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RP - Bois d'ébène pour galère espagnole.

Tigist

    [Saintes, Poitou.]


La tête est gracile, qui s'agite au gré du vent, une tête bien faite aux reflets d'ébène où trônent deux yeux mordorés, passant vivement d'un endroit à l'autre. Aux aguets, la frêle créature s'attend à tout moment à être chassée de son perchoir ou de sa vie, d'un mouvement rapide, la robe est époussetée pour en ôter toute trace de poussière ou de crasse, on en est si vite recouvert à frayer avec la populace des villes françaises, et Saintes n'échappe pas à la règle en dépit de son nom grandiloquent. Et quand le répit semble se faire dans l'esprit, voilà qu'une main vient repousser toute espèce de tranquilité.

- Dégage.*

Car cette histoire ne raconte pas la vie du moineau qui piaille d'indignation en s'éloignant à tire d'aile mais plutôt celle de la propriétaire de la main sombre qui vient de le repousser. Un soupir expiré du bout des lèvres d'ébène, le regard hautain suit pourtant le vol de l'étourneau avec envie, elle aimerait pouvoir s'envoler aussi et quitter cet endroit où les oiseaux sont à l'image triste et fade de leur royaume. Chez elle, les oiseaux étaient si colorés que les plus beaux de ses atours semblaient dépourvus de couleurs à côté d'eux, mais chez elle semble si loin, même Damas où elle avait été captive, resplendissait de toutes les splendeurs de l'Orient. Comme son père serait déçu de savoir que son Occident tant rêvé, est si décevant, et combien elle donnerait pour pouvoir retourner se réfugier dans ses robes pour le lui raconter et rire ensemble de cette mésaventure aux allures de cauchemar.

- Tiens-toi droite !

La réponse ne se fait pas attendre, et cinglante, la voix éructe en un français parfait, appris auprès des esclaves de son père.

- Si ta chienne de mère avait su ce que voulait dire la droiture, tu ne serais pas de ce monde.

Et le coup de trique en réponse lui arrache un gémissement qu'elle étouffe entre ses dents derrière un sourire narquois, parce qu'en dépit du coup reçu, elle sait qu'elle a touché sa cible. Il ne parle le français que maladroitement, et il n'a du comprendre que quelques mots, assez pour la complaire dans le sentiment qu'elle est bien plus érudite que lui, même si dans la situation actuelle, cela ne sert à rien. Et la rêverie reprend tandis que le regard se pose sur les passants, la mine hautaine sert si bien à dissimuler l'angoisse qui l'étreint à apercevoir les regards curieux et remplis d'animosité des poitevins qui considèrent l'étrange spectacle qu'ils offrent : Lui, le syrien a la mine patibulaire, portant un cimeterre à la ceinture, elle, la statue d'ébène qui se voue entièrement à cet état de statue pour ne pas s'écrouler de désespoir.

Encore doit-elle remercier le contexte, car après Damas et sa population hétéroclite, où elle avait été déshabillée et offerte à l'oeil concupiscent de quelques grands dignitaires, le royaume de France puritain lui évitait une énième humiliation, et les soies recouvraient en grande partie le corps de la jeune femme.


- Souris ou je te frappe encore.
- Si tu me frappes encore, personne ne voudra de moi.
- Personne ne veut de toi ! Mais je te briserai et je te vendrai à un bordel français, c'est moins agréable qu'un harem !
- Alors je me tuerai
- J'aurai eu mon argent.


Et le sourire qui lui sert ne l'aide pas à être rassurée. Elle avait su, grâce à son mauvais caractère, échapper aux harem syriens, mais les bordiaux français feraient-ils la fine bouche ? Et si elle devait mourir ? Tout ça pour avoir tenté une escapade hors du palais..

- Si mon père l'apprend, tu mourras chien de syrien.
- Ton père te croit encore chez nous, idiote. Et il a bien d'autres chats à fouetter que la disparition d'une de ses filles.


Combien de malédictions dans sa langue natale pour invectiver l'homme, le lâche qui détenait captive une fille de Negusse Negest. Mais aucun résultat, si ce n'est les coups qui pleuvent encore et font rire la populace qui voit là une occasion de se divertir, et le regard furieux qu'elle leur jette font redoubler les rires de plus belle. Comment leur en vouloir ? Elle aurait ri de la même façon à une exécution publique, voire même plus si la sentence avait été cruelle. Oui mais voilà, elle arrive à leur en vouloir, et les yeux flamboient d'une haine mal contenue. Elle les hait tous parce qu'ils la voient se donner en spectacle et n'agissent pas. Ah son père l'entendra quand il lui vantera la charité et la bonté de ces foutus aristotéliciens qu'il envie et aspire à imiter. Le pied chaussé d'une mule abimée par les voyages vient heurter l'écritoire où sont griffonnés quelques mots « Esclave à vendre. Lettrée, pucelle, haute lignée. » qui s'échoue dans une flaque de boue.

- Cesse ta mauvaise humeur ou je te rosse.
- Lâche.


Ce mot-là bien que français a été bien compris, et le syrien s'empourpre avant de ricaner et de l'insulter. Les chaînes l'entravent bien trop pour qu'elle puisse le gifler pourtant, l'air mauvais fait son effet, et le bonhomme recule et bascule de la petite estrade où ils se tiennent tous deux pour atterrir sur un homme passant par là, avant de se relever bien vite pour dégainer sa lame et maudire l'infortuné qui l'aura ridiculisé plus encore.

- Voilà enfin un adversaire à ta taille, chien !

Elle pourrait rire, mais cet adversaire-là a de quoi la faire frémir, elle aussi. Mais si elle frémit, c'est surtout parce qu'elle ne sait plus ce qu'elle doit craindre.

Oh.. Etre un moineau et partir vite. Si seulement..

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[*Les dialogues en italiques sont en arabe ou en amharique.]
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Avec Eikorc, on est un peu les J.K.Rowling des royaumes.
Eikorc
[Saintes - Poitou]

Qu’est-ce qu’on s’emmerde…
C’est la pensée principale qui habite la caboche du de Nerra depuis qu’il est arrivé en ville. Il en viendrait presque à se demander ce qu’il fout là, en plus. A part pour surveiller une Lune comme on le lui a demandé… Les sourcils se froncent en y repensant, tout le monde a dû le remarquer qu’elle n’était plus elle-même, toujours perdue dans ses pensées, souvent plus occupée avec du vélin qu’à écouter ce qu’il se trame autour d’elle… Mais sans doute ne l’ont-ils jamais vu comme ça, les autres.
Un léger sourire vient étirer les lèvres du colossal mercenaire errant dans les rues poitevines, il y a bien longtemps, des années, c’était en sa présence que la Caïte de Libertad perdait de l’intérêt pour les autres présences… Mais ça, c’était avant. Le sourire s’élargit alors qu’il traverse une foule de garnement réclamant des écus à tout va, oui, la Lune est amoureuse, et il le sait. Mais il n’ira jamais lui en parler… Chacun ses emmerdes et tant qu’elle ne se laisse pas tuer bêtement, il n’interviendra pas.

La foulée s’allonge et l’épaule massive bouscule un adolescent pouilleux aux yeux émerveillés devant un poulet en train de rôtir… L’odeur taquine quelques secondes les narines du géant, mais l’azur de son regard est plutôt attiré par les lames qui brillent de l’autre côté de la rue. Les mâchoires se crispent parce que sa jambe se fait chaque jour plus raide, mais il traverse les pavés sans encombre pour réussir à se pencher sur lame finement ciselée.
Les yeux habitués caressent la forme du métal, imaginant toutes les possibilités des dégâts que pourraient infliger cette lame courbe… Surtout avec le langage étranger dont il ne comprend rien qui est baragouiné dans son dos. Il tend même à peine l’oreille quand le conflit s’envenime, trop intéressé par l’arme qu’il vient même caresser du bout des doigts sous le regard mauvais du forgeron…


« Mierda ! »

Ça, c’est ce qui lui échappe quand l’index vient se planter contre la lame à cause d’un choc sur son flan qui l’a déséquilibré… Et dans la foulée le colosse s’est déployé pour poser un regard noir sur l’esclavagiste encore avachis dans la boue, à ses bottes. Les mâchoires se serrent alors que l’énergumène se relève en quatrième vitesse pour sortir sa lame et le menacer avec.
Le regard se durcit, l’azur métallique se mettant à flamboyer alors que les muscles gonflent, élargissant encore la carrure déjà impressionnante du de Nerra. Surtout que l’inconscient se met à le maudire et à l’insulter dans un français à peine maitrisé… Comme si c’était lui qui l’avait bousculé !


« Ta gueule fils de chien. »

Les mots claquent d’une voix ferme, le ton déjà agressif de la voix rauque faisant s’arrêter les passants mais pas le Syrien qui s’offusque de l’insulte et rugit encore plus, levant sa lame vers la gorge du colosse. Un grognement sourd, animal même, s’élève du fond de la gorge du mercenaire et les mains agissent d’un coup. La dextre déjà blessée attrapant la lame à pleine main pour la repousser, l’écartant de son visage… Tandis que la senestre attrape la garde du sabre posé sur l’étal pour enfoncer la lame ondulée directement dans la tempe de l’esclavagiste.
Pas un seul cri n’est poussé par l’homme dont le regard écarquillé se voile à l’instant même où la lame ressort de l’autre côté de son crâne. Les mâchoires serrées, le géant admire le sang qui s’écoule alors que le corps s’affale à ses pieds, contre l’estrade. Un grognement méprisant lui échappe alors qu’une femme hurle de l’autre côté de la rue. Un tel déchaînement de violence pour une simple altercation, apparemment, ça choque encore…

Le crâne est repoussé d’un coup de botte et le mercenaire arrache une bourse à sa ceinture pour la déposer sur l’étal du forgeron, pour la location de l’arme du crime autant que pour son silence. Et c’est en redressant la trogne qu’il aperçoit l’esclave noire qui le fixe avec un regard ahuris.


« Tu ferais mieux de te casser avant que la garde n’arrive… Te voir avec un cadavre à tes pieds, ça risque de pas leur plaire. »

Il ne sait même pas si elle l’a compris, mais déjà il se détourne, s’engouffrant rapidement dans une ruelle attenante et plus sombre, pour s’éloigner le plus vite de la scène du crime en enveloppant sa main blessée d’un foulard sombre… Un énième cadavre à ajouter à la liste des sauts d’humeur d’El Diablo...
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"Pour toujours... Et à jamais."

Zoko & Fablitos
Tigist
Le Diable est universel, et un instant, elle pourrait avoir de la pitié pour le syrien de se retrouver confronté à l'homme qui se tient devant lui, car il est l'incarnation du Diable à n'en pas douter. La violence du geste, aucun muscle ne bronche, et le sang qui s'écoule, incarnat qu'elle aurait voulu verser de sa propre main si elle n'avait été si faible. Chez elle, le spectacle aurait été apprécié, pas à sa pleine valeur, bien trop rapide pour être savouré mais quand même, la précision du geste aurait valu de l'admiration au colosse, mais ici, comme ici tout est différent, et le hurlement de la femme au loin lui renvoie l'écho de sa propre situation. Son corps est là mais l'esprit flotte, survolant le cadavre qui s'est échoué dans un bruit mat contre l'estrade, les mots du meurtrier la tirent violemment de sa torpeur, et un frisson glacé coule dans le dos comme une réponse tardive au hurlement féminin. Pourquoi n'a-t-elle pas crié, elle qui se retrouve prise au piège, enchaînée. Les esclaves du syrien sont partis en piaillant, profitant de l'aubaine, et elle ? Elle tente d'appeler le colosse qui déguerpit déjà. La panique rend précipités chacun des gestes esquissés, et le souffle court, elle tente d'atteindre le cadavre, sans y parvenir, alors la jambe se tend, se glisse au bas de l'estrade, sur le corps sanguinolent, et les orteils s'écartent, tandis que l'éthiopienne tente de calmer les battements sauvages du cœur qui s'agite à l'idée que la garde pourrait la trouver là. Pire qu'un esclave en fuite, un esclave meurtrier, et si les règles ne sont certainement pas les mêmes exactement en royaume de France, au moins, la mort ne peut être impunie. La cordelette qui retient la clé est hissée à portée de main, et les doigts s'activent, agités de soubresauts pour dénouer la ficelle et en sortir la clé qu'elle s'empresse de glisser dans la serrure qui ferme les fers à sa cheville. Liberté, comme ce mot laisse un goût amer dans la bouche quand on ne sait quoi en faire.

Fuir. Oui mais par où ? Elle ne sait même pas où elle se trouve, le marchand d'esclaves s'est bien gardé d'en faire mention, et les rares fois où elle a tenté de poser la question aux autochtones, ils lui ont jeté des regards inquiets ou des propositions indécentes. Et coupant court à toute réflexion, le cliquetis des hallebardes du guet vient emplir la halle, et ni une, ni deux, Tigist de déguerpir sur les traces du colosse sans chercher. La fuite, voilà qui peut caractériser chacune des minutes qui ont suivi son départ du foyer paternel, la fuite, le souffle court, et loin d'y trouver une consolation, loin de se dire que si elle fuit, c'est qu'elle n'est plus prisonnière, elle y voit une torture de plus. Le sang qui bat dans les tempes lui brouille la vue, et la gorge la brûle de respirer un air trop court, trop peu chargé en particules de vie, elle fuit mais c'est sa mort qui la rattrape, car elle court trop vite pour un être si faible, et loin d'avoir hérité de la sagesse de Makeda, elle ne s'arrêtera pas, à moins d'y être contrainte.

Et c'est le cas, car c'est un mur contre lequel elle s'échoue, un mur de chair et de muscles. Un monstre.. Le Diable ! Et c'est un réflexe de survie qui la pousse à reculer en gémissant, bien sa veine, passer de Charybde en Scylla, il faut au moins être elle pour que se fourrer dans ce genre de situation. Animal pris au piège qui se plaque contre le mur, le poil hérissé, haletante, elle considère l'homme qui a trépané le dernier qui l'a bousculé. Mais si l'homme est un animal, son instinct de survie est à revoir.


- Aide moi.

Elle scrute du regard derrière eux, craignant qu'à tout moment, la garde n'arrive et ne la tue. La panique de nouveau, qui s'incruste dans le regard farouche qu'elle jette à son vis à vis, son sauveur qui pourrait devenir son tueur. Elle aurait voulu y mettre de la superbe, elle aurait voulu être de nouveau la fille de son père, mais elle est perdue. Ce royaume n'est pas le sien, les règles n'y sont pas les mêmes, et s'il faut tout tenter pour survivre, alors elle tentera jusqu'à l'impensable et ira jusqu'à donner son âme au Diable.

- Tu me comprends ? Tu dois m'aider. Ils me tueront.

Le doute, soudain, de ne pas avoir employer les mots qu'il faut, et la voilà qui jure entre ses dents, la main fine est passée en tremblant sur le visage, et le corps s'affaisse contre le mur. C'était donc ça le but de toute cette aventure ? Son destin ? Tu parles d'une aubaine. Crever dans un coin de France, paumé avec pour seul témoin un fou qui tue les gens qui le bouscule, mourir sur une place publique de la main de vulgaires hommes du guet dans une ville perdue de l'Occident chéri de son père. Que lui reste-t-il à faire ?

Rien. Et c'est cette conclusion qui fait naître le rire hystérique qui vient la secouer, tranchant avec les larmes qui s'écoulent sans qu'elle ne les remarque.

On est mal barrés.

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Avec Eikorc, on est un peu les J.K.Rowling des royaumes.
Eikorc
L’obscurité des ruelles est retrouvé avec plaisir, le colosse ne regarde même pas où il va trop, trop occupé à éponger le sang qui s’écoule de sa main… Pressant le foulard contre la paume ouverte en grommelant contre les sabres trop bien aiguisés qui percent le cuir trop facilement. Il allonge sa foulée après avoir enturbannée sa pogne, grognant de douleur en forçant sur sa jambe droite, l’obligeant à plier contre son gré, à supporter son poids plus qu’habituellement. Mettre le plus de distance possible entre lui et la scène de crime, c’est la clé. Oui, il a payé le forgeron qui ne dira rien, mais il n’a rien laissé aux autres passants qui pourraient donner la direction prise.
Il ne s’arrête qu’après s’être à demi-dissimulé dans un carrefour plus sombre que les autres, plissant les yeux pour surveiller les alentours attentivement. A quelques mètres le porche d’une auberge dans lequel il pourra s’engouffrer et se faire oublier… S’il met le prix adéquat bien entendu. La senestre détache une énième bourse accroché à sa ceinture et il l’a à peine ouverte qu’un choc le prend au dos.

La masse imposante pivote d’un seul coup, prête à frapper, alors que le regard balaie la zone pour trouver l’agresseur, mais c’est l’oreille qui capte et situe la présence qui vient de le heurter. Un simple gémissement réclamant de l’aide… L’azur s’abaisse sur la silhouette sombre qui s’affole en regardant dans tous les sens, comme si le diable était à ses trousses. Les sourcils se froncent quand elle le fixe, effrayée, paniquée… Comme s’il était un sauveur !


« T’es complètement abrutie ou quoi ? Tu crois qu’ils vont me laisser la vie sauve à moi s’ils me trouvent ? Tu crois que j’ai que ça à foutre de te sauver les miches ? »

Le ton est dur, presque agressif, alors qu’il grogne face à la jeune femme qu’il prend enfin le temps de détailler. L’azur du regard détaillant les traits, découvrant presque la couleur de sa peau… Elle n’était qu’une ombre parmi les passants jusqu’à maintenant. Et là voilà qui s’écroule en s’adossant au mur, sanglotant et arrachant au mercenaire un grognement de mépris… Certes, vu comment elle se comporte elle risque de claquer rapidement dans une ville où tout le monde va les chercher… Un géant et une négresse, pas la plus facile des descriptions pour passer inaperçu.
Et alors qu’il s’apprête à la laisser là, contre son mur, il l’entend rire. Ce genre de rire qu’il connait et qu’il peut laisser échapper quand il laisse la folie prendre la maîtrise de son corps. L’azur étincelle soudain et il se penche, pour saisir violemment le bras fin de la jeune femme.


« Bouge toi, on a pas beaucoup de temps. Et arrête de rire ou je t’assomme ! »

Les mots sont soufflés d’une voix plus rauque encore, parce qu’il entend au loin les cris de la garde qui se rapproche… Tous ses muscles se tendent et l’adrénaline envahit ses veines, exacerbant ses sens habitués au combat. La prise sur la chair se fait plus ferme, plus forte même, et il l’arrache au sol, la soulevant comme une poupée de chiffon pour l’entraîner avec lui, profitant que l’artère se vide pour rejoindre le porche repéré en courant… Et il la plaque violemment contre la porte, l’écrasant de son torse contre l’huis alors qu’il frappe trois coups de sa main blessée.
Et la voix claque sourdement alors que le judas s’ouvre et que la bourse ouverte est dévoilée au regard concupiscent du taulier…


« Tu ouvres la porte, tu fermes les yeux et si on te demande, tu nous as vu nous enfuir vers les remparts Nord. Tu fais ça et cette bourse est entièrement à toi… Compris ? »

Les mâchoires se crispent parce que l’énergumène semble réfléchir, aurait-il fait la connerie de tomber sur le seul et unique aubergiste honnête du Royaume ?
Clac. La porte s’ouvre et des bruits de pas se font entendre, il s’est enfuit. Un grognement approbateur s’échappe de la gorge colossale et il pousse l’esclave à l’intérieur en soufflant d’une voix basse, contre son oreille


« Tu sais pas où tu t’es embarquée, mais dépêche toi d’aller te planquer dans la cave, c’est le seul endroit où on sera tranquille, je t’y rejoins dès que j’ai récupéré de nous rendre présentable… »

Autrement dit, dès que j’ai trouvé de quoi me soigner et de quoi t’habiller pour que tu ne ressembles plus à la dernière des esclaves en fuite…
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"Pour toujours... Et à jamais."

Zoko & Fablitos
Tigist
Un colosse grognant à qui mieux mieux, une négresse hilare de folie, et si la garde passait nul doute qu'ils seraient exécutés sans attendre, tant ils ont l'air coupable. Les mots la survolent, elle en comprend l'essentiel, nageant dans un océan de démence, et n'ayant appris du français que ce qui lui semblait important. Pourtant, elle comprend qu'il est furieux à l'idée de l'aider, et voilà qui rajoute encore plus à son hilarité. Perdue ? Pas tout à fait, car le bras qui la saisit n'a pas l'air de vouloir la laisser à son sort, et le rire se mue en un gémissement d'indignation vite tu, au fur et à mesure que la cadence de l'esclave s'accorde à celle du colosse. Les bruits au loin lui font l'effet du meute de loups prêts à les égorger, et son père lui a répété maintes fois leurs keberos n'ont rien à voir avec les loups immenses de l'Occident. Elle court l'esclave et subit le traitement du colosse sans broncher, même si tout son corps la lance, et quand elle atterrit avec brutalité contre la porte, puis qu'elle se retrouve prise entre l'homme et le bois, à peine émet-elle un son, en dépit de la douleur provoquée par la rudesse du choc, et les pièces de fer enfoncées dans sa chair.

D'une oreille, elle entend les propos de l'homme, de l'autre, elle perçoit la meute qui se rapproche, et si elle ne parle pas assez bien français, ce n'est pourtant pas cela qui la retient de supplier le tenancier de leur ouvrir, c'est l'orgueil. C'est être faible et être un boulet alors qu'on l'a sauvé. Le cœur cogne dans la poitrine, et c'est un instant hors du temps qui les laisse là devant cette porte qui ne s'ouvre pas encore, qui pourrait être leur salut, mais qui est une barrière qui les laisse à la merci du guet qui ne va plus tarder. Enfin, elle s'ouvre, et la voilà projetée en avant, essoufflée de terreur autant que d'espoir, un soupçon d'espoir qui reste et qui perce le mur de l'angoisse quand il lui jette quelques paroles comme on donnerait du pain à un miséreux, et comme le miséreux, elle les accepte avec voracité, et s'en repaît à toute vitesse. L'essentiel est perçu : Se cacher. Encore.

Le regard s'attarde et cherche ce qui pourrait être une cachette, n'ayant pas compris le mot « cave », et derrière le comptoir où elle voulait se dissimuler, une trappe qu'elle ouvre tremblante, avant d'emprunter l'escalier taillé à même la pierre. C'est sinistre, noir et ça sent le renfermé, mais pour Tigist, cette tanière – car c'en est une assurément – a des airs de temple où rien ne pourra lui arriver, et quand la trappe est refermée, que les pieds tâtonnent pour descendre les degrés, alors le silence lui renvoie le son de son propre cœur avec un message en fond sonore. Elle est vivante. Les deux mains se plaquent contre les lèvres ébènes pour retenir le gloussement de satisfaction démente qui la prend, la vie la grise et pour la survie, elle tait l'enivrement de cette découverte, pour mieux mettre à profit le temps gagné. Les mains glissent silencieusement sur les étagères, touchant ça et là, des tonneaux ou des cageots avant de distinguer un endroit libre et assez rencogné pour qu'on ne l'y trouve pas du premier coup.

Le manteau de laine grossière que le syrien lui a passé sur le dos pour dissimuler la tenue orientale, est posé au sol pour ne pas être en contact avec la terre battue déposée là, et les doigts prennent la mesure des dégâts subits. Les coups de bâton du marchand commencent à faire leur office, et sous la pulpe des doigts, la chair est tendue, douloureuse, plus encore devant, là où le corps s'est retrouvée écrasée contre la porte, le bras aussi lui fait mal, mais c'est une douleur salutaire, c'est celle qui l'a sauvée, elle n'en tient pas cas, moins que cette cheville qu'elle ose enfin ausculter doucement, pour constater avec une grimace que si la chair la brûle, c'est qu'elle est à vif par les fers trop longtemps fermés, et arrachés avec précipitation. Un ricanement moqueur lui échappe alors qu'elle imagine son frère, rentrant de la chasse, pleurant auprès de leur mère pour quelques contusions, Baéda-Maryam aurait eu une bonne raison de pleurer avec une plaie comme celle-ci. Le bilan est mitigé, pas de blessures graves, mais une multitude de contusions qui devrait la priver de sommeil un certain temps..

Mais le sommeil n'est pas nécessaire, et elle le repousse avec véhémence, préférant de loin, continuer son investigation des lieux, et sous ses doigts soudain, elle sent un morceau métallique et s'en saisit pour analyser l'objet en forme de T, rien qu'une bondonnière, mais si un garde ou toute autre personne venait à entrer, elle saurait en user pour le percer comme on perce un tonneau. Et cette assurance soudaine, suffit à la rassurer assez pour que la prise se raffermisse sur l'outil en attendant que le colosse revienne, comme il l'a promis.

S'il revient. Mais cette éventualité est laissée de côté avec force volonté. Il reviendra, il l'a dit. Il le faut.

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Dans la vie, j'ai deux passions. Le dessin n'en fait pas partie.
Theli


Ah par Dieu qu'il était bon ce repas!
De bon appétit, le bonhomme était à rogner la côte que le taulier lui avait apporté. La sauce maculait ses doigts, mais c'était si bon que franchement, le gêné qui aurait porté un regard sur lui pouvait bien aller se torcher avec ses convenances. Les quelques légumes restant sur le plat ne lui était d'aucun intérêt, par contre le porcelet tournant sur la broche au centre la grande cheminée de l'auberge lui faisait de l’œil.

Gargantua lui aurait presque envié son appétit!
Mais depuis le temps qu'il avait trainé sa carcasse sur des vaisseaux aux maîtres coq aux papilles peu goûteuses, il se serait volontiers fait éclater la panse.

La barbe luisait de la sauce sucrée, et d'un geste à l'intention de l'aubergiste, il désigna l'âtre. Si avec ça il ne comprenait pas! Il ne donna pas de la voix, il n'en avait pour ainsi dire pas. Heureusement qu'il avait un air jovial, cela compensait. Si pas de voix, d'ouïe il ne manquait pas. Et le tambourinage à la porte lui fit tourner la trogne, curieux. L'hésitation palpable du taulier, elle, lui fit hausser un sourcil curieux tandis qu'il entamait les côtes nouvellement apportées. Nom de Dieu qu'c'était bon!

Un doigt est sucé... Un autre. Bruyamment, comme celui qui se régale en fin de compte, tout en lorgnant sans discontinuer sur les hôtes étranges nouvellement arrivés. Impressionnant en taille, impressionnante en sombre... Un sourire naquit. Et de les voir chercher à se planquer ne fit que lui faire travailler l'esprit.

Œil acéré, il ne manqua pas remarquer que l'homme semblait blessé. Rixe qui avait mal tournée? En attendant, il prit un nouvel os à rogner. Boooon...
Eikorc
A l’instant où la donzelle s’écarte pour tituber en direction du comptoir, il laisse échapper un soupir, secouant la trogne en passant sa main intacte sur son visage… Les méninges tournant à toute allure pour réfléchir à comment s’extirper de cette situation, des vêtements féminins, ça, il a juste un tour à faire dans les étages supérieurs pour en voler… A moins que…
Le regard fait le tour de la pièce, parcourant chaque personne en train de se restaurer, son regard croisant celui d’un homme en train de dévorer ses plats, les doigts et le menton plein de sauce. Merde, ils sont déjà repérés, celui là n’aura rien laissé passé vu comment ses yeux scrutent toute la pièce.

La trogne est secouée alors que le de Nerra s’éclipse dans l’ombre, contournant le comptoir pour s’engouffrer dans une pièce exigüe… Un fois à l’abri des regards, le foulard noir est resserré fermement autour de sa plaie, comprimant la chair pour refermer cette cicatrice qu’il ne cesse de rouvrir et stopper l’écoulement de sang. Et il pousse un énième soupir, plus qu’à trouver des fringues pour la jeune femme partie se planquer… Ou alors la laisser là-dessous et se tirer ? Non, autant l’avoir laissée crever dans la ruelle sinon… Plutôt l’habiller et l’envoyer se planquer ailleurs, il pourra toujours la retrouver plus tard si elle arrive à se débrouiller seule pendant un moment.
Les yeux parcourent la pièce où il s’est planqué et un sourcil se hausse de surprise quand ils tombent sur une pile de linge sale entassé dans un coin… Sale… Certes, mais est-ce qu’une esclave en fuite va lui en porter rigueur ? Un grommèlement s’échappe et le mercenaire attrape une longue cape noire légèrement tâchée de boue en se disant que ça suffira à cacher la silhouette autant que la couleur de peau…

Le vêtement est négligemment jeté en travers de son épaule avant qu’il ne fasse demi-tour, rejoignant la trappe pour descendre les escaliers à son tour, grognant de douleur à chaque fois que son poids est posée sur sa jambe droite, la légère course n’a pas arrangé les choses… Les cicatrices rendant les mouvements plus douloureux encore. Et il crispe les mâchoires quand le talon de sa botte glisse sur la pierre humide d’une marche, s’agrippant au mur in extremis pour ne pas se retrouver affaler dans la terre du sous-sol…
Il jure une fois de plus, grommelant contre ces conneries d’escaliers trop petits pour ses grands panards… Et il se penche autant qu’il peut, pour essayer de parcourir les ombres dans l’obscurité. Autant chercher une aiguille dans une meule de foin : comment apercevoir une noire alors que la seule lumière vient d’un soupirail à l’autre bout de la caverne… ?


« J’ai trouvé de quoi t’habiller. Dépêche toi de venir le prendre, on a pas que ça à foutre… »

La voix transperce le silence presque pesant alors qu’au-dessus d’eux le plancher craque sous les pas des clients. Les chaises raclant sur les planches et faisant tomber la poussière sur le sol terreux…

« Est-ce que tu comprends ce que je dis au moins ?! »

Et c’est maintenant qu’il se pose la question qui peut foutre tout son plan dans la merde…
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"Pour toujours... Et à jamais."

Zoko & Fablitos
Theli


Mordiable... Ce qu'il avait vu venait lui travailler la cervelle. Tout en suçant son os net de toute chair porcine, le navigateur vit là une belle occasion de voir autre chose que des vagues et la gerbe des mousses avides d'aventures qui n'avaient pas le pied marin. Pourquoi ne pas tenter sa chance sur le plancher des vaches?

Alerte, Theli ne cessait de lorgner, oubliant même de finir le plat qu'il avait devant lui. Les doigts rincés, une grosse tranche de pain finit sa vie dans le gosier sans fond de l'homme de mer, tandis que d'une main il prenait écuelle de bois contenant les restes de son repas et vin servi. Pas d'outre, il n'en aurait eu que peu l'utilité ici, sachant que le tonneau était en perce. Maigre pitance, mais tout d'même! Quelques côtes, du pain trempant dans la sauce, puisqu'il l'y avait jeté et godet de vin, ils n'allaient tout de même pas se plaindre.


Ah ah ah!

Il allait vivre autre chose que la houle!
Le pas lourd de l'homme bien portant, le barbu se dirigea vers le comptoir délaissé et après une brève inspection, passa la pointe de la botte dans l'anneau qui permettait d'ouvrir la trappe que l'on pouvait trouver dans tout hostellerie de ce type. Lui même tenait un bouge quelques années auparavant, et il savait ce qu'on pouvait dégotter là dedans.

Nulle discrétion, il s'en foutait comme du dernier grain. Toutefois, pas maso, il se présenta les paluches en l'air, tenant la graille en équilibre précaire. Inconvénient : sans pouvoir en placer une correctement, c'était ballot de ne pouvoir prévenir qu'il venait en paix.


...ai..!

Promis, il ne dirait rien de plus pour le moment. Pour compenser, c'est un franc sourire qu'il adressa aux vils cachottiers, et les épais sourcils se rejoignirent en voyant la main luire d'humidité dans la pénombre, grâce aux quelques lumières passant le plancher.

Il ne vit pas bien le visage du bonhomme à qui appartenait cette main, chercha à poser le verre qui le gênait dans ses mouvements et... le colla sur le tronc du type. Réflexes voulaient qu'il le rattrape quitte à en être imbibé.

D'un doigt il désigne la main blessé avant de la chopper carrément et de la mettre devant un filet de lumière. Un signe négatif de la tête en guise de diagnostic. Ça allait pas, non non non.

Si celui à qui appartenait la mimine la lui reprit, ou s'il la lâcha, il ne le sut pas bien, puisqu'il zieuta la fille. Dure à voir... Il tendit l'écuelle un peu à l'aveugle et fit signe de manger en porter les doigts à sa bouche.

Le bruit de la porte qui claqua dans la pièce au dessus de leur tête ne lui laissa pas le loisir d'en "placer" une de plus. Et aux bruits des pas... Garde en approche.
Tigist
L'humain est un animal, et les animaux sont sociaux. Oui mais pour le coup, l'animal qui se terre dans ce trou-ci craint l'arrivée d'autres présences, et il est aux abois. Au dessus d'elle, les planches grincent sous le poids des pas, ils vont et viennent, et à chacun d'eux, elle tressaute, enfonçant les ongles dans sa propre chair pour retenir les glapissements de terreur, mais les pas se rapprochent, le palpitant s'agite, et la trappe s'ouvre pour laisser entrer un faisceau de lumière et des grognements, et la carrure qui assombrit de nouveau la pièce lui arrache un soupir de soulagement. Et loin de percevoir l'apaisement de la fuyarde, les mots claquent dans la bouche du colosse, et c'est un reniflement de mépris qui y répond. Terrée dans son coin, elle ouvre la bouche pour y répondre, lui assurer qu'elle comprend ce qu'il dit, ou du moins l'essentiel des mots, peu habituée à l'argot qu'il emploie, et la trappe s'ouvre de nouveau lui refusant le loisir de remballer son sauveur – jeunesse ingrate – pour céder le passage à un autre homme.

Assise sur le manteau rugueux, elle s'enfonce de plus belle dans son coin, convaincue qu'on ne l'y trouvera pas si elle n'émet aucun son. Oui mais voilà l'autre parle, du moins émet-il des onomatopées et il touche le grand, car contrairement à eux, les yeux ont eu le temps de s'habituer à l'obscurité, et elle observe de son refuge, la main tenue. Jusqu'à ce qu'on s'intéresse de nouveau à elle, en tendant quelque chose, c'en est bien trop pour la téméraire petite chose qui vient glisser à quatre pattes sur le sol de la cave pour se relever et se faufiler derrière le géant. Voilà comme d'un mal, on en arrive à choisir le pire. Impétueuse – et bien cachée – elle chasse d'un claquement de main celle qui touche celui qui lui offre le salut, si la luminosité le permettait, il verrait le regard furibond que la jeune fille lui jette, si la lumière pouvait entrer dans la pièce, il lirait le reproche hurlant dans l'ombre. Tu vas tout faire capoter ! Voilà ce qu'elle voudrait lui crier, mais décidément, il semblerait que Tigist n'ait pas son mot à dire ce jour, puisque du bruit se fait entendre, et le poil se hérisse sur la peau foncée. Les cliquetis.. Ce sont les loups qui reviennent, et les ongles s'enfoncent dans le dos du colosse. La terreur, ça fait mal, mais c'est elle qui en souffre le plus.

Dans le silence implacable de la cave, on pourrait entendre leurs respirations, sensation surprenante que la conscience d'autres corps à côté de soi, sans pourtant les voir. La main qui a frappé, se tend de nouveau pour attraper l'écuelle avec fermeté et l'arracher de la main du muet, et la voilà qui s'accroupit pour la déposer avec silence sur le sol. Oui, le sol, c'est là qu'on est le mieux. Au ras du sol ou perchée très haut. Une leçon de vie qu'elle a appris à Debra-Berhân, où chacun faisait de son mieux pour éviter le négus quand celui-ci entrait dans une fureur meurtrière et à laquelle même sa propre famille peinait à échapper, mais pas elle, passée maîtresse dans l'art de la dissimulation et de la discrétion. Et la voilà qui se redresse, peinant à retenir les nausées qui l'étreignent, la peur donne des ailes ? Rien qu'un goût amer, cuivré dans la bouche, la main vient s'appuyer sur le torse du colosse, et l'index de l'autre s'écrase sur la bouche de l'intrus. Qu'importe si les gestes sont mal accueillis, sa vie lui importe trop pour s'encombrer d'orgueils mâles froissés.

Et si elle n'a ni leur carrure, ni leur force masculine, du moins est-elle plus discrète qu'eux, et la voilà qui les délaisse pour gravir les échelons, prenant soin de ne pas accrocher les voilages sur les marches grossières pour plaquer une oreille contre la trappe et percevoir l'interrogatoire du tenancier qui débute, les hommes qui regardent dans les pièces voisines, et vite, redescendre mais pas sans apercevoir entre deux tonneaux un vieux drap traînant au sol, sûrement laissé là pour protéger quelques denrées de l'humidité. Alors les mains se font pressantes, qui traînant, qui poussant de son mieux, pour diriger les deux hommes vers le fond et tirer avec lenteur le drap pour leur indiquer la présence.

Et elle ? Elle a déjà trouvé un nouveau coin où se terrer, dissimulée par le manteau entre deux tonneaux. Bien malin qui trouvera le petit babouin éthiopien.

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Dans la vie, j'ai deux passions. Le dessin n'en fait pas partie.
Eikorc
Pas le temps de voir ou t’entendre la fugitive que la trappe est soulevée sans discrétion pour retomber dans un claquement au-dessus de leurs têtes… Et le colosse pivote, les sourcils froncés alors que le pas pesant s’avance vers lui, tous les muscles se tendent, prêt à frapper, mais le regard à peine habitué à l’obscurité perçoit les pognes en l’air. La bouche s’ouvre parce qu’il s’apprête à causer, mais un choc se fait sentir au milieu de son torse, obligeant la pogne intacte a saisir le verre remplit à ras-bord… Et c’est un grognement sourd qui répond à l’assaut sur sa main blessée pour la mener à la lumière.
Une grimace vient étirer les lèvres du mercenaire tandis que l’intrus semble ausculter sa main en secouant la tête… Apparemment, le pansement improvisé ne plait pas. Et encore une fois, il s’apprête à ouvrir le bec pour expliquer qu’il s’en occupera plus tard, mais trop tard… Les portes claquent au-dessus de leurs têtes et des éclats de voix se font entendre alors que l’esclave trouve refuge derrière son dos…

Le de Nerra lève les yeux au ciel parce qu’au même moment la jeune femme chasse la main du muet qui semble avoir rejoint leur galère. Mais dans quel merdier je me suis foutu ?! Et un frisson traverse son échine quand les griffes de la noire se plante dans sa chair à travers sa chemise… La masse colossale tourne autant qu’elle peut pour observer les deux autres, l’une qui s’accroupit pour dévorer le contenu de l’écuelle et l’autre qui semble toujours à l’affut de la garde qui se déplace au-dessus…

La poussière tombe du plancher, recouvrant peu à peu les trois compères par défaut et le colosse secoue la trogne, quand tout à coup une petit main se plaque contre son torse pour lui intimer le silence. Comme s’il était assez débile pour attirer l’attention !! Les narines se dilatent alors que l’agacement commence à poindre chez le mercenaire, les muscles se tendant à nouveau alors que la douleur de sa jambe se fait plus forte… Quelle idée de rester plié dans une grotte trop petit pour lui aussi ! La chopine est rendue à l’autre homme histoire de libérer les pognes qui s’agrippent au paroi pour l’aider à rester stable.

Un grondement quasi inaudible résonne dans sa poitrine quand la jeune femme le pousse et il remue, bousculant légèrement le muet au passage avant de diriger sans souplesse vers le drap, préférant largement s’engouffrer entre deux étagères recouvertes de tonneaux plus gros les uns que les autres plutôt que s’avachir sur le sol boueux… Au moins, si jamais la garde descend, il pourra toujours en allumer quelques uns avant qu’ils soient tous repérés. Têtu ? Non, il veut seulement être capable de se défendre en cas de besoin.

Alors le géant s’incruste au maximum entre deux tonneaux emplis de bière et il ferme les yeux en inspirant profondément… La bourse était assez conséquente pour que le taulier garde bouche close, ils ne devraient donc pas descendre les cueillir dans cet endroit sombre et humide… L’oreille se tend, il écoute et patiente, plus qu’à attendre que l’aubergiste ou la garde se permette de venir les chercher…

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"Pour toujours... Et à jamais."

Zoko & Fablitos
Tigist
Ils en sont là à se cacher, alors que finalement, ce n'est qu'un juste retour des choses si le syrien a été tué, il est donc dit que jusqu'au bout, il lui empoisonnera la vie.

Recroquevillée, elle tend l'oreille à l'instar des deux autres, pour guetter le moment où ils pourront quitter l'endroit qui n'a finalement plus rien d'une tanière protectrice mais bien d'un terrier de bêtes sauvages. Est-ce la peur qui sent si fort, ou les deux hommes ? Elle se refuse à penser que le manque de confort a pu lui coller cette odeur aux basques. Ce n'est pas elle, non. Et rassurée par cette conviction, elle détourne son attention de l'effluve ambiante pour se concentrer sur les propos tenus plus haut, pour en discerner ce qu'elle peut, elle qui ne parle du français que les mots de base, et ce qu'elle retient n'est pas pour lui déplaire, puisqu'il est question de mort certes dans la bouche des gardes, mais dans celle d'un autre homme, elle entend les mots salutaires « remparts nord. ». Et le flot de pas s'éloignent vers la porte qui s'ouvre et claque. Elle a déjà traversé l'espace qui la sépare du géant, la main se tend doucement pour ne pas le faire sursauter et vient s'appuyer sur lui, mais sur quelque chose qui n'a rien de musclé, chose surprenante venant de la masse qui l'a soulevée dans la rue. Une erreur ? Un sac de farine sûrement, l'exploration est poussée plus loin avant que la main remonte pour s'appuyer sur le bas du ventre, et capter l'attention du colosse.


- Nous partons homme ?

Quelques secondes passent qu'elle ne mettra pas à profit à attendre une réponse, puisqu'elle escalade déjà les tonneaux et saute à terre en silence pour rejoindre l'écuelle restée au sol et manger comme l'affamée qu'elle est, profitant de la pénombre pour se dire que cette faiblesse ne sera pas mise à nue. Quelques bouchées avalées avant que la trappe ne grince sur ses gonds et que la lumière entre, la rejetant vers les ombres, maudissant sa faim de l'avoir poussé à laisser l'écuelle à moitié vide à sa place, ainsi que la bondonnière et le vieux manteau derrière les tonneaux.

- Sont partis, et vous partez aussi.

Quelques mots clairement compréhensibles et pourtant pas suffisants pour lui faire quitter son nouveau refuge. L'estomac grogne à son insu quand les yeux se posent sur l'écuelle que la lumière de la taverne met en évidence, et les larmes lui viennent aux yeux. C'est la faim qui parle, la dignité n'a plus sa place, il suffirait d'un geste, d'un petit geste, de tendre la main ou la jambe et de tirer le plat d'argile vers elle pour pouvoir finir le maigre repas, mais elle ne le fera pas, car si la faim la ronge, la peur la tétanise. Ca gargouille dans son corps, ça coule dans ses yeux, et finalement, elle craque, les larmes sont écrasées rageusement du dos de la main, et sortant de la pénombre, une jambe à la peau noire drapée de voilages s'extirpe pour rapprocher de la voûte du pied l'écuelle jusqu'à sa propriétaire.

Ils partiront, d'accord, mais d'abord, apaiser ce jeune corps qui a besoin de nourriture pour pouvoir continuer à courir.

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Dans la vie, j'ai deux passions. Le dessin n'en fait pas partie.
Theli



Se cacher? Quelle drôle d'idée! Il n'avait rien à se reprocher et s'amusait follement de cette petite aventure. Theli. Si on pouvait penser à un caractère affreux en entendant son nom -du moins les connaisseurs- il n'était qu'un bon gros nounours pas du tout hargneux. Généreux et bon vivant, et peu à cheval sur les principes. Un sage quoi.

Déjà la noire avait disparue de sa vue, bien cachée dans l'ombre de la cave. Il avait récupéré le godet descendu et s'en envoya même une rasade tout en regardant le grand bonhomme se planquer entre les tonneaux. Et lui? So regard se posa sur le drap, et il sourit en haussant un peu les épaules, un rire le secouant.

Au dessus de lui, il entendait les voix, les bruits stridents des fers que portaient les hommes venus chercher les fuyards qui se cachaient là, et secoua la tête pour se débarrasser de la poussière qui lui était tombée dessus.


Poum poum pouuum!

Nullement inquiet quant à la suite, il vida la corne et s'approcha d'un des tonneaux, non loin du mercenaire, en chantonnant, pour couronner le tout.


PLOC!


Oooouh... Le blond aux longs cheveux tressés ferma un oeil, et afficha une belle grimace en rentrant la tête dans les épaules. Oreilles à l'affut, il attendit un instant et voyant qu'il n'y avait pas d'alerte à sonner, emplit son verre du vin qui s'écoula joyeusement en un agréable glouglou. Oh peu lui importait -mais grave même- le regard tueur qu'on pouvait poser sur lui! Il leva son godet avec un grand sourire au son des gardes s'en allant.


...an-é!

Yop! Et une goulée! Une! Tendant enfin le récipient aux autres, pour leur en proposer, il se marrerait franchement si c'était vraiment possible, en voyant où l'étrangère posait ses paluches. Le regard aussi souriant que le reste de son visage, Theli guettait les réactions que cela ne manquerait sans doute pas d'entrainer.

Voilà que le taulier les rejoignit. Le blond lui fit signe comme quoi c'était bon et réalisa qu'il venait de gagner un repas copieux. Si c'était pas beau ça! La patte voleuse fut avisée, mais c'est vers le mercenaire que le marin se tourna, en se pointant tout d'abord du doigt.


...oi, ai-er ...ous!

De lui, il passa au géant, avec son doigt, puis à la noire en train de se bâfrer. Défaut d'élocution dû à une bonne partie de sa langue perdue à vouloir trop parler! Voilà qui était dit. Et du tout remarquable, on s'en sera tous rendu compte. Autant dire que les consonnes ne trouvaient plus leurs places dans la bouche du nounours. C'était bien dommage, lui qui avait une jolie voix grave. Il avait ainsi fait le choix d'être mutique, ou d'aller à l'essentiel sans chercher à enrober de phrases inutilement bien construites.

Sourire à nouveau, et il bomba le torse en se tapant doucement dessus puis se le frotta, avant de lever les mains, l'air de celui qui n'avait strictement rien à se reprocher. Ce qui était le cas en fait. Et du coup, il n'hésita pas beaucoup plus, content de le faire même, il passa en éclaireur.
Eikorc
Les yeux fermés, la respiration profonde, le colosse peut se concentrer uniquement sur son ouïe, écoutant attentivement tout ce qui se passe au-dessus de sa tête… Autant que le boucan que fait le muet autour de lui. D’ailleurs, il en fronce les sourcils, parce que le grassouillet est à deux doigts de les foutre dans une merde encore plus épaisse qu’ils ne le sont déjà. D’ailleurs, au ‘’PLOC’’ qui résonne dans toutes la cave, le mercenaire se tend alors que ses poings se crispent..
Pour sûr, s’il avait pu bouger sans heurter les tonneaux qui l’enserraient, l’intrus aurait pris une beigne… Voir deux. Histoire d’être sûr qu’il arrête de bouger. Quelle idée d’emmerder un colosse déjà agacé aussi ! Mais peu importe, la garde s’esquive en annonçant le prochain endroit à fouiller… Les paupières se soulèvent alors que le de Nerra cherche à s’extirper d’entre les tonneaux, cherchant déjà dans l’obscurité ses deux compères…


« Humpf !! »

En voilà une de trouver… Ou plutôt, c’est elle qui vient de le trouver en plaquant sa main fine en plein sur ses parties, le grognement étouffé s’échappe de sa gorge alors qu’elle remonte pour se plaquer sur son bas-ventre… Elle voulait son attention, elle l’a ! Et il la suit même du regard alors qu’elle s’esquive après avoir demandé s’ils s’en allaient… Un grommellement s’ensuit alors qu’il sort enfin de son trou.

« Non, non, on va crèche ici jusqu’à la Noël bien entendu… »

Qui a dit que le colosse était râleur ?
D’ailleurs, il repousse le godet que lui tend l’autre homme en s’avançant, penché en avant pour ne pas se cogner le crâne dans le plancher. Et c’est avec un soupir bonheur qu’il accueille la lumière qui transperce la cave à l’ouverture de la trappe. Un hochement de tête répond aux paroles du tenancier et il s’avance encore, pour enfin s’échapper à cette cave qui commence à le rendre dingue. Du moins, c’était sans compter sur le muet qui se met tout à coup à vouloir communiquer.
Les sourcils se froncent en entendant les sons qu’il produit, si peu, si bas, complètement incompréhensible. Dans un coin de sa tête, il note cet intéressant phénomène, couper des doigts, des mains, des pieds, pour punir, il connaissait… Mais la langue, il l’avait jamais vu. Pas mal pour les trop grands bavards.

Par contre, il comprend très bien ce que lui veut l’ours qui les désigne les un après les autres de son doigt tendu. A croire que ça l’amuse de se retrouver en galère. La trogne se penche sur le côté et il n’a même pas le temps d’ouvrir la bouche, que l’ancien marin s’engage dans les marches pour quitter la cave et leur ouvrir le trajet.
Un soupir et le mercenaire s’avance jusqu’aux premières marches, dépliant son immense carcasse en grognant. Bordel… C’est pas toujours un avantage d’être aussi grand.

Un regard posé sur la noire en train de dévorer les restes de pitances et il soupire à nouveau, avant de lâcher d’une voix basse.


« Dépêche-toi de manger, on est plus les bien venus ici. Récupère le manteau que je t’ai apporté et on y va. On t’attend là-haut. »

Un dernier regard sur l’affamée et le géant s’engage à son tour jusqu’à la sortie de la cave, serrant les dents sous ses muscles engourdis d’avoir été sollicité trop longtemps dans cette grotte beaucoup trop basse de plafond pour lui. Une fois à l’air libre, il se déplie de toute son envergure, grondant même légèrement avant de rejoindre le muet qui semble faire le guet.

« J’sais pas comment tu t’appelles, mais tu viens de te fourrer dans un merdier pas possible. »

Comme quoi, il ne faut jamais se mêler des affaires des autres, on finit toujours dans les emmerdes… La trogne se secoue et le mercenaire s’ébroue pour faire tomber la poussière qui le recouvre, histoire de retrouver une allure plus convenable, déplaçant même la hache pendue à sa ceinture pour qu’elle le dérange moins, alors qu’il reprend en cherchant le regard du marin.

« On va déjà aller jusqu’aux remparts Sud, ce sera le plus simple pour quitter la ville… Prêt pour l’aventure le Muet ? »

Quitte à lui parler et l’entraîner dans le galère, au moins trouver un patronyme pour réussir à l’appeler en cas de pépin…
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Zoko & Fablitos
Tigist
De brefs coups d'oeil dans leur direction en guise d'acte de présence, toute l'attention du babouin est concentrée sur la nourriture, et elle n'ira pas se plaindre de la qualité du repas servi, loin de là.

Tandis que le muet tente une communication et s'accorde à faire comprendre au géant qu'il peut participer, Tigist, quant à elle, s'empresse d'arracher des os les reliques de viande à pleines dents, peu soucieuse des considérations sociales des hommes dans la cave. A peine si elle prend conscience du départ de l'ours ou des soupirs du métèque, en vérité un ornithorynque pourrait passer devant elle, qu'elle ne relèverait même pas l'incongruité de la chose. Mais il s'adresse à elle – le colosse, pas l'ornithorynque – et force est de constater que si rien ne l'intéresse que l'écuelle, l'homme a pour lui la stature de ceux qui n'ont pas besoin de crier pour se faire entendre et surtout écouter. Alors elle déglutit, et marmonne un « oui » rapide avant de renverser le restant de sauce dans son gosier, sinon rassasiée au moins, prête à repartir, et la chaleur qui envahit son être est là pour le prouver.

Qu'a-t-il dit ? Là-haut, ils parlent, et ils marchent et cela l'empêche de réfléchir, comme lorsqu'elle tentait de suivre les leçons dispensés à ses frères sur les architectures usitées, souvenir inutile qui lui revient en tête alors qu'elle fouille au fond de la cave pour récupérer le dit manteau et s'en vêtir. Oui, bien inutile de se rappeler pourquoi les enceintes pentagonales permettent d'échapper plus facilement aux assauts, alors qu'il suffit d'avoir une cave et un colosse avec soi. C'est dit, elle en a conscience, il lui a sauvé la vie, et il compte bien continuer, et un autre vient les aider. Intérieurement un conflit se mène, la certitude d'être dans son bon droit d'attendre cela des personnes l'entourant essaie de l'emporter sur la reconnaissance de qui a échappé à un sort funeste, et finalement, quand elle gravit les marches et les rejoint, la capuche baissée pour dissimuler la face sombre, et les pans de la cape serrée sur elle et sur la bondonnière qu'elle compte bien garder, elle ose un filet de voix à l'attention des deux hommes.


- Merci.

Oui, merci. C'est tout, n'en attendez pas plus d'elle.

Ces hommes pourraient arriver à pied de la Chine pour la sauver que le remerciement serait le même, dit sur le même ton distrait, comme on se débarrasse d'une corvée. Les mois d'esclavage n'ont pas fait taire l'orgueil, du moins s'est-elle découvert un certain degré de gratitude.

Un dernier détail pour la route ?


- Je n'ai pas eu peur.

Menteuse.

Mais il faut qu'ils y croient, et elle aussi, car autrement elle sera perdue. Et le regard n'est pas courageux quand il se pose sur les deux hommes, il est mauvais, les mettant au défi de la contredire. Et convaincue de la chose, réchauffée par la nourriture, et rassurée par la présence des deux hommes, la voilà partie prête pour affronter le dehors et les dangers de la rue. Forte de sa nouvelle assurance, elle se dirige vers la porte et saisit la poignée avec fermeté avant que de sortir de l'auberge non sans avoir regardé de tous côtés, héritière légitime de la paranoïa paternelle.

Et maintenant ? Suivre celui qui a l'air de savoir où ils vont.

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Dans la vie, j'ai deux passions. Le dessin n'en fait pas partie.
Theli


Le marin grimpa ainsi les marches jusqu'à sortir de cette cave étroite, non sans glisser un saucisson qui pendait là, dans le revers de son gilet. Les odeurs de victuailles, fumées, saumurées, lui avaient remit l'eau à la bouche. Il aimait ces odeurs, et elles lui avaient bien manqué tout ce temps passé sur le vaisseau en mer.

Arrivé sur sur le plancher de la taverne, le blond s'essuya l'air de rien, la bouche d'un revers de manche, l'air de celui qui venait de passer moment bien agréable à goûter les divers fûts proposés. Ceci étant, c'était surtout pour détourner l'attention du fait, qu'innocemment, il jetait un œil pour voir s'il y avait danger.

Nullement, aussi s'avança-t-il l'air de rien, lentement en l'attente de ses nouveaux compagnons d'aventures. Il n'aimait pas l'ennui. Ses pas le menèrent au carreau de la fenêtre et il lorgna au dehors, à travers le verre épais et tout bullé. La présence dans son dos le fit sourire, et il se retourna à demi pour saluer le mercenaire, en profitant pour le détailler un peu mieux. Il en aurait bien rit! Si lui n'avait plus de langue, le colosse avait une gueule à faire peur.

Et le rire le secoua finalement, merdier bienvenue! Il en fit un geste comme quoi il s'en moquait éperdument et s'amusait bien. C'était le principal. Le muet? Ouais... Pourquoi pas... Il en avait l'habitude, ce n'était pas comme si on ne l'avait jamais appeler ainsi. Il secoua la tête, prêt comme jamais et se frappa soudain le front en agrippant le bras du grand type. Lui non plus ne savait pas à qui il avait à faire.

Eh...

D'un doigt il lui indiqua la fenêtre et juste après, souffla dessus jusqu'à ce que la buée recouvert l'un des carreaux. Avec un sourire en coin, il pointa son doigt, et écrit son prénom. On voyait bien un "Théli" malgré que l'écriture commençait déjà à s'écouler le long du carré de la vitre. Le doigt fut essuyé puis pointé sur le torse du mercenaire, et Théli prit un air interrogatif. Et toi?

Un chuchotement le tira de son questionnement et le blond tourna la tête pour voir, cachée sous la cape, la femme qui devait sans doutes se cacher en bas. S'il fut étonné, il n'en montra rien. C'était qu'il en avait vu des choses durant ses périples! Même pas eu peur...


Pff!

Le voilà qui repartit à rire. Ah les femmes! Il s'en serait tapé les genoux. Mais il n'était que peu moqueur et il la suivit quand elle se rendit à la porte, avec un air complice à ses futurs suiveurs.
Il passa alors devant elle, et à son tour lorgna la rue avant de sortir, comme si de rien était.

Le regard rieur observait sans discontinuer, et l'ouïe était aux aguets. Cela aurait été bête de tomber nez à nez avec la garde qui devait les chercher. Du moins eux. Au coin de la venelle, il prit soin de regarder tout autour de lui, et de veiller à ce qu'ils suivent sans soucis. Manquerait plus que les gardes sortent d'une cochère entre eux... Il ne lui semblait pas que ce soit très probable, toutefois.


Poum poum poum...

Passant auprès d'une étale sur laquelle trônait une quantité importante de divers pièce de tissus, le blond s'arrêta. Oh il connaissait ces motifs, pour les avoir lui même négocié chez les maures. Ah ces chargements vendus aux plus offrants qui finissaient sur ces tablées, vendues à prix d'or...

Oh distrait, il en avait oublié l'espace d'un instant, ce pour quoi il était là. Le bruits ambiant et ce qu'il vit lui fit adopter une attitude des plus surprises... Rire? Ou pleurer? ... De rire?
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