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[RP] Dieu vous écoute ... quand Il y pense !

Elisaabeth.
        « Le monde est dévoré par l’ennui. La preuve : j’me tourne les pouces ! »
        D’Élisabeth, plagiée quelques siècles plus tard par Georges Bernanos pour les sept premiers mots.


    [ Au beau milieu d’une belle journée d’automne ]


Finalement, c’est réellement possible de pouvoir s’ennuyer au milieu de la journée …
Pour… pourquoi dites-vous cela, milady ?
Pourquoi ? POURQUOI ? Cela se voit, pourtant !

Pour sûr ! La suivante, Adrianna, avait la tête très occupée dans sa … broderie ! Tandis qu’Élisabeth, la Mesnay, était fort occupée à … s’emmerder. Oui, s’emmerder, admettons-le, à la fin ! Compatissante, comme toujours, la suivante arrêta sa broderie quelques instants puis, tout en posant son regard de petite biche effrayée sur sa maîtresse, elle lui répondit, d’un ton toujours aussi calme mais avec son accent angloys qui ne la lâchait décidément pas : Et si vous lisiez l’un des livres que vous n’avez pas encore eu le temps de lire ? Peut-être que cela vous ferait passer …

Faire passer le temps ? Par Aristote, ma pauvre sotte, ce que tu peux être crédule ! Ce sont les vieilles filles qui te disent qu’un bon roman fait passer le temps ! Tiens, attends, je vais te faire plaisir !

De colère – il en fallait peu pour mettre la Belette en rogne –, la jeune femme se leva, se baissa afin d’attraper le livre posé sur la table basse, se replaça dans le fauteuil où elle se trouvait quelques secondes auparavant, puis, faisant mine d’ouvrir le livre pour le lire – comment ça, cela va de soit ? –, elle débuta la lecture : Il était une fois, un Roy et une Reyne qui donnèrent naissance à plusieurs enfants. Tous moururent pour mauvais traitement dès la naissance sauf l’un d’eux, un petit garçon, qui a réussi à survivre malgré la terrible vie qu’on lui mena !

… Blablabla …

Ohh ! Miracle ! Regarde-moi ce passage, Adrianna. Le prince rencontra une princesse qui lui changea la vie, du tout au tout ! Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants … Oh non. Mince ! J’ai omis de te lire l’épilogue. Tu verras, c’est aussi joyeux que ce qu’il m’est arrivé.


Elle toussota et reprit, assez sèchement : Quelques années plus tard, après avoir mis de magnifiques enfants au monde, la princesse mourut dans d’atroces souffrances, rongée par la maladie qui, à ce jour encore, reste totalement inconnue de tous ! Le prince, quant à lui, brisé par le chagrin, décida de mettre fin à sa vie en allant se jeter par la fenêtre de la plus haute salle de la plus haute tour !* Fin de l’histoire. Il était bien ce roman, n’est-ce pas ?, dit-elle en refermant d’un coup sec le livre, pour le lancer – ou presque parce que sinon, ce serait du non respect des objets qui nous entourent – afin qu’il atterrisse sur la table basse, là où il se trouvait un peu plus tôt.

S’enfonçant un peu plus dans son fauteuil, elle s’agrippa aux bras de son fauteuil et tourna son visage vers sa suivante-camériste. Cette dernière avait baissé la tête, ne sachant plus vraiment où se mettre, comment se comporter ou ce qu’elle pouvait dire pour « réconforter » sa maîtresse. Élisabeth leva les yeux au ciel et soupira, agacée :
De toute façon, cela ne règle en aucun cas mon problème : je m’ennuie !

Le silence s’installa. Que pouvait répondre la rouquine, cette suivante angloyse qui se faisait sans cesse envoyer balader dès qu’elle avait le malheur de hausser le ton pour apporter, ne serait-ce, une petite idée qui pourrait permettre à la Belette de trouver une solution à un « problème ». Ronchonnant, la Balafrée se leva et quitta la pièce en bougonnant un : « Je te laisse ! Je vais aller prier ! » et en effet, disparut de la maison où elle se trouvait à cette époque, n’oubliant pas d’emporter avec elle sa cape fourrée, puisque le temps ne lui permettait plus de se promener sans un vêtement d’extérieur.

À vrai dire, on ne sait jamais vraiment où elle pouvait se trouver. La jeune femme aimant les voyages, elle n’hésitait jamais à s’arrêter quelques temps là où elle se trouvait. Bref. Malgré ce « voyage », elle s’ennuyait ferme. C’était fâcheux. Surtout pour son entourage.

Sur le parvis de l’Église, elle monta les quelques marches qui la séparaient des portes. Devant elles, Élisabeth poussa l’une des lourdes portes dans un silence mortel. Elle referma aussi discrètement qu’elle le put, fit une génuflexion en se signant puis, s’engagea dans l’allée centrale de l’Église afin de rejoindre l’autel. Devant cette table sacrée – ou à quelques mètres d’elle –, la jeune femme se mit à genoux, joignit ses mains et murmura quelques mots en latin afin de commencer l’une des prières qu’elle avait apprise, il y a fort longtemps.

Elle supplia les Saints de l’écouter, parce que bon, même si elle passait par Dieu, le Très-Haut prenait tout-son-temps pour l’écouter, elle, pauvre pécheresse qui ne cesse d’enchaîner les conn… les gaffes. Et quand elle regarde les cieux, les larmes aux yeux, en suppliant le Très-Haut de l’écouter de son mieux, au lieu de jouer les sourds comme les p’tits vieux, et ben ce co… ohh ! On blasphème ! Reprenons. Et ben, le Très-Haut ne fait rien. Il ne lève même pas le petit doigt pour lui venir en aide. Rien. Que dalle. Alors forcément, quand on se sent abandonné de tous, abandonné même par le Très-Haut, on finit par faire des grosses boulettes. Boulettes parfois irrécupérables.

Soudainement tirée de ses instants pieux, Élisabeth entendit des voix. Ohh non ! Elle ne se prend nullement pour une certaine Jeanne qui a fini, la pauvre, brûlée sur la place du Vieux-Marché de la capitale du duché de Normandie. Ces voix étaient bien proches pour faire passer Élisabeth pour folle. Toujours à genoux devant l’autel, elle tourna un peu la tête et aperçut quelques gens mécontents. Si elle tendait un peu plus l’oreille, elle comprendrait le pourquoi de ce mécontentement.


C’toujours pareil ! L’est jamais là quand on a b’soin d’lui !
C’bon à rien f’rait mieux d’sortir d’sa paillasse pour faire des messes potables, au lieu d’rester dans son lit b’en douillet à bouffer comme un ogre !
Blasphème pas, touaé ! T’vas finir aux enfers lunaires s’tu continues cômm’ça !
T’diras pas que …


Chuuut, chuuut, chuuut. Se replaçant face à l’autel, Élisabeth entra dans une intense réflexion qui lui vaudrait, fort probablement, une occupation pour le restant de sa journée. Les yeux dans le vide, ils se mirent à briller ; les lippes s’étirèrent pour laisser apparaître un sourire en coin sur le visage de la Belette. Euréka ! C’était l’idée du siècle ! Elle ne pouvait passer à côté de cette occasion en or qui lui vaudrait, sans aucun doute, une bonne partie de fous rires mais aussi, un bon souvenir qu’elle garderait au fin fond de sa mémoire pour la raconter à ses enfants, à défaut de petits-enfants, si elle mourrait avant.

La Belette-Blonde se leva dans un petit bruit de froufrou, et aussi discrètement qu’un fantôme, elle se dirigea vers la sacristie, afin de mettre en œuvre le merveilleux plan qui avait eu le temps d’émerger dans sa tête. Son plan était loin d’être nul, bien au contraire. En plus, elle s’apprêtait à rendre service aux âmes égarées, c’est pour dire que son plan n’était pas de la gnognote ! Dans la sacristie, Élisabeth chercha l’élément qui lui serait essentiel pour mettre en œuvre son plan : une bure de moine !

Chers lecteurs, ne soyez pas surpris en lisant que la blonde Élisabeth cherche une bure. Vous découvrirez bien vite – ou alors, vous l’avez déjà compris – le plan, non pas machiavélique, mais assez ingénieux de la jeune femme, en manque d’activité, qui allait la faire mourir … d’ennui !

Ne trouvant pas le vêtement tant recherché, Élisabeth se retint de ne pas tout renverser, à la limite du pillage, afin de ne pas non plus laisser des traces derrière elle. Déjà qu’elle empruntait une bure – et là, j’insiste en disant qu’elle empruntait la bure parce qu’Élisabeth n’est pas une voleuse ! – alors si elle devait laisser des traces d’un carnage improvisé, autant aller préparer son bûcher pour hérésie, et le billot pour qu’on lui coupe les mains !

Mais nul besoin de se déguiser en pilleur – ou pilleuse, puisque c’est une femme – pour finalement, relever le bout du nez pour apercevoir la bure. Elle attrapa la bure qu’elle enfila par-dessus sa cape – qui, précisons-le, est de la même couleur que la bure. Si ça, ce n’est pas un coup de chance ! –, remit en ordre le petit bazar qu’elle avait fait en cherchant cette fichue bure. Rangement effectué, Élisabeth s’examina auprès d’un miroir – aussi riquiqui soit-il ! – afin de s’assurer qu’on ne s’apercevrait pas de la supercherie. Parce que bon, il ne manquerait plus qu’on l’accuse de choses ignobles, horribles et absurdes !

Capuche de la cape sur la tête, elle sortit de la sacristie, les mains jointes afin de donner plus de crédibilité à son nouveau personnage puis rejoignit les gens mécontents de tantôt. D’ailleurs, les interrogations commencèrent :


Mes enfants, le bonjour. Je suis … Vite, un mensonge ! Sœur Héloïse ! Oui, c’est ça … Sœur Héloïse. Auriez-vous un quelconque souci ?
D’puis quand les nonnes s’promènent-elles avec une bure d’moine ?
Ah oui … elle n’avait pas prévu qu’on lui poserait une colle pareille. En fait, son plan était tellement trop parfait qu’elle en avait omis que oui, en effet, une « nonne » portant une bure de moine allait faire un drôle d’effet. C’est donc avec un ton tout-à-fait naturel qu’elle répondit : Depuis que nous sommes en rupture de stock de tissus pour faire nos habits correctement !

Du tac au tac, vous dis-je.

Ouais bah … c’quand même un p’tiot peu louche…
Tais-toi la bonne femme ! T’vois pas qu’nous avons une solution à not’ blem ?

Mes enfants, en quoi puis-je vous être utile ?
Ben au fait, nous manque un r’plaçant d’curé pour les confessions !
Et bien, mes enfants, je suis apte à vous entendre, un à un. Entrons dans le confessionnal et venez un à un, afin que je puisse vous entendre tous pour que vous puissiez soulager votre conscience, mais surtout votre âme. Mon fils, voulez-vous commencer ?
Beeen … c’pas d’refus !
Pis moi ?!

Je vous recevrai après, ma dame, je vous le promets. Messire, entrez-donc, je vous prie.

Élisabeth ouvrit la porte du confessionnal, entra dans la grosse boîte – non pas roulante mais bien fixe ! –, referma la porte et s’installa bien confortablement dans le confessionnal, ouvrit la fenêtre qui la séparait de son pécheur puis, elle reprit avec douceur : Mon fils, je vous suis toute ouïe. Dieu vous écoute. Grâce à moi.



* Shrek 2, le Prince Charmant ou Marraine la Bonne Fée, de toute façon, ils le disent tous les deux !

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Colombe_de_singrist
Grand soleil, en cette journée automnale. Les derniers beaux jours certainement, avant que la rigueur hivernale ne s'installe.
Une petite balade s'imposait donc.

Colombe, qui en ces temps là était en voyage, ouvrit l'une de ses malles, et en sortit une toilette des plus appropriée pour cette occasion.
Petit coup d'oeil dans la psychée de sa chambre d'auberge.... Parfait. Une tenue sans extravagance aucune, qui lui correspondait totalement. De couleur bleu et blanche, sa robe était assez simple, recouverte d'un chale dont les pans retombaient sur les longues manches.
Elle enfila ses chausses, et descendit dans les rues. Celles-ci grouillaient de monde. Tels des abeilles sur une ruche, les villageois s'affairaient. Le marché était bondé mais ce qui intriguait surtout Colombe, c'était l'effervescence devant.... l'église.

A cette heure, aucun office. Et nous n'étions pas dimanche, donc point de grand-messe en vue. Etrange...
Le manège intriguait tant la jeune fille qu'instinctivement, elle s'approcha.

Les commentaires allaient bon train. A priori, la ville avait trouvé un confesseur, et bien des consciences s'en trouvaient soulagées.
Colombe s'écarta un peu de la populace, et poussa la grande et lourde porte de l'Eglise.

A l'intérieur, il y avait du monde, mais il restait encore quelques places pour s'asseoir. Et là, sur la gauche, le confessionnal.
Elle s'arreta un instant et observa le manège.
Ca rentrait et sortait, à un rythme assez régulier. Certains avaient plus à avouer que d'autres, et de ce fait, les chuchotements en étaient plus ou moins longs. Mais les gens avaient tous un point commun : Ils sortaient de là avec un grand sourire aux lèvres, l'âme plus légère.

Alors, plus surement, elle entra dans l'église, et s'agenouilla sur un des nombreux prie-dieux qui se trouvaient là, devant elle.
Après tout, pourquoi ne pas profiter de l'aubaine, à quand remontait sa dernière confession ?

Elle secoua la tête négativement, se disant qu'elle ne s'en rappelait plus. Ca remontait au pensionnat, ça c'était certain. Donc ce n'était pas si vieux que cela, néanmoins, pour une fervente croyante, elle aurait pu faire une effort.
Elle entreprit donc un examen de conscience des plus soigneux, tandis qu'elle attendait son tour.

Enfin, celui-ci arriva, et elle alla s'agenouiller dans le sombre confessionnal, dont l'obscurité était propice au recueillement, et à la contrition.

Elle repassa encore un instant en revue les crimes dont elle allait s'accuser, quand soudain la grille de bois coulissa, laissant deviner la silhouette d'une tete.... celle du confesseur.

Humblement, Colombe se lança.




Pardonnez-moi mon Père, car j'ai péché....
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Elisaabeth.
        « Grâce à moi, Dieu vous écoute … ou pas ! »
        D’Élisabeth.


Vous … VOUS AVEZ FAIT QUOI ?!

À cette exclamation, la jeune femme ouvrit de grands yeux aussi ronds que des billes puis, colla presque son oreille sur le mur qui la séparait de son pécheur. Quelle histoire, doux Dieu !... Je vous explique : le pécheur, que nous avons là, a forniqué avec sa sœur. Inceste, à coup sûr. Sauf que ce grouillot a engrossé sa sœur, qui devait se marier avec le fermier voisin, prévu dans un espèce de contrat – quoi que le contrat de mariage n’est vraiment pas utilisé par les gueux, admettons-le – arrangé parce que le père des deux imbéciles de grouillots a failli mourir quelques temps auparavant dans les champs du dit voisin. Pour le remercier, le père n’a pas eu la merveilleuse idée que de proposer sa deuxième fille, puisque l’aînée est déjà mariée. Le fils – le pécheur donc – est censé se marier, dans les trois jours qui vont suivre, avec la fille d’un autre riche fermier. Voyez le micmac, à présent ? Déjà que le bonhomme est suffisamment intelligent pour être capable de raconter tout ça sans se planter mais alors, à certains endroits de son récit – enfin, sa confession – on se demande vraiment avec quel organe il réfléchit le plus souvent …

… Enfin là n’est pas réellement la question. Le pécheur avoue à présent qu’il a engrossé sa jeune sœur. Sœur qui était censée rester vierge et … « pure » pour le mariage à venir. Ils ne sont pas dans le merdier, ces deux cocos. Élisabeth se redressa, soupira parce qu’elle n’aurait jamais pensé qu’elle entendrait ce genre de choses dans une confesse … même si à l’origine, c’était censé être une bonne « partie de rigolade ». C’est sûr que c’est drôle de se moquer de la vie des gens. Quoi de mieux pour se distraire, hein ? La Belette posa ses mains sur ses joues et ferma les yeux, réfléchissant à ce qu’elle allait pouvoir dire … ou répondre si le garçon lui fait le plaisir de rompre le lourd silence qui commençait à régner dans l’atmosphère. Mais il semblerait que le garçon soit plus muet que bavard. Elle toussota pour éclaircir sa voix et reprit d’une voix qui se voulait douce :


L’inceste … et en plus de l’inceste, vous allez avoir dans les pattes le fruit de votre péché. Un péché fort lourd, vous en avez bien conscience ?
Je n’peux faire autrement ma p’tite dame !

« Ma p’tite dame » … « Ma p’tite dame » … il se croit où, celui-là ? On n’est pas chez Mémé, ici.

Gné ! M’a bien regardé, celui-là. « Ma p’tite dame » … J’vais lui casser la gueule tout à l’heu…
Pardon ?
Non, rien. Je … réfléchissais !
Mais vous disiez que …
NON ! Non … je disais que … qu’il faut que vous trouviez une solution.
Ou comment s’éviter un cassage de gueule en sortant du confessionnal.
Mais vous êtes pas censée m’aider ?
Bon hé ! Tu vas te calmer, ok ! Laisse-moi deux secondes, il faut que je réfléchisse pour te trouver une solution ! En plus, je n’ai pas que to … vous à écouter se … confesser.

L’art de rattraper la bourde à venir. Encore un peu et la blonde n’aurait pas réussi à s’échapper d’une tentative de cassage de gueule en beauté. Elle toussota et colla ta tête contre le mur qui le séparait de son pécheur. Elle soupira. Elle s’amusait bien jusqu’à cette petite glissade mais bon, glissade tout-à-fait rattrapable. Elle soupira de nouveau. Et elle reprit : Écoutez, je ne vais pas vous demander de prier encore une fois, je pense que notre Seigneur et Créateur a bien compris que vous souhaitiez vous repentir. Il faut que vous obteniez le pardon du Très-Haut si vous ne souhaitez pas subir Sa colère Divine. C’est pourquoi, je vais vous dire votre repentance mais faîtes bien attention, je ne compte pas me répéter une deuxième fois.
Je vous écoute ma mère.

Le pécheur colla à son tour son oreille contre le mur au plus près de la grille qui le séparait de cette drôle de femme de Dieu. Si seulement il connaissait la vérité …

Mon fils. Il va vous falloir beaucoup de courage et de bonne volonté à obtenir votre place au Paradis Solaire car ce que je m’apprête à vous dire va vous paraître affreux mais ceci est le prix à en payer …
Élisabeth laissa volontairement un blanc s’installer pour laisser la peur envahir le jeune homme qui se retrouva victime de la folie passagère de la Belette. Elle lâcha à voix basse, telle une bombe : Vous allez devoir empêcher le fruit de ce péché de vivre. Si vous ne faites rien, le Très-Haut vous fera comprendre que vous n’aurez jamais votre place auprès de Lui.
Paniqué : Mais c’est pas possible ! J’peux pas faire ça ! Ce serait péché encore plus qu’avant !
Avec une voix de prêcheuse sans cœur : Vous préférez peut-être finir aux côtés de Lucifer pour votre connerie à deux deniers ?!
Pas plus mais, mais …
Faîtes-le. Ou vous pouvez être sûr que jamais, au grand jamais, vous ne pourrez vivre sereinement après votre mort. Et pensez un peu à la Faucheuse, elle se fera une joie de vous tourmenter jusqu’à ce que vous soyez aux Enfers Lunaires !

Élisabeth fit très attention à la réaction de son pécheur. Elle l’entendit renifler puis, il lui répondit, avec un peu de tristesse dans la voix : Très bien. Si ça peut m’permettre de vivre avec le Très-Haut après ma mort, j’le ferai.
Vous vous sentirez mieux après, je puis vous le garantir. Une fois cet acte de repentance … effectué, revenez vous confesser. Ou alors, envoyez-moi un pigeon afin qu’aucun autre confesseur ne vous entende car je crains fort qu’il ne soit moins compréhensif que moi. Est-ce entendu ? Bien, récitons ensemble la prière de … de … Le temps de chercher et de trouver dans le Livre des Vertus – surtout quand il y a peu de lumière dans la grosse boîte couramment nommée « confessionnal » –, on n’est pas dans la merde, surtout quand on doit éviter à tout prix que le pécheur entende le bruit des pages qui tournent. Rho, c’est indigne venant de moi ! Son nom m’échaaaaa … Elle tourne les pages. … aaaaaaa … Tourne les pages. … aaaaa … Tournent les violons* … ah non ! Les pages. … aaaaaaaAAApe ! Le voilà ! Nous allons dire nos Louanges au Très-Haut ! Vous êtes prêt ?
Pardon ?
Allons-y mon fils ! Tous les deux, ensemble, tout est possible.

La jeune femme prit une grande inspiration et s’exclama avec joie, pendant que le pécheur cherchait à comprendre ce qu’il se passait pendant qu’il baragouinait les Louanges, puisqu’il ne connaissait pas vraiment cette partie du Livre des Vertus :

Tu nous guides quand notre âme est embrouillée,
Tu guéris le chétif et le maladif,
Tu nous offres tes vêtements quand les nôtres sont mouillés,
Tu éloignes les marchands des brigands, les bateaux des récifs !

Tu soulages les plaies,
Tu guides tes prophètes pour qu’ils puissent nous montrer la voie,
Tu nous sauves des guerres en aidant la paix,
Tu fais régner l’ordre quand toutes s’é… enfin, quand toutes les voix s’égarent, c’plus logique comme ça, tiens.

ET NOUS, nous te louons,
ET NOUS, nous nous confessons,
ET NOUS, nous t’aimons.
Ô Très-Haut !
SOIT LOUÉ !

Mon fils, le credo maintenant.


Je crois en Dieu, le Très-Haut Tout Puissant, …

Fière d’elle – ça, on pouvait le dire –, Élisabeth afficha un grand sourire et écouta attentivement son pécheur réciter le Credo. Quand il eut fini, elle prit la parole afin de « guider » le jeune homme : Partez en paix, mon fils. N’oubliez pas que l’action que vous vous apprêterez à commettre est pour le bien de votre âme et celle de votre sœur. Vous obtiendrez tous deux une place aux côtés de notre Dieu. Et nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen.

La Courden se signa et coulissa la grille qui la séparait du pécheur afin de pouvoir se sentir seule quelques instants. Finalement, elle s’était bien débrouillée pour cette confession. À vrai dire, les deux premières furent courtes et ennuyantes mais celle-ci fut un peu plus longue que les autres mais drôlement amusante. Elle savait qu’il y aurait d’autres pécheurs, d’ailleurs, il fallait qu’elle trouve une échappatoire car elle ne pourrait se permettre de continuer à spolier la place d’un vrai ecclésiastique. Elle plaça une main devant sa bouche afin d’étouffer un bâillement qui prouvait qu’il allait être temps de rentrer si elle ne voulait pas piquer du nez dans le confessionnal. Soudain, Élisabeth entendit un bruissement de jupons. Une femme allait donc se confesser. Encore une qui allait se plaindre que son époux la trompait avec la première catin qui se trouvait au bout de la rue où se trouvait leur logement. Elle leva les yeux au ciel, même en étant le confesseur, elle arrivait encore à critiquer. Elle se signa précipitamment et prit une grande inspiration avant de faire coulisser la grille de bois qui la séparait (c’est bon, je pense que nous avons fini par le comprendre !) de son pécheur … ou plutôt, de sa quatrième victime.

Pardonnez-moi mon Père, car j'ai péché....

Première réaction : retenir un fou rire qui la tenaillait puis, elle toussota pour reprendre un peu son sérieux. Un sourire se dessina sur son visage, puis elle répondit à sa nouvelle « cliente » : Pardonnez-moi ma fille mais à moins d’avoir recours à la sorcellerie – ce qui ne risque pas d’arriver et je doute fort que cela fonctionne réellement –, je ne suis nullement un homme mais une femme. « Ma mère » suffira amplement, je puis vous l’assurer.

La jeune femme toussota de nouveau avant de reprendre avec douceur : Le Très-Haut accorde son pardon à tout pécheur qui se confesse juste à temps. Même si ce dernier est le dernier des moins que rien. Mais je suis sûre, ma fille, que le Très-Haut n’aura aucune difficulté à vous accorder son pardon et vous laissera une place à ses côtés le jour de votre mort. C’est pourquoi, je vous invite à prier. Priez avec moi, ma fille.

Je crois en Dieu, le Très-Haut Tout Puissant …


Élisabeth continua à voix basse, afin d’être sûre que la jeune fille – ou la jeune femme, après tout, elle ne l’avait point encore vu pour en juger – réciterait avec elle le Credo. Quand les deux donzelles eurent finies, c’est Élisabeth qui reprit la parole en premier : Ma fille, je vous suis toute ouïe. Dieu vous entendra par mon intermédiaire.



*Jean-Jacques Goldman pour les incultes musicaux. Sinon, petit clin d’œil à un joueur, dont je tairais le nom.

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Colombe_de_singrist
"Ma mère !" Ah, ainsi donc c'était une dame, de l'autre coté de la grille.
Il faut dire que l'on n'y voyait pas grand chose à travers ces grilles, et que Colombe avait commencé sans avoir entendu la voix de son interlocuteur qui s'avéra être plutot une interlocutrice....

Bon, reprenons, il allait falloir avouer pas mal de choses. Et si elle était interrompue sans cesse, ce serait assez difficile. Heureusement qu'on ne voyait pas qui se cachait derrière, finalement. Sans quoi, vous imagineriez le drame ?

C'était pas tout d'avouer ses méfaits, mais si en plus le curé vous souriait après en vous reconnaissant dans les rues, l'air de vous dire "Et oui, je sais bien que c'est toi qui a volé les poules de tonvoisin. T'as de la chance que je sois tenu au secret de la confession !". Non non, ce serait invivable.


Oh, pardon, ma Mère ! reprit-elle poliment.
En même temps, elle jeta un rapide coup d'oeil à cette grille.
Est-ce que l'on ne voyait vraiment rien ?
Elle essaya de deviner les traits du visage au travers des trous. C'était impossible. Donc au pire, la Mère ne la reconnaitrait pas non plus. C'était déjà un soulagement parce que l'aveu en serait plus facile.

Bon... alors il fallait désormais penser à une technique de "noyade".
Le tout étant de mettre la chose la plus condamnable au milieu d'autres petites choses insignifiantes, histoire que cela passe plus "digestement" et d'obtenir l'absolution sans s'éterniser sur les détails.
La pénitence, ce n'était pas trop ce qui faisait peur à notre héritère scandinave.

Alors allons-y. D'abord les 7 péchés capitaux. Et pour cela, rien de tel qu'un moyen mnémotechnique pour les retenir : Peau glacée.
Oh mon Dieu, non, quelle horreur ! Pourquoi fallait-il que l'astuce resonnat dans sa tête, comme la température d'un cadavre ?

Elle déglutit. Pas le choix, il n'y avait pas d'autre astuce. Donc, Peau glacée, ou plutôt POGLACE.

P comme Paresse ? Non, la paresse, l'oisiveté, ce n'était pas son genre. Elle ne pouvait tout de même pas avouer des choses qu'elle n'avait pas faites. Suivant.

O comme Orgueil ? Mhmmm, non, ça non plus. Suivant.

G comme Gourmandise ? Ah... tiens.... ça !


Et bien, tout d'abord, j'ai été gourmande, oui. Le miel, les biscuits, tout ça... Puis il faut dire que les bonnes choses ne manquent pas, surtout à la Cour. Et la modération, c'est diffcile quand le Très Haut nous met de si bonnes victuailles à disposition. Les civets de biches, les magrets de canard, les cochons de lait à la broche... Enifn, vous voyez... toutes ces choses

Oui, bon, bref, on allait pas s'éterniser, fallait faire vite, histoire d'être débarrassée du plus gros.

Donc, G, c'est fait. Suivant...

L comme Luxure. Elle tousse. La luxure, le péché de chair. Un peu, un tout petit peu, mais alors vraiment rien. Est-ce vraiment un péché de chair ? Bon, de toute façon, il faut tout dire...


Ah.. euh... hum... Bon alors il se pourrait aussi que j'ai péché... contre la chasteté.
Mais alors juste un tout petit peu. Enfin, où est la frontière avec le mal... Ai-je vraiment péché en acceptant qu'il scelle ses lèvres aux miennes ? Il s'agissait juste d'un baiser, un tout petit biaser, et puis c'était il y a plus d'un an maintenant... Et c'est tout ce qu'il s'est passé. Tout s'est arresté ensuite, et c'est le seul baiser que j'ai eu de toute ma vie....


Elle avait avoué ça, c'était déjà une chose... Bon, vite vite, le point suivant.

A comme Avarice. Ah non, c'était pas du tout Colombe, l'avarice. Elle était même du genre un peu panier percé. Surtout après son naufrage, mais fallait bien se rhabiller pour l'hiver, surtout quand tout le navire coule, emportant tous vos effets... Allez hop, suivant.

C comme Colère. Ah ça ... pas grand chose, mais il fallait bien l'avouer.


Je me suis mise aussi en colère. Par deux fois.
Une fois pour une peine de coeur, bien que je l'ai jamais fait ressortir, et que pour finir, cette colère se soit plutost transformée en amertume, et puis une seconde fois, contre de vils pirates qui coulèrent mon navire sur le seul pretexte que la nationalité du capitaine leur déplaisait. C'est injuste, et je n'aime poinct l'injustice, voyez-vous, ma Mère.


Bon, elle n'allait pas épiloguer sur ces deux instants de sa vie qu'elle préférait oublier à tout jamais. Et il fallait surtout avancer, au vu des nombreux fidèles qui s'accumulaient devant le confessionnal.
Le dernier des 7....

E comme Envie. Jalouse ? Colombe ? Non, ce n'était pas du tout son tempérament. Peut-estre était-ce pour cela qu'elle n'avait pas su le garder. Mais qu'importe puisqu'à ce jour, son coeur battait désormais pour un autre...

Les 7 péchés capitaux ayant été énumérés, il fallait désormais placer LE number one, celui qui allait détrôner tous les autres, et qui elle l'espérait, serait noyé dans la masse. Quoique... quelle masse ? Si l'on comptait bien, Colombe n'avait pas fait beaucoup de choses.
Oui mais là, là... ça allait faire mal...
Inspiration.... Déglutition... Expiration....Temps d'arrêt ... Nouvelle inspiration...Eclaircissement de voix... "Allez, lance-toi Colombe... tu ne peux plus reculer, ce serait trop bête"

Elle toussote encore un peu et d'une toute petite voix, ajoute


Et puis... j'ai... j'ai tué un homme .

Ouffffff.. Voila, c'est dit . Fallait passer à autre chose, maintenant. Mais d'abord, un petit coup d'oeil furtif vers la grille, pour voir la réaction de la Mère. Avec un peu de chance, tout passerait sans plus de détail. Et puis, oui, c'est vrai, elle avait occis cet homme, mais bon.... elle n'avait pas fait exprès, enfin... presque pas.
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