Ferré Paname
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