Andhara_velvet
Depuis que son brun avait perdu la vue, forcément les plats qu'il cuisinait parfois n'avaient plus embaumés la cuisine de Germigny de leur saveur.
Andhara, gloutonne de son état depuis environ huit bons mois avait pris l'habitude d'être bien servie et surtout par lui. Du moins quand elle ne piquait pas dans la réserve en cachette.
De fait, un matin, alors que son estomac recommençait à crier au scandale de la famine, elle s'était donc dirigée vers ladite réserve pour le soulager momentanément.
C'est alors qu'en remontant de la cave, un jambonneau sous le bras et une bouteille de cidre dans l'autre main, qu'elle vit la cuisine pour la première fois.
Bien-sûr, elle y était souvent passée mais jamais avant, elle ne l'avait vraiment regardée et ce fut comme un choc, ou, plus exactement, un déclic.
Zel était aveugle alors ce serait à elle de subvenir au remplissage de leurs panses respectives.
Mais, parce qu'il y a forcément un "mais", surtout avec la rousse mais Andhara ne savait absolument pas cuisiner ; et voilà que l'idée farfelue lui vint maintenant de faire la popote.
Posant sur la longue table centrale ce qu'elle avait ramené de sa "chasse" effectuée dans les caves Champlecyennes, elle regarda autour d'elle, poings posés fermement sur ses hanches qui se voyaient de moins en moins avec la rondeur de sa grossesse qui arrivait à terme.
Elle se frotta les mains et attrapa un tablier comme elle avait parfois vu faire le brun, celui-ci ne couvrant surtout que la demi-sphère portée en avant.
Tout à coup, ce fut un millier d'idées qui lui vinrent en tête de préparer pour faire plaisir à son brun et lui montrer qu'elle pouvait cuisiner pour eux, qu'il n'aurait pas à s'en faire.
(Mouai, ça reste à prouver mais c'est ce qu'elle imaginait en tout cas.)
Voilà donc une rousse à moitié affamée prise soudainement d'une lubie incroyable. "L'enfer est pavé de bonnes intentions", c'est bien connu !
Elle redescendit donc dans la cave et fit quelques allers-retours pour remonter toutes sortes de victuailles qui n'avaient rien à voir les unes avec les autres, poisson en saumure de sa terre natale, farine, cidre de Bretagne, vin de Flandres, confit de canard du sud-ouest sans compter les choux, prunes séchées, tomates, topinambours, châtaignes, potiron, champignons, carottes et on passera sur le reste de la liste fort longue
Entre deux de ses allées et venues, elle croisa l'intendant qui semblait se demander quelle folie avait encore saisi la rousse cette fois et elle l'interpella.
Ah ! Victor, vous tombez bien ! Aidez-moi donc à remonter ici tout ce qu'il y a de la cave, j'vous pries !
Toute la cave ? Ma Dame souhaite inviter ? demanda-t-il prudemment.
Dîtes pas d'basinerie, Harold, j'veux cuisiner c'est tout ! allez au boulot !
Bien Ma dame vous noterez qu'il n'avait même plus cherché à la corriger sur son nom
Il s'exécuta donc et une fois ses obligations finies auprès de la pseudo vicomtesse, la laissa respectueusement à ses préparatifs et poussa un ouf !
Néanmoins, il cru bon d'aller avertir le vicomte de la soudaine folie de sa femme, mais bien-sûr en restant des plus courtois, comme à son habitude.
Pendant ce temps-là, la rousse qui n'avait pas la moindre idée de la façon dont préparer un potiron, regarda la chose avec un air dubitatif avant de faire le choix du hachoir à viande pour le couper en deux.
Une curieuse idée de plus, ne reconnaissant pas la chose, elle décida de le goûter cru, action qui lui fit recracher le tout avant de regarder de travers un poulet encore vivant dans sa cage de roseaux.
Elle se rappela soudain qu'il y avait un livre de recette que gardait Zel quelque part et elle finit par mettre la main dessus.
Feuilletant les pages elle trouva enfin ce qu'elle cherchait "Poularde braisée".
Bah, ça devrait pas être compliqué et au moins je saurai ce que j'mangerai, pensa-t-elle tout haut.
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