Hildegardeii
[Juste avant l'orage]
La nuit tombe plus vite depuis quelques jours déjà. Le temps a beau se maintenir de façon à peu près potable, les journées, elles, raccourcissent et autant le soir que le matin, on supporte la petite laine, l'humidité s'accroche.
J'ai finalement réussi à faire démarrer cette bourrique de Falcounet. Plus que jamais, il porte bien son nom, plus têtu qu'une mule mon bourricot.
On l'a échappée belle quelques heures plus tôt lorsqu'on a croisé ces deux personnes sur la route. Je ne saurai jamais qui était le type, j'allais pas lui demander son pedigree, déjà qu'il voulait nous piquer notre âne. C'était p'têt un brigand va savoir...
La fille, elle, me disait quelque chose. Un vague souvenir comme une idée qui vous échappe voyez... Impossible de me souvenir d'où. Ca m'arrive souvent, surtout lorsque je dors peu. La mémoire, c'est ce qui fout le camp en premier.
...Mais qui c'est...?
Pas grave. Je me retourne, prend appui sur le siège de la carriole et mets ma main en casquette contre mon front en un geste inutile qui donne la sensation de voir plus loin, mais non ... et guette pour voir si le Persssifffleur arrive.
C'est qu'il est parfois à coté de ses pompes le Serpent. Si on le laisse cinq minutes seul... il se perd. Soit c'est parce qu'il baille au corneilles et qu'il oublie qu'on doit partir, du coup il signe pour une nuit à la mine, soit peu être que c'est qu'il a vu une fille, auquel cas...
... auquel cas....
... auquel cas, ma cervelle de fille se met en branle et plus rien n'arrête le processus "jalousie" et je sens bien qu'il va falloir que je fasse demi tour pour aller péter les ratiches de l'hypothétique fille en question, qui n'y est pour rien, elle, mais ça défoule.
Hildegardeii ou l'art de se monter des plans toute seule...
Mes pensées reviennent forcément sur cette fille au bord de la route.
.... Mais qui c'est cette fille... ?
Impossible de mettre un lieu, une histoire sur sa tête.
Bon, j'ai des excuses, la nana était recouverte de boue, un tantinet ridicule et pas au mieux de son humeur. J'l'avais peut être connue un jour où elle était plus pimpante... ?
Cahin caha, on avance le Falcounet, la charrette et moi, et au détour du chemin, un hameau apparait. Il semblerait que ce soit un relai comme il y en a toutes les cinq lieues, avec auberge, écurie et tables animées. Pour peu qu'il y ait une mine pas loin, on risque de trouver du monde pour la soirée.
Ca tombe bien, le temps se couvre en même temps que la nuit tombe. On va avoir un orage, faut qu'on arrive avant la pluie.
D'un claquement de langue, je presse Falcounet qui - miracle ! - part au petit trot, fouettant l'air de sa queue. Il a sans doute senti l'écurie parce qu'on commence à prendre de la vitesse et j'vous dis pas les cahots ! Je suis obligée de m'accrocher à la planche qui fait office de siège et même là... j'ai du mal à rester en place, ballotée que je suis dans tous les sens.
Je sens bien que si je n'arrive pas à maîtriser l'animal, la charrette va basculer et je vais me retrouver moi aussi, dans la boue, comme cette fille de tout à l'heure.
.... Mais, qui c'est cette fille..... ?
A quelques dizaines de mètres de l'auberge, Falcounet, la sueur aux flancs, donne tout ce qu'il a dans le ventre pour arriver avant l'orage. Un nid de poule, plus profond que les autres, juste avant la bâtisse, reçoit la roue de notre carriole et .... c'est le drame.... ! Essieu cassé, arrêt immédiat, âne bloqué dans son effort qui donne un braiement à fendre l'âme et stoppe, l'encolure basse et les jambes flageolantes.
Moi... forcément, je n'ai pas pu retenir quoi que ce soit, je jette un regard désespéré vers l'arrière où j'espère que Cobra sera et je suis projetée par dessus bord sous le choc. Je roule jusque contre les planches de l'entrée surélevée de l'auberge et m'assomme contre la poutre qui retient l'avant toit.
_________________
La nuit tombe plus vite depuis quelques jours déjà. Le temps a beau se maintenir de façon à peu près potable, les journées, elles, raccourcissent et autant le soir que le matin, on supporte la petite laine, l'humidité s'accroche.
J'ai finalement réussi à faire démarrer cette bourrique de Falcounet. Plus que jamais, il porte bien son nom, plus têtu qu'une mule mon bourricot.
On l'a échappée belle quelques heures plus tôt lorsqu'on a croisé ces deux personnes sur la route. Je ne saurai jamais qui était le type, j'allais pas lui demander son pedigree, déjà qu'il voulait nous piquer notre âne. C'était p'têt un brigand va savoir...
La fille, elle, me disait quelque chose. Un vague souvenir comme une idée qui vous échappe voyez... Impossible de me souvenir d'où. Ca m'arrive souvent, surtout lorsque je dors peu. La mémoire, c'est ce qui fout le camp en premier.
...Mais qui c'est...?
Pas grave. Je me retourne, prend appui sur le siège de la carriole et mets ma main en casquette contre mon front en un geste inutile qui donne la sensation de voir plus loin, mais non ... et guette pour voir si le Persssifffleur arrive.
C'est qu'il est parfois à coté de ses pompes le Serpent. Si on le laisse cinq minutes seul... il se perd. Soit c'est parce qu'il baille au corneilles et qu'il oublie qu'on doit partir, du coup il signe pour une nuit à la mine, soit peu être que c'est qu'il a vu une fille, auquel cas...
... auquel cas....
... auquel cas, ma cervelle de fille se met en branle et plus rien n'arrête le processus "jalousie" et je sens bien qu'il va falloir que je fasse demi tour pour aller péter les ratiches de l'hypothétique fille en question, qui n'y est pour rien, elle, mais ça défoule.
Hildegardeii ou l'art de se monter des plans toute seule...
Mes pensées reviennent forcément sur cette fille au bord de la route.
.... Mais qui c'est cette fille... ?
Impossible de mettre un lieu, une histoire sur sa tête.
Bon, j'ai des excuses, la nana était recouverte de boue, un tantinet ridicule et pas au mieux de son humeur. J'l'avais peut être connue un jour où elle était plus pimpante... ?
Cahin caha, on avance le Falcounet, la charrette et moi, et au détour du chemin, un hameau apparait. Il semblerait que ce soit un relai comme il y en a toutes les cinq lieues, avec auberge, écurie et tables animées. Pour peu qu'il y ait une mine pas loin, on risque de trouver du monde pour la soirée.
Ca tombe bien, le temps se couvre en même temps que la nuit tombe. On va avoir un orage, faut qu'on arrive avant la pluie.
D'un claquement de langue, je presse Falcounet qui - miracle ! - part au petit trot, fouettant l'air de sa queue. Il a sans doute senti l'écurie parce qu'on commence à prendre de la vitesse et j'vous dis pas les cahots ! Je suis obligée de m'accrocher à la planche qui fait office de siège et même là... j'ai du mal à rester en place, ballotée que je suis dans tous les sens.
Je sens bien que si je n'arrive pas à maîtriser l'animal, la charrette va basculer et je vais me retrouver moi aussi, dans la boue, comme cette fille de tout à l'heure.
.... Mais, qui c'est cette fille..... ?
A quelques dizaines de mètres de l'auberge, Falcounet, la sueur aux flancs, donne tout ce qu'il a dans le ventre pour arriver avant l'orage. Un nid de poule, plus profond que les autres, juste avant la bâtisse, reçoit la roue de notre carriole et .... c'est le drame.... ! Essieu cassé, arrêt immédiat, âne bloqué dans son effort qui donne un braiement à fendre l'âme et stoppe, l'encolure basse et les jambes flageolantes.
Moi... forcément, je n'ai pas pu retenir quoi que ce soit, je jette un regard désespéré vers l'arrière où j'espère que Cobra sera et je suis projetée par dessus bord sous le choc. Je roule jusque contre les planches de l'entrée surélevée de l'auberge et m'assomme contre la poutre qui retient l'avant toit.
_________________