Gwilherm
La pluie tombait depuis le milieu de la nuit dans lintérieur des terres et la place centrale de Rohan était des plus ventée, en cette mi-octobre. Pourtant, cétait cet endroit très précisément que le Juge avait choisi pour faire exécuter la sentence quil venait de prononcer à lencontre de Fauve et Ael Mor.
Cela faisait trop longtemps que ce duo infernal rapinait sur les routes bretonnes sans avoir à affronter la réelle colère de ses victimes. Oh bien sûr, ils avaient gouté aux prisons sombres et humides mais au lieu davoir la bonne idée dy attraper une pneumonie ou autre joyeuseté du genre, ils en ressortaient reposés, ayant rattrapé là bas le sommeil perdu durant des nuits à fureter dans les bois, dans lattente dinnocents voyageurs pour les détrousser. Ils avaient eu aussi droit à la violence dun poutrage en bonnes et dues formes, mais cela ne les avaient pas calmés bien longtemps et les Bretons avaient eu encore à souffrir de leurs exactions.
Le Juge de Bretagne, nommé pourtant il y a peu à ce poste, était déjà lassé de les voir si fréquemment au Tribunal et létait tout autant de se rendre compte que pas une journée ne se passait dans les rues des villes bretonnes, quil arpentait depuis quelques semaines dans le cadre dun Tro Breizh quil effectuait avec le bailli, sans entendre évoquer ce nom dont la sonorité sapparentait au trépas : Mor.
Il avait donc pris sa décision. Ces deux bandits de grands chemins, ces Bonny & Clyde du XVe siècle breton, allaient être exposés à la vindicte populaire et ce à plus forte raison parce quils avaient trouvé le moyen de se rendre insolvable, ayant dissimulé on ne sait où le grisbi. Non, il nétait pas question de les faire pendre haut et court, bien quils leurent sans doute mérité, mais la Constitution bretonne disait avec raison que la peine de mort naurait été quune délivrance pour ces âmes en peine. Devant le manque total de remords et labsence de volonté de rédemption de ces marauds, il nétait pas possible de leur offrir une telle chance !
Le pilori, avait-il pensé avant dopiner pour lui-même un signe de tête puis, de retour à son fauteuil plus que confortable de magistrat, le Harscouët avait prononcé la sentence, dune voix haute et claire dans lenceinte du tribunal. Dabord en breton, puis en français. Celle de lhomme dabord, nosant considérer peut-être à tort quune femme pouvait être linstigatrice dune si funeste entreprise.
Kondaonet eo ganomp da vezañ staget ouzh ar bouilhouer e-pad dek 4 devezh war blasenn vrasañ Rochan ha da baeañ un dell-gastiz 1 skoed arouezel.
...
Nous le condamnons à être mis au pilori durant 4 jours sur la plus grande place de Rohan ainsi quà une amende de 1 écu symbolique.
Celle de sa complice ensuite, dans les mêmes termes, exactement. Après quoi les gardes les avaient ramenés séparés dans leur cachot respectif et le Juge avait fait diffuser dans toutes les villes de Bretagne lannonce de la mise en application de la peine avec quelques précisions importantes.
Pobl Vreizh !
Hiziv, dal Lun 14 a viz Here 1461, e vo staget ouzh bouilhouer Rochan ar varaoded a vez graet Fauve hag Ael Mor anezhe. Padout a raio ar chastiz-mañ e-pad 4 devezh a-bezh.
Aujourdhui, Lundi 14 Octobre 1461, vont être mis au pilori de Rohan les marauds répondant aux noms de Fauve et Ael Mor. Ce châtiment durera 4 jours entiers.
Avis important à la population concernant cette peine :
- Nul ne devra approcher à moins de dix pas des condamnés, distance qui sera délimitée par des barrières.
- Le jet de fruits et légumes blets sur ces vils gredins est autorisé.
- En revanche, il est formellement interdit de faire usage de pierres, cailloux, morceaux de bois ou tout autres objets pouvant entrainer la mort desdits Mor.
- Les insultes et autres insanités langagières nhonorent jamais quelquun de civilisé, mais elles ne peuvent être proscrites tant les deux condamnés sont dimmondes fripouilles sans foi ni loi.
La force publique veillera à la bonne application des mesures sus citées et les contrevenants s'exposeraient à des poursuites.
Barner Breizh
Reizhder, enor, gwirionez.
La place rohannaise était donc humide et froide lorsque le convoi arriva, le Juge monté sur son destrier tout comme les gardes laccompagnant et escortant surtout les deux cages trainés par des chevaux de trait. Le pilori était déjà fièrement dressé sur la place, nattendant plus que les deux brigands
et la population bretonne excédée de leurs méfaits.
Stagit anezhe ! (attachez les !), ordonna-t-il, non sans un petit sourire au coin des lèvres.
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Cela faisait trop longtemps que ce duo infernal rapinait sur les routes bretonnes sans avoir à affronter la réelle colère de ses victimes. Oh bien sûr, ils avaient gouté aux prisons sombres et humides mais au lieu davoir la bonne idée dy attraper une pneumonie ou autre joyeuseté du genre, ils en ressortaient reposés, ayant rattrapé là bas le sommeil perdu durant des nuits à fureter dans les bois, dans lattente dinnocents voyageurs pour les détrousser. Ils avaient eu aussi droit à la violence dun poutrage en bonnes et dues formes, mais cela ne les avaient pas calmés bien longtemps et les Bretons avaient eu encore à souffrir de leurs exactions.
Le Juge de Bretagne, nommé pourtant il y a peu à ce poste, était déjà lassé de les voir si fréquemment au Tribunal et létait tout autant de se rendre compte que pas une journée ne se passait dans les rues des villes bretonnes, quil arpentait depuis quelques semaines dans le cadre dun Tro Breizh quil effectuait avec le bailli, sans entendre évoquer ce nom dont la sonorité sapparentait au trépas : Mor.
Il avait donc pris sa décision. Ces deux bandits de grands chemins, ces Bonny & Clyde du XVe siècle breton, allaient être exposés à la vindicte populaire et ce à plus forte raison parce quils avaient trouvé le moyen de se rendre insolvable, ayant dissimulé on ne sait où le grisbi. Non, il nétait pas question de les faire pendre haut et court, bien quils leurent sans doute mérité, mais la Constitution bretonne disait avec raison que la peine de mort naurait été quune délivrance pour ces âmes en peine. Devant le manque total de remords et labsence de volonté de rédemption de ces marauds, il nétait pas possible de leur offrir une telle chance !
Le pilori, avait-il pensé avant dopiner pour lui-même un signe de tête puis, de retour à son fauteuil plus que confortable de magistrat, le Harscouët avait prononcé la sentence, dune voix haute et claire dans lenceinte du tribunal. Dabord en breton, puis en français. Celle de lhomme dabord, nosant considérer peut-être à tort quune femme pouvait être linstigatrice dune si funeste entreprise.
Kondaonet eo ganomp da vezañ staget ouzh ar bouilhouer e-pad dek 4 devezh war blasenn vrasañ Rochan ha da baeañ un dell-gastiz 1 skoed arouezel.
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Nous le condamnons à être mis au pilori durant 4 jours sur la plus grande place de Rohan ainsi quà une amende de 1 écu symbolique.
Celle de sa complice ensuite, dans les mêmes termes, exactement. Après quoi les gardes les avaient ramenés séparés dans leur cachot respectif et le Juge avait fait diffuser dans toutes les villes de Bretagne lannonce de la mise en application de la peine avec quelques précisions importantes.
Pobl Vreizh !
Hiziv, dal Lun 14 a viz Here 1461, e vo staget ouzh bouilhouer Rochan ar varaoded a vez graet Fauve hag Ael Mor anezhe. Padout a raio ar chastiz-mañ e-pad 4 devezh a-bezh.
Aujourdhui, Lundi 14 Octobre 1461, vont être mis au pilori de Rohan les marauds répondant aux noms de Fauve et Ael Mor. Ce châtiment durera 4 jours entiers.
Avis important à la population concernant cette peine :
- Nul ne devra approcher à moins de dix pas des condamnés, distance qui sera délimitée par des barrières.
- Le jet de fruits et légumes blets sur ces vils gredins est autorisé.
- En revanche, il est formellement interdit de faire usage de pierres, cailloux, morceaux de bois ou tout autres objets pouvant entrainer la mort desdits Mor.
- Les insultes et autres insanités langagières nhonorent jamais quelquun de civilisé, mais elles ne peuvent être proscrites tant les deux condamnés sont dimmondes fripouilles sans foi ni loi.
La force publique veillera à la bonne application des mesures sus citées et les contrevenants s'exposeraient à des poursuites.
Barner Breizh
Reizhder, enor, gwirionez.
La place rohannaise était donc humide et froide lorsque le convoi arriva, le Juge monté sur son destrier tout comme les gardes laccompagnant et escortant surtout les deux cages trainés par des chevaux de trait. Le pilori était déjà fièrement dressé sur la place, nattendant plus que les deux brigands
et la population bretonne excédée de leurs méfaits.
Stagit anezhe ! (attachez les !), ordonna-t-il, non sans un petit sourire au coin des lèvres.
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