Alphonse_tabouret
... que ceux que lon a déjà rencontré.
Roland Topor
When I get older losing my hair many years from now
Will you still be sending me a valentine,
Birthday greetings, bottle of wine?
If I'd been out til quarter to three would you lock the door?
Will you still need me, will you still feed me, when I'm sixty-four? (*)
The Beatles, When i'm sixty four
Le pas lent, mesuré, déjà chat sans pour autant être félin, Alphonse avançait au travers de la petite foule, Alice accroché au bras, gazouillant insupportablement, babillant sans plus sarrêter, arrondissant sa bouche de voyelles insensées et extasiées dès quelle croisait quelquun quelle connaissait, agitant une main sottement jusquà ce quon la remarque, elle et celui qui laccompagnait. Car Alphonse ne se leurrait pas. Ce nétait pas sa compagnie taciturne qui plaisait à la donzelle, ni même les sarcasmes qui lui venaient parfois aux lèvres, trop jeune pour savoir les refréner en toutes circonstances, et bien que ses manières polies, lissées tous les jours par légide magmatique de son père, plaisent à nen pas douter, ce nétait pas elles non plus qui lui valaient lhonneur de se voir promener ainsi dans la ville.
Le physique dAlphonse lavait toujours servi, sans quil en ait conscience, extasiant sans cesse les clientes de son père quand elles le voyaient, enfant si sage, si imperturbable, grave sans savoir encore être insolent et cétait au fond, peut-être ce qui avait décidé de ce parcours malheureux auquel on le pliait tous les jours.
Sil ne comprenait pas pourquoi, ni doù venait cet intérêt pour la plastique, il percevait en contrepartie du fossé qui séparait ce qui était perçu beau de ce qui ne létait pas. Nulle lèvre fardée ne se posait sur la joue de son frère, nulle attention de ces dames à daigner saccroupir à sa hauteur pour sextasier de ce regard pourtant aussi profond que le sien, et nul écu glissé dans la main tout simplement parce quil était à croquer. Lapparence était tout, avait compris Alphonse très jeune en observant son frère grandir sans cette sordide affection et avait mesuré que cétait sa plus grande arme, son unique va-tout jusquà ce quil prenne également conscience que la beauté namenait pas que lintérêt, mais aussi la brulure.
Sil demeurait perplexe sur les canons de lesthétisme, il sy pliait de bonne grâce, déjà esclave, à cette envie dêtre exposé comme une nouvelle parure, curieux de se percevoir dans le miroir quétaient les autres, incapable lui-même de trouver son âme avec certitude tant elle avait été retouchée et remodeler par les exigences paternelles. Alice attirait sur elle avec un orgueil qui la rendait presque laide quand elle était pourtant si jolie, les regards étonnés de ses camarades de bonne famille, les illades féminines détaillant jusquau sourire exquis dont ladolescent ne se séparait jamais, reflexe le plus primaire de sa survie, quand lui voyait nettement dans cette foule danonymes que sa cavalière ne percevait même pas, lamusement en coin de la fille de la teinturière dont il avait goutté chaque creux la veille, ou même la moue amusée de la fille de lherboriste qui savait le tenir en bouche avec une maitrise divine à chaque fois que leurs pères commerçaient et comptaient les écus à se partager.
Alphonse Tabouret avait quatorze ans et si l'ébauche de ce qu'il serait prochainement se dessinait nettement dans chacun de ses traits, il n'en demeurait pas moins un adolescent rongé par les affres de sa jeunesse pourtant difforme: invincible, odieux, hormoné, entrapercevant sans encore en être sûr, sa délivrance dans labandon des autres.
Délaissé à la porte dune boutique détoffes par la pudeur bien élevée dAlice, le regard du flamand erra un instant, cherchant un point daccroche, jusquà le trouver à quelques mètres de là, dans limposante carcasse dun jeune homme au traits déjà acérés et dune gamine tout en os et en boucles brunes.
[Bonjour, merci de traduire tout passage ou mot n'étant pas en français, cf règles d'or des arpenteurs. Bon jeu, modo Judas ]
( *Quand je deviendrai vieux, perdrai mes cheveux
Dans de nombreuses années
Continueras tu à m'envoyer pour la St Valentin
Une bouteille de vin en cadeau
Quand j'aurai été dehors depuis trois heures moins le quart
Fermeras tu la porte à clef
Auras tu toujours besoin de moi, Me nourriras tu toujours
Quand j'aurai 64 ans)
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Dernière édition par Alphonse_tabouret le 05 Oct 2013 16:09; édité 1 fois
Roland Topor
When I get older losing my hair many years from now
Will you still be sending me a valentine,
Birthday greetings, bottle of wine?
If I'd been out til quarter to three would you lock the door?
Will you still need me, will you still feed me, when I'm sixty-four? (*)
The Beatles, When i'm sixty four
Le pas lent, mesuré, déjà chat sans pour autant être félin, Alphonse avançait au travers de la petite foule, Alice accroché au bras, gazouillant insupportablement, babillant sans plus sarrêter, arrondissant sa bouche de voyelles insensées et extasiées dès quelle croisait quelquun quelle connaissait, agitant une main sottement jusquà ce quon la remarque, elle et celui qui laccompagnait. Car Alphonse ne se leurrait pas. Ce nétait pas sa compagnie taciturne qui plaisait à la donzelle, ni même les sarcasmes qui lui venaient parfois aux lèvres, trop jeune pour savoir les refréner en toutes circonstances, et bien que ses manières polies, lissées tous les jours par légide magmatique de son père, plaisent à nen pas douter, ce nétait pas elles non plus qui lui valaient lhonneur de se voir promener ainsi dans la ville.
Le physique dAlphonse lavait toujours servi, sans quil en ait conscience, extasiant sans cesse les clientes de son père quand elles le voyaient, enfant si sage, si imperturbable, grave sans savoir encore être insolent et cétait au fond, peut-être ce qui avait décidé de ce parcours malheureux auquel on le pliait tous les jours.
Sil ne comprenait pas pourquoi, ni doù venait cet intérêt pour la plastique, il percevait en contrepartie du fossé qui séparait ce qui était perçu beau de ce qui ne létait pas. Nulle lèvre fardée ne se posait sur la joue de son frère, nulle attention de ces dames à daigner saccroupir à sa hauteur pour sextasier de ce regard pourtant aussi profond que le sien, et nul écu glissé dans la main tout simplement parce quil était à croquer. Lapparence était tout, avait compris Alphonse très jeune en observant son frère grandir sans cette sordide affection et avait mesuré que cétait sa plus grande arme, son unique va-tout jusquà ce quil prenne également conscience que la beauté namenait pas que lintérêt, mais aussi la brulure.
Sil demeurait perplexe sur les canons de lesthétisme, il sy pliait de bonne grâce, déjà esclave, à cette envie dêtre exposé comme une nouvelle parure, curieux de se percevoir dans le miroir quétaient les autres, incapable lui-même de trouver son âme avec certitude tant elle avait été retouchée et remodeler par les exigences paternelles. Alice attirait sur elle avec un orgueil qui la rendait presque laide quand elle était pourtant si jolie, les regards étonnés de ses camarades de bonne famille, les illades féminines détaillant jusquau sourire exquis dont ladolescent ne se séparait jamais, reflexe le plus primaire de sa survie, quand lui voyait nettement dans cette foule danonymes que sa cavalière ne percevait même pas, lamusement en coin de la fille de la teinturière dont il avait goutté chaque creux la veille, ou même la moue amusée de la fille de lherboriste qui savait le tenir en bouche avec une maitrise divine à chaque fois que leurs pères commerçaient et comptaient les écus à se partager.
Alphonse Tabouret avait quatorze ans et si l'ébauche de ce qu'il serait prochainement se dessinait nettement dans chacun de ses traits, il n'en demeurait pas moins un adolescent rongé par les affres de sa jeunesse pourtant difforme: invincible, odieux, hormoné, entrapercevant sans encore en être sûr, sa délivrance dans labandon des autres.
Délaissé à la porte dune boutique détoffes par la pudeur bien élevée dAlice, le regard du flamand erra un instant, cherchant un point daccroche, jusquà le trouver à quelques mètres de là, dans limposante carcasse dun jeune homme au traits déjà acérés et dune gamine tout en os et en boucles brunes.
[Bonjour, merci de traduire tout passage ou mot n'étant pas en français, cf règles d'or des arpenteurs. Bon jeu, modo Judas ]
( *Quand je deviendrai vieux, perdrai mes cheveux
Dans de nombreuses années
Continueras tu à m'envoyer pour la St Valentin
Une bouteille de vin en cadeau
Quand j'aurai été dehors depuis trois heures moins le quart
Fermeras tu la porte à clef
Auras tu toujours besoin de moi, Me nourriras tu toujours
Quand j'aurai 64 ans)
Edit pour traduction des paroles
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Dernière édition par Alphonse_tabouret le 05 Oct 2013 16:09; édité 1 fois