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[RP fermé] Intimité ..... dévoilée II

Hegide_iliard
Je déglutis lentement. La caresse de mes doigts ne s'interrompit pas ; mes phalanges se refermèrent pour alterner la pulpe et le dessus des ongles en doux aller-retours sur le velours.

Imperceptiblement, je tournai la tête vers mon épaule et perçus ton odeur. Elle aussi était un élément perturbateur. Je sentis l'odeur de ton corps sur moi. Peu de temps avant, nous étions enlacés à chuchoter des secrets d'amant à maîtresse et de maîtresse à amant... Tu m'avais serrée dans tes bras, me pressant contre les battements de ton coeur. J'avais niché mon nez contre la chaleur de ton aisselle, j'avais emmagasiné toute l'odeur de toi que mes poumons pouvaient contenir, parfum de ta sueur à la fois âcre et douceâtre d'après l'amour. Désormais, il me suffisait d'y penser pour que ce parfum m'emportât aussitôt. Mon cerveau l'avait décortiquée cette odeur, en avait séparé chaque composante, analysé chaque molécule et classifiée dans un compartiment de ma cervelle.

J'entendis rire la Libertine. Je vis ton profil lui sourire à coté de moi. Elle ne te connaissait pas, du moins il me semblait. Mais je supposais que cela ne devrait pas l'embarasser. Elle te faisait du charme, des sourires enjôleurs puis provocateurs tout en surveillant du coin de l'oeil que je ne réagisse pas. La voix que je perçus se faisait plus sourde . Je ne bronchais pas.

Mes doigts progressèrent contre le velours de la banquette et j'atteignis une couture. Je la suivis lentement de la pointe de l'ongle, puis grattai le pli du bout de l'ongle et immobilisai ma main pressant l'angle de la banquette.

Je détournai mon regard vers la fenêtre pour ne pas voir le visage de cette femme. Elle savourait ses provocations, s'écoutait elle même... vedette enivrée du regard de deux hommes au charme prometteur. Elle m'oublia à nouveau.

Sut elle le combat que je menais ? Elle me pensait résignée au soupir que je poussais alors qu'il n'y avait là que de l'impatience de ma part. Contenue... encore... encore... Pour que ça aille plus vite !

Elle s'enhardit, te chuchota quelques mots à l'oreille. L'homme lui, fit mine de s'en désintéresser et me posa une question banale pour entamer une conversation. Je me raclais la gorge et répondis par une banalité de la même veine que la sienne, le laissant à sa frustration, me délectant de la mienne.

....... Toi et la fille riiez.

Je sentis mes veines se gonfler sous l'effet de la sécrétion d'adrénaline... Là, ce n'était pas une décharge non ... C'était du poison distillé, lentement... peu à peu... au fil des éclats de rire cristallins de la Libertine et de ta voix toujours plus chaude. Mes paupières vibraient si je les fermais. Aussi, c'est un regard fixe et certainement trouble qui se posa sur l'homme en face de moi. Je perçus les sons aigüs de façon exacerbée et Aristote sait comme elle les modulait bien ces sons là... pour te charmer. Comme si elle en avait eu besoin....
Mais ça elle ne le savait pas. Alors elle sortit le grand jeu... tout en se méfiant de moi et de mon silence étonnamment tolérant.


Si à ce moment là une soudaine chaleur n'avait pas irradié contre mon auriculaire, je crois que mon esprit aurait cédé. Je crois que je n'aurais pas été capable de rester stoïque une minute de plus et aurais quitté la taverne tant ma tension était immense.

Ton auriculaire vint combler l'espace qui séparait nos mains sur la banquette. Je fermai les yeux, l'espace d'un instant et ton doigt recouvrit le mien en une caresse aussi discrète qu'intensément brûlante.

Mon coeur battait à tout rompre. Cela se voyait il ? Je le sentais dans mon cou, dans mes tempes.

Sans cesser de parler à la femme, chacun de tes doigts effleura chacune de mes phalanges. La table devant nous masquait ton geste. Cela m'électrisa tant que je dus me faire violence pour ne pas gémir.
Pour corser la chose, je décidais de m'obliger à poser mon regard sur la Libertine, à la manière d'une amie, lui témoignant là toute ma confiante invite à ne pas mollir dans son entreprise de charme sur toi.

Ta paume recouvrit le dessus de ma main et tes doigts enlacèrent les miens avec force.

- Votre garde aura t il quartier libre ce soir, Hégide ?
me demanda-t-elle sans percevoir ton geste. Une trève dans la sévère discipline que vous lui imposez serait la bienvenue... Vous êtes si stricte... N'y voyez aucune critique, ma chère mais il est bon parfois de lacher la bride, qu'en pensez vous ?

Je souris à la femme sans la quitter des yeux, refermai mes doigts sur les tiens et lui répondis :

- ... oui.......
.... Le temps que j'écrive quelques courriers et je rejoins mes appartements.


Elle hésita, surprise de ce qu'elle entendait. J'étais la chaperonne. Dans son esprit, il fallait m'amadouer pour que j'accepte de lui céder sa proie et là - comble de l'extase pour elle - elle pensait avoir réussit à séduire les deux, puisque je lui accordais le droit de continuer à disposer de toi.

Ma main libre plongea dans ma besace, fouilla parmi le désordre de son contenu et en sortit une clef. Avec lenteur, je la déposai sur la table puis la poussai vers elle. Le raclement du métal sur le bois résonna dans la taverne et dans ma tête. Tu me regardas.

L'homme aussi... un nœud dans la gorge visiblement.

Je lus l'avidité et l'impatience dans les yeux de la femme. Elle s'empara de la clef de nos appartements aussitôt, un sourire nerveux apparut sur ses lèvres. Son regard évita celui de son compagnon curieusement.
Pas le mien. Je ne perdais rien de la détresse de l'homme à cet instant.



Elle viendrait donc chez nous.



L'homme me fusilla du regard.
Hegide_iliard
Leçon 1810.0


- On ne va pas revenir là dessus... on s'est piégés tous les deux... de ce qu'on pensait etre une affaire d'un jour est né un... je ne sais quoi qui fait qu'aujourd'hui on se retrouve pour partager quelque chose qui sera, soit le plus grand truc que nous ayons fait, soit notre perte à tous les deux.
... Le "je ne sais quoi" est un fil conducteur ! et je veillerai à ne pas causer votre perte, allez savoir pourquoi !
Hegide_iliard
[Laisse moi être celle qui dirige
Tu peux m'appeler Reyne des abeilles !
Bébé, je domine... je domine... je domiiine..........
Laisse moi vivre ce fantasme*]


*Lorde - Royals



Les doigts se détachèrent. Ta main abandonna la mienne et il ne me resta que l'empreinte chaude de ta paume en souvenir.
Tu te levas, ignorant l'homme et signifias à la Libertine que tu passais à coté, dans nos appartements.

Je vends du rêve. Ca va vous plaire.... A vite...

Elle regarda ton dos s'éloigner vers la porte qui donnait aux chambres et disparaître dans l'entrebaillement. Tu te dirigeas vers le secrétaire, ouvris le tiroir et saisis quelques velins, le flacon d'encre.

La Libertine se leva à son tour, en silence, puis jeta un dernier regard interrogateur dans ma direction, en quête d'une ultime approbation.

Faut il que je vous l'écrive ? La clé ne suffit pas ?

Mon regard trahit la contrariété qui me gagnait. Elle préféra ne pas attendre que je change d'avis et tourna les talons vers la sortie oubliant même son partenaire dont le regard meutrier l'aurait tuée s'il en avait eu le pouvoir.

Elle sortit précipitamment de la taverne pour contourner l'auberge et regagner notre appartement par la porte de service, croyant par là tromper l'aubergiste peut être, sur ses intentions.

De ton coté, tu avais laissé la porte de notre appartement entrouverte, de sorte que de là où j'étais assise, j'avais une vue directe sur la pièce et le petit salon qui jouxtait la chambre. Tu te tournas vers moi, le nécessaire d'écriture à la main et je sentis ton regard peser sur moi alors que tu tapotais le rouleau de papier contre le flacon d'encre.

De mon coté, je regardais l'homme assis face à moi. Sa respiration était courte, il était furieux et je voyais sa machoire se crisper nerveusement. Dès qu'elle fut sortie, il me lança

Pourquoi faites vous ça Hégide ? A quoi jouez-vous ?

Enfin... C'est vous Libertin qui me demandez ça ? N'est ce pas comme ça que ça marche ? On demande, on offre, on partage... Non ?

Il hésita et rapprocha la chaise de la table, la faisant racler sur le plancher. Il appuya ensuite ses coudes sur la table et se pencha vers moi et à demi voix me dit :

Non Hégide. Non. Ce n'est pas comme ça. On me demande avant. Et il on attend que j'accepte... Et il faut des compensations !

Diantre ! Ce n'est plus du libertinage ça... elle vous appartient subitement ?
Il l'a séduite, il ne l'a pas forcée que je sache. D'ailleurs, vous l'avez vu vous même, l'initiative venait d'elle. Je n'ai fait qu'accepter le partage. Non ? C'est bien ce que vous m'aviez expliqué ... non ? Il ne me semble pas que vous parliez de compensations autrefois....


vous êtes donc toujours aussi cruelle avec moi n'est ce pas. Vous savez que je déteste ce type. Et vous savez aussi que vous savoir avec lui me...

Ses mains se joignirent sur la table et il serra ses doigts avec force, au point que les jointures blanchirent. Après avoir déglutit, il me regarda tant de force que je crus qu'il allait devenir violent.

Tu revins à ce moment là, le nécessaire d'écriture à la main et il se recula pour se caler dans le fond de son fauteuil, détournant le regard dans une attitude qu'il tenta de faire passer pour de l'indifférence.

Hégide, j'ai pensé qu'un calame pour vos esquisses serait peut être plus simple à manier qu'une plume. J'ai taillé celui-ci si le coeur vous en dit.

Je vous remercie. C'est une bonne idée. Je n'allais pas écrire de toutes façons à cette heure. Mon esprit est embrumé et puis je ne peux pas être grossière vis à vis de notre ami et l'abandonner à sa chope. Je lui ferai la conversation en attendant.
Allez... amusez vous.


Tu te penchas vers moi et me soufflas quelques mots qui tirèrent un soupir exaspéré au Libertin.
Bien que mon état ne fut pas si éloigné de celui de cet homme, je n'en laissai rien paraître, du moins, l'espérai-je. Une caresse discrète contre ta joue, j'acquiesçai à tes propos.


Tu rejoignis nos appartements prenant soin de laisser la porte suffisamment ouverte pour que je puisse y jeter un oeil à tout moment.
Hegide_iliard
Leçon n° 0601-1


- ........... un désastre Torrero ............ un désastre... une tempête...... un..................hmmmmmmmmm..... cyclone....... !
Ooooh..... cette fois ... tu m'as tuée !!!!

- .....mhmm......morts nous sommes.......mais je veux mourir ainsi tous les jours !.........j'adore ..
- ooh.. je t'aime ... et je crains de m'égarer....... comme dirait ce con de poête...mon anamour.....
Hegide_iliard
Bang Bang



Surtout rappelle-toi que rien de ce que tu verras ne sera vrai. Aucun geste, aucune parole, aucun soupir ne sera autre que feint.

Ces mots chuchotés tournaient dans mon esprit. Je les répétais sans cesse comme une litanie apaisante, un mantra hypnotisant qui viderait ma cervelle de toute douleur, de toute sensation désagréable.

Je pressais le velours sous ma main devenue froide et moite. Le contact était moins doux, mon geste trop appuyé pour qu'il fut agréable. Mon regard se porta sur l'homme, sur son regard inquiet et interrogateur.

Que font ils ?

... Elle n'est pas encore là. Il boit un verre de vin. Il regarde par la fenêtre.

L'homme espérait, encore un peu. Peut être jouait elle ? Peut être était-ce une provocation pour le rendre jaloux, lui ? Il me regardait, encore un peu crédule.

Un mouvement dans l'appartement attira mon regard. La porte du fond s'ouvrit et tu regardas la femme qui apparut dans l'embrasure.
Elle sourit, déjà ensorceleuse, jouait l'hésitation. Tu posas le verre sur le rebord de la fenêtre et te dirigeas vers elle, ouvris la porte en grand, lui pris le coude et l'invitas à entrer.

Moi, je ne vis que son sourire, sa gorge palpitante qu'elle avait découvert en tirant un peu sur le décolleté de son bustier. J'entendis le grincement de la porte, le froufrou de sa jupe qui frôlait ses chevilles.

L'homme guettait mon regard, rassembla ses pieds sous sa chaise et l'approcha de la table, s'accouda. Ses mains qui se crispèrent sur sa chope trahissant sa tension.

Alors ?

... Alors elle est là.

Il ferma les yeux douloureusement, ses illusions s'envolèrent. L'espoir avait duré, allez... un quart d'heure. Le temps qu'elle se mette du rouge aux joues, mâche une feuille de menthe et remonte ses seins dans le balconnet de son corsage.
Mais ne nous leurrons pas. Je n'en menait pas plus large que lui. Alors je fis ce que je savais faire. Reporter ma hargne... Faire souffrir plus que je ne souffrais moi. Transférer mon angoisse et ne penser qu'à savourer le mal que allais distiller pour oublier que moi aussi j'avais mal.

Elle est en beauté. Vous la verriez, elle ne marche pas... elle vole...

L'homme pressa la chope qu'il maintint entre ses doigts, son regard scruta le mien rivé sur l'entrebaillement de la porte.

.... Elle vole ... ?

Elle gloussait en inclinant la tête vers ton épaule, frôlait ta joue de ses cheveux fins. Vous vous dirigiez vers le sofa, tu me jettais des petits coups d'oeil sans cesser de lui sourire. Tu lui pris la main et la baisas délicatement. Elle sourit, gloussa... lèva des yeux de biche.

Surtout rappelle-toi que rien de ce que tu verras ne sera vrai.

Oui. Maintenant, elle s'asseoit du bout des fesses sur le sofa. Elle glisse ses mains sur ses cuisses et ses genoux serrés pour lisser le taffetas de sa robe.

Pendant ce temps, lui, il va chercher le verre abandonné sur la fenêtre et en ramène un second pour elle...



Un verre de vin ............ ? Elle n'aime pas le vin ! Elle ne boira pas.

Ah... ? Pourtant elle le porte à ses lèvres... Là...

Là ... Elle sourit encore, tend sa main vers la sienne et s'empare du verre et... caresse ses doigts. Longtemps...


L'homme laissa tomber sa tête en avant, la posa dans sa main qui se perdit dans ses cheveux nerveusement.

Je vous hais Hégide. Pourquoi me dites vous ça ?

Je sourit doucement à son visage crispé. Il commença à transpirer. Je me demandais si j'étais dans le même état que lui. je sentais bien que mon sourire éait terriblement tendu. Je tirai sur les zygomatiques, j'avais l'impression d'avoir les joues en carton tant je me forçais pour sourire...

Parce que ça vous plait. Vous m'avez dit un jour que vous aimeriez qu'on vous fouette.... Je vous fouette là, d'une certaine façon... Vous ne sentez pas comme ça cuit ?

La femme trempa ses lèvres dans le vin... grimaça. Il avait raison, elle n'aimait pas le vin. Mais elle se forçait. Pour t'être agréable. Pour te plaire.
Soudain je me demandai quel vin tu lui avais servi. J'espèrais que tu n'avais pas ouvert le "Petrus-avant-l'heure" que je gardais soigneusement pour la naiss...
Pour une autre occasion.
J'espèrais que cette grimace était due uniquement à l'aigreur de la piquette que tu lui avait servie.

Je fronçais les sourcils... Ca m'agaçait. Elle m'agaçait. Lui aussi m'agaçait. Et toi... Toi... j't'aurais tué d'être si lent et de m'infliger cette leçon ! Tu passas dans son dos, posas ta main sur son épaule qu'elle fit mine de soustraire à la chaleur de tes doigts.

Il a les doigts chauds. Il est derrière elle et il caresse son épaule, sa nuque... Elle bascule sa tête et lui sourit comme ça ... La tête en arrière, appuyée sur sa main. Il la regarde... Il se penche. Il l'embrasse.

Les yeux de l'homme se figent sur moi. Ses prunelles se rétractent deviennent épingles noires de la rage qui le tient là. Il blémit et passa sa main sur son visage, masqua ses yeux tout en frottant ses sourcils.

Surtout rappelle-toi que rien de ce que tu verras ne sera vrai.

Je profitai qu'il ne me regardait pas pour fermer les yeux et crisper mes machoires. Je sentis vibrer mes yeux sous mes paupières réfrénant mon envie de me lever et sortir.
J'eus envie de sortir une lame... De lui tailler au couteau un sourire plus grand pour qu'elle sourit plus fort.

Je vais vous tuer Hégide si vous ne l'arrêtez pas.

surtout rappelle-toi... ne sera vrai.

Sa voix blanche, sourde, glaçante me hérissa les poils. Je le regardais de mes violines immenses, chaperonne impuissante, princesse d'innocence, le coeur au bord des lèvres, aussi tendue que lui.

Je n'y peux rien. Vous êtes le Libertin. Vous êtes celui qui partage, qui s'amuse à donner sa compagne, qui jouit de la voir dans d'autres bras.
C'est bien ça non un libertin ? j'ai bien compris ? Je suis si sotte...... Ta putain s'est barrée mon ami... Elle est partie... Elle t'oublie là... Elle n'a pas une seule pensée pour toi. Elle l'embrasse encore là. Sa main à lui est sur sa gorge à elle... et elle délace son corsage pour mieux qu'il y glisse sa paume... Pleine... Pressante... Entière sur elle.


Surtout rappelle-toi... Bang Bang !
Hegide_iliard
La leçon cette fois s'avéra aussi difficile qu'amère. Certes voir ce type se décomposer m'avait permis, l'espace d'un instant, de ne pas basculer complètement dans la folie.
Lui, avait subi doublement la douleur : tout d'abord du fait que sa compagne s'abandonnait à un type qu'il détestait, sans lui demander son "autorisation" et ensuite du fait que les gestes aient été rapportés, dans les moindres détails pervers par moi, qu'il n'aurait jamais.
Je n'en tirais pas de satisfaction particulière. Cela avait uniquement permis de faire passer la pillule, d'adoucir ma souffrance à moi.

Sur le moment, je ne me demandais pas ce que toi tu ressentais. Je me disais que tu étais insensible à tout ça, détaché de ce que tu faisais. Forcément, la leçon, tu la donnais toi. Dans mon esprit, un instructeur n'éprouve rien. Il est tout dédié à ce qu'il veut montrer, à son élève. Al n'avait jamais aucun état d'âme, ni envers moi, ni envers les autres. Tu te devais d'être ainsi, toi aussi.

Tu me l'avais dit Rappelle toi que rien de ce que tu verras n'est vrai.

Sauf que, lorsque, sur un signe discret de la main, tu m'invitas à rejoindre notre appartement, lorsque j'abandonnai cet homme à son désespoir dans cette taverne, moi même liquéfiée intérieurement, je croisai ton regard.
Mes jambes me soutenaient à peine et je me souviens avoir fait une halte près du secrétaire où je dus poser ma main pour me retenir de tomber. J'aurais été bien incapable de bouger sans m'effondrer.

La femme, un instant surprise de mon arrivée, retrouva vite son contrôle et bien décidée à continuer sa délicieuse soirée, t'attira à elle, allanguie sur le sofa.
Ton regard de jais eut une hésitation, il alla d'elle à moi puis dans un grognement tu fondis sur ses lèvres, voyant que je ne bronchais pas. Cet instant de flottement, mon silence, ton hésitation, décidèrent de la suite.

Tes gestes devinrent plus brusques, tes paroles durcirent jusqu'à te laisser aller à l'insulter. Qui insultais tu à ce moment là ? Elle pour son audace qui ne se démontait pas alors que j'étais là ? Moi pour silence et mon autorisation implicite à ce que tu continues ? Ou alors toi, par écoeurement de la scène qui se déroulait et dont tu n'étais plus maître ?

Lorsqu'elle se figea, humiliée par l'insulte de trop, je vins la rassurer, nous contraignant par là à aller jusqu'au bout. Si leçon il y avait, elle serait complète et commune, quitte à tout exploser. Pendant que tu jetais les dernières cartouches de ta hargne, je susurrais, derrière son dos, des paroles bienfaisantes, dans le creux de son oreille sans jamais te quitter des yeux, sans jamais ciller. Tes yeux rivés aux miens.

Notre haine réciproque atteignit son paroxysme lorqu'elle finit par crier, nous punissant tous deux de notre perversité.
Et la diablesse cria longtemps ! Au point que je me demandai qui orchestrait tout ça finalement ? La baguette avait changé de main entre tous les participants ou presque et s'était transformée en badine pour mieux nous flageller tous les deux... Au jeu de l'escalade, nous arriverions vite au précipice.
Hegide_iliard
Leçon n°0111.00


- elle pensait sans doute pas à une reaction telle de notre part... mais bon, l'autre n'était pas tout blanc

- elle a cru avoir son appui

- oui il sème lui et sème et sème et apres il enc*** à sec ses pigeonnes ... Il voulait en savoir plus sur nous pour mieux nous piéger. Il a été servi...... Leçon suivante Hégide
Hegide_iliard
D'aucuns diront que je ne vaux pas cher et ils auront raison.

Mon pedigree ne fait pas l'éloge de ma poitrine opulente, de ma beauté fatale, de mon succès fou auprès des hommes, ni de mes multiples postes occupés ou de mes études brillantes. Et pour cause !

Je n'ai pas l'ambition des duchesses et chefs de guerre. Je ne suis pas brigande irrésistible et sanglante. Je n'ai pas une famille et des amis fidèles. Je ne suis pas non plus, une épouse modèle.
Je n'ai pas eu à apprendre à être mauvaise. Je l'étais déjà. Je suis médiocre au milieu des brillants de ce monde. Je suis terne parmi les lumineux poêtes. Je ne supporte pas les autres. D'ailleurs, je n'écris pas avec les autres. D'ailleurs je n'écris pas.

Je ne sais pas me mettre au pli. Je suis capricieuse, jalouse et de mauvaise foi... et j'aime m'acharner à faire souffrir les faibles et puis faire mine de m'apitoyer et leur sortir la tête de l'eau pour mieux les y replonger ensuite.

Je n'ai pas d'enfant. Je ne suis pas enceinte. J'ai mal au ventre quand j'ai mes règles. Ca me fout de mauvais poil... Règles qui ne servent à rien d'ailleurs, sauf à donner une illusion à mon ventre stérile. Je n'ai pas d'enfant de toi. Ni de quiconque.

J'ai déjà tué. Oh bien sûr, pas des gens, aucun assassinat, non... Là aussi je suis médiocre, rien de bien spectaculaire. J'ai tué mon chien qui avait pris un carosse en pleine échine et qui s'était trainé jusqu'à moi le cul paralysé.
J'allais pas le mettre sur mon pedigree. C'est pas prestigieux. Ca n'a pourtant pas été facile. J'y pense encore alors que c'était il y a des années.

J'aime voir des hommes se battre dans des combats sans règles. J'aime leurs regards lorsqu'ils se défient et j'ai le goût du métal dans la bouche lorsque le vainqueur terrasse son adversaire. Je n'ai aucun état d'âme. Seule la victoire compte, peu importe la manière.

Je n'ai rien de l'excellence. Je n'ai pas découvert le nombre d'Or. Ni les divinités grecques, ni la signification des hiéroglyphes.

On aurait dû m'appeler Piètre.

Et pourtant... toi tu es toujours là ...

Ca dépasse l'entendement... Est ce de la folie ? De l'inconscience ? Ou alors c'est par gout d'exhibition ? Comme ces montreurs d'ours "Tenez ! Voici la bête ! Moi seul sais la tenir ! Voyez comme je la plie ! Elle m'obéit !"

Et je courbe l'échine et je prête le flanc. Et mon front contre le tien, je bois tes paroles apaisantes. Douce mélopée dans un souffle à peine audible, tu calmes mes fureurs, m'invites à ployer.
Auras tu jamais meilleure élève que moi ? Aussi docile ? Aussi extrème ? Aussi mauvaise dans le pire ? Aussi prête à te suivre dans tes moindres caprices ?

C'est peut être pour ça que tu m'aimes : j'apprends... Dresse-moi.
Hegide_iliard
Leçon n° 0811-00



- tais toi !
- Oh non... Je dois te contrôler
- Je me contrôle
- Laisse moi marcher en rêvant de cet instant où avec une lenteur infernale...
- Je partirai avant...
- ... Je glisserai contre les parois qui se refermeront lentement
- Tu ne pourras pas entrer.
- Je forcerai
Hegide_iliard
J'ai tiré les rideaux, remonté le dessus de lit en tirant sur le bout de la toile et je suis partie chez les soeurs.

Je me suis dit que c'était le mieux pour le moment.

J'ai poussé la lourde porte sombre du couvent et j'ai demandé à voir la supérieure.

Que nous vaut votre visite ma fille ?

J'ai repensé à Al., à ses fréquentes retraites qui me laissaient la bride lache sur le cou. Je me suis demandé ce qu'elle pouvait bien y faire chez les soeurs pendant que je faisais les quatre cents coups... Ah oui... Prier...

Je suis venue me ressourcer. J'ai besoin de prendre du recul.

La mère supérieure qui en a vu d'autres, me dévisage d'un air circonspect. Des filles qui se présentent au couvent, les soeurs en voient des tas. Désespérées de l'amour, grosses qui veulent planquer leur chiard à naître ou le faire disparaître. Rares sont les pieuses véritables, celles qui ont la foy, l'appel de Dieu, les mystiques, le don de soi. On est tous des hypocrites, moi la première. Je repense à l'évèque, à ses lettres, ses désirs...

La religieuse s'efface, me laisse pénétrer dans la pénombre. J'ai une pensée pour toi qui ne me trouveras pas demain lorsque tu passeras la tête dans l'entrebaillement de la porte de notre appartement. Toi qui seras parti dès le soir et qui ne reviendras que dans une semaine. Au mieux.

Le premier soir, je m'installe dans ma cellule. La soeur qui m'accompagne ne s'arrête pas de parler. Elle est jeune.

Vous venez d'où ? C'est comment dehors ? Mois je suis de Toulouse mais j'en suis partie il y a longtemps. Dix ans déjà qu'on m'a placée ici et que je vis auprès de notre Seigneur. Vous avez des enfants ? Vous êtes veuve ? J'ai bientôt vingt ans. Je serai votre référente pendant votre séjour. Vous aimez les biscuits ? Vous avez déjà assisté à la messe de la Saint Noêl ?

Elle m'étourdit de paroles, pose des questions sans attendre de réponses. Elle profite de ma présence, me respire. L'odeur de l'extérieur lui fait tourner la tête. Elle sourit. Tout le temps. Elle sourit.

Elle me montre ma cellule, fait le tour de la petite pièce avec force gestes en saisissant chaque objet pour me le montrer et son babil ne s'arrête que pour me faire face, essoufflée, à court de questions. Mon regard tente de s'ancrer dans le sien. Je la distingue à peine. Elle a l'air belle avec son visage lunaire empreint de naïveté encadré par ce voile noir.

Elle tiendrait pas une semaine dehors.

Lorsque le débit se calme, qu'elle allume les chandelles chiches qui éclairent nos gestes, je la laisse faire, assise sur le bord de mon lit. Face à moi, un prie Dieu surmonté d'une image de Sainte. A gauche, du coté du pied du lit, la porte et sa petite grille qui permet aux soeurs de ronde de surveiller qu'on est bien sages. Comme si on allait danser la gigue la nuit !
A droite, une fenêtre également défendue par des barreaux qui donne sur le cloitre. Je peux voir passer la procession des soeurs qui prient avant le diner, avant les champs, avant les chants, avant le coucher, avant la messe, après la messe, pendant la messe...
Juste contre, une petite table, une chaise et un petit coffre.

Pour ranger vos effets. Ca suffira ?

La jeune soeur touche mes cheveux, examine les rubans que j'ai entremêlés à mes tresses et relevés sur le sommet de mon crane. Elle touche le tissu de ma houppelande. La rouge. Celle que tu m'as fait remettre par le notaire. Celle qui attire l'oeil. Celle qui a des dentelles devant et des lacets dans le dos. Celle que je mets quand je veux avoir l'impression que tu es là. Celle que j'ai stupidement mise pour aller au couvent.

Je me souviens de tes paroles.

T'es belle là dedans. Le rouge c'est ta couleur.

Mes doigts lissent un pli et tirent un peu le tissu sur mon genou. Tu me manques déjà alors que ça fait seulement quelques heures que je t'ai quitté. Si je penche un peu mon visage vers mon épaule, je sentirai encore l'odeur de ton parfum. Je ne bouge pas, laisse la soeur continuer son inspection, tater le satin de mon corset, s'y attarder les yeux fermés.

Vous devrez quitter tout ça. Revêtir la robe des novices. C'est la règle. On ne doit rien garder de l'extérieur dans la communauté.

Alors je me lève, saisit les corbeilles du corset à l'avant, à pleines mains, presque rageusement et fait sauter les crochets pour le retirer.
La soeur, dans mon dos m'aide à délacer le lien de la houppelande et je la fais glisser sur mes épaules. Le tissu bruisse, glisse le long de mes bras. Nos mains se frôlent. Elle s'en saisit, le presse pour en savourer le soyeux, encore plein de la chaleur de mon corps. Je tourne mon visage vers elle, l'interroge de mon regard.

Que dois-je faire ensuite ?

Elle ne parle plus, suit la courbe de ma taille de la main, atteint les fossettes de mes reins qui frémissent lorsqu'elle fait glisser la robe et contourne mes hanches où la chair de poule crispe l'épiderme. Elle a les mains froides. J'espère que mon frisson est pris pour ce qu'il est : la réaction au froid et non pas une émotion quelconque à son égard.

Un doute m'assaille soudain : est-elle aveugle ? Elle me parcourt de ses doigts comme pour saisir mon profil. La robe est à mes pieds mais elle continue de faire courir ses doigts sur moi, comme pour saisir la moindre courbe, chaque détail. Elle revient à mon visage, touche mes lèvres, mes pommettes, mon nez, mes sourcils et mes oreilles. Elle effleure mes paupières qui se ferment lorsqu'elle pose ses doigts.

De quelle couleur sont vos yeux ?

Violets.

Et vos cheveux ? L'odeur n'est pas celle d'une blonde... et plus fins que ceux des rousses...

Je pense à toi, à tes mains sur moi qui modèlent ma chair, à tes lèvres qui me scrutent, qui dessinent mon visage, qui s'imprègnent de mes traits. Qu'ai-je fait ? Pourquoi suis-je ici ? Je devrais être avec toi ! Tu devrais être avec moi !

Une larme coule sur ma joue. La soeurette s'est détachée et ne peut pas la "voir". Je la laisse couler en silence, respire Hégide.... respire... contrôle... qu'elle ne voie rien surtout, qu'elle ne sache pas. Que l'apparence soit sauvée. Respire !

Je lève un pied, puis l'autre. Abandonne la houppelande que la soeur fait disparaitre dans le coffre. Un bout de tissu reste coincé à l'extérieur. Mes yeux s'y accrochent et je ne le lache plus.Le rouge m'hypnotise. Je ne veux plus être là. Je te veux toi. Je te veux toi !!!

Une seconde larme déborde de mes yeux trop remplis d'eau et roule jusqu'au menton pour venir s'écraser sur mon sein. J'essuie ma joue. La soeur s'affaire, me tend l'uniforme austère, blanc cassé, la toile rude sent le propre et l'encens. Je l'enfile, elle le ferme... Emprisonne mon cou, voile mes cheveux qu'elle a défaits puis noués en queue de cheval stricte. Les rubans ne sont plus. Je ne sais pas ce je fais là. Je n'y crois pas. C'est un rêve. C'est un cauchemar. Tu vas me réveiller et on va faire l'amour hein.... Dis moi... redis moi que tu m'aimes. Parle moi !

Il est tard. Nous avons déjà soupé. Mais je vous apporterai quelque chose après la lecture de complies. Si vous souhaitez nous y rejoindre, nous en ferons lecture dans la grande salle. Je vous ai laissé un bréviaire sur la table.

La porte se ferme sur ma cellule. Les pas décroissent dans le couloir. Je vais apprendre la solitude.
Hegide_iliard
Distorsion sur une Leçon n°1502- 01



Tu es Mienne,
Jolie Pucelle,
Pour la nuit des rats,
Jusqu'à mon trépas !


Tu es chienne
Folie plus belle
Que la vie dans mes bras
Ne te montre surtout pas
Hegide_iliard
Peu à peu je m'appropriais les lieux. Les journées s'articulaient autour de ma cellule, le cloitre, le jardin, le dispensaire, le réfectoire, la chapelle des novices.

Les jours passaient, identiques aux précédents, rythmés par les taches qu'on m'assignait et les offices qu'on m'imposait. Pour faire le vide, je demandais à ce qu'on m'occupât à chaque instant.


Donnez moi du travail.


Cependant, c'était inutile. J'avais beau m'arracher les ongles à griffer la terre du jardin pour déterrer les légumes du prochain repas des conventines, j'avais beau me crever les yeux à repriser les bas des soeurs dans la lueur d'une chandelle qui fume, j'avais beau consacrer tout mon temps aux soins des pauvres et à la traduction des ouvrages de la bibliothèque, rien n'y faisait.

Donnez moi du travail !

La soeur référente, consciente des raisons qui expliquaient mon attitude, ne me lachait pas, écoutait mon silence, suivait le moindre de mes gestes, ne me laissait aucune trève. Les taches s'enchainaient, me glaçaient les mains, me tordaient le dos et la cervelle. Mais rien n'y faisait.

Donnez moi du travail !!!

Elle comprit que m'assommer de travail ne suffirait pas. Alors c'est par l'humiliation qu'elle décida me traiter.

Un coup de pied et c'est la récolte de légumes de la journée qui bascule de la brouette ; le linge mal reprisé m'est lancé au visage. Les soins sont toujours plus pénibles et mes traductions jamais assez précises sont jetées dans le feu de la cheminée de la salle d'étude.

Tu as mal chargé la récolte. Ramasse !

On voit les points sur ces bas que tu as racommodés. Recommence !

Occupe toi du quartier de la dysenterie. Lave les draps !

Là ! Cette tournure n'a aucun sens, recommence le chapitre !


Mais rien n'y faisait. J'étais toujours emplie de toi et chaque minute me paraissait une journée.

J'étais jalouse de ces novices si dociles, détachées du monde et de leur être, lisses. Sur elles, le temps n'avait aucune prise. Elle vivaient dans un éternel présent.
Que n'aurais donné pour connaître un jour cette vacuité du coeur et de l'esprit !

Ca viendra...

Quand viendra mon tour ?
Hegide_iliard
Avant d'en devenir folle


Le soir arrive et la soeurette est partie, me laissant seule face à la panique de ce lieu étroit. Je me retrouve seule et désoeuvrée. Tu sais combien le désoeuvrement et l'inaction sont néfastes. Je me bouffe la cervelle moi-même, faute de me m'en prendre à d'autres.

La cellule est si petite que je pourrais, en trois enjambées, aller d'un mur à l'autre.... si la couche n'avait pas encombré le passage. L'unique espace où on peut se mouvoir est celui entre le lit et le bureau, face à la fenêtre, à condition de pousser le coffre sous la table !

Je me découvre claustrophobe. Les doigts serrés sur les barreaux de la fenêtre, je guette la nuit. Le noir me fait écarquiller les yeux mais sans pour autant mieux voir. J'étouffe, la gorge serrée. J'avale l'air goulument en secouant vainement les barreaux.

Que faites vous ma soeur ?

Je me retourne brusquement et la soeurette est à nouveau dans la cellule ; elle est entrée sans bruit et me surprend.

On ne peut pas sortir par là.

... Je sais...

Dois je vous rappeler que vous êtes ici par votre propre volonté ?

Non...

La soeur s'avance dans un léger bruissement de toile. Ses yeux blancs s'ancrent dans les miens. Me voit elle ?
Son souffle me fait cligner des yeux. Sa détermination m'impressionne. La soeur qui me fait face n'a plus rien de celle qui m'accueillait à mon arrivée ici. Si son visage lunaire est semble toujours aussi candide, il émane d'elle commme une menace sourde que je n'explique pas. Il me semble revoir Al. au fond de son regard blanc.

Alors, conforme toi Hégide, oublie l'extérieur, oublie le et imprègne toi d'ici.

M'imprégner ?

Comment veux tu que je m'imprègne d'autre chose que de ce qui est moi ? Je me suis nourrie de sa présence pendant plus d'une année. Il a été là pour me sortir de la folie et tu me demandes de l'oublier et de m'imprégner ? Je suis même allée le chercher parmi les morts !

Instinctivement, je me suis reculée au plus loin que je pouvais mais la cellule est si petite qu'elle ne permet aucune distance. La soeur vient le camper face à moi, sa main presse mon bras.

N'oublies pas que tu n'es rien. Sans importance ! Rien !

Je n'oublie rien, c'est bien le drame ! Je n'oublie pas ! Chaque soir tout recommence. Et je me fous de n'être rien !

La gifle part. Je ne m'y attends pas et la prends de plein fouet. La joue me cuit. Une autre suit, de l'autre coté. Les mèches de cheveux volent et se collent sur mes lèvres lorsque mes yeux reviennent à elle.

Encore ? T'en faut il encore ?

Jamais assez ! Je refuse !

Mon tympan siffle lorsqu' emportée par son élan elle vient cingler plus haut vers l'oreille. Je reviens toujours à ses yeux vides et les gifles pleuvent jusqu'à m'arracher des larmes de douleur. Je n'ai plus de joues. Mon coeur bat dans mes tempes. Je brûle. J'ai mal... Je pleure et je faiblis sur mes jambes flageolantes, glisse le long du mur pour m'accroupir et serrer mes bras autour de mes genoux.

Alors la moniale se fait douce, caresse mon visage, dessine le contour des marques que ses doigts ont laissé sur ma peau.
Elle murmure des paroles apaisantes qui contrastent avec sa fureur de l'instant précédent.
Ses bras m'entourent, me calinent et sa main vient écarter les mèches de cheveux collées par mes larmes. Ses lèvres se posent sur mon front brûlant avec une infinie douceur.

La porte s'ouvre alors en grand sur la mère supérieure qui découvre la scène. En trois enjambées, elle est sur nous, tire la soeurette en arrière d'une main rude, la force à me lâcher.

Il y a du courrier pour toi Hégide. Tu sors demain. On vient te chercher.
Hegide_iliard
L'orgueil nous emplissait tant que nous aurions préféré crever plutôt que de reconnaître que nous pourrions être malheureux l'un sans l'autre. Aussi, à la tristesse et au désarroi, nous préférions la colère, moins pudique.

Aussi, lorsque tes campagnes de pêche t'obligeaient à t'éloigner pour plusieurs jours, je sentais monter une tension qui était d'autant plus difficile à maîtriser que je la savais partagée à l'identique.
L'air devenait électrique, le moindre mot, le moindre geste, la moindre parole devenait prétexte à dispute. Une seule fausse note suffisait à nous faire voler en éclats.

J'avais la hantise de ces départs. Je m'aveuglais la plupart du temps en refusant de connaître les dates et retarder l'inéluctable. Toi, tu évitais le sujet, bien conscient que ça ne ferait qu'attiser le feu, pour ne m'avertir qu'au dernier moment.

Je pars ce soir pour la pêche. Nous serons séparés quelques jours.

Ta voix tentait de garder un ton neutre. La pêche, après tout, est un moment de détente qui te permettrait de prendre une goulée d'air frais, loin de la pitoyable monotonie du quotidien.

Combien de temps ?

...Je ne te verrai pas... du tout ?


Je connaissais la réponse par coeur, c'était toujours la même.

Je ne veux rien te promettre. Je ferai au mieux, mais n'y compte pas trop. Je passerai si je peux...

Alors va et amuse toi.

Cet échange était devenu un rituel, prélude à ce qui ne manquerait pas d'exploser.
A ce moment là, voulant profiter des dernières heures ensemble, nous allions dans la première taverne qu'on trouvait ouverte et on cherchait à se défouler sur le premier venu. La plupart du temps nous étions si détestables que les clients partaient rapidement. Trop vite à notre gout pour ne pas nous frustrer et nous laisser un gout amer dans la bouche.
Nous reportions alors notre colère sur nous mêmes, maudissant les chiots trop fragiles et les putains trop fades. Au final les uniques personnes capables d'assez de haine et de mauvaise foi pour nous tenir tête étaient nous mêmes, misérables pantins livrés en proie aux caprices de deux monstres vaniteux.

La dispute éclatait immanquablement. Les mots cinglants fusaient et nous déchiraient le coeur. Tes poings se crispaient à en faire blanchir les jointures des phalanges tandis que mes ongles se plantaient dans la chair de mes paumes. L'issue serait un départ fatal ou un corps à corps douloureux, selon qu'on arriverait à maîtriser la chose.

Te pousser à bout. Pour que cette violence contenue déferle enfin. Que tu m'agrippes. Que tu m'accroches. Que tu me tordes, que tu me marques et que je puisse garder quelque chose de toi pendant ton absence. Un souvenir irisé que je pourrais raviver d'une pression, le relief d'une griffure, le dessin de tes dents dans ma chair.

Je saurai être désinvolte ainsi, paraître presque normale, offrir un visage lisse à ceux que je croiserai. Ces souvenirs combleront le manque pour un temps, jusqu'à ce qu'ils s'estompent.

Il faudra un jour trouver une façon, quelque chose qui ne disparaîtra pas. Je ne sais pas encore comment, mais ça me paraît indispensable.
Hegide_iliard
Leçon n°3011.00

- Quoiqu'il arrive dans nos déchirements aucun de nous n'a l'droit de crever c'est clair ...?
- J'espère que jamais je ne ferai des choses aussi stupides que ces femmes rendues folles par leur amour !
- ... Et encore moins de faire des choses stupides comme celle que tu avais pensé faire ......nous ne le méritons pas.
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