Axelle
La proposition avait été acceptée. Etrange quand tout semblait les séparer. Mais les apparences nest-ce pas
Les pas des deux femmes sengouffraient dans cette forêt que la Bestiole contemplait avec des yeux denfant. Là bas, chez elle, en Camargue, aucune forêt, juste le sel et les salicornes chatouillant les mollets. Les seuls arbres arrachaient leurs silhouettes tordues dun ciel écrasant de chaleur et de bruissements dinsectes. La forêt, elle lavait connue à Embrun, dense, noire, emplissant les narines dun parfum de résine. Sylve terrifiante lhiver quand le blizzard sifflait entre les branches aux doigts crochus, saccrochant aux cheveux et aux vêtements pour ralentir les promeneurs téméraires ou égarés, dont certains disparaissaient sans la moindre explication. Les plus pragmatiques parlaient alors dune crevasse ou déboulis tranchants, tant glissants quun pied mal assuré suffisait à précipiter un malheureux au bas dun à-pic perdu dans les cimes. Les autres, ignorants des dangers des Ecrins ou simplement réfractaires à voir leurs montagnes assaillis des manants de la plaine, parlaient de bêtes monstrueuses assoiffées de sang. La Bestiole, pour avoir ainsi disparu de longues semaines, savait où se trouvait la vérité, sans jamais pourtant lavoir dévoilée.
Ici, la forêt était différente, plus verte, plus joyeuse, mais farouchement secrète. Un mystère aiguisant limagination comme rien, où lenvie de sallonger et laisser lesprit vagabonder tiraillait le ventre avide dapercevoir une fée en grande discussion avec un korrigan.
Axelle était arrivée depuis peu en Bretagne, apprenant petit à petit à connaître ses coutumes, ses habitants. Elle repartirait vers Lyon, le doute à ce sujet nétait pas permis, mais pas tout de suite, pas encore. Elle avait besoin de temps encore pour que les pleurs, les cris, les insultes tant données que reçues seffacent, ou du moins ne soient plus douloureuses. Depuis des mois et des mois, depuis cette soirée où une blague de tabac pleine lavait attendue dans cette chambrée de Dijon, la gitane marchait au bord dun gouffre, dérapant souvent, sen échappant parfois, mais le vertige ne la quittait pas. Aussi cest elle qui avait tout quitté. Tout, sauf lui. Se déracinant avec acharnement pour pouvoir revenir en souriant. Neuve et forte, un jour.
Toute à sa découverte, elle posa son regard sur la rousse à ses cotés, prenant garde de ne pas marcher trop vite, sachant combien un ventre rond pesait sur le souffle. La première fois quelle lavait rencontrée, cétait à son atelier, à la Ruche, et déjà la femme lavait intriguée. Alors que chacun de ses clients, lors de leur première visite, tournaient un regard dubitatif sur son vieux fauteuil élimé déniché dans le fond de la basse-cour quand il faisait office de perchoir à poules, la rousse elle, lil expert, sétait extasiée devant le vieux meuble branlant. Et le plaisir avait été sincère quand la Bestiole lavait retrouvée par hasard à Vannes, se laissant cette fois-ci intriguer par le silence hurlant de la femme, sabimant à sadoucir devant cette pudeur et à sy trouver, curieusement pour la sauvageonne quelle était, en confiance. Et de non dits en non dit, de regards en regards, les deux femmes sétaient laissées aller à parler plus librement de peinture. Et cest bien pour cela quelles avançaient dans cette forêt féérique. Le soleil était doux, samusant gaiment dans les ramures quand les arbres sécartèrent pour saluer une prairie fraiche où trônait dénormes rocs gris aux contours doux. Un sourire fusa aux lèvres dAxelle en se tournant vers Chimera.
La lumière, lest parfaite ici. Cvous dit quon sy pose ?
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Ici, la forêt était différente, plus verte, plus joyeuse, mais farouchement secrète. Un mystère aiguisant limagination comme rien, où lenvie de sallonger et laisser lesprit vagabonder tiraillait le ventre avide dapercevoir une fée en grande discussion avec un korrigan.
Axelle était arrivée depuis peu en Bretagne, apprenant petit à petit à connaître ses coutumes, ses habitants. Elle repartirait vers Lyon, le doute à ce sujet nétait pas permis, mais pas tout de suite, pas encore. Elle avait besoin de temps encore pour que les pleurs, les cris, les insultes tant données que reçues seffacent, ou du moins ne soient plus douloureuses. Depuis des mois et des mois, depuis cette soirée où une blague de tabac pleine lavait attendue dans cette chambrée de Dijon, la gitane marchait au bord dun gouffre, dérapant souvent, sen échappant parfois, mais le vertige ne la quittait pas. Aussi cest elle qui avait tout quitté. Tout, sauf lui. Se déracinant avec acharnement pour pouvoir revenir en souriant. Neuve et forte, un jour.
Toute à sa découverte, elle posa son regard sur la rousse à ses cotés, prenant garde de ne pas marcher trop vite, sachant combien un ventre rond pesait sur le souffle. La première fois quelle lavait rencontrée, cétait à son atelier, à la Ruche, et déjà la femme lavait intriguée. Alors que chacun de ses clients, lors de leur première visite, tournaient un regard dubitatif sur son vieux fauteuil élimé déniché dans le fond de la basse-cour quand il faisait office de perchoir à poules, la rousse elle, lil expert, sétait extasiée devant le vieux meuble branlant. Et le plaisir avait été sincère quand la Bestiole lavait retrouvée par hasard à Vannes, se laissant cette fois-ci intriguer par le silence hurlant de la femme, sabimant à sadoucir devant cette pudeur et à sy trouver, curieusement pour la sauvageonne quelle était, en confiance. Et de non dits en non dit, de regards en regards, les deux femmes sétaient laissées aller à parler plus librement de peinture. Et cest bien pour cela quelles avançaient dans cette forêt féérique. Le soleil était doux, samusant gaiment dans les ramures quand les arbres sécartèrent pour saluer une prairie fraiche où trônait dénormes rocs gris aux contours doux. Un sourire fusa aux lèvres dAxelle en se tournant vers Chimera.
La lumière, lest parfaite ici. Cvous dit quon sy pose ?
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