Bang BangSurtout rappelle-toi que rien de ce que tu verras ne sera vrai. Aucun geste, aucune parole, aucun soupir ne sera autre que feint. Ces mots chuchotés tournaient dans mon esprit. Je les répétais sans cesse comme une litanie apaisante, un mantra hypnotisant qui viderait ma cervelle de toute douleur, de toute sensation désagréable.
Je pressais le velours sous ma main devenue froide et moite. Le contact était moins doux, mon geste trop appuyé pour qu'il fut agréable. Mon regard se porta sur l'homme, sur son regard inquiet et interrogateur.
Que font ils ?... Elle n'est pas encore là. Il boit un verre de vin. Il regarde par la fenêtre.L'homme espérait, encore un peu. Peut être jouait elle ? Peut être était-ce une provocation pour le rendre jaloux, lui ? Il me regardait, encore un peu crédule.
Un mouvement dans l'appartement attira mon regard. La porte du fond s'ouvrit et tu regardas la femme qui apparut dans l'embrasure.
Elle sourit, déjà ensorceleuse, jouait l'hésitation. Tu posas le verre sur le rebord de la fenêtre et te dirigeas vers elle, ouvris la porte en grand, lui pris le coude et l'invitas à entrer.
Moi, je ne vis que son sourire, sa gorge palpitante qu'elle avait découvert en tirant un peu sur le décolleté de son bustier. J'entendis le grincement de la porte, le froufrou de sa jupe qui frôlait ses chevilles.
L'homme guettait mon regard, rassembla ses pieds sous sa chaise et l'approcha de la table, s'accouda. Ses mains qui se crispèrent sur sa chope trahissant sa tension.
Alors ?... Alors elle est là. Il ferma les yeux douloureusement, ses illusions s'envolèrent. L'espoir avait duré, allez... un quart d'heure. Le temps qu'elle se mette du rouge aux joues, mâche une feuille de menthe et remonte ses seins dans le balconnet de son corsage.
Mais ne nous leurrons pas. Je n'en menait pas plus large que lui. Alors je fis ce que je savais faire. Reporter ma hargne... Faire souffrir plus que je ne souffrais moi. Transférer mon angoisse et ne penser qu'à savourer le mal que allais distiller pour oublier que moi aussi j'avais mal.
Elle est en beauté. Vous la verriez, elle ne marche pas... elle vole...L'homme pressa la chope qu'il maintint entre ses doigts, son regard scruta le mien rivé sur l'entrebaillement de la porte.
.... Elle vole ... ?Elle gloussait en inclinant la tête vers ton épaule, frôlait ta joue de ses cheveux fins. Vous vous dirigiez vers le sofa, tu me jettais des petits coups d'oeil sans cesser de lui sourire. Tu lui pris la main et la baisas délicatement. Elle sourit, gloussa... lèva des yeux de biche.
Surtout rappelle-toi que rien de ce que tu verras ne sera vrai.Oui. Maintenant, elle s'asseoit du bout des fesses sur le sofa. Elle glisse ses mains sur ses cuisses et ses genoux serrés pour lisser le taffetas de sa robe.
Pendant ce temps, lui, il va chercher le verre abandonné sur la fenêtre et en ramène un second pour elle...Un verre de vin ............ ? Elle n'aime pas le vin ! Elle ne boira pas.Ah... ? Pourtant elle le porte à ses lèvres... Là...
Là ... Elle sourit encore, tend sa main vers la sienne et s'empare du verre et... caresse ses doigts. Longtemps...L'homme laissa tomber sa tête en avant, la posa dans sa main qui se perdit dans ses cheveux nerveusement.
Je vous hais Hégide. Pourquoi me dites vous ça ? Je sourit doucement à son visage crispé. Il commença à transpirer. Je me demandais si j'étais dans le même état que lui. je sentais bien que mon sourire éait terriblement tendu. Je tirai sur les zygomatiques, j'avais l'impression d'avoir les joues en carton tant je me forçais pour sourire...
Parce que ça vous plait. Vous m'avez dit un jour que vous aimeriez qu'on vous fouette.... Je vous fouette là, d'une certaine façon... Vous ne sentez pas comme ça cuit ?La femme trempa ses lèvres dans le vin... grimaça. Il avait raison, elle n'aimait pas le vin. Mais elle se forçait. Pour t'être agréable. Pour te plaire.
Soudain je me demandai quel vin tu lui avais servi. J'espèrais que tu n'avais pas ouvert le "Petrus-avant-l'heure" que je gardais soigneusement pour la naiss...
Pour une autre occasion.
J'espèrais que cette grimace était due uniquement à l'aigreur de la piquette que tu lui avait servie.
Je fronçais les sourcils... Ca m'agaçait. Elle m'agaçait. Lui aussi m'agaçait. Et toi... Toi... j't'aurais tué d'être si lent et de m'infliger cette leçon ! Tu passas dans son dos, posas ta main sur son épaule qu'elle fit mine de soustraire à la chaleur de tes doigts.
Il a les doigts chauds. Il est derrière elle et il caresse son épaule, sa nuque... Elle bascule sa tête et lui sourit comme ça ... La tête en arrière, appuyée sur sa main. Il la regarde... Il se penche. Il l'embrasse.Les yeux de l'homme se figent sur moi. Ses prunelles se rétractent deviennent épingles noires de la rage qui le tient là. Il blémit et passa sa main sur son visage, masqua ses yeux tout en frottant ses sourcils.
Surtout rappelle-toi que rien de ce que tu verras ne sera vrai.Je profitai qu'il ne me regardait pas pour fermer les yeux et crisper mes machoires. Je sentis vibrer mes yeux sous mes paupières réfrénant mon envie de me lever et sortir.
J'eus envie de sortir une lame... De lui tailler au couteau un sourire plus grand pour qu'elle sourit plus fort.
Je vais vous tuer Hégide si vous ne l'arrêtez pas.surtout rappelle-toi... ne sera vrai.Sa voix blanche, sourde, glaçante me hérissa les poils. Je le regardais de mes violines immenses, chaperonne impuissante, princesse d'innocence, le coeur au bord des lèvres, aussi tendue que lui.
Je n'y peux rien. Vous êtes le Libertin. Vous êtes celui qui partage, qui s'amuse à donner sa compagne, qui jouit de la voir dans d'autres bras.
C'est bien ça non un libertin ? j'ai bien compris ? Je suis si sotte...... Ta putain s'est barrée mon ami... Elle est partie... Elle t'oublie là... Elle n'a pas une seule pensée pour toi. Elle l'embrasse encore là. Sa main à lui est sur sa gorge à elle... et elle délace son corsage pour mieux qu'il y glisse sa paume... Pleine... Pressante... Entière sur elle.Surtout rappelle-toi... Bang Bang !